| ||||||||||||||
Élections fédérales allemandes de 2021 | ||||||||||||||
735 sièges du Bundestag (Majorité absolue : 368 sièges) | ||||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Type d’élection | Élections législatives | |||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
Inscrits | 61 168 234 | |||||||||||||
Votants | 46 838 765 | |||||||||||||
76,57 % 0,4
| ||||||||||||||
Votes exprimés | 46 419 448 | |||||||||||||
Votes nuls | 419 317 | |||||||||||||
SPD – Olaf Scholz | ||||||||||||||
Voix | 11 949 756 | |||||||||||||
25,74 % | 5,2 | |||||||||||||
Sièges obtenus | 206 | 53 | ||||||||||||
CDU/CSU – Armin Laschet | ||||||||||||||
Voix | 11 173 806 | |||||||||||||
24,07 % | 8,9 | |||||||||||||
Sièges obtenus | 196 | 50 | ||||||||||||
Grünen – Annalena Baerbock | ||||||||||||||
Voix | 6 848 215 | |||||||||||||
14,75 % | 5,8 | |||||||||||||
Sièges obtenus | 118 | 51 | ||||||||||||
FDP – Christian Lindner | ||||||||||||||
Voix | 5 316 698 | |||||||||||||
11,45 % | 0,7 | |||||||||||||
Sièges obtenus | 92 | 12 | ||||||||||||
AfD – Alice Weidel et Tino Chrupalla | ||||||||||||||
Voix | 4 802 097 | |||||||||||||
10,35 % | 2,3 | |||||||||||||
Sièges obtenus | 83 | 11 | ||||||||||||
Linke – Dietmar Bartsch et Janine Wissler | ||||||||||||||
Voix | 2 269 993 | |||||||||||||
4,89 % | 4,4 | |||||||||||||
Sièges obtenus | 39 | 30 | ||||||||||||
Chancelier fédéral | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
Angela Merkel CDU |
CDU/CSU, Parti social-démocrate d'Allemagne, Die Linke, Parti libéral-démocrate, Alternative pour l'Allemagne, Alliance 90 / Les Verts et Fédération des électeurs du Schleswig du Sud | |||||||||||||
Direction fédérale des Élections | ||||||||||||||
modifier - modifier le code - voir Wikidata |
Les élections fédérales allemandes de 2021 (en allemand : Bundestagswahl 2021) ont lieu le afin de renouveler les membres du Bundestag. À l'issue de ces élections fédérales débutera la vingtième législature de la République fédérale d'Allemagne. Les élections régionales à Berlin et en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, ainsi qu'un référendum d'initiative populaire berlinois, ont lieu le même jour.
La chancelière sortante, Angela Merkel, ne se représente pas, ouvrant la voie à une succession tumultueuse au sein de l'Union chrétienne-démocrate. Annegret Kramp-Karrenbauer, d'abord élue, a par la suite été remplacée par Armin Laschet après des résultats décevants aux élections dans les Länder. De son côté, le Parti social-démocrate connait également plusieurs crises depuis sa défaite aux dernières législatives, la présidence du parti changeant plusieurs fois de tête, conduisant à une remise en cause en interne de leur participation à la grande coalition.
Le Parti social-démocrate du vice-chancelier Olaf Scholz arrive en tête du scrutin, devançant les Unions chrétiennes d'Armin Laschet, qui réalisent leur plus mauvais résultat historique. À l'exception d'une grande coalition, aucune majorité n'est possible sans l'apport d'au moins trois partis pour la première fois depuis plus de soixante ans, ce qui rend le rôle des Verts et du Parti libéral-démocrate déterminant.
Ces élections ont lieu dans le contexte du départ annoncé du pouvoir de la chancelière Angela Merkel, après quinze années passées à la tête du gouvernement allemand. Après les résultats décevants de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) aux élections régionales en Bavière et en Hesse, Angela Merkel quitte en effet la présidence du parti fin 2018 afin d'ouvrir la voie à sa dauphine Annegret Kramp-Karrenbauer, élue à la tête du parti en décembre de la même année[1].
Les mauvais résultats de la CDU aux élections européennes de — les plus bas que le parti ait jamais obtenu lors d'un tel scrutin —, ainsi que la montée d'une tendance plus conservatrice au sein de la CDU en réponse à celle du parti d’extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) conduisent cependant Kramp-Karrenbauer à se retirer en [2]. Le 33e congrès de la CDU organisé en voit la victoire au second tour d'Armin Laschet, qui prend la tête du parti afin de mener la CDU aux législatives de septembre[3].
Les députés (Mitglieder des Bundestages, MdB) sont élus pour une législature (Wahlperiode) de quatre ans au scrutin majoritaire uninominal et proportionnel par compensation.
Conformément à la loi électorale fédérale, le Bundestag se compose de 598 députés, dont 299 élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans 299 circonscriptions.
Le jour du scrutin, chaque électeur dispose de deux voix :
À l'issue du dépouillement, l'intégralité des 598 sièges est répartie au scrutin proportionnel de Sainte-Lagüe sur la base des secondes voix entre les partis politiques totalisant plus de 5 % des suffrages exprimés au niveau national ou qui l'ont emporté dans au moins trois circonscriptions. Le seuil de 5 % ne s'applique cependant pas aux partis représentant l'une des minorités officiellement reconnues par le gouvernement allemand — Sorabes, Danois, Frisons et Roms — pour lesquels seul le quotient électoral s'applique[4].
Une fois la répartition proportionnelle effectuée, les sièges alloués à chaque parti sont pourvus en priorité par les députés fédéraux élus au scrutin majoritaire. Les sièges non pourvus avec les « premières voix » sont ensuite comblés par les candidats présents sur les listes régionales.
Avec un tel mode de scrutin, il est possible pour un parti de remporter plus de sièges au scrutin majoritaire que ce que la répartition proportionnelle lui accorde. Ces mandats supplémentaires (Überhangmandat) sont conservés et des mandats complémentaires (Ausgleichsmandat) sont attribués aux autres partis afin de rétablir la proportionnalité de la représentation parlementaire. Le nombre total de députés fédéraux se trouve ainsi augmenté.
La convocation des élections fédérales est une prérogative propre au président de la République fédérale, qui doit toutefois tenir compte des recommandations du gouvernement fédéral. Comme le prévoit l'article 39 de la Loi fondamentale, ladite convocation doit être rendue publique entre quarante-six et quarante-huit mois après l'ouverture de la législature sortante.
La 20e législature du Bundestag, issue des élections fédérales de , doit durer quatre ans, sauf si celle-ci devait être abrégée par une dissolution qui serait décidée, à certaines conditions, par le président de la République fédérale. C'est après l'ouverture de cette législature que devront débuter les traditionnelles tractations propres à la formation d'un gouvernement fédéral.
Le candidat du parti, Armin Laschet, entend s'inscrire dans la continuité de la chancelière Angela Merkel, en particulier en matière d'orthodoxie budgétaire. Il s'oppose ainsi à l’introduction d’un impôt sur la fortune comme le souhaitent les partis de gauche, propose de supprimer la taxe de solidarité et de réduire de 30 % à 25 % l’imposition maximale sur les bénéfices des entreprises. Il fait de la baisse des taux d’endettement des administrations publiques l'une des priorités de son programme économique[11].
Initialement favorite du scrutin, la CDU chute de 27 à 20 % d'intentions de vote entre début aout et début septembre, en partie à cause des faux pas de son chef de file Armin Laschet, lequel était notamment apparu hilare lors d'un déplacement dans une commune victime des inondations de la mi-juillet en Rhénanie[12]. La CDU est également affaiblie par plusieurs affaires de corruption et scandales politico-financiers, comme le scandale Wirecard et le versement de pots-de-vin à des députés conservateurs par des fabricants de masques durant la pandémie de Covid-19 (affaire des masques). Enfin, des tensions internes alimentées par un très fort courant national-libéral se sont également rajoutés à la campagne[13].
Le parti de gauche met en avant les questions sociales, appelant à une meilleure répartition des richesses. Il propose de créer un prélèvement exceptionnel Covid-19 sur les plus riches et de rétablir l’impôt sur la fortune. Il revendique également une hausse du salaire minimum à 12,50 euros de l’heure (contre 9,60 euros actuellement), l'introduction d'un système de plafonnement des loyers et des investissements plus ambitieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Sur les questions de politique internationale, il souhaite apaiser les tensions entre les États occidentaux et la Chine et la Russie, la dissolution de l’OTAN et la création d’un « organisme multilatéral de sécurité commune » pour désamorcer les conflits[14].
Au mois de , d'importantes inondations remettent la question climatique au centre des débats. Le Parti social-démocrate appelle à « tout faire pour arrêter le réchauffement climatique » tandis que la CDU/CSU souhaite « accélérer les mesures de protection du climat »[15]. À la fin juillet, 56 % des Allemands estiment que ces inondations rendent la lutte contre le changement climatique « encore plus importante qu’avant » et 73 % pensent que le gouvernement n'agit pas suffisamment dans ce domaine. Seuls les sympathisants du parti AfD sont majoritairement d’un avis opposé[16].
À la suite de ces événements, six jeunes de moins de 30 ans débutent à la fin du mois d' suivant une grève de la faim face au palais du Reichstag. Ils demandent un dialogue sincère avec les responsables des principales formations politiques avant la tenue du scrutin et la mise en place d'une convention citoyenne pour décider de mesures ambitieuses pour le climat[17],[18],[19].
À Berlin, les opérations de vote sont retardées de plusieurs heures[20]. Certains bureaux de la capitale fédérale ferment à 20 h, au lieu de 18 h comme dans le reste du pays, d'autres doivent fermer en cours de journée car ils ne disposent plus de bulletins de vote[21]. Les élections fédérales étant combinées avec les élections pour la Chambre des députés berlinoise de même que le référendum sur une initiative populaire pour l'expropriation de certains logements, les opérations de votes sont plus longues, aussi en raison de mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19[22]. À cela vient s'ajouter le marathon de Berlin qui a lieu également le , plusieurs artères sont bloquées, ce qui complique la circulation dans la capitale fédérale[23].
Partis | Sièges de circonscription | Sièges de liste | Total sièges |
+/− | ||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Votes | % | Sièges | +/− | Votes | % | +/− | Sièges | |||||||
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) | 12 228 363 | 26,39 | 121 | 62 | 11 949 756 | 25,74 | 5,23 | 85 | 206 | 53 | ||||
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne[a] (CDU) | 10 445 571 | 22,54 | 98 | 87 | 8 770 980 | 18,90 | 7,86 | 53 | 151 | 49 | ||||
Union chrétienne-sociale en Bavière[a] (CSU) | 2 787 904 | 6,02 | 45 | 1 | 2 402 826 | 5,18 | 0,99 | 0 | 45 | 1 | ||||
Total Unions chrétiennes (CDU/CSU) | 13 233 475 | 28,56 | 143 | 88 | 11 173 806 | 24,07 | 8,83 | 53 | 196 | 50 | ||||
Alliance 90 / Les Verts (Grünen) | 6 465 502 | 13,95 | 16 | 15 | 6 848 215 | 14,75 | 5,81 | 102 | 118 | 51 | ||||
Parti libéral-démocrate (FDP) | 4 040 783 | 8,72 | 0 | 5 316 698 | 11,45 | 0,70 | 92 | 92 | 12 | |||||
Alternative pour l'Allemagne (AfD) | 4 694 017 | 10,13 | 16 | 13 | 4 802 097 | 10,35 | 2,29 | 67 | 83 | 11 | ||||
Die Linke (Linke) | 2 306 755 | 4,98 | 3 | 2 | 2 269 993 | 4,89 | 4,35 | 36 | 39 | 30 | ||||
Électeurs libres (FW) | 1 334 093 | 2,88 | 0 | 1 127 171 | 2,43 | 1,43 | 0 | 0 | ||||||
Parti de protection des animaux (Tierschutz) | 163 047 | 0,35 | 0 | 674 789 | 1,45 | 0,65 | 0 | 0 | ||||||
Parti des bases démocratiques d'Allemagne (dieBasis) | 734 621 | 1,59 | 0 | 628 432 | 1,35 | Nv | 0 | 0 | ||||||
Die PARTEI | 542 804 | 1,17 | 0 | 461 487 | 0,99 | 0,01 | 0 | 0 | ||||||
Team Tödenhofer | 5 699 | 0,01 | 0 | 214 281 | 0,46 | Nv | 0 | 0 | ||||||
Parti des pirates (Piraten) | 60 843 | 0,13 | 0 | 169 889 | 0,37 | 0,03 | 0 | 0 | ||||||
Volt Allemagne (Volt) | 78 211 | 0,17 | 0 | 165 153 | 0,36 | Nv | 0 | 0 | ||||||
Parti écologiste-démocrate (ÖDP) | 152 886 | 0,33 | 0 | 112 351 | 0,24 | 0,06 | 0 | 0 | ||||||
Parti national-démocrate d'Allemagne (NPD) | 1 089 | 0,00 | 0 | 64 608 | 0,14 | 0,26 | 0 | 0 | ||||||
Fédération des électeurs du Schleswig du Sud[b] (SSW) | 34 979 | 0,08 | 0 | 55 330 | 0,12 | Nv | 1 | 1 | 1 | |||||
Autres partis[c] | 262 435 | 0,33 | 0 | – | 385 392 | 0,83 | – | 0 | 0 | – | ||||
Indépendants | 110 799 | 0,24 | 0 | 0 | ||||||||||
Votes valides | 46 339 602 | 98,93 | 46 419 448 | 99,10 | ||||||||||
Votes blancs et nuls | 499 163 | 1,07 | 419 317 | 0,90 | ||||||||||
Total | 46 838 765 | 100 | 299 | 46 838 765 | 100 | – | 436 | 735 | 26 | |||||
Abstentions | 14 329 469 | 23,43 | 14 329 469 | 23,43 | ||||||||||
Inscrits / participation | 61 168 234 | 76,57 | 61 168 234 | 76,57 |
Partis | BW | NI | BY | BE | BR | HB | HH | HE | |||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
% | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | ||
SPD | 21,6 | 5,3 | 33,1 | 5,7 | 18,0 | 2,7 | 23,5 | 5,6 | 29,5 | 11,9 | 31,5 | 4,7 | 29,7 | 6,2 | 27,6 | 4,0 | |
CDU/CSU | 24,8 | 9,6 | 24,2 | 10,8 | 31,7 | 7,1 | 15,9 | 6,8 | 15,3 | 11,4 | 17,2 | 7,9 | 15,5 | 11,8 | 22,8 | 8,0 | |
Grünen | 17,2 | 3,7 | 16,1 | 7,4 | 14,1 | 4,3 | 22,4 | 9,8 | 9,0 | 4,0 | 20,8 | 9,8 | 24,9 | 11,0 | 15,8 | 6,1 | |
FDP | 15,3 | 2,5 | 10,5 | 1,2 | 10,5 | 0,4 | 9,1 | 0,1 | 9,3 | 2,2 | 9,3 | 0,1 | 11,4 | 0,6 | 12,8 | 1,2 | |
AfD | 9,6 | 2,6 | 7,4 | 1,7 | 9,0 | 3,4 | 8,4 | 3,6 | 18,1 | 2,1 | 6,9 | 3,1 | 5,0 | 2,8 | 8,8 | 3,1 | |
Linke | 3,3 | 3,0 | 3,3 | 3,7 | 2,8 | 3,3 | 11,4 | 7,3 | 8,5 | 8,7 | 7,7 | 5,7 | 6,7 | 5,5 | 4,3 | 3,8 |
Partis | MV | NW | RP | SL | SN | ST | SH | TH | |||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
% | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | % | +/- | ||
SPD | 29,1 | 14,0 | 29,1 | 3,2 | 29,4 | 5,2 | 37,3 | 10,1 | 19,3 | 8,7 | 25,4 | 10,2 | 28,0 | 4,7 | 23,4 | 10,2 | |
CDU/CSU | 17,4 | 15,7 | 26,0 | 6,7 | 24,7 | 11,2 | 23,6 | 8,8 | 17,2 | 9,7 | 21,0 | 9,3 | 22,0 | 12,0 | 16,9 | 11,9 | |
Grünen[d] | 7,8 | 3,6 | 16,1 | 8,5 | 12,6 | 5,0 | 8,6 | 4,0 | 6,5 | 2,8 | 18,3 | 6,4 | 6,6 | 2,5 | |||
FDP | 8,2 | 2,0 | 11,4 | 1,7 | 11,7 | 1,3 | 11,5 | 3,9 | 11,0 | 2,8 | 9,5 | 1,7 | 12,5 | 0,2 | 9,0 | 1,2 | |
AfD | 18,0 | 0,6 | 7,3 | 2,2 | 9,2 | 2,0 | 10,0 | 24,6 | 2,4 | 19,6 | 6,8 | 1,4 | 24,0 | 1,3 | |||
Linke | 11,1 | 6,8 | 3,7 | 3,8 | 3,3 | 3,6 | 7,2 | 5,7 | 9,3 | 6,7 | 9,6 | 8,1 | 3,6 | 3,6 | 11,4 | 5,4 | |
SSW | 3,2 | Nv |
Bade-WurtembergRésultats
|
Basse-SaxeRésultats
|
BavièreRésultats
|
BerlinRésultats
|
BrandebourgRésultats
|
BrêmeRésultats
|
HambourgRésultats
|
HesseRésultats
|
Mecklembourg-Poméranie-OccidentaleRésultats
|
Rhénanie-du-Nord-WestphalieRésultats
|
Rhénanie-PalatinatRésultats
|
SarreRésultats
|
SaxeRésultats
|
Saxe-AnhaltRésultats
|
Schleswig-HolsteinRésultats
|
ThuringeRésultats
|
Si les résultats du scrutin sont très serrés entre le Parti social-démocrate et les Unions chrétiennes[26], la performance de chaque parti n'a pas la même signification, puisque le SPD gagne cinq points par rapport à là où la CDU/CSU en perd neuf et réalise le plus mauvais score de son histoire[27]. Les chrétiens-démocrates enregistrent une série de défaites symboliques notamment dans la circonscription de Stralsund, détenue jusqu'à présent par Angela Merkel, au profit des sociaux-démocrates, et dans celle d'Aix-la-Chapelle, fief d'Armin Laschet, face au candidat des Verts[27]. En Sarre, le ministre fédéral de l'Économie Peter Altmaier et la ministre fédérale de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer sont devancés, de même que le directeur de la chancellerie fédérale Helge Braun en Hesse[27]. Le Parti social-démocrate bénéficie ainsi de la campagne prudente et du style rassurant de son candidat à la chancellerie, qui a su se placer en héritier d'Angela Merkel et profiter des erreurs et polémiques entourant ses deux principaux concurrents[28].
Le système politique allemand — dessiné après la Seconde Guerre mondiale autour de deux partis majeurs s'appuyant sur de plus petites formations pour gouverner — repose désormais sur six mouvements politiques, ce qui oblige à envisager un gouvernement regroupant trois partis, une première depuis les années 1950[29]. Le scrutin confirme le rejet de plus en plus fort de la grande coalition, puisque le Parti social-démocrate et les Unions chrétiennes recueillent, pour la première fois depuis , moins de la moitié des suffrages exprimés, alors qu'ils en rassemblaient les deux tiers huit ans auparavant[27], mais l'impossibilité de faire entrer les partis radicaux au gouvernement confirme l'orientation centriste de l'électorat allemand[29]. Contrairement au scrutin de 2017, ce rejet ne profite ni à l'Alternative pour l'Allemagne, qui perd même deux points, ni à Die Linke, qui passe sous la barre des 5 % et qualifie son résultat de « catastrophique »[26],[27]. L'AfD, qui confirme sa première place en Saxe et la conquiert en Thuringe, est victime de ses tensions et dissensions internes ainsi que de l'absence pendant la campagne de ses thèmes de prédilection, l'immigration et l'islam[30].
Ce rejet de la grande coalition favorise en revanche le Parti libéral-démocrate et Les Verts dont les programmes ne sont pas spécialement convergents mais qui s'entendent sur un positionnement pro-européen et de défense de la modernisation du pays[27]. En dépit d'un résultat historiquement haut, les écologistes ne cachent par leur déception, ayant atteint presque 30 % d'intentions de vote et la première place dans les sondages moins de six mois avant la tenue du scrutin[31]. Premiers partis parmi les primo-votants et représentants d'une nouvelle génération politique, les libéraux et les écologistes sont ainsi appelés à jouer le rôle de « faiseurs de roi » pour déterminer l'identité du futur chancelier, sauf en cas de reconduction de la coalition au pouvoir[32].
Catégorie | SPD | Union | Grünen | FDP | AfD | Linke |
---|---|---|---|---|---|---|
Sexe | ||||||
Hommes | 24 % | 23 % | 14 % | 13 % | 12 % | 5 % |
Femmes | 27 % | 24 % | 17 % | 10 % | 8 % | 5 % |
Âge | ||||||
Moins de 30 ans | 17 % | 11 % | 22 % | 19 % | 8 % | 8 % |
30−44 ans | 19 % | 19 % | 18 % | 13 % | 13 % | 5 % |
45−59 ans | 26 % | 24 % | 15 % | 11 % | 12 % | 4 % |
Plus de 60 ans | 35 % | 34 % | 9 % | 8 % | 8 % | 4 % |
Statut | ||||||
Ouvrier | 28 % | 23 % | 8 % | 9 % | 16 % | 5 % |
Employé | 26 % | 22 % | 17 % | 13 % | 9 % | 5 % |
Fonctionnaire | 24 % | 28 % | 23 % | 9 % | 6 % | 4 % |
Indépendant | 17 % | 29 % | 17 % | 18 % | 9 % | 4 % |
Études | ||||||
Hauptschulabschluss | 35 % | 31 % | 5 % | 8 % | 12 % | 2 % |
Mittlere Reife | 26 % | 26 % | 10 % | 11 % | 14 % | 4 % |
Abitur (secondaire) | 23 % | 20 % | 19 % | 14 % | 8 % | 6 % |
Hochschulabschluss (supérieur) | 20 % | 20 % | 27 % | 14 % | 5 % | 6 % |
Au soir du scrutin, aussi bien Olaf Scholz que Armin Laschet revendiquent la mission de former le gouvernement[34], tandis que le président du Parti libéral Christian Lindner et la présidente des Verts Annalena Baerbock annoncent qu'ils entameront des conversations conjointes avant de négocier avec les deux grands partis[27]. Au lendemain de la tenue du scrutin, le vice-chancelier sortant et chef de file du SPD reçoit les félicitations de la chancelière Angela Merkel, un message qui ressemble à un désaveu pour le candidat de la CDU/CSU à la chancellerie[35].
Pour le ministre-président de Bavière Markus Söder, le ministre-président de Sarre Tobias Hans, le ministre-président de Saxe Michael Kretschmer et le président de la Junge Union Tilman Kuban (de), la défaite historique des chrétiens-démocrates ne permet pas à leur chef de file d'appeler à la constitution d'une « coalition jamaïcaine » sous son autorité[36]. Olaf Scholz et le co-président des Verts Robert Habeck, qui pourraient être amenés à gouverner ensemble avec les libéraux dans une « coalition en feu tricolore », expriment séparément leur volonté que le prochain cabinet soit sur pied avant Noël[37].
Le , Les Verts font part de leur souhait d'ouvrir des discussions exploratoires avec le Parti social-démocrate dans l'optique de mettre en place une coalition en feu tricolore, une position partagée quelques heures plus tard par le Parti libéral-démocrate[38]. Si Armin Laschet affirme que cela ne l'empêchera pas d'envisager la formation d'une coalition jamaïcaine, Markus Söder (également président de l'Union chrétienne-sociale en Bavière) considère que cette décision met un terme aux espoirs gouvernementaux des Unions chrétiennes[39]. Le président de la CDU annonce le lendemain son intention de convoquer un congrès fédéral de l'Union chrétienne-démocrate pour « aborder rapidement la question de la nouvelle équipe de la CDU, du président au présidium et jusqu'au comité exécutif fédéral »[40].
Le contenu présenté de l'article Wikipédia a été extrait en 2021-10-09 sur la base de https://fr.wikipedia.org/?curid=12600427