Pierre-Richard Maurice Léopold Defays[1] nait dans une grande famille bourgeoise de Valenciennes ; il est le fils de Maurice Defays, industriel qui a dilapidé la fortune familiale[2], et de Madeleine Paulasini[3]. Il est également le petit-fils de Léopold Defays[4], polytechnicien[5], directeur de l'usine sidérurgique Escaut-et-Meuse[6]. Son prénom composé lui vient du vrai nom de Pierre Richard-Willm qui était l'acteur préféré de sa mère[7].
Son père étant parti avant sa naissance, il grandit auprès de sa mère et de ses deux grands-pères. Il souffre toute sa vie du « mal de père », comme il le confie dans Le Petit Blond dans un grand parc, un récit autobiographique écrit en 1989 à l'attention de ses deux fils[8]. Il a 7 ans lorsque pour la première fois, par hasard, il rencontre son père à Paris, sur l'hippodrome de Longchamp, et lui arrive par la suite de le revoir dans le château familial[9], mais celui-ci ne s'intéresse pas à lui[10]. Il se console à travers une autre image paternelle, son grand-père maternel, Argimiro Paulasini, comme il le confie dans une deuxième autobiographie, Je sais rien, mais je dirai tout, sortie en 2015. Immigré italien, provenant d'un petit village près d'Ancône, Argimiro s'installe à Valenciennes vers l'âge de vingt ans. Porteur de rails, il finit par monter son entreprise. Pierre Richard a une immense admiration pour ce grand-père immigré, car comme lui, il était plus proche de Geronimo qu'Henry Ford et avait su garder ses origines paysannes. Il lui faisait penser à Raimu, c'est peut-être pour cela, selon lui, qu'il est devenu son acteur préféré. Argimiro est mort en 1945, une année avant Raimu. Il confie encore : « Il avait dit à ma mère en parlant de moi, de tous mes petits-enfants, celui-ci réussira. Ma mère me l'a répété, ça m'est resté et, jusqu'à mes quarante ans, cette prédiction m'a donné confiance en mon destin, et la certitude que je réussirais un jour ou l'autre ». Par contre, le grand-père paternel Léopold Defays, lui a tracé un destin plus sérieux, en l'envoyant en pension dans l'objectif d'intégrer Sciences Po ou Saint-Cyr[11].
Il passe son enfance et une partie de son adolescence dans le château familial de la Rougeville à Saint Saulve, près de Valenciennes où il est élève au lycée Henri-Wallon, puis pensionnaire de l’institution Notre-Dame[12]. En 1944, il est élève de 6e au lycée Rollin à Paris[13].
Séchant régulièrement les cours pour aller au cinéma, il a 18 ans lorsque Danny Kaye, qui lui ressemble physiquement, dans Un fou s'en va-t-en guerre, lui révèle sa vocation[6].
Carrière
Débuts d'acteur et révélation comique (années 1950-1960)
En 1953, Pierre Richard rejoint sa mère à Paris où il prend des cours d'art dramatique à l'école Charles Dullin. Pour satisfaire l’entourage familial et calmer les angoisses de sa grand-mère, il doit apprendre un « vrai métier ». C'est ainsi qu'il mène à bien des études de kinésithérapie[3], sans pour autant renoncer au monde du spectacle.
En 1961, parallèlement à ses études de kinésithérapie, il débute au théâtre avec Antoine Bourseiller tout en se produisant dans des cabarets parisiens (comme l’Écluse) où il joue ses premiers sketches écrits avec Victor Lanoux. Pendant cinq ans, les deux amis écrivent des sketches qu'ils interprètent dans la plupart des cabarets de la rive gauche, et souvent en première partie des concerts de Georges Brassens[14].
Percée au cinéma et succès commercial (années 1970-1980)
En 1968, Pierre Richard débute au cinéma dans Alexandre le bienheureux d’Yves Robert. Ce réalisateur a une énorme influence dans sa carrière par les propos qu'il lui tient et la suggestion qu'il lui fait : « Arrête de jouer dans le cinéma des autres. D’ailleurs tu n’as pas beaucoup de place : tu n’es pas un jeune premier ; tu n’es pas non plus une rondeur. Tu as une place particulière, qui n’est pas encore écrite. C’est à toi de l’écrire et de faire ta place »[15]. Ce précieux conseil débouche sur l'écriture du scénario, en collaboration avec André Ruellan, de son premier film Le Distrait, qu'il réalise en 1970 ; et qui est produit par La Guéville, la maison de production d'Yves Robert et de Danièle Delorme, suivi par Les Malheurs d'Alfred en 1972, et Je sais rien, mais je dirai tout en 1973.
Dans les années 1970, classé comme un comique « burlesque » et « poétique », il s'efforce également d'introduire dans les films qu'il réalise et interprète un aspect « dénonciateur », qu'il s'agisse de tourner en dérision la publicité (Le Distrait), la télévision (Les Malheurs d'Alfred), ou les ventes d’armes (Je sais rien mais je dirai tout). Par la suite, pris dans ce qu'il appelle « la spirale du succès », il tourne davantage pour d'autres réalisateurs que lui-même, oubliant les aspects contestataires de ses premiers films ; il reconnaît a posteriori s'être « un peu perdu » dans des comédies plus commerciales[16]. S'il déclare assumer sa carrière, il juge certains des films qu'il a lui-même réalisés, comme C'est pas moi, c'est lui et Droit dans le mur, plutôt ratés[17].
En 1987, il produit et réalise, à Cuba et en Amérique du Sud, un documentaire sur Che Guevara, personnage qu'il dit avoir admiré comme beaucoup de jeunes de l'époque et à qui il souhaitait rendre hommage, Parlez-moi du Che[18].
En 1991, il revient à la réalisation avec On peut toujours rêver et, en 1997, avec Droit dans le mur, film qui se nourrit de son parcours mais qui se révèle un échec commercial (18 000 entrées en France), marquant sa fin comme réalisateur[2].
Il obtient ses plus grands succès dans des rôles de personnages maladroits, souvent lunaires. Lui-même voit une constante dans ses films en tant que réalisateur, comme dans ceux qu'il a tournés pour d'autres : « l'inadaptation de [s]on personnage, son décalage au monde dans lequel il évolue[17] ».
En 2002, il est de retour à Cuba où il incarne, pour la télévision, Robinson Crusoé d'après le roman de Daniel Defoe. Le tournage a lieu, en majeure partie, sur les plages de Baracoa, à l'extrémité de l'île cubaine.
En 2005, il est président du jury du festival des Très Courts. La même année, un documentaire lui est consacré, Pierre Richard, l'art du déséquilibre, réalisé par Jérémie Imbert et Yann Marchet[19]. Ce film retrace la carrière du « Grand Blond » avec les témoignages d'artistes ayant collaboré avec lui[20].
En 2018, il collabore avec deux stars hexagonales : tout d'abord, il est à l'affiche de La Ch'tite Famille de Dany Boon, dans lequel il incarne le père du personnage incarné par Boon. Le score du film en France (5,6 millions d'entrées[21]), lui permet de renouer avec un grand succès populaire. Cela permet de compenser le flop de la comédie Mme Mills, une voisine si parfaite, réalisée par Sophie Marceau, qui lui donne aussi la réplique. Enfin, il fait partie d'une autre adaptation de bande dessinée, Les Vieux Fourneaux, dont il partage l'affiche avec Roland Giraud et Eddy Mitchell.
Le , Pierre Richard épouse Danielle Minazzoli (danseuse qu'il a rencontrée au cours Dullin) avec qui il a deux enfants, Christophe (né en 1960), contrebassiste et directeur général de la société Vins Pierre Richard, et Olivier (né en 1965), saxophoniste du duo Blues Trottoir (il accompagne son père sur scène dans Franchise postale) [3].
Il est six fois grand-père, notamment de Maë Defays, chanteuse de soul/jazz et Arthur Defays, acteur et mannequin.
Personnages courants
Parmi ses plus grands rôles au cinéma, il est arrivé à Pierre Richard de jouer divers personnages portant un même nom mais sans le moindre rapport entre eux. Ainsi il se nomme :
Les Compères, un instituteur dépressif au chômage, chargé de mener une enquête en compagnie d'un journaliste macho (Gérard Depardieu),
Les Fugitifs, un cadre au chômage depuis trois ans, père d'une petite fille de cinq ans, ratant un hold-up et contraint à la cavale en compagnie d'un ancien cambrioleur (Gérard Depardieu).
Filmographie
Longs métrages
Pierre Richard a joué dans tous les films qu'il a réalisés.
1970 : Perrault 70 (conte musical où deux jeunes gens rencontrent les personnages de Perrault : le Petit Poucet, Barbe-Bleue, le Chat Botté, le Petit chaperon rouge, le grand méchant Loup et l'ogre), émission de Jacques Saymin
Il s'est engagé en faveur de l'association Tchendukua Ici et Ailleurs d'Éric Julien, qui soutient les Indiens kogi de Colombie, les Gardiens de la Terre[26].
Depuis 2007, il est aussi le parrain de l'Association de Solidarité Franco-Nigérienne (ASSOFRANI) dont le but est de réaliser des puits au Niger[27].
En 2011, il soutient officiellement le chef Raoni dans sa lutte contre le barrage de Belo Monte[28] et continue depuis à accompagner l'association Planète Amazone[29] auprès de laquelle il a contribué à la création de l'Alliance des Gardiens de Mère Nature[30], mouvement regroupant des représentants indigènes du monde entier et leurs alliés.
En 2012, il soutient la création d'une gare TGV à Narbonne dans le cadre du projet de ligne Montpellier-Perpignan[31], notamment en participant à une campagne publicitaire diffusée nationalement[32].
↑Fabrice Lardreau, Cimes intérieures, Éditions Guérin, , p. 133.
↑Pierre Richard, avec Jérémie Imbert, Je sais rien mais je dirai tout, Flammarion, 2015, p.51 : "Mon père était cloué au lit dans sa chambre du château (...). Je viens le voir dans sa chambre, tout heureux de l'avoir enfin un peu pour moi tout seul."
↑Pierre Richard, avec Jérémie Imbert, Je sais rien mais je dirai tout, Flammarion, 2015, p.59, alors qu'il a annoncé qu'il voulait devenir comédien : "Mon père ? N'en parlons pas. Lui, il s'en foutait. Faut dire qu'il avait d'autres responsabilités à assumer : la chasse, les courses de chevaux, les femmes et les voitures."