Naissance | |
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Nom de naissance |
Lucien Ginsburg |
Surnoms |
Gainsbarre, Julien Gris, Julien Grix, L'homme à tête de chou |
Nationalité | |
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Activités | |
Période d'activité |
- |
Père |
Joseph Ginsburg (d) |
Mère |
Olga Ginsburg (d) |
Fratrie |
Liliane Gainsbourg (d) (jumelle) |
Conjoints |
Lise Levitzky (de à ) Bambou (de à ) |
Enfants |
Taille |
1,79 m |
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Instruments | |
Labels | |
Partenaire | |
Genres artistiques |
Chanson française, jazz, pop, reggae, rock, rock progressif, cha-cha-cha, mambo, funk, musique de variétés (en) |
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Discographie |
Lucien Ginsburg, dit Serge Gainsbourg, né le à Paris, 4e arrondissement, et mort le dans la même ville, dans le 7e arrondissement, est un auteur-compositeur-interprète français, également artiste peintre, scénariste, metteur en scène, écrivain, acteur et cinéaste.
Il accède à la notoriété en tant qu'auteur-compositeur-interprète, abordant de nombreux styles musicaux. Il s'essaie également au cinéma et à la littérature, réalise plusieurs films et vidéo-clips et compose plus de quarante musiques de films. Au milieu des années 1950, il utilise les pseudonymes Julien Gris puis Julien Grix avant de choisir Serge Gainsbourg comme nom de scène. Dans les années 1980, il s'invente aussi un alter ego appelé Gainsbarre.
Ses débuts sur scène sont difficiles en raison de son physique. Toute sa vie, Serge Gainsbourg souffre de la peur d'être rejeté et de sa conviction qu'il est laid. Au fil des années, il se crée une image de poète maudit et provocateur, mais pas pour autant en marge du système. Les textes de ses chansons jouent souvent sur le double sens et illustrent son goût pour la provocation (Nazi Rock, Aux armes et cætera, Lemon Incest) et l'érotisme (Les Sucettes, Je t'aime… moi non plus, Love on the Beat), voire la scatologie[1] (Vu de l'extérieur, La poupée qui fait, Des vents des pets des poums, Evguénie Sokolov), ce qui lui vaut nombre de polémiques. Serge Gainsbourg aime également jouer avec les références littéraires, comme Verlaine (Je suis venu te dire que je m'en vais) et, dans une certaine mesure, « recycler » des thèmes de musique classique (Initials B.B., Lemon Incest). Cependant, il considère la chanson et plus particulièrement les paroles, comme un « art mineur », puisque ne nécessitant, contrairement à la peinture par exemple, aucune initiation pour être apprécié. Il travaille cependant, parfois jusqu'à l'obsession, la forme poétique de ses textes, les parsemant de rimes sophistiquées, de jeux de mots, d'allitérations et autres figures de style peu communes dans la musique populaire à son époque[2].
Auteur prolifique de chansons pour d'autres artistes, en particulier des femmes, Gainsbourg traverse la vie de chanteuses et actrices renommées, dont Brigitte Bardot, avec laquelle il a une brève liaison, ainsi que Jane Birkin, avec qui il va vivre pendant plus de douze ans, qui est sa principale muse, même après leur séparation et avec laquelle il donne naissance à son troisième enfant, Charlotte Gainsbourg.
Il influence considérablement certains artistes français, comme le groupe Taxi Girl, Renaud[3] ou encore Étienne Daho, mais aussi des artistes non francophones tels que Beck Hansen, Mike Patton, le groupe Portishead ou le compositeur David Holmes.
Si sa notoriété à l'extérieur du monde francophone se limite aux professionnels de la musique, il réussit à classer deux de ses albums dans les meilleures ventes de disques aux États-Unis : d'une part Bonnie and Clyde avec Brigitte Bardot se classe 12e au Billboard 200 au cours de l'année 1968 et, d'autre part, Jane Birkin - Serge Gainsbourg se classe 196e au cours de l'année 1970. Sa chanson Je t'aime… moi non plus se classe 58e au Billboard Hot 100, malgré des diffusions à la radio limitées en raison de la censure[4], mais rencontre un plus grand succès encore au Royaume-Uni où elle se classe numéro 1 des ventes. Avec celles de la chanteuse belge Sœur Sourire et les albums francophones de Céline Dion, ces performances sont inégalées pour des chansons en langue française aux États-Unis.
Lucien Ginsburg[5] naît le à Paris. Il est le deuxième de faux jumeaux (le premier est une fille)[6], fils d'immigrants juifs ashkénazes d'origine ukrainienne de culture russe[7],[8],[9]. Son père, Joseph Ginsburg (né à Constantinople (Empire ottoman) le et mort le dans le 16e arrondissement de Paris[10]), d'abord intéressé par la peinture, entre toutefois au conservatoire de Petrograd, puis à celui de Moscou pour étudier la musique - il choisit le piano - puis encore, en Crimée. Il y rencontre Brucha Goda Besman (née à Théodosie le et morte à Paris le [Note 1]), surnommée Olia ou Olga, chanteuse mezzo-soprano qui devient son épouse le [11],[12]. En 1919, Joseph et Olga Ginsburg fuyant la guerre civile et la dictature bolchévique, quittent Odessa (Ukraine), s'exilent en Géorgie, puis à Constantinople, avant de débarquer en France le à Marseille puis de s'installer à Paris, où ils retrouvent le frère d'Olga, qui travaille pour la banque Louis-Dreyfus[13],[12](p11). Joseph devient alors pianiste de bar et de cabaret, tandis qu'Olga chante au conservatoire russe.
Les Ginsburg vivent au 35 rue de la Chine dans le 20e arrondissement. Ils ont en 1922 un premier fils, Marcel, qui meurt à seize mois d'une pneumonie ; puis, en 1926, une fille, Jacqueline ; et en 1928, des faux jumeaux, Liliane et Lucien (dont Olga voulut avorter sans y parvenir[14]), nés à la maternité de l'Hôtel-Dieu de Paris dans l'île de la Cité. La famille Ginsburg obtient la nationalité française, le [15].
Dans son enfance, Lucien vit dans les quartiers populaires de Paris : d'abord le 20e arrondissement, puis au 11 bis, rue Chaptal dans le 9e arrondissement. Son père lui enseigne le piano classique puis le pousse vers la peinture qui l'attirait lors de sa propre jeunesse. Le garçon le suit dans les concerts où il joue, dans des stations balnéaires huppées comme Arcachon, Deauville, Cabourg et Le Touquet[16],[14].
En 1940, Lucien Gainsbourg est inscrit à l'École normale de musique de Paris, boulevard Malesherbes[17]. Il a 12 ans et doit porter l'étoile jaune (« Une étoile de shérif », dira-t-il plus tard par dérision, ou « Je suis né sous une bonne étoile… jaune »)[18]. Au début de l'été 1941, sa famille se réfugie temporairement dans la Sarthe à Courgenard, au lieu-dit « La Bassetière », chez Baptiste et Irma Dumur[19]. Le jeune Lucien est atteint d'une péritonite tuberculeuse. Les Ginsburg resteront attachés à la commune - les parents revenant y passer leurs vacances et Serge y rendant visite avec Jane Birkin, dans les années 1970[19].
Les métiers artistiques étant interdits aux juifs durant la guerre et plus personne ne voulant l'engager comme pianiste, son père passe en zone libre en 1942 pour trouver du travail et échapper à la misère. Les contrôles de police devenant de plus en plus nombreux, toute la famille le rejoint en à Limoges au 13 rue des Combes (devenu l'actuel 11)[21], avec de faux papiers. Ils se réfugient au hameau du Grand Vedeix dans la commune de Saint-Cyr en Haute-Vienne, sous le nom de Guimbard. Les filles sont cachées chez les religieuses de l'école du Sacré-Cœur à Limoges[22] et Lucien dans un collège public, à Saint-Léonard-de-Noblat. Il y reste pensionnaire pendant six mois sous sa fausse identité[20]. Un soir, la Gestapo fait une descente dans l'établissement pour vérifier qu'aucun enfant juif ne s'y dissimule. Avertis, les responsables du pensionnat l'envoient se cacher seul dans la forêt, muni d'une hache pour se défendre, où il passe la nuit entière avec la peur d'être pris et tué. Il vivra par la suite avec le sentiment d'être un rescapé[23].
Durant ces années de guerre, la famille Ginsburg se voit retirer entièrement la nationalité française par une commission spéciale mise en place par le régime de Vichy qui les considère comme des « israélites sans intérêt national »[12]. Sur l'un des rapports de la commission, retrouvé en 2010[24], on peut lire à propos de Joseph, le père de Serge : « Exerçant la profession de pianiste, le nommé Ginsburg, qui se déplace fréquemment réside actuellement à Lyon. […] Son fils Lucien est inscrit au collège Du Guesclin. […] Il ressort néanmoins que l’intéressé a quitté la capitale en 1941 pour la zone libre pour s’éviter des ennuis en raison de sa confession ». La commission tranche : « retrait général ». Serge Gainsbourg n'a jamais rien su de cette dénaturalisation.
De retour à Paris après la Libération, la famille s'installe au 55 avenue Bugeaud dans le 16e arrondissement. Lucien est en échec scolaire et abandonne peu avant le bac au lycée Condorcet (il a quitté l'établissement à l'été 1941, pour n'y revenir qu'à l’automne 1944[25]). Il s'inscrit alors aux Beaux-Arts et fréquente l'Académie de Montmartre, où ses professeurs de peinture sont André Lhote[26] et Fernand Léger[27], sans poursuivre jusqu'au bout cette première vocation trop peu rémunératrice[28]. Le , à l'Académie de Montmartre, il rencontre sa future première femme, Élisabeth Levitsky, fille d'aristocrates russes qui a des accointances avec les surréalistes, en particulier Georges Hugnet dont elle a été la secrétaire ; il l'épouse le [29].
L'année 1948 est une année importante pour Lucien. Il fait son service militaire à l caserne de Courbevoie (Hauts-de-Seine) au sein du 93e régiment d'infanterie, où il est envoyé régulièrement « au trou » pour insoumission. Privé de permission, il s'enivre au vin avec ses camarades de régiment – un premier contact avec l’alcool et l’alcoolisme. Durant cette même période, il apprend à jouer de la guitare.
Jusqu'à trente ans, Lucien Ginsburg vit de petits métiers. Il est, entre autres, professeur de dessin, de chant, surveillant, mais son activité principale est la peinture. Il aurait aimé être un génie de la peinture comme Francis Bacon ou Fernand Léger dont il fut l'élève[30]. Il est particulièrement inspiré par le dadaïsme et notamment par Francis Picabia dont il citera régulièrement l’œuvre Jésus-Christ Rastaquouère[31].
En 1952, il emménage avec Élisabeth Levitsky dans une chambre à la Schola Cantorum de Paris, rue Saint-Jacques, meublée d'un piano en piteux état, que Lucien répare pour pouvoir en jouer. Un jour, en rangeant leurs vêtements, Lucien et Elizabeth découvrent au fond d'un placard une porte donnant sur la salle de concert, où des groupes américains de jazz viennent enregistrer leurs disques. Depuis ce point de vue providentiel, Lucien observe, fasciné, prend des notes et délaisse petit à petit la peinture[32]. En 1954, il abandonne la bohème pour devenir crooner de piano-bar dans les casinos de villes côtières comme Le Touquet Paris-Plage (où il joue au Club de la Forêt du restaurant Flavio) ou Deauville, ou encore dans des cabarets parisiens comme chez Madame Arthur, un cabaret transformiste pour lequel il compose des musiques de revues[13] ainsi que des chansons restées inédites de son vivant pour lesquelles il remplace parfois le pianiste qui n'est autre que son père Joseph Ginsburg[33]. Dès 1954, Lucien Ginsburg dépose ses titres à la SACEM, d'abord sous son nom[13], puis sous le pseudonyme de Julien Gris[Note 2], évoluant en Julien Grix[13], puis, à partir d', sous son pseudonyme définitif de Serge Gainsbourg. Il expliquera que le prénom de Serge évoque la Russie et que les voyelles « A » et « O » ajoutées à son nom sont une réponse aux enseignants qui écorchent son patronyme, pour lui rappeler ses origines judéo-russes[13]. Selon Jane Birkin, il a plus spécifiquement choisi ce nom en référence au peintre anglais Gainsborough, qu'il admirait[34].
Il a une révélation en voyant, au cabaret Milord l'Arsouille, Boris Vian qui écrit et interprète des textes provocateurs, drôles, cyniques, loin du répertoire des vedettes du moment comme Dario Moreno ou Annie Cordy. Bientôt, en 1955, engagé comme pianiste d'ambiance pour jouer des standards du jazz, par Francis Claude, directeur artistique du cabaret, Serge Gainsbourg accompagne également à la guitare la chanteuse Michèle Arnaud qui perçoit en lui un style nouveau[17],[28]. En 1957, par hasard, Michèle et Francis découvrent avec stupéfaction les compositions de Gainsbourg en allant chez lui voir ses toiles. Le lendemain, Francis Claude pousse Serge sur scène. Mort de trac, il interprète son propre répertoire dont Le Poinçonneur des Lilas[35]. Claude le présente dans son émission sur les ondes de Paris-Inter, le ; puis il le présente à Jacques Canetti, alors directeur du théâtre des Trois Baudets et directeur artistique des Disques Philips.
Pour Canetti, la ressemblance entre Boris Vian et Serge Gainsbourg est troublante : le même trac, la même élégance, une vision cynique de l'époque. Jacques Canetti prend en main la carrière naissante de Serge Gainsbourg, lui proposant de chanter aux Trois Baudets et dans les tournées qu’il organise avec Jacques Brel, Guy Béart ou Raymond Devos, avec son style si éloigné de ceux de Montand, Bécaud ou Brassens[28]. L’adjoint de Canetti chez Philips, Denis Bourgeois, déploie une patience d’araignée pour l’aider à percer dans le disque. Michèle Arnaud est la première interprète célèbre de l'auteur-compositeur Serge[36] également interprété par son fils Dominique Walter, pour un disque sorti en 1966[37]. La chanteuse enregistre dès 1958, plusieurs titres : La recette de l'amour fou, Douze belles dans la peau également chantée par Simone Bartel à la même époque, Jeunes femmes et vieux messieurs et La femme des uns sous le corps des autres[Note 3]. Dès lors, Gainsbourg fait ses premières armes, composant de nombreuses chansons et même une revue musicale. Il décide alors d'abandonner la peinture pour se consacrer à la composition musicale et détruit la quasi-totalité de ses toiles, au grand dam de son épouse qui ne lui pardonnera jamais cet « autodafé ». Il se lance aussi dans une cour effrénée auprès des femmes, qu'il séduit en grand nombre, ce qui l'éloigne d'Élisabeth ; ils divorcent en , six ans après leur mariage[29].
En studio, Serge Gainsbourg commence sa fructueuse collaboration avec Alain Goraguer, déjà arrangeur musical de Boris Vian. Son premier album Du chant à la une !…, sorti en 1958, qui contient Le Poinçonneur des Lilas, son premier succès d’estime (tout de suite repris par les Frères Jacques), impressionne mais est un échec commercial. En effet, s’il est vendu à quelques centaines d’exemplaires[38] et est boudé par le public[39], il est cependant remarqué par Marcel Aymé, qui dit que ses chansons « ont la dureté d'un constat ». Aussi, Boris Vian écrit-il, en 1958, soit un an avant sa mort, un éloge à l’endroit de Gainsbourg dans un article du Canard Enchaîné[40] puis le compare aussi à Cole Porter. Enfin, cet album est récompensé par le Grand Prix de l'Académie Charles Cros, l'année suivante[41].
Les albums suivants (No 2 en 1959, L'étonnant Serge Gainsbourg en 1961 et No 4 en 1962), toujours réalisés avec Alain Goraguer, rencontrent le même destin que son premier album. Toutefois, Gainsbourg rencontre son premier succès commercial en 1960, avec le simple L'eau à la bouche (chanson-titre du film du même nom), vendu à 100 000 exemplaires[42].
Lorsque l'époque des yéyés arrive, il a trente-deux ans et n'est pas très à l'aise : passant en première partie de Jacques Brel ou de Juliette Gréco, il est la risée du public et des critiques, qui se moquent de ses grandes oreilles et de son nez proéminent. Débute, avec Gréco, une collaboration qui dure toute cette période « Rive gauche », dont le point d'orgue sera La Javanaise à l'automne 1962[43]. Pour Philippe Clay, auquel il ressemble de façon troublante, il écrit en 1962 Chanson pour tézigue et en 1965, Lily taches de rousseur[44]. En 1964, ils apparaissent dans l'émission télévisée Demandez le programme pour deux duos (L'Accordéon[45] et L'Assassinat de Franz Lehár[46])[44].
Il rencontre le guitariste Elek Bacsik et le contrebassiste Michel Gaudry et leur propose de collaborer avec lui, d’abord pour des représentations au Théâtre des Capucines de Paris dans le cadre des « mardis de la chanson », en , puis un mois après, pour l’enregistrement de Gainsbourg Confidentiel. Cet album empreint du jazz d'avant-garde, plaît tant à Gainsbourg mais il le sait, cette œuvre ne lui permettra jamais d'accéder au succès. Ce disque ne se vend qu'à 1 500 exemplaires. Dès la sortie du studio, il déclare : « Je vais me lancer dans l'alimentaire et m'acheter une Rolls ». Son album suivant, Gainsbourg Percussions, inspiré (parfois directement – et sans se soucier des droits d'auteur[47]) des rythmes et des mélodies de Miriam Makeba et de Babatunde Olatunji, se démarque pourtant à nouveau de la vague yéyé. Mais là aussi, l'artiste rencontre un nouvel échec (plus important que Confidentiel). Cet album est la dernière collaboration de l'artiste avec Alain Goraguer avant de se diriger vers de nouveaux horizons musicaux plus pop.
En , la chanteuse Barbara propose à Gainsbourg de faire une série de concerts avec elle, mais devant l'hostilité du public, ce dernier décide de cesser cette collaboration. Il ne remontera pas sur scène avant 1979[48].
En écrivant pour Juliette Gréco (Accordéon, La Javanaise) et Petula Clark (La Gadoue), il rencontre ses premiers succès mais Françoise Hardy (Comment te dire adieu) et surtout France Gall lui permettent de réussir à séduire un public jeune. Après avoir chanté quelques titres à succès (N'écoute pas les idoles, Laisse tomber les filles), France Gall remporte, le , le grand Prix du Concours Eurovision de la chanson, avec le titre Poupée de cire, poupée de son, écrit par Serge Gainsbourg à la demande de Maritie et Gilbert Carpentier[17]. La chanson lauréate devient un tube international que France Gall enregistre même en japonais[49],[50]. Serge Gainsbourg écrit aussi pour France Gall, en 1966, Baby Pop et Les Sucettes – dont le double sens évoquant la fellation provoque un premier scandale.
En tant qu'interprète, il entre à part entière chez les « yéyés » avec les 45 tours Qui est « in » qui est « out », paru en et Comic Strip, paru en , enregistrés à Londres et qui ont tous deux rencontré le succès (le premier étant souvent passée dans l'émission Salut les copains). Serge Gainsbourg figure ainsi en sur la « photo du siècle » regroupant quarante-six vedettes françaises du mouvement yéyé (dont France Gall). Cette photographie est prise par Jean-Marie Périer au Studio Mac Mahon pour le magazine Salut les copains.
La même année, il écrit et compose la bande originale de la comédie musicale Anna tournée pour la télévision, diffusée en janvier 1967 et interprétée par Anna Karina, pour laquelle il signe notamment la chanson Sous le soleil exactement.
En 1967, l'artiste écrit Le Sable et le soldat en soutien à Tsahal pendant la guerre des Six Jours. Ce travail est réalisé à la demande de l’attaché culturel de l’ambassade d'Israël, qui souhaite envoyer une marche militaire nouvelle pour remonter le moral des troupes israéliennes[51], à la veille pressentie de violents combats. La maquette du texte est écrite en français : elle est enregistrée en direct en moins de deux minutes, avec un accompagnement mélodique d'orgue électrique, le 6 juin 1967[51]. La traduction en hébreu ne sera pas enregistrée. Confiée à la navette diplomatique de l'ambassade, la bande magnétique du morceau prend l'avion pour Tel-Aviv en Israël. Après ce conflit armé éclair, l'enregistrement reste dans les archives de la radio Kol Israël[51]. Vingt-cinq années plus tard, le collectionneur Jean-Gabriel Le Nouvel, qui en connaît l'existence, effectue des recherches très approfondies pour localiser la précieuse bande et l'exhume des archives. La version initiale restaurée a fait l'objet d'une radiodiffusion en exclusivité par les studios de la RCJ en 2002[52],[53]. Puis, le label Kol Record se charge d'assurer la production et l'enregistrement de l'adaptation inédite du titre en hébreu, titrée Al Holot Israel, interprétée par la chorale de Tsahal[52],[54].
Les paroles de cette chanson étonneront beaucoup de monde lors de sa diffusion. Ainsi, le magazine Tribune juive publie dans un article : « […] Et pourtant, Gainsbourg n'était pas attaché à Israël. D'ailleurs, il n'y a jamais mis les pieds. Et lorsqu'il parlait de ses racines, il préférait évoquer la Russie de ses parents. Peut-être avoue-t-il dans cette chanson ce qu'il n'a jamais osé dire ? […] Personne ne se doutait que Gainsbourg, même s'il ne s'est jamais caché d'être juif « Je suis né sous une bonne étoile… jaune, disait-il, avait écrit une chanson si engagée pour le jeune État d'Israël à l'issue de la guerre des 6 jours et de la libération de Jérusalem… »[51].
De son vivant Gainsbourg s'exprime peu sur Israël et parfois, de façon contradictoire. Le , lorsque Noël Simsolo invite Gainsbourg sur France Culture dans « Une journée avec Serge Gainsbourg » diffusée le même jour, ce dernier dit : « Me battre pour mes origines juives ? Pourquoi pas, mais je ne vois pas où… moi, je suis un ashkénaze, je ne suis pas un mec d’Israël »[52]. Pourtant, interviewé par Patrick Bouchitey en 1981 sur Carbone 14, il déclare à propos de cette chanson, avoir failli aller en Israël en 1967 pour se faire tuer : « Tu serais vraiment allé te battre ? — Oui, si ça tournait mal… Non, pas me battre, me faire tuer ! Oui, d'instinct, de par mes racines »[55].
À la fin de 1967, il vit une passion, courte mais intense, avec Brigitte Bardot[56], à qui il dédie la chanson Initials B.B., après lui avoir écrit plusieurs titres emblématiques : Harley Davidson, Bonnie and Clyde, Je t'aime... moi non plus. L'enregistrement de ce dernier titre avec elle en , gardé secret par Serge Gainsbourg à la demande de Brigitte Bardot (laquelle est alors mariée à Gunter Sachs), ne sortira qu'en 1986 mais la chanson est rendue célèbre l'année suivante, réenregistrée en duo avec Jane Birkin[56].
Le Serge publie le disque Bonnie & Clyde, réalisé en duo avec elle. Il contient quatre chansons issues du répertoire de Bardot, sept issues du répertoire de Serge et un inédit chanté en duo qui est la chanson titre de l’album. Après la séparation, Serge publie l'album Initials B.B. qui comporte, en plus de quatre inédits (dont la chanson homonyme), le titre Bonnie & Clyde et le contenu des 45 tours Qui est « in » qui est « out » et Comic Strip. Cet album aux sonorités pop résume parfaitement la période de l'artiste entre 1966 et 1968 et remplace Bonnie & Clyde, qui ne comporte qu’un seul inédit.
Sur le tournage du film Slogan, de Pierre Grimblat, en 1968, il rencontre Jane Birkin, récemment séparée du compositeur John Barry dont elle vient d'avoir une fille, Kate Barry. Il lui fait chanter Je t'aime… moi non plus et 69 année érotique, devenus d'immenses succès[57]. Ils deviendront pendant dix ans un couple très médiatique, régulièrement à la une des médias, chacun enchaînant disques et tournages, concerts et apparitions photographiques[58]. Dans ce contexte, l'album Jane Birkin - Serge Gainsbourg réalisé en duo est publié en 1969, pour lequel le couple se partage les chansons. L'album comprend en plus les musiques de film Manon et Elisa qui ont rencontré toutes deux le succès, à leur sortie en 1968.
Gainsbourg dédie également à sa nouvelle compagne le titre Jane B, au thème musical largement inspiré par le prélude en mi mineur Opus 28 no 4, de Frédéric Chopin[59]. Il a, d'ailleurs, fait tout au long de sa carrière de nombreux emprunts à la musique classique, généralement non crédités[60],[61] – voir ci-dessous à la section « Emprunts et plagiats » – et il sera à son tour fréquemment échantillonné sur des morceaux de rap, par exemple par MC Solaar pour Nouveau Western[62].
Les années 1970 sont marquées par l'écriture et la composition de quatre albums importants[57] : Histoire de Melody Nelson en 1971, Vu de l'extérieur en 1973 (avec son tube Je suis venu te dire que je m'en vais, qui évoque des vers de Verlaine), Rock around the bunker en 1975 et L'Homme à tête de chou en 1976 (avec ses sulfureuses Variations sur Marilou).
Si ces albums rencontrent peu de succès commercial, les radios étant réticentes à diffuser ce chanteur réputé « difficile » car en porte-à-faux avec l'air du temps, ils le hissent à l'avant-garde de la chanson française[63]. Histoire de Melody Nelson est accueilli par la presse comme « le premier vrai poème symphonique de l'âge pop »[64] ; produit et arrangé par Jean-Claude Vannier et influencé par la scène rock anglaise (plus particulièrement la mouvance progressive rock alors en plein essor), cet album-concept, avec ses subtiles orchestrations de guitares, de cordes et de chœurs, raconte l'histoire tragique d’une idylle entre un homme mûr et une nymphette, en écho au roman Lolita de Vladimir Nabokov, dont Gainsbourg est un admirateur inconditionnel et qu'il évoquera souvent par la suite (notamment à travers le personnage de Samantha sur You're Under Arrest). Cet album aura une influence considérable sur des artistes comme le groupe Air, David Holmes, Jarvis Cocker, Beck et Dan the Automator.
En , Serge Gainsbourg, victime d’une crise cardiaque, la transforme en coup promotionnel provocateur : il annonce à la presse, depuis son lit d’hôpital, qu'il va réagir « en augmentant sa consommation d'alcool et de cigarettes »[65]. Il continue de fait à boire et à fumer, fidèle au personnage décadent qu’il se façonne avec complaisance. Durant la même année, paraît l'album Vu de l'extérieur, qui met en avant l'intimité tant du son que du texte qui évoque également la scatologie. L'album est un échec commercial, tout comme le nouveau duo La Décadanse avec Jane Birkin sorti en single qui s'inspire du tube Je t'aime… moi non plus.
En 1975, sort Rock Around the Bunker, album enregistré à Londres, dont plusieurs titres (Nazi rock, SS si bon, Tata teutonne) paraissent une provocation excessive aux yeux des programmateurs, mais dont il dira « pour moi cet album était évidemment un exorcisme »[66][source insuffisante].
Il compose également des tubes plus légers comme L'Ami Caouette. L'année suivante, sort son nouvel album-concept L'homme à tête de chou, où il raconte à nouveau une histoire d'amour tragique, cette fois entre un homme travaillant dans un journal et une coiffeuse. Après un nouvel échec commercial avec le single My Lady Héroïne en 1977, Gainsbourg fait une incursion dans le disco alors en vogue en 1978 avec le single Sea, Sex and Sun, enregistré pour le film Les Bronzés, qui rencontre un grand succès. En 1979, il rejoint le groupe rock Bijou sur scène et paraît ému quand le jeune public rock lui fait une ovation.
Il cultive son aura d'artiste culte en participant à de nombreux films dits d'auteur. Mais, s'il est considéré par la critique comme un acteur de talent, il ne tourne pratiquement que dans des films au succès confidentiel et n'accède pas dans ce domaine à la reconnaissance du grand public[Note 5]. En 1976, il se lance pour la première fois dans la réalisation cinématographique. Son film Je t'aime moi non plus obtient très vite une réputation sulfureuse, avec un scénario audacieux touchant aux tabous de l'homosexualité et de la sodomie. Il réalise trois autres films qui obtiennent peu de succès, les sujets abordés étant souvent provocateurs, que ce soit l'inceste (Charlotte for Ever en 1986) ou l'exhibitionnisme (Stan the Flasher en 1990).
En 1979, son nouvel album reggae Aux armes et cætera, enregistré à Kingston avec Sly and Robbie et les I Threes (choristes de Bob Marley), devient disque de platine en quelques mois. La Marseillaise (reggae) choque[57]. Michel Droit, qui écrit dans le Figaro Magazine un article virulent dénonçant les Juifs qui, par leurs provocations, peuvent déclencher des réactions d'antisémitisme ; Serge Gainsbourg répondra par voie de presse et par le calembour « On n'a pas le con d'être aussi Droit »[67].
Pour répondre aux polémiques dont il devient peu à peu l'objet et qui le touchent profondément dans son estime, le , Gainsbourg riposte en achetant le manuscrit original de La Marseillaise (135 000 F, soit 100 000 euros de 2021), vendu aux enchères à Versailles[57]. Ce manuscrit original, suprême triomphe pour Serge Gainsbourg dans ce conflit, comporte de la main même de l'auteur Rouget-de-l'Isle le fameux « Aux armes, etc. ». Peu de temps après, lors d'un concert, cet événement médiatisé par les journaux télévisés permettra cette fois à Serge Gainsbourg d'avoir les parachutistes militaires de son côté[68], faisant ainsi définitivement taire les rumeurs malveillantes au sujet de son manque de patriotisme[57].
En effet, la salle de concert de Strasbourg où il doit se produire est investie par des membres d'une association d'anciens parachutistes militaires, qui désapprouvent sa version de La Marseillaise, mais Gainsbourg garde tout son sang-froid. Il prend les paras au dépourvu en chantant a cappella et, le poing tendu, la version originale de l'hymne français ; après un moment de flottement, les paras se sentent de ce fait obligés de se mettre au garde à vous, comme en témoignent les bandes d'actualités de l'événement. « J'ai mis les paras au pas ! », s'amusera-t-il dans l'émission Droit de réponse de Michel Polac ; et, de fait, les paras, estimant avoir obtenu réparation, se retirent. Gainsbourg poursuit une tournée triomphale, de nouveau accompagné de Sly and Robbie et des I Threes[67]. Un double CD, Gainsbourg et cætera, réunissant de nouveaux mixages de l'intégrale d'un concert au théâtre le Palace de Paris, restitue ce qui reste parfois considéré son meilleur enregistrement en public avec les concerts au Casino de Paris qui suivront quelques années plus tard.[réf. nécessaire]
Offensé par les propos calomnieux à son encontre dans les articles de presse, notamment au sujet de La Marseillaise, se sentant artiste incompris, il se réfugie dans la vie des milieux noctambules et interlopes, consommant encore plus d'alcool et de tabac et délaissant la vie de famille.
Cette période est marquée par la fréquentation des boîtes de nuit, des beuveries, du noctambulisme, de la décrépitude physique... De plus en plus, « Gainsbarre » succède à Gainsbourg, avec une multitude d'apparitions télévisées plus ou moins alcoolisées[57]. Le « personnage de Gainsbarre », Serge Gainsbourg l'évoque pour la première fois en 1981 avec la chanson Ecce Homo (titre phare de l'album Mauvaises nouvelles des étoiles)[69]. Avec ce double créé de toutes pièces, qui désormais va lui « coller à la peau » et dont il jouera en multipliant les provocations, il fortifie sa légende de poète maudit, mal rasé et ivre[70], apparaissant souvent en jean élimé, le visage bouffi caché par des lunettes noires et une Gitane à la bouche, ce qui lui vaut tantôt l'admiration, tantôt le dégoût. En , après plus de dix ans de vie commune, Jane Birkin n'en peut plus et le quitte. Elle admet lors d'une émission télévisée réalisée après sa mort : « J'avais beaucoup aimé Gainsbourg, mais j'avais peur de Gainsbarre ». À partir de cette période, il devient un phénomène de télévision de par son comportement provocateur qui déclenchera plusieurs scandales. Renaud s'inspirera plus de vingt années plus tard de l'ambivalence « Gainsbourg / Gainsbarre » pour sa chanson Docteur Renaud, Mister Renard, de l'album Boucan d'enfer, qui évoque une « descente aux enfers », présentant bien des similitudes[71].
En 1980, Serge rencontre une nouvelle égérie, Bambou, pour laquelle, une fois de plus, il ne peut s'empêcher de composer. Il lui fait chanter quelques titres qui ne rencontrent pas les faveurs du public (Made in China, paru en 1989). Il continue cependant d'écrire pour Jane Birkin, en particulier les albums Baby Alone in Babylone et Amours des feintes.
Gainsbourg enregistre son nouvel album reggae à Nassau aux Bahamas, avec le même groupe que le précédent. On peut y entendre les paroles très personnelles de Ecce homo :
Eh ouais c'est moi Gainsbarre
On me trouve au hasard
Des night-clubs et des bars
Américains c'est bonnard
(...) Il est reggae hilare
Le cœur percé de part en part.
Au lieu de mettre en scène la naissance de « Gainsbarre », la version alternative de ce morceau évoque la mort de Gainsbourg. Intitulée Ecce Homo et cætera, elle n'a été publiée qu'en 2003 sur un double CD réunissant nouveaux mixages, enregistrements inédits, versions dub et d'artistes jamaïcains. Selon Bambou, présente à Nassau, le fait que ce morceau ne refait surface qu'après sa mort est « intentionnel ».
Au début de 1983, Gainsbourg se rend au Gabon pour y réaliser son deuxième film, Équateur. Le film s'inspire d'un roman de George Simenon, Le Coup de lune publié en 1933. Équateur met en vedette Francis Huster et Barbara Sukowa. Gainsbourg, en plus de signer la mise en scène et la musique, adapte lui-même le livre. Équateur est présenté en première mondiale au Festival de Cannes mais suscite une réaction peu favorable.
Le , en direct dans l'émission très suivie 7 sur 7 présentée par Jean-Louis Burgat sur TF1, Gainsbourg brûle avec son briquet les trois-quarts d'un billet de 500 francs[72],[73], filmé en gros plan, tandis qu'il commente son geste, sans se soucier de son caractère illégal rappelé par le présentateur. Il prétend ainsi dénoncer le « racket fiscal » qui le taxe à 74 %, argent « dépensé non pas pour les pauvres mais pour le nucléaire et toutes les… » (il ne termine pas sa phrase). Selon Emmanuel Tibloux, directeur de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, si cet acte peut effectivement être perçu prima facie comme une dénonciation de la politique fiscale menée par le gouvernement socialiste, il s'agit également de « prendre à rebours » la conception capitaliste selon laquelle l'argent ne peut être détruit[74]. Cette séquence restera culte dans l'histoire de l'émission et plus généralement dans l'histoire de la télévision française. Le lendemain, lundi , tous les médias nationaux commenteront ce geste, qui choque particulièrement le public français en ces années de crise économique, de précarité et chômage. Cette provocation symboliquement forte ne fera que renforcer, dans les mois et les années suivantes, la présence dans les médias, notamment dans les émissions de télévision, de « Gainsbarre » au détriment de Gainsbourg.
Il part ensuite à New York où il enregistre ses deux derniers albums, Love on the Beat en 1984 et You're Under Arrest en 1987. Après le reggae, il se frotte au hip-hop et au funk.
Quelques mois plus tard parait l'album Love on the Beat. Pour cet album enregistré à New York, Serge abandonne le reggae pour le funk américain. Nouvelle provocation de « Gainsbarre », lequel propose des paroles hautement sexuelles tout du long de l'album, en particulier la chanson Lemon Incest en duo avec sa fille Charlotte évoquant implicitement l'inceste. En 1985, il se produit durant plusieurs semaines en concert au Casino de Paris[75]. Un album live en est tiré.
À la même époque, il s'occupe de la production de l'album I love you Lulu de la chanteuse Buzy, avec qui il entretiendra une courte relation[76].
En , dans l'émission du samedi soir Champs-Élysées présentée par Michel Drucker sur Antenne 2, également très suivie et à destination d'un public familial, où la chanteuse américaine Whitney Houston, âgée de 22 ans, est présente, Gainsbourg n'hésite pas à dire, en anglais et le micro ouvert : « I want to fuck her » (« je veux la baiser »)[77]. La diva est outrée et stupéfiée[77] par de tels propos. Elle lui répond par des « What ?! » suraigus et hoquetés et demande s'il est ivre (« He must be drunk »[77]) ; à quoi Michel Drucker répond, très embarrassé (il a dans un premier temps tenté d'édulcorer les propos émis d'abord en français : « He says you are great… ») : « Non c'est son état normal, alors vous imaginez quand il est ivre ! »[78].
Durant sa période « Gainsbarre », malgré sa volonté de donner une image de lui provocante, sa sensibilité à fleur de peau s'est manifestée à plusieurs reprises dans d'autres passages télévisés. Notamment, lors de l'émission Sébastien c'est fou ! !, en 1988, quand Patrick Sébastien a organisé avec la chorale d'enfants des Petits chanteurs d'Asnières, déguisés en petits « Gainsbarres » pour l'occasion, une reprise de sa chanson Je suis venu te dire que je m'en vais, On est venus te dire, l'incitant à ne pas se laisser aller ; ou lors de l'émission Sacrée Soirée qui lui est consacrée en , quand le présentateur Jean-Pierre Foucault lui remet un double disque d'or, puis encore, lorsqu'il lui montre des images de la ville où ses parents se sont rencontrés en ex-URSS, Théodosie, qu'il n'a jamais vues.
Ces passages télévisés, aux yeux du grand public, alors plus habitué à ses excès et à ses frasques, ont contribué à fissurer le masque de provocateur qu'il souhaite montrer, en dévoilant sa vraie nature.
En 1987, Serge Gainsbourg retourne à New York enregistrer son dernier album intitulé You're Under Arrest. Comme pour Love on the Beat, il s'agit d'une nouvelle provocation avec des paroles hautement sexualisées. Cependant, il propose un nouvel album concept qui évoque une nouvelle relation malsaine (après Histoire de Melody Nelson et L'homme à tête de chou) et introduit des influences hip-hop.
En 1989, son œuvre quasi-intégrale sort en coffret de neuf CD sous le titre De Gainsbourg à Gainsbarre. Il contient de nombreux titres introuvables que les collectionneurs se sont arrachés jusque-là, à prix d'or. Toutefois, les chansons écrites pour ses interprètes ne sont pas incluses, ni un certain nombre d'inédits, ni les concerts (d'autres coffrets plus complets sortiront à titre posthume).
Serge Gainsbourg écrit pour Joëlle Ursull la chanson White and Black Blues, représentant la France à l'Eurovision 1990 ; celle-ci se classe deuxième[79].
En 1990, Serge Gainsbourg écrit les paroles du deuxième album de Vanessa Paradis, Variations sur le même t'aime, sur des musiques de Franck Langolff, dont les tubes Tandem et Dis lui toi que je t'aime. Sorti le , l'opus s'écoule à 400 000 exemplaires et sera l'un des derniers témoignages artistiques de Serge Gainsbourg, avec l'album Amours des feintes de Jane Birkin qui sort en septembre de la même année.
Effets du tabac, de l'alcool et d'une greffe du foie, Gainsbourg est plusieurs fois hospitalisé entre 1989 et 1991[80].
Il passe les six derniers mois de sa vie assez isolé à Saint-Père-sous-Vézelay dans le département de l'Yonne, où il reçoit ponctuellement Bambou, Lulu ou Charlotte, appréciant le gîte et la table du chef étoilé Marc Meneau ; il rentre chez lui à Paris lors de la fermeture annuelle, en janvier 1991[81],[82].
Serge Gainsbourg meurt le , âgé de 62 ans, au 5 bis rue de Verneuil dans le 7e arrondissement[57] à la suite de sa cinquième crise cardiaque, survenue dans sa chambre, où il est retrouvé gisant sur le sol, nu[83]. Il a composé un album de blues avant sa mort et a prévu de partir l'enregistrer à La Nouvelle-Orléans quelques jours plus tard[84].
Il est enterré avec ses parents au cimetière du Montparnasse (1re section) à Paris, où sa tombe est l'une des plus visitées avec celle de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir ainsi que celle de Charles Baudelaire qu'il mit en musique (Le Serpent qui danse pour le morceau Baudelaire, album Serge Gainsbourg no 4, 1962) et celle de Jacques Chirac, dont il est voisin. La tombe porte le nom de Serge Gainsbourg et de ses parents, Olga (1894-1985) et Joseph (1896-1971) Ginsburg.
Du 5 au 6 mars 1991, des milliers de personnes défilent devant la dépouille de Serge Gainsbourg au funérarium de Nanterre, au Mont Valérien[85],[86]. Lors de son enterrement, le , vinrent notamment parmi la foule, outre sa famille, Catherine Deneuve, Isabelle Adjani, Françoise Hardy, Patrice Chéreau, Eddy Mitchell, Renaud, Johnny Hallyday, les ministres Jack Lang et Catherine Tasca et les brigades de cuisiniers et serveurs du restaurant l'Espérance où il a passé ses derniers jours. Catherine Deneuve lut devant la tombe le texte de la chanson Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve[87]. Le président de la République François Mitterrand télégramme notamment le 3 mars à Bambou : « J'apprends avec tristesse la mort de Serge Gainsbourg. Par son amour de la langue et son génie musical, il a élevé la chanson au rang d'un art qui témoignera de la sensibilité d'une génération »[88].
En 1951, Serge Gainsbourg se marie à Élisabeth Levitsky[89] (1926 - 2022), fille d'aristocrates russes émigrés. Leur mariage, dans un premier temps heureux, finit par s’égarer. Gainsbourg côtoie de nombreuses femmes lorsqu’il joue chaque soir au piano-bar. En 1957, il décide de changer de vie : il abandonne la peinture, met un terme à son premier mariage avec Elizabeth Levitsky et se lance officiellement dans la musique[90].
Le 7 janvier 1964, il épouse Françoise-Antoinette-Michèle Pancrazzi (née à Bône en Algérie, le et morte le 8 novembre 2014), fille d’un riche industriel, dite Béatrice (princesse Galitzine, depuis son premier mariage avec le prince Georges Galitzine)[91],[92]. Leur fille Natacha est baptisée le . En , le couple divorce. Serge Gainsbourg s'installe ensuite à la Cité internationale des Arts, dans une chambre d'étudiant. Il se réconcilie avec Béatrice en 1967 et ils auront un fils prénommé Paul, né en 1968, dit « Vania », lequel n'a jamais réellement connu son père[29],[89].
Fin 1967, il vit une idylle passionnée et au début secrète avec Brigitte Bardot alors mariée, qui dure quatre-vingt-six jours. Cette liaison attise l'intérêt des médias, français ou internationaux et devient très relayée par la presse, la radio et la télévision. Bardot est au faîte de sa gloire mondiale, Gainsbourg est un phénomène de la chanson en France, jouissant déjà d'une bonne renommée médiatique, même si dans l'ensemble ses ventes de disques sont encore assez faibles. Le fait que Gainsbourg compose pour son égérie (Harley Davidson notamment) renforce encore le sentiment que cette liaison est forte, d'autant que les chansons en question sont de gros succès. L'actrice participe également à des chansons interprétées par Gainsbourg (comme sur la version anglaise de Comic Strip) ou enregistrées en duo (comme Bonnie and Clyde). Leur lien artistique, couronné de succès, se confond avec leur liaison, dont beaucoup sont surpris d'apprendre qu'elle fut finalement brève. La version de Je t'aime moi non plus, chantée par Bardot dont l'enregistrement en 1967 est demeuré secret, à la demande de Bardot, avant d'être reprise en 1969 par Birkin, n'est diffusée qu'en 1986[93]. Gainsbourg gardera une affiche géante de Bardot sur ses murs toute sa vie.[réf. nécessaire]
En 1968, il rencontre l'actrice britannique Jane Birkin (1946-2023)[59], sur le tournage du film Slogan. Elle aussi va participer à de nombreux enregistrements en tant que chanteuse et Gainsbourg va lui composer plusieurs albums, dont de nombreuses chansons seront des succès commerciaux majeurs, que ce soit sur un mode léger (Ex-fan des sixties, Di Doo Dah) ou plus profond et mélancolique (Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve, Baby Alone in Babylone, Les Dessous chics, Quoi) et sont généralement des réussites artistiques saluées par la critique. Leurs duos sont souvent provocants (69, année érotique, ou La Décadanse, sorte de prolongation de Je t'aime moi non plus). Le couple, très affiché dans les médias, coutumier de rumeurs et de provocations sulfureuses, devient emblématique et Birkin est considérée comme la muse essentielle de Gainsbourg. Leur fille Charlotte Gainsbourg[59] naît le à Londres. Ils se séparent en , mais Gainsbourg continuera de composer pour elle. Après sa mort, Jane Birkin reprend régulièrement ses chansons composées pour elle, ainsi que les chansons de son répertoire originellement interprétées par Gainsbourg, en tournées et sur disque.
Le couple vient fréquemment se reposer dans leur presbytère de Cresseveuille (Calvados), près de la maison de l'acteur Yul Brynner qui devient leur ami. Celui-ci est d'ailleurs le parrain de Charlotte Gainsbourg. Serge, quant à lui, est le parrain de Melody, l'une des petites Asiatiques adoptées par l'acteur américain[94],[95].
À partir de 1981, Gainsbourg vit avec une jeune mannequin, Caroline Elisabeth Paulus (née en 1959) surnommée Bambou, pour qui il compose en 1989 l'album Made in China, lequel sera un échec commercial. Bambou a enregistré les chœurs, ou plutôt les cris orgasmiques paroxystiques du titre Love on the Beat, pour son compagnon, dont elle a un fils[96]- Lucien, dit Lulu Gainsbourg, né le . Lui aussi se lancera dans une carrière musicale[96].
En 1985, il rencontre une jeune fille de seize ans, élève au lycée Victor-Duruy, Constance Meyer, qui lui écrit une longue lettre glissée sous la porte de son domicile. Le soir même, il l'invite à dîner et trois mois plus tard, ils auraient été amants. Elle aurait entretenu une relation avec Gainsbourg durant cinq ans[80] (il l'aurait fréquentée en semaine, tandis qu'il retrouve Bambou le week-end[97]). La nature de cette relation est révélée et décrite dans un récit autobiographique, La jeune fille et Gainsbourg, publié en par celle-ci[98].
En 1986, parallèlement à sa relation avec Constance Meyer, il rencontre Aude Turpault, âgée de treize ans[99], avec laquelle il entretiendra une relation « platonique, filiale »[97].
La même année, il fait la connaissance de celle qu'il surnomme « la p'tite Marie », une étudiante en lettres de dix-neuf ans[100]. Cette liaison durera trois années selon une autofiction publiée par l'intéressée en [101].
Serge Gainsbourg marque fortement la musique française par l'audace et l'éclectisme de ses créations. Il n'hésite pas à métisser ses compositions avec des influences musicales très variées, contribuant à en populariser certaines en France :
Serge Gainsbourg imprime en outre durablement sa marque pour ce qui est de l'écriture des textes. Dans un style poétique très maîtrisé, il prend plaisir à produire des rimes complexes (Comment te dire adieu ?), des allitérations (la Javanaise). Friand de jeux de mots, il s'appuie fréquemment sur le double sens. Les allusions érotiques sont de plus en plus fréquentes tout au long de sa carrière. Certaines de ses chansons marquent les mémoires par leur caractère provocateur – ainsi les allusions à la fellation dans les Sucettes, que France Gall a chantée à dix-huit ans à peine ; elle dira n'avoir compris le double sens du texte que des années plus tard[103]. Puis Jane Birkin feignant l'orgasme dans Je t'aime… moi non plus, tube planétaire. Gainsbourg, avec le duo Lemon Incest, enregistré en 1984, avec sa fille Charlotte Gainsbourg (alors âgée de 12 ans), fait encore scandale et se voit reproché (le texte comme le clip vidéo jouant sur l'ambivalence et les doubles sens[104]), de faire l'éloge de l'inceste, ce dont il se défend évoquant l'amour filial, paternel et platonique[105],[106],[107],[108]. De même deux ans plus tard avec le film plus ou moins fictionnel et ambigu Charlotte for ever. Gainsbarre atteint les sommets de la provocation érotique avec le tube Love on the Beat, véritable poème pornographique, dit par lui-même d'une voix monocorde et cassée ; le fond sonore est constitué des cris orgasmiques de Bambou (lesquels auraient été enregistrés lors de leurs ébats authentiques) ; l'orchestration baigne dans un funk froid et syncopé, tandis que des chœurs lancinants scandent le titre de la chanson de leurs voix androgynes et mouvantes.
Il choisit des sources d'inspiration inattendues et les développe à sa manière : textes de Franc-Nohain pour l'Ami Caouette[109], de Verlaine pour Je suis venu te dire que je m'en vais ; musiques de Chopin pour Lemon Incest et bien entendu de Rouget de Lisle pour Aux armes et cætera. En dépit de cela, il ne cessera de répéter au fil des entretiens qu'il considère la chanson comme « un art mineur, puisque ne demandant pas d'initiation, à la différence de la peinture », irritant Guy Béart à ce sujet dans l'émission télévisée Apostrophes du [110].
Présenté comme une personnalité négative, « misogyne notoire » et violente par des féministes, il aurait été coupable de violences conjugales de plus assumées dans un cadre d'alcoolisme à l'encontre de Birkin, qui seraient cependant associées à un climat d'agressivité réciproque, aux dires de celle-ci[111] et son art reste accusé actuellement de banaliser à grande échelle par l'ambivalence ludique même les violences sexistes et sexuelles, y compris incestueuses et pédophiles, contre les femmes et jeunes filles, qu'il aurait pratiquées ou promues. Aussi, des mouvements féministes le fustigent et combattent notamment par une pétition le projet de lui dédier le nom d'une station de métro située aux Lilas en hommage en particulier à sa chanson s'y déroulant[112].
Serge Gainsbourg a régulièrement et largement puisé son inspiration dans les thèmes littéraires et musicaux, notamment dans la musique classique[113],[114]. Pour tous ses emprunts, Gainsbourg n'a à son actif que deux affaires de réels plagiats (reprise non autorisée de titres protégés) et pour lesquelles il a été condamné :
Par ailleurs, Serge Gainsbourg a repris, réarrangé à sa manière la chanson Mon légionnaire initialement chantée par Marie Dubas puis Édith Piaf et d'autres chanteuses.
Pour ce qui est des reprises des œuvres du domaine public, Serge Gainsbourg s'est souvent inspiré de la musique classique, dont on retrouve des trames dans les morceaux suivants[116],[60] :
Il a également puisé dans le répertoire littéraire pour écrire certaines paroles[117] :
Quand on l'interroge pour savoir s'il faut y voir hommage, simple citation ou provocation, il répond[121] :
« On pourrait aller jusqu’à la profanation (rires). Hugo disait : “Il est interdit de déposer de la musique le long de mes vers.” Brahms n’aurait pas aimé que je dépose des paroles le long de sa musique. Mais je ne fais qu’emprunter. Mes essais — qui ne sont que des essais — s’effaceront d’eux-mêmes et Brahms sera restitué. Je l’ai à peine effleuré. »
Serge Gainsbourg a écrit pour de nombreuses interprètes féminines, notamment :
Elles ont interprété ses chansons seules ou le temps d'un duo à ses côtés.
Voici un inventaire non exhaustif de son travail de compositeur et de parolier pour notamment :
Artiste Interprète féminine |
Index des titres | Discographie associée |
---|---|---|
Michèle Arnaud[Note 6] | Titre 1 Musique et signature des textes (A1) « Zon, Zon » |
Zon, Zon (EP no 9) 1958 : Maxi 45 (Disques Ducretet-Thomson 460 V 362) |
Michèle Arnaud[disco 2] | Titre 3 et 4 Musique et signature des textes (B1) « Douze Belles dans la peau » (B1) « La recette de l'amour fou » |
Marjolaine (EP no 10)[disco 3] 1958 : Maxi 45 (Disques Ducretet-Thomson 460 V 373) |
Michèle Arnaud | Titre 2 et 4 Musique et signature des textes (A2) « La Femme des uns sous le corps des autres » (B2) « Jeunes Femmes et vieux messieurs » |
Dans la rue Quincampoix (EP 12)[disco 4] 1958 : Maxi 45 (Disques Ducretet-Thomson 460 V 432) |
Michèle Arnaud | Titre 3 et 4 Musique et signature des textes (B1) « Il était une oie » (B2) « Ronsard 58 » |
Mortefontaine (EP no 14)[disco 5] 1958 : Maxi 45 (Disques Ducretet-Thomson 460 V 454) |
Pia Colombo[disco 6] | Titre 2 Musique et signature des textes (A2) « Défense d'afficher » |
La colombe (EP 3e Série no 7)[disco 7] 1958 : Maxi 45 (Disques Philips 432 466 BE) |
Michèle Arnaud | Titre 4 et 7 Musique et signature des textes (A4) « La chanson de Prévert » (B3) « Les goëmons » |
Michèle Arnaud (LP) 1961 : Album Studio LP 33 (Disques Pathé Pathé AT 1131) Le bleu de l’été (EP no 19)[disco 8] 1961 : Maxi 45 (Disques Pathé EG 542) |
Nico | Titre inédit Musique et signature des textes (A1) « Strip-tease » |
Strip-tease (B.O du film de Jacques Poitrenaud) 1962 : Démos Studio (Inédit Disques Philips) |
Isabelle Aubret | Titre 1 Musique et cosignature des textes avec Henri Salvador (A1) « Il n’y a plus d’abonné au numéro que vous avez demandé » |
Il n’y a plus d’abonné au numéro que vous avez demandé (EP 10)[disco 9] 1963 : Maxi 45 (Disques Philips 462.876 BE) |
Nana Mouskouri | Titre 4 Musique et signature des textes (Respectivement B2 ou B3) « Les Yeux pour pleurer » |
À force de prier[disco 10] 1963 : Single 45 (Disques Fontana EP 460 862 ME) Nana Mouskouri 1963 : Album Studio (Disques Fontana Lp 680 231 ML) |
Isabelle Aubret | Titre 1 Musique avec Alain Gorrager et signature des textes (A1) « Arc-en-ciel » |
Arc-en-ciel[disco 11] 1964 : Single 45 (Disques Philips B373.378F) |
Isabelle Aubret | Titre 3 et 4 Musique et signature des textes (B1) « No man’s land » (B2) « Pour aimer il faut être trois » |
Rue de la Gaité[disco 12] 1965 : Maxi 45 (Disques Polydor 27 172 Médium) |
Valérie Lagrange | Titre 1 Musique et signature des textes (A1) « La Guérilla » |
La Guérilla 1965 : Maxi 45 (Disques Philips EP 437 055) |
Mireille Darc[disco 13] | Titre 3 Musique et signature des textes (B1) « La cavaleuse » |
Libertad (EP 2)[disco 14] 1966 : Maxi 45 (Disques Polydor 27 236) Compartiment 23[disco 15] 1991 : Compilation et Inédit (Disques Philips CD 848 488-2) |
Michèle Arnaud | Titre 1 et 2 Musique et signature des textes (A1) « Les Papillons noirs[Note 7] » (A2) « Ballade des oiseaux de croix » |
Les Papillons noirs (EP 30) 1966 : Maxi 45 (Disques Pathé EG 951) |
Michèle Arnaud | Titre 1 Musique et signature des textes (A1) « Ne dis rien » |
Ne dis rien (EP no 31)[disco 16] 1967 : Maxi 45 (Disques Pathé EG 1013) |
Minouche Barelli[disco 17] | Titre 1 Musique et signature des textes (A1) « Boum badaboum[Note 8] » |
Boum badaboum[disco 18] 1967 : Maxi 45 (Disques CBS DP 2659) |
Mireille Darc | Titre 1 Musique et signature des textes (A1) « Hélicoptère » |
Hélicoptère[disco 19] 1969 : Single 45 (Disques Philips 336 244BF) Compartiment 23[disco 15] 1991 : Compilation et Inédit (Disques Philips CD 848 488-2) |
Marianne Faithfull | Titre 1 Musique et signature des textes (arrangements de Michel Colombier) (A1) « Hier Ou Demain » |
Hier Ou Demain (de la Comédie Musicale Anna)[disco 20] 1967 : EP 45 (Disques Decca 457.139) |
Stone | Titre 2 Musique et signature des textes (A2) « Buffalo Bill » |
Vive La France 1967 Maxi 45 (Disques Polydor 27319 Médium) |
Lisette Malidor | Titres inédits Musique et signature des textes (n°?) « Y'a bon » « Lily t’as pas d’sosie » |
Zizi je t’aime 1974 : Revue (Spectacle Cabaret du Lido) |
Diane Dufresne | Titre 11 Signature des textes /musique de Claude Engel (B6) « Suicide » |
Turbulences 1982 : Album Studio (Disques RCA Victor PL 37610) |
Isabelle Adjani | Titres 1,2,5 à 7 Musique et signature des textes (A1) « Ohio» (A2) « Entre autres pas en traître » (A5) « C'est rien je m'en vais c'est tout » (A6) « Le mal intérieur » (B1) « Beau oui comme Bowie » Titres 3,4,8 à 11 Musique et cosignature des textes avec I. Adjani (A3) « OK pour plus jamais» (A4) « D'un taxiphone » (B2) « Le bonheur c'est malheureux » (B3) « Je t'aime idiot » (B4) « Et moi chouchou » (B5) « Pull marine » « Rocking-chair » ? |
Pull marine 1983 : Album Studio (Disques Philips Lp 814 827-1)
|
Élisabeth Anaïs | Titre 2 Musique et cosignature des textes avec Claude Engel (B1) « Mon père un catholique » |
Balance Ascendant Capricieuse 1986 : Single 45 (Disques RCA-Ariola/Trema 410340) |
Mireille Darc | Titre 13 Musique et signature des textes (A1) « Le Drapeau noir (inédit de 1967) » |
Compartiment 23[disco 15] 1991 : Compilation et Inédit (Disques Philips CD 848 488-2) |
La carrière discographique de Serge Gainsbourg s'est étalée sur 33 années, comprenant 17 albums studios, 4 albums live et plus d'une cinquantaine de 45 tours ou CD simples, sortis en grande partie par Philips, qui est resté le label du chanteur jusqu'à sa mort.
Au cours de sa carrière, il a obtenu 12 disques d'or, 5 doubles disques d'or et 6 disques de platine[disco 24], et a vendu plus de 6 millions de disques[124].
Le , une vente aux enchères de manuscrits et d'objets ayant appartenu à Serge Gainsbourg est organisée à Paris. Le manuscrit définitif de Sorry Angel (Love on the Beat) est vendu à 51 150 €. Le brouillon de Love on the Beat trouve acheteur à 39 150 €. Moins disputés mais vendus à des prix considérables : You're Under Arrest part pour 21 150 €, No Comment à 24 750 € et enfin, un billet de banque de 500 francs déchiré et signé par Serge Gainsbourg est vendu à 24 750 €. Le montant total s'élève à plus de 260 000 €[127].
D'autres lots comme des photographies, cartes postales, textes, poèmes, sont mis aux enchères. Par ailleurs, une photographie est vendue 800 € à un enfant de treize ans[128].
Le , une nouvelle vente aux enchères de manuscrits préparatoires, photographies et documents ayant appartenu à Serge Gainsbourg se déroule à l'Hôtel des ventes Talma à Nantes. Suscitant toute la ferveur des inconditionnels de « l'homme à la tête de chou », elle présente justement un manuscrit préparatoire pour la chanson du même nom, album s'envolant à 18 500 €.
D'autres objets plus anecdotiques mais intimes de la vie de l'artiste sont présentés. Il s'agit notamment de certaines notes de courses à Elisa, sa femme de chambre, où Gainsbourg lui demande « d'acheter des Guinness, de l'huile d'olive » ou encore « tous les journaux sauf L'Aurore ». Ces petites fugacités de la vie quotidienne de l'artiste ont été adjugées à 8 600 €.
Pour une dizaine d'objets mis en vente, le montant des adjudications s'élève à 62 350 €[129].
Serge Gainsbourg achète en 1969 d'anciennes boutiques d'un hôtel particulier sis 5bis de la rue de Verneuil à Saint-Germain-des-Prés, qu'il transforme en habitation[130] et y vit jusqu'à sa mort en mars 1991[131].
Après l'obtention d'un permis de construire en fin d'année , Charlotte Gainsbourg indique que la maison de son père devrait devenir un musée en . Jane Birkin précise que les lieux ont été conservés dans leur état dont le placement des objets, depuis la mort de Serge Gainsbourg[132].
La Maison Gainsbourg est classée comme Patrimoine d'intérêt régional en novembre 2021[133] et ouvre finalement au public en septembre 2023.
En 2024, il est décerné à la maison la plaque du label Maison des illustres[134].
Dans The Witcher 3: Wild Hunt – Blood and Wine, il est possible de trouver une tombe dans le cimetière de « la mère-Lachaise » lui rendant hommage sous le nom de Sergio Ginsburg[135].
Gainsbourg demeure une présence influente et importante de la chanson française. Sa musique sera par la suite fréquemment échantillonnée et réutilisée par des artistes aussi bien français (ex : MC Solaar pour Nouveau Western) qu'internationaux (par exemple, Massive Attack dans Karmacoma (Portishead experience), Jennifer Charles d’Elysian Fields, qui reprend Les amours perdues, sur un album de reprises de Gainsbourg par des groupes de l'avant-garde new-yorkaise, sous l'égide du jazzman John Zorn, ou encore Beck dont le titre Paper Tiger sur l'album Sea Change revendique l'influence de Melody dans Histoire de Melody Nelson). Mick Harvey, le guitariste de Nick Cave, a enregistré deux albums de reprise, Intoxicated Man (1995) et Pink Elephants (1997). L'album Monsieur Gainsbourg Revisited, sorti en , regroupe quatorze adaptations anglaises réalisées par Boris Bergman et interprétées notamment par Franz Ferdinand, Portishead, Placebo, Jarvis Cocker, Kid Loco, Gonzales, Feist, Tricky, etc.
Le scénariste et dessinateur Joann Sfar a réalisé un film biographique sur Serge Gainsbourg, dont le rôle est interprété par Éric Elmosnino. Gainsbourg, vie héroïque est sorti en salle le [136].
Plusieurs villes possèdent une rue Serge-Gainsbourg : Toulouse, Clermont-Ferrand, Blagnac, Saint-Cyprien, Châteaubriant… La rue Serge-Gainsbourg de Clermont-Ferrand est inaugurée le [137],[29] en présence de Jane Birkin[138], à l'occasion des trois ans d'existence de la Coopérative de Mai, la grande salle de musique de la ville, que jouxte cette rue.
À la porte des Lilas, rendue célèbre par Le Poinçonneur des Lilas, un parc de 15 000 m2, construit au-dessus du boulevard périphérique, est inauguré sous le nom de jardin Serge-Gainsbourg, en , en présence de Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg. Une station du métro parisien au même endroit, la station Serge Gainsbourg de la ligne 11, porte aussi son nom.
Dans le film Le Plus Beau Métier du monde en 1996, avec Gérard Depardieu dans le rôle principal, l'établissement scolaire au centre de l'intrigue s'appelle le « Collège Serge-Gainsbourg ».
Un buste en glaise de Serge Gainsbourg a été réalisé par le sculpteur Daniel Druet[réf. nécessaire].
En , l'astéroïde de la ceinture principale (14600) Gainsbourg est nommé en son honneur.
En 2001, La poste française émet un timbre de 0,46 € à l'effigie de Serge Gainsbourg[139].
En , une statue de Gainsbourg est inaugurée au musée Grévin à Paris[146].
« J'ai composé pour elle parce que j'en étais amoureux, très amoureux, cette jeune femme me fascinait, il n'y avait pas un gramme de vulgarité en elle… On pourrait à son propos citer la phrase de Balzac : « En amour, il y en a toujours un qui souffre et l'autre qui s'ennuie ». Elle a été une des chances de ma vie, elle a eu l'intelligence de percevoir en moi un style nouveau. J'ai commencé à souffrir d'être laid vers treize ans. Pendant longtemps, j'ai envié ces beaux gars qui séduisent au premier degré, juste en apparaissant. Moi je plais aussi à certaines femmes, mais quand elles sont déjà un peu intelligentes, ce qui limite le nombre… Ou bien à des… torturées et cela c’est une autre paire de manches. C’est peut-être pourquoi je m'entendais bien avec mon ex-patronne, Michèle Arnaud, qui n’est pas exactement Greta Garbo. Elle me comprenait quand j'avais le cafard. Mais elle c'est un autre cas. Une femme, même laide, se débrouille toujours pour tirer parti de ce qui cloche. »
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