Vol au-dessus d'un nid de coucou

Vol au-dessus d'un nid de coucou
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Titre original One Flew Over the Cuckoo's Nest
Réalisation Miloš Forman
Scénario Lawrence Hauben
Bo Goldman
Acteurs principaux
Sociétés de production United Artists Michael Douglas Production
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Comédie dramatique
Durée 133 minutes
Sortie 1975

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Vol au-dessus d’un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo's Nest) est un film américain réalisé par Miloš Forman, sorti en 1975.

Adaptation du roman homonyme de Ken Kesey paru en 1962 (qui avait déjà fait l’objet d’une adaptation au théâtre à Broadway en 1963), le film est récompensé par les cinq principaux Oscars du cinéma, dont celui du meilleur film ainsi que par six Golden Globes.

L’histoire est centrée sur R. P. McMurphy, qui se fait interner dans un hôpital psychiatrique pour échapper à la prison après avoir été accusé de viol sur une mineure. Il va progressivement être touché par la détresse et la solitude des patients. Par sa forte personnalité, il s’oppose rapidement aux méthodes répressives de l’infirmière Ratched.

Dans le titre original en anglais, le terme « cuckoo », qui a comme premier sens l’oiseau coucou, désigne également en argot une personne mentalement dérangée, à l’image des patients de l’hôpital psychiatrique où se situe l’intrigue. La traduction du titre en français aurait donc pu être Quelqu’un survola[a] le nid des dingues[b]. Pour la sortie du film, le distributeur français souhaita une traduction plus proche du titre original que celle de la première traduction du livre chez Stock en 1969, qui était La Machine à brouillard. Le livre fut ensuite réédité avec le même titre que le film lors de la sortie de celui-ci.

Résumé

En 1963, Randall P. McMurphy, un sociopathe de 38 ans condamné à une peine de travaux forcés pour diverses agressions et un viol sur mineur, simule l'alinéation pour se faire interner et ainsi sortir de la ferme pénitentiaire où il était incarcéré. Le directeur de l'asile n'est pas dupe, mais il accepte tout de même qu'on évalue sa santé mentale pour savoir si sa place est à l'asile ou en prison.

Après avoir été admis dans l'établissement, McMurphy assiste aux « thérapies » de l’infirmière en chef Miss Ratched, une femme glaciale et autoritaire qui fait régulièrement preuve de cruauté sur les patients et dont McMurphy va rapidement contester les règles.

Le tempérament fantasque, agressif et jovial de McMurphy entraîne bien vite les autres internés à prendre conscience de la liberté qu’on leur refuse et à désobéir et se rebeller avec lui. McMurphy comprend lui-même, après être pourtant entré volontairement dans l'établissement, qu'il est moins libre ici qu'en prison et qu'il a peut-être perdu cette liberté pour toujours. Il semble se lier d’amitié avec certains des internés, notamment avec le « Chef », un colosse amérindien mutique que tout le monde croit sourd et muet et qui apparaît doux comme un agneau en dépit de son apparence physique.

Malgré quelques crises de nerfs de McMurphy face à l’intransigeance de l’infirmière, au début tout se passe à peu près bien avant que les choses ne dégénèrent rapidement : McMurphy parvient un beau jour à organiser une sortie rocambolesque en bus dans les environs afin d’aller pêcher à bord d’un bateau. De retour dans l'établissement, il soudoie le gardien et réussit ainsi à faire entrer deux de ses amies. Une fête s’ensuit au cours de laquelle l’alcool coule à flots. Au matin, Miss Ratched retrouve l’un des internés, le jeune Billy, dans un lit avec l’une des deux jeunes femmes. Miss Ratched culpabilise et humilie Billy au point qu'il finit par se suicider en se tranchant la carotide, alors que McMurphy est au même moment sur le point de s’enfuir. Face à ce drame, ce dernier se ravise pour venger Billy et tente d'étrangler Ratched, qu’il tient responsable de la mort du jeune homme.

La direction durcit finalement sa réaction face aux perturbations et décide de lobotomiser McMurphy. Après l'opération, le « Chef » le retrouve dans un état végétatif ; ne voyant plus de solution, il le serre dans ses bras en lui disant « tu viens avec moi » et l’étouffe avec un oreiller afin de lui éviter de vivre dans cet état pour le reste de sa vie. Dans la scène finale, le « Chef » arrache du sol un appareil d'hydrothérapie et le lance sur une baie vitrée grillagée, exécutant un plan que McMurphy avait lui-même proposé au début du film pour sortir de l'établissement, sans avoir eu assez de force pour le mettre en œuvre. Le « Chef » s'enfuit ainsi dans les montagnes de Salem et parvient à redevenir un homme libre.

Fiche technique

Distribution

Production

Genèse

L’acteur Kirk Douglas achète les droits du livre de Ken Kesey, auteur alors inconnu et songe à l’adapter au cinéma, mais le caractère jugé trop subversif du roman l’empêche de trouver un financement. Kirk Douglas adapte alors le roman au théâtre, en changeant le point de vue narratif, celui d’un délinquant qui choisit d’être interné pour échapper à la prison (dans le roman, l’histoire est racontée par un chef indien schizophrène). Kirk Douglas joue six mois le rôle de McMurphy dans son adaptation théâtrale mis en scène par Dale Wasserman (en) à Broadway en 1963[1], mais la pièce est un échec. En 1966 à l’occasion d’une tournée de bienfaisance, Kirk Douglas rencontre Miloš Forman à Prague où il découvre les films du jeune réalisateur tchèque. Il pense alors lui confier l’adaptation cinématographique et lui promet de lui envoyer le roman. Mais Miloš Forman ne reçoit jamais le livre qui est intercepté à la frontière, et Kirk Douglas pense finalement que le réalisateur tchèque dédaigne de lui répondre.

À la suite du Printemps de Prague en 1968, Miloš Forman s’exile aux États-Unis et réalise son premier film américain, Taking off. Entretemps, Michael Douglas avait repris le projet d’adaptation cinématographique que son père Kirk avait eu une décennie auparavant : Kirk Douglas pensait là encore jouer le rôle de McMurphy mais, malheureusement, la société de production le juge désormais trop âgé pour interpréter de nouveau le rôle de McMurphy. Michael Douglas s’associe pour la production à Saul Zaentz et pour le scénario à Lawrence Hauben qui suggère à Michael Douglas de choisir Miloš Forman comme réalisateur qui avait déjà été le choix de Kirk Douglas des années auparavant. Lorsque Miloš Forman reçoit enfin le roman, il est enthousiaste : « Pour vous, ce livre c’est de la littérature, mais pour moi c’est la vie ! J’ai vécu ce livre. Le parti communiste était mon infirmière Ratched[2] ! »

Le titre fait référence à une anecdote contée dans le roman : « Chef » Bromden, quand il était petit, travaillait la prononciation de la langue anglaise avec sa grand-mère à travers une chanson dont les derniers vers étaient Wire, briar, limber-lock / Three geese in a flock / One flew east, one flew west / And one flew over the cuckoo’s nest (« Fil, ronce, serrure souple / trois oies dans un troupeau / l’une s’envola vers l’est, l’une vers l’ouest / et l’une passa au-dessus du nid du coucou ») ; les deux morts et l’évasion finale correspondent finalement à cette description, d’autant plus que cuckoo’s nest peut être compris comme une métaphore de l’asile psychiatrique. En effet le terme « cuckoo » désigne en anglais à la fois un oiseau (le coucou) et une personne mentalement dérangée.

Ken Kesey, l’auteur du roman, a été tellement déçu du scénario du film qu’il ne l’a jamais regardé. Il a accusé le scénariste d’avoir « charcuté » son livre[3],[4],[5].

Casting

Initialement, le rôle de McMurphy devait être joué par Kirk Douglas, rôle qu’il avait déjà joué au théâtre des années auparavant mais, comme il avait désormais presque soixante ans le rôle lui fut retiré. Miloš Forman, le réalisateur a tout de suite pensé à Jack Nicholson pour le rôle mais il était sous contrat de six mois pour un autre film. Il a été proposé tour à tour à James Caan, Marlon Brando et Gene Hackman avant de revenir à Nicholson, Forman ne voyant personne d’autre que lui[6]. Le rôle de l’infirmière Ratched a été offert à Faye Dunaway, Colleen Dewhurst, Geraldine Page, Jeanne Moreau, Anne Bancroft, Ellen Burstyn, Jane Fonda et Angela Lansbury. Louise Fletcher a été choisie une semaine avant le début du tournage. Forman n’était pas sûr qu’elle pourrait le jouer correctement, bien qu’elle ait été auditionnée pendant six mois.

Brad Dourif, Christopher Lloyd, Danny DeVito, Will Sampson ont eu leurs carrières lancées grâce au film. Will Sampson (« Chef »), un authentique Indien creek, était garde forestier dans un parc de l’Oregon près de l’endroit du tournage. Il a été choisi grâce à sa taille et à son gabarit imposant.

L’actrice Anjelica Huston, qui était alors la compagne de Jack Nicholson, apparaît dans une scène de foule, mais n’a pas été créditée au générique.

Tournage

Le tournage a eu lieu de janvier à , dans un hôpital psychiatrique de Salem en Oregon, l’Oregon State Hospital (en). L’équipe a dû composer avec quelques véritables malades mentaux. Ainsi, certains personnages secondaires dans le film sont d’authentiques patients de l’hôpital. À l’exception de la scène de pêche qui n’était pas dans le script original, et tournée en dernier à Depoe Bay, un petit port de l’Oregon, les différentes scènes du film ont été tournées dans l’ordre.

Accueil

Critique

Le film est classé seizième meilleur film de tous les temps d’après le site de référence IMDb avec une note de 8,7/10. L’Institut du Film Américain l’a nommé 20e plus grand film américain de l’histoire en 1998 et 33e en 2007.

Box-office

Le film a rapporté plus de 108 981 000 $ de recettes aux États-Unis[7]. En France, il a réalisé 4 774 879 entrées[8].

Distinctions

Récompenses

Nominations

Analyse

Miloš Forman est particulièrement concerné par le personnage de Randall Patrick McMurphy. En effet, on peut comparer clairement l’hôpital psychiatrique et ses résidents avec la Tchécoslovaquie, le pays d’origine du réalisateur, qu’il a fui au moment de la fin du Printemps de Prague. McMurphy est alors symboliquement le résistant au communisme que Miloš Forman était avec ses amis[9].

Autre exemple, l'infirmière Mildred Ratched peut ainsi être comparée au pouvoir communiste que Forman a connu. Elle représente le contrôle de l'État sur les libertés, les individus, la création. Le petit groupe de malades, qui accepte clairement sa condition sans résister et sans s'enfuir, représente la population fatiguée et misérable que le réalisateur a laissée derrière lui quand il a quitté son pays.

Les deux séquences mythiques où McMurphy tente de desceller un bloc de marbre en disant « j'ai au moins essayé » et celle où il mime le commentaire d'un match de baseball inexistant devant les yeux outrés de l'infirmière sont, à ce titre, de parfaits exemples de cette résistance au pouvoir communiste dont Forman lui-même a fait preuve.

Mais le film va au-delà de la thématique de la répression de l’autoritarisme, communiste ou non. Miloš Forman interroge : « À quel moment un individu qui met en cause l’autorité cesse-t-il d’être un héros et devient-il un fou ? Et vice versa, ou les deux à la fois ? »[2].

Influence dans la culture populaire

Musique

  • Les chansons Welcome home (Sanitarium) de Metallica La thérapie du groupe Doctor Flake et Take me home de Phil Collins font référence au film.
  • Le clip de la chanson Frei zu Sein du groupe de folk metal In Extremo, celui de Krazy du rappeur Lil Wayne et celui de Basket Case du groupe Green Day y font également référence.
  • Dans la chanson C’est l’heure des médicaments de Psylo, la plupart des échantillons sont tirés de la version française du film.
  • Une citation de Harding peut être entendue au début The Great Wonder du groupe Dagoba, cette même citation est utilisée dans la chanson Shadows That Move du groupe Mastodon.

Télévision

  • Six épisodes de la série animée Les Simpson font référence au film[10], dont quatre comportant des scènes et des personnages qui en sont fortement inspirés. Particulièrement l’épisode Mon pote Michael Jackson de la saison 3, et l’épisode Poisson d’avril de la saison 4. L’épisode 20 de la saison 10 s’inspire aussi de l’œuvre : Bart est forcé de travailler dans une maison de retraite et emmène les pensionnaires faire du bateau.
  • Un épisode de Futurama (créé par Matt Groening, créateur des Simpson) fait également référence au film : Vol au-dessus d’un nid de robot (épisode 11 de la saison 3).
  • Un épisode de la série Supernatural fait référence au film : Vol au-dessus d’un nid de démons.
  • Dans un épisode de la série Homeland Carrie Mathison y fait référence.
  • Dans la 3e saison épisode 17 de la série A la Maison-Blanche, CJ Cregg fait référence au film.
  • Dans Les Allumés, l’épisode Mettle (saison 2, épisode 7) parodie ce film à travers les aventures de Daisy.
  • L’infirmière Ratched est un des personnages fictifs travaillant à l’hôpital de Storybrooke dans la série Once Upon a Time.
  • Dans l’épisode 10 de la saison 4 de la série Philadelphia, Frank Reynolds joué par Danny DeVito qui interprète Martini dans le film, est hospitalisé dans un asile psychiatrique. Il s’en évade à la fin de l’épisode en demandant à un personnage qu’il appelle "Chef" d’arracher une fontaine à eau puis de la lancer au travers d’une fenêtre.
  • Série sortie sur netflix en , Ratched est consacrée entièrement à l’infirmière du même nom. Les faits se déroulent bien avant le film, on y découvre son passé ce qui nous amène à comprendre pourquoi elle devient l’infirmière sans cœur dans le film. Une saison 2 est prévue.

Jeux vidéo

  • Le jeu d’aventure Runaway: A Twist of Fate fait référence au film, par le biais d’un niveau où le héros est interné dans un hôpital psychiatrique comportant de grandes similitudes avec l’œuvre de Miloš Forman.
  • Le jeu d’aventure aussi au même nom Vol au-dessus d’un nid de coucou[réf. nécessaire]
  • Les créateurs du survival-horror Silent Hill: Downpour ont confié que le film leur avait servi d’inspiration, entre autres. En outre, le nom du héros, Murphy Pendleton, fait clairement référence au film (le protagoniste se nomme McMurphy, et la prison où il était incarcéré était baptisée Pendleton).

Notes et références

Notes

  1. Tenant compte qu'il s'agit d’une phrase au prétérit.
  2. Puisque, dans la langue française, les connotations argotiques du terme « coucou » ne peuvent faire référence à l'univers du film.

Références

  1. « Informations sur la pièce jouée à Broadway », sur ibdb.com, Internet Broadway Database (consulté le ).
  2. a et b Anne Dessuant, « La folle histoire de “Vol au-dessus d’un nid de coucou” », Télérama,‎ (lire en ligne).
  3. (en) Mark Christopher Carnes, Paul R. Betz et al., American National Biography : with a cumulative index by occupations and realms of renown, vol. 26, New York, Oxford University Press USA, , 835 p. (ISBN 0-19-522202-4), p. 312.
  4. Carnes et Betz 1999, p. 312.
  5. Foreword of One Flew Over the Cuckoo's Nest, Copyright 2007 by Chuck Palahniuk. Available in the 2007 Edition published by Penguin Books
  6. Il était une fois...Vol au-dessus d'un nid de coucou, documentaire d'Antoine Gaudemar, diffusé sur Arte le 27 juin 2011.
  7. (en) « One Flew Over the Cuckoo's Nest », sur Box Office Mojo (consulté le )
  8. « Vol au-dessus d'un nid de coucou », sur JP's Box-Office (consulté le )
  9. (en) Milos Forman et Jan Novak, Turnaround, A Memoir, Faber and Faber, , p. 246
  10. « Vol au-dessus d'un nid de coucou dans la série télévisée Les Simpson » (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Information

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