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Eddy Bellegueule |
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Prix Pierre Guénin contre l'homophobie et pour l'égalité des droits (d) |
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Édouard Louis, né Eddy Bellegueule le à Abbeville[1], est un écrivain et traducteur français.
Édouard Louis, né Eddy Bellegueule[2],[3] le [4], grandit à Hallencourt (Somme). Il est scolarisé au collège des Cygnes à Longpré-les-Corps-Saints[5] puis entre en internat en classe de seconde au lycée Madeleine-Michelis d'Amiens, où il fait partie de la section théâtre. De 2008 à 2010, il est délégué de l'académie d'Amiens au Conseil national de la vie lycéenne, puis il étudie l'histoire à l'université de Picardie, où il est remarqué par Didier Eribon.
En 2011, il est admis à préparer le diplôme de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et devient étudiant-normalien[6],[7]. Il y effectue une troisième année de licence, puis un master. Il en sort diplômé en 2014[8]. Il poursuit également ses études en sciences sociales à l'École des hautes études en sciences sociales[9].
En 2013, il dirige l’ouvrage collectif Pierre Bourdieu. L'Insoumission en héritage aux PUF, ouvrage dans lequel l'influence de Bourdieu sur la pensée critique et sur les politiques de l'émancipation est analysée[10].
Il annonce en qu'il dirigera une collection, « Des mots », consacrée à des retranscriptions de conférences, des entretiens et des courts textes, pour cet éditeur[11], dont le premier volume sur Michel Foucault paraît au mois de juin de la même année, Foucault contre lui-même sous la direction de François Caillat[12], avec notamment des contributions de Georges Didi-Huberman, Leo Bersani, et Arlette Farge[13].
En , il inscrit une thèse de doctorat portant sur « les trajectoires des transfuges de classe »[14] à l'université de Picardie[15] sous la direction de Didier Eribon[16].
C’est au lycée que ses camarades commencent à l’appeler Édouard, « Eddy » ne pouvant être pour eux qu’un diminutif[17]. En 2013, il obtient de changer de nom et devient Édouard Louis[18], en prenant comme prénom le surnom qu’on lui donne depuis le lycée, et comme nom le prénom du héros de la pièce de théâtre Juste la fin du monde, également second prénom d’un ami[17].
En , il publie En finir avec Eddy Bellegueule, un roman à forte dimension autobiographique. Très commenté dans les médias, traduit dans une vingtaine de langues[19] et largement salué pour ses qualités[20], le livre donne lieu aussi à plusieurs polémiques[21], notamment sur la manière dont il dépeint sa famille et son milieu social d'origine.
En , Édouard Louis signe avec Geoffroy de Lagasnerie dans le quotidien Libération un appel contre la participation de Marcel Gauchet invité à faire la conférence inaugurale des Rendez-vous de l'Histoire de Blois[22]. L'appel suscite de vives critiques et commentaires ironiques[23],[24],[25],[26],[27],[28], mais reçoit le soutien de plusieurs intellectuels et artistes dans un manifeste rendu public peu après[29].
Dans Le Monde daté du 27-, il signe, toujours avec Geoffroy de Lagasnerie, un manifeste intitulé « Intellectuels de gauche, réengagez-vous ! »[30],[31]. Volontairement polémique, le texte condamne le silence voire la fascination de la gauche face à la montée de l'extrême droite, et fustige le champ médiatique laissé libre aux intellectuels jugés réactionnaires.
De manière générale, Édouard Louis intervient régulièrement dans le champ politique avec Geoffroy de Lagasnerie. En 2016, ils adressent une lettre ouverte à Manuel Valls, dans laquelle ils l'accusent de ne pas essayer de comprendre les causes du terrorisme[32]. Signataire en de l'« appel des 800 » en faveur d'un accueil des migrants plus respectueux des droits humains, il participe à la conférence de presse organisée à cette occasion au Louxor, à Paris, aux côtés de Laurent Cantet, Arnaud Desplechin, Catherine Corsini, Rachida Brakni et de plusieurs autres cinéastes, artistes et intellectuels[33]. En 2015, il est classé par le magazine Les Inrockuptibles parmi les cent créateurs qui, dans tous les domaines, « réinventent la culture »[34].
Dans Histoire de la violence (2016), Édouard Louis invoque une agression sexuelle dont il aurait été victime un soir de Noël pour analyser les origines et les causes de la violence[35]. En revenant sur le passé de son agresseur, Reda, son enfance, la pauvreté dans laquelle il a vécu, mais aussi sur le passé colonial de la France, Édouard Louis cherche à comprendre, et même à excuser la violence à l'œuvre dans son livre. Il déclare : « si excuser veut dire mettre les gens hors de cause, montrer que les causes sont ailleurs que dans les individus, [..] dans des forces historiques plus grandes qu’eux, alors je n’ai pas de problème avec ça oui, et j’excuse[36]. »
Dans le cadre de l'instruction de la plainte pour viol déposée par Édouard Louis, le parquet demande la requalification des faits en agression sexuelle[37] «en opportunité et pour une bonne administration de la justice», c'est-à-dire à seule fin d'accélérer la procédure, ce qui est habituel dans les affaires de viol[38]. En , l'agresseur présumé, qui contestait les faits, est relaxé en première instance du chef d'« agression sexuelle », mais pas de celui de « vol aggravé », et cela malgré le réquisitoire à charge de la procureure de la République[39]. Le parquet de Paris a fait appel de cette relaxe[40]
Qualifié de « maîtrisé et bouleversant »[41] par Le Monde, « encore plus fort » que son premier roman selon Les Inrocks, le livre est aussi sévèrement attaqué, notamment par Marianne qui note la complaisance de l'auteur à l'égard de la violence[42]. Dans Libération, Philippe Lançon critique une « lourdeur du style » (« kitsch naturaliste, tournant au procédé »). Jérémy Collado, journaliste à Slate.fr, voit pour sa part dans le roman un chantage à la sociologie et « une autofiction qui sent bon la prolophobie », marquée par un « déterminisme extrême » et un « charabia intellectuel »[43].
En , Édouard Louis sort son troisième ouvrage, Qui a tué mon père[44]. Il revient dans ce récit sur la relation avec son père, dont on apprend qu'il a quitté la Picardie, qu'il souffre terriblement des séquelles d'un accident de travail, et qu'il a cessé de voter pour le Front national. Cet ouvrage comme les précédents aborde différentes formes de violence : la violence de la domination politique des élites sur les classes sociales, présentées comme les plus fragilisées, la violence de la domination masculine envers ceux qui la subissent, mais aussi ceux qui la font subir, la violence du silence entre un père et son fils, la violence homophobe[45]. Le livre s'achève en réquisitoire contre la violence physique[46] des politiques qui touchent, selon l'auteur, les plus vulnérables. La démarche qu'il entreprend en écrivant les noms des personnes qu'il considère responsables d'une histoire politique ayant brisé le corps de son père, bien qu'elle n'occupe qu'une partie réduite de l'ensemble du texte, est celle qui concentre le plus les critiques[45].
Martin Hirsch, mis en cause pour avoir été le créateur du RSA, lui répond quelques mois plus tard sous forme romancée avec la publication de Comment j'ai tué son père (Stock)[47].
En 2021, Édouard Louis annonce que le réalisateur oscarisé James Ivory adapte et scénarise Qui a tué mon père et En finir avec Eddy Bellegueule en une série télévisuelle, intitulée The End of Eddy[48].
En parallèle, l'écrivain collabore avec le cinéaste Ken Loach sur un autre projet artistique[49].
Édouard Louis se réclame de gauche, déclarant : « En France, “intellectuel de droite” reste un oxymore, mieux : une impossibilité. Et on ne peut que s’en réjouir. » Selon le journaliste Jérémy Collado de Slate, il ramène régulièrement ceux qui le critiquent à l'« extrême droite »[43].
Pour le philosophe Jean-Claude Michéa, Édouard Louis est, avec d'autres comme Éric Fassin et Raphaël Glucksmann, un exemple-type des « groupies particulièrement enthousiastes du modernisme libéral », des « héros philosophiques » dont le travail de déconstruction n'est limité que par leur imagination[50].
En 2018, Édouard Louis dénonce la « violence de la bourgeoisie » à l'égard des Gilets jaunes[51]. Il co-signe en , parmi 1400 personnalités du monde de la culture, la tribune « Nous ne sommes pas dupes ! », publiée dans le journal Libération, pour soutenir le mouvement des Gilets jaunes et affirmant que « Les Gilets jaunes, c’est nous »[52].
Il soutient la liste de La France insoumise, conduite par Manon Aubry, aux élections européennes de 2019[53].
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