Nom de naissance | Christa Päffgen |
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Naissance |
Cologne, Allemagne |
Décès |
Ibiza, Espagne |
Activité principale | Chanteuse |
Activités annexes | Mannequin, actrice |
Instruments | harmonium |
Années actives | 1958-1988 |
Christa Päffgen, dite Nico, née le à Cologne et morte le à Ibiza, est une chanteuse, compositrice, actrice et mannequin allemande.
Principalement connue comme chanteuse dans le premier album du Velvet Underground, The Velvet Underground and Nico (1967), elle n'a pourtant enregistré pas moins de six albums en solo et s'est produite en concert pendant les vingt années suivantes. Elle a également joué au cinéma avec Federico Fellini et surtout Philippe Garrel, et publié un recueil de poèmes, Chemin d'une vie.
Nico est née Christa Päffgen, fille de Wilhelm Päffgen et Margarete « Grete » Schulze (1910-1970). Wilhelm serait issu de la dynastie de brasseurs de Cologne Päffgen (en)[1] et était catholique, tandis que Grete venait d'un milieu modeste et était protestante.
Son père a été enrôlé dans la Wehrmacht peu de temps après sa naissance dans l'Allemagne nazie et est mort en 1942. Sa mère a ensuite déménagé avec elle à Berlin et puis chez ses grands-parents qui vivaient à Lübbenau, au sud-est de Berlin. Après la guerre, Christa et sa mère sont retournées à Berlin, où, après avoir abandonné l'école à l'âge de treize ans, Christa a d'abord travaillé dans le grand magasin KaDeWe où sa mère travaillait déjà et a finalement été découverte comme mannequin[2].
Christa Päffgen commence une carrière de mannequin à l'âge de 15 ans et acquiert une certaine notoriété par sa présence dans de nombreuses revues. Paris étant la capitale de la mode et de toutes les maisons de couture, elle vient s'y installer et travaille dans l'agence de Dorian Leigh. Là, elle est présentée au photographe star de Dior Willy Maywald qui la photographie et la considère comme une amie importante[3].
Elle devient la maîtresse du réalisateur grec Nico Papatakis qui tient le cabaret La Rose rouge[4]. Le photographe allemand Herbert Tobias lui fait comprendre qu'il vaudrait mieux qu'elle se trouve un nom de scène plus commercial que Christa Päffgen, elle choisit Nico, le prénom de son ancien amant Papatakis, après avoir essayé les noms de Christa Nico et Nico Otzak[5].
Elle travaille, avant d'être connue, pour le photographe français Jeanloup Sieff[6], pour les magazines Vogue, le Jardin des Modes (1956), Tempo, Vie Nuove, Mascotte Spettacolo, Camera, Elle, et pour la créatrice de mode Coco Chanel.
Après être apparue dans plusieurs publicités, Nico joue en 1958 un petit rôle dans le film La Tempête d'Alberto Lattuada, puis, à la fin de cette même année, apparaît dans For the First Time de Rudolph Maté avec Mario Lanza, et dans le court-métrage documentaire de dix minutes sur Montparnasse (35 mm couleur) du photographe Willy Maywald, avec les peintres Vieira da Silva, Árpád Szenes, Pierre Soulages, Francis Bott[7].
En 1959, invitée sur le plateau du tournage du film de Federico Fellini La dolce vita, elle attire l'attention du réalisateur qui lui offre aussitôt un rôle dans le film. À cette époque, Nico partage son temps entre Paris et New York, où elle a déménagé pour prendre des cours avec Lee Strasberg afin de devenir actrice.
Elle tient en 1963 le rôle principal dans Strip-Tease de Jacques Poitrenaud et, à cette occasion, enregistre une chanson produite par Serge Gainsbourg.
Le , Nico donne naissance à un fils, Aaron, dont le père serait l'acteur Alain Delon, avec qui elle a eu une brève relation, alors qu'il était en couple avec Romy Schneider[8]. Celui-ci ne reconnaît pas l'enfant et déclare ne trouver aucune ressemblance physique avec lui[9],[10]. D'abord accueilli par sa grand-mère maternelle atteinte de la maladie de Parkinson[8], l'enfant est recueilli ensuite par Edith Boulogne la mère et le beau-père d'Alain Delon, à la demande de Nico qui ne pouvait plus s'en occuper, ils l'élèveront et lui donneront leur nom de famille, Boulogne[11],[12]. À l'âge de 16 ans, Ari rejoint sa mère et sombre dans différentes addictions toxiques[8].
En 1964, Nico rencontre Brian Jones, des Rolling Stones. En , elle enregistre son premier titre en anglais, I'm Not Sayin, reprise par Jimmy Page du compositeur Gordon Lightfoot, sur un single produit par Brian Jones pour le label Immediate d'Andrew Loog Oldham.
Pendant l'été, l'acteur Ben Carruthers la présente à Bob Dylan à qui elle inspire la chanson I'll Keep It With Mine[13]. À cette époque, elle commence à travailler pour Andy Warhol et Paul Morrissey dans leurs films expérimentaux, Chelsea Girls, The Closet, Sunset, et Imitation of Christ.
En 1966, elle signe un contrat avec l'agence de mannequinat Ford de New York[14].
Après l'avoir fait jouer dans ses films, Warhol impose Nico au Velvet Underground, qui joue à l'époque pour la performance de Warhol, Exploding Plastic Inevitable, associant à la fois film, musique, lumières et danseurs pour une expérience théâtrale « totale ». Chanteuse à la voix grave, intense et sépulcrale, Nico travaille ainsi sur quatre chansons de leur premier album The Velvet Underground and Nico. L'album sort en 1967 et deviendra une des grandes références du rock. Nico a une brève relation avec Lou Reed (comme elle en aura avec d'autres musiciens tels que John Cale, Jim Morrison, Iggy Pop, Jackson Browne, Brian Jones et Tim Buckley).
Cependant, Nico quitte assez rapidement le Velvet Underground pour des raisons incertaines, la plus vraisemblable étant le peu de place que Lou Reed lui laissait au sein du groupe. Elle commence alors une carrière solo, et enregistre dans les deux décennies suivantes une série d'albums acclamés aujourd'hui par les critiques, avec notamment Brian Eno et Phil Manzanera. John Cale surtout s'est particulièrement impliqué : il l'a encouragée à écrire et composer, a produit quatre de ses albums, tout en s'occupant des arrangements et en jouant de plusieurs instruments.
En 1967, Nico sort son premier album solo, Chelsea Girl, dont certaines chansons sont composées par Bob Dylan, Tim Hardin, Jackson Browne et par les membres du Velvet Underground. Cet album un peu folk contient des arrangements de cordes et de flûtes ajoutés par son producteur Tom Wilson sans concertation avec Nico, arrangements dont elle semble ne pas avoir été du tout satisfaite.
Pour son second album, The Marble Index, sorti en 1969, et grâce aux encouragements de John Cale, Nico écrit toutes les paroles et la musique. John Cale, producteur de l'album, considère que c'est le premier album de rock à abandonner les instrumentations et structures traditionnelles. Nico y joue de l'harmonium, instrument qui deviendra le sien pour le reste de sa carrière. L'album est influencé par la musique classique et les chansons traditionnelles européennes.
Pendant cette décennie, Nico partage son temps entre les films de Philippe Garrel, son compagnon, les concerts, et son fils Ari. Elle devient peu à peu héroïnomane. On a longtemps attribué son comportement idiosyncratique à cette dépendance, mais ce comportement était antérieur à sa consommation d'héroïne.
Nico reforme, avec Lou Reed et John Cale, le groupe Velvet Underground pour un concert au Bataclan le . À cette occasion le réalisateur Claude Ventura tournera un documentaire pour le magazine « Pop 2 » présenté par Patrice Blanc-Francard.
Cale produit ses albums Desertshore (1971) et The End (1974) : Nico est à l'harmonium, les arrangements glissent du néo-classique à l'avant-gardisme, les textes parlent de solitude, de pouvoir, d'héroïsme, de l'oscillation entre désir et détresse.
Le , elle chante The End, reprise des Doors, et morceau-titre de son album, aux côtés de Brian Eno, Kevin Ayers et John Cale, lors d'un concert de promotion des artistes du label Island, au Rainbow Theatre de Londres, enregistré dans le 33 tours June 1, 1974. La même année, elle chante sur l'album d'Ayers The Confessions of Dr. Dream and Other Stories.
Le , Nico se produit en concert avec le groupe Tangerine Dream à la cathédrale de Reims devant plus de 5 000 personnes.
Entre 1970 et 1979, Nico joue dans sept films du réalisateur Philippe Garrel qu'elle a rencontré en 1969. Sa première contribution à l'œuvre de Garrel est la chanson The Falconer pour Le Lit de la vierge. Elle vit avec lui, et devient alors une figure centrale de son œuvre et de sa vie. Elle apparaît pour la première fois dans La Cicatrice intérieure, en 1971, où elle tient le rôle principal auprès de Pierre Clémenti, de Philippe Garrel lui-même et de son fils Ari. Elle compose également la bande originale, éditée dans l'album Desertshore, et participe à la réalisation. Sa participation diminue cependant dans les films suivants, dont Les Hautes Solitudes, en 1974. Après sa mort, Garrel réalisera J'entends plus la guitare, inspiré par leur amour.
Installée à Ibiza, Nico vit alors avec le poète punk John Cooper Clarke. Elle enregistre en 1981 Drama of Exile, qui contraste avec ses travaux précédents avec John Cale en mêlant rock et arrangements moyen-orientaux, puis en 1985 son dernier album, Camera Obscura. Cet album, très expérimental, aux instrumentations jazz, comprend une reprise du standard My Funny Valentine.
De nombreux concerts de cette époque sont enregistrés et édités, notamment Heroine en 1982, Behind the Iron Curtain en 1986. Son tout dernier concert, Nico's Last Concert: Fata Morgana, est enregistré le , un mois avant sa mort.
Le , Nico meurt à l'hôpital d'une hémorragie cérébrale, à l'âge de 49 ans, quelques heures après une chute de vélo sur l'île d'Ibiza, conséquence, selon certaines sources, d'une insolation[15].
Elle est inhumée auprès de sa mère au cimetière des sans nom à Berlin-Grunewald.
En 2001, son fils Ari publie L'Amour n'oublie jamais, un hommage à sa mère avec des photographies inédites.
Dans son album Kissin' Time (2002), Marianne Faithfull la célèbre dans la chanson Song for Nico, co-écrite avec Dave Stewart. Elle y évoque les relations de Nico avec Brian Jones, Andy Warhol et Alain Delon.
En 2005, son single Vegas de 1981 fait partie de la bande originale de film du long métrage Les Amants réguliers de Philippe Garrel[16].
En , le groupe de musique industrielle Throbbing Gristle enregistre une ré-interprétation de Desertshore, pour son installation performance The Desertshore Installation publiée en coffret collector de 12 CD-R.
En , John Cale organise le Life Along The Borderline au Royal Festival Hall de Londres[17]. Un concert en hommage à Nico avec la participation, notamment, de Guillemots, Peter Murphy, Mark Lanegan, Lisa Gerrard, Soap & Skin.
En 2012, le groupe, sous le nom X-TG, présente une nouvelle interprétation de Desertshore avec de nombreux invités (Antony, Blixa Bargeld, Gaspar Noé...). Le disque est publié par le label Industrial Records (IR2012CD)[18].
En 2009, dans son roman Vous n'étiez pas là, Alban Lefranc imagine une biographie de Nico où le comique et réalisateur américain Lenny Bruce et le photographe allemand Herbert Tobias sont les personnages centraux de la vie de la chanteuse.
Sur son album Never Take Friendship Personal, le groupe Anberlin enregistre la chanson Dance, Dance, Christa Päffgen.
Dans le roman de Timothée Rocca, L'Horizon et l'Abîme[19], paru en 2016, le personnage d'Herman Conradi, lui aussi né à Cologne, en 1988, est hanté par la personnalité de la chanteuse morte trois jours avant sa naissance, et en qui il reconnaît une sœur de silence et de tristesse. Elle devient, par ce biais, un des personnages principaux du roman.
Nico - In Memoriam est un film documentaire du concert donné en 1986 à la boîte de nuit « Quartier Latin » à Berlin Ouest. Nico joue une sélection de ses propres classiques ainsi que ceux du Velvet Underground.
1995 : Nico Icon, film documentaire biographique germano-américain réalisé par Susanne Ofteringer, avec les témoignages de quelques proches de « l'icône » et d'artistes underground ayant collaboré avec elle.
Par ailleurs, dans son livre, L'amour n'oublie jamais, Ari, le fils de Nico, précise que le témoignage de sa grand-mère Édith Boulogne repose en partie sur des faits inexacts.
Film documentaire réalisé par Benoit Garel, et diffusé le à 15 h 30 sur France 3 Champagne-Ardenne, Alsace, Lorraine : retour sur le mythique concert, organisé par Assaad Debs en association avec Gérard Drouot et Musique Action Reims avec Tangerine Dream et Nico, qui s'était déroulé dans la cathédrale de Reims et qui avait défrayé la chronique à l'époque.
Nico, 1988, tourné en novembre- est sorti en France en [22]. La réalisatrice italienne Susanna Nicchiarelli réalise un biopic sur Nico, assez bien accueilli par la critique[23]. Le tournage a lieu dans l'est de la Belgique : Malmedy et Spa ainsi qu'à Liège (Seraing) où un concert est reconstitué. Nico est interprétée par l'actrice et chanteuse danoise Trine Dyrholm, qui chante plusieurs morceaux de Nico avec les musiciens du groupe italien Gatto Ciliegia Contro il Grande Freddo. Le film a obtenu le Prix Orizzonti du meilleur film à la Mostra de Venise 2017.
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