Élections fédérales allemandes de 2021

Élections fédérales allemandes de 2021
735 sièges du Bundestag
(Majorité absolue : 368 sièges)
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 61 168 234
Votants 46 838 765
76,57 % en augmentation 0,4

Votes exprimés 46 419 448
Votes nuls 419 317
2021-09-12 Politik, TV-Triell Bundestagswahl 2021 1DX 3801 by Stepro (cropped).jpg SPD – Olaf Scholz
Voix 11 949 756
25,74 %
en augmentation 5,2
Sièges obtenus 206 en augmentation 53
Armin Laschet 2021 (cropped).jpg CDU/CSU – Armin Laschet
Voix 11 173 806
24,07 %
en diminution 8,9
Sièges obtenus 196 en diminution 50
Annalena Baerbock (cropped, 2).jpg Grünen – Annalena Baerbock
Voix 6 848 215
14,75 %
en augmentation 5,8
Sièges obtenus 118 en augmentation 51
2020-02-14 Christian Lindner (Bundestagsprojekt 2020) by Sandro Halank–2.jpg FDP – Christian Lindner
Voix 5 316 698
11,45 %
en augmentation 0,7
Sièges obtenus 92 en augmentation 12
Alice Weidel et Tino Chrupalla.png AfD – Alice Weidel et Tino Chrupalla
Voix 4 802 097
10,35 %
en diminution 2,3
Sièges obtenus 83 en diminution 11
Dietmar Bartsch et Janine Wissler.png Linke – Dietmar Bartsch et Janine Wissler
Voix 2 269 993
4,89 %
en diminution 4,4
Sièges obtenus 39 en diminution 30
Chancelier fédéral
Sortant Élu
Angela Merkel
CDU
CDU/CSU, Parti social-démocrate d'Allemagne, Die Linke, Parti libéral-démocrate, Alternative pour l'Allemagne, Alliance 90 / Les Verts et Fédération des électeurs du Schleswig du SudVoir et modifier les données sur Wikidata
Direction fédérale des Élections

Les élections fédérales allemandes de 2021 (en allemand : Bundestagswahl 2021) ont lieu le afin de renouveler les membres du Bundestag. À l'issue de ces élections fédérales débutera la vingtième législature de la République fédérale d'Allemagne. Les élections régionales à Berlin et en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, ainsi qu'un référendum d'initiative populaire berlinois, ont lieu le même jour.

La chancelière sortante, Angela Merkel, ne se représente pas, ouvrant la voie à une succession tumultueuse au sein de l'Union chrétienne-démocrate. Annegret Kramp-Karrenbauer, d'abord élue, a par la suite été remplacée par Armin Laschet après des résultats décevants aux élections dans les Länder. De son côté, le Parti social-démocrate connait également plusieurs crises depuis sa défaite aux dernières législatives, la présidence du parti changeant plusieurs fois de tête, conduisant à une remise en cause en interne de leur participation à la grande coalition.

Le Parti social-démocrate du vice-chancelier Olaf Scholz arrive en tête du scrutin, devançant les Unions chrétiennes d'Armin Laschet, qui réalisent leur plus mauvais résultat historique. À l'exception d'une grande coalition, aucune majorité n'est possible sans l'apport d'au moins trois partis pour la première fois depuis plus de soixante ans, ce qui rend le rôle des Verts et du Parti libéral-démocrate déterminant.

Contexte

La chancelière sortante Angela Merkel.

Ces élections ont lieu dans le contexte du départ annoncé du pouvoir de la chancelière Angela Merkel, après quinze années passées à la tête du gouvernement allemand. Après les résultats décevants de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) aux élections régionales en Bavière et en Hesse, Angela Merkel quitte en effet la présidence du parti fin 2018 afin d'ouvrir la voie à sa dauphine Annegret Kramp-Karrenbauer, élue à la tête du parti en décembre de la même année[1].

Les mauvais résultats de la CDU aux élections européennes de — les plus bas que le parti ait jamais obtenu lors d'un tel scrutin —, ainsi que la montée d'une tendance plus conservatrice au sein de la CDU en réponse à celle du parti d’extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) conduisent cependant Kramp-Karrenbauer à se retirer en [2]. Le 33e congrès de la CDU organisé en voit la victoire au second tour d'Armin Laschet, qui prend la tête du parti afin de mener la CDU aux législatives de septembre[3].

Organisation

Système électoral

Présentation schématique du système électoral allemand.

Les députés (Mitglieder des Bundestages, MdB) sont élus pour une législature (Wahlperiode) de quatre ans au scrutin majoritaire uninominal et proportionnel par compensation.

Conformément à la loi électorale fédérale, le Bundestag se compose de 598 députés, dont 299 élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans 299 circonscriptions.

Le jour du scrutin, chaque électeur dispose de deux voix :

  • la « première voix » (Erststimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription (Direktkandidaten im Wahlkreis) ;
  • la « seconde voix » (Zweitstimme) lui permet de voter pour une liste de candidats présentée dans le cadre de son État fédéré (Landesliste).

À l'issue du dépouillement, l'intégralité des 598 sièges est répartie au scrutin proportionnel de Sainte-Lagüe sur la base des secondes voix entre les partis politiques totalisant plus de 5 % des suffrages exprimés au niveau national ou qui l'ont emporté dans au moins trois circonscriptions. Le seuil de 5 % ne s'applique cependant pas aux partis représentant l'une des minorités officiellement reconnues par le gouvernement allemand — Sorabes, Danois, Frisons et Roms — pour lesquels seul le quotient électoral s'applique[4].

Une fois la répartition proportionnelle effectuée, les sièges alloués à chaque parti sont pourvus en priorité par les députés fédéraux élus au scrutin majoritaire. Les sièges non pourvus avec les « premières voix » sont ensuite comblés par les candidats présents sur les listes régionales.

Avec un tel mode de scrutin, il est possible pour un parti de remporter plus de sièges au scrutin majoritaire que ce que la répartition proportionnelle lui accorde. Ces mandats supplémentaires (Überhangmandat) sont conservés et des mandats complémentaires (Ausgleichsmandat) sont attribués aux autres partis afin de rétablir la proportionnalité de la représentation parlementaire. Le nombre total de députés fédéraux se trouve ainsi augmenté.

Convocations des élections

La convocation des élections fédérales est une prérogative propre au président de la République fédérale, qui doit toutefois tenir compte des recommandations du gouvernement fédéral. Comme le prévoit l'article 39 de la Loi fondamentale, ladite convocation doit être rendue publique entre quarante-six et quarante-huit mois après l'ouverture de la législature sortante.

Législature

La 20e législature du Bundestag, issue des élections fédérales de , doit durer quatre ans, sauf si celle-ci devait être abrégée par une dissolution qui serait décidée, à certaines conditions, par le président de la République fédérale. C'est après l'ouverture de cette législature que devront débuter les traditionnelles tractations propres à la formation d'un gouvernement fédéral.

Principaux partis

Parti Idéologie Chef de file Résultats en 2017
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne
Christlich Demokratische Union Deutschlands
Centre droit
Démocratie chrétienne, libéral-conservatisme
Armin Laschet[5]
(Ministre-président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie)
26,8 % des voix
200 députés
Union chrétienne-sociale en Bavière
Christlich-Soziale Union in Bayern
6,2 % des voix
45 députés
Parti social-démocrate d'Allemagne
Sozialdemokratische Partei Deutschlands
Centre gauche
Social-démocratie, troisième voie, progressisme
Olaf Scholz[6]
(Vice-chancelier, ministre fédéral des Finances)
20,51 % des voix
153 députés
Alternative pour l'Allemagne
Alternative für Deutschland
Droite à extrême droite
Euroscepticisme, national-conservatisme, Populisme de droite
Alice Weidel et
Tino Chrupalla[7]
12,64 % des voix
94 députés
Parti libéral-démocrate
Freie Demokratische Partei
Centre à centre droit
Libéralisme, libéralisme économique
Christian Lindner[8] 10,75 % des voix
80 députés
Die Linke
La Gauche
Extrême gauche à gauche
Socialisme démocratique, anticapitalisme, populisme de gauche
Janine Wissler et
Dietmar Bartsch[9]
9,24 % des voix
69 députés
Alliance 90 / Les Verts
Bündnis 90/Die Grünen
Centre gauche
Écologie politique, progressisme, europhilie
Annalena Baerbock[10] 8,94 % des voix
67 députés

Sondages

Opinion polls Germany 2021.svg

Campagne

CDU-CSU

Le candidat du parti, Armin Laschet, entend s'inscrire dans la continuité de la chancelière Angela Merkel, en particulier en matière d'orthodoxie budgétaire. Il s'oppose ainsi à l’introduction d’un impôt sur la fortune comme le souhaitent les partis de gauche, propose de supprimer la taxe de solidarité et de réduire de 30 % à 25 % l’imposition maximale sur les bénéfices des entreprises. Il fait de la baisse des taux d’endettement des administrations publiques l'une des priorités de son programme économique[11].

Initialement favorite du scrutin, la CDU chute de 27 à 20 % d'intentions de vote entre début aout et début septembre, en partie à cause des faux pas de son chef de file Armin Laschet, lequel était notamment apparu hilare lors d'un déplacement dans une commune victime des inondations de la mi-juillet en Rhénanie[12]. La CDU est également affaiblie par plusieurs affaires de corruption et scandales politico-financiers, comme le scandale Wirecard et le versement de pots-de-vin à des députés conservateurs par des fabricants de masques durant la pandémie de Covid-19 (affaire des masques). Enfin, des tensions internes alimentées par un très fort courant national-libéral se sont également rajoutés à la campagne[13].

Die Linke

Le parti de gauche met en avant les questions sociales, appelant à une meilleure répartition des richesses. Il propose de créer un prélèvement exceptionnel Covid-19 sur les plus riches et de rétablir l’impôt sur la fortune. Il revendique également une hausse du salaire minimum à 12,50 euros de l’heure (contre 9,60 euros actuellement), l'introduction d'un système de plafonnement des loyers et des investissements plus ambitieux en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Sur les questions de politique internationale, il souhaite apaiser les tensions entre les États occidentaux et la Chine et la Russie, la dissolution de l’OTAN et la création d’un « organisme multilatéral de sécurité commune » pour désamorcer les conflits[14].

Principaux thèmes abordés

Au mois de , d'importantes inondations remettent la question climatique au centre des débats. Le Parti social-démocrate appelle à « tout faire pour arrêter le réchauffement climatique » tandis que la CDU/CSU souhaite « accélérer les mesures de protection du climat »[15]. À la fin juillet, 56 % des Allemands estiment que ces inondations rendent la lutte contre le changement climatique « encore plus importante qu’avant » et 73 % pensent que le gouvernement n'agit pas suffisamment dans ce domaine. Seuls les sympathisants du parti AfD sont majoritairement d’un avis opposé[16].

À la suite de ces événements, six jeunes de moins de 30 ans débutent à la fin du mois d' suivant une grève de la faim face au palais du Reichstag. Ils demandent un dialogue sincère avec les responsables des principales formations politiques avant la tenue du scrutin et la mise en place d'une convention citoyenne pour décider de mesures ambitieuses pour le climat[17],[18],[19].

Difficultés logistiques

À Berlin, les opérations de vote sont retardées de plusieurs heures[20]. Certains bureaux de la capitale fédérale ferment à 20 h, au lieu de 18 h comme dans le reste du pays, d'autres doivent fermer en cours de journée car ils ne disposent plus de bulletins de vote[21]. Les élections fédérales étant combinées avec les élections pour la Chambre des députés berlinoise de même que le référendum sur une initiative populaire pour l'expropriation de certains logements, les opérations de votes sont plus longues, aussi en raison de mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19[22]. À cela vient s'ajouter le marathon de Berlin qui a lieu également le , plusieurs artères sont bloquées, ce qui complique la circulation dans la capitale fédérale[23].

Résultats

National

Résultats provisoires des élections fédérales allemandes de 2021[24]
Bundestag Allemagne 2021.svg
Partis Sièges de circonscription Sièges de liste Total
sièges
+/−
Votes % Sièges +/− Votes % +/− Sièges
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) 12 228 363 26,39 121 en augmentation 62 11 949 756 25,74 en augmentation 5,23 85 206 en augmentation 53
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne[a] (CDU) 10 445 571 22,54 98 en diminution 87 8 770 980 18,90 en diminution 7,86 53 151 en diminution 49
Union chrétienne-sociale en Bavière[a] (CSU) 2 787 904 6,02 45 en diminution 1 2 402 826 5,18 en diminution 0,99 0 45 en diminution 1
Total Unions chrétiennes (CDU/CSU) 13 233 475 28,56 143 en diminution 88 11 173 806 24,07 en diminution 8,83 53 196 en diminution 50
Alliance 90 / Les Verts (Grünen) 6 465 502 13,95 16 en augmentation 15 6 848 215 14,75 en augmentation 5,81 102 118 en augmentation 51
Parti libéral-démocrate (FDP) 4 040 783 8,72 0 en stagnation 5 316 698 11,45 en augmentation 0,70 92 92 en augmentation 12
Alternative pour l'Allemagne (AfD) 4 694 017 10,13 16 en augmentation 13 4 802 097 10,35 en diminution 2,29 67 83 en diminution 11
Die Linke (Linke) 2 306 755 4,98 3 en diminution 2 2 269 993 4,89 en diminution 4,35 36 39 en diminution 30
Électeurs libres (FW) 1 334 093 2,88 0 en stagnation 1 127 171 2,43 en augmentation 1,43 0 0 en stagnation
Parti de protection des animaux (Tierschutz) 163 047 0,35 0 en stagnation 674 789 1,45 en augmentation 0,65 0 0 en stagnation
Parti des bases démocratiques d'Allemagne (dieBasis) 734 621 1,59 0 en stagnation 628 432 1,35 Nv 0 0 en stagnation
Die PARTEI 542 804 1,17 0 en stagnation 461 487 0,99 en augmentation 0,01 0 0 en stagnation
Team Tödenhofer 5 699 0,01 0 en stagnation 214 281 0,46 Nv 0 0 en stagnation
Parti des pirates (Piraten) 60 843 0,13 0 en stagnation 169 889 0,37 en diminution 0,03 0 0 en stagnation
Volt Allemagne (Volt) 78 211 0,17 0 en stagnation 165 153 0,36 Nv 0 0 en stagnation
Parti écologiste-démocrate (ÖDP) 152 886 0,33 0 en stagnation 112 351 0,24 en diminution 0,06 0 0 en stagnation
Parti national-démocrate d'Allemagne (NPD) 1 089 0,00 0 en stagnation 64 608 0,14 en diminution 0,26 0 0 en stagnation
Fédération des électeurs du Schleswig du Sud[b] (SSW) 34 979 0,08 0 en stagnation 55 330 0,12 Nv 1 1 en augmentation 1
Autres partis[c] 262 435 0,33 0 385 392 0,83 0 0
Indépendants 110 799 0,24 0 en stagnation 0 en stagnation
Votes valides 46 339 602 98,93 46 419 448 99,10
Votes blancs et nuls 499 163 1,07 419 317 0,90
Total 46 838 765 100 299 en stagnation 46 838 765 100 436 735 en augmentation 26
Abstentions 14 329 469 23,43 14 329 469 23,43
Inscrits / participation 61 168 234 76,57 61 168 234 76,57

Résultats par Länder

Résumé

Résultats par Länder
Partis BW NI BY BE BR HB HH HE
% +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/-
SPD 21,6 Increase2.svg 5,3 33,1 Increase2.svg 5,7 18,0 Increase2.svg 2,7 23,5 Increase2.svg 5,6 29,5 Increase2.svg 11,9 31,5 Increase2.svg 4,7 29,7 Increase2.svg 6,2 27,6 Increase2.svg 4,0
CDU/CSU 24,8 Decrease2.svg 9,6 24,2 Decrease2.svg 10,8 31,7 Decrease2.svg 7,1 15,9 Decrease2.svg 6,8 15,3 Decrease2.svg 11,4 17,2 Decrease2.svg 7,9 15,5 Decrease2.svg 11,8 22,8 Decrease2.svg 8,0
Grünen 17,2 Increase2.svg 3,7 16,1 Increase2.svg 7,4 14,1 Increase2.svg 4,3 22,4 Increase2.svg 9,8 9,0 Increase2.svg 4,0 20,8 Increase2.svg 9,8 24,9 Increase2.svg 11,0 15,8 Increase2.svg 6,1
FDP 15,3 Increase2.svg 2,5 10,5 Increase2.svg 1,2 10,5 Increase2.svg 0,4 9,1 Increase2.svg 0,1 9,3 Increase2.svg 2,2 9,3 Decrease2.svg 0,1 11,4 Increase2.svg 0,6 12,8 Increase2.svg 1,2
AfD 9,6 Decrease2.svg 2,6 7,4 Decrease2.svg 1,7 9,0 Decrease2.svg 3,4 8,4 Decrease2.svg 3,6 18,1 Decrease2.svg 2,1 6,9 Decrease2.svg 3,1 5,0 Decrease2.svg 2,8 8,8 Decrease2.svg 3,1
Linke 3,3 Decrease2.svg 3,0 3,3 Decrease2.svg 3,7 2,8 Decrease2.svg 3,3 11,4 Decrease2.svg 7,3 8,5 Decrease2.svg 8,7 7,7 Decrease2.svg 5,7 6,7 Decrease2.svg 5,5 4,3 Decrease2.svg 3,8
Partis MV NW RP SL SN ST SH TH
% +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/- % +/-
SPD 29,1 Increase2.svg 14,0 29,1 Increase2.svg 3,2 29,4 Increase2.svg 5,2 37,3 Increase2.svg 10,1 19,3 Increase2.svg 8,7 25,4 Increase2.svg 10,2 28,0 Increase2.svg 4,7 23,4 Increase2.svg 10,2
CDU/CSU 17,4 Decrease2.svg 15,7 26,0 Decrease2.svg 6,7 24,7 Decrease2.svg 11,2 23,6 Decrease2.svg 8,8 17,2 Decrease2.svg 9,7 21,0 Decrease2.svg 9,3 22,0 Decrease2.svg 12,0 16,9 Decrease2.svg 11,9
Grünen[d] 7,8 Increase2.svg 3,6 16,1 Increase2.svg 8,5 12,6 Increase2.svg 5,0 8,6 Increase2.svg 4,0 6,5 Increase2.svg 2,8 18,3 Increase2.svg 6,4 6,6 Increase2.svg 2,5
FDP 8,2 Increase2.svg 2,0 11,4 Decrease2.svg 1,7 11,7 Increase2.svg 1,3 11,5 Increase2.svg 3,9 11,0 Increase2.svg 2,8 9,5 Increase2.svg 1,7 12,5 Decrease2.svg 0,2 9,0 Increase2.svg 1,2
AfD 18,0 Decrease2.svg 0,6 7,3 Decrease2.svg 2,2 9,2 Decrease2.svg 2,0 10,0 Steady.svg 24,6 Decrease2.svg 2,4 19,6 Steady.svg 6,8 Decrease2.svg 1,4 24,0 Increase2.svg 1,3
Linke 11,1 Decrease2.svg 6,8 3,7 Decrease2.svg 3,8 3,3 Decrease2.svg 3,6 7,2 Decrease2.svg 5,7 9,3 Decrease2.svg 6,7 9,6 Decrease2.svg 8,1 3,6 Decrease2.svg 3,6 11,4 Decrease2.svg 5,4
SSW 3,2 Nv

Détaillé

Analyse

Électorale

Si les résultats du scrutin sont très serrés entre le Parti social-démocrate et les Unions chrétiennes[26], la performance de chaque parti n'a pas la même signification, puisque le SPD gagne cinq points par rapport à là où la CDU/CSU en perd neuf et réalise le plus mauvais score de son histoire[27]. Les chrétiens-démocrates enregistrent une série de défaites symboliques notamment dans la circonscription de Stralsund, détenue jusqu'à présent par Angela Merkel, au profit des sociaux-démocrates, et dans celle d'Aix-la-Chapelle, fief d'Armin Laschet, face au candidat des Verts[27]. En Sarre, le ministre fédéral de l'Économie Peter Altmaier et la ministre fédérale de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer sont devancés, de même que le directeur de la chancellerie fédérale Helge Braun en Hesse[27]. Le Parti social-démocrate bénéficie ainsi de la campagne prudente et du style rassurant de son candidat à la chancellerie, qui a su se placer en héritier d'Angela Merkel et profiter des erreurs et polémiques entourant ses deux principaux concurrents[28].

Le système politique allemand — dessiné après la Seconde Guerre mondiale autour de deux partis majeurs s'appuyant sur de plus petites formations pour gouverner — repose désormais sur six mouvements politiques, ce qui oblige à envisager un gouvernement regroupant trois partis, une première depuis les années 1950[29]. Le scrutin confirme le rejet de plus en plus fort de la grande coalition, puisque le Parti social-démocrate et les Unions chrétiennes recueillent, pour la première fois depuis , moins de la moitié des suffrages exprimés, alors qu'ils en rassemblaient les deux tiers huit ans auparavant[27], mais l'impossibilité de faire entrer les partis radicaux au gouvernement confirme l'orientation centriste de l'électorat allemand[29]. Contrairement au scrutin de 2017, ce rejet ne profite ni à l'Alternative pour l'Allemagne, qui perd même deux points, ni à Die Linke, qui passe sous la barre des 5 % et qualifie son résultat de « catastrophique »[26],[27]. L'AfD, qui confirme sa première place en Saxe et la conquiert en Thuringe, est victime de ses tensions et dissensions internes ainsi que de l'absence pendant la campagne de ses thèmes de prédilection, l'immigration et l'islam[30].

Ce rejet de la grande coalition favorise en revanche le Parti libéral-démocrate et Les Verts dont les programmes ne sont pas spécialement convergents mais qui s'entendent sur un positionnement pro-européen et de défense de la modernisation du pays[27]. En dépit d'un résultat historiquement haut, les écologistes ne cachent par leur déception, ayant atteint presque 30 % d'intentions de vote et la première place dans les sondages moins de six mois avant la tenue du scrutin[31]. Premiers partis parmi les primo-votants et représentants d'une nouvelle génération politique, les libéraux et les écologistes sont ainsi appelés à jouer le rôle de « faiseurs de roi » pour déterminer l'identité du futur chancelier, sauf en cas de reconduction de la coalition au pouvoir[32].

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Sociologique

Sondage Forschungsgruppe Wahlen[33]
Catégorie SPD Union Grünen FDP AfD Linke
Sexe
Hommes 24 % 23 % 14 % 13 % 12 % 5 %
Femmes 27 % 24 % 17 % 10 % 8 % 5 %
Âge
Moins de 30 ans 17 % 11 % 22 % 19 % 8 % 8 %
30−44 ans 19 % 19 % 18 % 13 % 13 % 5 %
45−59 ans 26 % 24 % 15 % 11 % 12 % 4 %
Plus de 60 ans 35 % 34 % 9 % 8 % 8 % 4 %
Statut
Ouvrier 28 % 23 % 8 % 9 % 16 % 5 %
Employé 26 % 22 % 17 % 13 % 9 % 5 %
Fonctionnaire 24 % 28 % 23 % 9 % 6 % 4 %
Indépendant 17 % 29 % 17 % 18 % 9 % 4 %
Études
Hauptschulabschluss 35 % 31 % 5 % 8 % 12 % 2 %
Mittlere Reife 26 % 26 % 10 % 11 % 14 % 4 %
Abitur (secondaire) 23 % 20 % 19 % 14 % 8 % 6 %
Hochschulabschluss (supérieur) 20 % 20 % 27 % 14 % 5 % 6 %

Formation du gouvernement

Au soir du scrutin, aussi bien Olaf Scholz que Armin Laschet revendiquent la mission de former le gouvernement[34], tandis que le président du Parti libéral Christian Lindner et la présidente des Verts Annalena Baerbock annoncent qu'ils entameront des conversations conjointes avant de négocier avec les deux grands partis[27]. Au lendemain de la tenue du scrutin, le vice-chancelier sortant et chef de file du SPD reçoit les félicitations de la chancelière Angela Merkel, un message qui ressemble à un désaveu pour le candidat de la CDU/CSU à la chancellerie[35].

Pour le ministre-président de Bavière Markus Söder, le ministre-président de Sarre Tobias Hans, le ministre-président de Saxe Michael Kretschmer et le président de la Junge Union Tilman Kuban (de), la défaite historique des chrétiens-démocrates ne permet pas à leur chef de file d'appeler à la constitution d'une « coalition jamaïcaine » sous son autorité[36]. Olaf Scholz et le co-président des Verts Robert Habeck, qui pourraient être amenés à gouverner ensemble avec les libéraux dans une « coalition en feu tricolore », expriment séparément leur volonté que le prochain cabinet soit sur pied avant Noël[37].

Le , Les Verts font part de leur souhait d'ouvrir des discussions exploratoires avec le Parti social-démocrate dans l'optique de mettre en place une coalition en feu tricolore, une position partagée quelques heures plus tard par le Parti libéral-démocrate[38]. Si Armin Laschet affirme que cela ne l'empêchera pas d'envisager la formation d'une coalition jamaïcaine, Markus Söder (également président de l'Union chrétienne-sociale en Bavière) considère que cette décision met un terme aux espoirs gouvernementaux des Unions chrétiennes[39]. Le président de la CDU annonce le lendemain son intention de convoquer un congrès fédéral de l'Union chrétienne-démocrate pour « aborder rapidement la question de la nouvelle équipe de la CDU, du président au présidium et jusqu'au comité exécutif fédéral »[40].

Notes et références

Notes

  1. a et b La CSU se présente uniquement en Bavière. La CDU se présente dans le reste de l'Allemagne. Les deux partis forment un groupe commun au Bundestag.
  2. a et b Le SSW, en tant que représentant de la minorité danoise, n'est pas soumis au seuil électoral national des 5 %.
  3. Trente partis, moins de 50 000 voix chacun
  4. a et b Les Verts de Sarre ne sont pas admis à participer aux élections fédérales par la commission électorale fédérale en raison d'un litige au sein de la fédération sarroise[25].

Références

  1. (de) Frankfurter Allgemeine Zeitung GmbH, « Liveblog zum CDU-Parteitag: Annegret Kramp-Karrenbauer ist neue Vorsitzende der CDU », sur FAZ.NET, faz (consulté le ).
  2. (en) « Pressure mounts on Merkel's heir apparent before state elections », sur the Guardian, (consulté le ).
  3. « Succession. En Allemagne, Armin Laschet, nouveau visage de la CDU », sur Courrier international, (consulté le ).
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