Causes | Virus de la variole du singe (en)[1] |
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Transmission | Transmission aéroportée (d), transmission par contact (d), contamination par les sécrétions respiratoires (d), transmission par surface contaminée (d) et rapport sexuel (?) |
Incubation min | 4 j |
Incubation max | 20 j |
Début habituel | 5-21 j post exposition |
Durée | 2-5 semaines |
Symptômes | F° Céphalée Myalgies éruption vésiculeuse Adénopathies[2] |
Diagnostic | sérologie virale[3] |
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Différentiel | Varicelle, (Variole éradiquée)[4] |
Prévention | Vaccin contre la variole humaine (en) |
Traitement | Prise en charge des symptômes |
Médicament | Cidofovir |
Spécialité | Infectiologie |
Fréquence | rare, en augmentation |
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Prévalence | sporadique voire endémique dans des régions de l’Afrique de l’Ouest et centrale, près des forêts tropicales humides |
Mortalité | 1 % à 3,6 % pour le clade ouest-africain, jusqu’à 10 % pour le clade centre-africain |
CISP-2 | A76 |
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CIM-10 | B04 |
CIM-9 | 059.01 |
eMedicine | 1134714 |
MeSH | D045908 |
La variole du singe ou orthopoxvirose simienne ou infection à virus monkeypox, est une zoonose due à un virus (famille des Poxviridae) du même genre Orthopoxvirus que celui de la variole humaine.
Elle sévit essentiellement dans les forêts du centre de l'Afrique tropicale. Le virus, enzootique dans les forêts ombrophiles d'Afrique centrale et occidentale, peut se transmettre à l'humain et causer un syndrome dont les manifestations cliniques sont analogues à celles de la variole (éruption pustuleuse, fièvre, symptômes respiratoires…), mais moins graves.
La maladie peut être sévère dans certains cas, causant des décès chez 1 à 3,6 % (clade ouest-africain) ou 10 % (clade centre-africain) des malades en Afrique[5],[6], la plupart chez les enfants, qui sont plus sensibles à la maladie, et les personnes immunodéprimées.
La plupart des patients se rétablissent avec des soins appropriés. La vaccination contre la variole humaine confère une protection efficace contre l'infection, allant jusqu’à 85 %[7], y compris après avoir été exposé au virus[8]. Les deux maladies peuvent être confondues et il n'existe pas de diagnostic clinique de certitude. Seule l'analyse en laboratoire permet de déterminer le virus à l’origine de l’infection[9].
Les chercheurs supposent que la transmission initiale se fait par contact direct ou indirect avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses de singes ou de rongeurs sauvages infectés. La consommation de gibier insuffisamment cuit est également considérée comme un risque possible. Entre humains, la transmission peut résulter de contacts étroits avec des sécrétions infectées des voies respiratoires, des lésions cutanées d’un sujet infecté ou d’objets récemment contaminés par des liquides biologiques ou des matières provenant des lésions d’un patient. Selon l’OMS, la transmission se produit principalement par les particules des gouttelettes respiratoires et nécessite en général un contact face à face prolongé. Elle peut également survenir par inoculation ou par voie placentaire (orthopoxvirose simienne congénitale)[9].
Les premiers cas humains ont été décrits en 1970 en République démocratique du Congo. Le nombre de cas et d'épidémie semble augmenter en Afrique depuis 2000, probablement avec l’interruption de la vaccination antivariolique qui assurait une protection croisée contre la variole du singe. En mai 2022, plus d'une centaine de cas sont détectés en Europe et en Amérique du Nord.
Le virus de la variole du singe a été découvert et isolé au Danemark en 1958, à partir des lésions d'une éruption généralisée survenue chez des macaques crabiers en captivité. Ces singes, en provenance de Singapour étaient destinés au Statens Serum Institut (en) (Institut d'État de sérologie) de Copenhague. Une longue enquête de surveillance a été menée par l'OMS en Europe et aux États-Unis car la découverte de ce virus était une menace potentielle pour l'éradication de la variole humaine[10],[11].
On a pu ainsi observer une dizaine d'épidémies de variole du singe chez les singes en captivité (animalerie de laboratoire et zoo) surtout chez les macaques (de l'espèce Macaca cynomolgus ou fascicularis), les orang-outans étant très sensibles (décès avant l'éruption)[10]. La plus importante fut celle du zoo de Rotterdam en 1964-1965[12]. La première épidémie détectée en France l'a été en 1968 dans une animalerie de l'Institut Pasteur chez des chimpanzés importés de Sierra Leone[10],[13].
Ces épidémies ont cessé après 1968, avec l'amélioration des conditions de transport des singes importés, et une plus grande utilisation en laboratoire des singes nés en captivité. Les singes malades étaient importés d'Asie, mais les études révèlent qu'ils ont dû être infectés durant le transport, en contact avec d'autres singes ou autres animaux sauvages importés, et que l'habitat naturel du virus se trouve plutôt en Afrique[10],[12].
En 1969, un colloque international de virologie tenu à Moscou définit le virus monkeypox comme une espèce distincte du virus de la variole humaine[12].
Le premier cas humain a été découvert en 1970, à l'hôpital de Basankusu (République démocratique du Congo, ex-Zaïre). Il s'agissait d'un enfant d'un village de la région. L'hôpital de Basankusu couvre une large zone rurale dont la population était estimée à 62 000 habitants en 1970, en majorité petits agriculteurs et chasseurs-cueilleurs regroupés en petits villages situés à la lisière de forêt tropicale humide. Ce cas a été détecté dans des échantillons biologiques étudiés dans le cadre de la surveillance OMS de la variole (réseau international de laboratoires de référence, en l'occurrence celui de Moscou)[14].
D'autres cas surviennent dans les années qui suivent en Afrique de l'Ouest (Liberia, Sierra Leone, Nigeria, Côte d'Ivoire…). De 1981 à 1988, on compte de 300 à 400 cas survenus en Afrique centrale et de l'ouest, presque tous des cas isolés[15],[16]. La plupart des épidémies décrites l'ont été en République démocratique du Congo (RDC) où des foyers naissent régulièrement depuis les années 1980 avec un premier cas en 1970 (1 malade) dans la région de l'Équateur, une épidémie (41 malades) en 1971-1980 et une autre (338 malades) en 1986. Les autres pays africains sporadiquement touchés sont : Cameroun, Gabon, Nigeria, République centrafricaine et Sierra Leone, qui ont connu quelques cas dans les années 1990[5],[17].
Jusqu'alors la variole du singe reste une maladie rare en Afrique, particulière à des petites localités en bordure forestière, et paraissant épargner les grandes villes, ce qui le distingue radicalement de ce que fut la variole[18].
La majorité des épidémies connues surviennent régulièrement en République démocratique du Congo, dans deux provinces (Kasaï Oriental et Équateur) dont celle de 1996-1997 (519 cas), puis en 1999 dans la région de Mbuji-Mayi avec 315 malades, encore une fois la province de l'équateur en 2001 et 2002 avec respectivement 23 et 293 malades et enfin dans la région de Kabinda en 2005 avec 311 personnes malades[17]. En 2005, 19 cas ont été signalés au Sud Soudan dans la région de Bentiu[5],[17].
Mi-2007, des épidémies ont encore sévi au Congo-Brazzaville dans la région de Likouala déjà touchée en 2003 (nord-est du pays – frontalière de la RDC), de à fin , avec presque 80 cas humains[5],[17].
Depuis les années 2010, par rapport aux années 1980, le nombre de cas suspects, probables et confirmés a été multiplié par dix, ce qui reflèterait une réelle augmentation de la maladie et non une amélioration du système de surveillance considéré comme stable depuis 2008[19]. Depuis 2017, plus de trois mille cas ont été notifiés au Nigéria[20], en République démocratique du Congo et en Centrafrique[21].
En 2022, à la date du 26 mai, cinq pays africains ont signalé des cas à l'OMS : République démocratique du Congo (1 284 cas dont 58 décès), Nigeria (46 cas et zéro décès), Cameroun (25 cas dont 9 décès), République Centrafricaine (8 cas dont 2 décès), et République du Congo (2 cas et zéro décès)[22].
La première épidémie non africaine de variole du singe est survenue en 2003 aux États-Unis où elle a été importée depuis le Ghana par plusieurs espèces de rongeurs sauvages, dont les rats de Gambie (nouveaux animaux de compagnie). Ceux-ci auraient contaminé des chiens de prairies dans des animaleries, eux-mêmes à l'origine de l'épidémie humaine[23].
Selon le CDC, le , 71 cas (dont 35 confirmés) ont concerné six états ; Wisconsin (39 cas), Indiana (16 cas), Illinois (12 cas), Missouri (2 cas), Kansas (1 cas), Ohio (1 cas)[17]. Le bilan final est de 82 personnes touchées dont 47 cas confirmés. Tous les patients ont été en contact avec un chien de prairie malade. Il n'y a eu aucun décès et aucune transmission interhumaine, mais la maladie était similaire à celle existant en Afrique[5],[24].
Les autorités fédérales de santé américaines ont alors interdit l'importation de tout rongeur africain (vente, distribution et transport), ainsi que le lâchage de chien de prairie domestique dans la nature. Outre le rat de Gambie, d'autres espèces africaines de rongeurs ont été interdites de lâchage : écureuil, porc-épic à queue en brosse, souris rayée, souris de la famille des gliridés[25]. En 2015, le rat de Gambie reste considéré comme un réservoir potentiel et un agent de transmission possible[26],[27].
En 2018, trois cas humains sont signalés en Grande-Bretagne, dont deux en provenance du Nigeria, le troisième étant un agent hospitalier contaminé (chargé du nettoyage de la literie), c'est le premier cas confirmé de transmission interhumaine hors d'Afrique[28]. D'autres cas importés ont été signalés en Israël (1 cas en 2018, un israélien revenant du Nigeria) et à Singapour (1 cas en 2019, un nigérien venu à Singapour)[28].
En 2021, trois membres d'une même famille revenant du Nigeria sont touchées en Grande-Bretagne. La même année deux cas importés sont signalés aux États-Unis, l'un au Texas, l'autre dans le Maryland[29].
Au 26 mai 2022, 257 cas confirmés en laboratoire et près de 120 cas suspects sont détectés en Europe, Amériques (États-Unis, Canada, Argentine, Guyane française), Moyen-Orient (Émirats arabes unis, Soudan) et Australie. Les pays qui signalent le plus de cas sont le Royaume-Uni (106 cas confirmés), le Portugal (49 cas), le Canada (26 cas), et l'Espagne (20 cas)[22].
Le 29 mai 2022, seize cas de variole du singe ont été « confirmés » en France[30].
L'agent causal de la variole du singe est le virus monkeypox de la famille des poxviridae, sous famille des chordopoxvirinae, infectant les vertébrés, et du genre orthopoxvirus, un genre très important qui regroupe les virus de la variole humaine et des autres varioles animales[11],[31].
Comme les autres poxvirus, la capside du virion monkeypox se présente au microscope électronique sous une forme ovale biconcave ou « en petite brique ou en savonnette » entourée de « deux corps latéraux » de fonction inconnue [32] mais qui serait un artefact de fixation[31]. C'est un virus d'assez grande taille de 200 à 250 nm, avec deux enveloppes constituées de lipoprotéines, l'une interne entourant la capside, l'autre externe couverte de microtubules pour s'attacher à la surface des cellules[31].
Le génome du virus monkeypox est constitué d'un ADN linéaire à deux brins de 197 kb. Le cycle viral s'effectue dans le cytoplasme des cellules infectées. Toutes les protéines nécessaires à la réplication virale sont codées par la région centrale du génome viral tandis que celles qui interfèrent avec l'hôte sont codées par les régions terminales. Les nouveaux virions sont libérés lors de la mort de la cellule[31].
Les virus monkeypox ont été divisés en deux clades : le clade ouest-africain et le clade du bassin du Congo, basés sur des différences génétiques et phénotypiques (virulence)[11]. Le clade ouest-africain est associé avec une moindre transmission interhumaine, une maladie peu grave et une faible létalité (moins de 1 %). Cependant ces observations se basent sur un petit nombre de cas (moins de 100), et d'autres travaux sont nécessaires[28].
Le virus monkeypox est classé au niveau 3, sur une échelle de 4, de danger biologique[5].
Le réservoir du virus est représenté par les rongeurs, pangolins, écureuils des forêts tropicales humides d'Afrique centrale et de l'Ouest. Le réservoir exact n'a pas été identifié, parmi les candidats probables se trouvent les écureuils Funisciurus anerythrus[31] et Heliosciurus sp[16]. Il est possible aussi qu'il n'existe pas un réservoir naturel unique, mais une circulation virale, naturelle et occasionnelle, dans une large gamme d'espèces sauvages[31].
La maladie affecte les primates et d'autres mammifères (comme les gazelles et antilopes), essentiellement par contact avec les rongeurs sauvages, et occasionnellement l'humain (chasseur-cueilleur en forêt). Dans les années 1980, les Pygmées qui chassent dans les forêts reconnaissent la maladie sur photo et lui donnent un nom, alors que les Bantous qui vivent en communautés agricoles disent n'en avoir jamais vu[33].
Le maintien et la dynamique du virus circulant entre ces espèces sont mal connues. Le virus monkeypox est difficile à retrouver en milieu naturel, et il n' a été isolé que deux fois dans la vie sauvage (chez un écureuil africain et chez un singe mangabey)[34].
En principe, les cas humains surviennent de façon sporadique ou isolée, la transmission interhumaine étant considérée comme rare, mais les données épidémiologiques récentes suggèrent qu'elles sont en réalité plus importantes. Lors de l'épidémie qui a sévi en République démocratique du Congo en 1996 et 1997, 28 % des gens en contact direct avec un malade au cours de sa période d'incubation étaient touchés. Et en 2003, jusqu'à six « générations de transmission interhumaine » ont été décrites au Congo[17], mais ces chaînes de transmission sont en général courtes de 1 à 3 générations[28].
La transmission de l'animal à l'humain se fait par contact direct avec une lésion chez l'animal, par ses sécrétions respiratoires ou encore par contact indirect (litière contaminée)[35] ; en Afrique, par la capture, le dépeçage, la préparation et la consommation de gibier (animaux sauvages forestiers contaminés)[36],[37].
La transmission d'une personne à l'autre est limitée, mais elle est possible par contact physique direct non protégé avec la peau lésée ou les fluides biologiques (actes de soin, contacts intimes…) ; par contact indirect (partage d'instruments de toilette, contact avec vêtements, literie…) ; par transmission aéroportée (gouttelettes respiratoires) à courte distance mais prolongée (par exemple voisins de transport, de bureau, salle de classe, de sport… en face à face non protégée)[9],[38].
La transmission de l'humain à l'animal n'a pas été signalée (à la date de 2020)[31].
En l'état actuel des connaissances (2019-2022), la plupart des experts estiment que des épidémies humaines de variole du singe ne peuvent se développer en l'absence de réintroduction virale provenant d'une source animale proche[39]. Cependant, une transmission interhumaine ne doit pas être sous-estimée, ce qui nécessite une surveillance internationale accrue avec détection précoce des cas[19].
Chez le chien de prairie et d'autres rongeurs, la variole du singe débute par une léthargie, perte d'appétit, adénopathies, puis une inflammation oculaire et nasale évoluant vers une pneumonie[35].
Chez le singe, le plus souvent, aucun signe n'apparaît avant l'éruption. Cette éruption débute par des papules sur tout le corps, particulièrement à la paume des mains et la plante des pieds. Elles se transforment en vésicules et pustules croûteuses qui tombent en 7-10 jours en laissant des petites cicatrices[10].
La gravité de la maladie est variable selon les espèces de singes. Les plus sensibles sont l'orang-outan (Pongo pygmaeus), le macaque crabier (Macaca fascicularis), le mangabey fuligineux (Cercocebus atys) et le chimpanzé commun (Pan troglodytes)[11].
Les singes ne sont que des hôtes occasionnels par contact avec des rongeurs sauvages et, contrairement à sa dénomination d'origine, la variole du singe n'est pas liée spécifiquement aux singes mais aux rongeurs sauvages[11].
Chez l'humain, la variole du singe se présente cliniquement de façon similaire à la variole humaine, mais de gravité moindre. L'incubation est de l'ordre de 7 à 14 jours (extrêmes 5-21 jours)[40].
Le début est une fièvre élevée, des maux de tête avec douleurs musculaires et grande fatigue. Un caractère distinctif est la plus grande fréquence d'adénopathies le plus souvent localisées à la mâchoire et au cou, évocateur mais insuffisant toutefois pour un diagnostic clinique de certitude[32].
Dans les deux jours qui suivent (extrêmes 0-5 jours), une éruption caractéristique apparait. Elle débute par un énanthème, lésions des muqueuses buccales parfois génitales, rapidement suivi par un exanthème d'abord à la face et aux extrémités (paume des mains et plante des pieds). Cette éruption s'étend ou non au reste du corps, selon une répartition centrifuge (prépondérance à la face et aux extrémités)[38].
L'éruption dure de 2 à 4 semaines. Elle est constitué d'éléments maculaires (tache) qui évoluent en papules puis en vésicules (chaque stade durant en moyenne 2 jours) et enfin en pustules. La plupart des pustules ont un diamètre de 5 mm (2-10 mm). Selon l'âge et l'état immunitaire du sujet, l'éruption peut être minime (quelques éléments) ou massive (plusieurs milliers). À la différence de la varicelle, l'éruption de la variole du singe se fait en une seule poussée, tous les éléments évoluent de façon synchrone en étant de même âge[38].
Le stade des pustules dure de 5 à 7 jours. Puis les pustules se dessèchent et deviennent croûteuses, annonçant la guérison spontanée, elles desquament et tombent. Quand toutes les croûtes sont tombées, le patient n'est plus considéré comme contagieux[38].
Il peut y avoir des séquelles éruptives : cicatrices ou taches hypopigmentées qui s'atténuent au fil du temps[41].
Chez l'humain, la variole du singe se distingue de la variole par une gravité relativement moindre (létalité estimée entre 1 et 10 % en Afrique[17]) et une épidémiologie très différente (survenue sporadique, en cas isolés, en zone forestière). La plupart des décès surviennent chez les très jeunes enfants.
Les autres complications des formes graves sont :
L'aspect clinique et le contexte épidémiologique permettent d'évoquer le diagnostic[21].
Le diagnostic différentiel doit se faire avec la variole, la varicelle, la rougeole, les infections bactériennes cutanées, la gale, la syphilis et les allergies médicamenteuses.
En laboratoire, les méthodes immunologiques (titrage ELISA, recherche d'antigènes) ne permettent qu'un diagnostic d'orientation : elles indiquent la présence ou l'exposition à un orthopoxvirus, sans préciser lequel[31]. Le diagnostic de confirmation se fait par PCR et isolement du virus en culture cellulaire à partir de biopsie cutanée[21].
Il n'existe pas de médicament spécifique. Le traitement est symptomatique[9].
La vaccination contre la variole donne une protection croisée contre la variole du singe (efficacité de 85 %)[9] ou une forme très atténuée de la maladie. L'arrêt des vaccinations à partir de 1980 pourrait expliquer une plus grande ampleur des transmissions inter-humaines en Afrique. Le personnel soignant s'occupant de patients atteints de variole du singe devrait envisager une vaccination antivariolique. Dans tous les cas, le risque doit être réduit par l'évitement de contact physique avec le patient et le port d'un équipement protecteur.
La prévention de la maladie pourrait passer par l'interdiction ou restriction du commerce des petits mammifères et singes africains. Les animaux en captivité ne doivent pas être vaccinés contre la variole (risque de vaccines animales). Les animaux suspects doivent être isolés et mis en quarantaine[9].
Au début des années 1990, les spécialistes des poxvirus comme Frank Fenner considéraient le monkeypox comme une maladie sporadique rare, liée à la forêt tropicale humide africaine, circulant chez des mammifères arboricoles de la canopée, non reconnue car « masquée » par la variole épidémique. La variole du singe se serait ainsi dévoilée lors de l'éradication de la variole, en lien avec les modifications écologiques à la lisière de la forêt ombrophile (début de déforestation, proximité de communautés villageoises agricoles remplaçant les chasseurs-cueilleurs)[42].
Fenner envisageait deux processus contradictoires : la conversion de la forêt primaire en forêt secondaire augmente d'abord les contacts entre les humains et les animaux sauvages, tout en créant un habitat favorable à des espèces hôtes réservoirs comme les écureuils funisciurus chassés pour leur viande. D'un autre côté, le développement agricole réduit la nécessité de la chasse comme source de protéines animales. Il envisageait comme possible que le monkeypox, maladie émergente, devienne une maladie « en voie de disparition »[42].
Fenner considérait aussi que le concept théorique de niche écologique ne s'appliquait pas aux microorganismes en général (du moins à l'échelle macro-environnementale), et aux poxvirus en particulier. Il s'opposait à l'hypothèse que l'éradication de la variole et l'arrêt de sa vaccination pourraient créer une « niche vacante » susceptible d'être réoccupée par des virus voisins, comme le monkeypox. C'était d'autant plus improbable que des études montraient que la transmission interhumaine du monkeypox était faible avec une reproduction de base inférieur à 1 (< 1)[28],[43].
Le pronostic optimiste de maladie émergente appelée à disparaître a été invalidé après les émergences de monkeypox de 1996-1997 en République démocratique du Congo, l'extension aux États-Unis en 2003, et surtout après celle de 2017-2018 au Nigéria où il n'y avait plus de cas depuis 39 ans. Il s'avère désormais que la variole du singe n'est plus géographiquement limitée, mais qu'elle constitue une menace de santé globale[20].
Dès lors les facteurs d'émergence ou de réémergence du monkeypox sont ceux qui favorisent une plus grande interface entre les humains et le monde animal domestique et sauvage (apparition ou développement de zoonoses) associés à une baisse de l'immunité collective envers les orthopoxvirus. Les principaux facteurs en discussion sont [5],[28] :
« Two genetic clades of Monkeypox virus have been characterized including the West African and the Central African clade. These two clades are geographically separated and have defined epidemiological and clinical differences. The West African clade demonstrates a case fatality rate (CFR) <1 %, and no human-to-human transmission was ever documented. In comparison, the Congo Basin clade (also known as the Central African clade) show a CFR up to 11 % (14), and documented human-to-human transmission up to 6 sequential events was observed. »
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