Il se laisse souvent aller à trop boire, ce qui le porte à la nostalgie de sa jeunesse militaire vécue sur le Yang-Tsé-Kiang. Lors d'un bombardement en , il promet à Suzanne de ne plus boire si l'hôtel échappe à la destruction ; promesse tenue[1].
Quinze ans plus tard, débarque un soir Gabriel Fouquet (Jean-Paul Belmondo), homme jeune et remuant, publicitaire de son état. Fouquet boit pour effacer l'échec de sa vie sentimentale avec Claire qui vit à Madrid, « voyager » en Espagne grâce à l'alcool, et rêver de tauromachie. Il vient voir sa fille Marie pensionnaire à Tigreville, dans une pension dont Mme Victoria, la directrice pourtant française, ne parle qu'anglais. Les deux hommes, qui n'ont pas « le vin petit ni la cuite mesquine », vont connaître deux jours d'évasion grâce à l'ivresse, l'un en Espagne et l'autre en Chine. Ce sera l'occasion d'un duo a cappella sur la fameuse chanson Nuits de Chine. L'apothéose de cette soûlographie est atteinte avec un feu d'artifice « dantesque » sur la plage. Le lendemain, la vie sépare les deux amis en gare de Lisieux : Gabriel part avec sa fille, qu'il a sortie de sa pension, alors qu'Albert se dirige vers l'hiver de sa vie.
Fiche technique
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C’est la seule fois où Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo se rencontrèrent à l’écran, la star du cinéma français et l'acteur vedette de la Nouvelle Vague.
Originellement, le producteur souhaitait tourner un film tiré du roman de Roger Vercel, Au large de l'Eden, histoire d'une mutinerie menée par un capitaine de terre-neuvas. Le producteur Jacques Bar avait donc réservé un bateau chez un armateur de Saint-Malo. Gabin en montant sur le bateau trouve que « ça sent la morue », que ça lui donne mal au cœur, il ne veut pas faire le film. Michel Audiard propose alors d'adapter un livre de Blondin, Un singe en hiver.
Dans la scène du flamenco chez Esnault, Belmondo ne danse pas, il est doublé pour les gros plans par un danseur espagnol. Le montage soigné permet difficilement de s'en rendre compte.
La scène de la corrida avec les voitures est exécutée par Belmondo.
Henri Verneuil est présent dans le film au moment où son nom apparait à l'écran au générique : il est l'officier allemand qui monte l'escalier. Il est également et comme souvent la « voix » du haut-parleur de la gare.
Le , Jean-Paul Belmondo revient sur les lieux du tournage à Villerville à l'occasion d'un documentaire tourné pour TF1[5].
À divers indices, on apprend que l'action du film (après la séquence initiale du bombardement d'été 1944) se passe en 1959. Gabriel Fouquet arrive à la pension Stella un jeudi . Or cette date tombait un mercredi.
Au titre des bizarreries on peut remarquer la présence d'un buste de Voltaire dans une institution religieuse.
50e anniversaire du tournage à Villerville
En 2012, Villerville célèbre le 50e anniversaire du tournage par diverses manifestations (projections, expositions, conférences...). Le village est décoré avec les portraits des deux principaux acteurs.
Enseigne, vers le casino.
Enseigne, rue Abel-Mahu.
Sortie et accueil
Le film ne fait pas l'unanimité à sa sortie. Robert Chazal de France-Soir écrit dans sa critique « On se doutait bien que la rencontre, dans le même film, de Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo ne pouvait être qu'extraordinaire. Mais le résultat dépasse toutes nos espérances. Un singe en hiver est une réussite complète »[6],[7]. Pour Claude Mauriac du Figaro Littéraire, « Le miracle, c’est que Belmondo recrée plus encore Antoine Blondin [...] que Gabriel Fouquet, son héros. C’est la même désinvolture, la même fantaisie et, le soleil de joie de vivre caché, le même obscurcissement du visage et de l’âme avec cette inextinguible, cette pathétique petite lumière subsistante. »[7].
François Truffaut fait également l'éloge de Belmondo à propos de ce film : « Pour moi cela ne fait aucun doute, Jean-Paul Belmondo est le meilleur acteur actuel, le meilleur et le plus complet. Si l’idée de tourner des remakes ne lui répugnait pas, il pourrait, sans effort et sans souffrir de la comparaison, reprendre les rôles de Gabin [...], de Fernandel [...], ou de Gérard Philipe [...] »[7].
Mais d'autres critiques sont plus mitigées. Ainsi dans Télérama, Gilbert Salachas écrit « L’humanité est mesquine et la vie un pesant fardeau pour les sages et les seigneurs (…), telle est la sinistre “morale” de cette œuvre à la fois piètre et révoltante dans son esprit. »[8]
Le ministère de la Santé a essayé d’interdire le film, y voyant une apologie de l’alcool et une publicité trop évidente de certaines marques sur les cendriers du bar[9].
Le film sort en et prend la tête du box-office parisien durant deux semaines avec 132 194 entrées cumulées dans les quatre salles qui le diffusent[7]. Lors de sa sortie initiale, Un singe en hiver totalise 2 023 031 entrées, ce qui lui vaut de se hisser dans le top 15 des meilleures entrées de 1962[10]. Avec les reprises dans les salles jusqu'en , Un singe en hiver enregistre 2 417 209 entrées[10]. En , la reprise dans les salles du long-métrage rassemble 1 025 entrées[11].
Bibliographie
Gilbert Salachas, « Un singe en hiver », Téléciné no 105, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), juin-, (ISSN0049-3287)