Rémy Julienne

Rémy Julienne
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Rémy Julienne en 2014, en promotion de son livre Silence… on casse !, préfacé par Jean-Louis Trintignant.
Nom de naissance Rémi Lucien Ernest Julienne
Naissance
Cepoy, Loiret, France
Nationalité Drapeau de la France Français
Décès (à 90 ans)
Amilly, Loiret, France
Profession Cascadeur
Concepteur de cascades
Films notables La Grande Vadrouille
L'aventure c'est l'aventure
L'As des as
Octopussy
Il était une fois en Amérique
Site internet remy-julienne.fr

Rémy Julienne, né le à Cepoy (Loiret) et mort le à Amilly (Loiret)[1], est un cascadeur et concepteur français de cascades.

« Casse-cou du cinéma français », il a plus de 1 400 productions à son actif (environ 400 films cinématographiques, des séries télévisées, des publicités, des shows mécaniques…).

Biographie

Famille et formation

Rémy Julienne est le fils de Paul Julienne et de Lucienne Pavas, qui tiennent un café-bistrot devant une écluse à Cepoy près de Montargis. Son père est également transporteur[2],[3].

Rémy Julienne suit les cours de l'école primaire à Cepoy, puis à Gien[2].

Il est de son propre aveu « un enfant peureux, mais avec le goût du risque », motivé par le souvenir de sa mère sautant en parachute en 1937. La moto entre dans sa vie dès la petite enfance. À trois ans, il se retrouve déjà à califourchon sur un deux-roues. « Mes cousins m’emmenaient chez ma nourrice, à cheval sur le réservoir d’une moto. Alors j’ai hurlé comme un veau parce que j’avais la trouille. Quand j’arrive chez la nourrice, je hurlais comme un veau parce que je voulais recommencer » raconte-t-il. À 12 ans, il lorgne déjà sur la moto de son père. Il s'entraîne en cachette à jouer les cadors, tout en multipliant les 400 coups et les paris stupides, comme traverser la Loire en crue à la nage pour gagner une tarte aux pommes. Le jeune Rémy Julienne n'est pas doué pour les études et accumule les renvois. Elève très agité, c’est en le chargeant de la section cinéma de son école qu’un instituteur trouvera le moyen de le calmer. Il découvre Charlot, Laurel et Hardy, Buster Keaton et d’autres. Fier de cette responsabilité, il découvre ainsi un monde nouveau, celui du septième art, à travers des films 16 mm. C’est pour lui une révélation. Mais à l’époque, il n’imaginait pas qu’il participerait un jour à la magie sur pellicule. Il cherche alors sa voie. Il s’essaie comme charcutier, puis devient livreur. Mais sa passion reste les deux-roues. À 24 ans, il achète sa première moto tout-terrain et participe à des courses de motocross, où il finit par s'imposer.[réf. nécessaire]

Il épouse Antoinette Pedrocchi le . De ce mariage naissent deux fils : Michel et Dominique[2]. Ils ont eux aussi commencé le métier de cascadeur dès leur plus jeune âge (5 et 12 ans). Le plus grand montrait alors à son jeune frère comment faire de la moto. Tout deux deviendront eux-mêmes des professionnels de la coordination de cascades cinématographiques. Michel Julienne commence en 1974, avec Peur sur la ville, à la suite d'une blessure de son père. Aujourd’hui, David, le petit-fils, est devenu le quatrième de la dynastie en ayant pris le même chemin professionnel.[réf. nécessaire]

Carrière

Rémy Julienne aux 22e Rencontres cinématographiques de Cannes en 2009.

Pilote

De 1948 à 1964, Rémy Julienne est transporteur routier. Il conduit des poids lourds dans l'entreprise de son père. Il est cependant passionné par la moto depuis son plus jeune âge. Dans le livre Vive la Moto, il explique que dans sa jeunesse, il ne vivait que pour la moto, qu’avec la moto. Depuis qu’il a acheté son premier Moto Revue, il suit toute l’actualité moto, toutes les courses. Pour lui, comme pour tous les enfants de sa génération, Georges Monneret est la seule valeur sûre en France, le seul pilote qui émerge. C’est son idole, il connait tout de lui, même s’il n’a jamais osé l’aborder, ni même l’approcher. Quand, bien plus tard, Rémy Julienne rencontre Philippe Monneret, c’est un moment formidable pour lui car c’est le dernier Monneret. Tout au long de sa carrière, Rémy Julienne croise et rencontre beaucoup de stars, de comédiens, de producteurs, de réalisateurs, dont certains l’ont marqué plus que d’autres, comme Georges lautner, Sergio Leone, Jean-Paul Belmondo ou Alain Delon, mais Georges Monneret reste à jamais l’idole de sa jeunesse, celui qui l’a « vacciné à la moto ».[réf. nécessaire]

En 1957, poursuivant sa passion de toujours, il devient champion de France de moto-cross, en catégorie 500 cm3. Il termine deuxième de la coupe de France en 1960 et en 1962. Il est plusieurs fois sélectionné en équipe de France. Vingt ans plus tard, en 1982, il gagne la course des 24 Heures motonautiques de Rouen, puis les courses automobiles du Star Racing Team en 1983 et le Speedy Stars Challenge en 1997[2].

Cascadeur

Rémy Julienne est considéré comme « le casse-cou du cinéma français »[4].

Il commence sa carrière de cascadeur en 1964 dans le film Fantômas d’André Hunebelle où il double Jean Marais. Il est recruté par le responsable des effets spéciaux du film, Gil Delamare[S 1] pour des cascades mécaniques dans La Grande Vadrouille. Gil Delamare meurt brutalement au Bourget, dans une cascade lors du tournage du film Le Saint prend l'affût. On demande à Rémy Julienne d’honorer ses contrats, notamment outre-Atlantique, alors qu’il hésite encore sur la suite de sa carrière : « Les Américains ont trouvé que je faisais du bon boulot, donc j’ai continué. »

En 1969, le réalisateur Peter Collinson le contacte pour tourner L'or se barre (The Italian Job). Ce film constitue un véritable tremplin pour le cascadeur. Dans le scénario, il faut à tout prix une poursuite de voitures passant de toit en toit. Les cascadeurs anglais assurent qu’une telle scène est impossible à tourner. Rémy Julienne et son équipe française se font alors un devoir de leur démontrer le contraire. Ils commencent les répétitions au sol avant de faire la cascade en vrai, en haut des immeubles turinois, avec les Mini Cooper censées être conduites par Michael Caine et sa bande. Ses prouesses resteront mémorables et deviendront légendaires dans le monde de la cascade. Elles feront par ailleurs beaucoup pour la renommée de la marque anglaise. Rémy Julienne avait en effet l’habitude de dire que le secret d’une bonne cascade, c’est 95 % de répétition et 5 % d’exécution. Ainsi, toute l’équipe anglaise du film, qui avait prétendu qu’une telle cascade était impossible, se retrouve stupéfaite de voir les Français réussir, avec un Rémy Julienne tout heureux de rappeler que le mot “impossible” n’est pas français. Il affirme que « faire sauter des Mini Austin entre des toits d’usine était un défi. Peu de gens y croyaient. C’est là, le vrai tournant de ma carrière. »

Julienne est un professionnel et un pragmatique, dont le principe de base est que tout doit être calculé, à la fraction de seconde près car pour lui « la maîtrise du risque exige de passer par son identification. » C’est cette exigence de perfection qui assure son succès et sa réputation. Mais l’imprévu est toujours possible. L’un de ses plus mauvais souvenirs remonte au tournage du film Les Aventures de Rabbi Jacob en 1973. Le cascadeur se retrouve coincé dans la DS de Victor Pivert, alias Louis de Funès, avec son bateau sur le toit, après un plongeon dans un étang. Une fois sous l'eau et dans la vase, il ne retrouvait plus l'embout destiné à lui permettre de respirer. Il s’est vu mourir, avant d’être finalement sauvé de la noyade par des plongeurs.

La Renault 11 "décapitée" par James Bond.
La Renault 11 "décapitée" par James Bond. L'une des voitures qui ont servi pendant le tournage de Dangereusement vôtre.

Rémy Julienne règle les cascades pour plusieurs grosses productions ou des films populaires français parmi lesquels on peut retenir : La Grande Vadrouille, Le Cerveau, Le Pacha, L'aventure c'est l'aventure, Le Grand Bazar, Les Aventures de Rabbi Jacob, La Menace, Trois Hommes à abattre, Le Marginal, Taxi, et la série des Gendarmes de Saint-Tropez où il double notamment la scène de la religieuse en 2 CV[5]. Pour le film d’Henri Verneuil Le Casse, sorti en 1971, une course-poursuite de neuf minutes est filmée dans un quartier d’Athènes sans que l'équipe de tournage ne fasse arrêter la circulation. Rémy Julienne est finalement obligé de s’encastrer dans une bordure pour éviter la voiture d’un inconnu arrivant en face[6]. Il a également travaillé pour six James Bond : Rien que pour vos yeux, Octopussy, Dangereusement vôtre, Tuer n’est pas jouer, Permis de tuer de John Glen et GoldenEye de Martin Campbell.

Durant sa carrière, Rémy Julienne a entre autres doublé Yves Montand, Alain Delon, Roger Moore, Sean Connery et même Sofia Loren sous une perruque. Mais pour lui, son plus beau souvenir restera la rencontre avec le tandem Belmondo-Lautner. Georges Lautner, avec qui il tourne dans une quinzaine de films, notamment Le Guignolo en 1980. Pour ces deux-là, il met au point une des cascades les plus spectaculaires dans ce film. En effet « Bébel » y effectue l’acrobatie la plus dangereuse de sa carrière survolant Venise en caleçon blanc à pois rouges, suspendu à un trapèze accroché à un hélicoptère. Rémy Julienne assure alors la coordination des opérations mais c’est bien Belmondo qui l’a le plus impressionné. « Il n’en avait jamais assez. Il était inarrêtable. Je devais sans cesse le canaliser. C’était quand même imprudent, ce qu’on faisait ! Quand j’y repense, aujourd’hui, j’en ai les poils qui se dressent. » se souvient-il. Selon lui, Jean-Paul Belmondo est celui qui lui a accordé le plus de confiance. Ils se sont retrouvés sur les plateaux à quatorze reprises.

En 1975, sur le tournage de Pas de problème ! à Montargis, Georges Lautner écrit à Rémy Julienne « Toi tu représentais la sécurité. On disait aux gens de reculer mais eux ils disaient : Mais non c'est Rémy, il n'y aucun risque ! ». Il existait un esprit de groupe qui permettait de défier la peur et le danger sur les plateaux de tournages, « c'était la bande et la famille, humainement parlant c'était le meilleur ».

Ce qui l'intéresse dans son métier de cascadeur cinématographique, c'est amuser tout en restant crédible. Parmi ses prouesses, il y a un camion citerne roulant en équilibre sur ses roues gauches dans Permis de tuer, un James Bond avec Timothy Dalton, ou bien une berline qui s'envole dans les airs depuis un tremplin avant de retomber sur le toit d'un bus dans Dangereusement vôtre, un autre James Bond. Les mots qui reviennent en permanence dans la bouche de Rémy Julienne sont crédibilité, précision et rigueur. Sa vie devant la caméra, comme celle de ses équipiers, est réglée au millimètre, à la seconde près, sinon « c'est là-haut dans une caisse en sapin. Quelquefois, il aurait suffi de peu pour que ça arrive ». « La base du métier de cascadeur, c’est identifier le risque, puis le maîtriser. Il faut rester humble, redescendre après l’euphorie de la réussite, et tous les matins repartir de zéro », confie-t-il un jour à la RTS.

En plus de cinquante ans de carrière, ce stakhanoviste du risque calculé comme il aimait à le rappeler, a distillé sa science des effets spéciaux avec les plus grands réalisateurs et les acteurs les plus renommés. La liste est aussi longue qu'impressionnante : Georges Lautner, qui se débrouillait toujours pour placer une voltige automobile dans ses scénarios et lui a fait superviser les acrobaties de son copain Belmondo (Flic ou voyou, Le Guignolo), Marcel Camus (Le Mur de l’Atlantique), Claude Lelouch (L'Aventure, c'est l'aventure) qui finit par le surnommer « l'Einstein de la cascade », Jean-Jacques Annaud, Philippe de Broca, Yves Boisset, Jacques Deray (Flic Story, Trois Hommes à abattre, Le Solitaire), Gérard Oury (Le Cerveau, La Grande Vadrouille), Claude Zidi (L'Aile ou la Cuisse), Henri Verneuil (Le Casse, Peur sur la ville), Jean Girault pour la fameuse série des Gendarmes, François Truffaut (La Nuit américaine), Costa-Gavras, Serge Korber (Sur un arbre perché), Leos Carax, Roman Polanski, mais aussi le gratin du cinéma international comme Dino Risi, Alberto Lattuada, Sergio Leone, Sydney Pollack pour Bobby Deerfield avec Al Pacino en pilote de Formule 1, Terence Young et Ron Howard (Da Vinci Code). Enfin, il met son ingéniosité et les services de sa fine équipe de techniciens au service du 007 de Rien que pour vos yeux, ce qui lui vaut, en 1981, l'Award du meilleur concepteur de cascades décerné par la Motion Picture Hall of Fame à Hollywood, une cérémonie au cours de laquelle Roger Moore fait une déclaration qui peut être vue comme une consécration ultime : « Sans lui, James bond n'aurait pas existé ».

Ayant travaillé avec Sergio Leone sur quelques publicités, le fameux réalisateur le contacte pour coordonner une cascade d’Il était une fois en Amérique, le plongeon depuis un ponton d'une voiture d'époque avec ses occupants : Leone, lui faisant confiance, n'est même pas présent le jour du tournage et laisse Julienne réaliser lui-même la scène[7].

Parallèlement à son activité cinématographique, le groupe Disney fait appel à Rémy Julienne pour la conception d'une attraction liée à Disneyland Paris et située dans la nouvelle partie du parc. C'est ainsi qu'il imagine et propose pour le nouveau parc Walt Disney Studios le spectacle à connotation cinématographique Moteurs, Action! présenté depuis 2002. Il travaille en collaboration avec son fils Dominique, chargé de l'étude et de la conception de tous les éléments techniques (véhicules, infrastructures cascade), la formation des pilotes, cascadeurs et techniciens, l'étude et la mise au point des cascades et la mise en scène du spectacle. Pour ce projet, il crée même un centre de formation pour les jeunes cascadeurs. Le succès est tel que depuis 2005 le spectacle est reproduit de manière identique à Orlando en Floride où il remporte un succès permanent au Disney-MGM Studios[8],[9].

La télévision fait également appel à lui à de nombreuses reprises pour des spots publicitaires, particulièrement pour le compte de constructeurs automobiles, ce qui fait bien tourner ses affaires. En 1971, il s’élance sur un tremplin pour bondir sur un wagon de marchandises pour mettre en valeur une Fiat 127. En 1972, il travaille sur une publicité vantant les mérites des pneus Uniroyal avec des véhicules circulant dans une ville en équilibre sur deux roues. En 1987, Rémy Julienne et son équipe réalisent le même type de prouesses pour une série de spots en faveur de l’Isuzu Gemini. Un nombre impressionnant d’exemplaires de cette petite voiture japonaise, avec leur style anonyme et leurs prestations modestes, jouent alors les stars dans Paris en effectuant une véritable chorégraphie dans la capitale française. Elles prennent même le métro et traversent la Seine en passant par une péniche. En 1988, pour faire la promotion de sa nouvelle Visa GTI, Citroën engage à son tour l’équipe Julienne. Le constructeur français n'hésite pas à sortir les grands moyens cinématographiques. La marque aux chevrons a carrément décidé d'utiliser le porte-avions Clemanceau et un sous-marin de la marine française. La Visa GTI est alors propulsée tel un avion Super Etendard au dessus de la mer, avant de plonger dans les flots, puis de réapparaître, comme par magie, sur un sous-marin refaisant surface. Pour la réussite de la séquence, la voiture a dû être remplie de béton pour pouvoir filmer un lancement correct, sans que la voiture se désintègre immédiatement.

Par ailleurs, il est sollicité par la justice pour superviser techniquement la reconstitution du meurtre d'Isabel Peake par Sid Ahmed Rezala[3].

Dans les années 2000, Rémy Julienne tourne moins et passe la main à ses deux fils, Michel et Dominique, devenus eux-mêmes coordinateurs de cascades. Il clôt sa carrière en travaillant pour la superproduction Da Vinci Code, de Ron Howard, en 2005.

La Mini Marcos GT 1300 de 1966 pilotée par Rémy Julienne lors de l’édition de 2016 du Mans Classic.

Au cours du long et riche parcours de Rémy Julienne, il y a eu des descentes de marches périlleuses, des vols planés avec des camions en feu, des voitures coupées en deux, des dérapages et des tête-à-queue, des courses poursuites avec des motos, des hélicoptères et des bateaux, avec parfois quelques belles frayeurs. Cependant, la plus grande peur de sa vie, il la connait hors plateau quand, un jour, il perd le contrôle de sa Porsche sur la route entre Florence et Bologne, suivi d'un saut dans le vide de 47 mètres à travers les cimes des arbres, puis 150 mètres de tonneaux frontaux. Il s'en sort groggy, sonné, mais fort heureusement indemne. Après trois infarctus, deux cancers et « un squelette bousillé », Rémy Julienne continue pourtant de donner des conseils ou à échafauder des projets, comme la construction d'un parc à thème sur les plus belles cascades du cinéma. Il a toujours un nouveau défi en tête, même à plus de 80 ans. « Mon ange gardien commence à être fatigué », avait coutume de dire ce roi des casse-cou, conscient de faire des heures supplémentaires après avoir brûlé la vie à 100 à l'heure. Cette légende de la cascade cinématographique, révérée par Jackie Chan et tous les artisans du genre, se rappelait l’euphorie de son premier tonneau réussi en voiture, et avouait que le risque était à la fois « de la peur et du plaisir, je ne pourrais vivre sans risque ».[réf. nécessaire] Il se fait retirer son permis à 87 ans pour excès de vitesse[10]

À titre privé, il participe, avec son ami Jean-Pierre Door et le pilote François Manjard, au Mans Classic en 2010 avec une Mini Marcos GT 1300 de 1965, puis avec un modèle identique datant de 1966 lors de l’édition de 2016.

Le , il confie ses archives personnelles à la cinémathèque de Toulouse[11].

Mort

Rémy Julienne le , avec, vissée sur la tête, une casquette frappée du logo de sa société de production.
« Mais quel âge j’ai ? J’ai pas d’âge moi ! Dans ma tête, je suis encore comme un gamin, j’entends une Harley Davidson, je suis obligé de m’arrêter pour entendre le « poutouf poutouf poutouf ». Et je veux me tenir en forme, éviter de me laisser pousser le bide et puis que ça dure le plus longtemps possible. Mais bon, maintenant, s’il m’arrive un accident ou un truc comme ça, c’est pas un drame, j’ai vécu. Mais si ça peut durer, ça ne me dérange pas non plus, alors on fait tout pour ça. Mais je suis bien aidé. Merci les copains ! »

Rémy Julienne à propos de son éternelle adolescence.

Le , Jean-Pierre Door[a] annonce sur son compte Facebook l'hospitalisation et la mise en réanimation de Rémy Julienne[12]. Il est touché sévèrement par la Covid-19[13]. Il meurt le au centre hospitalier de l'agglomération montargoise (CHAM) des suites de la maladie qu’il a tenté de vaincre après quinze jours de lutte contre le virus.[14].

Rémy Julienne meurt à 90 ans, après avoir échappé dix-sept fois à la mort et envoyé un nombre incalculable de véhicules à la ferraille, casse-cou en chef et « négociant en accident » comme il se plaisait à dire. Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière communal de Cepoy (Loiret) le vendredi après des obsèques en l’église Saint-Loup de Cepoy, en présence notamment de Mario Luraschi, le célèbre cascadeur équestre. En hommage à sa carrière qui s’est étalée sur une cinquantaine d’années, les génériques de plusieurs opus des aventures du célèbre agent britannique 007 sont diffusés durant la cérémonie qui dure près de deux heures. En ouverture de celle-ci, l'assistance découvre également « l'auteur » Rémy Julienne. Le cascadeur avait écrit Rémy, une chanson interprétée ce vendredi par son ami accordéoniste Jeannot Fabry. Une photo en noir et blanc, sur laquelle figure Rémy Julienne en compagnie de Jean-Paul Belmondo, est posée sur les marches de l'église, entourée de fleurs. On peut y lire : « Les anges de la cascade t'attendent. Ton ami Bébel te regarde. » Est présent également l’humoriste Raphaël Mezrahi qui révèle : « C'était un vrai gentil, iconoclaste, drôle, inventif. Je l'ai vu il y a six mois. Nous avions le projet de construire un quad électrique. » À l’extérieur de l’église, plus d'une centaine d'anonymes, massés derrière des barrières métalliques, sont également venus rendre hommage à Rémy Julienne que les villageois appelaient affectueusement « le casse-cou ». Par les enceintes installées pour l’occasion, ils ont pu écouter l'hommage rendu dans l'église par Michel Godest, l'avocat depuis trente-quatre ans de Jean-Paul Belmondo qui n’a pu hélas être présent physiquement : « Jean-Paul est très triste chez lui à Paris, de ne pas être aux côtés de son complice de toujours. Dans mes cascades, j'obéissais les yeux fermés aux instructions de Rémy. » Rémy Julienne repose dans un cercueil bleu-blanc-rouge, rappelant son amour pour son pays, avec le logo de sa société de production, une voiture rouge qui décolle peinte sur les flancs.[réf. nécessaire]

Affaire judiciaire

Ce trompe-la-mort n'a jamais pensé arrêter : « J'ai un grain depuis le départ, quand on est un peu dingue dans sa tête, on continue. » Il lève pourtant le pied vers la fin de sa carrière, quand un accident survient sur le tournage de Taxi 2, le . Le cadreur Alain Dutartre meurt tragiquement après avoir été percuté par la Peugeot 406 du film, lancée trop vite et de trop haut, avec un atterrissage très au-delà des marques prévues au sol.

À plus de 70 ans, Rémy Julienne, qui n'était pas au volant, est lâché par la production, Europacorp SA. Il reproche à cette dernière de lui avoir refusé des essais pour cette scène et de n'avoir tenu aucun compte de ses avertissements en matière de sécurité. En tant que responsable des cascades, il est jugé et condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et 13 000 € d'amende[15], 5000 euros de dommages et intérêts à la famille Dutartre et 1 euro à la production. En appel, il est condamné le à six mois de prison avec sursis et 2 000 € d'amende[16],[17]. La société de production est déclarée coupable du délit d'homicide involontaire et à payer une amende de 100 000 euros. Ils sont tous deux condamnés à payer 30 000 euros de dommages à la famille Dutartre.

Lors de ces deux procès, Rémy Julienne n'était pas présent à la barre. Les deux fois, il avait demandé le report des procès, en justifiant de son état de santé alarmant (deux infarctus du myocarde)[18]. Sa requête a été refusée. La Cour de cassation, dans un arrêt du 11 mai 2010 casse et annule la peine prononcée contre Rémy Julienne et confirme celle de la production[19]. Le dénouement de ce feuilleton judiciaire s'avère approximatif[20],[18].

« Si la mort fait partie du quotidien du cascadeur, elle se doit d'épargner tous les autres. Je ne cesse de penser à Alain Dutartre, qui n'aurait jamais dû mourir ce jour-là », écrira plus tard Rémy Julienne dans ses Mémoires[21], un livre publié en 2009 et préfacé par Georges Lautner et Claude Pinoteau, qu’il dédiera au cadreur.

Filmographie

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Années 1960

Années 1970

Années 1980

Années 1990, 2000 et 2010

Publications

Distinctions

Récompenses

Rémy Julienne est titulaire de plusieurs prix et médailles d'honneur :

Hommages

Depuis 1999, un prix Rémy-Julienne est remis chaque année lors du Festival du film d'aventures de Valenciennes à « un comédien capable d’aborder avec le même talent des rôles physiques et des personnages intimistes dans des films d’auteur »[33].

En 2016, la municipalité de Cepoy, sa commune de naissance, donne son nom à une place[34]. Elle a été inaugurée en présence de l’intéressé, de Jean-Paul Belmondo et de Charles Gérard, grands amis de Rémy Julienne.

Notes et références

Notes

  1. Jean-Pierre Door, député du Loiret et ancien cardiologue à l'hôpital de Montargis, est un ami de Rémy Julienne

Références

Source primaire (son ouvrage Silence… on casse !)

  1. p. 7.

Sources secondaires

  1. Edouard Pflimlin, « Le cascadeur Rémy Julienne est mort à l’âge de 90 ans des suites du Covid-19 », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le 22 janvier 2021)
  2. a b c d et e Who's Who in France, édition 2015, p. 1219.
  3. a et b Rémy Julienne, 50 ans de cascades, documentaire de Vincent Perrot, 53 minutes, 2013.
  4. Dictionnaire du cinéma populaire français, p. 457.
  5. Rémy Julienne : « Louis de Funès a apporté un vent nouveau », ville-saintraphael.fr, 9 décembre 2019.
  6. Frédéric Potet, « Sécurité routière : en 1972, la France à tombeau ouvert », sur le site du quotidien Le Monde, (consulté le 22 janvier 2021).
  7. Philippe Lombard, « Plonger pour Sergio Leone », sur histoiresdetournages.devildead.com, (consulté le 4 février 2021).
  8. http://stuntshowdisneyland.com/mespages/preparation.php
  9. http://www.fifa-mons.be/archives/parcourir?edition_id=25&page=2&voir=communiques&communique_id=151
  10. « Rémy Julienne : Le cascadeur n’a plus le permis ! », sur le site du magazine France Dimanche, (consulté le 31 janvier 2021).
  11. Bertrand Guyard, « Rémy Julienne confie une cascade d'archives à la cinémathèque de Toulouse », sur le site du quotidien Le Figaro, (consulté le 31 janvier 2021).
  12. « Covid-19: le cascadeur Rémy Julienne en réanimation », sur lefigaro.fr (consulté le 12 janvier 2021).
  13. Antoine Denéchère, « Covid-19 : le cascadeur Rémy Julienne hospitalisé "dans un état sérieux" à Montargis », sur le site de la chaîne France Bleu, (consulté le 31 janvier 2021).
  14. Bertrand Guyard, « Rémy Julienne, l’as des as de la cascade, est mort du Covid-19 à 90 ans », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  15. https://www.20minutes.fr/article/180102/France-Dix-huit-mois-avec-sursis-pour-l-ancien-chef-cascadeur-de-taxi-2.php.
  16. Dominique Verdeilhan, Les sombres vérités du juge Michel Legrand sur le site de France 2, 13 février 2015
  17. « Cascade mortelle sur Taxi 2 : la société de Luc Besson condamnée pour homicide involontaire », sur Ouest-France.fr (consulté le 4 octobre 2010).
  18. a et b « Rémy Julienne : de gros frissons en cascades au festival du film d’Angoulême », sur CharenteLibre.fr (consulté le 15 juillet 2020).
  19. « Quand une cascade ratée tue un caméraman sur le tournage de Taxi 2 », sur BFM BUSINESS (consulté le 2 février 2021)
  20. Arrêt du de la Cour de cassation.
  21. Ma vie en cascades, éditions N° 1
  22. « Great leapin’ Fiats! », sur www.hemmings.com (consulté le 25 novembre 2019).
  23. « Annual Award de la Motion Picture Hall of Fame », sur remy-julienne.org.
  24. « Prix et nominations : Tickets d'Or », sur AlloCiné.
  25. Centre France, « Rémy Julienne compte ouvrir son parc », sur www.larep.fr, (consulté le 25 novembre 2019).
  26. « Rouen. Rémy Julienne reçoit la médaille d'honneur », sur actu.fr (consulté le 25 novembre 2019).
  27. « Prix et nominations : Rencontres Internationales du Cinéma de Patrimoine - Prix Henri Langlois », sur AlloCiné.
  28. admin-ape, « Les plumes d’or – Association de la Presse Étrangère » (consulté le 25 novembre 2019).
  29. AlloCine, « Dinard 2016 : Sing Street enchante le Festival du Film Britannique et remporte tous les prix », sur AlloCiné (consulté le 25 novembre 2019).
  30. « Le cascadeur Rémy Julienne veut créer un parc d'attractions dans le nord Franche-Comté », sur France Bleu, (consulté le 25 novembre 2019).
  31. Guillaume Sauzer., « Rémy Julienne : l'homme de l'ombre est devenu une star », sur Ouest France,
  32. « Pollestres/ Festival du film : retour en images », sur Ouillade.eu,
  33. Site officiel du Festival.
  34. Centre France, « Une journée de fête pour Rémy Julienne et son ami Jean-Paul Belmondo », sur www.larep.fr, (consulté le 25 novembre 2019).

Voir aussi

Documentaire

  • Rémy Julienne, 50 ans de cascades, documentaire de Vincent Perrot, 53 minutes, 2013.

Liens externes

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