Roberto Alagna

Roberto Alagna
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Roberto Alagna en 2004 par le studio Harcourt (Paris).
Nom de naissance Alagna
Naissance (58 ans)
Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
Activité principale artiste lyrique
ténor
Style
Activités annexes crossover
Conjoint Angela Gheorghiu (1996-2013)
Aleksandra Kurzak (depuis 2015)
Site internet robertoalagna.net

Roberto Alagna, né le à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), est un ténor franco-italien[1],[2].

Biographie

Carrière

Né de parents siciliens immigrés en France, Roberto Francesco Alagna a toujours chanté de manière naturelle, de la variété en passant par les célèbres mélodies napolitaines et siciliennes, jusqu'au jour où il fait la rencontre du propriétaire d'un restaurant italien, Santo Di Geronimo, qui repère les capacités du chanteur amateur. Celui-ci lui offre alors des cours de chant, et le présente à Rafael Ruiz, contrebassiste et chanteur d'origine cubaine, également professeur de chant, qui fut un élève du grand ténor Aureliano Pertile, qui décide de lui transmettre le goût de l'art lyrique tout en lui enseignant les premiers rudiments du chant classique.

Par la suite, sa rencontre avec Gabriel Dussurget, créateur du festival d'Aix-en-Provence, puis avec la pianiste Elizabeth Cooper, sont déterminantes[3].

Jusqu'à l'âge de 22 ans, il se produit dans les cabarets parisiens. En 1985, il sort le 45 tours Embrasse-moi chez Eddie Barclay. Puis, après avoir remporté le concours Pavarotti en 1988, il débute comme ténor lyrique dans le rôle d'Alfredo Germont' de La traviata de Verdi. Sa carrière connaît un rapide essor, qui le conduit sur les principales scènes lyriques mondiales (Scala de Milan, Metropolitan Opera de New York, Royal Opera House de Londres, Opéra Bastille de Paris, etc.)[4].

Il compte de nombreux rôles à son actif et sa discographie est très étendue, concentrée sur des rôles en français et en italien[5], presque exclusivement dans le répertoire du XIXème siècle, Verdi, Puccini, Gounod, Berlioz, Massenet notamment.

Son timbre clair et juvénile à ses débuts, sa diction soignée conviennent particulièrement à certains rôles comme Roméo (Roméo et Juliette de Gounod), le duc de Mantoue (Rigoletto de Verdi) ou Edgard (dans la version en français de Lucie de Lammermoor de Donizetti). Il a fait également redécouvrir en français le Cyrano de Bergerac de Franco Alfano. Une des particularités qui ajoutent à la clarté de sa diction en français est que, contrairement à la tradition, il est un des rares chanteurs à ne pas rouler les « r ».

Son timbre se corse par la suite et il aborde de plus en plus souvent avec succès, des rôles plus lourds tout en restant pour l'essentiel dans le répertoire lyrique : Cavaradossi dans Tosca, Turiddu et Canio dans Cavaliera Rusticana et Pagliacci, Don José dans Carmen (où il est l'un des meilleurs ténors actuels dans ce rôle), Manrico dans le Trovatore, Calaf dans Turandot pour citer ceux dans lesquels il est le plus souvent engagé. Mais il abordera aussi des œuvres françaises moins connues dans les années 2015, comme Le Cid de Massenet, qui marquera ses débuts dans la salle Garnier de l'Opéra de Paris, Vasco de Gama de Meyerbeer au Deutsche Oper de Berlin, la Juive d'Halevy au Bayerische Staatsoper de Munich ou le Roi Arthus de Ernest Chausson dans la grande salle de l'Opéra de Paris à Bastille.[6]

Ses tentatives d'aborder le répertoire allemand n'ont pas encore abouti dans une représentation devant un public. mais un Lohengrin est finalement programmé au Staatsoper de Berlin pour . Il avait été pressenti par Christian Thieleman pour incarner Lohengrin au festival de Bayreuth aux côtés d'Anna Netrebko en 2018. Anna Netrebko renonça au projet près d'un an avant tandis que Roberto Alagna se retirait à son tour juste avant le début des répétitions, ne se sentant pas prêt à un rôle complexe, dans un répertoire qu'il n'avait jamais abordé (Wagner et le répertoire germanique en général), et dans une langue qu'il ne connaissait pas. Mais ce n'était que partie remise comme il l'avait lui-même annoncé.[7] Plusieurs représentations étaient programmées au Staatsoper de Berlin du 13 décembre 2020 à fin janvier 2021, dans une mise en scène du catalan Calisto Bieito, avec la Staatskapelle de Berlin sous la direction de Matthias Pintscher. L'épidémie de Covid bouleversa ce projet : les représentations en public furent annulées, mais Internet et la télévision sauva en partie cette production, qui put se tenir le 14 décembre, pour une unique représentation[8], à huit clos et avec gestes barrières[9] ! Elle put être retransmise en direct, notamment sur la chaîne Arte. Le site "Classiquenews.com" en fit un compte-rendu très élogieux pour Alagna, dans le rôle titre : "puissant, clair, tendu comme une lame d’acier, avec la maîtrise du vibrato requise et l’ardeur expressive qui sied à l’image du chevalier sauveur, Roberto Alagna incarne avec grande allure et vraie intensité, la figure droite, irradiante du chevalier prophétique..."[9]. D'autres critiques ont été plus nuancés : "le ténor français n'étant pas à son meilleur... en entrant pour la première fois dans l’univers mythologico-romantique de Lohengrin, considéré comme le plus italien des opéras de Wagner"[10]. Le Staatsoper de Berlin reprendra cette production fin 2021, mais il faudra attendre le 24 avril 2022 pour y retrouver le chanteur français dans le rôle titre, en compagnie de René Pape et Vida Miknevičiūtė[11].

Lors de la fête nationale française, le , il interprète La Marseillaise devant la tribune d'honneur. La même année, il enregistre un disque reprenant plusieurs airs et duos d'opérette (Roberto Alagna chante Luis Mariano), vendu à 400 000 exemplaires[12]. Depuis lors, comme fils spirituel du célèbre Luis Mariano, lui fut accolé le titre de "chanteur fou".

Des incidents et accidents ont parfois émaillé sa carrière de ténor star française et mondiale : ainsi le , le ténor quitte la scène de la Scala, à la fin du premier air d'Aïda ("Céleste Aida"), après avoir entendu des spectateurs émettre des sifflets et des huées[13]. Sa doublure, Antonello Palombi, encore en chemise et en jeans, reprend immédiatement le rôle de Radamès. Stéphane Lissner, qui dirige la Scala, lui fait savoir le lendemain qu'il n'est plus le bienvenu. Alagna se défend en évoquant le malaise physique qui se serait emparé de lui et attaque la direction de la Scala. Cet incident dont d'autres grands artistes seront victimes par la suite (notamment le ténor Piotr Beczala sifflé lors d'une Traviata), le conduira à ne jamais retourner à la Scala durant plus d'une bonne décennie. Il aurait du y faire son retour en juin 2020 dans Fedora avec la soprano star Sonya Yoncheva mais la pandémie de Covid-19 a conduit à l'annulation de toute la fin des saisons d'opéra.

L'opéra chez les Alagna, c'est aussi une affaire de famille : ainsi, en , il présente au théâtre des Champs-Élysées à Paris la création d'un opéra composé par son frère David Alagna et dont il a coécrit le livret avec ses deux frères : Le Dernier Jour d'un condamné d'après Victor Hugo. Cette œuvre sera notamment reprise à l'Opéra de Marseille[14]

Les chorégies d'Orange l'invite tous les ans pendant une décennie et il y remporte des succès notoires régulièrement. En , il chante Manrico du Trouvère de Verdi aux chorégies d'Orange où il chante tous les étés depuis 1998. Citons notamment Carmen en 2004 [15], Faust en 2008 avec une retransmission TV sur France 2 à heure de forte audience[16], Cavaliera Rusticana en 2016[17] ou Turandot[18] en 2012 et le Trouvère en 2015. Il annonce ensuite qu'il ne chantera plus au Chorégies d'Orange à qui il a beaucoup donné pour passer à d'autres projets, d'autres festivals notamment.[19]

Il était cependant programmé pour un grand retour en pour une séance de Samson et Dalila de Saint Saens, projet annulé par la pandémie de Covid[20].

En , il participe à Marseille avec Angela Gheorghiu à la création mondiale de Marius et Fanny, opéra composé par Vladimir Cosma d'après les œuvres de Marcel Pagnol.

Fin 2008, Roberto Alagna rend hommage à ses origines siciliennes à travers le disque Sicilien (vendu à 300 000 exemplaires). Dans ce disque, entièrement chanté en dialecte sicilien (sauf « Parla più piano », le thème du film Le Parrain), il reprend tous les plus grands standards du folklore insulaire.

Après la tournée du même nom, le ténor propose de visiter la Sicile à travers un documentaire intitulé La Sicile de Roberto Alagna. Ce documentaire constitue aussi bien un portrait autobiographique qu'une visite historique de Syracuse ; il s'apparente fortement au documentaire Italianamerican réalisé en 1974 par Martin Scorsese.

Vie privée

Roberto Alagna et Angela Gheorghiu au festival de Cannes 2006.

Avec sa première épouse, Florence, il a une fille, Ornella, née en 1992. Florence meurt en 1993 d'une tumeur au cerveau.

En 1996, il épouse la soprano roumaine Angela Gheorghiu avec laquelle il enregistre de nombreux disques et joue dans nombre d'opéras. En , celle-ci annonce sur son site[21] être séparée de son mari depuis deux ans et avoir engagé une procédure de divorce. Le couple se réconcilie[22],[23] mais début 2013, Angela Gheorghiu annonce leur divorce.

En 2014, Roberto Alagna a une deuxième fille, Malena, avec la soprano polonaise Aleksandra Kurzak qu'il épouse le à Wrocław (Pologne)[24].

Répertoire

Discographie

  • Chants sacrés (1996)
  • Tosca de Puccini (2001) avec Angela Gheorghiu et Ruggero Raimondi
  • Te Deum de Berlioz (2001), Marie Claire Alain, orgue, Dir. John Nelson
  • Lucie de Lammermoor de Donizetti (version française, 2002) avec Natalie Dessay et Ludovic Tézier
  • Carmen de Bizet (2003) avec Gheorghiu
  • Roberto Alagna chante Luis Mariano (2005)
  • Tenor (2006)
  • Viva Opéra ! (2006)
  • Credo - Airs sacrés (2007)
  • Sicilien (2008)
  • Le Jongleur de Notre-Dame de Massenet (2009)
  • Sicilien - Live (2009)
  • Hommage à Luis Mariano - C'est magnifique ! (2010)
  • Les Stars du classique (2010)
  • Pasión (2011)
  • Pasión Live (2012)
  • Robertissimo (2013)
  • Little Italy (2014)
  • Ma vie est un opéra (2014)
  • Noël (2015)
  • Malèna (2016)[26]
  • Puccini in love (2018) avec Aleksandra Kurzak
  • Caruso (2019)
  • Le Chanteur (2020)

Cinéma

Publications

Hommages et distinctions

.

Notes et références

  1. Roberto Alagna dispose de la double nationalité. Dans son autobiographie Je ne suis pas le fruit du hasard, au chapitre « Canonnier Alagna ! », il écrit :

    « À la différence de nombre de mes camarades qui considéraient cela comme une corvée, la perspective de faire mon service militaire ne me rebutait pas. Je considérais plutôt cela comme une expérience inédite, une façon aussi d'assumer ma toute nouvelle appartenance à la France, puisqu'à l'âge de dix-huit ans j'étais devenu français, tout en gardant ma nationalité italienne. »

  2. « Roberto Alagna - Vue globale », sur olyrix.com (consulté le 15 juillet 2017).
  3. Roberto Alagna, Je ne suis pas le fruit du hasard, op. cit.[source insuffisante]
  4. « Roberto Alagna - Lyricographie », sur olyrix.com (consulté le 15 juillet 2017)
  5. « L'atout du jeune ténor, sa tessiture mise à part, c'est sa double identité : Français de parents siciliens, on ne peut souhaiter mieux pour un répertoire modelé sur la fluidité vocale italienne, partagé entre Gluck et Bizet, Bellini et Massenet. » Dans Christian Leblé, « Roberto Alagna chante au Châtelet le Don Carlos de Verdi », Libération, 1er mars 1996.
  6. « Bronca et ola | Forum Opéra », sur www.forumopera.com (consulté le 7 octobre 2020)
  7. Stéphane Grant, « Roberto Alagna : « Je suis triste, mais soulagé de devoir renoncer aujourd’hui à Lohengrin au Festival de Bayreuth » », sur France Musique, (consulté le 7 octobre 2020)
  8. « Le premier, pour le moment l’unique, Lohengrin d’Alagna | JACQUELINE DAUXOIS » (consulté le 16 juillet 2021)
  9. a et b (en-US) Ernst Van Bek, « Compte-rendu critique, opéra (streaming). Berlin, le 14 déc 2020. Wagner : Lohengrin. Alagna. Bieito / Pintscher | Classique News » (consulté le 16 juillet 2021)
  10. Patrice Imbaud, « Roberto Alagna en Lohengrin à Berlin », sur ResMusica, (consulté le 16 juillet 2021)
  11. « Lohengrin | Staatsoper Berlin », sur www.staatsoper-berlin.de (consulté le 16 juillet 2021)
  12. « Roberto Alagna chante Luis Mariano (nouvelle édition) - Universal Music France », sur Universal Music France (consulté le 7 mars 2016).
  13. Article dans Le Monde, 12 décembre 2006.
  14. « LE DERNIER JOUR D'UN CONDAMNÉ | Opéra de Marseille », sur opera.marseille.fr (consulté le 7 octobre 2020)
  15. « Roberto Carmen, Chorégies d'Orange 2004, 31 July 2004 », Reviews, sur jcarreras.homestead.com (consulté le 7 octobre 2020).
  16. « Chorégies d'Orange: longueurs et langueurs de Faust », sur www.aqui.fr, (consulté le 7 octobre 2020)
  17. « Chorégies d'Orange : Roberto Alagna, Béatrice Uria Monzon et Georges Prêtre, une affiche rêvée », sur Franceinfo, (consulté le 7 octobre 2020)
  18. admin, « Turandot aux Chorégies d’Orange - Une saisissante réussite - Compte-rendu », sur Concertclassic, (consulté le 7 octobre 2020)
  19. « Roberto Alagna ne chantera plus à Orange », sur France Musique, (consulté le 7 octobre 2020)
  20. « Samson et Dalila - Chorégies d'Orange (2020) (Production - Orange, france) », sur Opera Online (consulté le 7 octobre 2020).
  21. (en) Site officiel d'Angela Gheorghiu.
  22. (en) « Angela Gheorghiu and her husband, tenor Roberto Alagna, are back together », Bucharest English Herald, 14 mars 2011[réf. nécessaire]
  23. (en)« Cultural village amphitheatre opens with inspiring concert », Gulf Times, 13 décembre 2011.
  24. « Aleksandra et Roberto se sont mariés », sur forumopera.com (consulté le 7 mars 2016).
  25. Christophe Rizoud, « Anathème ! », sur Forum Opéra, (consulté le 15 mai 2021).
  26. « Malèna de Roberto Alagna : un hommage intime à l'Italie », sur olyrix.com, (consulté le 15 juillet 2017)
  27. Premier chapitre sur le site des éditions Grasset .
  28. Décret du 21 mars 2008 portant promotion et nomination - Ministère de la culture et de la communication sur legifrance.gouv.fr.
  29. « Décret du 31 décembre 2020 portant promotion et nomination dans l'ordre national de la Légion d'honneur », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le 1er janvier 2021).

Voir aussi

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