Naissance | |
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Nom de naissance |
Shelton Jackson Lee |
Nationalité | |
Domicile | |
Formation |
Tisch School of the Arts Morehouse College John Dewey High School (en) |
Activités | |
Période d'activité |
Depuis |
Fratrie |
David Lee (en) Joie Lee Cinqué Lee |
Conjoint |
Tonya Lewis Lee (en) |
Parentèle |
Malcolm D. Lee (cousin) |
A travaillé pour | |
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Membre de | |
Distinctions | Liste détaillée Primetime Emmy Award Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences NAACP Image Award – Hall of Fame Award (en) () César d'honneur () Prix George-Polk () Oscar du meilleur scénario adapté () British Academy Film Award du meilleur scénario adapté () |
Films notables |
Spike Lee [spaɪk liː][1] de son vrai nom Shelton Jackson Lee est un scénariste, réalisateur, acteur et producteur américain né le à Atlanta (Géorgie, États-Unis).
Ses films se focalisent souvent sur la communauté afro-américaine et, en général, sur les problèmes sociaux et identitaires des minorités. Certaines de ses œuvres ont même suscité polémiques et débats[2].
Il est également souvent acteur dans ses propres films, notamment ses premiers. Il apparait par ailleurs dans Taxis pour cible (2001) de Lee Davis.
Né à Atlanta en Géorgie[3], il est le fils de Jacqueline Carroll (née Shelton), professeure d'arts et de littérature, et de Bill Lee, musicien et compositeur[4],[5]. Il est issu d'une famille nombreuse : Joie (née en 1962), David (né en 1961), et Cinqué (né en 1966). Sa famille part ensuite pour New York. Spike Lee grandit à Fort Greene, un quartier de l'arrondissement de Brooklyn. Durant son enfance, sa mère le surnomme « Spike ».
Élevé dans un milieu artistique et intellectuel favorisé, il étudie au prestigieux Morehouse College, université destinée à former les élites noires américaines puis à la Tisch School of the Arts, école de cinéma la plus renommée de la côte est des États-Unis. À la fin de ses études, il réalise le moyen métrage Joe's Bed-Stuy Barbershop: We Cut Heads (1983), qui obtient de nombreuses récompenses[6].
Spike Lee fonde très vite sa propre société de production, 40 Acres & A Mule Filmworks, en référence à 40 acres et une mule (promesse d'indemnisation faite aux esclaves afro-américains libérés après la guerre de Sécession : 40 acres (16 hectares) de terre à cultiver et une mule pour traîner une charrue)[6]. Il réalise ensuite son premier long métrage, Nola Darling n'en fait qu'à sa tête, qui sort en 1986. Tourné en seulement douze jours dans le style du cinéma de guérilla, le film remporte notamment le prix de la jeunesse au festival de Cannes 1986. De plus, le film connaît un succès critique et commercial, aussi bien en France qu'aux États-Unis. Cela fait alors de lui le nouveau porte-parole du cinéma afro-américain[6].
À la fin des années 1980 et au milieu des années 1990, il tourne à un rythme soutenu : School Daze (1988), Do the Right Thing (1989), Mo' Better Blues (1990) et Jungle Fever (1991). Ce dernier, présenté au festival de Cannes 1991, est un succès et révèle au grand public Samuel L. Jackson, dont la prestation est globalement acclamée par les critiques. Spike Lee prend aussi l'habitude d'apparaitre dans ses propres films, dans des rôles plus ou moins importants.
Il enchaine avec le film biographique Malcolm X (1992). Malgré de bonnes critiques, le film ne rencontre pas de succès au box-office[7],[8]. Après de multiples prises de position contre la communauté WASP (White Anglo-Saxon Protestant), sa renommée est en partie écornée. Au milieu des années 1990, il développe des projets plus modestes, essentiellement situés à Brooklyn, comme Crooklyn (1994) et Clockers (1995). Il peine alors à retrouver le succès commercial de ses débuts[6]. Girl 6, sorti en 1996, est son premier film dont il ne participe pas au scénario. Le film recevra à nouveau des critiques négatives et sera un flop au box-office[9],[10],[11].
Alors qu'il continue de tourner fréquemment, ses films sont des échecs commerciaux. Ce n'est qu'avec le thriller Inside Man : L'Homme de l'intérieur, qu'il renoue avec le succès au box-office en 2006. Pour un budget de 45 millions de dollars, le film récolte 186 millions de dollars dans le monde et enregistre plus d'un million d'entrées en France (38e meilleur résultat au Box-office annuel français)[12],[13].
En 2006, il réalise un film documentaire sur La Nouvelle-Orléans touchée par l'ouragan Katrina, Katrina (When the Levees Broke), diffusé sur HBO. Il interviewe plus de cent victimes en parcourant la ville dévastée avec, notamment, Terence Blanchard, trompettiste natif de cette ville, et qui travaille sur la musique de ses films depuis vingt ans. Durant l'été 2009, il tourne son documentaire Kobe Doin' Work sur la préparation de la vedette de la NBA Kobe Bryant lors d'un match opposant son équipe des Lakers de Los Angeles à celle des Spurs de San Antonio.
Admiratif de Michael Jackson, il a réalisé deux clips pour They Don't Care About Us en 1996 ainsi que le documentaire Bad 25 en 2012, pour fêter les 25 ans de l'album Bad. Également ami de longue date de Prince, il a réalisé son clip pour la chanson Money Don't Matter 2 Night, tirée de l'album Diamonds and Pearls, qui aborde le thème de la pauvreté aux États-Unis. Ainsi, à l'annonce de la disparition du « Kid de Minneapolis », Spike Lee avait réuni plusieurs milliers de personnes devant sa propre demeure pour lui rendre hommage et avait organisé quelques semaines plus tard une fête à Brooklyn — code vestimentaire violet, bien sûr — pour célébrer l'anniversaire de la vedette récemment disparue.
Après plusieurs films plus ou moins médiatisés et plutôt confidentiels, Spike Lee revient sur le devant de la scène en 2018 avec BlacKkKlansman : J'ai infiltré le Ku Klux Klan. Inspiré de l'histoire de Ron Stallworth, le film met en scène un policier afro-américain infiltrant le Ku Klux Klan. Le film obtient de nombreuses récompenses, comme le Grand prix du Festival de Cannes et l'Oscar du meilleur scénario adapté et Spike Lee est nommé pour la première fois de sa carrière à l'Oscar du meilleur réalisateur. Le film est par ailleurs un succès commercial[14].
En septembre 2004, il fait partie du jury des longs métrages en compétition pour le Lion d'or du 61e festival de Venise, sous la présidence du réalisateur britannique John Boorman. Les comédiennes Scarlett Johansson et Helen Mirren en font également partie.
En , il est désigné président du jury du 73e festival de Cannes. Il est la première personnalité noire à occuper cette fonction[15]. Il succède au réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu. Le festival est cependant annulé en raison de la pandémie de Covid-19. Spike Lee déclare cependant être prêt pour assurer la présidence du festival de 2021[16], qu’il confirme le 16 mars 2021 lors d’une conversation FaceTime avec Thierry Frémaux.
En 1991, Spike Lee donne un cours à l'Université Harvard à propos de la façon de faire un film. En 1993, il enseigne à la Tisch School of the Arts de l'université de New York, où il avait lui-même étudié. En 2002, il est nommé directeur artistique de l'école[17]. Il est ensuite professeur titulaire de l'université de New York[18].
Spike Lee rencontre l'avocate Tonya Lewis en 1992. Ils se marient l'année suivante à New York[19]. Ils ont une fille Satchel (née en 1994) et un fils Jackson (né en 1997)[20].
Spike Lee est un grand amateur de sport. Il est fan de l'équipe de baseball des Yankees de New York, de l'équipe de basket-ball des Knicks de New York, de l'équipe de hockey sur glace des Rangers de New York mais également de l'équipe anglaise de football Arsenal[21],[22]. Sa passion pour le basket l'amène à participer au jeu vidéo NBA 2K16 sorti en 2015 : il est choisi pour créer le scénario du mode My career[23].
Identitaire noir revendiqué, Spike Lee milite pour une discrimination positive plus étendue en faveur des Noirs. Il demande notamment la mise en place de quotas, y compris dans le domaine culturel, par exemple pour les Oscars[24].
Il est le cousin de Malcolm D. Lee.
Sur ses longs métrages, Spike Lee officie sur d'autres postes que celui de réalisateur, le plus souvent comme scénariste et producteur :
Année | Film | Rôles | |||
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Réalisateur | Producteur | Scénariste | Acteur | ||
1983 | Joe's Bed-Stuy Barbershop: We Cut Heads | Oui | Oui | Oui | ![]() |
1986 | Nola Darling n'en fait qu'à sa tête | Oui | Oui | Oui | Oui |
1988 | School Daze | Oui | Oui | Oui | Oui |
1989 | Do the Right Thing | Oui | Oui | Oui | Oui |
1990 | Mo' Better Blues | Oui | Oui | Oui | Oui |
1991 | Jungle Fever | Oui | Oui | Oui | Oui |
1992 | Malcolm X | Oui | Oui | Oui | Oui |
1994 | Crooklyn | Oui | Oui | Oui | Oui |
1995 | Clockers | Oui | Oui | Oui | Oui |
1996 | Girl 6 | Oui | Oui | ![]() |
Oui |
Get on the Bus | Oui | Oui | ![]() |
![]() | |
1998 | He Got Game | Oui | Oui | Oui | ![]() |
1999 | Summer of Sam | Oui | Oui | Oui | Oui |
2000 | The Very Black Show | Oui | Oui | Oui | ![]() |
2002 | La 25e Heure | Oui | Oui | ![]() |
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2004 | She Hate Me | Oui | Oui | Oui | ![]() |
2006 | Inside Man : L'Homme de l'intérieur | Oui | ![]() |
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2008 | Miracle à Santa Anna | Oui | Oui | ![]() |
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2012 | Red Hook Summer | Oui | Oui | Oui | Oui |
2013 | Old Boy | Oui | ![]() |
![]() |
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2014 | Da Sweet Blood of Jesus | Oui | Oui | Oui | ![]() |
2015 | Chi-Raq | Oui | Oui | Oui | ![]() |
2018 | BlacKkKlansman : J'ai infiltré le Ku Klux Klan | Oui | Oui | Oui | ![]() |
2020 | Da 5 Bloods | Oui | Oui | Oui | ![]() |
Dans la plupart des génériques de ses films, il n'est pas écrit « A Spike Lee film » (« un film de Spike Lee ») mais « A Spike Lee Joint » (« un “joint” de Spike Lee »). Le cinéaste n’a jamais réellement expliqué cela. Certaines personnes évoquent la possibilité que cela aurait un rapport avec l'expression « That’s my joint », qui signifierait « C’est un super truc ». « Joint » peut aussi désigner quelque chose qui a de l’importance ou un endroit où l’on se sent bien[25].
Déçu par le montage final de 104 minutes de son film Old Boy (2013), alors qu'il avait supervisé une version de 140 minutes, Spike Lee désavoue son film et préfère mettre « A Spike Lee film », au lieu de sa mention habituelle[26].
Spike Lee a révélé des acteurs aujourd'hui reconnus comme Denzel Washington, Halle Berry, Samuel L. Jackson ou Wesley Snipes qui ont tourné dans plusieurs de ses films. Il a par ailleurs souvent travaillés avec les mêmes acteurs et actrices :
En plus de ces nombreux actrices et acteurs, Spike Lee a confié la musique de la plupart de ses films depuis Jungle Fever (1991) au musicien de jazz Terence Blanchard. Le propre père du réalisateur, Bill Lee, a par ailleurs mis en musique les premiers films de son fils : Joe's Bed-Stuy Barbershop: We Cut Heads, Nola Darling n'en fait qu'à sa tête, School Daze, Do the Right Thing et Mo' Better Blues
Dans plusieurs de ses films, il utilise un style de plan surnommé « Double Dolly Shot ». On peut voir un ou plusieurs personnages fixés au même support que la caméra sur une dolly. Le décors derrière l'acteur bouge, mais la caméra reste toujours à la même distance de l'acteur[27],[25],[28].
Spike Lee a parfois déclenché des controverses, notamment par sa manière de défendre la communauté afro-américaine et ses critiques adressées à des cinéastes les plus réputés d'Hollywood. Il s'est ainsi heurté, notamment par média interposés, principalement avec les réalisateurs Quentin Tarantino et Clint Eastwood[29],[30].
Spike Lee est proche de leaders extrémistes noirs américains comme Al Sharpton ou Louis Farrakhan qui multiplient les discours haineux contre les juifs ou contre les blancs en général. Spike Lee lui-même a déclaré qu’une femme noire ne devrait pas avoir de relations sexuelles avec un homme blanc, ou qu’il comprendrait que des noirs abattent des blancs[31].
Spike Lee reproche à Quentin Tarantino, qu'il a dirigé dans Girl 6 (1996), d'utiliser à outrance le mot « nigger » ou l'équivalent argotique « nigga » (« nègre » ou « négro » en français) dans ses films. Selon Spike Lee, ce ne sont pas les mots en eux-mêmes qui dérangent, mais l'usage excessif que Quentin Tarantino en fait qui pose problème. Lorsqu'un journaliste demande à Quentin Tarantino s'il retravaillera un jour avec Spike Lee, il déclare « Il me reste encore deux films à faire, et je n’ai pas l’intention de perdre du temps à y travailler avec ce fils de pute. Il serait très heureux que j’accepte de travailler avec lui. Mais ça n’aura pas lieu »[32]. Samuel L. Jackson, qui a tourné à de nombreuses reprises avec les deux réalisateurs, défend Q. Tarantino :
« Je ne pense pas que le mot est insultant placé dans le contexte du film. Les artistes noirs pensent qu’ils sont les seuls autorisés à utiliser ce mot. Jackie Brown est un superbe film rendant hommage aux films de la Blaxploitation. C’est un bon film, chose que Spike n’a pas fait depuis quelques années[réf. nécessaire]. »
En 1998, peu après la sortie de Jackie Brown (1997), Quentin Tarantino déclare :
À la sortie du film Django Unchained (2012) de Quentin Tarantino, Spike Lee déclare :
« Je ne peux pas en parler, parce que je n'irai pas le voir. Je ne veux pas le voir. […] Je pense que ça serait manquer de respect à mes ancêtres. C'est tout ce que j'ai à dire. Je ne peux pas manquer de respect à mes ancêtres. »
Puis : « L'esclavage américain n'était pas un western spaghetti de Sergio Leone. C'était un holocauste. Mes ancêtres étaient esclaves. Je leur ferai honneur[34]. »
Louis Farrakhan, dirigeant de l'organisation politique et religieuse suprémaciste noire Nation of Islam depuis 1981, déclare quant à lui à ce sujet : « Le film a changé la direction des armes[35]. ». Jamie Foxx, interprète du rôle-titre de Django Unchained, déclare quant à lui : « Je respecte Spike, c'est un réalisateur incroyable, mais il devient très lourd lorsqu'il se met à parler du travail de ses collègues sans avoir vu leurs oeuvres. Pour moi, ça c'est irresponsable. Pour moi, la question est : “D'où vient Spike Lee ?” Il n'a jamais aimé Whoopi Goldberg, il n'aime pas Tyler Perry, il n'aime personne. Je pense juste qu'il continue ce qu'il a toujours fait »[36]. Samuel L. Jackson ajoute quant à lui : « Y avait-il un autre mot pour appeler les personnes noires dans le langage courant à cette époque ? Si vous devez faire un film d'époque, alors vous devez utiliser le langage qui était présent. Et c'était ce langage qui était présent à cette époque. J'ai grandi dans le Sud, j'ai entendu N****r toute ma vie. Je ne suis pas perturbé par ça »[37].
Lors de la promotion de Miracle à Santa Anna au festival de Cannes 2008, Spike Lee fait de multiples reproches à Clint Eastwood, notamment sur l'absence de soldats afro-américains dans son diptyque de guerre Mémoires de nos pères / Lettres d'Iwo Jima (2006) : « Clint Eastwood a fait deux films sur Iwo Jima qui dépassaient les quatre heures au total et pas un acteur noir n'est vu à l'écran. (...) Dans sa version d'Iwo Jima, les soldats noirs n'existaient pas ». Clint Eastwood répondra que des soldats afro-américains « n'ont pas hissé le drapeau. L'histoire est celle (...) de la photo au drapeau, et ils (les Noirs) n'ont pas fait cela. Si je mettais un acteur afro-américain à cet endroit, les gens diraient : “Ce mec a perdu la raison”. Ce n'est pas conforme à l'Histoire »[38]. Clint Eastwood ajoutera que Spike Lee lui en voulait depuis qu'il avait fait Bird, film biographique sur le musicien noir Charlie Parker. Spike Lee répondra plus tard aux remarques de Clint Eastwood : « D'abord cet homme n'est pas mon père et nous ne sommes pas sur une plantation. Je n'ai jamais dit qu'un des mecs portant le drapeau devait être noir. J'ai dit que les afro-américains avaient joué un rôle important à Iwo Jima »[39],[30].
Peu après, Spike Lee déclarera cependant que tout cela a été exagéré par les medias et qu'ils se sont réconciliés, via leur ami commun Steven Spielberg, et qu'il a envoyé une copie de Miracle à Santa Anna à Clint Eastwood[40].
En , Spike Lee obtient une injonction par la Cour suprême de New York afin d'empêcher le changement de nom de la chaîne The New TNN en Spike TV, de crainte que le public l'associe à la chaîne. L'affaire est réglée hors cour le . Le changement de nom a cependant bien lieu de . La chaîne conservera le nom de Spike jusqu'en 2018, où elle est renommée Paramount Network[41],[42],[43].
Lorsque le film Green Book : Sur les routes du sud obtient l'Oscar du meilleur film en 2019, Spike Lee lève les bras et quitte la salle en signe de désaccord. Il ne revient dans le théâtre Dolby qu'après les discours. Il explique son choix en critiquant le point de vue prétendument pro-blanc de ce film, qui montre comment un homme de main blanc et raciste devient finalement l'ami d'un pianiste noir et homosexuel et déclare notamment : « Pas ma tasse de thé. Un tel point de vue sur les Noirs n'est vraiment pas tolérable »[30].
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