Réalisation | René Clément |
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Scénario |
Gore Vidal, Francis Ford Coppola, Jean Aurenche, Pierre Bost Claude Brulé d'après le roman de Larry Collins et Dominique Lapierre |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Louis Daquin |
Pays d’origine |
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Genre | Film historique |
Durée | 165[1], 170[2] ou 175[3] minutes selon les sources |
Sortie | 1966 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Paris brûle-t-il ? est un film franco-américain sorti en 1966, réalisé par René Clément à la demande du producteur Paul Graetz et adapté du succès de librairie éponyme de Larry Collins et Dominique Lapierre.
Paris brûle-t-il ? est une fresque historique qui montre les faits de Résistance et les actions militaires qui, en août 1944, conduisent à la libération de Paris et à la reddition du général von Choltitz, commandant de la garnison militaire du Groß Paris.
Le film met en scène les principaux personnages historiques de cette période : outre le général von Choltitz, le général américain Patton, le jeune cadre de la Résistance Jacques Chaban-Delmas, le général Leclerc commandant la 2e division blindée... Il montre la concurrence qui naît au sein de la Résistance entre les communistes et les gaullistes ; en effet, celui qui va contrôler Paris devrait pouvoir contrôler toute la France.
La fin du film insiste sur l'ordre donné par Adolf Hitler à l'armée d'occupation de détruire une grande partie de Paris avant de capituler, en faisant sauter les ponts et les monuments. Choltitz désobéit finalement à cet ordre et se rend sans condition aux Alliés. Ce fait étant formellement contredit, suite à des recherches effectuées par des historiens dans différents services d'archives historiques français et allemands au début du XXIe siècle.
Darryl F. Zanuck producteur de la 20th Century Fox voulut faire le premier un film sur le sujet, pour renouveler le succès du Le Jour le plus long, en utilisant les mémoires du général von Choltitz. Mais le tournage ne put se dérouler à terme, et ce fut Paul Graetz de la Paramount qui l'emporta, voulant produire un équivalent européen du Jour le plus long[10],[11]. C'est ce producteur, qui meurt peu avant la sortie du film, qui propose à René Clément l'adaptation du livre de Lapierre et Collins. René Clément avec qui Graetz avait travaillé pour Monsieur Ripois fut choisi par le producteur pour réaliser le film ; pour Clément, c'était le moment ou jamais, les prochains travaux d'urbanisation du centre de ville de Paris devant changer le décor des affrontements passés[11].
Claude Rich joue deux rôles : le général Leclerc (avec moustache) et le lieutenant Pierre de La Fouchardière (sans moustache), mais il n'est crédité au générique final que du rôle du général Leclerc. Pendant la libération de Paris, Claude Rich, jeune adolescent, avait porté secours à l'un des hommes de l'officier qui avait été blessé durant les combats[12]. Clément l'avait engagé pour ce rôle, lorsqu'il s'aperçut durant les essais de maquillage qu'il ferait un « général Leclerc » saisissant[13].
Kirk Douglas n'accepta le rôle qu'après avoir obtenu que Jean-Paul Belmondo ferait également partie du casting. Ils n'ont toutefois aucune scène ensemble[14].
Jean-Paul Belmondo devait jouer le rôle du colonel Rol-Tanguy. Mais celui-ci, conseiller technique du film, s'y opposa pour des raisons inconnues. René Clément pensa alors à Bruno Cremer pour sa ressemblance avec l'ancien chef FFI. Le cinéaste invita Henri Rol-Tanguy et son épouse à visionner le film La 317e section de Pierre Schoendoerffer qui venait de sortir, et dans lequel Bruno Cremer tient l'un des rôles principaux. Après la projection, l'ancien FFI donna son accord pour que son personnage soit joué par Bruno Cremer (Sources Henri Rol-Tanguy lui-même)[source insuffisante].
Tourné lors du second mandat de Charles de Gaulle à la présidence de la République française, le film nécessitait de nombreuses autorisations, tant de la part des protagonistes toujours vivants et représentés à l'écran, que de la part des autorités officielles (préfecture de Police et ministères de l'Intérieur et de la Culture) quant aux lieux de tournage[15]. Le PCF, en déléguant Henri Rol-Tanguy comme conseiller historique sur le film, marquait également sa volonté de garder un œil sur le contenu du film. Le projet concurrent de Zanuck avait d'ailleurs échoué devant l'opposition de la Fédération du spectacle, émanation de la CGT : celle-ci avait fait publier un communiqué dans lequel elle s'opposait à « une falsification historique qui consisterait, pour un producteur américain, à tourner une histoire de la résistance française, d'après le livre écrit par un général allemand[16] ». Ce double contrôle était durement ressenti par Gore Vidal, qui ne pouvait utiliser tous les éléments du livre, sans risquer d'offenser soit de Gaulle soit les communistes[17].
Le film fut tourné en noir et blanc car les autorités refusèrent que de vrais drapeaux nazis flottent sur les bâtiments officiels de Paris. Ils acceptèrent seulement des drapeaux noir et blanc, avec la croix gammée[réf. nécessaire].
Cent quatre-vingts lieux de tournage ont été nécessaires, principalement les rues de Paris (excepté les batailles dans la rue de Rivoli tournées en studio[11]) pendant l’été 1965, entre 5 et 7 heures du matin pour ne pas gêner la circulation, les rues étant maquillées à la suie[18]. La scène du départ du train de déportés à Pantin (Seine-Saint-Denis) le mardi a été tournée sur les lieux-mêmes, sur le site ferroviaire dit « Quai aux bestiaux »[19]. Durant une scène se déroulant à la Préfecture de Police, Belmondo et Delon (que Clément a dirigé plusieurs fois), bien aidés par Gélin et Piccoli, font enrager Clément. Celui-ci ne put se venger sur Belmondo, le tournage étant terminé pour l'acteur, et c'est Delon seul qui subit les foudres du réalisateur dans une scène suivante[20].
(Sauf indication, la plupart des information ci-dessous sont issues du site L2TC[21])
Le thème musical composé par Maurice Jarre va se transformer en une chanson à succès et emblématique de Paris, « Paris en colère », grâce aux paroles de Maurice Vidalin et à l'interprétation de Mireille Mathieu.
Un reportage de François Reichenbach sur le tournage du film fut utilisé par l'ORTF pour promouvoir le film et diffusé le . Ce document a été retrouvé récemment[24][source insuffisante], c'est un des premiers making-of. La "première" le 24 fut l'occasion d'une quasi-cérémonie officielle, les invités étant accueillis par la garde républicaine, et une reconstitution de l'arrivée de la colonne Leclerc dans Paris étant mise en scène, tandis que les monuments principaux de Paris étaient illuminés[10],[15]. Un feu d'artifice, prévu à l'issue de la projection, fut annulé en raison du violent orage qui s'abattit ce soir-là sur Paris[15].
Le film ayant été réalisé avec un grand nombre d'acteurs français, anglais et allemands, chaque personnage a utilisé sa propre langue pendant les scènes de tournage. Deux versions, l'une française et l'autre américaine, ont été montées avec doublage en français et en anglais, respectivement, alors que quelques scènes en allemand restent sous-titrées dans les deux versions.
La première diffusion du film en à Paris aurait duré 175 minutes[réf. souhaitée]. Cette version originale débute par une longue séquence de quatre minutes sur écran noir avec la bande sonore composée par Maurice Jarre reprenant tous les thèmes musicaux du film à la manière d'une ouverture d'opéra. Un interlude montrant une image fixe de Paramount Pictures sur fond musical intervient au bout d'un peu moins de deux heures de film, et dure environ trois minutes. Le visa d'exploitation en France, daté du , indique une durée de 168 minutes[26], ce qui correspondrait au métrage du film sans l'ouverture ni l'interlude.
Une première version américaine a été élaguée avec en particulier la suppression de toutes les séquences où apparaissait E. G. Marshall, ce qui fait que cette version durait seulement 136 minutes, la durée du copyright américain [27]. Mais la version DVD sortie en 2003 aux États-Unis propose une version de 173 minutes, avec l'ouverture et l'interlude, dans les deux versions française et anglaise, soit seulement deux minutes de moins que la version originale. En France, il aura fallu attendre pour qu'une version vidéo soit publiée à la veille du 67e anniversaire de la libération de Paris et 45 ans après la sortie du film au cinéma[10],[11]. Dans cette version, l'ouverture et l'interlude ont été supprimés ce qui ramène le film à une durée d'environ 165 minutes.
Les durées indiquées pour ce film varient ainsi selon les sources :
Seul anachronisme reconnu : Yves Montand porta un calot à la place du béret noir, ce qui valut de nombreuses critiques d'anciens Bérets Noirs de l'Armée française[11]. On voit aussi courir au devant des libérateurs d'élégantes parisiennes de 1960, au brushing en choucroute[réf. nécessaire]. Par ailleurs, les Jeeps sont des M.201 Hotchkiss de 1960, bien reconnaissables à la tôle de protection des essuie glaces, fixée sur le haut du pare-brise[réf. nécessaire].
Les personnalités présentes dans le film et encore actives dans la vie politique de 1966 sont privilégiées par le casting et le scénario : Jacques Chaban-Delmas est interprété par Alain Delon, et les scénaristes soulignent son influence sur les événements ; Edgard Pisani, ministre de l'Agriculture du gouvernement Georges Pompidou, et dont l'action fut plus modeste durant la bataille, est mis toutefois en avant par la mise en scène. À quelques mois des élections législatives de 1967, certains journaux d'opposition virent dans le film un tremplin électoral à l'usage de certaines personnalités gaullistes, d'autant plus que d'autres personnalités plus polémiques disparaissaient de l'intrigue (notamment Georges Bidault)[15]. Cette occultation de Bidault est en fait une constante de l'histoire officielle des années 1958-69[15].
« Nous sommes dans la mythologie et la légende. Je me bats d'ailleurs contre le terme d'« insurrection » pour caractériser la libération de Paris. Le bilan humain fut élevé mais il n'a rien de comparable avec celui enduré par Varsovie par exemple. Pendant toutes ces journées, des Parisiens ont continué à pêcher et à se baigner dans la Seine ! Malheureusement pour la vérité, c'est l'image véhiculée par le film de René Clément qui s'est imposée comme l'Histoire. »
— Jean-Marc Berlière, historien, 2014[29].
Ce film entretient, sans le savoir, une légende historique. En effet, de nouvelles recherches lancées par les historiens, principalement effectuées dans les années 2000 et 2010 ont pu être effectuées grâce aux déclassements des archives administratives françaises et allemandes de l'époque. Ces nouvelles études ont permis de revoir le rôle qu'a réellement joué le général Dietrich von Choltitz vis-à-vis de la volonté hitlérienne de détruire Paris. Le témoignage du général Leclerc indiquait déjà que le désir du gouverneur militaire du Groß Paris, au moment d'être arrêté par les Alliés, était principalement de sauver sa propre vie[30].
La réalisatrice de documentaires historiques Françoise Cros de Fabrique, en s'appuyant sur des documents inédits découverts dans ces archives, démontre, au travers d'un long reportage effectué en 2019, que cette légende concernant Choltitz a été entretenue sans véritables vérifications historiques sérieuses car si elle confirme que Hitler a bien tenté d'anéantir la capitale française, elle précise également que Choltitz n'a jamais eu le désir réel de s'y opposer. En fait, c'est simplement en raison du manque de moyens et de temps que celui-ci n'a pas pu respecter les ordres[31],[32],[33].
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