Rosemary Kennedy

Rose Marie Kennedy, dite Rosemary Kennedy, née le à Brookline dans le Massachusetts et morte le à Fort Atkinson dans le Wisconsin, est une socialite américaine et un membre de la famille Kennedy. Elle est le troisième enfant, première fille de Joseph Patrick Kennedy et de Rose Fitzgerald Kennedy, et la sœur cadette de John Fitzgerald Kennedy, 35e président des États-Unis.

Présentée comme souffrant de troubles de l'humeur et du comportement, Rosemary subit, à l'âge de 23 ans, une lobotomie pratiquée par les médecins Walter Freeman et James Watts, et se retrouve handicapée mentale pour le reste de sa vie. Un livre paru en 2016 et écrit par l'historienne américaine Kate Clifford Larson retrace son destin tragique.

Biographie

Enfance, jeunesse et études

Selon son père, Rosemary était atteinte d'un léger retard mental associé à des troubles de l'humeur probablement lié à un accouchement difficile où son cerveau aurait manqué d'oxygène pendant de longues minutes[1]. À l'âge de 4 ans, elle n'est pas autorisée à passer dans la classe supérieure ; ses parents consultent alors des spécialistes et lui cherchent des écoles adaptées.

Joseph « Joe » Kennedy, père de Rosemary Kennedy, photographié en 1938.

Lorsque son père devient ambassadeur des États-Unis en Angleterre, elle intègre l'école Montessori de Hertfordshire [2]. À leur retour d'Europe, elle est finalement scolarisée dans un couvent de Rhode Island[3].

Dans les années 1930, Rosemary est surtout une jeune femme qui aime les fêtes, et qui ne se préoccupe pas beaucoup de son avenir, que son père veut « brillant » et irréprochable, comme pour ses autres enfants. C'est une jeune fille de la bourgeoisie bostonienne, pratiquant la voile et le tennis, le ping-pong et le badminton, jouant au bridge, allant au bal, et invitant des amis dans la maison familiale pour des séances privées de cinéma, grâce aux bobines que son père rapporte de Hollywood.

Début 1938, les Kennedy s'installent à Londres, où Joseph Kennedy a été nommé ambassadeur par Franklin Roosevelt[3]. Rosemary poursuit alors ses études au couvent des Sœurs de l'Assomption à Kensington Square et y obtient un diplôme d'enseignante en .

Rosemary est rapatriée aux États-Unis dès le début de la Seconde Guerre mondiale, sa santé mentale s'étant soudainement aggravée selon les témoignages de sa mère : les crises d'hystérie et de colères inexpliquées se sont multipliées. Ce sont surtout ses sorties nocturnes et son intérêt pour les garçons qui offusquent sa mère très religieuse, et font craindre un scandale pour la famille[4].

Lobotomie et conséquences post-opératoires

Walter J. Freeman (à gauche) et James W. Watts, 24 mai 1941.

À l'automne 1941, après un diagnostic de « dépression agitée », les médecins Walter Jackson Freeman et James Watts suggèrent à Joseph Kennedy de pratiquer une lobotomie préfrontale (pratique neurochirurgicale alors en plein essor dans le domaine de la psychochirurgie, considérée comme une manière révolutionnaire de soigner les troubles psychiatriques) pour endiguer les crises et restaurer la joie de vivre de Rosemary. Joseph Kennedy, qui a décidé seul de l'opération, a vraisemblablement été convaincu que cette dernière permettrait d'augmenter le QI de sa fille et donc de la rendre aussi « parfaite » que le reste de la famille[5].

Cette opération, réalisée en novembre 1941, n'a pas du tout l'effet escompté : Rosemary se retrouve avec l'âge mental d'un enfant de deux ans incapable de s'exprimer de façon cohérente, et souffre d'incontinence[6]. Devenue handicapée mentale à cause de la lobotomie, elle est tout d'abord placée à la Craig House, un hôpital psychiatrique privé situé à Beacon, à environ une heure au nord de New York, jusqu'en 1949. À partir de cette date, après avoir été abusée sexuellement, elle est internée à St. Coletta, à Jefferson dans le Wisconsin, chez des religieuses franciscaines ; là, elle est installée dans un petit pavillon de brique construit à son intention, près d'Alverno House, bâtiment réservé aux séjours de longue durée[7]. Elle y vit jusqu'à sa mort[3].

Occultation de sa condition

Si en public, elle est présentée comme handicapée mentale, seules quelques personnes dans l'entourage des Kennedy connaissent la véritable raison de son état. Néanmoins, en , le Saturday Evening Post, publiant un article sur la carrière prometteuse de John Fitzgerald, raconte que toute la famille s'est mobilisée autour de lui pour la campagne électorale, à l'exception de Ted, parti à l'armée en Allemagne, et de Rosemary, présentée comme « institutrice dans le Wisconsin ».

En 1959, un proche de la famille Kennedy, James McGregor Burns (en) publie un ouvrage dans lequel il explique que Rosemary « s'occupe d'enfants attardés ». Cette explication est remise en cause quelques mois plus tard par une nouvelle version de Joe Kennedy qui relate que sa fille aînée aurait été victime, durant l'enfance, d'une « méningite spinale ». La victoire de JFK à la présidentielle impose la version « officielle » définitive selon laquelle Rosemary serait née déficiente mentale.

Joe interdit que la famille rende visite à Rosemary, après conseils des médecins, qui considèrent que c'est pour son bien[3].

En 1961, l'attaque cérébrale de son père, qui le laisse hémiplégique et presque privé de parole, permet à Rosemary de sortir de son isolement. C'est ainsi qu'occasionnellement, elle reçoit de nouveau des visites et se rend auprès de ses proches en Floride, à Washington, ou bien encore dans la résidence familiale de Hyannis Port (en) au cap Cod. Son père ne l'a jamais revue[3].

Décès

En 2005, elle décède de mort naturelle à l'âge de 86 ans au Fort Memorial Hospital à Fort Atkinson dans le Wisconsin, en présence de son frère Ted et de sa sœur Jean Kennedy Smith. Elle est la cinquième enfant Kennedy à mourir, mais la première[8] de cause naturelle. Elle repose au cimetière Holyhood de Brookline (Massachusetts)[9].

Notes et références

  1. How Rosemary Kennedy ... sur www.dailymail.co.uk (consulté le 12 décembre 2016)
  2. (en) Laurence Leamer, The Kennedy Women, The Saga of an American Family, New-York, Ballantine Books, , 935 p. (ISBN 978-0-449-91171-6), p. 243
  3. a b c d et e Danièle Georget, « La fille cachée des Kennedy », Paris Match, semaine du au , p. 92-97.
  4. Article du Monde : "Rosemary, le dernier secret des Kennedy"
  5. Site la loupe, page sur RoseMary Kennedy
  6. « The forgotten Kennedy », sur theguardian.com, (consulté le ), à la fin du sixième paragraphe.
  7. Article du New York times, "Kennedy help school for retarded"
  8. Deux sont morts dans 2 accidents d'avion (Joseph Patrick Kennedy, Jr., puis Kathleen Kennedy Cavendish), 2 autres sont morts tués par des armes à feu (le président JFK, puis Robert Francis Kennedy).
  9. Site "Tombes et sépultures, les tombes de la famille Kennedy

Annexes

Bibliographie

  • (en) Rosemary : the hidden Kennedy daughter, Kate Clifford Larson, Houghton Mifflin Harcourt, Boston, 2015, (ISBN 978-0-547-25025-0).
  • (en) The Missing Kennedy: Rosemary Kennedy and the Secret Bonds of Four Women, Elizabeth Koehler-Pentacoff, Bancroft Press, 2015, (ISBN 978-1-610-88174-6).
  • Rosemary, l'enfant que l'on cachait, Kate Clifford Larson, Paris, Les Arènes, 2016, traduit par Marie-Anne de Béru (ISBN 978-2-35204-515-1)

Filmographie

  • Qu'est-il arrivé à Rosemary Kennedy ?, Patrick Jeudy, France, 2018

Liens externes

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