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Nom de naissance |
Marie-France Claire Pisier |
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Actrice, metteuse en scène, scénariste, écrivaine, réalisatrice |
Période d'activité |
- |
Père |
Georges Pisier (d) |
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Marie-France Pisier est une actrice, scénariste et réalisatrice française, née le à Đà Lạt (à l’époque en Indochine française) et morte le à Toulon (Var)[1].
Elle est entre autres connue pour son rôle dans le cycle des films de François Truffaut consacrés au personnage d'Antoine Doinel, dans lesquels elle interprète Colette, le premier amour platonique d'Antoine.
Fille de Georges Pisier ( - ), haut fonctionnaire colonial, et de Paula née Caucanas ( - )[2],[3],[4], militante féministe, Marie-France Pisier naît et passe une partie de son enfance dans ce qui est alors l'Annam, une des composantes de l'Indochine française, dont son père est gouverneur colonial[5].
Le couple a eu deux autres enfants : Évelyne (1941-2017), professeur des universités en sciences politiques, est la première épouse de Bernard Kouchner[6] ; Gilles, né en 1950, est polytechnicien (promotion 1969) puis un des grands mathématiciens français contemporains, membre de l'Académie des sciences depuis 2002.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, le Japon envahit l'Indochine. En , la famille Pisier est internée dans deux camps de concentration, Georges Pisier vichyste et maurrassien, dans un camp avec d'autres officiers, Paula avec ses deux filles dans un autre pendant six mois. Rapatriée en France, Marie-France grandit alors en Nouvelle-Calédonie à Nouméa, où son père, affecté en 1950, termine sa carrière, et où naît son frère Gilles[7]. En 1956, après la séparation définitive de ses parents (divorcés et remariés), Marie-France a 12 ans et s'installe à Nice avec sa mère et sa sœur[8]. Elle y fait ses études secondaires au lycée de jeunes filles Albert-Calmette puis des études de droit et de sciences politiques à l'université de Nice au début des années 1960[9].
En , pour donner la réplique à Jean-Pierre Léaud, l'Antoine Doinel du court métrage Antoine et Colette (du film à sketches L'Amour à vingt ans[10]), François Truffaut recherche une adolescente, « pas une lolita, pas une blousonne, pas une petite jeune femme. » Elle doit être simple, rieuse et avoir une bonne culture moyenne. Marie-France Pisier, qui fait alors partie d'une troupe de théâtre amateur, est choisie par le cinéaste. Les deux fuguent pendant un mois[11], leur escapade amoureuse inspirera au cinéaste La Peau douce[12]. On la retrouve, dix-sept ans plus tard, qui reprend le personnage de Colette dans L'Amour en fuite, dernière aventure d’Antoine Doinel coécrite par la comédienne en 1978. Elle y croise Doinel (interprété par Léaud) dans le train et, à la fin du film, dans une scène émouvante, elle croise également Christine (interprétée par Claude Jade), successivement maîtresse, épouse et ex-épouse d'Antoine.
Entre-temps, l'actrice est devenue une égérie du cinéma d'auteur, jouant dans un premier temps devant la caméra de son compagnon Robert Hossein, puis apparaissant dans les univers oniriques d'Alain Robbe-Grillet (celui-ci l’avait repérée en une du magazine Lui le , posant en cuissardes[13]), de Luis Buñuel, de Jacques Rivette et, surtout, du jeune André Téchiné qui va devenir son réalisateur fétiche. Grâce à ce dernier, elle obtient deux fois le césar du meilleur second rôle, en 1976 et en 1977. En 1976, année de la première consécration, c’est pour sa prestation dans Cousin, Cousine de Jean-Charles Tacchella. Parmi ses autres directeurs : Roger Vadim et Jacques Demy, dans des films qui ne remportent pas l'adhésion[réf. nécessaire].
Son rôle en 1972 dans la série télévisée Les Gens de Mogador lui vaut la reconnaissance populaire qui lui manquait[14]. Elle connaît alors plusieurs succès populaires. Partenaire de Jean-Paul Belmondo (qui la surnomme avec affection et déférence « Marie-Pense Pisier, la star de la Cinémathèque »[15]) dans Le Corps de mon ennemi d'Henri Verneuil en 1976, et dans L'As des as de Gérard Oury en 1982, elle joue l'année suivante une productrice cynique avec Le Prix du danger d'Yves Boisset.
Son prestige lui ouvre plusieurs expériences internationales en vedette, notamment le délirant De l'autre côté de minuit, Chanel solitaire dont elle tient le rôle-titre entourée de Timothy Dalton et Rutger Hauer, et tenant le rôle de Clawdia Chauchat dans l'adaptation du roman La Montagne magique de Thomas Mann.
Elle s'inspire de son enfance en Nouvelle-Calédonie pour son roman Le Bal du gouverneur, paru en 1984. Elle adapte son roman et réalise le film du même titre en 1990. En 2002, elle écrit, réalise et interprète son deuxième film, Comme un avion, qui aborde le suicide de ses parents, à deux ans d’intervalle, quinze ans plus tôt.
Elle joue moins souvent dans les années 1990 mais on retient sa George Sand mise en scène par Andrzej Żuławski (avec Sophie Marceau dans le rôle de la fille de l’écrivain), son émouvante composition de femme en mal d'enfant dans Marion de Manuel Poirier, et son interprétation de Madame Verdurin dans Le Temps retrouvé de Raoul Ruiz. Sollicitée par les jeunes auteurs, elle tourne ensuite avec Laurence Ferreira Barbosa, Christophe Honoré ou Maïwenn, dans Pardonnez-moi (doublement nommé aux Césars 2007).
Au printemps 2011, le vers 3 h 30 du matin, Marie-France Pisier est retrouvée par son mari Thierry Funck-Brentano, inanimée au fond de la piscine de leur villa de Saint-Cyr-sur-Mer[16],[17]. Sa tête et ses épaules sont coincées dans le croisillon métallique d'une « lourde chaise en fer forgé » et elle porte des bottes en caoutchouc[18],[19]. Sa mort est constatée à Toulon[20], à 7 h du matin[1].
Le rapport d'autopsie ne permet pas de déterminer les circonstances de la mort. Des analyses médico-légales toxicologiques (« un taux d'alcool important a été détecté par les analyses, qui ont mis en évidence la présence d'antidépresseurs et d'antalgiques à doses thérapeutiques »)[21],[22] puis l'autopsie finale conduisent à évoquer l'hypothèse d'un suicide de l'actrice, qui souffrait d'une récidive de son cancer du sein[23], diagnostiqué pour la première fois en 2003, rendant une seconde opération avec l'ablation mammaire inéluctable, comme pour sa mère[24]. Près de dix années après sa mort, un conflit avec sa sœur Évelyne à propos des accusations d'inceste commis par Olivier Duhamel, mentionné lors de l'enquête, est rappelé par sa nièce Camille Kouchner[25]. Dans son livre La familia grande, celle-ci révèle que sa mère, informée en 2008-2009 des agissements de Duhamel, a choisi de ne rien divulguer et de protéger son mari, comportement qui a choqué Marie-France Pisier. « On a compris qu’Evelyne pensait que Marie-France s’était plutôt suicidée » explique Camille Kouchner[25]. L'autopsie révélant le peu d'eau dans ses poumons suggère[26] que Marie-France Pisier n'est pas morte par noyade, ce qui conduit à évoquer la possibilité d'une mort par crise cardiaque avant de tomber dans la piscine[19] ou par hydrocution[27] après cette chute.
L'actrice est inhumée le dans l'intimité familiale au cimetière de la Guicharde à Sanary-sur-Mer[28], dans le tombeau de la famille Duhamel-Brentano[29], allée des Pivoines.
Marie-France Pisier a été mariée à l'avocat Georges Kiejman (de 1973 à 1979), puis a épousé le Thierry Funck-Brentano (qui était son compagnon depuis 1984), filleul de Jean-Luc Lagardère[30] et directeur des ressources humaines et de la communication de Lagardère SCA, avec qui elle a eu deux enfants, Mathieu né le et Iris née en 1986[31]. Thierry Funck-Brentano est également le cousin germain d'Olivier Duhamel[32], lui même beau-frère de Marie-France Pisier[33]. Autrement dit, les deux cousins germains (Olivier et Thierry) sont également devenus beaux-frères par alliance, à la suite de leurs mariages respectifs avec les deux sœurs, Évelyne et Marie-France.
Les parents de Marie-France Pisier se sont mariés et ont divorcé à deux reprises. Tous deux se sont suicidés, Georges par arme à feu en 1986, Paula par empoisonnement le après avoir contracté un double cancer du sein et subi une ablation mammaire[34],[35].
En mai 1968, alors qu'elle a déjà tourné une dizaine de films, Marie-France Pisier continue à étudier à l'université de Nanterre, où elle termine son DES de science politique[36]. Moins proche que sa sœur Évelyne des meneurs du mouvement, Marie-France prend sa revanche en aidant Daniel Cohn-Bendit. De nationalité allemande, celui-ci est frappé d'un arrêté d'expulsion du ministre de l'Intérieur[37] le , alors qu'il se trouve aux Pays-Bas. Il rentre cependant clandestinement le à Paris, puis après quelques jours de clandestinité, décide de repartir. Marie-France Pisier lui teint les cheveux en noir et l'exfiltre dans sa MG décapotable jusqu'au Luxembourg. Ils font ensuite un séjour en Sardaigne et ont ensemble une aventure de quelques semaines[38].
Intellectuelle engagée dans les combats de son époque, Marie-France Pisier est l’une des signataires du manifeste rédigé par Simone de Beauvoir en faveur du droit à l'avortement, paru le dans Le Nouvel Observateur, et connu sous l'appellation de manifeste des 343[39].
Le , un office est célébré pour elle en l'église Saint-Roch à Paris, bien qu'elle fût agnostique.
La même année, le film de Christophe Honoré sorti l’été suivant, Les Bien-aimés, lui est dédié.
Le , l'émission Un jour, un destin lui est consacrée[40].
La ville de Paris, par le vote du conseil d'arrondissement du 16e et des conseillers de Paris, lui a dédié un espace vert, jardins de l'Avenue-Foch, dans le 16e arrondissement[41] (entre les nos 70 et 82 de l'avenue Foch)[42].
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