Pour les articles homonymes, voir Moldavie (homonymie).
République de Moldavie
(ro) Republica Moldova
Drapeau de la Moldavie. |
Armoiries de la Moldavie. |
Hymne |
en roumain : Limba noastră (« Notre langue ») |
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Fête nationale | |
· Événement commémoré | Proclamation d'indépendance vis-à-vis de l'URSS () |
Forme de l'État | République parlementaire |
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Présidente de la République | Maia Sandu |
Première ministre | Natalia Gavrilița |
Parlement | Parlement |
Langues officielles | Roumain (également nommé moldave[1],[2],[3]) |
Capitale | Chișinău |
Plus grande ville | Chișinău |
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Superficie totale |
33 851 km2 (classé 140e) |
Superficie en eau | 1,4 % |
Fuseau horaire | UTC +2 (été +3) |
Indépendance | URSS |
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Date |
Gentilé | Moldave |
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Population totale (2019[4]) |
2 681 735 hab. (classé 138e) |
Densité | 79 hab./km2 |
PIB nominal (2020) |
11,241 milliards de $ - 5,98 %[5] |
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PIB (PPA) (2020) |
34,908 milliards de $ - 3,15 %[5] |
PIB nominal par hab. (2020) |
4 267,726 $ - 4,27 %[5] |
PIB (PPA) par hab. (2020) |
13 252,887 $ - 1,38 %[5] |
Taux de chômage (2020) |
8 % de la pop. active + 55,27 % |
Dette publique brute (2020) |
Nominale 77,642 milliards de MDL + 30,22 % Relative 37.847 % du PIB + 33,36 % |
IDH (2019) | 0,750[6] (élevé ; 90e) |
Monnaie |
Leu moldave (MDL ) |
Code ISO 3166-1 |
MDA, MD |
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Domaine Internet | .md |
Indicatif téléphonique | +373 |
Organisations internationales |
Francophonie ONU |
La Moldavie (en roumain Moldova orientală par distinction de la Moldova occidentală appartenant à la Roumanie ; en russe Молдавия, Moldaviya), en forme longue république de Moldavie (roumain Republica Moldova, russe Республика Молдова, d'où la variante république de Moldova) est un pays d'Europe orientale, enclavé entre la Roumanie et l'Ukraine, englobant des parties des régions historiques de Bessarabie et de Podolie méridionale (dite Transnistrie). Ses paysages vallonnés comprennent des forêts, des terres cultivées, des zones humides et des vignobles. Sa capitale est Chișinău.
La partie de l'actuel territoire moldave située sur la rive droite du Dniestr a fait partie de la principauté de Moldavie (tributaire de l'Empire ottoman à partir de 1538), du XIVe siècle à 1812, date à laquelle elle fut cédée à l'Empire russe. Celui-ci en fit son « gouvernement de Bessarabie » et y organisa une colonisation entraînant l'installation de nombreuses populations autres que les Moldaves, qui restèrent cependant majoritaires.
Le XXe siècle est une période compliquée sur le plan des relations internationales. À la Révolution russe de 1917, la république démocratique moldave se forme et se déclare indépendante, puis en 1918 s'unit au royaume de Roumanie pour se protéger des bolchéviks, qui de leur coté fondent la république socialiste soviétique moldave (RSSM) en 1924 sur une petite portion du territoire moldave qu'ils contrôlent (Transnistrie). En 1940, en application du pacte germano-soviétique et sans que la Roumanie puisse s'y opposer, l'Union soviétique procède à l'occupation soviétique de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord. L'URSS réorganise alors le territoire de la RSSM en lui donnant la Bessarabie mais en lui retirant une autre partie au profit de l'Ukraine. La dislocation de l'URSS provoque de nouveaux chocs : la Transnistrie fait sécession de la Moldavie et s'autoproclame indépendante sans reconnaissance internationale dès 1990, tandis que la RSSM déclare son indépendance vis-à-vis de l'Union soviétique en août 1991 et devient membre de la Communauté des États indépendants qui en est issue[7],[8]. Elle est admise à l'Organisation des Nations unies en mars 1992, mais la même année la guerre du Dniestr accentue la rupture avec la Transnistrie[9].
Depuis 1994 la situation internationale est stable. La constitution actuelle, adoptée en 1994, en fait une république parlementaire neutre. Il existe un mouvement unioniste en Moldavie et Roumanie basé sur l'héritage historique, linguistique et culturel commun, mais également des raisons pour qu'il n'ait pas abouti, notamment la présence d'importantes minorités notamment slaves (un quart des habitants) et d'éléments de l'armée russe sur son territoire même (essentiellement en Transnistrie, mais même la Russie ne reconnait pas l'indépendance de ce territoire).
Située aux limites des sphères d'influence de deux superpuissances à la fois partenaires et antagonistes, la Moldavie se trouve dans la zone d'influence russe et fait toujours partie de la CEI, mais aux frontières orientales de l'Union européenne et de l'OTAN[10] : elle est aussi membre de l'Organisation pour la démocratie et le développement (GUAM), du partenariat pour la paix de l'OTAN depuis le , de l'Accord de libre-échange centre-européen et du Partenariat oriental de l'UE depuis 2009[11] et elle a un accord d'association avec l’UE depuis le .
Cette situation géopolitique et les tensions internes ne favorisent pas l'économie moldave. Enclavée, elle ne dispose plus de ports depuis que la partie de la Bessarabie littorale de la mer noire a été rattachée à l'Ukraine en 1940. Elle n'a d'accès que symbolique sur le Danube, et la Transnistrie secessioniste contrôle les transports sur le Dniestr ou vers l'Ukraine. Les voies de chemins de fer sont aux normes russes, incompatibles avec le réseau roumain qui est aux normes occidentales. La Moldavie a vu baisser sa production agricole (passant sous le seuil d'autosuffisance) et industrielle, même si le secteur des services s'est fortement développé. Elle souffre d'un fort exode rural et une expatriation importante de la population active qui explique son relativement bas taux de chômage. En 2022, elle est le pays le plus pauvre d'Europe en termes de PIB par habitant et a l'indice de développement humain le plus bas du continent.
Le pays est officiellement appelé en français « république de Moldavie » ou « république de Moldova »[12].
Aux Nations unies, le pays a d'abord employé officiellement en français « république de Moldavie »[13], mais depuis 1994, il emploie « république de Moldova »[14]
La première forme « Moldavie », française, est préférée par les pro-européens pour marquer l'appartenance du pays à la Moldavie historique dont fait également partie la moitié roumaine de cette ancienne principauté historique ; la seconde forme « Moldova », bien que roumaine, est préférée par les communistes et autres pro-russes pour bien souligner en français la différence entre la « Moldavie » historique roumaine et l'actuelle « Moldova » post-soviétique située dans la sphère d'influence russe. La même dichotomie se retrouve en anglais (« Moldavia » / « Moldova ») et en allemand (« Moldau » / « Moldawien »), le second terme étant à chaque fois, comme en français, un néologisme.
Historiquement, le nom de « Moldavie » vient de l'ancien allemand « Mulde » qui signifie « creux poudreux », « carrière », « mine », et qui a successivement désigné une cité minière (en roumain Baia, qui signifie aussi « carrière », « mine »), la rivière Moldova passant à côté, et pour finir, une principauté née dans cette région : la Principauté de Moldavie (1359-1859). Le territoire de cette dernière est aujourd'hui partagé selon des limites définies dans le Pacte germano-soviétique de 1939 entre :
L'adjectif géographique « moldave » se réfère à tout ce qui concerne le territoire historique de la Moldavie.
La république de Moldavie est localisée en Europe orientale. D'une superficie de 33 843 km2, ce pays s'étend sur 450 km du nord au sud et 200 km d'est en ouest.
Occupation des sols :
La république de Moldavie occupe le tiers central de l'ancien gouvernement de Bessarabie de l’Empire russe tel qu'il avait été défini en 1812, lorsque ce territoire encadré par la rivière Prut, le Dniestr et la mer Noire, fut enlevé à la Principauté de Moldavie au traité de Bucarest.
Le reste de la Bessarabie de 1812 appartient aujourd'hui à l'Ukraine : Hotin (auj. Khotyn) au nord-ouest, et le Boudjak au sud-est (avec les quatre ports de Reni, Izmaïl, Chilia (auj. Kiliya) et Cetatea Albă (aujourd'hui Bilhorod-Dnistrovskyï) entre la république de Moldavie, la Roumanie, l'embouchure du Dniestr et la mer Noire). Ainsi privée d'accès à la mer, mais s'étendant sur une partie de la Podolie (rive gauche du Dniestr), la Moldavie, unitaire durant la période soviétique, est de facto devenue fédérale en 1991 lors de son indépendance face à l'URSS, lorsque la Gagaouzie et la Transnistrie se sont déclarées indépendantes d'elle. Ultérieurement, la Gagaouzie a accepté le statut d'unité territoriale autonome reconnue de jure au sein de la Moldavie, statut également proposé à la Transnistrie qui l'a refusé (mais dont l'indépendance n'est pas reconnue par la communauté internationale).
Les paysages moldaves ressemblent à ceux de la région française de Bourgogne, bien que les roches sous-jacentes soient géologiquement plus jeunes (Cénozoïque). Les versants adrets sont propices à la viticulture, les ubacs conservent fréquemment leur couvert forestier, notamment dans le Codru. La Moldavie a conservé un environnement encore riche : elle est, comme d'autres pays de l'Est de l'Europe, parmi les premiers à avoir concrétisé, avec l'aide des associations environnementales « Biotica » et « M.E.M. » un réseau écologique national[15], avec un plan d’action pour la protection de la biodiversité, déclinaison locale du réseau écologique paneuropéen (plan approuvé le ).
En 2001, les noyaux du réseau écologique y couvraient 73 145 ha, incluant cinq réserves scientifiques (19 378 ha), près de 30 réserves naturelles (22 278 ha), 13 territoires ayant un autre statut de protection (4 350 ha), 13 habitats humides étant repérés, mais encore sans statut de protection (24 592 ha). Des corridors biologiques d'importance nationale et/ou internationale ont été distingués et cartographiés dans ce plan. L'une des plus anciennes de ces réserves est celle du Codru, en altitude (432 m) au centre du pays. Le parc national Orhei a été créé en 2013.
La vallée du Nistre.
Paysage moldave à Soroca avec le fleuve Nistru ou Dniestr et la forteresse.
Aire protégée de Tabăra Orheiului.
C'est le traité de Bucarest de 1812 qui, en coupant la principauté de Moldavie en deux, inaugure pour chaque moitié une histoire différente, plus proche des Balkans et de l'Europe centrale pour la moitié occidentale, qui en 1859 forme la Roumanie en s'unissant à la Valachie et qui se trouve aujourd'hui dans l'Union européenne et dans l'OTAN, mais plus proche de l'histoire russe et soviétique pour la moitié orientale, qui se trouve aujourd'hui dans la CEI et est observatrice de la Communauté économique eurasiatique. Les conséquences de cette division sont aussi démographiques, car si dans la moitié occidentale aujourd'hui roumaine, 98 % des habitants sont des autochtones roumanophones, dans la moitié orientale aujourd'hui indépendante ou bien ukrainienne, ils sont moins de 65 %[16]. Tous les Moldaves n'ont pas pour autant renoncé à l'idée de réunifier leur pays, même si le statu quo est aujourd'hui considéré tant par l'OTAN que par la Russie comme une condition du maintien de la paix dans la région.
République démocratique moldave (1917-1918) - République socialiste soviétique autonome moldave (1924-1940) - Occupation soviétique de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord - République socialiste soviétique moldave (1940-1991) - Guerre civile de Moldavie (1992).
Des traces d'habitat existent dès le Paléolithique et se multiplient au Néolithique, avec notamment la civilisation de Coucouténi-Tripolié. Durant l'Antiquité, on note dans la région la présence des Daces (ou Thraces septentrionaux selon Hérodote, dits aussi Gètes), des Scythes et des Bastarnes[17]. La région échappe à la conquête de la Dacie par l'Empire romain : seul le Sud (autour de Cahul) est intégré à la province romaine de Scythie mineure. Les Daces restés libres dans le pays sont les Carpiens, qui ont laissé leur nom aux Carpates au IVe siècle, lorsque sous la pression des Goths et des Huns, ils ont migré vers le Sud-Ouest.
Après l’effondrement de l’empire des Huns, la région est disputée entre les Avars et les Onogoures, tandis que les tribus Slaves migrent vers le Sud, traversant le Danube pour s’installer dans les Balkans. Bien d’autres peuples y passent ensuite (Bulgares, Magyars, Petchénègues, Iasses, Coumans...) mais en dehors des vallées des principaux cours d’eau (Prut, Răut et Dniestr), le peuplement sédentaire, mélange de Daces romanisés[18] et de Slaves connu sous le nom de Volochovènes, a été sporadique en raison du climat (périodes de sécheresse pluriannuelle) et d’invasions venues des steppes de l’Est (peuples de cavaliers nomades). Les deux phénomènes sont d’ailleurs liés : la végétation aussi a évolué selon ces aléas : lors des périodes plus humides propices au peuplement sédentaire, les forêts (codri), les prés (pășuni) et les cultures (ogoare) progressaient, tandis que lors des périodes sèches propices aux cavaliers nomades, c’étaient les steppes à chardons.
À chaque période sèche, les populations autochtones, des Gétodaces jusqu'aux Moldaves roumanophones actuels, se sont réfugiées sur les piémonts des Carpates orientales ou dans le Codru (plus arrosés en raison de leur altitude). Les pluies revenues, elles ont repeuplé le pays en creusant des puits et en refondant des villages, des villes, tout en assimilant au passage les minorités installées lors des invasions. L’avant-dernière grande invasion ayant dépeuplé le pays (mentionné comme loca deserta ou terra sine incolis sur les cartes de l’époque) fut celle des Tatars/Mongols au XIIIe siècle, puis le repeuplement moldave s'est effectué au XIVe siècle, conclu par l’unification des petits voïvodats en une Principauté de Moldavie[19]
Au Moyen Âge : après avoir été partagée entre plusieurs petits duchés (Onut, Soroca, Hansca, Bârlad) et le peuple des Iasses, la région fait partie depuis 1359 de la Principauté de Moldavie.
En 1367, la Bessarabie jusque-là valaque est rattachée à la Moldavie (mais à l’époque, le nom de Bessarabie désigne seulement les rivages du Danube et de la Mer Noire libérés des Tatars par la dynastie valaque des Basarab : cette région est maintenant appelée Boudjak). Convoitée par ses puissants voisins du nord et de l’ouest, les royaumes de Hongrie et de Pologne, et régulièrement attaquée par les Tatars au sud et à l’est, la Moldavie cherche l’alliance des Jagellons et se reconnaît vassale de la Pologne (1387–1455) mais cela ne signifie pas, comme le montrent par erreur diverses cartes, qu'elle soit devenue une province polonaise ou un fief du roi de Pologne : ces erreurs sont dues d’une part à la confusion sémantique chez certains historiens modernes, entre voïvodie (province, en polonais) et voïvode (prince régnant, en roumain), ou encore entre suzeraineté et souveraineté, et d’autre part à la rétroprojection nationaliste de l’histoire[20]. À cette époque, la Moldavie prospère, car aux XIVe et XVe siècles, avec la chute de Constantinople et surtout avec le règne d’Étienne III de Moldavie, de nombreux Romées (Byzantins) se réfugient en Moldavie et on voit ainsi le centre de l'orthodoxie se déplacer vers le nord avec l’érection de plus de 40 monastères en style byzantin recouverts de fresques. La Moldavie s’émancipe alors des Hongrois et des Polonais et devient pleinement indépendante mais, partir de 1536, elle doit, pour conserver son autonomie, payer tribut à l’Empire ottoman, mais cela ne signifie pas, comme le montrent par erreur diverses autres cartes, qu'elle soit devenue une province turque.
En 1774, l’Autriche annexe la Bucovine (au nord-ouest du pays), puis en 1812, les Russes qui visent le contrôle des bouches du Danube obtiennent la moitié orientale du pays, et étendent le nom de Bessarabie à tout le territoire annexé dont Chișinău devient la capitale (traité de Bucarest (1812)).
En 1812, la Moldavie orientale devient une province de l’Empire russe sous le nom de gouvernement de Moldavie-et-Bessarabie, peu après abrégé en Bessarabie. Les autorités impériales considèrent que la Bessarabie doit devenir une terre russe y compris sur les plans démographique et culturel, et elles en prennent les moyens, mais en plusieurs étapes.
Sur le plan politique et linguistique, au début, l’autonomie de la Bessarabie est garantie en 1816, et le prince moldave Scarlat Sturdza, est nommé gouverneur. Mais l’autonomie est abolie en 1828 et Sturdza, destitué, doit s’exiler et est remplacé par des gouverneurs russes. En 1829, l’usage de la « langue moldave » (nom russe du roumain parlé par les Moldaves) est interdit dans l’administration au profit du russe. En 1833, le « moldave » est interdit dans les églises et, en 1842, dans les établissements d’enseignement secondaire, puis dans les écoles primaires en 1860. Enfin, en 1871, lorsque la Bessarabie devient une « goubernia » impériale, le moldave/roumain est purement et simplement interdit dans toute la sphère publique par ukase du Tsar[21].
Sur le plan démographique, les autorités impériales encouragent l’émigration des Moldaves (et en déportèrent de plus en plus) vers d’autres provinces de l’empire (notamment au Kouban, au Kazakhstan et en Sibérie), tandis que d’autres groupes ethniques, notamment Russes et Ukrainiens (appelés au XIXe siècle « Petits Russes »), étaient invités à s’installer dans la région. Selon le recensement de 1817, la Bessarabie était peuplée à 86 % de Moldaves, 6,5 % d’Ukrainiens, 1,5 % de Russes (Lipovènes) et 6 % issus d’autres groupes ethniques. Quatre-vingts ans plus tard, en 1897, la répartition ethnique avait sensiblement évolué, avec seulement 56 % de Moldaves, mais 11,7 % d’Ukrainiens, 18,9 % de Russes et 13,4 % de personnes issues d’autres groupes ethniques. En quatre-vingts ans, la part de la population autochtone avait donc chuté de 30 points de pourcentage[22]. En 1856, à la suite de la guerre de Crimée, la Principauté de Moldavie récupère le Sud de la Bessarabie (aujourd’hui Boudjak, ou Bugeac en roumain) : durant 22 ans, le processus de « dé-moldavisation » s’interrompt dans cette région.
Pour l’Empire russe, la Bessarabie est d’abord une région agricole et des voies ferrées sont construites pour la relier au port d’Odessa afin d’exporter les céréales et le bois moldaves. Sur le plateau au-dessus du vieux bourg moldave de Chișinău, une ville nouvelle russe au plan en damier est construite : là se trouvent administrations, casernes, cathédrale et manufactures[22].
À l’ouest du Prut, en 1859, la Moldavie occidentale et la Valachie s’unissent pour former la Roumanie : dès lors, les roumanophones des pays voisins (Banat, Transylvanie, Marmatie, Bucovine, Bessarabie et Dobroudja) réclament leur rattachement à ce pays. En 1878, à la suite de la guerre que Russes et Roumains ont menée ensemble contre l’Empire ottoman, la Russie récupère le sud de la Bessarabie (aujourd’hui Boudjak) mais l’indépendance de la Roumanie est internationalement reconnue.
Pendant la Première Guerre mondiale, le , l’indépendance de la République démocratique de Moldavie est proclamée par le Soviet moldave. Celui-ci, à majorité menchévique et roumanophone, mais menacé de mort par les Bolcheviks (qui mettent à prix la tête des députés), appelle à la rescousse une division roumaine épaulée par la mission française Berthelot puis, le , vote, par 86 voix contre 3 et 36 abstentions, le rattachement à la Roumanie, à condition que celle-ci respecte les réformes démocratiques qu’il avait promulguées et l’autonomie du pays.
En 1924, l’URSS qui reprend à son compte les ambitions géopolitiques des tsars, refuse de reconnaître ce vote et fonde en Ukraine une Région socialiste soviétique autonome moldave (en roumain : « Transnistrie »).
Les réformes démocratiques du Soviet moldave sont partiellement respectées au début de la période roumaine, mais au fil des années et de la montée des nationalismes et des dictatures en Europe surtout à partir de la crise économique des années 1930, elles seront de plus en plus écornées, et en la démocratie parlementaire roumaine s’effondre au profit de la dictature carliste dans une situation de quasi-guerre civile entre celle-ci et les fascistes violemment antisémites de la Garde de fer, particulièrement actifs en Bessarabie où les juifs (ici ashkénazes et russophones) étaient très nombreux. En Transnistrie soviétique, la population diminue à la suite de la guerre civile russe, aux persécutions et déportations de la Guépéou-NKVD, à la collectivisation et surtout à la famine : le comité Nansen est très présent en Bessarabie et y accueille des dizaines de milliers de réfugiés majoritairement Russes, Juifs et Ukrainiens fuyant l’URSS, de sorte que le nombre de russophones augmente en Bessarabie même durant la période roumaine[22].
Au début de la Seconde Guerre mondiale, le , alors que le roi Carol II, autoritaire et pro-Alliés, est encore au pouvoir, l’URSS, en application du Pacte germano-soviétique, envahit le territoire, que les Roumains évacuent sans combattre. Les Soviétiques rattachent à la RSSAM (qui perd la moitié de son territoire de 1924 au profit de l’Ukraine) les deux tiers de la Bessarabie (le tiers restant va à l’Ukraine) et déportent 110 000 roumanophones instruits (même politique qu’en Pologne et dans les pays baltes[23]).
En juin 1941, la Roumanie, cette fois dirigée par Ion Antonescu, le « Pétain roumain », attaque l’URSS aux côtés de l’Axe (opération Barbarossa) et récupère le territoire : déportation de 140 000 Juifs (210 000 autres fuient vers l’URSS : la plupart seront rattrapés par la Wehrmacht ou l’armée roumaine et tués en Ukraine) et de certains Roms.
Entre mars et , l’URSS récupère à son tour le territoire : déportation de à de 120 000 roumanophones accusés d’avoir servi la Roumanie[24].
Sous le régime soviétique, une intense colonisation slave se développe et les roumanophones continuent à être dispersés hors de Moldavie par le jeu des attributions de postes et des déplacements de main-d’œuvre pour les grands travaux (beaucoup se retrouvent au Kazakhstan) : en 1978, 86 % des dirigeants sont des non-Roumains (Russes et Ukrainiens pour la plupart). Par ailleurs, le cours du bas-Dniestr s’industrialise : centrale hydroélectrique de Dubăsari, arsenal de Colbasna, industries mécaniques et d’armement de Tiraspol. La Moldavie devient par ailleurs la principale région viticole soviétique, et c’est surtout par ce biais qu’elle y est connue.
La Moldavie sort de la guerre ravagée. La pénurie de médecins favorise la propagation des épidémies, une grande partie de la population est au chômage et la famine fait son apparition. Le gouvernement soviétique investit massivement pour relancer l'industrie et l'agriculture, ainsi que pour importer des équipements et des matières premières. Le pays développe par la suite une agriculture prospère, reposant notamment sur la viticulture. L'industrie se développe à partir des années 1950[25].
Entre 1985 et 1991, sous Gorbatchev, la politique de perestroïka se traduit en Moldavie par une revendication de reconnaissance de l’identité roumaine des autochtones et par un retour à l'alphabet latin, le roumain devenant officiel à côté du russe.
Le , la république de Moldavie proclame son indépendance, immédiatement reconnue par la Roumanie, puis par la communauté internationale. En , la « République moldave du Dniestr » dite improprement « Transnistrie » (en fait, la Transnistrie est beaucoup plus vaste, et à 92 % ukrainienne) proclame son indépendance par rapport à Chișinău (indépendance non reconnue par la communauté internationale), et demande son rattachement à la Russie ou à l'Ukraine ; 500 « cosaques » russophones encadrés par la 14e armée russe (stationnée à Tiraspol) prennent le contrôle de la rive gauche du Dniestr où se trouvent 80 % des industries ; un millier de volontaires moldaves armés tentent de passer le Dniestr pour en reprendre le contrôle, mais sont repoussés (208 tués)[26].
L'administration de la république de Moldavie comprend :
La question de l'organisation administrative du pays n'a jamais été envisagée du point de vue de l'état de droit (mêmes droits pour tous, à égalité) ni du point de vue pratique et ergonomique (des subdivisions basées sur la géographie)[27]. Au contraire, elle a été instrumentalisée dans le cadre du combat politique entre la majorité autochtone roumanophone, et les minorités slavophones. Les dirigeants de la communauté roumanophone ont essayé d'appliquer à la Moldavie la tradition administrative roumaine, elle-même d'inspiration française, en mettant en place des județe (départements) avec un préfet et une forte centralisation. Les dirigeants slavophones, inspirés par le modèle soviétique, ont au contraire préféré fédéraliser le pays et organiser le territoire en raïons (arrondissements) dirigés par des comités, avec des différences entre raïons urbains et ruraux, et des républiques autonomes locales basées sur l'ethnographie.
Entre ces deux modèles, un compromis, qui ne satisfait personne pleinement et introduit des différences de droit d'une région à l'autre, a abouti en fin de compte à une fédéralisation profitant à la Transnistrie, située entre le Dniestr et l'Ukraine et au pays Gök-Oguz ou Gagaouzie, considérées comme des « unités territoriales autonomes ». Ces deux territoires, où l'autorité de l'État ne s'exerce pas, disposent à eux seuls de 85 % de la puissance économique de la Moldavie, alors qu'ils ne représentent que 18 % de son territoire[28].
N° | Nom | Région | Pop. |
---|---|---|---|
1 | Chișinău | Chișinău | 590 631 |
2 | Tiraspol | Tiraspol | 133 807 |
3 | Bălți | Bălți | 97 930 |
4 | Tighina | Tighina | 91 882 |
5 | Rîbnița | Raion de Rîbnița | 48 500 |
6 | Cahul | Raion de Cahul | 40 900 |
16 | Ocnița | Raion d'Ocnița | 39 500 |
7 | Ungheni | Raion d'Ungheni | 38 400 |
8 | Soroca | Raion de Soroca | 37 600 |
9 | Orhei | Raion d'Orhei | 33 700 |
10 | Dubăsari | Raion de Dubăsari | 23 650 |
11 | Comrat | Gagaouzie | 26 300 |
14 | Ceadîr-Lunga | Gagaouzie | 22 800 |
15 | Strășeni | Raion de Strășeni | 21 400 |
18 | Drochia | Raion de Drochia | 20 500 |
12 | Edineț | Raion d'Edineț | 20 200 |
19 | Slobozia | Raion de Slobozia | 20 000 |
13 | Căușeni | Raion de Căușeni | 19 900 |
17 | Florești | Raion de Florești | 15 500 |
20 | Sîngerei | Raion de Sîngerei | 15 500 |
La république de Moldavie (hors Transnistrie) compte 2 681 735 habitants, selon le recensement de 2019. Deux cultures cohabitent et parfois s'affrontent dans le pays : d'une part celle latine de la majorité autochtone roumanophone et d'autre part celle slavophone des minorités russe, ukrainienne et gagaouze (les Gök-Oğuz étaient initialement turcophones, mais ont été en grande partie russifiés pendant la période soviétique). Cette cohabitation ethnique, linguistique et culturelle a commencé en 1812, année où la Russie tsariste reçoit la Moldavie orientale au traité de Bucarest.
Avant les bouleversements démographiques de la Seconde Guerre mondiale et de l'après-guerre, la population était constituée de roumanophones (désignation linguistique) moldaves (désignation géographique), avec des minorités d'Ukrainiens, de Russes blancs, de Bulgares, d'Allemands, de Gök-Oguz ou Gagaouzes, de Grecs, d'Arméniens et de Juifs ashkénazes. Au brassage des cultures et aux vagues migratoires se sont ajoutées au XXe siècle la déportation organisée contre les Roms et les Juifs par le régime fasciste d'Antonescu et contre les Moldaves par l'URSS[30] qui a, en revanche, intensifié la colonisation russe.
La désignation de la langue officielle de l'État (langue maternelle des autochtones, 77 % de la population) est double :
Ces deux dénominations concernent la même langue ausbau, « moderne » ou « savante », parlée en Moldavie et Roumanie par environ 24 millions de locuteurs, dont 3,5 millions en république de Moldavie. Cette double dénomination après un quart de siècle de lutte culturelle et d'invectives, revient au compromis de départ exprimé par le décret du Soviet suprême de la République socialiste soviétique moldave du qui affirmait que le « moldave et le roumain sont deux langues identiques ». Expression d'une orientation politique, la dénomination officielle « Moldave » ne doit pas être confondue avec le parler moldave de la langue roumaine tel qu'il est reconnu par les linguistes.
Le Bureau national de statistique de Chișinău a publié les résultats officiels du recensement, qui offrait aux citoyens roumanophones la possibilité de choisir entre « roumain » et « moldave ». Selon « Moldpres », seuls 2,2 % se sont déclarés roumains, ce qui les range à côté des autres minorités : 8 % des citoyens se déclarent Ukrainiens, 5,9 % Russes, 4,4 % Gagaouzes (population turcophone chrétienne), et la très grande majorité (près de 80 %) se désignent comme « Moldaves ». Ces résultats ne concernent pas la Transnistrie.
Selon les différents recensements,
Si le critère linguistique semble prêter à confusion en raison des choix politiques, celui ethnique prend aussi en compte les traditions populaires, les coutumes des villages, les revendications des habitants eux-mêmes et l'histoire. Selon ce critère ethnique, dans la république de Moldavie (sans la Transnistrie) vivent 3 millions de Roumains moldaves, 250 000 Ukrainiens, 100 000 Gagaouzes et 90 000 Russes. Dans la république séparatiste de Transnistrie vivent 300 000 Roumains moldaves, 250 000 Russes, 200 000 Ukrainiens et plusieurs milliers de Juifs, Tatars, Bulgares, Gagaouzes, etc. Sur l'ensemble des habitants actuels du territoire moldave, 3,3 millions sont Moldaves (76,2 %), 450 000 sont Ukrainiens (10 %), 340 000 sont Russes (8 %), un peu plus de 100 000 sont Gagaouzes (4,4 %) et presque 100 000 sont des minorités plus petites (Polonais, Roms, Bulgares, Juifs, Tatars, Arméniens…).
Ces chiffres correspondent aux déclarations des citoyens recensés et ne tient pas compte du fait que deux-tiers de la population sont bilingues roumain–russe, le russe étant « langue de communication inter-ethnique » comme dans tous les états de la CEI. Un sixième de la population est bilingue russe-ukrainien, russe-gagaouze ou russe-bulgare, et un autre sixième est unilingue russe. Les rares personnes unilingues en roumain sont les roumanophones originaires de Roumanie. Il existe aussi des personnes trilingues russe-ukrainien-roumain, russe-gagaouze-roumain ou russe-bulgare-roumain. C'est pourquoi, selon les recensements et les auteurs, depuis 1910, la proportion de la majorité roumaine varie de 56 % à 79 %.
Avant 1991, le russe était obligatoire dans le cursus scolaire : école primaire, collège, lycée, et université. De ce fait, les Moldaves scolarisés avant 1991 parlent couramment russe. De nos jours, au moins 95 % des Moldaves comprennent le russe qui reste la langue inter-ethnique, et environ 80% le parlent, lisent et écrivent couramment. De leur côté, un bon tiers des minorités comprend le moldave et un sixième le parle plus ou moins couramment, mais en utilisant de nombreux « russismes »[33].
Selon des chiffres officieux, environ 1/4 des actifs soit 8% de la population, a émigré, soit un taux migratoire net de -25 %. Les roumanophones choisissent surtout la Roumanie, l'Italie, l'Espagne et le Portugal, les slavophones surtout la Russie, l'Ukraine, la Pologne et l'Allemagne. Environ 420 000 citoyens de la Moldavie se trouvent en Union européenne, soit en Roumanie (de 1991 à 2011, 349 440 citoyens moldaves ont demandé la nationalité roumaine comme le leur permet l'article 11 de la loi roumaine no 21 de 1991, et 196 825 l’ont obtenue[34]) soit dans la diaspora, notamment dans les pays d'Europe occidentale[35]. Par ailleurs, environ 75 000 citoyens moldaves ont obtenu la citoyenneté russe ou ukrainienne. Résultat de cette émigration massive : on estime à 250 000 le nombre d'enfants moldaves qui vivent sans leurs parents[36]. Au total, la population de la république de Moldavie était estimée en 2005 à un peu moins de 3 455 000 habitants.
Le taux de fécondité est de 1,5 enfant par femme[37]. Les dépenses publiques de santé ont été de 4,2 % du PIB et les dépenses privées de santé de 3,2 %[37]. Il y a environ 264 médecins pour 100 000 habitants[37]. Les dépenses de santé étaient de 138 US $ (PPA) par habitant en 2004[37].
Entre 1991 et 2010, la vie politique se joue essentiellement entre d’une part les pro-russes regroupés autour des communistes qui se réfèrent explicitement au modèle soviétique et recueillent les suffrages de la grande majorité des slavophones et d’une partie des roumanophones (notamment en milieu rural) et d’autre part les non-communistes (agrariens, centristes, libéraux, chrétiens-démocrates, socialistes modérés) qui se réfèrent explicitement au modèle européen et roumain, et recueillent les suffrages d’une autre partie des roumanophones, notamment en milieu urbain ; à partir de 1995, mais surtout après 2000, à la suite de la crise financière du monde occidental, les communistes dominent nettement la scène politique : majoritaires au Parlement, ils gouvernent quasiment seuls de 2001 à 2009 sous la présidence du russophone Vladimir Voronine.
Le , 2,5 millions d’électeurs sont appelés à voter. Les communistes l’emportent de justesse mais l’opposition les accuse d’intimidation et de corruption. La délégation d’observateurs du Parlement européen présidée par la députée européenne Marianne Mikko (estonienne, Parti socialiste européen) note de « réels progrès par rapport aux élections législatives de 2005 » mais ajoute que « des efforts supplémentaires devraient être faits concernant la neutralité des chaînes de télévision et de radio publiques »[38]. Le , des manifestations de l’opposition à Chișinău, devant le parlement, sont violemment réprimées (décès de trois personnes) et les communistes accusent l’OTAN et la Roumanie, qualifiés de « puissances fascistes », de susciter artificiellement ces incidents par leurs « provocations » et « ingérences ».
Selon la Commission électorale centrale moldave, le Parti communiste obtient 49,48 % des voix et 60 mandats de députés, soit un mandat de moins que nécessaire pour pouvoir élire le chef de l’État. Par ailleurs, le Parti libéral obtient 13,14 % des voix (15 mandats), le Parti libéral-démocrate de Moldavie 12,43 % des voix (15 mandats) et l’Alliance Notre Moldavie 9,77 % des voix (11 mandats)[39].
Le Parti communiste ne parvenant pas à faire élire son candidat, les élections législatives de voient quatre partis d'opposition (Libéral-démocrate, Libéral, social-démocrate, et chrétien-démocrate) s'unir pour former une Alliance pour l'intégration européenne (AIE) qui remporte 53 sièges[40] contre 48 au Parti communiste, qui reste néanmoins le plus puissant des partis politiques de Moldavie, et en pourcentage de voix, l'un des plus puissants partis communistes d'Europe.
Le Parti communiste connaît en 2010 une petite baisse avec « seulement » 44,7 % des suffrages (un score que bien des partis communistes européens lui envient). Avec 51 % des suffrages, les quatre partis politiques de l’Alliance pour l'intégration européenne (A.I.E.), qui ont tous franchi la barre des 5 % nécessaires pour être représentés au Parlement, remportent ensemble 53 sièges, soit plus que la majorité absolue, permettant à un nouveau gouvernement, dirigé par Vlad Filat, d'entrer en fonction. Cependant la coalition ne peut élire son candidat à la présidence, car selon les amendements constitutionnels votés en , cela nécessite 61 voix sur les 101 membres du Parlement.
Dans une telle configuration, de nouvelles élections auraient dû avoir lieu, mais la même Constitution limite le nombre d'élections pouvant être tenues dans un laps de temps aussi court, produisant une situation de blocage. Pour pallier cela, la coalition organise un référendum prévoyant l'élection du Président de la République au suffrage direct, de manière que des élections présidentielle et législatives puissent se tenir simultanément en . Le Parti communiste appelle bien sûr au boycott du référendum, et le taux de participation n'atteint que 30 %, alors qu'il aurait dû dépasser 33,3 % pour être valide. Ainsi, de nouvelles élections législatives ont lieu le . Les communistes obtiennent 42 sièges, le P.L.D.M. 32, le Parti démocrate de Moldavie 15 et le Parti libéral 12, soit 59 sièges pour les pro-européens. Mais 61 sièges sont nécessaires pour élire le président de la République. En outre, le 28 décembre, les communistes bloquent l'élection du président du Parlement, qui aurait pu exercer l'intérim à la tête de l'État. Le Premier ministre démissionnaire, Vlad Filat, remplit de ce fait l'intérim de la présidence de la République pendant deux jours, le temps que les députés de l’Alliance pour l'intégration européenne (A.I.E.) se mettent d'accord pour élire Marian Lupu à la présidence du Parlement le , celui-ci devenant automatiquement chef de l'État par intérim.
En , les élections parlementaires montrent une grande stabilité de l'électorat par rapport à 2010 : l’Alliance pour l'intégration européenne des partis Démocrate (P.D. formé par la fusion des sociaux-démocrates et des chrétiens-démocrates), libéral-démocrate P.L.D.M. et libéral P.L., remporte 54 sièges, contre 47 aux pro-russes qui se sont partagés, tout en restant très solidaires entre eux, en deux formations : le Parti communiste et le Parti socialiste. Quarante-sept sièges forment une minorité de blocage et les pro-russes, jouant sur les craintes suscitées par la guerre du Donbass, n'ont débloqué le vote de confiance du Parlement (le ) qu'en échange de l'engagement du gouvernement de Chiril Gaburici (P.D.L.M.) de « sauvegarder de bonnes relations avec notre principal partenaire, la Russie »[41]. Ainsi, la Russie a réussi à maintenir la Moldavie dans sa sphère d’influence[42]. En 2015, la Moldavie a eu 5 chefs de gouvernements[43].
En , lors de l'élection présidentielle, la première au suffrage universel direct depuis 1996, le candidat prorusse, Igor Dodon, l’emporte avec 53,45 % des voix[44].
La Moldavie entretient des relations diplomatiques complexes et mouvantes avec trois pays : la Roumanie avec laquelle elle partage une communauté linguistique, culturelle et historique depuis plusieurs siècles, l'Ukraine qui possède des territoires anciennement moldaves où vivent encore des Moldaves en minorité (oblast de Tchernivtsi et Boudjak) et la Russie, principale héritière de l'URSS dont la Moldavie était une république constituante jusqu'à l'indépendance de 1991, et qui considère la Moldavie comme l'« étranger proche » de sa zone d'influence, contrôlant indirectement et « protégeant » militairement 18% du territoire moldave. Les volte-face ont été nombreuses selon les majorités au pouvoir.
Lorsque les pro-roumains et pro-européens gouvernaient, des périodes d'ouverture des frontières, d'abolition des visas et même de mise en commun des réseaux téléphoniques avec la Roumanie menèrent à un net refroidissement des relations avec la Russie et l'Ukraine, ainsi qu'à des interruptions des négociations avec Tiraspol. Inversement, surtout après 1994 lorsque les pro-russes, pro-ukrainiens (à l'époque du gouvernement Ianoukovytch) et communistes moldaves furent au pouvoir, ce sont les relations avec la Roumanie et l'Union européenne qui se refroidirent, tandis que les relations avec la Biélorussie, la Russie et l'Ukraine s'intensifiaient et les négociations avec Tiraspol reprenaient : ainsi, le gouvernement Voronine manifesta en 2001 sa volonté de rejoindre l'Union russo-biélorusse[45],[46].
En 2007, l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne accentua l'ancrage à l'Est de la Moldavie : les conditions de visas et de séjour devinrent plus strictes entre Roumanie et Moldavie, alors qu'elles devenaient plus faciles entre Russie, Ukraine, Biélorussie et Moldavie. La république de Moldavie est d'ailleurs membre de la CEI et du GUAM, une organisation internationale de coopération à vocation régionale est-européenne. Toutefois, si cet ancrage à l'Est permit au pays de bénéficier de tarifs modérés pour le pétrole et le gaz russes, il ne fit pas aboutir les négociations avec la Transnistrie qui continue de se situer hors de la légalité républicaine et internationale (légalement il s'agit d'une région autonome à statut spécial ; concrètement c'est un état séparatiste autoproclamé, échappant complètement au contrôle du gouvernement, fût-il communiste).
De son côté, même en période de mauvaises relations, la Roumanie n'a pas cessé d'accorder sa nationalité aux citoyens moldaves dont au moins un ascendant est né citoyen roumain et qui passent avec succès un examen de roumain, ce qui a suscité des controverses au sein de l'Union européenne, les autres pays membres accusant la Roumanie de « vouloir faire entrer trois millions d'immigrés par la porte de derrière »[47]. Le président roumain Traian Băsescu a répondu que lors de l'absorption de la RDA par la RFA, ce sont 18 millions de personnes qui ont rejoint la Communauté européenne sans que ses autres membres aient été consultés.
La majorité élue en 2009 et réélue en souhaite intégrer l'Union européenne. Dans le cadre du Partenariat oriental, l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie ont signé des accords d'association (AA) avec l'Union européenne le [48]. Cet accord prévoit l'approfondissement des liens politiques et économiques avec l'UE. À plus long terme, ils constituent l'un des outils de la politique étrangère de l'UE visant au rapprochement puis à l'intégration à différents niveaux des pays au sein de l'UE[49].
Les associations comprennent aussi une zone de libre-échange leur offrant l'accès au marché commun et une collaboration étendue avec les gouvernements et les entreprises des trois pays partenaires pour faciliter les réformes et contribuer à l'accélération de leur développement économique[49],[50].
L'accord d'association avec l'Union européenne instaure une coopération poussée dans plusieurs secteurs : énergie, justice, politique extérieure, visas, culture… La contrepartie pour la Moldavie est de procéder à de profondes réformes sociales, politiques et économiques. Il marque également un tournant dans le dualisme entre les sphères d'influences européennes et russes car ce faisant, la Moldavie renonce à toute possibilité d'adhésion à l’Union eurasiatique souhaitée par Moscou[51]. Les russophones de Moldavie y ont d’ailleurs réagi par la voix du millionnaire moldo-russe Renato Usatyi (ru), chef du parti pro-russe RPP (en), qui déclare vouloir construire une nouvelle muraille de Chine entre la Moldavie et la Roumanie[52], tandis que les autorités de Transnistrie reparlent, comme à chaque rapprochement de la Moldavie avec l’Union européenne, d’un rattachement officiel de leur région à la Russie[53].
Revendiquée par les roumanophones lors des grandes manifestations de 1990, au cours desquelles les autochtones les plus remontés demandèrent le départ des colons soviétiques, cette union est combattue par les russophones qui menacent le pays d'éclatement (en créant de facto la Transnistrie et la Gagaouzie qui n'existaient pas à l'époque soviétique) et d'interruption des livraisons d'énergie bon marché par la Russie. La Transnistrie et la Gagaouzie déclarent alors par la voix de leurs leaders Igor Smirnov et Stepan Topal que si les Moldaves s'unissaient à la Roumanie, eux demanderaient à devenir des oblast exclavées de la Russie, à l'instar de l'oblast de Kaliningrad[54],[55]. Un référendum organisé en mars 1994 pour confirmer « l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Moldavie » (seule question posée) donne 95,4 % de « oui » (la Transnistrie et la Gagaouzie n'ayant pas participé au scrutin, et revendiquant par la suite leur sécession ou leur rattachement à la Nouvelle Russie à chaque tentative de la Moldavie de se rapprocher de la Roumanie ou de l'Union européenne)[56].
Lors de l'élection présidentielle moldave de 2016 est élu le candidat pro-russe Igor Dodon dont le programme comprend la dénonciation immédiate de l'accord d'association entre la Moldavie et l'Union européenne[57], l'adhésion de la Moldavie à l'union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan, le maintien de la 14e armée russe en Transnistrie[58], le changement par référendum des symboles de l'État (armoiries, drapeau et hymne, qu'il juge trop proches de ceux de la Roumanie) et la fédéralisation accrue de la République, revenant à reconnaître juridiquement la non-intégration de la Transnistrie et de la Gagaouzie dans la souveraineté de la Moldavie[59].
En , le Parlement européen et le Conseil de l’UE avaient décidé d’attribuer une nouvelle aide macrofinancière (AMF) de 100 millions d’euros à la Moldavie. Celle-ci fut suspendue[60] pendant deux ans jusqu'en 2019 à la suite de l’annulation, sur des bases juridiques douteuses, de l’élection à la mairie de Chișinău du candidat de l’opposition pro-européenne Andrei Năstase[61].
En , après la tenue des élections législatives en février, une crise constitutionnelle modifie le paysage politique du pays pendant plusieurs mois. À l'issue de cette crise, le président Igor Dodon est maintenu, et Ion Chicu devient en le premier ministre de Moldavie[62].
Lors de l'élection présidentielle de 2020 des et , Maia Sandu se qualifie en tête du premier tour avec 36,16 % des voix contre 32,61 % pour Igor Dodon, avant de l’emporter au second, avec plus de 57 % des suffrages exprimés[63]. Maia Sandu est investie présidente de la république le 24 décembre 2020.
La république de Moldavie (qui était le principal fournisseur de vin, de légumes et de fruits pour les anciennes républiques soviétiques) est devenue après la chute de l'URSS en 1991 un des pays les plus pauvres d'Europe.
La perte de certains marchés traditionnels, la dépendance énergétique au gaz russe, et la sécession de la « république » autoproclamée Pridniestréenne dite Transnistrie, ont provoqué la chute dramatique du PIB qui est en 2006 inférieur à celui du Bangladesh, et le plus bas d'Europe, malgré une forte croissance économique (plus de 8 % en 2005 depuis l'an 2000). Pour l'année 2008 il est estimé une croissance économique de 8,1 %. Le gouvernement moldave assure un salaire minimum de 58 €, le salaire moyen pour le mois de était de 150 € et de 260 € à Chișinău.
Aujourd'hui, le principal partenaire commercial de la Moldavie est l'Union Européenne, à laquelle 70 % des exportations moldaves étaient destinées en 2018[64]. L'accord d'association signé entre les deux parties, entré en vigueur en 2016, a permis la mise en place d'une zone de libre-échange de la plus haute importance pour l'économie moldave.
L'économie souterraine est évaluée à près de 40 % du PIB. L'inflation oscille entre 12 % et 15 % par an et le déficit commercial est important (financé en partie par les transferts d'argent des Moldaves qui travaillent à l'étranger).
L'industrie, qui utilise l'énergie des centrales hydrauliques aménagées dans le pays, se concentre essentiellement dans quelques villes, en particulier Chișinău, la capitale, et Tiraspol. Il s'agit d'industries de transformation : conserveries, laiteries, textiles, travail du bois et des métaux.
Le tourisme en république de Moldavie se développe de plus en plus. Les endroits à visiter sont les caves à vin (Mileştii Mici, Cricova, etc.) ainsi que les nombreux monastères et autres églises orthodoxes (Orhei Vechi, Rezina, Tipova, etc.).
La Moldavie est le plus pauvre pays d'Europe. Une personne de classe moyenne gagne à peu près 3 000 (lei) par mois (185 euros). "Près de 13% des terres agricoles (320 000 hectares) ont ainsi été distribuées aux gens de la ville."[65] Le travail au noir joue un rôle très important dans la vie des gens et crée une dégradation du niveau de vie. Le premier pas de la reforme post-soviétique a été de distribuer des terres agricoles aux personnes dans les villes extérieures de la capitale Chisinau.
Le pays est frappé par une crise démographique: vieillissement de la population et départ à l'extérieur du pays de la jeunesse. Il est difficile pour la ville de soutenir les personnes dans les villages autour. Dans les campagnes se trouvent de moins en moins de gens disposés à travailler, car la majorité émigre du pays. Il y a de moins en moins d'emplois pour les gens en raison de la pauvreté du pays. À cause de celle-ci, l'espérance de vie d'un homme est de 65,6 ans et celle d'une femme est de 73,2 ans[65]. Pour avoir une meilleure vie et pour soutenir leurs familles, près d'un demi-million des Moldaves travaillent à l'extérieur du pays: dans les pays européens ou en Russie[65]. Parmi les principaux problèmes de l'économie Moldave on peut citer la corruption et le trafic d'organes humains. De plus, il y a eu une grande inflation des prix immobiliers et alimentaires à cause de l'émigration des gens du pays. Le pays a chuté du "64e rang en 1990 au 113e en 2004" à l'indice de développement humain [66], mais est remonté au 90e rang en 2019[6].
Le moyen de locomotion le plus courant reste la voiture / minibus. La loi interdit de conduire en ayant consommé de l'alcool (0 g/l).
Le réseau ferré moldave souffre du manque d'investissements et des tensions politiques : alors que la Transnistrie russophone autoproclamée bloque les communications vers Odessa, les pressions de la C.E.I. ont empêché qu'un troisième rail d'écartement européen de 1 435 mm soit posé à l'intérieur des voies de 1 520 mm d'écartement soviétique, identique au réseau ferré ukrainien (solution technique pourtant adoptée à la frontière entre la Roumanie et l'Ukraine entre Câmpulung et Valea Vișeului[67]), ce qui oblige à une rupture de charge ou à un changement de boggies au contact des chemins de fer roumains et européens. Ayant perdu en les quatre ports de la Bessarabie : Reni, Izmaïl, Kilia et Bilhorod-Dnistrovskyï rattachés à l'Ukraine, la république de Moldavie est une enclave au sens économique du terme. Un échange territorial avec l'Ukraine n'ayant pu être mis en application en raison de l'incertitude du statut d'un territoire à échanger (le hameau de Mîndrești), la Moldavie n'a pu recouvrer ni acquérir les 1 500 mètres de rivage danubien nécessaires à l'achèvement du port de Giurgiulești, par ailleurs contesté en raison de la facilité d'accès de la Moldavie aux ports roumains ou ukrainiens directement reliés à son réseau routier et ferroviaire. Le rivage moldave sur le Danube a une longueur de 340 m.
La Moldavie consomme environ 4 millions de tonnes d'équivalent pétrole d'énergie chaque année, ce qui équivaut à la consommation annuelle du Luxembourg. Plus de la moitié de l'énergie moldave provient de la consommation de gaz, un quart de la consommation de pétrole, 20 % de bioénergies. La quasi intégralité du gaz et du pétrole proviennent d'imports, notamment russes, rendant la Moldavie très dépendante énergétiquement[68].
Si les relations commerciales entre la France et la Moldavie demeurent encore modestes, la présence des investisseurs français dans le pays est toutefois plus significative. Regroupés au sein de la CCI France Moldavie, les investisseurs français contribuent à structurer l'économie locale et sont un facteur d'attractivité pour le pays. Les investissements français bénéficient d’un accord de protection réciproque des investissements signé le et entré en vigueur le . Parmi les importants investisseurs français, il faut souligner quatre grands groupes français. Le groupe Lafarge Ciment possède la plus grosse usine de ciment en Moldavie et fournit 75 % des besoins en ciment du pays. En 2007, la Société générale a fait l’acquisition de Mobiasbanca[69], cinquième banque du pays. Dans le secteur agroalimentaire, le Groupe Lactalis, qui a commencé à investir en 2005, possède une laiterie et deux fromageries[70]. Le groupe emploie environ 1 400 personnes et produit des fromages pour le marché moldave ainsi que pour l’exportation vers la Russie et l'Ukraine. Enfin, dans le secteur des télécommunications, la filiale d’Orange en Moldavie[71] domine le marché de la téléphonie mobile du pays avec une part de marché d’environ 65 %[72].
Il est à noter qu’outre ces investissements importants, il existe aussi d'autres investissements français comme la société Bargues Agro-Industrie qui, à travers sa filiale locale Nucile Si Natura[73], conditionne des cerneaux de noix pour l’exportation ou encore Le Bridge Corporation Limited[74]. Il y a aussi quelques PME dans le secteur des services (comme Pentalog[75]). Par ailleurs, quelques représentations d’entreprises françaises sont aussi présentes en Moldavie (Alcatel, Pernod Ricard, Areva)[76].
Date | Nom français | Nom local | Remarques |
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1er janvier | Jour de l'An | Anul Nou | |
8 mars | Journée internationale de la Femme | Ziua internațională a femeii | |
20 mars - 31 mars | Journées de la francophonie en Moldavie | Zilele francofoniei în Republica Moldova | |
Pâques | Paştele | En conformité avec calendrier orthodoxe | |
1er mai | Fête du travail | Ziua internațională a muncii | |
9 mai | Victoire de 1945 | Sărbătoarea victoriei | Fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe |
27 août | Jour de l'indépendance 1991 | Ziua independenței | Fête nationale |
31 août | Fête de notre langue | Sărbătoarea « Limba noastră » | Restauration de l'alphabet latin, 1989 |
13 octobre et 14 octobre | Journée de la ville | Hramul orașului Chișinău | |
7 janvier ou 25 décembre | Noël | Crăciun, nașterea mântuitorului Isus Hristos |
Le patrimoine historique et architectural est constitué par des monastères et églises, des citadelles médiévales, des bâtiments classés monuments historiques et des sites archéologiques. Il est du ressort de l'Académie des sciences, du Ministère de la culture et, pour les églises, également des instances ecclésiastiques. À la suite de la division de la Bessarabie en 1940, une partie du patrimoine moldave ancien (citadelles de Hotin et de Cetatea Albă, par exemple) se trouve aujourd'hui en Ukraine.
Divers patrimoines culturels :
Citadelle de Hotin, aujourd'hui en Ukraine.
Citadelle de Soroca.
Citadelle de Tighina.
Citadelle de Cetatea Albă, aujourd'hui en Ukraine.
Trône d'Étienne le Grand reconstitué.
Le patrimoine culturel et historique est l'enjeu d'une controverse identitaire d'origine politique concernant l'héritage de l'ancienne principauté. Les forces pro-russes comme le Parti socialiste et le Parti communiste et leurs alliés, ainsi que les anciennes républiques soviétiques (pays baltes exceptés) et de nombreux commentateurs de formation slavistique relayant la position dénommée « Moldavisme » selon laquelle les populations roumanophones des territoires ayant appartenu successivement à l'Empire russe, à l'URSS et depuis 1991 à la République de Moldavie forment une ethnie « moldave » différente de celle des « Roumains »[78]. À l'encontre de cette position, pour les habitants roumanophones de l'ancienne principauté, le terme « Moldaves » a une signification non pas ethnique, mais géographique régionale, et il peut être inclus dans la définition plus large de « Roumains » dans le sens de « roumanophones »[79]. Les commentateurs de formation romanistique, la Roumanie et les pays de culture latine relayent cette seconde position dénommée « Roumanisme ».
Les pro-russes affirment que les habitants de la partie roumaine de la Moldavie ne devraient pas se définir comme « Moldaves » (et encore moins comme « Moldaves parmi les Roumains ») puisque les statistiques roumaines les classent comme « Roumains » et non comme « Moldaves », et ils considèrent les (rares) roumanophones de la république de Moldavie qui osent se définir « Roumains » comme une « minorité nationale » de 192 800 personnes parmi les Moldaves[80] soit environ 8 % des 2 260 858 roumanophones recensés en 2014 (hors Transnistrie)[81].
La Moldavie est membre de l'Organisation internationale de la francophonie et la partie la plus âgée de la population comprend le français car jusqu'en 1991, les Moldaves avaient conservé la traditionnelle francophilie héritée de l'influence des Lumières dans les principautés roumaines au XVIIIe siècle et dans l'Empire russe au XIXe siècle : le français, première langue étrangère enseignée tant sous les tsars que sous les rois roumains et à l'époque soviétique, a longtemps été un élément-clé de la formation culturelle des jeunes Moldaves. Mais après 1989, avec l'ouverture de la glasnost, les Moldaves découvrent la presse francophone occidentale aux yeux de laquelle leur pays n'existe pas, ou bien sort, peut-être, d'une fameuse bande dessinée belge. Aux yeux de nombreux média de cette « nouvelle presse », la Moldavie, quand elle apparaît, c'est comme une région patriarcale, aux campagnes misérables, où règnent la traite des Blanches et les réseaux mafieux : une « marche de l'Europe aux confins de l'Eurasie ou de la Russie aux confins de l'Europe »[82] dont les aspirations culturelles et sociales sont qualifiées d'« agitation nationaliste »[83]. En réalité, dans cet espace multiculturel coexistent diverses mentalités, traditionnelles ou pro-occidentales, certaines nostalgiques de tel ou tel passé, roumain ou soviétique, d'autres espérant un avenir différent, européen ou russe… Mais de l'indifférence des pays francophones à l'égard de la Moldavie découle la perte de vitesse du français face à l'anglais, désormais première langue universitaire. En 2011, vingt ans après l’indépendance, se produit l’inversion des statistiques en faveur de l’anglais[84].
La Moldavie a pour codes :
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