Pascal Bruckner

Pascal Bruckner
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Pascal Bruckner en 2017.
Naissance (72 ans)
Paris
Activité principale
Distinctions
Auteur

Œuvres principales

Pascal Bruckner, né le à Paris, est un romancier et essayiste français.

Biographie

Famille

Issu d'une famille chrétienne[1],[Note 1], Pascal Bruckner passe son enfance entre l'Autriche, la Suisse et la France. Son père est protestant (non pratiquant), sa mère catholique (pratiquante) et lui-même a été baptisé catholique, comme il l'explique dans son livre autobiographique Un bon fils, publié en 2014[2].

Son père[3], René Bruckner, ingénieur de l'École des mines de Paris[4], antisémite convaincu, était très favorable aux thèses nazies[5] et haïssait les Juifs. Il devança le STO et œuvra pour les usines Siemens, à Berlin, puis à Vienne, entre 1942 et 1945[6].

Sa mère, Monique Bruckner, ancien professeur au collège Notre-Dame-de-Sion à Petrópolis (Brésil), est morte le [7].

Dans Un bon fils, il évoque l'extrême violence physique exercée par son père à l'encontre de sa mère et de lui-même[2].

Pascal Bruckner a été durant quelques années le compagnon de Caroline Thompson[8], fille de Danièle Thompson et petite-fille du réalisateur Gérard Oury. Il a un fils et une fille.

Études

Pascal Bruckner vit jusqu'à l'âge de 6 ans dans un sanatorium en Autriche[9]. Il étudie notamment chez les jésuites à Lyon, poursuit ses études à Paris, au lycée Henri-IV (hypokhâgne et khâgne) de 1968 à 1970 — où il se lie d'amitié avec Alain Finkielkraut, avec lequel il écrira ensuite deux livres —, puis à l'université Paris I et à l'université Paris VII, et enfin à l’École pratique des hautes études.

Sa thèse de 3e cycle, consacrée à l'émancipation sexuelle dans la pensée du socialiste utopiste Charles Fourier (« Le corps de chacun est accessible à tous »), a été dirigée par Roland Barthes (et soutenue en 1975 à l'université Paris VII)[10],[11].

Carrière

Depuis 1986, il enseigne dans des universités américaines, notamment celle de New York. À compter de 1990, il est maître de conférences à l’Institut d'études politiques de Paris mais ne fait pas partie du corps enseignant permanent[pas clair].

Outre ses activités d'écrivain, Pascal Bruckner est éditeur chez Grasset. Il collabore au Nouvel Observateur, au Monde et à Causeur.

Engagements et prises de position

Par son nom et sa sympathie exprimée à l'égard de l'État d'Israël, Pascal Bruckner a souvent été erronément considéré comme de confession juive et comme un « intellectuel juif »[5]. Il qualifie d'« ironie de l'histoire assez cocasse » le fait d'être considéré comme juif[12].

Comme il l'explique dans Un bon fils, il est, dans les années 1970, proche des mouvements gauchistes, plutôt libertaires, et sympathisant du Parti socialiste unifié. Il fait partie, à cette époque, des « nouveaux philosophes ».

En 1986, Guy Hocquenghem le critique dans sa Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary. Selon le journaliste Jérôme Garcin, dans une formule journalistique en accroche d'un article de 2014, il a flirté avec le maoïsme — ce qu'il nie dans son livre autobiographique — puis avec le sarkozisme[13].

De 1983 à 1988, il est membre du conseil d'administration d'Action contre la faim.

De 1992 à 1999, il milite contre les différentes offensives serbe en ex-Yougoslavie[14], en Croatie d'abord, puis en Bosnie et au Kosovo. Il figure aux élections européennes de 1994 sur la liste L'Europe commence à Sarajevo. En 1999, il défend l'intervention militaire de l'OTAN contre les forces serbes.

Il est en 2003 signataire de l'appel de soutien à l'Initiative de Genève[15], plan de paix prévoyant la création d'un État palestinien aux côtés d'Israël.

En , favorable à la destitution de Saddam Hussein, il appuie la guerre d'Irak lancée par le gouvernement de George W. Bush dans un article paru dans Le Monde, cosigné par Romain Goupil et André Glucksmann[16],[17], qui participeront, trois ans plus tard, à la création de la revue d'orientation néo-conservatrice Le Meilleur des mondes. En , il critique dans Le Figaro l'impréparation de l'armée américaine ainsi que l'usage de la torture à la prison d'Abou Ghraib[18].

Autrefois de gauche, il soutient Nicolas Sarkozy pour le second tour de l'élection présidentielle de 2007. Il dira plus tard en avoir été déçu. Il se réclame du camp progressiste, « malgré l'épaisse bêtise et la bonne conscience qui y règnent »[5].

En , il signe le « Manifeste des 343 salauds » publié par la revue Causeur, qui défend les hommes faisant appel aux services de prostituées.

Invité de l'émission « C Politique » de France 5 le , Pascal Bruckner est interrogé sur l'écriture inclusive qu'il qualifie de « mélange de crétinisme et de totalitarisme ». Il associe alors les LGBT aux pédophiles[19] (en plaisantant, ajoute-il).

En 2018, il présente sa candidature à l'Académie française[20]. Il affronte Benoît Duteurtre, mais aucun candidat n'est élu[21].

Dans Le Figaro du , il publie une tribune dans laquelle il critique la jeune activiste pro-climat Greta Thunberg, qu'il considère comme la représentante d'une « dangereuse propagande de l'infantilisme climatique »[22]. Cette tribune est qualifiée de « vilénie » par Claude Askolovitch, qui lui reproche de s'attaquer à l'âge, au physique et même à l'autisme de Greta Thunberg[23].

Il suggère de fixer l’âge de la retraite à 70 ans : « En Belgique, la retraite sera fixée à 67,5 ans en 2020. C’est déjà le cas en Allemagne. La réforme Macron devrait donc aller plus loin encore. Si la France veut se distinguer en Europe, il faut fixer l’âge de la retraite à 70 ans[24]. »

Le , il est élu à l'Académie Goncourt[25].

Le , Pascal Bruckner accuse publiquement Rokhaya Diallo d'avoir « entraîné la mort des douze de Charlie Hebdo » et d'avoir ainsi « armé le bras des terroristes » en 2015 en signant en 2011 une pétition « pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo »[26],[27].

Critique de la notion d'islamophobie et procès

Pascal Bruckner critique à plusieurs reprises le concept d'islamophobie, dont il affirme que :

« calqué sur celui de xénophobie, [il] a pour but de faire de l’islam un objet intouchable sous peine d’être accusé de racisme. Cette création, digne des propagandes totalitaires, entretient une confusion délibérée entre une religion, système de piété spécifique, et les fidèles de toutes origines qui y adhèrent[28],[29]. »

Il accuse aussi le mot d'avoir été « forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 1970 pour contrer les féministes américaines », une affirmation qualifiée de mensongère par les sociologues Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat[30],[31],[32] et confirmée fausse par l'Agence France Presse[33].

En 2015, les associations les Indivisibles et les Indigènes de la République portent plainte contre lui après qu'il les a accusées d'avoir « justifié idéologiquement la mort des journalistes de Charlie Hebdo ». L'audience a lieu le  ; lors du verdict, rendu le [34], les deux associations sont déboutées par la justice[35].

Publications

Essais

Romans et récits

  • Allez jouer ailleurs, Paris, Le Sagittaire, 1976.
  • Lunes de fiel, Paris, Le Seuil, 1981 Adapté au cinéma par Roman Polanski.
  • Parias, Paris, Le Seuil, 1985.
  • Qui de nous deux inventa l'autre ?, Paris, Gallimard, 1988.
  • Le Divin Enfant, Paris, Le Seuil, 1992.
  • Les Voleurs de beauté, Paris, Grasset, 1997 Prix Renaudot.
  • Les Ogres anonymes, Paris, Grasset, 1998.
  • L'Amour du prochain, Paris, Grasset, 2005.
  • Mon petit mari, Paris, Grasset, 2007.
  • La Maison des anges, Paris, Grasset, 2013.
  • Un bon fils, Paris, Grasset, 2014 (ISBN 978-2-246-80028-6).
  • Un an et un jour, Paris, Grasset, 2018.

Livres jeunesse

Notes et références

Notes

  1. Bruckner est un patronyme germanique signifiant « pontonnier » et porté originellement aussi bien par des protestants que par des juifs.

Références

  1. « Hors des pensées battues », Luc Le Vaillant, Libération.fr, 21 juillet 2000.
  2. a et b Pascal Bruckner, Un bon fils, Grasset, (ISBN 978-2-246-80029-3)
  3. L'histoire de son père nazi, Myboox.
  4. « Antisémite, raciste, révisionniste… Mon père ce vieux salaud », Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur, 14 avril 2014.
  5. a b et c Raphaël Leyris, « Pascal Bruckner : mon père ce nazi », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. Pacal Bruckner, mon père ce nazi, Raphaëlle Leyris, Le Monde, 17 avril 2014.
  7. Voir sur scholar.lib.vt.edu.
  8. Voir sur philomag.com.
  9. Voir sur lexpress.fr.
  10. Catalogue SUDOC.
  11. (OCLC 26347042)
  12. Philippe Plassart, « Pascal Bruckner : L’impératif de bien nommer les choses », sur Le Nouvel Economiste, .
  13. Voir sur bibliobs.nouvelobs.com.
  14. Pascal Bruckner, « Punir Milosevic », Le Monde, 8 avril 1994.
  15. « Il faut soutenir le Pacte de Genève »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le 17 mai 2017), Marianne, 1er décembre 2003.
  16. « Point de vue : la faute », Pascal Bruckner, André Glucksmann et Romain Goupil, 14 avril 2003.
  17. « Irak : silence des néoconservateurs français », Béligh Nabli, huffingtonpost.fr, 16 juin 2014.
  18. Pascal Bruckner, « L'intervention américaine en Irak : l'effroyable gâchis », Le Figaro, 11 mai 2004.
  19. « Pascal Bruckner associe LGBT et pédophilie, une "plaisanterie" douteuse », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le 26 octobre 2017)
  20. http://www.academie-francaise.fr/actualites/candidatures-au-fauteuil-de-m-michel-deon-f8-5.
  21. http://academie-francaise.fr/actualites/election-blanche-au-fauteuil-de-m-michel-deon-f8-0.
  22. « Pascal Bruckner : «Greta Thunberg ou la dangereuse propagande de l’infantilisme climatique» », sur www.lefigaro.fr, (consulté le 10 avril 2019)
  23. « Claude Askolovitch : « Mais pourquoi Pascal Bruckner déteste-t-il Greta Thunberg ? » », sur www.slate.fr, (consulté le 11 avril 2019).
  24. « Pascal Bruckner: "Il faut fixer l’âge de la retraite à 70 ans" », sur Challenges, (consulté le 10 novembre 2019)
  25. « Les écrivains Camille Laurens et Pascal Bruckner nommés à l’académie Goncourt », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le 24 février 2020)
  26. « Pascal Bruckner accuse Rokhaya Diallo d'avoir "entraîné la mort des douze de Charlie Hebdo" », huffingtonpost.fr,‎ (lire en ligne, consulté le 23 octobre 2020)
  27. "Vos paroles ont entraîné la mort des 12 de Charlie Hebdo" : Pascal Bruckner accuse Rokhaya Diallo, ladepeche.fr, 22 octobre 2020
  28. L'invention de l'islamophobie, Libération, 23 novembre 2010.
  29. « Pascal Bruckner : “L’islamophobie, ça n’existe pas !” », Causeur, 29 octobre 2012.
  30. « Islamophobie : un abus de langage ? », Libération, 20 septembre 2013.
  31. Tiphaine Le Liboux, « Pourquoi Valls n’aime pas le mot "islamophobie" », rue89.nouvelobs.com, 4 août 2013.
  32. Pascal BRUCKNER, « L’invention de l’«islamophobie» », sur Libération (consulté le 22 mars 2021)
  33. « Non, le terme “islamophobie” n'a pas été “créé par l'ayatollah Khomeini” », sur Factuel, (consulté le 16 avril 2021)
  34. Saïd Mahrane, « Le curieux procès Bruckner », lepoint.fr, (consulté le 6 décembre 2016)
  35. « Procès Bruckner : une défaite pour les “collabos” de l'islamisme », entretien avec Laurent Bouvet, lefigaro.fr, 19 janvier 2017.
  36. Présentation sur le site de l'éditeur.
  37. « "Le Fanatisme de l'Apocalypse : sauver la Terre, punir l'homme", de Pascal Bruckner : la rhétorique de la dérision en défaut » sur lemonde.fr.
  38. Laetitia Hélary, « Manuel pour jeune papa », Ouest-France,‎ (lire en ligne).

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