Knight Bachelor |
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Ahmed Salman Rushdie |
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Salman Rushdie |
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Anis Ahmed Rushdie (d) |
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Clarissa Luard (d) (de à ) Marianne Wiggins (en) (de à ) Elizabeth West (d) (de à ) Padma Lakshmi (de à ) |
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Royal Society of Literature PEN American Center (en) |
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Prix Booker (1981) Prix de l'État autrichien pour la littérature européenne (1992) Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres |
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Sir Ahmed Salman Rushdie (prononcé : /sæl.ˈmɑːn ˈɹʊʃ.di/ ; en ourdou : سلمان رشدی), né le à Bombay, est un écrivain américano-britannique d'origine indienne. Son style narratif, mêlant mythe et fantaisie avec la vie réelle, a été qualifié de réalisme magique.
Objet en 1989 d'une fatwa de l'ayatollah Rouhollah Khomeini à la suite de la publication d'une narration fictionnelle, son roman intitulé Les Versets sataniques, il est devenu un symbole de la lutte pour la liberté d'expression et contre l'obscurantisme religieux, principalement dans les médias occidentaux.
Depuis la publication d'une fatwa de Khomeini exigeant sa mise à mort, il fait l'objet d'une protection policière renforcée et fait usage de pseudonymes. Cette protection est réduite au fil des ans, jusqu'à vivre sans garde du corps. Le , il est poignardé et grièvement blessé aux États-Unis.
Salman Rushdie naît en 1947 à Bombay dans une famille musulmane laïque de la bourgeoisie[2].
Issu d'un milieu aisé[3], il quitte son pays à l'âge de 13 ans pour vivre au Royaume-Uni. Il y étudie à la Rugby School puis à King's College, Cambridge. Il travaille un temps comme publicitaire chez Ogilvy & Mather. Sa langue maternelle est l'ourdou, mais la majeure partie de son œuvre est écrite en anglais.
Sa carrière d'écrivain débute avec Grimus, un conte fantastique, en partie de science-fiction qui passe inaperçu de la critique littéraire.
En 1981, il accède à la notoriété avec Les Enfants de minuit (Midnight's Children) pour lequel il est récompensé du James Tait Black Memorial Prize et le Booker Prize[4]. Les Enfants de minuit a plus tard été désigné comme le meilleur roman ayant reçu le prix Booker au cours des vingt-cinq puis des quarante dernières années.
En 1983, il est choisi par la revue littéraire Granta pour figurer dans son premier numéro consacré aux « meilleurs jeunes romanciers britanniques », avec Ian McEwan, Martin Amis, Kazuo Ishiguro et Graham Swift[5].
Après ce succès, Rushdie écrit un roman, La Honte (Shame), dans lequel il décrit l'agitation politique au Pakistan et dont les personnages sont inspirés de Zulfikar Ali Bhutto et du général Muhammad Zia-ul-Haq.
En 1988, la publication des Versets sataniques soulève une vague d'indignation dans le monde musulman[6].
En , à la suite d'une vague d'assassinats d'écrivains en Algérie, il fait partie des fondateurs du Parlement international des écrivains (International Parliament of Writers), une organisation consacrée à la protection de la liberté d'expression des écrivains dans le monde. L'organisation est dissoute en 2003 et remplacée par l'International Cities of Refuge (ICORN).
Depuis 2000, il vit à New York. Il a acquis la nationalité américaine[7].
Le 12 août 2022, il est poignardé alors qu'il s'apprête à donner une conférence à Chautauqua et est évacué vers un hôpital[8].
Salman Rushdie s'est marié quatre fois. La première fois avec Clarissa Luard, enseignante en littérature, de 1976 à 1987 ; ils ont un fils, Zafar, né en 1979[9]. Il se remarie en 1988 avec la romancière américaine Marianne Wiggins (en) et divorce en 1993[10],[11]. En 1997, il épouse Elizabeth West, une éditrice et auteure britannique. Ils ont un fils, Milan, né en 1997[12],[13]. En 2004, il se remarie avec l'actrice et mannequin indienne Padma Lakshmi, dont il divorce en 2007[14].
Il a décrit ses relations avec ses trois dernières épouses dans son récit autobiographique Joseph Anton : une autobiographie.
En 1999, il subit une intervention chirurgicale pour traiter un ptosis invalidant, entraînant des difficultés croissantes à garder les yeux ouverts. Il déclare à ce sujet sur la chaîne CNN : « Si je n'avais pas été opéré, je n'aurais plus du tout été capable d'ouvrir les yeux d'ici quelques années[15]. »
Depuis l'an 2000, il vit principalement à New York, non loin d'Union Square. Il ne se sent plus menacé et vit sans garde du corps[16].
Salman Rushdie a soutenu les sandinistes du Nicaragua et a rejoint le groupe d'écrivains de Harold Pinter opposé à Margaret Thatcher, s'engageant également contre le racisme[5].
Salman Rushdie s'oppose au projet du gouvernement britannique d'introduire en droit le crime de haine raciale et religieuse, ce qu'il a exposé dans sa contribution La libre expression n'est pas une offense, un recueil d'essais publié par Penguin en [réf. nécessaire].
En , il figure parmi les signataires[17] de la pétition en soutien à Roman Polanski lancée au lendemain de l'arrestation du cinéaste en Suisse[18].
Dans une interview publiée le par Le Nouvel Observateur, il déclare :
« Il faut arrêter l'aveuglement stupide face au djihadisme qui consiste à dire que cela n'a rien à voir avec l'islam[19],[20]. »
La publication des Versets sataniques en déclenche immédiatement une vive réaction dans la communauté musulmane en raison de sa description jugée irrévérencieuse du prophète de l'islam Mahomet. Le livre décrit un prophète de Dieu nommé « Mahound » qui mélange des « vers sataniques avec le divin ». L’Inde bannit le livre dès le , imitée par l’Afrique du Sud le , puis par le Pakistan, l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Somalie, le Bangladesh, le Soudan, la Tunisie, la Malaisie, l’Indonésie et le Qatar les semaines suivantes. Le , le roman est l'objet d’un autodafé à Bradford au Royaume-Uni. Le , cinq personnes sont tuées par la police pendant une manifestation contre l'ouvrage à Islamabad (la capitale du Pakistan).
Le , une fatwa réclamant l’exécution de Rushdie est émise sur Radio Téhéran par l’ayatollah Rouhollah Khomeini, guide de la révolution de l’Iran, dénonçant le livre comme « blasphématoire » envers l’islam[4]. Comme le roman suggère que Rushdie ne croit plus en l’islam, Khomeini le condamne aussi pour apostasie, ce qui, selon l'interprétation actuelle majoritaire d'un hadith[21], est passible de mort. Khomeini précise que c’est désormais la responsabilité de tout musulman d’exécuter Rushdie et ses éditeurs[22] :
« Au nom de Dieu tout puissant. Il n'y a qu'un Dieu à qui nous retournerons tous. Je veux informer tous les musulmans que l'auteur du livre intitulé Les Versets sataniques, qui a été écrit, imprimé et publié en opposition à l'Islam, au prophète et au Coran, aussi bien que tous ceux qui, impliqués dans sa publication, ont connaissance de son contenu, ont été condamnés à mort. J'appelle tous les musulmans zélés à les exécuter rapidement, où qu'ils les trouvent, afin que personne n'insulte les saintetés islamiques. Celui qui sera tué sur son chemin sera considéré comme un martyr. C'est la volonté de Dieu. De plus, quiconque approchera l'auteur du livre, sans avoir le pouvoir de l'exécuter, devra le traduire devant le peuple afin qu'il soit puni pour ses actions. Que Dieu vous bénisse tous. »
— Rouhollah Musavi Khomeini
À la suite de cette déclaration, une récompense est offerte pour la mort de Rushdie, qui est contraint de vivre dès lors sous une protection financée par les autorités britanniques.
En France, Salman Rushdie est notamment pris à partie par Jacques Chirac, à l'époque maire de Paris, qui déclare le concernant qu'il n'a « aucune estime pour lui ni pour les gens qui utilisent le blasphème pour se faire de l'argent, comme ce fumiste — je pèse mes mots — qui s'appelle Scorsese, l'auteur d'un navet, La Dernière Tentation du Christ. Quand on déchaîne l'irrationnel, il ne faut pas s'étonner de la suite des choses. Je ne réclame pas la censure, mais le viol des consciences est inadmissible[23]. »
Le 1989, cinq personnes sont tuées par la police lors d'une manifestation devant le consulat britannique à Bombay. Plusieurs autres personnes sont mortes en Égypte et ailleurs. Des communautés musulmanes organisent des autodafés publics. Des violences sont commises à travers le monde :
Le musicien pop Cat Stevens — converti à l'islam depuis 1977 et ayant pris le nom de Yussuf Islam — déclara être lui-même opposé aux écrits de l'écrivain et ne montrer aucune opposition à la fatwa. La controverse soulevée par cette déclaration le poussa à préciser dans un communiqué qu'il n'encourageait pas personnellement l'application de la fatwa appelant à l'assassinat de Rushdie.
Après la mort de Khomeini en 1989, Rushdie a publié un essai en 1990, De bonne foi, en signe d’apaisement et a publié des excuses dans lesquelles il a réaffirmé son respect pour l’islam.
Le , le gouvernement iranien annonce officiellement son renoncement à accomplir la fatwa, mais déclare qu'elle ne pouvait être annulée selon la loi islamique[28]. Même si la menace de mort qui pèse sur lui n'est pas pour autant relevée, Rushdie abandonne alors son nom d'emprunt Joseph Anton[29].
L'ayatollah Hassan Saneii, à la tête de la fondation du 15 de Khordad (bonyad-e punzdah-e khordad, soumise à l'autorité du guide de la révolution de l'Iran), lance régulièrement des annonces de primes pour la mort de Rushdie. Ainsi, déclare-t-il en 2003 qu'il augmentait la récompense de 2,8 millions de dollars US à 3 millions de dollars US[28]. Le même groupe déclare le par communiqué de presse : « La fatwa de l'imam Khomeiny à propos de l'apostasie de Salman Rushdie restera en vigueur éternellement ».
En , il porte la récompense pour le meurtre de Salman Rushdie à 3,3 millions de dollars US[30].
En , Salman Rushdie est titré chevalier par la reine du Royaume-Uni, Élisabeth II. Cette distinction provoque la colère du Pakistan. Une résolution est votée par le parlement pakistanais exigeant le retrait de ce titre. Le ministre des Affaires étrangères, Ijaz Ul-Haq, estime que cette décoration pourrait justifier des attentats-suicide. Ces protestations officielles sont accompagnées de manifestations au Pakistan où des effigies de la reine Élisabeth II et de Salman Rushdie sont brûlées. L'Iran condamne également cette distinction et des voix politiques et religieuses rappellent que la fatwa contre l'écrivain est toujours en vigueur. D'autres réactions ont eu lieu en Égypte, en Malaisie, en Afghanistan et en Inde.
L'attaque contre la liberté de l'artiste d'une part, et contre la liberté d'expression d'autre part, suscitent une émotion considérable dans le monde, dans les pays laïcs en particulier, et nombre de personnalités et d'auteurs, tels que Milan Kundera[31], prennent la défense de l'écrivain et du libre-penseur.
En 1990, peu après la parution des Versets sataniques, sort un film pakistanais intitulé International Guerillas (en version originale International Gorillay), dans lequel Rushdie est dépeint comme un comploteur désireux de causer la chute du Pakistan en ouvrant une chaîne de casinos et de boîtes de nuit dans le pays. Le film obtient une certaine popularité auprès des spectateurs pakistanais, et il « présente Rushdie comme une sorte de Rambo poursuivi par quatre guerilleros pakistanais »[32].
La British Board of Film Classification refuse de délivrer au film un certificat (pour cause de « diffamation criminelle »)[33], entraînant de fait son interdiction en Grande-Bretagne. Cependant, l'interdiction est levée deux mois plus tard lorsque Rushdie écrit lui-même à l'organisme, déclarant que bien qu'il pense que le film soit « une bêtise incompétente et fausse », il ne porterait pas plainte si celui-ci sortait[33]. Plus tard, il déclare que « si le film avait été interdit, il serait devenu la dernière vidéo à la mode en ville : tout le monde l'aurait vu[33] ». Bien que le film ait été un succès au Pakistan, il passe inaperçu en Occident[33]. Rushdie déclare qu'une partie du film est réellement comique, celle où son personnage torture un combattant pakistanais en lui lisant des extraits des Versets sataniques.
Le vendredi , alors qu’il s’apprête à prendre la parole lors d’une conférence dans la ville de Chautauqua (New York), aux États-Unis, Salman Rushdie est soudainement agressé et poignardé de dix coups de couteau au cou et à l'abdomen. L'agresseur est maîtrisé par des membres de l'assistance et Rushdie reçoit les premiers soins d'urgence de la part d'une médecin présente dans la salle[34],[35].
Rushdie est transporté en hélicoptère vers un hôpital d'Érié, où il est opéré en urgence, selon son agent Andrew Wylie, qui précise d'abord au New York Times que l’écrivain est placé sous respirateur artificiel et qu’il pourrait perdre un œil. Son foie est également endommagé. Cependant, le samedi 13, l'écrivain peut parler à ses proches et est débranché du respirateur[36].
Son agresseur, Hadi Matar, 24 ans, originaire de l'État du New Jersey, est arrêté par la police et placé en détention[37],[38]. Chiite d'origine libanaise, il avait exprimé sur Facebook son soutien aux Gardiens de la révolution islamique iranienne. Sa photo de profil affichait un portrait de l'ayatollah Khomeiny[39]. C'est un soutien du Hezbollah[40]. Dans un bref communiqué, le parti de Dieu se refuse à tout commentaire[40]. Hadi Matar utilise un faux permis de conduire au nom de Hassan Moghniah[41], en hommage au terroriste du Hezbollah Imad Moughniyah[42]. Des photos du général Qassem Soleimani sont retrouvées dans son application de messagerie instantanée[42]. Hadi Matar est inculpé de « tentative de meurtre et agression » par le tribunal de Chautauqua. Il plaide non coupable[43].
La plupart des dirigeants, dans le monde entier, condamnent l'agression. Dans certains pays musulmans, l'attentat est salué par des extrémistes[44]. Le 15 août 2022, Nasser Kanani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, nie tout lien avec le suspect : « Dans cette attaque, seuls Salman Rushdie et ses partisans mériteraient d’être blâmés et même condamnés[43]. » Le quotidien Kayhan, journal officiel du chef de l’État iranien, écrit : « Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie[45]. »
D'après le média indien Firstpost, l'ancien Premier ministre du Pakistan Imran Khan considère que si la colère du monde musulman/islamique à l'égard d'un roman controversé peut se comprendre, la tentative de meurtre est injustifiable[46].
Rushdie est très influencé par la littérature moderne. Les Enfants de minuit emprunte des thèmes du roman Le Tambour de Günter Grass, dont Rushdie déclare qu'il a inspiré sa volonté de devenir écrivain. Le roman Les Versets sataniques est aussi clairement influencé par le roman classique russe Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov.
L'Inde et le Pakistan sont les thèmes respectivement des Enfants de minuit et de La Honte. Dans ses œuvres suivantes, Rushdie s'est tourné vers le monde occidental avec Le Dernier Soupir du Maure (The Moor's Last Sigh), explorant les liens culturels et commerciaux entre l'Inde et la péninsule Ibérique, et La Terre sous ses pieds (en) (The Ground Beneath Her Feet), œuvre dans laquelle est décrite l'influence du rock 'n' roll américain sur l'Inde.
Salman Rushdie a reçu de nombreuses distinctions dont le prix littéraire de l'Union européenne.
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