Associé depuis la fin des années 1940 à l'art abstrait, il est particulièrement connu pour son usage des reflets de la couleur noire, qu'il appelle « noir-lumière » ou « outrenoir ». Il est l'un des principaux représentants de la peinture informelle.
Biographie
Enfance et découverte de l'art
Pierre Jean Louis Germain Soulages est né à Rodez, rue Combarel[a],[2],[3]. Il est le fils d'Amans Soulages, carrossier (fabricant de voitures à cheval)[4], et d'Aglaé Zoé Julie Corp[5]. Amans Soulages avait été marié une première fois avec Lucie Pélagie Galtier, décédée en 1902 quelques semaines après avoir donné naissance à leur premier enfant, Gaston Pierre Amans Soulages[6].
En 1926, Pierre est élève à l'institution Saint-Joseph, un pensionnat fondé et dirigé par les Frères des écoles chrétiennes[b] et perd son père malade[7] d'un cancer du pancréas[8]. Il est désormais élevé par sa mère et sa sœur Antoinette[2], de quatorze ans son aînée[9]. « J'ai été élevé par deux mères qui portaient le deuil[4]. Sa mère prend alors la charge d'un magasin d'articles de chasse et de pêche[4]. »
Dès son plus jeune âge, à Rodez, Soulages est fasciné par les vieilles pierres, les matériaux patinés et érodés par le temps, l'artisanat de son pays du Rouergue, passant beaucoup de temps dans les boutiques des artisans du cuir, du fer et du bois[10], et ses âpres paysages, particulièrement les Causses. Il a tout juste huit ans lorsqu'il répond à une amie de sa sœur aînée qui lui demande ce qu’il est en train de dessiner à l’encre sur une feuille blanche : un paysage de neige.
« Ce que je voulais faire avec mon encre, dit-il, c’était rendre le blanc du papier encore plus blanc, plus lumineux, comme la neige. C’est du moins l’explication que j’en donne maintenant[A 1]. »
À douze ans, alors qu'il est élève au lycée Foch, son professeur l'emmène, avec sa classe, visiter l'abbatiale Sainte-Foy de Conques[c],[2], où se révèlent sa passion de l'art roman et le désir confus de devenir un artiste[2]. En 1936, il obtient le 1er prix dans la catégorie « histoire de l'art ». Il reçoit aussi, par l'intermédiaire de publications, le choc émotionnel des peintures rupestres des grottes du Pech-Merle dans le Lot, de Font-de-Gaume en Dordogne, d'Altamira en Cantabrie (Espagne), puis de Lascaux en Dordogne (découverte en 1940). Plus tard, il accompagnera dans ses recherches l'archéologue Louis Balsan et découvrira lui-même, au pied d'un dolmen, des pointes de flèches et des tessons de poteries préhistoriques qui entrent au musée Fenaille de Rodez[2],[d] où il a été auparavant bouleversé par la collection des statues-menhirs datant du Néolithique (tout particulièrement la statue-menhir de la Verrière[11]).
À partir de 1934, Pierre Soulages commence à peindre quotidiennement, des paysages d’hiver, des arbres sans feuilles, noirs, se détachant sur des fonds clairs : « Ce qui m’intéressait était le tracé des branches, leur mouvement dans l'espace… »[A 1]. Après l'obtention de son baccalauréat, en , il part s'installer à Paris en septembre et s'inscrit à l'atelier privé du peintre et lithographe René Jaudon (au 25 passage d'Enfer à Paris 14e arrondissement[12]), qui le remarque : « Il faut viser le prix de Rome ! Toutes les audaces vous seront permises ! »[4]. Il peint notamment la toile Le Pont Neuf qui sera vendue une première fois dès 1940 puis adjugée aux enchères à Nîmes80 ans plus tard[13]. À la demande de son professeur, il se présente au concours d'entrée à l'École des beaux-arts. Il y est admis en mais est vite découragé par la médiocrité et le conformisme de l'enseignement qu'on y reçoit. Pendant ce bref séjour dans la capitale, il visite le musée du Louvre, le musée de l'Orangerie où il admire Les Nymphéas de Monet et voit, à la galerie Paul Rosenberg, des expositions de Cézanne et Picasso qui sont pour lui des révélations, l'incitant à regagner Rodez pour se consacrer pleinement à la peinture.
D' à , il prépare le professorat de dessin à l'École des beaux-arts de Montpellier où il rencontre Colette Llaurens (née le )[15], qu'il épousera le de la même année à l'église Saint-Louis de Sète[17]. Réfractaire au STO, il obtient de faux papiers et devient régisseur dans le vignoble du mas de la Valsière à Grabels[D 1]. Il fait alors la connaissance de l'écrivain Joseph Delteil, qui croit en lui dès les premiers instants. Ce dernier lui dira : « Vous peignez avec du noir et du blanc, vous prenez la peinture par les cornes, c'est-à-dire par la magie[D 1]. »
Au début de 1943, il rencontre également Sonia Delaunay qui l'initie à l'art abstrait[18].
En , mobilisé à nouveau au moment de la Libération, il se rend à Toulouse où il se lie avec Vladimir Jankélévitch et son beau-frère Jean Cassou, qui deviendra l'un des premiers défenseurs de son œuvre. Démobilisé à la fin de cette même année, il retourne à la Valsière[D 1]. Entre 1942 et 1945, il n'aura quasiment pas peint[E 1].
L'après-guerre
Premières expositions
Le , Pierre Soulages s'installe dans la banlieue parisienne (à Courbevoie, au no 3 de la rue Saint-Saëns[D 1]) et se consacre désormais entièrement à la peinture. Rompant définitivement avec la figuration[G 2], il commence à produire des œuvres sur papier, utilisant le fusain ou le brou de noix, et de grandes toiles sombres[B 1], refusées au Salon d'automne de 1946. Sur les conseils de son ami peintre Francis Bott[G 2], il en expose trois au quatorzième Salon des Surindépendants (un salon sans jury) d'octobre à [2],[19], où celles-ci, d'une « impressionnante symphonie de sombres coloris »[20], contrastent avec les autres toiles présentées, compositions colorées des peintres Roger Bissière, Jean Le Moal ou Alfred Manessier qui dominent à l'époque : « Avec l’âge que vous avez et avec ce que vous faites, vous n’allez pas tarder à avoir beaucoup d'ennemis », le prévient alors Picabia[2],[21],[22] (rencontré un peu plus tard à la Galerie René Drouin), qui qualifie néanmoins une de ses œuvres de « meilleure toile du Salon »[D 1],[21],[f]. En , il trouve un atelier à Paris, au no 11 bis de la rue Victor-Schœlcher, près de Montparnasse[D 1],[g] (il occupera plusieurs ateliers dans la capitale ainsi qu'à Sète, sur les pentes du Mont Saint-Clair, à partir de 1961[23]).
À partir de 1948, il expérimente la technique du goudron sur verre[19],[h]. Il participe à des expositions à Paris (« Prises de terre, peintres et sculpteurs de l'objectivité » à la galerie René Breteau en février[i], troisième Salon des réalités nouvelles en juillet[j]) et en Europe, notamment à « Grosse Ausstellung Französische abstrakte Malerei » (un de ses brous de noix, traité en négatif, sert d'ailleurs d'affiche à l'exposition) organisée en novembre[19] par le collectionneur Ottomar Domnick(de), dans plusieurs musées allemands, aux côtés des premiers maîtres de l'art abstrait comme Del Marle, Domela, Herbin, Kupka, Piaubert, etc.
Début de notoriété
En , il obtient sa première exposition personnelle à la galerie Lydia Conti à Paris et participe pour la première fois au Salon de mai (il y participera jusqu'en 1957) ; il expose également à la galerie Otto Stangl de Munich, à l'occasion de la fondation du groupe Zen 49, ainsi qu'à la galerie Betty Parsons de New York, en compagnie de Hans Hartung et Gérard Schneider, pour l'exposition intitulée Painted in 1949, European and American Painters[24]. La même année, le musée de Grenoble acquiert une de ses œuvres, Peinture 145 × 97 cm, , la première à entrer dans une collection publique[25].
En , Samuel M. Kootz(en), le marchand d'art de Picasso aux États-Unis, contacte Soulages et organise dans sa galerie new-yorkaise sa première exposition personnelle Outre-Atlantique[D 1]. L'année suivante, le peintre participe à la première documenta à Cassel en Allemagne.
En 1965, à la demande du musée Suermondt-Ludwig d'Aix-la-Chapelle, Soulages réalise son premier vitrail[29], mosaïque de verres éclatés offrant un dégradé de bleu qui « crée des différences de lumière et de couleur »[29].
En 1968, il crée une œuvre murale en céramique commandée par les propriétaires du One Oliver Plaza, un immeuble à Pittsburgh. Composée de 294 carreaux de céramique formés à la main (28 × 28 cm), la pièce monumentale (3,92 × 6,16 m) est réalisée avec Jean Mégard (à Puyricard). Intitulée , elle prend place dans le hall du building[G 3] (en 2010, la pièce est restaurée et réinstallée dans la Soulages Gallery du Butler Institute of American Art de Youngstown dans l'Ohio[G 3]).
Lors des Jeux olympiques de Munich en 1972, Soulages est retenu parmi les « meilleurs artistes de l'époque » pour réaliser une affiche[D 1]. Entre le printemps 1972 et le début de 1974, Soulages ne peint pas, première longue pause dans son œuvre sur toile[F 1]. Il se remet à l'eau-forte, à la lithographie et aborde pour la première fois la sérigraphie.
Au printemps 1974, il aménage son nouvel atelier au no 14 de la rue Saint-Victor (quartier Saint-Victor), au deuxième étage d'un immeuble du XVIIIe siècle.
En , lors d'un travail sur une toile, Soulages ajoute et retire du noir : « Depuis des heures, je peinais, je déposais une sorte de pâte noire, je la retirais, j'en ajoutais encore et je la retirais. J'étais perdu dans un marécage, j'y pataugeais. Cela s'organisait par moments et aussitôt m'échappait »[31]. Ne sachant plus quoi faire, il quitte l'atelier, désemparé. Lorsqu'il y revient deux heures plus tard : « Le noir avait tout envahi, à tel point que c'était comme s'il n'existait plus »[32]. Cette expérience marque un tournant dans son travail. La première toile recouverte intégralement de noir est Peinture 162 × 127 cm, , conservée au musée Fabre de Montpellier[G 4].
À l'automne de la même année, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou organise Soulages, peintures récentes, qui expose ses premières peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir, qu'il appellera en 1990 outrenoir : « au-delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir. Outrenoir : noir qui cessant de l'être devient émetteur de clarté, de lumière secrète. Outrenoir : un autre champ mental que celui du simple noir »[D 1].
Consécration
En 1984, Soulages reçoit une commande publique pour la réalisation de deux tapisseries destinées à orner une salle du nouveau bâtiment du ministère des Finances. Attelé au projet dès 1985 au sein de la manufacture de la Savonnerie, il livre deux cartons peints au brou de noix puis, l'année suivante, met au point avec les teinturiers les différents tons qu'il désire voir rendus. Les tapisseries Savonnerie I, 4,30 × 10,75 m, 1985 et Savonnerie II, 4,30 × 10,75 m, 1985 sont terminées et livrées en 1991.
Extérieur de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques avec les vitraux de Soulages.
En 1986, il se voit confier par le ministère de la Culture, mené alors par Jack Lang, une commande exceptionnelle. Sept années de travail, en collaboration avec l'atelier du maître-verrier Jean-Dominique Fleury à Toulouse, lui sont nécessaires pour réaliser les 104 vitraux pour les 95 fenêtres et neuf meurtrières de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques (en remplacement de ceux posés en 1952). De nombreuses recherches sur la matière ont lieu et aboutissent à la création d'un verre unique, blanc et translucide, composé de grains de verre aggloméré et de verre cristallisé, diffusant ainsi la lumière à l’intérieur de l'édifice, tout en occultant ce qui se passe à l’extérieur[33]. Les nouveaux vitraux sont inaugurés le en présence du ministre de la Culture, Jacques Toubon[34].
En 2004, il abandonne l'usage de la peinture à l'huile pour celui exclusif de l'acrylique qui, riche de nouvelles possibilités quant à la réflexion de la lumière (effets de matière beaucoup plus importants et possibilité de contrastes mat/brillant), permet de modeler l'épaisseur, sèche assez rapidement sans craqueler même lorsque la couche est profonde[35]. À partir de cette année-là, Soulages inaugure ce que Pierre Encrevé nomme la « seconde période de l'outrenoir »[36].
En 2019, le Louvre rend un hommage au peintre pour son œuvre. C'est le troisième peintre à qui un tel honneur est rendu de son vivant, après Chagall (en 1977) et Picasso (en 1971)[37].
Le lendemain de son décès, les hommages du monde artistique et politique se multiplient. Le président Emmanuel Macron rend hommage à ses œuvres, « métaphores vives où chacun de nous puise l'espoir » tandis que la ministre de la CultureRima Abdul-Malak déclare que la mort du peintre « qui a toujours repoussé les frontières de la peinture […] est une grande perte pour le monde de l'art et la France »[41]. François Hollande, Carole Delga, Xavier Bertrand, Élisabeth Borne et Michaël Delafosse, maire de Montpellier où une annexe du musée Fabre lui est consacré, lui rendent également hommage[42]. En hommage au peintre, le musée Soulages à Rodez et le musée Fabre à Montpellier ont été ouverts gratuitement le dimanche 30 octobre[43].
Soulages a choisi l'abstraction, car il dit ne pas voir l'intérêt de passer « par le détour de la représentation […]. Je ne représente pas, dit-il, je présente. Je ne dépeins pas, je peins »[A 1]. Son approche picturale n'est pas celle de choix prédéfinis mais s'élabore dans la peinture en train d'être « faite » et dans les interactions entre le peintre et sa réalisation lors du processus de création, dans les rapports aux formes, proportions, dimensions, couleurs[46],[47], etc. À ses débuts, sa peinture est proche du style abstrait d'Hans Hartung, avec une palette restreinte dont les effets de clair-obscur sont perceptibles, y compris en transparence.
« Des anciens brous de noix et goudrons sur verre à ces outrenoirs récents, le parcours artistique de Pierre Soulages décrit un imprévisible chemin d'aventure et de renouvellement, et, en même temps, affirme une fidélité rigoureuse à une même quête celle d'un art, dit-il, « qui ne transmet pas de sens, mais fait sens […], qui est avant tout une chose qu'on aime voir, qu'on aime fréquenter, origine et objet d'une dynamique de la sensibilité ». »
— Bruno Duborgel, in Soulages, dix-neuf peintures au Louvre, Bernard Chauveau Éditeur, 2020
Périodes et techniques
Le critique d'art Pierre Wat distingue cinq cycles, avant 1979, en fonction des techniques ou des matières employées ainsi que des variations de forme et de fond modifiant les caractéristiques des œuvres (formats, effets visuels)[E 2]. Ces cycles, dans une logique de l’exploration et de l’épuisement des moyens, étant chaque fois une nouvelle tentative de réponse à l'interrogation originelle du peintre sur le rapport entre matière, couleur et forme[E 2].
1946-1949
Sur papier blanc[n], Soulages vient appliquer sa préparation au brou de noix (à l'origine destiné à teinter le bois) avec de larges brosses et trace des formes sombres, graphiques, parfois qualifiées de « signes », qui se détachent nettement du fond clair. La forme faisant écho à la lumière du fond[E 2].
« Un graphisme simple, viril, presque rude, des harmonies sombres et chaudes, un sens naturel de la pâte et des possibilités spécifiques de la peinture à l’huile, et surtout, peut-être un son à la fois humain et concret, voilà l’apport de Soulages à la peinture abstraite. »
Les formes-signes, pourtant dépourvues de signification, rappellent un semblant d'écriture cunéiforme. Elles dialoguent avec des fonds colorés non uniformes, créant ainsi des effets de clair-obscur. La forme sombre se transforme, les bandes de couleur s'élargissent, le contraste se fait sur des accords moins binaires. Le signe tend à disparaître au profit du rythme (agencement d'horizontales et de verticales)[E 2].
« Venant d'un fond qui laisse apercevoir ses trouées de clarté entre les membres plus sombres d'une forme nouée, la lumière non seulement crée l'espace, mais, sans modeler à proprement parler la forme, la définit, l'écrit, l'installe, et souligne ses noirceurs d'une sorte de frange colorée. »
— Bernard Dorival, in Pierre Soulages, catalogue d'exposition, Paris, musée national d'art moderne, 1967
1956-1963
À partir de 1959, la couleur (le blanc, le rouge ou le bleu), est posée sur la toile en premier, avant d'être recouverte d’un noir épais. Ce n'est que dans un troisième temps, celui de l'arrachage de matière, nommé parfois « raclages » et obtenu par des outils plus larges, que le peintre fait réapparaître (il creuse au couteau la peinture fraîche) une partie de la couleur, sous le noir[E 2].
« À l'intérieur d'une gamme colorée certes réduite, privilégiant les terres, les ocres, les noirs, Soulages use maintenant volontiers d'effets de clair-obscur. Il fait apparaître une couleur plus claire par arrachement, raclant plusieurs couches de peinture pour révéler des couches inférieures. Par le jeu des opacités et des transparences, il fait sourdre la couleur-fond, et, venue de si loin, la lumière n'en paraît que plus intense. »
— Alfred Pacquement, in Soulages, catalogue d'exposition, Tokyo, The Seibu Museum of Art, 1984
1963-1971
Le raclage disparaît presque complètement, la matière colorée devient plus fluide, les formes traitées en aplats s'étalent en largeur. Le tableau Peinture 256 × 202 cm, (sur un fond brossé ocre clair transparent, la toile est partiellement envahie par une nappe noire très fluide qui efface tout geste de dépose), Peinture 97 × 130 cm, ou encore Peinture 162 × 130 cm, sont emblématiques de cette période.
« Voyez à l’exposition tous ces rouges, ces bleus, ces ocres qui, même dans les dernières toiles presque entièrement recouvertes d'une énorme tache
noire, éclatent, fusent, transpercent l'obscurité et semblent ramper sous la sombre écorce. »
À partir de 1968, le peintre délaisse la couleur et ne travaille plus qu'avec le noir et le blanc, le noir ayant tendance à occuper une place de plus en plus importante dans la toile dont le format s'agrandit[E 2].
« J'ai commencé à faire une série de peintures en noir sur blanc, retournant à un ascétisme cistercien. J'ai senti personnellement le besoin profond, l'exigence de ce retour. »
Autre changement notable : les formes ordonnées et répétées, comme une écriture horizontale, à lire de gauche à droite. Par ce rythme, cette scansion musicale, l'artiste introduit dans son œuvre la dimension du temps[36].
1972-1978
Retour du travail sur papier : eau-forte, lithographie et sérigraphie[F 1]. Soulages fait revivre trois plaques de cuivre préalablement utilisées pour leur empreinte sur le papier : elles sont agrandies, moulées, fondues et pliées[G 5]. Il en résulte trois bronzes, polis ou creusés directement par l'artiste : Bronze I (1975), Bronze II (1976) et Bronze III (1977), pièces uniques tirées à trois ou cinq exemplaires[G 5].
« La planéité ayant disparu, il y avait des sortes d'ondulations que je pouvais ou renforcer en les polissant, ou creuser même en les attaquant directement. J'ai joué avec la lumière qui brillait sur les surfaces lisses et l'ombre qui était là, fixe, à l'endroit qui correspondait à ce que j'avais gravé autrefois sur le cuivre. »
Après 1979, ses tableaux font beaucoup appel à des reliefs, des entailles, des sillons dans la matière noire qui créent à la fois des jeux de lumière et de couleurs. Car ce n'est pas la valeur noire elle-même qui est le sujet de son travail, mais bien la lumière qu'elle révèle et organise : il s'agit donc d'atteindre un au-delà du noir, d'où le terme d'outre-noir utilisé pour qualifier ses tableaux depuis la fin des années 1970 ; d'où aussi l'utilisation du qualificatif « monopigmentaire » de préférence à celui de « monochrome » pour qualifier sa peinture. Soulages évoquera « un basculement » pour signifier que ce n'est pas une rupture radicale avec le passé mais davantage une « rupture avec la conception classique de la peinture » qui s'efforce d'éliminer le reflet, contrairement à ses outrenoirs[G 6].
« Ses toiles géantes, souvent déclinées en polyptyques, ne montrent rien qui leur soit extérieur ni ne renvoient à rien d'autre qu'elles-mêmes. Devant elles, le spectateur est assigné frontalement, englobé dans l’espace qu’elles sécrètent, saisi par l’intensité de leur présence. Une présence physique, tactile, sensuelle et dégageant une formidable énergie contenue. Mais métaphysique aussi, qui force à l’intériorité et à la méditation. Une peinture de matérialité sourde et violente, et, tout à la fois, d'« immatière » changeante et vibrante qui ne cesse de se transformer selon l'angle par lequel on l'aborde. »
L'outrenoir présente une variété d'effets : utilisation de couleurs comme le brun ou le bleu, mêlées au noir ; utilisation du blanc en contraste violent avec le noir et du blanc sur l'entière surface de la toile.
« Dans la proximité de l'outrenoir, le bleu vient renforcer cette transmutation du noir en lumière. Il ne s'agit plus alors d'un accord entre noir et bleu, mais au contraire, pour Soulages, d'un rapport tonal, d'une véritable continuité chromatique entre le bleu, l'outrenoir et la lumière qu'il réfléchit : la lumière naturelle est bleue et c'est pourquoi la couleur bleue va créer une continuité entre le noir et la lumière qu'il reflète. »
Le travail de la lumière par reflet se fait au départ, et pendant un certain nombre d'années, sur l'opposition parties lisses/parties striées mais, assez rapidement, il n'y a plus que des stries. Entre 1999 et 2001, le contraste noir et blanc fait son retour[E 3] mais sous une forme radicalement neuve[E 4]. Apparaissent aussi des panneaux entièrement lisses avec, dans le courant des années 2000, la coexistence d'un noir mat et d'un noir brillant[E 3],[E 4]. Il y a en outre une grande diversité sur le plan de l'approche de la surface, des formats (recours aux polyptyques, surtout verticaux) et dans la structure formelle[E 5].
« Depuis 2004, Soulages ne travaille plus avec de l'huile mais avec des résines autorisant des épaisseurs qu'il n'avait jamais atteintes ; sur une surface noire unie, brillante, émettrice d'une clarté apaisée, il grave un à un des sillons de plus en plus profonds rythmant l'espace de la toile, de larges entailles sensuelles provoquant une émotion troublante dans la grandeur majestueuse d'un silence proprement pictural. »
— Pierre Encrevé, in 90 Peintures sur toile, Gallimard, 2007
Œuvre gravé et imprimé
L'œuvre imprimé de Soulages est rare, limité à 43 gravures, 49 lithographies, 26 sérigraphies, soit 118 œuvres[F 1], avec des tirages allant de 65 à 300 exemplaires. Si les premières œuvres sont directement liées à des peintures sur toile ou sur papier, les suivantes sont sans lien avec ses peintures antérieures ou à venir. Soulages utilise alors la gravure comme un moyen d'expression à part entière, créant des œuvres qui tirent parti des spécificités de chaque technique de gravure.
Œuvres sur papier
Réalisées à l'aide de différents médiums (l'encre de Chine, la gouache, le brou de noix ou encore le fusain), ces œuvres constituent un ensemble unique au sein de sa production, qui s'étend des années 1940 aux années 2000. Elles ont fait l'objet d'une exposition en 2018-2019 au musée Soulages de Rodez, intitulée Pierre Soulages, œuvres sur papier - Une présentation et réunissant cent dix-sept d'entre elles.
Soulages a réalisé plus de 1 700 toiles[48] dont les titres sont pour la plupart composés du mot « peinture » suivi de la mention du format[o].
Hommages et cote
Il est l'une des personnalités à l'origine de la création de la chaîne de télévision Arte[49],[50].
Un timbre-poste Pierre Soulages est émis en France en 1986[51].
Le compositeur Gilles Racot compose une pièce en 1987, Noctuel, ou Hommage à l'œuvre de Pierre Soulages, pour basson et bande.
Il est le premier artiste vivant invité à exposer au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg (), puis à la galerie Tretiakov de Moscou (septembre de la même année). À partir de 2002, il est même le seul peintre vivant à avoir une toile conservée en Russie : Peinture 220 × 324 cm, , acquise par le musée de l'Ermitage et exposée au quatrième étage du bâtiment de l'État-Major, salle 444[G 7].
En 2007, le musée Fabre de Montpellier lui consacre une salle pour présenter la donation faite par le peintre à la ville. Cette donation comprend vingt tableaux de 1951 à 2006, parmi lesquels des œuvres majeures des années 1960, deux grands outre-noir des années 1970 et plusieurs grands polyptyques.
Lors de l'exposition temporaire en 2012-2013 intitulée Soulages XXIe siècle, le musée des Beaux-Arts de Lyon acquiert trois toiles qui figurent dans l'espace permanent des peintures contemporaines.
En 2022, la maison horlogère suisse Baume & Mercier réalise une montre hommage à Pierre Soulages de la collection « Hampton », inspirée librement d'un Outrenoir, Peinture 390 × 130 cm, , produite à la demande, dans la limite de 102 pièces (en écho à l'âge de l'artiste) et individuellement numérotée[54].
90 ans au Centre Pompidou
À l'occasion de son 90e anniversaire, le Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou présente du au la plus grande rétrospective jamais consacrée à un artiste vivant par le Centre depuis le début des années 1980, avec plus de 2 000 m2 d'exposition[55]. Malgré trois semaines de fermeture en raison d'une grève du personnel, l'exposition reçoit 502 000 visiteurs, se classant en quatrième position des expositions les plus fréquentées de toute l'histoire du Centre Pompidou. Parallèlement, le musée du Louvre expose la même année une toile de l'artiste, Peinture 300 × 236 cm, , dans le Salon Carré de l'aile Denon[56].
100 ans au Louvre
À l'occasion de son 100e anniversaire[57],[58], le musée du Louvre présente du au une rétrospective dans le Salon Carré de l'aile Denon avec des toiles empruntées notamment au MoMA de New York, la Tate Modern de Londres ou la National Gallery of Art de Washington ainsi que des œuvres récentes de l’artiste[59],[60]. Pour cet événement, il a créé en août et trois nouvelles toiles (Peinture 390 × 130 cm, , Peinture 390 × 130 cm, et Peinture 390 × 130 cm, )[61], peintures verticales de grand format pensées uniquement pour cette exposition et en fonction de l’espace qui leur était réservé[62]. Le peintre devient ainsi, après Chagall et Picasso, le troisième artiste à connaître de son vivant l'hommage d'une rétrospective au Louvre[61].
Commentaires
Selon le critique d'art Jacques Bouzerand, « il figure parmi les 10 ou 15 noms de nos deux siècles (XXe et XXIe siècles) qui compteront à jamais dans l'histoire mondiale de l'art[63]. »
En 2014, François Hollande le décrit comme « le plus grand artiste vivant dans le monde »[64].
Dès le début des années 1980, la cote de Soulages affiche des enchères supérieures à 100 000 francs et, en 1986, elle enregistre un score à plus de 500 000 francs. C'est ensuite l'enchère historique de 264 000 livres (soit 2,65 millions de francs de l'époque), prononcée en à Londres sur un grand format de 1961[65].
Au cours de l'année 2021, ses œuvres vendues aux enchères atteignent un produit de ventes historique de 55,6 millions de dollars. Soulages se classe alors comme le 34e artiste le plus performant des enchères au niveau mondial, toutes époques de création confondues[66].
Depuis juillet 2006, et la vente par Sotheby's Paris d'une huile sur toile de grand format datant de 1959 pour 1,35 millions de dollars[68] (à l'époque, un record mondial pour l'artiste[69]), 80 toiles du peintre français ont dépassé le million de dollars en salles des ventes[66].
Peintre français vivant le plus cher (à sa mort)
Le , sa toile, Peinture 130 × 162 cm, , s'est vendue à 2,85 millions de dollars (2 millions d'euros) à Paris[68].
Le , après que sa toile, Peinture, , s'est vendue à 4,3 millions de livres (5,1 millions d'euros) à Londres, il devient l'artiste français vivant le plus cher aux enchères[70].
Le , sa toile Peinture 162 × 130 cm, s'est vendue à 6,1 millions d'euros à Paris, devenant ainsi son œuvre la plus chère aux enchères[71].
Le , après que sa toile, Peinture 186 × 143 cm, s'est vendue à 11 millions de dollars, soit 9,2 millions d'euros, (battant le record de l'année précédente) à New York, il devient le premier artiste français vivant à dépasser les dix millions de dollars, intégrant ainsi un club très fermé[72].
Le , sa toile, Peinture 146 × 114 cm, s'est vendue à 5,5 millions de livres (6,48 millions d'euros) à Londres[73].
Le , sa toile, Peinture 200 × 162 cm, s'est vendue à 9,6 millions d'euros à Paris[74], surpassant le précédent record.
Le , sa toile, Peinture 195 × 130 cm, s'est vendue à 20,2 millions de dollars (17,8 millions d'euros) à New York, dépassant largement le record établi en 2019[75].
Après sa mort
Le , le jour même où se déroule au musée du Louvre l'hommage solennel à Pierre Soulages, un tableau de l'artiste (Peinture 102 × 81 cm, ) est adjugé pour 960 000 euros (hors frais) par la maison Aguttes à Neuilly-sur-Seine[76],[77]. L'acquéreur est un collectionneur privé français[76]. Les dimensions réduites de cette œuvre expliquent ce montant relativement peu élevé[77]. Il s'agit de la première vente d'un Soulages depuis la mort de l'artiste[77].
Le , sa toile Peinture 92 × 65 cm, , issue de la collection de David Solinger(en), s'est vendue à 2 millions de dollars (hors frais) par Sotheby's à New York, dépassant largement l'estimation de départ[78].
Ce musée abrite à Rodez la plus grande collection au monde de l'artiste. Pierre Soulages accepte en 2005 de léguer plus de 500 œuvres regroupant toutes les techniques employées au cours de sa carrière : peintures, eaux-fortes, sérigraphies, lithographies ainsi que les ébauches des travaux des vitraux de l'abbaye de Conques. Cette donation est complétée par les cessions de 2012[79] et 2020[80].
Le musée consacre 500 m2 de son espace d'expositions temporaires à d'autres artistes[81]. L'artiste pose lui-même la première pierre du musée le . Son inauguration a lieu le .
Principales collections publiques
Aujourd'hui, plus de 230 de ses œuvres se trouvent dans 110 musées de par le monde[82].
Conques, les vitraux de Soulages, préface de Georges Duby, textes de Christian Heck et Pierre Soulages, Éditions du Seuil, 1993
Noir lumière, entretiens avec Françoise Jaunin, Lausanne, éd. La Bibliothèque des arts, 2002
De la pertinence de mettre une œuvre contemporaine dans un lieu chargé d'histoire, entretiens avec Jacques Le Goff, préface de Xavier Kawa-Topor, photographies Pascal Piskiewicz, Le Pérégrinateur Éditeur, Toulouse, 2003
Outrenoir, entretiens avec Françoise Jaunin, Lausanne, éd. La Bibliothèque des arts, 2012
Conversation avec Roger-Pierre Turine, Éditions Tandem, 2014
Paroles d’artistes, Fage éditions, 2017
L'Intériorité dans la peinture, entretiens avec Anne-Camille Charliat, Paris, Éditions Hermann, 2019
Livres d'artiste
Dépaysage, recueil de poèmes de Jean-Clarence Lambert, illustrations de Pierre Soulages, Falaize, 1959
Sur le mur d'en face, texte et sérigraphies originales de Soulages dont 3 hors-texte signées et numérotées, tirage limité à 75 exemplaires, Paris, FB Éditions,
Notes et références
Notes
↑Cette maison de trois étages située au no 4 de la rue Combarel est acquise en 2014 par la communauté d'agglomération du Grand Rodez qui souhaite en faire une résidence d'artistes.
↑Cette institution catholique, fondée en 1745, perdure encore de nos jours.
↑C'est en fait sa seconde visite à l'abbatiale Sainte-Foy ; la première avec sa mère ne lui avait pas donné d'inspiration. Cette seconde visite est déterminante :
« Je suis revenu par la suite avec un professeur du lycée et là, j'ai véritablement découvert l'espace intérieur de cette abbatiale. C'est ce jour-là que je me suis dit que je voulais être peintre, et non architecte. Ma sœur […] m'a offert une boîte de couleurs. Elle avait beau me dire : « C'est joli les couleurs », je préférais dessiner avec l'encre des encriers. »
↑Une étiquette le mentionne parmi les membres d'une équipe ayant fait don des résultats des fouilles d'un dolmen de la région.
↑« Il y avait aussi Zurbarán avec sa Sainte Agathe jaillie de la pénombre et ses seins sur un plateau de métal, Campaña avec sa ténébreuse Descente de croix pyramidale sur un ciel clair. » cité par Pauline Mérange dans la revue Cimaise no 293, .
↑En 1955 et jusqu'à sa mort en 1986, Simone de Beauvoir y habitera, juste à l'étage au-dessous.
↑Trois sont aujourd'hui conservés : Goudron sur verre 45,5 × 76,5 cm, 1948-1, Goudron sur verre 45,5 × 45,5 cm, 1948-2 et Goudron sur verre 76,5 × 45,5 cm 1948-3.
↑Soulages y expose la toile Peinture 100 × 81 cm, .
↑cité in : Les couleurs du noir : entretien avec Pierre Soulages, catalogue d'exposition, Lausanne, Galerie Alice Pauli, 1990, p. 13.
↑cité in : Pierre Soulages, Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 52.
↑Christian Heck, Pierre Soulages, Jean-Dominique Fleury, Conques : les vitraux de Soulages, photographies de Vincent Cunillère, préface de Georges Duby, Paris, Seuil, 1994, 115 p. (ISBN9782020225939).
↑Jean-Michel Meurice, La véritable histoire des origines d'ARTE par l'un de ses créateurs, Article paru dans la revue Télévision no 2, CNRS Éditions, 2011, p. 35 à p. 51.
Pierre Encrevé, Soulages. Les Peintures. 1946-2006, Paris, Seuil, 2007 (réédition des trois premiers volumes du précédent ouvrage, augmentée d'un chapitre concernant la période 1998-2006, mais avec beaucoup moins de reproductions)
Pierre Encrevé, Soulages, l'œuvre imprimé, Paris, BnF éditions, 2003, réédition en 2011 (catalogue raisonné de l'intégralité de l'œuvre imprimé dans les trois techniques de l'estampe : gravure, lithographie et sérigraphie)
Pierre Encrevé, Soulages, les papiers du musée, Paris, Gallimard, 2014
Benoît Decron, Œuvres sur papier, Rodez, Musée Soulages, 2018, réédition en 2022
Raymond Bayer, Entretiens sur l'Art abstrait, Genève, Pierre Cailler, 1964
Bernard Dorival, Soulages, catalogue de l'exposition, 26 reproductions dont 15 hors-texte et 7 en couleurs, Éditions du musée national d'art moderne, 1967
Gilbert Dupuis, Pierre Soulages peintre, Pierre Soulages graveur, Galerie Art et Essai, université Rennes-II, 1986
Jean-Louis Andral, Pierre Encrevé et al. (préf. Suzanne Pagé), Soulages : noir lumière, Paris, Paris Musées, , 245 p. (ISBN2-87900-281-8)
Jean Arrouye, Maryline Desbiolles, Georges Duby, Gilbert Dupuis et Bernard Muntaner, Une œuvre de Pierre Soulages, Marseille, Muntaner, coll. « Iconotexte », , 119 p.
Nathalie Reymond, La Lumière et l'Espace, éditeur Adam Biro, Paris, 1999
Jacques Laurans, Pierre Soulages. Trois lumières, éditions Farrago, 1999 ; éditions Verdier poche, 2009
Jean-Michel Le Lannou, La Forme souveraine. Soulages, Valéry et la puissance de l'abstraction, Paris, Éditions Hermann, 2008
Pierre Encrevé, Les Soulages du musée Fabre, Gallimard, 2008
Michel Ragon, Pierre Soulages, coll. « Ateliers d’artistes », photographies de Vincent Cunillère 80 illustrations couleurs, couverture en carton brut sérigraphié, édition bilingue français/anglais, Thalia, 2009
Pierre Encrevé, Soulages – 90 peintures sur toiles/ 90 peintures sur papier, dans un coffret sérigraphié, 182 illustrations couleurs, Gallimard, 2009
Pierre Encrevé et Alfred Pacquement, Soulages, catalogue de l'exposition, 245 illustrations couleurs, Éditions du Centre Pompidou, 2009; réédition complétée et augmentée, 2011
Xavier Isle de Beauchaine, Soulages – Album de l’exposition, parcours en images d'une sélection d'œuvres, texte de Pierre Soulages « Image et signification », 270 × 270, version bilingue français/anglais, Éditions du Centre Pompidou, 2009
Alain Badiou, Pierre Soulages : un peintre affirmationniste ?, Éditions du Centre Pompidou, collection Écrits, 2019
Jean-Yves Tayac, Soleil Agissant, Sol Agens, Soulages (sous-titré Poésies autour des œuvres de Pierre Soulages), Daidalon éditions, 2019
Alfred Pacquement, Pierre Nora et Camille Morando, Soulages au Louvre, catalogue de l'exposition, Éditions Gallimard/Musée du Louvre éditions, 2019
Olivier Margot (et 71 auteurs), Ce All Black nommé Soulages, Mille Sources, 2020
Bruno Duborgel, Soulages, dix-neuf peintures au Louvre, Paris, Bernard Chauveau édition, 2020
Laure Schwartz-Arenales, Philippe Boudin, Fabienne Fravalo, Shinya Maezaki et Tanabe Chikuunsai IV, Éloge de la lumière, 5 Continents éditions, Milan, 2021
Bruno Duborgel, Soulages et l'art lointain chinois, Paris, Bernard Chauveau édition, 2022
Pierre Buraglio, Le Procès à Pierre Soulages, entretien avec Pierre Soulages, revue Clarté no 43,
Roger Vailland, Le Procès à Pierre Soulages, article daté , revue Clarté no 43 de ; rééd. dans Le Regard froid, 1963 ; rééd. dans Chronique d'Hiroshima à Goldfinger (tome II), 1984
André Romus, Pierre Soulages, 1978, 55 minutes, 35 mm couleur, diffusé sur la RTBF
Jean-Michel Meurice, Pierre Soulages, 1980, 55 minutes, 35 mm couleur, produit et diffusé le sur la chaîne TF1 (Grand Prix du Festival du film d'art, Paris, 1982) [lire en ligne]
Reiner Holzemer et Thomas Honickel, Tout vient du noir et se perd dans le blanc, documentaire télévisé diffusé le sur la chaîne Arte, 54 min
Nicolas Valode et Pauline Cathala, Pierre Soulages, la lumière du noir, série La Grande Expo, no 8, 2014, 54 min, production Let's Pix, Arte édition/les Incontournables, documentaire télévisée diffusé sur la chaîneParis Première
Stéphane Berthomieux, Pierre Soulages, sous-titre : « C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche », DVD, Éditions Montparnasse, , 52 min, incluant les compléments vidéo Chez Pierre Soulages (17 min), Galerie Levy Gorvy, New York (4 min), Galerie Perrotin Tokyo (3 min), Les Outrenoirs de Pierre Soulages (2 min), Enchères Sotheby's (1 min), Musée Folkwang/Essen (1 min)
Jean-Noël Cristiani, Soulages, un siècle, Yumi Productions/Musée Soulages, documentaire télévisé diffusé le sur la chaîne France 3 Occitanie, 52 min
Anne-Camille Charliat, Noir-lumière. La peinture de Pierre Soulages en dialogue avec la science, 2020, 26 min, Artemisia Productions
Anne-Camille Charliat, Éclairer la Nuit. Regards poétiques entre Pierre Soulages et Léopold Sédar Senghor, 2021, Artemisia Productions