Pour les articles homonymes, voir Romy Schneider (homonymie), Schneider et Albach.
Nom de naissance | Rosemarie Magdalena Albach |
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Naissance |
Vienne, (Autriche) (à l'époque dans le Reich allemand) |
Nationalité |
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Décès |
(à 43 ans) Paris, (France) |
Profession | Actrice |
Films notables |
Sissi La Piscine César et Rosalie L'important c'est d'aimer Le Vieux Fusil Une histoire simple |
Rosemarie Magdalena Albach, dite Romy Schneider (/ʁomi ʃnɛdɛʁ/[a] ; en allemand : /ˈʁomi ˈʃnaɪdɐ/[b]), est une actrice allemande[c] naturalisée française[1], née le à Vienne (aujourd'hui en Autriche, à l'époque dans le Reich allemand) et morte le à Paris (France)[2],[3].
Au début des années 1950, vers l'âge de 15 ans, elle commence sa carrière d'actrice dans le genre Heimatfilm. De 1955 à 1957, elle interprète l'impératrice Élisabeth d'Autriche, surnommée « Sissi », dans trois films — Sissi (1955), Sissi impératrice (1956) et Sissi face à son destin (1957) — qui lui valent succès et reconnaissance internationale.
En 1958, Romy Schneider rencontre l'acteur français Alain Delon avec lequel elle se fiance l'année suivante. Elle s'installe alors en France où elle joue dans des films à succès, acclamée par la critique et dirigée par des réalisateurs parmi les plus remarquables de l'époque. Sa relation avec Alain Delon prend fin en 1963, tandis qu'elle entame une brève carrière aux États-Unis, avant de revenir en France. Par la suite, elle se marie deux fois. En 1981, le fils de son premier mariage meurt dans un accident à l'âge de 14 ans. En , âgée de 43 ans, Romy Schneider est retrouvée morte dans son appartement parisien.
Romy Schneider obtient par deux fois le César de la meilleure actrice pour ses rôles dans les films L'important c'est d'aimer (1975) d'Andrzej Żuławski (le tout premier César de la meilleure actrice) et Une histoire simple (1978) de Claude Sautet.
Rosemarie Magdalena Albach-Retty naît le 23 septembre 1938 à Vienne — quelques mois après l'intégration de l'Autriche, du fait de l'Anschluss, au Reich allemand — au sein d'une famille de longue tradition artistique. Son arrière-grand-père paternel, Rudolf Retty (de) (Lübeck, 1845 - Leipzig, 1913), était acteur et metteur en scène et sa femme Kathe Retty, née Schäfer, était chanteuse. Ils sont les parents de Rosa (Retty puis Albach-Retty) (Hanau, 1874 - Baden, 1980), pensionnaire du Burgtheater. Rosa Retty épouse en 1899 Karl Albach, officier de l'armée impériale austro-hongroise. Ce dernier renonce par amour à sa carrière militaire et devient par la suite avocat puis comédien. Le fils de Rosa et Karl Albach, Wolf Albach-Retty, naît en mai 1906 et sera d'abord comédien au Burgtheater aux côtés de sa mère entre 1926 et 1932 avant de débuter une carrière d'acteur de cinéma. En 1933, sur le tournage de Petite, je me réjouis que tu viennes, il fait la rencontre de l'actrice Magda Schneider qui a débuté au cinéma deux ans plus tôt. Cette dernière, née à Augsbourg en Souabe bavaroise en 1909 est la fille de Franz Xaver Schneider (1878 - 1959) et de Maria, née Meier-Hörmann (1879 - 1951).
Magda et Wolf se marient le 11 mai 1937 à Berlin[4]. Leur fille naît l’année suivante : son prénom de baptême, Rosemarie, est la contraction des prénoms de ses grands-mères, Rosa et Maria. Le 21 juin 1941 naît son frère Wolf-Dieter Albach, dit Wolfi, qui préferera rester dans l'ombre en exerçant la profession de chirurgien.
Aux derniers jours d'octobre 1938, alors que Rosemarie n'est âgée que de quatre semaines, la famille Albach quitte Vienne en cours de nazification depuis l'annexion de l'Autriche (l'Anschluss) et s'installe dans la propriété de Mariengrund à Schönau am Königssee dans les Alpes bavaroises, près de Berchtesgaden[5],[6]. Le Berghof, le chalet d'Adolf Hitler situé à vingt kilomètres par la route[7] mais à environ six cents mètres à vol d'oiseau, est visible de l'autre côté de la vallée, quasiment à la même altitude. La Kehlsteinhaus dite le « Nid d'Aigle » de Hitler, où se réunissent des dignitaires nazis, offerte en 1939 au Führer par Martin Bormann, son éminence grise et grand ami de la famille Schneider, se trouve non loin du Berghof et du chalet de quatorze pièces des Albach[6].
Les époux Schneider-Albach, en raison de leurs engagements professionnels, ne sont que rarement présents. C'est d'abord une gouvernante qui s'occupe de Rosemarie la première année de sa vie puis la grand-mère maternelle de Romy, Maria Schneider, qui prend soin d'elle et de son frère lorsque leurs parents sont en tournage. Elle fréquente avec sa mère le cercle d'Adolf Hitler qu'elle rencontre[8].
La famille de la petite Rosemarie bénéficie de privilèges réservés aux proches du régime nazi : sa grand-mère paternelle Rosa Albach-Retty (admiratrice déclarée de Hitler et membre du Front patriotique autrichien) et son père Wolf (membre de soutien dès 1933 de la SS, rejoignant volontairement le Front du travail allemand et membre actif à partir de 1938) sont inscrits sur la « liste des privilégiés divins » nationaux-socialistes, selon Goebbels, en tant qu'artistes utiles au Reich, ou à la propagande nazie[9],[4]. Magda Schneider, qui pour sa part, a été exemptée d'impôt par le ministère de Propagande nazi, est une proche de Martin Bormann, homme réputé sans scrupules, dont les enfants jouent avec la petite Rosemarie[6]. À ce sujet, Romy Schneider déclarera en décembre 1976, à son amie la journaliste Alice Schwarzer : « Je crois que ma mère avait une relation avec Hitler »[10],[11]. Adulte, elle a la volonté de s'affranchir de ce lourd passé en donnant à ses enfants des prénoms d'origine hébraïque, en l'occurrence David et Sarah[12],[6].
En 1943, son père Wolf rencontre l'actrice Trude Marlen (de) et quitte sa mère Magda[d]. Rosemarie, âgée de 4 ans et demi, est bouleversée et s'attache davantage à sa mère qu'elle admire profondément, ainsi qu'à son frère. Elle idéalise le père absent et projettera par la suite, dans sa rencontre avec ses futurs réalisateurs, l’image de son propre père[13].
En 1944, Romy entre à l'école primaire de Berchtesgaden alors que son père s'installe avec l'actrice Trude Marlen. Le divorce de ses parents est prononcé en 1945. À cette époque, l’Autriche est de nouveau indépendante, mais occupée par les armées alliées. La fin de la guerre marque le début d'une longue pause dans la carrière de Magda Schneider[12], du fait de sa proximité avec les dirigeants du régime nazi. Parallèlement, son père se remarie avec Trude Marlen en 1947, donnant à Romy une demi-sœur, Sacha Darwin, qui deviendra elle aussi comédienne.
En septembre 1948, Madga place sa fille dans le pensionnat de Gmunden puis, le 1er juillet 1949, à l'internat autrichien pour jeunes filles Goldenstein, une institution religieuse catholique dirigée par les sœurs augustines, située près de Salzbourg, qu'elle fréquente jusqu'en juillet 1953. Cette année-là, elle obtient avec mention sa Mittlere Reife (de), l'équivalent du diplôme national du brevet français d’aujourd'hui, puis est censée rejoindre sa mère à Cologne. Voulant devenir décoratrice ou illustratrice de livres pour enfants, Romy doit effectuer sa rentrée scolaire à l'École de dessin de mode à Cologne[14], mais elle rêve surtout d'une carrière d'actrice, comme le montre le journal intime qu'elle a reçu en cadeau pour son treizième anniversaire et qu'elle baptise Peggy. Elle y raconte sa joie lorsqu'on lui confie un rôle dans la petite troupe de théâtre de son pensionnat[6] et lui confie tout : ainsi le 10 juin 1952, elle note: « Si cela ne tenait qu'à moi, je deviendrais immédiatement actrice. Chaque fois que je vois un bon film, mes premières pensées sont : je dois vraiment devenir actrice. Oui ! Je le dois ! »
À cette époque, le producteur de cinéma Kurt Ulrich cherche une jeune fille pour tenir le rôle de la fille du personnage principal du film Quand refleuriront les lilas blancs, joué par sa mère Magda Schneider. Celle-ci propose sa propre fille, qui passe brillamment les essais en juillet 1953 et se révèle très photogénique[15]. Romy quitte alors le cursus scolaire et, le 8 septembre 1953, se rend à Cologne pour entamer le tournage de son premier film, où elle est créditée sous le nom de « Romy Schneider-Albach ». Le film connaît un succès immédiat en Allemagne et permet à la jeune fille d'entamer une carrière d'actrice très prometteuse. En 1954, elle connaît son premier grand succès commercial, dans Les Jeunes Années d'une reine, d'Ernst Marischka. La jeune Romy est repérée par les producteurs et reçoit de plus en plus de propositions, jouant ainsi majoritairement aux côtés de sa mère Magda, qui interpréta tour à tour sa mère, sa gouvernante puis sa tante à l'écran. Mais c'est l'année suivante, en incarnant l'impératrice d'Autriche Élisabeth de Wittelsbach, qu'elle fait une percée fulgurante[10].
Dès le début des années 1950, Ernst Marischka a pour projet de montrer à l'écran l'histoire romancée de l’impératrice Élisabeth d'Autriche, dite « Sissi », née en 1837, épouse de l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche et assassinée en 1898 à Genève. Marischka a toujours été sensible à l'immense pouvoir de séduction de cette femme qui fut l'un des personnages les plus captivants de la fin du XIXe siècle, mais également celui dont les Autrichiens se souviennent avec le plus de nostalgie. Marischka avait déjà essayé de la populariser en 1932 dans une opérette où Paula Wessely tenait le premier rôle[16].
Pour Marischka, l'existence réelle d'Élisabeth de Wittelsbach révèle trop de tourments pour ne pas être romancée, et il ne souhaite conserver dans sa fiction que le passé glorieux et heureux de l'impératrice. Il ne gardera donc que les événements romantiques et les grands moments d'émotion en occultant tous les drames pénibles et les phobies qu'elle a réellement vécus. De plus, l'Autriche cherche à faire oublier son annexion à l'Allemagne nazie et à retrouver son prestige. Ernst Marischka « ne lésine pas » sur les moyens pour que le spectateur croie réellement côtoyer Sissi à son époque. Il vise très haut et sait que Romy Schneider, remarquablement secondée par sa mère qui interprète le rôle de la duchesse Ludovika, mère de l'impératrice, est prête à contribuer à la réussite du projet. Il choisit Karlheinz Böhm pour interpréter le rôle du jeune empereur François-Joseph.
À sa sortie le 21 décembre 1955, le film Sissi déclenche un tel engouement populaire en Autriche et en Allemagne que les recettes du film dépassent celles d’Autant en emporte le vent[16]. En Europe, le film obtient la mention d'« œuvre culturelle »[17]. En Suisse et en France, le film bénéficie d'un lancement remarquable et est même ensuite diffusé gratuitement dans des écoles. Des prospectus de Romy Schneider sont distribués et on retrouve même son visage sur des boîtes d'allumettes et des briquets[17]. À Nice, Lille, Amsterdam, Anvers, Gand, Madrid et Helsinki, les records de fréquentation des salles de cinéma sont largement battus[17].
Le succès du film étant assuré, Marischka entreprend le tournage d’un deuxième épisode, Sissi impératrice (Sissi, die junge Kaiserin en allemand) avec un budget et une vision similaires à ceux du premier volet. En revanche, Romy Schneider comprend difficilement que l'on puisse faire un deuxième film. Elle se sent de plus en plus étrangère à ces personnages idéalisés et supporte de plus en plus difficilement les désagréments qu'on lui impose, comme celui de porter une lourde perruque[e] qui lui donne des maux de tête. Le réalisateur et le représentant de l'UFA passent outre ses remarques afin de rendre le rôle plus réaliste[17]. En 1956, le second film reçoit un accueil similaire au premier. Romy est considérée comme « la meilleure chose importée d'Autriche après la valse »[6]. Des milliers de jeunes filles dans toute l'Europe adoptent alors le style « princesse » : cheveux longs bouclés, taille de guêpe et jupons bouffants.
En 1957, Romy Schneider entreprend le tournage du troisième épisode : Sissi face à son destin (Sissi, Schicksalsjahre einer Kaiserin en allemand) avec réticence et a hâte de se détacher du personnage auquel on l'identifie désormais. Au grand dam de son agent et beau-père — qui gère sa fortune et utilise ses cachets pour investir dans des hôtels et restaurants — et aussi de sa mère — qui utilise sa fille pour poursuivre sa propre carrière, déclinante depuis la fin du régime nazi[18] —, Romy s'oppose au tournage d'un quatrième épisode. Plus tard, elle déclarera même : « Je hais cette image de Sissi » et affirmera : « J’ai refusé les 80 millions[19] qu’on m’offrait pour tourner une quatrième mouture de Sissi »[20], bien qu'elle soit reconnaissante de la popularité que cette trilogie lui a apporté[21].
Dès 1953, Magda Schneider a décidé de prendre en charge la carrière naissante de sa fille qui a définitivement adopté le pseudonyme « Romy Schneider ». En outre, Magda parvient souvent à imposer aux réalisateurs de jouer auprès de sa fille. En 1957, elle va même jusqu'à interdire à sa fille de signer le contrat que Kirk Douglas lui propose lors de leur rencontre au Festival de Cannes. La jeune fille se rebelle alors et décide désormais de choisir elle-même ses rôles. Comme conséquence évidente, cette décision a un effet négatif sur la carrière professionnelle et la situation financière de sa mère[18].
En 1956, Romy Schneider fréquente brièvement Toni Sailer, le triple champion du monde de ski alpin, rencontré lors d'un bal de valse autrichienne. Leur flirt est médiatisé en raison de leurs notoriétés respectives.
Entre 1956 et 1957, Romy entretient une amourette avec l'acteur Horst Buchholz (son partenaire dans Un petit coin de paradis (de Josef von Baky, tourné en 1956) que sa mère Magda et son beau-père n'apprécient pas du tout car il a la réputation d'être un voyou[réf. nécessaire].
En 1957, Romy — accompagnée de sa mère — et Horst débarquent à Paris pour jouer dans le film Monpti. Rentrés à Munich pour tourner les intérieurs du film, les deux jeunes acteurs mettent fin à leur relation à cause du chantage que le mari de Magda a fait à Romy. Il lui aurait dit : « Tu choisis, c'est lui ou c'est moi ! » ; elle a choisi sa famille n'étant pas encore assez indépendante[réf. nécessaire].
L'année 1958 est « charnière » dans la vie professionnelle et privée de Romy Schneider : Pierre Gaspard-Huit lui propose le rôle principal de Christine, un remake de Liebelei de Max Ophüls, dans lequel sa mère avait tenu le rôle principal en 1933. Ayant le droit de choisir elle-même son partenaire, elle sélectionne sur photo le jeune premier Alain Delon et les producteurs arrangent une entrevue avec la presse dans les salons de l'aéroport d'Orly à Paris : les deux jeunes acteurs se rencontrent pour la première fois au pied d'un escalier mécanique[22]. Leurs premiers rapports sont houleux : Romy ne parle pas français, Alain Delon ne parle pas allemand et la première trouve le second trop arrogant. Cependant, durant le tournage, les partenaires tombent amoureux.
Le , les « fiancés de l'Europe » célèbrent leurs fiançailles officielles, organisées par la mère et le beau-père de Romy à Morcote en Suisse, au bord du lac de Lugano, devant la presse internationale, sans planifier de date pour un éventuel mariage. Échappant à sa mère qui la chaperonnait jusque dans ses films, Romy part alors s'installer avec Delon à Paris. Elle y abandonne son éducation bourgeoise pour découvrir les soirées de la capitale, l'anticonformisme et une jeunesse qui méprise l'argent. La presse allemande ne lui pardonnera jamais cette « infidélité »[12],[23].
Alain Delon est en pleine gloire et tourne sans cesse tandis que Romy joue peu. Dans ses moments de déprime, elle rend visite à Marlène Dietrich qui devient sa confidente. Une complicité avec Jean-Louis Trintignant naît, en 1961, sur le tournage du Combat dans l’île d’Alain Cavalier. Ils auront plus tard une liaison pendant le tournage de Le Train (1973), interrompue une fois le film achevé[24].
Delon lui fait apprendre l'italien et rencontrer Luchino Visconti qui fait monter sur scène le couple dans Dommage qu'elle soit une putain en 1961. Après ce triomphe, le réalisateur italien lui donne un rôle dans un sketch de Boccace 70 en 1962. À la fin du tournage, Visconti lui glisse au doigt un anneau en bois incrusté de deux diamants et d'un saphir qui ne la quittera plus jusqu'à sa mort. Cette même année, elle monte pour la première fois sur les planches en Allemagne, au théâtre de Baden-Baden, où elle joue en français, avec une troupe française, la pièce La Mouette d'Anton Tchekhov. Fin 1962, elle est hospitalisée pour surmenage ; Alain Delon est à son chevet.
Les producteurs américains, séduits, surnomment l'actrice « la petite fiancée du monde » et lui font de nombreuses propositions[25]. La Columbia lui offre alors un contrat de sept ans (pour sept films et un cachet d'un million de francs pour chacun de ses rôles). En 1962, Romy s'installe à Hollywood, qu'elle quittera en 1965. Elle y tourne un premier film avec Otto Preminger, Le Cardinal qui est un succès. En 1963, elle reçoit la première récompense française de sa carrière, l'Étoile de Cristal de l'Académie du cinéma pour sa prestation dans Le Procès. Néanmoins, sur son deuxième film pour la Columbia, Prête-moi ton mari, elle découvre que les techniques de l'Actors Studio (ainsi que la machinerie implacable de l'industrie du spectacle aux États-Unis) sont bien différentes des siennes. Maladroite dans cette comédie, elle est envahie par le stress, le trac et les doutes, notamment personnels : des photos de Delon accompagné d'une jeune femme circulent dans la presse. Ainsi, la presse américaine la surnomme « Miss Worry » (« Mademoiselle l'inquiète »)[26] et la limite à des seconds rôles.
Elle rompt son contrat avec la Columbia et retourne à Paris après que son agent George Beaume lui a remis une lettre de rupture de quinze pages écrite par Alain Delon. Le 18 décembre 1963, elle trouve en rentrant dans leur hôtel particulier du 22, avenue de Messine quelques roses laissées sur la table du salon et un mot de son ex-fiancé : « Je suis à Mexico avec Nathalie. Mille choses. Alain » . Cette mise en scène est démentie par l'acteur[10]. Après cinq ans de passion orageuse, Alain Delon l'a ainsi quittée pour Francine Canovas, enceinte de leur fils Anthony. Romy est évidemment très affectée par cette rupture[27].
En juin 1964, Romy obtient la « Victoire du Cinéma français », récompensant la « meilleure actrice étrangère de l'année ». La même année, elle tourne L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot, film inachevé pour lequel elle change radicalement d'image et révèle son potentiel érotique[28].
Le , à l'occasion de l'inauguration du restaurant Blatzheim à l'Europa-Center de Berlin-Ouest, elle rencontre l'acteur et metteur en scène de théâtre de boulevard berlinois Harry Meyen, d'origine juive. Encore marié, il divorce : ils peuvent se marier le 15 juillet 1966 à Saint-Jean-Cap-Ferrat — Romy est déjà enceinte de cinq mois — et s'installent dans la Winkler Straße à Berlin-Grunewald. Schneider prévoyait de faire du théâtre à Berlin, un souhait qui ne s'est pas réalisé, malgré plusieurs rendez-vous avec Boleslaw Barlog et Fritz Kortner pour mettre en scène une pièce[29]. Entre février et mars 1966, Romy Schneider tourne La Voleuse à Oberhausen[30] et à Berlin, dans lequel elle joue en compagnie de Michel Piccoli pour la première fois. Elle tourne ensuite pendant l'été le polar franco-britannique La Fantastique Histoire vraie d'Eddie Chapman. Le 3 décembre 1966, à l'âge de 28 ans, Romy donne naissance à son premier enfant, David Christopher Meyen (Meyen étant le pseudonyme du père, David s'appelle en réalité Haubenstock, comme le mentionne son état civil). L’actrice se retire alors de la vie publique pendant une année et demie pour s'occuper essentiellement de son fils à Berlin.
Le 21 février 1967, le père de Romy Schneider meurt à Vienne d'un infarctus, à la suite d'un excès de trac, appréhension qui la fera elle aussi souffrir pendant toute sa carrière[31].
Vivant alors comme une épouse et une mère anonyme dans son appartement de la Winkler Straße à Berlin-Grunewald, sa carrière redémarre le jour où Jacques Deray lui offre, sur la suggestion d'Alain Delon, le rôle de Marianne dans La Piscine (1969), au cours duquel le couple Delon-Schneider se reforme dans la fiction ; ce n'est pas le cas dans la vie privée contrairement à ce qu'a pu suggérer la presse de l'époque[12].
En 1970, elle est la vedette principale, aux côtés de Michel Piccoli, du film dramatique de Claude Sautet Les Choses de la vie (Prix Louis-Delluc) qui lui assure une grande notoriété en France et marque le début d'une longue collaboration avec le metteur en scène (Max et les Ferrailleurs en 1971, César et Rosalie en 1972, Mado en 1976 et Une histoire simple en 1978). Le magazine Paris Match a célébré Romy à l'été 1971 : « Romy Schneider, 40 ans après Greta et Marlène, 15 ans après Marylin, le cinéma redécouvre une star[32]. » Femme engagée, elle se prononce pour l'avortement libre et gratuit en signant en Allemagne, dans le magazine Stern, l'équivalent du Manifeste des 343 publié en France dans Le Nouvel Observateur, ce qui lui vaut d'être inquiétée par le tribunal de Hambourg[33]. Elle sort à cette époque avec le producteur américain Robert Evans[10]. En 1972, elle se sépare de son époux Harry Meyen.
En 1973, pendant le tournage du film Le Train, elle vit une histoire d'amour intense avec son partenaire Jean-Louis Trintignant. Elle prendra fin trois mois plus tard, laissant l'actrice désespérée. Jean-Claude Brialy et Jacques Dutronc confirmeront l'importance de cette relation pour Romy Schneider, à qui Trintignant témoignera toujours son admiration et son affection[34].
En 1974, elle tombe dans une grave dépression après le tournage éprouvant de L'important c'est d'aimer d'Andrzej Żuławski et à la suite de sa liaison interrompue avec Jacques Dutronc, autre vedette du film[35]. Ressurgissent alors les vieux démons de l'alcool et des médicaments que le milieu artistique de Harry Meyen lui a fait découvrir. Malgré la surveillance de son secrétaire Daniel Biasini, elle parvient à obtenir ces médicaments par l'intermédiaire de Marlene Dietrich, qui les lui fait transmettre dissimulés entre les pages de quelques livres[36]. En outre, elle fume jusqu'à trois paquets de cigarettes par jour, ce qui dégrade rapidement sa santé[37].
Le divorce houleux — Harry Meyen lui réclame la moitié de sa fortune en échange de la conservation de la garde de leur fils David — est prononcé le à Berlin-Ouest en l'absence des deux intéressés. Le , elle épouse Daniel Biasini à Berlin. Le 31 décembre 1975, vers 18 heures, elle ressent de violentes douleurs au ventre. Elle fait une fausse couche, non pas à la suite d'un accident de voiture[38] (cet accident aura lieu en )[f], mais sans doute à cause d'un virus contracté au cours de l'extraction d'une dent de sagesse une semaine auparavant[39].
Le 21 juillet 1977, à l'âge de 38 ans, elle accouche prématurément d'une fille, la future actrice Sarah Biasini, à Gassin dans le Var. La césarienne l'a épuisée : elle reste une année entière auprès de sa famille puis reprend à nouveau le chemin des plateaux de cinéma. Ses rapports avec son mari se dégradent dès 1979 : Romy est souvent absente en raison de son métier et Daniel Biasini sort beaucoup la nuit. Elle part alors en vacances au Mexique seule avec Sarah mais, pendant son séjour, un télégramme adressé le 15 avril 1979 lui annonce le suicide à Hambourg de Harry Meyen, son ex-mari. Très affectée, elle rentre d'Acapulco pour assister à ses obsèques[40].
Elle divorce de Daniel Biasini en février 1981. La même année, sous la direction de Jacques Rouffio, elle commence le tournage de La Passante du Sans-Souci, que des incidents vont interrompre à plusieurs reprises. En , elle part comme tous les ans en cure de thalassothérapie à Quiberon. Elle s'y brise le pied gauche en sautant d'un rocher sur une plage, sous l'objectif du photographe Robert Lebeck. Le 23 mai, elle entre à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine pour une ablation du rein droit, à la suite de la détection d'une tumeur. Cependant, par l'intermédiaire de Claude Berri, elle rencontre le producteur Laurent Pétin, célibataire, plus jeune qu'elle, avec lequel elle entame une relation amoureuse. Laurent Pétin lui redonne confiance et elle peut achever le tournage du film de Jacques Rouffio.
Le , son fils David, qu'elle a eu avec Harry Meyen, âgé de quatorze ans, passe le dimanche à Saint-Germain-en-Laye[41] chez les parents de Daniel Biasini, (ex-beau-père de David). L'après-midi, vers 16 h 30, David est de retour à la maison mais le portail, haut de deux mètres, est clos. Pour ne pas déranger sa famille, il escalade le mur d'enceinte comme il en a l'habitude, mais perd l'équilibre et, dans sa chute, s’empale sur les pointes de métal de la grille : celles-ci lui perforent l'artère fémorale. Il meurt le soir même à l'hôpital. Des paparazzi, costumés en infirmiers, pénètrent dans le service funéraire pour photographier l'adolescent sur son lit de mort. Romy Schneider est anéantie : elle exprimera sa colère, quelques mois plus tard, dans une interview accordée à Michel Drucker diffusée dans l'émission Champs-Élysées en avril 1982 : « Que des journalistes se déguisent en infirmiers pour photographier un enfant mort… Où est la morale ? Où est le tact ? »[10].
Au matin du , Romy Schneider est retrouvée morte par son compagnon, Laurent Pétin, dans son appartement parisien du 11, rue Barbet-de-Jouy dans le 7e arrondissement. Elle avait 43 ans. La police retrouve sur son bureau une lettre inachevée (un mot d'excuse pour sa fille ayant la rougeole) pour décommander une séance de photographie et d'interview qui porte une longue rature, montrant que l'actrice a dû s'effondrer en l'écrivant. Le magistrat Laurent Davenas préfère classer l'affaire sans autopsie pour, dit-il, « ne pas casser le mythe »[42].
Quant à savoir si elle s'est réellement suicidée par barbituriques, s'il s'agit d'un abus accidentel de ces produits ou d'une mort naturelle, le journaliste Guillaume Évin affirmera ultérieurement qu'« elle ne s'est pas suicidée… mais est morte de ses excès »[43]. En 2012 (anniversaire des trente ans de sa disparition), Claude Pétin, amie intime de Romy et belle-sœur de Laurent Pétin, prétend que la mort de Romy Schneider était absolument naturelle et n'avait pas été causée par un abus de barbituriques et d'alcool, comme l’avait spécifié la presse à l'époque[44]. En 2018, à l'occasion de la sortie du film-biopic Trois jours à Quiberon, sa fille Sarah Biasini est très critique sur l'image que ce film donne de Romy Schneider (notamment sur les références à l’alcoolisme supposé de sa mère, omniprésentes dans le film) et affirme que sa mère n'a jamais eu de dépendance à l'alcool ou aux médicaments[45].
Portant symboliquement une étoile de David autour du cou, elle est inhumée le au cimetière de Boissy-sans-Avoir, commune de sa maison de campagne achetée peu de temps auparavant. Les invités funéraires étaient son frère Wolf-Dieter avec sa femme et sa fille, Gérard Depardieu, Jean-Claude Brialy, Michel Piccoli, Claude Sautet, Claude Lelouch, Jean Rochefort, l'ex-mari Daniel Biasini et Laurent Pétin. Le corps de son fils David, initialement enterré le à Saint-Germain-en-Laye, est transféré dans le caveau de sa mère[12].
À celle dont il dit qu'elle est le plus grand amour de sa vie, Alain Delon écrit sur un bout de papier : « Tu n'as jamais été aussi belle. Tu vois, j'ai appris quelques mots d'allemand pour toi : Ich liebe dich, meine Liebe. » (« Je t'aime, mon amour. »)[46]. Alain Delon n'est pas présent le jour de l'inhumation, ayant préféré se recueillir quelques jours après dans une plus grande discrétion. La mère de Romy Schneider est elle aussi absente (car hospitalisée pour problèmes cardiaques) ; elle meurt quatorze ans après sa fille[12].
L'Un contre l'autre est le titre du film qui devait réunir pour la quatrième fois à l'écran le couple Delon-Schneider. Simone Signoret devait également faire partie du casting. Le film, dont le coup d'envoi était prévu pour juillet 1982 et qui devait être réalisé par Pierre Granier-Deferre, est abandonné à cause du décès de Romy[47].
Le , lors de la 33e cérémonie des César, l'Académie des arts et techniques du cinéma décerne à titre posthume à Romy Schneider un Prix du souvenir, à l'occasion du 70e anniversaire de sa naissance. Alain Delon monte sur scène pour recevoir le prix et demande une ovation en l'honneur de l'actrice.
Durant le week-end du 29 au , sa tombe est profanée[48].
La carrière de Romy Schneider est marquée par deux orientations divergentes. La première est celle des années de jeunesse, sous l'influence de sa mère Magda qui l'impose comme la jeune héroïne allemande typique, fraîche et tumultueuse, dans des films pastoraux et romantiques : l'ère des Sissi.
La seconde, plus sombre et complexe, prend un véritable tournant par ses interprétations dans Le Procès d'Orson Welles et La Piscine de Jacques Deray. Cette période plus tardive est le fruit d'une collaboration, parfois compliquée, avec des cinéastes exigeants tels qu'Alain Cavalier, Joseph Losey, Claude Sautet, Luchino Visconti, Andrzej Żuławski, Bertrand Tavernier ou encore Costa-Gavras et Orson Welles.
Le prix Romy-Schneider est une récompense attribuée chaque année depuis 1984 à une comédienne, espoir du cinéma français et francophone.
Plaque de rue de la rue Romy-Schneider à Paris.
Plaque de rue de la Romy-Schneider-Gasse à Vienne.
La Romy-Schneider-Straße à Berlin-Haselhorst.
Romy Schneider a participé à la réalisation de plusieurs spots publicitaires télévisés, notamment pour le savon Lux en 1976 (ainsi que dans la presse) et la lessive Woolite en 1978.
Dans la presse, dans les années 1950, elle prête son image pour la marque d'automobiles allemandes DKW, les collants Ergee et l'appareil photographique Eura de la marque Ferrania.
.« Elle n'a jamais été dépendante aux médicaments ni à l'alcool [...] Sur un tournage, on fait une fête et on va boire [...] il ne faut pas partir sur des délires [...] Elle n'as pas le visage d'une femme marquée, abîmée par l'alcool et les médicaments [...] On ne peut pas dire n'importe quoi [...] J'aurais trouvé ça élégant [d'être consultée par les créateurs de ce film]. »
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