Son père, Jules Sulitzer (1901-1956), co-fondateur des remorques Titan qui a immigré de Roumanie, meurt lorsqu’il a dix ans.
Paul-Loup Sulitzer a une sœur, hôtelière à Gassin dans le golfe de Saint-Tropez de 1967 à 1992 (Le Mas de Chastelas)[7].
À 16 ans, Paul-Loup Sulitzer entre dans une entreprise de transport au Moyen-Orient. Selon son éditeur, il devient à 21 ans le plus jeune PDG de France et fait fortune en vendant des gadgets (notamment à Pif Gadget[8], ainsi que des porte-clefs qui seront très prisés dans les années 1960 et 1970[9]), repérés au Royaume-Uni et fabriqués en Extrême-Orient.
En 1968, il intègre une holding puis s'établit comme consultant financier. La même année, il apparait dans le long métrage Les Poneyttes réalisé par Joël Le Moigné. Le film est resté inédit en salles, malgré une première organisée à l'Olympia[10].
En 1980, Paul-Loup Sulitzer propose aux éditions Denoël qu’on l’associe à un écrivain pour produire un « western financier », un roman d’aventures de finance-fiction. C'est le début de sa carrière d'« écrivain ». Loup Durand, journaliste et écrivain, accepte de servir de plume à l’expert[11], lequel choisit de réinjecter astucieusement son à-valoir dans la publicité du livre. Les journalistes parlent de « système Sulitzer » pour évoquer la façon dont l'écrivain produit ses livres[12]. Bénéficiant des techniques de marketing les plus poussées[13], Money rencontre un large public. Ce premier roman contient quelques éléments autobiographiques mais la trame du roman est similaire à celle du Comte de Monte-Cristo[14]. Suivront Cash ! (1981) — prix du Livre de l'été — et Fortune (1982), suites des exploits et revers financiers de Franz Cimballi, un homme d’affaires justicier.
Après ces thrillers d’un genre nouveau, le duo publie chez Bernard Fixot en 1983 Le Roi vert, une épopée romanesque qui connaît un succès public considérable[15] et qui sera traduite dans une trentaine de langues.
À compter de ce moment, les romans se succèdent, au rythme d’un par an : Popov (1984), qui dépeint l’espionnage économique soviétique, Hannah (1985) et L’Impératrice (1986), inspirés du destin d’Helena Rubinstein.
En 1987, Pierre Assouline, directeur du magazine Lire, relayé par Bernard Pivot dans Apostrophes, dévoile le « système Sulitzer-Durand » (Sulitzer travaille avec une équipe), avec l’aide de Robert Laffont[16]. Sulitzer riposte en livrant dans la presse les noms de ses collaborateurs, reconnaissant être un « metteur en livre » et non un « auteur ».
En 1994, il publie Le Régime Sulitzer, après avoir perdu 26 kilos.
En 1995 survient la mort de Loup Durand, qui n’a jamais admis nettement avoir collaboré à l'écriture de certains romans de Paul-Loup Sulitzer. Sa mort n’empêche pas le système de perdurer, avec des tirages toutefois moins élevés.
En 2003, il lance un journal économique, Savoir s'enrichir[17].
Souffrant des suites d'un accident vasculaire cérébral en 2004, il emménage chez un ami dans le 17e arrondissement de Paris après avoir quitté quelques années plus tôt son appartement de 400 mètres carrés dans le 16e arrondissement, saisi et vendu aux enchères.
En 2007, il publie Puits de Lumière, un thriller consacré à l'assassinat de Kennedy. Le thriller suivant, Le Roi Rouge (2008), s'inspire de la vie d'Arcadi Gaydamak et de l'affaire des ventes d'armes à l'Angola, pour laquelle l'écrivain a été cité. Il reproduit dans le roman une grande part du mécanisme de pots de vin qui caractérise cette affaire.
En s'ouvre à Paris le procès de l'Angolagate dans lequel il est mis en examen. Par jugement du Tribunal correctionnel de Paris, il est condamné pour « recel d'abus de biens sociaux » à 15 mois de prison avec sursis et 100 000 euros d'amende[18]. Cette condamnation lui vaut d'être exclu de l'ordre national du Mérite en .
En 2009, il publie Angolagate, chronique d'un scandale d'État écrit au jour le jour durant le procès, d' à .
Sulitzer en séance de dédicace à La Grande Motte en mai 2010 à l'occasion de la sortie de Money 2.
En , Paul-Loup Sulitzer revient au thriller financier en publiant L'Escroc du siècle, qui a pour toile de fond la crise financière mondiale et l'affaire Madoff.
En , trente ans après la parution de Money, sort Money 2, un clin d’œil envers ses lecteurs les plus fidèles. Le livre ne dépasse pas les 1 300 ventes[19].
En , il publie L'Empire du nénuphar qui met à nouveau en scène son héros fétiche, Franz Cimballi.
En 2012, il annonce travailler sur son autobiographie. Le projet, baptisé Monstre sacré, est reporté plusieurs fois et sort finalement en aux Éditions du Rocher. Il y reconnaît que Loup Durand a été son « vieux complice d'écriture », son « collaborateur et ami » : Durand a collaboré à l'écriture notamment de Cash !, Fortune, Le Roi vert (« Ce livre, je l'ai également écrit avec Loup Durand »)[20].
En 2014, il part pour l'île Maurice, pour affaires, à la suite d'un précédent séjour et d'une invitation du gouvernement du pays. Engagé par le Board of Investment (BOI) qui dépend du Premier ministre Anerood Jugnauth, il travaille sur le film Vivre et investir à Maurice, réalisé par Jean-François Marty et commandé par le Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA)[21]. Il s'y installe à Pointe aux Canonniers, au nord de Port Louis.
Fin 2016, Paul-Loup Sulitzer part vivre dans la région de Bruxelles, à Uccle, dans un appartement de 100 mètres carrés[22].
En 2018, dans une interview à la presse, il dit vivre chichement avec une pension de retraite de 1 500 € par mois[2]. Ruiné par ses condamnations judiciaires et les frais de son divorce avec Delphine Jacobson, il précise avoir « bouffé [ses] réserves ». Se souvenant de l'époque où il pouvait gagner jusqu'à 200 000 € par mois, lorsqu'il était propriétaire d'un palais rue de Varenne, d'une villa à Saint-Tropez ou encore d'un ranch en Arizona, il conclut toutefois : « Je n'ai jamais été matérialiste. Pour moi l'argent n'a pas grande valeur[23]. »
il épouse Magali Colcanap, dont il divorce, après avoir eu une fille en 1974 : Olivia ;
en 1993, il se marie avec Delphine Jacobson. Le mariage est célébré par le maire de Paris, Jacques Chirac[23]. De cette union naissent deux fils : James-Robert et Jacques-Edouard.
De 1984 à 1992, il partage sa vie avec la styliste Alejandra Di Andia. Ensemble, ils ont une fille en 1985, Joy[26].
Opposé à la marchandisation de la culture et de la société, au « prêt à penser », et à la catégorisation, Alain Souchon attaque Sulitzer dans sa chanson Foule sentimentale (1993) : « On nous Claudia Schiffer, on nous Paul-Loup Sulitzer… ». Transformant en verbe le patronyme de l'écrivain, il en fait un symbole de la société de consommation[27]. Mais après que Souchon a appris que Sulitzer était orphelin, il laisse un blanc dans la chanson[28].
Dans son roman, La Petite Marchande de prose (1990), Daniel Pennac parle d'un auteur fictif, J.-L. Babel (« JLB »), inventeur d'un genre littéraire appelé le réalisme libéral, et auteur entre autres de Pactole, Dollar et Dernier baiser à Wall Street.
Dans Nazis dans le métro, Didier Daeninckx évoque « un libraire qui avait coulé sa boutique en refusant de vendre du Zaraï et du Jardin, du Sulitzer et du Giroud ».
Le philosophe Régis Debray monte un canular dans Le Monde daté du : il prétend avoir appris qu'une commission, mise en place par l'Élysée et présidée par Marc Levy, Paul-Loup Sulitzer et Michel-Édouard Leclerc, aura pour objectifs de « réformer la lecture et moderniser le livre ». Dans un pré-rapport, ladite commission propose d'explorer des pistes pour redynamiser cette « branche industrielle passablement nécrosée » : abolition du dépôt légal pour tous les ouvrages (sauf les best-sellers) ; abrogation de la loi Lang ; abandon du projet de bibliothèque numérique européenne et soutien « atlantiste » à l'initiative de Google ; autorisation de la publicité pour le livre sur les grandes chaînes privées de télévision[29].
En 1987, à la suite de l'intervention de Paul-Loup Sulitzer, l'avion Cessna 172 piloté par Mathias Rust qui s'est posé sur la place Rouge de Moscou, a été ramené en France sous le nom « Avion de la Liberté » et a fait l'objet d'une importante médiatisation à l'époque (journal télévisé de 13 heures avec Yves Mourousi et autres supports médias)[30].
Paul-Loup Sulitzer a participé à la médiatisation mondiale du procès fait aux époux Ceauşescu exécutés à l'issue de ce procès par le gouvernement révolutionnaire de Roumanie. En effet, Paul-Loup Sulitzer avait été mandaté par Răzvan Theodorescu(en), alors président de la télévision roumaine devenu ministre de la Culture puis sénateur de Roumanie. Sulitzer avait aidé à la diffusion de la cassette du procès, faisant alors l'objet d'un scandale car ladite cassette avait été copiée alors que le master appartenait conjointement à la télévision roumaine et à la société PLS international SA. La société PLS International SA avait agi comme une agence de presse mandatée par les autorités roumaines et a passé par la suite un accord cadre avec Francis Bouygues (propriétaire du groupe TF1) et Patrick Le Lay (P-DG TF1), lequel a mis ainsi fin à une polémique sur cette révélation historique[31].
La Châtaigne/ Dominique Zardi ; préface de Paul-Loup Sulitzer. - Coulommiers : Dualpha éd., 2005, 215 p. (Vérités pour l'histoire). (ISBN2-915461-41-4)
L'Homme qui a fait sauter la Barings/ Judith Helen Rawnsley ; trad. Madeleine Bessières et Éric Jollant ; adapt. Mathieu Lance ; préf. Paul-Loup Sulitzer. Paris : Éd. générales First, 1995, 264 p. (F1rst-documents). (ISBN2-87691-288-0)
300 % : multipliez vos ventes par trois en développant votre clientèle/ Reiner K. Selz ; préf. Paul-Loup Sulitzer. Paris : Éd. générales First, 1994, 218 p. (F1rst-Businessman). (ISBN2-87691-226-0)
Les Ultra riches : peut-on avoir trop d'argent ?/ Vance Packard ; préf. Paul-Loup Sulitzer ; trad. Francine Siety. Paris : Acropole, 1990, 335 p. (ISBN2-7357-0141-7)
Yannick Boutot, Le Singulier destin du château de Sallegourde, The Book Édition, , 70 p.
Que faites-vous le week-end ?/ Michel Bertrand ; préf. Paul-Loup Sulitzer. Bruxelles : les Éd. de l'arbre, 2011, 221 p. (Témoignage vécu). (ISBN978-2-87462-068-3)
Fragments de Miroir/ Erick Dietrich. Éditions du Panthéon, 2013, 240 p.
↑ a et bSandrine Bajos, « Mort de Paul-Loup Sulitzer : splendeur et décadence d’un homme aux 50 millions de livres vendus : Ancien homme d’affaires et écrivain de best-sellers, Paul-Loup Sulitzer est décédé à 78 ans à l’île Maurice ce jeudi. Retour sur un parcours flamboyant et controversé. », Le Parisien, (lire en ligne).
↑Daniel Lesueur, L'argus Johnny Hallyday discographie mondiale et cotations, 2003, Éditions Alternatives, page 93, citation : « Les Poneyttes […], document rare, car seulement projeté une fois à l'Olympia, puis heureusement diffusé en vidéo au début des années 90. »
« De plus en plus de nègres sortent d'ailleurs de l'ombre comme Loup Durand, coauteur de plusieurs livres de Paul-Loup Sulitzer. »
↑Robert Belleret, Les recettes du système Sulitzer, Le Monde, 5 juillet 2001, p. 12.
↑Philippe Scali, éditeur chez Denoël : « [PLS et Loup Durand] se sont partagé à 50-50 un à-valoir exorbitant dont Sulitzer a finalement demandé qu'il soit réinjecté aux quatre cinquièmes dans la publicité du livre, y compris sur les radios". Le marketing littéraire est né ». Propos recueillis dans l'article : Robert Belleret, « Les recettes du système Sulitzer », Le Monde, 5 juillet 2001, p. 12.
↑« Money », sur Alexandre Dumas, suites, plagiats, pastiches, hommages et bandes dessinées (consulté le ).
↑« Le Roi vert arrache la fusée Sulitzer à l'atmosphère : 175 000 exemplaires, des traductions dans 42 pays et la vente des droits cinématographiques pour 2,5 millions de francs ». Le Monde, 5 juillet 2001.
↑« Dépoussiérer les livres… », Régis Debray, Le Monde, 7 mars 2010.
↑Paul-Loup Sulitzer a racheté l'avion avec W. Neuman. « J'avais envie de continuer à faire voler cet avion, et peut-être de participer à la libération de cet homme. »Sulitzer par Paul-Loup : entretiens intimes/ avec Christelle Schaff. Enghien-les-Bains, Éd. de la Lagune, 2006, p. 54-55 (ISBN2-84969-023-6).
↑Paul-Loup Sulitzer avait obtenu l'exclusivité de diffusion sur la cassette contenant l'enregistrement du procès. Mais il s'est fait voler une copie de la cassette, qui a été revendue à TF1. Sulitzer par Paul-Loup : entretiens intimes/ avec Christelle Schaff. Enghien-les-Bains, Éd. de la Lagune, 2006, p. 56 (ISBN2-84969-023-6).
↑Propos tenus dans une interview donnée à l'hebdomadaire Paris Match au début des années 1980.