Mehran Karimi Nasseri

Mehran Karimi Nasseri
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Mehran Karimi Nasseri en 2005.
Biographie
Naissance
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Masjed Soleiman (Khouzistan, État impérial d'Iran (en))Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Nom dans la langue maternelle
مهران کریمی ناصریVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
État impérial d'Iran (en) (-)
Apatride (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
Formation
Université de Bradford ( - )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Lieu de détention

Mehran Karimi Nasseri (en persan : مهران کریمی ناصری, prononcé /mehˈrɒn kæriˈmi nɒseˈri/), né en 1945 à Masjed Soleiman en Iran et mort le À [Roissy] [1],[2], surnommé « Sir Alfred Mehran », est un réfugié iranien qui a vécu dans le terminal 1 de l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle du jusqu'en (soit durant dix-huit ans)[3], date à laquelle il a été hospitalisé pour une intoxication alimentaire.

Son histoire a notamment inspiré les films Tombés du ciel de Philippe Lioret (avec Jean Rochefort) et Le Terminal de Steven Spielberg (avec Tom Hanks).

Biographie

Jeunesse

Mehran Karimi Nasseri est né en Iran à Masjed Soleiman. Son père était médecin, et il affirme que sa mère était une infirmière écossaise, ce que sa famille conteste[4]. Il arrive au Royaume-Uni en afin d'étudier durant trois ans à l'université de Bradford.

Alors qu'il est au Royaume-Uni, il participe en à des manifestations contre Mohammed Reza Pahlavi, le chah d'Iran alors au pouvoir. Il retourne en Iran le , après que les fonds fournis pour les bourses d'études ont été subitement coupés. D'après le récit qu'il en fait, à l'arrivée à l'aéroport de Téhéran, il est emmené par la police secrète iranienne, emprisonné et torturé pendant quatre mois avant d'être expulsé du pays. Le seul élément qui a pu être confirmé à ce jour est que Nasseri fait partie des 20 étudiants qui furent interrogés en 1970 après des manifestations contre une nouvelle réglementation de l'université de Téhéran.

Errance en Europe

Revenant en Europe, Mehran Karimi Nasseri demande l'asile à Berlin, en Allemagne de l'Est, puis aux Pays-Bas en 1977 mais ses demandes sont rejetées. Il fait de même en France, en 1978 (il échoue après une demande en appel), et en Yougoslavie. En 1979, il formule la même requête en Italie, sans succès. Il essaye de nouveau en France, en 1980, en vain. Demandant à émigrer au Royaume-Uni, on le lui refuse, et il n'est pas autorisé à entrer dans le pays par l'aéroport de Londres-Heathrow. Il essaie une nouvelle fois d'entrer en Allemagne de l'Ouest, mais il est arrêté à la frontière belge avant que la Belgique ne l'accepte.

Le , sa requête d'asile lui est concédée par la Commission des Nations unies pour les réfugiés. Il vit en Belgique jusqu'en 1986, quand il décide de repartir pour le Royaume-Uni, a priori pour chercher celle qu'il croit être sa mère. Avec des papiers en règle, il embarque sur le ferry le pour Folkestone. Arrivé en Grande-Bretagne, il commet l'erreur de retourner sa carte de réfugié du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à Bruxelles, pensant ainsi ne plus pouvoir se faire renvoyer vers la Belgique. C'est un mauvais calcul car il se fait expulser d'Angleterre et, comme il est désormais considéré en situation irrégulière pour les Belges, ceux-ci lui ferment leur frontière[4]. Il semble que cela marque le début du déclin des facultés intellectuelles de celui qui commence à se faire appeler « sir Alfred ». Il se retrouve finalement à Boulogne-sur-Mer en 1985, où la France le condamne à trois mois de prison pour séjour irrégulier sur le territoire national.

Séjour à Roissy

Après sa sortie de prison, on le retrouve au terminal 1 de Roissy. Son esprit n'est plus très clair selon des médecins de l'aéroport. En 1988, Mehran Karimi Nasseri prétend avoir été attaqué, et son sac volé alors qu'il attendait le RER afin de se rendre à l'aéroport, pour partir pour Heathrow. Il réussit à embarquer, mais arrivant à l'aéroport londonien sans les papiers nécessaires, le personnel de l'aéroport le renvoie d'où il vient. Il passe alors cinq mois à la prison parisienne de Fleury-Mérogis puis, sa peine purgée, retourne de nouveau à l'aéroport de Roissy.

En 1992, des avocats français obtiennent que la France lui accorde un titre de séjour. Mais pour cela, les autorités françaises exigent qu'il présente sa carte de réfugié accordée en Belgique. Cela crée une situation kafkaïenne puisque Bruxelles exige qu'il se rende en personne pour la retirer alors qu'il n'a pas de papiers pour sortir du territoire et entrer en Belgique[4].

Sa situation n'aboutit qu'en 1999. En juin, son avocat, Me Bourget, accompagné du docteur Bargain, l'amène au tribunal de Bobigny dont dépend la zone aéroportuaire de Roissy pour qu'il retire enfin ses nouveaux papiers. Mais à la surprise générale, Merhan Karimi Nasseri refuse : « Je refuse de signer ces papiers, ils ne sont pas à mon nom. Je ne suis plus celui que j'ai été. Je m'appelle désormais sir Alfred Merhan et je ne suis pas iranien. Mon père était suédois et ma mère, danoise »[5],[6]. Il est alors impossible de le raisonner.

Il retourne alors volontairement dans le hall de départ du terminal 1 de l'aéroport. Il réside au niveau bas boutiquaire, au milieu de nombreux cartons, sur une banquette près de la boutique Relay où son livre autobiographique[7] peut être acheté. Il reçoit du courrier postal et a des visiteurs. Contrairement à ce que beaucoup croient, il n'a jamais été bloqué en zone de transit et était donc libre de ses mouvements. Les travaux de rénovation du terminal l'ont obligé à déplacer son domicile sans changer d'étage. Il a quitté l'aéroport pour être hospitalisé à la fin pour intoxication alimentaire.

À sa sortie de l'hôpital fin , Alfred Mehran est pris en charge par l'antenne locale de la Croix-Rouge française de l'aéroport. Il est hébergé quelques semaines dans un hôtel proche de l'aéroport, puis transféré le dans un foyer d'accueil d'Emmaüs France dans le 20e arrondissement de Paris.

En octobre 2022, il retourne vivre à l'aéroport de Roissy, où il s'éteint quelques semaines plus tard, le , de mort naturelle[8],[9].

Films inspirés de son histoire

  • En 2001, Hamid Rahmanian réalise un documentaire-interview intitulé Sir Alfred of Charles de Gaulle Airport.

Notes et références

  1. « Mehran Karimi Nasseri, le SDF de Roissy qui a inspiré Spielberg est mort à l'aéroport », sur BFM TV, (consulté le )
  2. « Mehran Karimi Nasseri, le réfugié de Roissy qui a inspiré « Le Terminal » de Steven Spielberg, est mort dans l’aéroport », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. Stranded at the Airport
  4. a b et c (en) Paul Berczeller, « The man who lost his past », sur The Guardian, (consulté le )
  5. (en) Stuart Wavell, « Memoir: The Terminal Man by Sir Alfred Mehran », The Sunday Times,‎ (ISSN 0956-1382, lire en ligne, consulté le )
  6. « Il a vécu 18 ans à Charles de Gaulle », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. (écrit avec Andrew Donkin) The Terminal Man, CORGI BOOKS LTD., 2004 (ISBN 0-552-15274-9)
  8. (en-GB) « Iranian who made Paris airport home for 18 years dies », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Il avait passé 18 ans à l’aéroport de Roissy : le SDF qui a inspiré Spielberg est décédé », sur Ouest-France,
  10. Julien Bordier, « Le naufragé du terminal 1 », l'Express,‎ (lire en ligne)

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