Shireen Abu Akleh

Shireen Abu Akleh
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 51 ans)
JénineVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Mount Zion Cemetery, Jerusalem (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
شيرين أبو عاقلةVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
شيرين نصري أنطون أبو عاقلةVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Domicile
Formation
Activités
Période d'activité
Jusqu'en Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Religion
Distinction
Ordre de Jérusalem (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Shireen Abu Akleh (en arabe : شيرين أبو عاقلة), née le à Jérusalem et morte le à Jénine, est une journaliste palestino-américaine[1].

Elle est reporter pour la chaîne d'information Al Jazeera pendant 25 ans avant d'être tuée sur le terrain. Les forces israéliennes sont suspectées par le Hamas et l’Autorité palestinienne d’avoir tiré le 11 mai 2022, alors qu'elle couvrait une opération sur Jénine en Cisjordanie[2],[3], menée en représailles à une suite d'attentats terroristes. Israël, après avoir attribué une possible responsabilité de la mort de la journaliste à des tirs palestiniens, a annoncé vouloir conduire une enquête transparente « sans privilégier une piste plutôt que l’autre »[4].

L'évènement, puis les réactions des autorités israéliennes et palestiniennes, ont des échos importants à l'international. De nombreuses instances, comme l'Union européenne ou la Maison-Blanche, réclament une enquête sérieuse pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de la journaliste. Des tensions importantes entre les autorités palestiniennes et les forces israéliennes se manifestent dans les jours qui suivent le décès, particulièrement lors des funérailles, quand ces dernières ont chargé la foule qui transportait le cercueil de la défunte, provocant à nouveau des réactions des diplomaties internationales.

Biographie

Enfance et études

Shireen Abu Akleh naît en 1971 à Jérusalem dans une famille de chrétiens arabes de Bethléem, de rite grec-melkite-catholique. Elle fréquente l'école secondaire de Beit Hanina, puis s'inscrit à l'Université jordanienne des sciences et technologies pour étudier l'architecture. Elle étudie ensuite dans le cadre d'un échange à l'Université de Yarmouk en Jordanie, où elle obtient un master en journalisme. Après avoir obtenu son diplôme, Shireen Abu Akleh retourne en Palestine[5].

Carrière

Shireen Abu Akleh a travaillé comme journaliste pour RMC et Voice of Palestine[6]. Elle a également travaillé pour l'UNRWA, Amman Satellite Channel et MIFTAH[5]. En 1997, elle commence à travailler pour Al Jazeera[7], acquérant une certaine notoriété sur la version de la chaîne en langue arabe[7],[8]. Elle vit et travaille à Jérusalem-Est, réalisant des reportages sur les événements majeurs liés au conflit israélo-palestinien, y compris la deuxième Intifada, et couvrant en outre la politique israélienne[7]. Elle a souvent couvert des funérailles de Palestiniens tués par les forces israéliennes[9],[10].

Mort

Le 11 mai 2022, le ministère palestinien de la Santé annonce que Shireen Abu Akleh a été tuée par balle par les Forces de défense israéliennes (FDI) alors qu'elle couvrait une offensive de Tsahal à Jénine[11] . Shireen Abu Akleh était présente lors d'un raid qui, selon l'armée israélienne, visait à capturer des personnes suspectées de terrorisme[7]. Elle est transportée à l'hôpital Ibn Sina, où elle est déclarée morte[12],[11]. Elle avait 51 ans[5],[1]. Un autre journaliste, Ali Samoadi[12] du journal Al-Quds, a reçu une balle dans le dos mais a survécu.

Réactions

Le cercueil de Shireen Abu Akleh traversant les rues de Ramallah lors de l'hommage tenu avant les funérailles de la journaliste le 12 mai 2022.

Al Jazeera décrit le meurtre de Shireen Abou Akleh, qui travaillait pour leur branche arabe, comme un « crime horrible qui enfreint les normes internationales » et a été commis « de sang-froid »[7]. Le directeur général du réseau Al Jazeera, Giles Trendle, se déclare « choqué et attristé » par sa mort et appelle à une enquête transparente[11],[13].

Mahmoud Abbas, président de l'État de Palestine, déclare le jour même qu'il considère les forces israéliennes comme « pleinement responsables » de la mort de Shireen Abu Akleh. Hussein al-Sheikh, secrétaire général de l'OLP, tweete que le « crime de faire taire les mots » a été « commis une fois de plus, et [que] la vérité est assassinée par les balles de l'occupation israélienne »[7]. Le chef de la mission palestinienne au Royaume-Uni , Husam Zomlot, décrit Shireen Abu Akleh comme étant une « journaliste bien-aimée » et son amie proche[11].

Ran Kochav, porte-parole de Tsahal, déclare sur la Kan qu'il ne croit pas que Shireen Abu Akleh ait été tuée par les forces de Tsahal. Il déclare que Tsahal a proposé d'ouvrir une enquête conjointe mais qu'il ne s'attend pas à ce que les Palestiniens coopèrent, affirmant que le Croissant-Rouge a emporté le corps immédiatement après qu'elle a été abattue[7]. Il déclare par la suite que la journaliste «  était armée d’une caméra »[4].Plusieurs journalistes, dont Ayman Mohyeldin de MSNBC, un ami de la victime, s'opposent à cette dernière déclaration[14].

Internationalement, plusieurs institutions réclament également une enquête transparente pour faire la lumière sur la mort de Shireen Abu Akleh, comme la diplomatie française, américaine, ou Reporters sans frontières, qui demande la saisie de la Cour internationale de justice[15]. L'Autorité palestinienne réclame elle aussi la saisie de cette cour, et refuse de confier les preuves dont elle dispose à Israël. Le journaliste Amaury de Rochegonde écrit dans RFI[15] :

« Désormais, l’armée israélienne cherche à contrôler ce que pourrait dire sa dépouille, comme lorsqu’elle a investi la maison de la journaliste, mercredi, quelques heures après sa mort d'une balle dans la tête. L’Autorité palestinienne a rejeté la participation d’Israël à son autopsie ainsi qu’à toute forme d’« enquête conjointe » et certains ont pu trouver cela suspect. [...] les Palestiniens veulent garder la maîtrise des éléments matériels du crime. »

La cérémonie officielle rendant hommage à Shireen Abu Akleh tenue à Ramallah, diffusée sur la chaîne égyptienne Al Masriyah.

Dans Le Monde, le lendemain, le correspondant à Jérusalem Louis Imbert considère que le meurtre de Shireen Abu Akleh place Israël face à « ses responsabilités d'occupant ». Décrivant l'attitude de l'armée dans sa communication après la mort de la journaliste, il écrit[4] :

« L’armée israélienne succombe alors à son travers usuel : elle n’envisage explicitement qu’un seul scénario, « la possibilité que les journalistes aient été touchés par des tireurs palestiniens ». À la radio militaire, un porte-parole va jusqu’à assimiler Mme Abu Akleh à une combattante ennemie. [...] Au-delà du meurtre de Mme Abu Akleh, dont l’auteur n’est pas formellement identifié à ce jour, ce qui se joue ici, c’est la difficulté qu’ont les Israéliens à affronter leur responsabilité d’occupants et les crimes qui l’accompagnent. Parce que Israël, puissance dominante, a intérêt à renvoyer dos à dos deux narratifs insolubles l’un dans l’autre, et à demeurer ainsi dans la confusion. »

Il fait également le lien avec la couverture médiatique de la mort de deux adolescents palestiniens à Beitunia, en 2014, où la presse locale a selon lui relayé « sans distance » les assertions de l'État israélien[4].

Le 12 mai 2022, une cérémonie posthume est organisée à Ramallah pour rendre hommage à la journaliste. De nombreux officiels, dont Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, sont présents, ainsi que plusieurs milliers de personnes[16].

Funérailles

Le 13 mai 2022, à la sortie du cercueil de l'hôpital Saint-Joseph, situé à Jérusalem-Est, des heurts éclatent après que des manifestants ont entonné des chants et brandi des drapeaux palestiniens[17]. Les forces de l'ordre israéliennes ont chargé la foule et fait usage de la violence[17], le cercueil manquant de tomber au sol[18]. Ces faits provoquent un tollé international[19], ainsi l'Union européenne condamne les violences commises par les forces de l'ordre israéliennes, la délégation européenne auprès des Palestiniens se déclarant « consternée par la violence dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Joseph et par le niveau de force inutile exercée par la police israélienne tout au long du cortège funèbre »[18], ajoutant que « ces comportements si disproportionnés ne font qu'attiser les tensions »[17]. Les diplomaties française, quatari et états-unienne, ainsi que l’ONU ont également réagi, en condamnant la façon dont la police israélienne avait agi[20].

Le même jour, des violences éclatent dans le camp de Jénine, où la journaliste a été tuée, qui est un bastion des factions armées palestiniennes et d'où étaient originaires certains auteurs d'attaques meurtrières en Israël en 2022[18]. Israël rapporte qu'un soldat israélien a été tué à Burqin, à côté de Jénine[18]. Le ministère de la santé palestinien déclare que ce même jour, treize Palestiniens ont été blessés à Jénine, dont deux grièvement[18].

Israël annonce le 14 mai 2022 ordonner une enquête sur les violences commises par sa police lors des funérailles de la journaliste[21].

Décorations

Références

  1. a et b (en-US) Raja Abdulrahim et Hiba Yazbek, « Al Jazeera Journalist Is Killed in West Bank », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  2. « Shireen Abu Akleh, icône du journalisme palestinien tombée sous les balles », sur France 24, (consulté le )
  3. « La mort de la journaliste d’Al-Jazira, Shireen Abu Akleh, place Israël face à ses responsabilités d’occupant », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c et d « La mort de la journaliste d’Al-Jazira, Shireen Abu Akleh, place Israël face à ses responsabilités d’occupant », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. a b et c (ar) وتد, « استشهاد الصحافية شيرين أبو عاقلة برصاص الاحتلال في جنين », Arab48,‎ (consulté le )
  6. « AQB Honors College hosts Al Jazeera Reporter Shireen Abu Akleh », Hona Al Quds, Université al-Qods, (consulté le )
  7. a b c d e f et g (en) « Al Jazeera Reporter Killed in Israeli Army Raid in Jenin », Haaretz,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) « Al-Jazeera reporter killed during Israeli raid in West Bank », Associated Press, (consulté le )
  9. (ar) مجلة عربيات, « شرين أبو عاقلة مراسلة الجزيرة الفضائية », sur مجلة عربيات | Arabiyat Magazine,‎ (consulté le )
  10. « Al-Jazeera accuse Israël d'avoir tué Shireen Abu Akleh, célèbre journaliste de la chaîne », sur euronews, (consulté le )
  11. a b c et d (en) « Israeli forces shoot dead Al Jazeera journalist », Al Jazeera, (consulté le )
  12. a et b (en) « Israeli troops kill veteran Palestinian Al Jazeera journalist during West Bank raid », sur Middle East Eye (consulté le )
  13. « Journaliste d’al-Jazeera tuée en Cisjordanie : ce que l’on sait du drame », sur L'Obs, (consulté le )
  14. (en) « Ayman on the killing of journalist Shireen Abu Akleh: ‘Her humanity was unmatched’ », sur MSNBC.com (consulté le )
  15. a et b « Chronique des médias - Quelle enquête sur la mort de Shireen Abu Akleh? », sur RFI, (consulté le )
  16. Samuel Forey, « Entre silence et colère, les Palestiniens rendent hommage à la journaliste Shireen Abu Akleh », sur Libération (consulté le )
  17. a b et c « Jérusalem : la police israélienne charge la foule lors des obsèques de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh », sur Franceinfo, (consulté le )
  18. a b c d et e « Mort de Shireen Abu Akleh : les obsèques émaillées de violences de la police israélienne », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. "Tollé mondial ..." AFP sur TF1, 13 mai 2022
  20. La rédaction de Mediapart, « Tollé international après la charge contre le cortège funèraire de Shireen Abu Akleh », sur Mediapart (consulté le )
  21. « Funérailles de Shireen Abu Akleh : enquête sur la police israélienne après un tollé international », sur France 24, (consulté le )
  22. (ar) « تعرف على وسام "نجمة القدس" الذي منحه عباس لشيرين أبو عاقلة », al-ain.com,‎ (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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