Louis XV
Illustration.
Louis XV en costume de sacre, huile sur toile
de Louis-Michel van Loo (1762).
Titre
Roi de France et de Navarre

(58 ans, 8 mois et 9 jours)
Couronnement ,
en la cathédrale de Reims
Régent Philippe d'Orléans (1715-1723)
Premier ministre Cardinal Dubois
Duc de Bourbon
Cardinal de Fleury
Duc de Choiseul
Gouvernement Ministres de Louis XV
Prédécesseur Louis XIV
Successeur Louis XVI
Dauphin de France

(3 ans, 5 mois et 24 jours)
Prédécesseur Louis, dauphin de France
Successeur Louis, dauphin de France
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Louis de France
Date de naissance
Lieu de naissance Château de Versailles
(France)
Date de décès (à 64 ans)
Lieu de décès Château de Versailles
(France)
Nature du décès Petite vérole
Sépulture Nécropole de Saint-Denis
Nationalité Française
Père Louis de France,
dauphin de France
Mère Marie-Adélaïde de Savoie
Conjoint Marie-Anne-Victoire d'Espagne (fiancée)
Marie Leszczynska
Enfants Élisabeth de France
Henriette de France
Marie-Louise de France
Louis de France
Philippe de France
Adélaïde de France
Victoire de France
Sophie de France
Thérèse de France
Louise de France

Charles de Vintimille
Louis-Aimé de Bourbon

Héritier Louis de France (1729-1765)
Louis-Auguste de France (1765-1774) Red crown.png
Religion Catholicisme
Résidence Château de Versailles
Grand Trianon
Château de Fontainebleau
Château de Choisy

Signature de Louis XV

Louis XV
Monarques de France

Louis XV, dit le « Bien-Aimé », né le à Versailles où il est mort le , est un roi de France et de Navarre. Membre de la maison de Bourbon, il règne sur le royaume de France du à sa mort. Il fut le seul roi de France à naître et mourir au château de Versailles[1].

Orphelin à l'âge de deux ans, duc d'Anjou puis dauphin de France du au , il succède à son arrière-grand-père Louis XIV à l'âge de cinq ans. Son pouvoir est alors délégué à son cousin, le duc d'Orléans, proclamé « Régent du Royaume », le , jusqu'au , date de l'entrée du jeune roi dans sa quatorzième année et de sa majorité, où il prend officiellement la direction du gouvernement.

Les premières années de son règne se déroulent dans un calme relatif, sous la direction prudente de plusieurs précepteurs, qui lui transmettent une vaste culture. À sa majorité, il confie successivement le gouvernement à des parents proches, le duc d'Orléans, ex-régent, puis le duc de Bourbon, puis à l'un de ses anciens précepteurs, le cardinal de Fleury.

À la différence de Louis XIV, Louis XV n'est pas en contact direct avec la vie politique du pays. Il ne voit que rarement ses ministres et agit souvent à l'encontre de leurs attentes, sans leur donner de directives fermes et précises, se fiant plutôt aux informations d'un réseau secret de diplomates et d'espions qu'il a constitué[2]. Son désintérêt pour la politique et la succession de ministres de tendances différentes aboutissent à un affaiblissement de l'influence de la monarchie française en Europe.

Seul survivant de la famille royale stricto sensu (il est l'arrière-petit-fils de Louis XIV), il bénéficie au début de son règne d'un grand soutien populaire, ce qui lui vaut le surnom de « Bien-Aimé » en 1744 après une maladie qui faillit l'emporter à Metz. Cependant au fil des ans son manque de fermeté, le dénigrement de son action par les parlementaires et une partie de la noblesse de cour, les intrigues incessantes impliquant sa maîtresse la marquise de Pompadour ainsi que sa propre inconduite, amènent la disparition de sa popularité. À tel point que sa mort — de la variole — provoque des festivités dans Paris, comme il y en avait eu à la mort de Louis XIV.

Sous son règne, toutefois, la France connaît de grands succès militaires sur le continent européen et acquiert le duché de Lorraine et le duché de Bar, ainsi que la Corse. En revanche, elle perd le contrôle d'une grande partie de son empire colonial, au profit de la domination coloniale britannique : tout particulièrement la Nouvelle-France en Amérique, ainsi que sa prépondérance aux Indes.

Naissance et enfance

Duc d'Anjou puis dauphin de France

Louis XIV et ses héritiers : le dauphin, le duc de Bourgogne et le duc de Bretagne à la naissance du futur Louis XV (Nicolas de Largillierre, 1710). Aucun d'eux ne régnera.
Portrait de Louis XV enfant (vers 1712), Pierre Gobert, huile sur toile (45 × 36,2 cm), fondation Yannick et Ben Jakober (es), Alcúdia (Majorque).
Louis XV visite Pierre le Grand, 10 mai 1717 (vers 1838-1840), Louise Hersent, huile sur toile (76,5 × 88,7 cm), château de Versailles.

Louis de France (futur Louis XV) naît le au château de Versailles. Arrière-petit-fils de Louis XIV, il est le troisième fils de Louis de France, duc de Bourgogne, surnommé le Petit Dauphin, et de Marie-Adélaïde de Savoie et, à ce titre, le quatrième prince en ligne successorale. De ses deux frères aînés, également prénommés Louis, le premier (titré duc de Bretagne) est mort en 1705 à l'âge d'un an, le second (reprenant le titre de duc de Bretagne), est né en 1707.

Immédiatement après sa naissance, le futur Louis XV est ondoyé, dans la chambre de la duchesse de Bourgogne, par le cardinal Toussaint de Forbin-Janson, évêque de Beauvais, grand aumônier de France, en présence de Claude Huchon, curé de l'église Notre-Dame de Versailles[3].

La naissance de cet enfant permet au roi Louis XIV d'affirmer davantage les droits de la maison de Bourbon au trône d'Espagne[réf. nécessaire]. En pleine guerre de Succession d'Espagne, le futur Louis XV est titré duc d'Anjou, titre porté précédemment par son oncle, Philippe de France, le roi Philippe V (1700-1746).

Le petit prince est immédiatement confié à sa gouvernante, la duchesse de Ventadour, secondée par Madame de La Lande, sous-gouvernante[4]. Il n'est alors pas destiné à régner, se plaçant au quatrième rang dans l'ordre de succession dynastique. Avant lui, doivent logiquement régner son grand-père, fils de Louis XIV, le Grand Dauphin, puis son père, bientôt surnommé le Petit Dauphin, petit-fils de Louis XIV, et enfin son frère aîné, le duc de Bretagne. Mais entre 1710 et 1715, la mort frappe à plusieurs reprises la famille royale et met brusquement le jeune prince de 2 ans en première place dans la succession de Louis XIV : le Grand Dauphin meurt de la variole le . Le duc de Bourgogne devient dauphin. L'année suivante, une « rougeole maligne » emporte son épouse le , puis le Petit Dauphin le suivant.

Demi-Louis dit de « Noailles » sous Louis XV le Bien-Aimé.

Les deux fils aînés du duc de Bourgogne, les ducs de Bretagne et d'Anjou, contractent également la maladie. L'aîné, duc de Bretagne, meurt le . Le jeune duc d'Anjou, âgé alors d'à peine 2 ans, devient l'héritier du trône de France avec le titre de dauphin de Viennois, abrégé en dauphin. Malade, sa santé est scrutée avec attention par Louis XIV, roi vieillissant et suffisamment affecté par les pertes familiales récentes pour se laisser aller à pleurer devant ses ministres. On craint longtemps pour la santé du jeune prince, mais, petit à petit, il se remet, soigné par sa gouvernante et protégé par elle des abus de saignées qui ont vraisemblablement causé la mort de son frère[5].

Le futur Louis XV est baptisé le en l'appartement des Enfants de France au château de Versailles par Henri-Charles du Cambout, duc de Coislin, évêque de Metz, premier aumônier du roi, en présence de Claude Huchon, curé de l'église Notre-Dame de Versailles[6] : son parrain est Louis Marie de Prie, marquis de Planes, et sa marraine est Marie Isabelle Gabrielle Angélique de La Mothe-Houdancourt. Baptisé en même temps que son frère Louis de France (1707-1712), et les deux enfants étant en danger de mort, le roi avait ordonné qu'on prenne pour parrains et marraines ceux qui se trouvaient alors dans la chambre[7].

En 1714, Louis est confié à un précepteur, l'abbé Perot. Celui-ci lui apprend à lire et à écrire, et lui enseigne des rudiments d'histoire et de géographie et lui donne l'enseignement religieux nécessaire au futur roi très chrétien. En 1715, le jeune dauphin reçoit également un maître à danser, puis un maître à écrire[8].

Un roi de 5 ans

Réception de l'ambassade perse par le roi et le dauphin.

Le futur Louis XV commence sa vie publique peu de temps avant la mort de son bisaïeul Louis XIV. Le , Louis XIV reçoit en effet en grande pompe dans la galerie des Glaces de Versailles l'ambassadeur de Perse[9]. Il associe son successeur, qui vient d'avoir cinq ans, à la cérémonie, le plaçant à sa droite. En , l'enfant participe avec le vieux roi à la cérémonie de la Cène du Jeudi saint et participe au lavement des pieds. Il est toujours accompagné de sa gouvernante, Madame de Ventadour. Dans les derniers temps de la vie de Louis XIV, le futur roi participe à plusieurs défilés militaires et cérémonies afin d'acquérir l'habitude de la vie publique[10].

Le , sentant la mort venir, Louis XIV fait entrer le jeune Louis dans sa chambre, l'embrasse et lui parle avec gravité de sa future tâche de roi, dans des mots qui sont par la suite passés à la postérité, qui y a vu une sorte de testament politique du grand roi et des remords concernant sa propre action :

Louis XV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud.

« Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre : c'est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela ; j'ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l'ai soutenue par vanité. Ne m'imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets[11]. »

Louis XIV meurt six jours plus tard, le .

Les 3 et , Louis XV, âgé de 5 ans et demi, accomplit ses premiers actes de roi, d'abord en se rendant à la messe de requiem célébrée pour son prédécesseur à la chapelle de Versailles, ensuite en recevant l'assemblée du clergé venue célébrer son propre avènement. Le , il assiste à un lit de justice, l'une des cérémonies les plus solennelles de la monarchie, le 14, aux harangues du Grand Conseil, de l'université de Paris et de l'Académie française, les jours suivants aux réceptions d'ambassadeurs venus présenter leurs condoléances. Malgré son jeune âge, il doit se plier à la mécanique du gouvernement et de la cour et jouer son rôle de représentation.

La formation

Louis XV dauphin, 1720-1721
par Rosalba Carriera
Gemäldegalerie, Dresde.

Au jour anniversaire de ses 7 ans le , ayant atteint l'âge de raison, son éducation « passe aux hommes »[12] : elle est désormais confiée à un gouverneur, le duc François de Villeroy (un ami d'enfance de Louis XIV et fils de Nicolas V de Villeroy, gouverneur de Louis XIV) qui lui impose tous les rituels de la Cour de Versailles mis en place par Louis XIV[13]. Il y a également un précepteur, André Hercule de Fleury, évêque de Fréjus. On lui apprend désormais le latin, les mathématiques, l'histoire et la géographie, la cartographie, le dessin et les rudiments d'astronomie, mais aussi la chasse. L'éducation manuelle n'est pas non plus négligée : en 1717, il apprend un peu de typographie, et en 1721, il s'initie à tourner le bois. À partir de 1719, il a des maîtres de musique. Il est également initié à la danse à partir de l'âge de 8 ans par Claude Ballon et montre des dispositions pour cet art. Il participe en à un spectacle Les Folies de Cardenio dans lequel il intervient en compagnie de soixante-huit danseurs, professionnels et courtisans, puis en dans l'opéra-ballet Les Éléments.

Contrairement à Louis XIV, il n'avait que peu d'affinités pour la musique mais était attiré par l'architecture[14].

Roi de France et de Navarre

La Régence du duc d'Orléans (1715-1723)

L’accession du régent et le retour du roi à Paris

Philippe, duc d’Orléans, Régent de France de 1715 à 1723.

Louis XIV par un édit du 28 juillet 1714, avait intégré dans la liste de ses possibles successeurs les enfants qu’il avait eus de Madame de Montespan : le duc du Maine et le comte de Toulouse[15], et cela déplut fortement à la grande noblesse. Le 31 juillet, il décréta que le futur régent ne serait que président d’un Conseil de Régence, dont il fixa la composition. Il décida aussi que la garde et l’éducation du jeune roi seraient confiées au duc du Maine[16]. Le 23 mai, il conféra aux deux fils de Madame de Montespan, la qualité de Prince du sang[17]. Le duc d’Orléans décide alors de s’allier aux autres grands, notamment aux anciens partisans de l’archevêque de Cambrai et du duc de Bourgogne qui avaient élaboré des plans d’un gouvernement aristocratique. Par ailleurs, le duc d’Orléans dut se rapprocher du Parlement. Pour cela, il lui rendit le droit de remontrances dont Louis XIV l’avait privé en 1673[18], moyennant quoi, le 2 septembre 1715, le parlement le déclare Régent avec entière « administration des affaires du royaume pendant la minorité » [19]. En rompant avec la mainmise de Louis XIV sur les droits des parlements, le Régent ouvre la porte à une ère de contestation, que Louis XV aura bien du mal ensuite à contrer. Quoi qu’il en soit toutes ces transactions conduisent à un type de régime politique appelé la polysynodie.

La première mesure prise par le Régent est de ramener Louis XV et la Cour à Paris. C'est aller contre les volontés de Louis XIV, mais se rapprocher du peuple. Le souvenir de la Fronde est encore vif, et le Régent souhaite construire un lien fort entre le peuple de Paris et le jeune roi, afin d'éviter tout trouble. Après un passage par Vincennes de septembre à , Louis XV s'installe au palais des Tuileries, tandis que le Régent gouverne le royaume depuis le Palais-Royal. Le peuple parisien se prend alors d'affection pour ce jeune roi, alors que la noblesse, désormais dispersée dans les hôtels de la capitale, jouit sans contrainte ni mesure de sa liberté[20].

La polysynodie

Louis XIV n’a jamais gouverné seul. Il s’appuyait sur le Conseil du roi dont les décisions les plus importantes étaient traitées au conseil d’en Haut ainsi nommé car il se tenait au premier étage à Versailles. Les membres de la famille royale, les princes du sang et le chancelier en était exclu depuis la mort de Mazarin en 1661. Durant la régence, le Conseil d’en Haut est remplacé par le conseil de régence[21]. Ce conseil présidée par le duc d’Orléans était composé du duc de Bourbon, du duc du Maine, du comte de Toulouse, du chancelier Voysin, des maréchaux de Villeroy, d’Harcourt et de Tallard ainsi que de Jean-Baptiste Colbert de Torcy. A ces hommes nommés par Louis XIV, le régent y ajoute Saint-Simon, Mgr Bouthillier de Chaligny ainsi que le maréchal de Bezons. Seront aussi conviés Jérôme de Pontchartrain et Louis Phélyeaux, marquis de la Vrillière, qui rédige les procès verbaux[22]. Ce conseil comme en Espagne et en Autriche est assisté de conseils spécialisés Il y eut sept conseils ayant pour tâche de simplifier le travail du Conseil de Régence[23] :

Le duc de Noailles président du conseil des Finances.

Les membres du Conseil d’État, les maîtres des requêtes et les intendants de justice, de police de finance ainsi que les magistrats de la canceleri préparaient les travaux[24].

Selon Jean-Christian Petitfils, seuls les conseils des Finances et de la Marine fonctionnent « à peu près correctement »[25]. La situation financière à la fin du règne de Louis XIV est très grave avec une dette de 2,1 milliards de livres, 230 millions de dépenses annuelles et un déficit de 77 millions. Pour faire face à cette situation le duc de Noailles rogne sur les dépenses publiques, dévalue de fait la monnaie de compte qu’est la livre tournois, fait vérifier les créances sur l’État ce qui réduit l’endettement de 60 % et fait poursuivre ceux qui ont détourné des fonds[26].

Le renouveau de la crise janséniste lié notamment à la façon d’appliquer la bulle Unigenitus[27], ainsi que le changement d’alliance, provoquent des remous parmi l’aristocratie et le Parlement qui pousse le régent à adopter une ligne plus autoritaire. Le , il supprime « Les Conseils de conscience, des affaires étrangères, du dedans, de la guerre » et restaure les secrétariats d’État[28]. A cette occasion, l’abbé Dubois devient secrétaire d’État aux affaires étrangères et Claude Le Blanc à la guerre. Les deux hommes font également leur entrée au Conseil de régence[29].

Changement d’Alliance

Louis XV et sa fiancée Marie-Anne-Victoire d'Espagne, fille de Philippe V par François de Troy.

Le roi d’Espagne Philippe V est d’autant plus contrarié par les traités d'Utrecht qui lui ont fait perdre le Royaume de Naples[30] que sa seconde femme l’ambitieuse Elisabeth Farnèse est italienne. Aussi entreprend-il la reconquête de ce royaume. Poussé par l’abbé Dubois, le Régent estime qu’il n’est pas de l’intérêt de la France de le suivre dans cette aventure [31] et choisit de renouer avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, pourtant protestants. Ce renversement d’alliances heurte ce que Petitfils nomme « Le parti de la vieille Cour demeuré pro espagnol par fidélité pour le petit-fils de Louis XIV » et notamment « Le marquis d’Huxelles, président du Conseil des affaires étrangères ». À l’été , l’Espagne poursuit son offensive militaire en Italie[32], tandis qu’est formalisée la Triple alliance de La Haye, liant France, Pays-Bas et Angleterre. Ce retournement d'alliances du Régent est même complété, en , par une alliance innovante avec l'Autriche des Habsbourg (quadruple alliance). La victoire des puissances européennes contraint l'Espagne à se rapprocher de la France. Dubois convainc le roi d’Espagne de fiancer sa fille Marie-Anne-Victoire d'Espagne, âgée de trois ans, à Louis XV qui en a douze et le fils aîné du roi d’Espagne, le prince des Asturies (14 ans), à la fille du duc d’Orléans, âgée de 12 ans[33]. L’échange des deux princesses a lieu le , sur l’île des Faisans[34].

Le système de Law

Sur le plan économique, la Régence est une période de vitalité et d'expérimentations. Mais l'échec du système de Law et les réticences qui suivent concernant le crédit et l'investissement ralentissent, à terme, la modernisation de l'économie.

Le retour du roi à Versailles et le sacre de Louis XV

Sacre de Louis XV le en la cathédrale de Reims par Pierre-Denis Martin.
Portait de Louis XV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud (1730).

Las des critiques des Parlementaires qui commencent à agiter en sous-main les Parisiens et de l'hostilité de la foule qui lance injures et projectiles sur son carrosse, le Régent, sans l'annoncer officiellement, décide de faire revenir la Cour au château de Versailles. Le , Versailles redevient résidence royale et symbolise le retour à la politique louis-quatorzienne[35].

Le jeune Louis XV est sacré et couronné à Reims le . Il atteint sa majorité (13 ans) l'année suivante et est déclaré majeur lors du lit de justice du . À cette occasion, Louis XV annonce que le duc d’Orléans dirigera les conseils pour lui et confirme le cardinal Dubois dans ses fonctions de premier ministre[36]. Bien trop jeune encore pour régner par lui-même, il laisse l'exercice effectif du pouvoir au duc d'Orléans et au cardinal Dubois. Simplement, le conseil de régence est renommé conseil d’en Haut, tandis que le conseil de la marine, dernier élément encore en place de la polysynodie, est supprimé[36].

Le cardinal Dubois puis le duc d'Orléans meurent à quelques mois d'intervalle, en août et et c'est ainsi que la Régence prend fin. Elle laisse au jeune roi Louis XV, tout juste majeur mais encore adolescent, un royaume en paix avec les autres puissances européennes (du fait de la Quadruple Alliance) et dans une situation économique en voie d'assainissement, un royaume à la fois héritier de la monarchie absolutiste de Louis XIV et des ouvertures parfois « fragilisantes » du Régent. Subsistent deux problèmes intérieurs menaçants[37] et en partie liés : 1. l'opposition gallicano-janséniste, 2. celle renaissante des Parlements (le Régent leur ayant restitué le droit de remontrance). Le règne de Louis XV en sera considérablement influencé[38].

Le gouvernement de Louis de Bourbon (fin 1723- mi 1726)

Accession au poste de premier ministre

Dés la mort de Philippe d’Orléans le , le duc de Bourbon se présente au roi pour lui annoncer le décès et pour demander le poste de Premier ministre. Le roi ayant consulté du regard son précepteur Fleury accepte[39]. Il semble que Fleury ait accepté car n’étant pas cardinal alors il lui semble difficile d’être accepté à ce poste par l’aristocratie, de plus il peut penser gouverner dans l’ombre[40], le duc de Bourbon étant peu « esprité » pour reprendre une expression de l’époque[40] . Il faut toutefois préciser qu’il avait un certain sens de la manœuvre puisqu’en , il avait obtenu que les deux fils légitimés de Louis XIV ne soient réduits au rang de simples pair de royaume[40]. Par ailleurs, sa maîtresse, la marquise de Prie est ambitieuse, travailleuse et habile manoeuvrière, comme Fleury s’en rendra compte[41]. Le jeune Voltaire voulant rentrer en grâce lui dédiera sa comédie L’indiscret[41].

Révision du Code noir

En , le Roi, probablement sous influence, signe une révision du Code noir. Destiné à la Louisiane, il s'agit d'un durcissement de la version précédente édictée par son arrière grand-père. Notamment, les mariages entre Noirs et Blancs sont interdits.

Marier le roi

L'infante Marie-Anne-Victoire d'Espagne est fiancée depuis à Louis XV et demeure en France depuis . Mais le duc de Bourbon, craignant que le jeune roi, de santé fragile, ne meure sans enfant mâle s'il fallait attendre que sa fiancée fût en âge d'avoir des enfants, et craignant alors de perdre sa place privilégiée en cas de transmission de la couronne à la branche d'Orléans, rompt les fiançailles en après que le roi ait été gravement alité pendant quelques jours[42]. Cette rupture est mal prise en Espagne qui expulse les diplomates français, rompt les relations diplomatiques avec la France et signe un traité d’amitié avec Charles VI empereur d’Autriche[43]. Il faut aussi noter que si cette rupture a pu avoir lieu, c’est qu’en France on se méfiait de la couronne espagnole. En effet le roi Philippe V avait abdiqué en faveur de son fils le prince des Asturies qui était rapidement mort. Certains à Madrid voulaient que l’autre fils Ferdinand soit marié à une fille de l’empereur Charles VI et l’ambassadeur de France à Madrid redoutait que l’influence des grands et du parti impérial ne soit très néfaste à la France[44].

Marie Leszczynska par François Albert Stiemart 1726

La recherche d'une autre fiancée parmi les princesses d'Europe est dictée par la santé fragile du roi, qui nécessite une rapide descendance. Après avoir dressé une liste des cent princesses d'Europe à marier[45], le choix se porte sur Marie Leszczyńska, princesse catholique et fille du roi détrôné de Pologne Stanislas Leszczynski. Le mariage n'est d'abord pas très bien vu en France, la jeune reine étant perçue comme de trop faible extraction pour un roi de France. Par ailleurs, il faut préciser que Catherine Ire de Russie a proposé sa fille ainsi qu’une alliance avec la France. Cette option a été écarté car le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères Fleuriau de Morville n’a guère d’estime pour la Russie et la Marquise de Prie voulait quelqu’un de malléable[44]. Qui plus est les deux futurs époux se plaisent (malgré les sept ans qui les séparent, Marie Leszczyńska ayant 22 ans et Louis XV seulement 15) et la reine est rapidement appréciée du peuple pour sa charité. Après un mariage par procuration le 15 août dans la cathédrale de Strasbourg afin de valoriser la province d'Alsace récemment annexée, un passage à Metz pour éviter le Duché de Lorraine dont les souverains espéraient légitimement que leur fille aînée devienne reine de France, la cérémonie du mariage est célébrée à Fontainebleau le [46].

Fin du gouvernement du Duc de Bourbon

En , à la suite de tornades, le grain commence à manquer et le prix du pain augmente. Parallèlement les caisses de l’Etat sont vides à la suite de l’effondrement du système de Law et de la « Politique financière déflationniste » menée par le contrôleur général Dodun et les frères Pâris[47]. Aussi est-il décidé de promulguer une nouvelle taxe, le cinquantième, qui devait s’appliquer à tous. Aussitôt la noblesse se récrie et l’assemblée générale du clergé s’y oppose. La faction d’Orléans demandant elle une réduction des dépenses. Finalement le parlement refuse d’enregistrer l’édit. Un lit de justice le leur impose l’enregistrement [48]. mais l’opinion publique se retourne, d’autant que le duc fait preuve de maladresse vis-à-vis des protestants en réactivant l’interdit des réunions cultuelles. Concernant le jansénisme, il veut au contraire apaiser et voudrait que le pape fasse quelques concessions. Il se heurte alors à Fleury et au conseil de conscience[49] Malgré l'insistance de la reine qui le considérait comme son mentor, Louis XV écarte alors le duc de Bourbon du pouvoir le et l'exile dans ses terres à Chantilly. Avec cet exil, Louis XV décide également de supprimer la charge de Premier ministre[50]. Il appelle auprès de lui le cardinal de Fleury, son ancien précepteur. Celui-ci commence alors auprès du roi une longue carrière à la tête du royaume, de à [51].

Gouvernement du cardinal de Fleury (mi 1726-1743)

Le cardinal de Fleury.

Louis XV, le cardinal et la cour

Louis XV commence son règne le en fixant les cadres de son gouvernement, annonçant à son Conseil d'en-haut, outre la fin de la charge de Premier ministre, sa fidélité à la politique de Louis XIV, son arrière-grand-père :

« Mon intention est que tout ce qui regarde les fonctions des charges auprès de ma personne soient sur le même pied qu'elles étaient sous le feu Roi mon bisaïeul. […] Enfin, je veux suivre en tout l'exemple du feu Roi mon bisaïeul. ». « Je leur [aux conseillers] fixerai des heures pour un travail particulier, auquel l'ancien évêque de Fréjus [le cardinal de Fleury] assistera toujours[52]. »

En réalité si nominalement le poste de Premier ministre est supprimé, de facto, Fleury va l'exercer. En fait pour Petitfils, ayant « un brevet l’autorisant à faire travailler sous son autorité ministres et secrétaires d’Etat, et même [...] à prendre des décisions en l’absence du roi », il a des prérogatives d'un lieutenant général du royaume qui excédent celles d'un Premier ministre[53]. De plus l’obtention le de la pourpre cardinalice renforce sa position au Conseil d'en-haut[54]. Durant toute la période il privilégie le travail en tête en tête avec le roi[55]. Lorsque Fleury en fin de vie doit parfois s’arrêter, le roi le remplace à la satisfaction de tous mais le vieux cardinal tient à demeurer en poste jusqu'à sa mort[56]. Pour Michel Antoine, Louis XV, extrêmement timide, « resta pratiquement en tutelle jusqu'à l'âge de trente-deux ans[57] ».

Si le cardinal de Fleury est un homme âgé en — il a soixante-treize ans —, le reste des ministres et très proches conseillers du roi se renouvelle et est composé d'hommes plus jeunes qu'auparavant. Les changements sont nombreux, mais la période du ministère Fleury est marquée par une grande stabilité. Fleury fait revenir le chancelier d'Aguesseau, renvoyé en . Il ne retrouve cependant pas toutes ses prérogatives, puisque les sceaux et les Affaires étrangères sont confiées à Germain-Louis Chauvelin, président à mortier du Parlement de Paris. Le comte de Maurepas devient secrétaire d'État à la Marine, à vingt-cinq ans[58]. Fleury bien que très déterminé étant timide et ne parlant pas toujours avec la fermeté nécessaire juge nécessaire de s’appuyer sur deux hommes au caractère trempé : Orly qui à compter de est au contrôle des finances et Germain Lous Chauvelin garde des sceaux à compter de [59].

La Cour c'est à la fois les grand services qui gèrent la vie publique et un lieu de sociabilité de l'aristocratie, c'est aussi un champ où s'affrontent des coteries, des ambitions familiales et personnelles. C'est aussi un endroit où la question du rang est très importante et détermine les choix politiques[56]. Dans ces conditions celui qui tient lieu de Premier ministre ne doit pas seulement diriger l'appareil d'Etat mais aussi tenir compte des différents clans qui structurent la sociabilité aristocratiques. Au début des années , le cardinal de Fleury a de plus en plus de mal à contrôler les factions structurées autour des clans Noailles et Belle-Isle[60].

Une économie prospère et des finances assainies

Avec l'aide des contrôleurs généraux des finances Michel Robert Le Peletier des Forts (-) et surtout Philibert Orry (-), « Monsieur le Cardinal » parvint à stabiliser la monnaie française (), en nettoyant le système financier de Law, et finit par équilibrer le budget du royaume en . L'expansion économique était au cœur des préoccupations du gouvernement. Les voies de communications furent améliorées, avec l'achèvement en du canal de Saint-Quentin, reliant l'Oise à la Somme, étendu ultérieurement vers l'Escaut et les Pays-Bas, et principalement la construction systématique d'un réseau routier sur l'ensemble du territoire national. Le corps des ingénieurs des ponts et chaussées construisit un ensemble de routes modernes, partant de Paris selon le schéma en étoile qui forme encore l'ossature des routes nationales actuelles. Au milieu du XVIIIe siècle, la France s'était dotée de l'infrastructure routière la plus moderne et la plus étendue du monde.

Au niveau militaire, Louis XV décida de mettre à exécution l'idée de son arrière grand-père Louis XIV de ne plus dépendre des importations pour équiper les armées françaises en épées et baïonnettes et il chargea son secrétaire d'État de la Guerre Bauyn d'Angervilliers de mettre sur pied une manufacture d'armes blanches, qui fut installée à Klingenthal en Alsace en .

Le commerce fut également stimulé par le Bureau et le Conseil du Commerce. Le commerce maritime extérieur de la France grimpa de 80 à 308 millions de livres entre et . Cependant, les lois rigides édictées auparavant par Colbert ne permirent pas à l'industrie de profiter pleinement de ce progrès économique.

Bulle Unigenitus et la fronde du Parlement

Si le cardinal Fleury veut marginaliser le courant janséniste, il n’est pas non plus un partisan du parti dévôt proche des jésuites. Il veut selon Jean-Christian Petitfils, « maintenir l’unité religieuse de la monarchie catholique »[61]. Il veille à ce titre à écarter les prêtres, moines et moniales jugées proche de ces courants. Sa volonté d’écarter un prélat janséniste Jean Soanen va toutefois mettre le feu aux poudres. Ce dernier lors d’un tribunal écclésiastique tenu à Embrun est suspendu le de sa charge puis envoyé par lettre de cachet à l’abbaye de la Chaise-Dieu[62]. Le cinquante-sept avocats des cinq cent cinquante avocats parisiens conteste la validité de ce jugement, suivis peu après par douze évêques qui se voient adresser une mise en garde par le roi [63]. A cette occasion deux courants jansénistes agissent de concert  : le jansénisme ecclésiastique très marqué par le richérisme qui veut que l’Eglise soit une sorte de démocratie et le jansénisme juridique très gallican[63]. Le , le Cardinal ministre fait adopter une déclaration condamnant les avocats et le courant richériste[63].

Cette politique porte ses fruits quand le Fleury veut porter un coup décisif au jansénisme en faisant de la bulle Unigenitus une loi de l’Etat. Le roi doit imposer cette décision en tenant un lit de Justice le [64]. Aussitôt des avocats entrent dans bataille. Dans une consultation publique signée par quarante avocats, François de Maraimberg soutient que le roi est le chef de la Nation et non pas l’élu de Dieu[64]. Il convient de noter que durant cette période les idées de Fénelon connaissent un regain d’intérêt avec la publication par Henri de Boulainvilliers d’un ouvrage en trois tomes intitulé Histoire de l’ancien gouvernement de la France, avec XIV lettres historiques sur les parlements ou états généraux. Un livre qui est « Une attaque en règle contre l’absolutisme Louis-quatorzième, contre le droit divin, les ministres, les intendants et autres agents du despotisme »[65]. C’est aussi l’époque où l’influence du système parlementaire britannique commence à se faire ressentir. C’est ainsi qu’en Voltaire a écrit ses Lettres philosophiques où il fait l’éloge des mœurs anglaises [65]. Parallèlement la tendance en France est alors de confondre le parlement britannique, assemblée législative élue avec les parlements français instances purement juridiques[66]. Quoi qu’il en soit, le Conseil du roi condamne le texte des avocats le . Le Cardinal de Fleury tente de trouver un terrain d’entente, mais la fronde du parlement se poursuit jusqu’à ce que cent trente-neuf magistrats parisiens soient exilés en province dans la nuit du 6 au . Finalement une réconciliation a lieu et le parlement reprend son activité le [67].

En meurt François Pâris, un diacre d’une grande charité et d’un grande piété considéré pratiquement comme un saint par les jansénistes[68]. Il est enterré au cimetière de Saint-Médard où il est l’objet d’un culte populaire et on lui prête des miracles. A partir de apparaissent les convulsionnaires, des pèlerins saisis de tremblement et de convulsion. En le cimetière est fermé. Voltaire, Diderot et D’Alembert, tout comme l’Eglise catholique voient dans ce mouvement imposture et fanatisme. En , le jansénisme parlementaire condamne à son tour ce mouvement[69].

Acquisition de la Lorraine et du Barrois

La reine Marie Leszcynska par Jean-Marc Nattier, 1748.

En ce qui concerne les affaires étrangères, Fleury a recherché la paix à tout prix en pratiquant une politique d'alliance avec la Grande-Bretagne, tout en se réconciliant avec l'Espagne. En , après sa troisième grossesse, la reine donna enfin naissance à un garçon, Louis, qui devint aussitôt dauphin. L'arrivée d'un héritier mâle, qui assurait la pérennité de la dynastie, fut accueillie avec une immense joie et célébrée dans toutes les sphères de la société française et également dans la plupart des cours européennes. Le couple royal était à l'époque très uni, se manifestait un amour réciproque et le jeune roi était extrêmement populaire. La naissance d'un garçon écartait également le risque d'une crise de succession et le probable affrontement avec l'Espagne qui en aurait résulté.

En , malgré la politique pacifiste de Fleury, le roi, convaincu par son secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Germain-Louis Chauvelin (-), intervint mollement pour tenter de remettre sur le trône de Pologne Stanislas Leszczynski, son beau-père qu'il hébergeait à Chambord. Ce fut la guerre de Succession de Pologne. Si l'intervention sans conviction de la France contre l'Autriche ne permit pas de renverser le cours de la guerre ni de rendre le trône à Stanislas Leszczynski, en revanche, l'habileté du cardinal de Fleury réussit à programmer le rattachement des duchés de Lorraine et de Bar au Royaume, stratégiquement situés entre Paris et le Rhin.

Ces duchés furent, en effet, le principal enjeu de la guerre : ils étaient possession du jeune duc François III, fils du duc Léopold Ier de Lorraine et d' Élisabeth-Charlotte d'Orléans, sœur du feu régent, qui en assurait la régence. François III, en effet, vivait à Vienne où il avait été appelé par son proche parent, l'empereur du Saint-Empire Charles VI, qui l'avait nommé vice-roi de Hongrie en , prémices d'une carrière plus prometteuse, puisqu'il le pressentait pour épouser sa fille aînée et héritière Marie-Thérèse. Une telle union aurait considérablement renforcé la puissance autrichienne qui possédait déjà aux frontières de la France, les Provinces belges et le Luxembourg. L'empire aurait protégé ainsi la route du Rhin et se rapprochait dangereusement de Paris.

Lors de la guerre, les troupes françaises occupèrent rapidement le Barrois et la Lorraine. La paix fut signée dès . Fleury trouva un habile arrangement : par le traité de Vienne (), le beau-père de Louis XV obtint à titre viager les duchés de Lorraine et de Bar en compensation de la seconde perte de son trône polonais (avec l'objectif que le duché fût intégré au royaume de France à sa mort par le biais de sa fille), tandis que le duc François III devenait héritier du grand-duché de Toscane avant d'épouser la jeune Marie-Thérèse et de pouvoir prétendre à la couronne impériale (en Toscane le dernier des Médicis n'avait pas d'héritier). Par le traité secret de Meudon, Stanislas abandonnait la réalité du pouvoir à un intendant nommé par la France qui préparerait sans ménagement la réunion des duchés au royaume. Cette guerre, peu coûteuse comparativement aux ponctions humaines et financières exorbitantes des campagnes de Louis XIV, était un succès pour la diplomatie française. L'annexion de la Lorraine et du Barrois, effective en à la mort de Stanislas Leszczynski, constitue la dernière expansion territoriale du royaume de France sur le continent avant la Révolution.

Peu après ce résultat, la médiation française dans le conflit entre le Saint-Empire et l'Empire ottoman aboutit au traité de Belgrade (), qui mit fin à la guerre avec un avantage pour les Ottomans, alliés traditionnels des Français contre les Habsbourg depuis le début du XVIe siècle. En conséquence, l'Empire ottoman renouvela les capitulations françaises, qui affirmèrent la suprématie commerciale du royaume au Moyen-Orient. Après tous ces succès, le prestige de Louis XV, arbitre de l'Europe, atteignit son sommet.

Guerre de Succession d'Autriche

En 1740, la mort de l'empereur Charles VI et l'avènement de sa fille Marie-Thérèse déclenchèrent la guerre de Succession d'Autriche. Le vieux cardinal de Fleury n'avait plus la force de s'y opposer et le roi succomba à la pression du parti anti-autrichien de la cour : il entra en guerre en 1741 en s'alliant à la Prusse contre les Autrichiens, les Britanniques et les Hollandais. Ce conflit devait durer sept longues années. La France était de nouveau entrée dans un cycle guerrier typique du règne de Louis XIV. Fleury mourut avant la fin de la guerre, en . Le roi, suivant finalement l'exemple de son prédécesseur, décida alors de gouverner sans Premier ministre. La première partie du conflit fut marquée par de cuisants échecs : la Bavière, soutenue par la France, fut envahie par les troupes autrichiennes et les troupes des Habsbourg se trouvaient sur le Rhin. Seule l'intervention de la Prusse les obligea à renoncer à l'Alsace.

Louis XV en armure. Carle van Loo (1750), musée des beaux-arts de Dijon.

Par contraste, la dernière partie de la guerre fut marquée par une série de victoires françaises aux Pays-Bas : bataille de Fontenoy (1745), bataille de Rocourt (1746), bataille de Lauffeld (1747). En particulier, la bataille de Fontenoy, remportée par le maréchal de Saxe et le roi en personne, est considérée comme une des plus éclatantes victoires des Français contre les Britanniques. À la suite de ces victoires, la France occupait tout le territoire de l'actuelle Belgique et se trouvait en position d'envahir la Hollande avec la chute de la forteresse de Berg-op-Zoom. Louis XV n'était pas loin de réaliser le vieux rêve français d'établir la frontière septentrionale du pays le long du Rhin. La bataille de Plaisance, perdue en 1746 par le marquis de Maillebois, força toutefois les Français à repasser les Alpes, mais sans grandes conséquences politiques car le front essentiel se situait aux Pays-Bas.

Sur mer, la marine royale, qui combattait pourtant à un contre deux[70] contre la Royal Navy fit mieux que de se défendre puisqu'elle réussit, entre 1744 et 1746, à maintenir ouvertes les lignes de communication vers les colonies et à protéger les convois commerciaux. La bataille du cap Sicié permettait de lever le blocus de Toulon. Deux tentatives de débarquement en Angleterre échouaient en 1744 et 1746, de même qu'une attaque anglaise avec un débarquement contre Lorient en 1746. En Amérique du Nord, l'Angleterre s'empara en 1745 de Louisbourg qui défendait l'entrée du fleuve Saint-Laurent, mais sans pouvoir envahir le Canada français. Aux Indes, les Français tinrent en échec la flotte anglaise et mirent la main en 1746 sur Madras, le principal poste anglais dans la région. Ils repoussèrent ensuite une flotte anglaise venue reconquérir la place et attaquer Pondichéry. La marine anglaise, qui changea de stratégie en 1746 en imposant un blocus près des côtes, fit subir à la marine française en 1747 deux lourdes défaites dans l'Atlantique (au cap Ortégal, en mai et au cap Finisterre, en octobre), mais sans conséquences sur la prospérité coloniale de la France car la paix était signée peu après.

Au traité d'Aix-la-Chapelle en 1748, la France et l'Angleterre se restituaient leurs conquêtes respectives (Louisbourg contre Madras) ce qui créait, pour quelques années, un équilibre naval entre les deux pays.

Le roi rendit cependant toutes les conquêtes faites à l'Autriche, contre toute attente. Louis XV préférait soutenir ou ménager les puissances catholiques pour contrecarrer les nouvelles puissances émergentes protestantes (Angleterre, Prusse) ; alors que Louis XIV avait eu l'ambition de « remettre la France partout où jadis fut la Gaule »[réf. nécessaire], son successeur se satisfaisait d'un royaume hexagonal, retranché de forteresses conçues par Vauban, qu'il nommait son pré carré. Les seuls changements notables en Europe furent l'annexion par la Prusse de la Silésie, riche région minière, et le retour du minuscule duché de Parme à la dernière des Farnèse, la reine douairière d'Espagne ; le duché fut attribué au fils cadet de celle-ci, l'infant Philippe, gendre depuis 1739 de Louis XV.

Louis déclara qu'il avait conclu la paix « en roi et non en marchand ». Sa générosité fut saluée en Europe mais ne fut pas imitée par la Prusse qui garda la riche province de Silésie. Cette posture discrédita lourdement le souverain dans son propre pays : Voltaire parla alors d'avoir « travaillé pour le Roi de Prusse », expression devenue par la suite proverbiale pour signifier « se sacrifier pour rien », ou même « travailler contre ses intérêts ».

Le roi gouverne et règne pleinement (1743 - 1757)

Louis le Bien-Aimé

Louis XV.

À la mort du cardinal de Fleury en 1743, débute le gouvernement personnel de Louis XV, alors âgé de 33 ans, que l'on commence à appeler « Louis le Bien-Aimé »[71]. Il a connu des années heureuses avec la reine qui l'adule et lui est entièrement dévouée. Un enfant naît presque chaque année. Cependant, la reine finit par se fatiguer de ces grossesses à répétition, autant que le roi se lasse de l'amour inconditionnel de son épouse. De plus, la plupart de leurs enfants sont de sexe féminin, ce qui finit par indisposer le roi. Sur leurs dix enfants, ils n'ont que deux garçons dont un seul a survécu, le dauphin.

En 1734, pour la première fois, la reine se plaint à son père des infidélités du roi. Le roi tombe amoureux de la comtesse de Mailly, puis de sa jeune sœur, la comtesse de Vintimille, puis, à sa mort, d'une autre de leurs sœurs, la marquise de Tournelle qu'il fait duchesse de Châteauroux. Il rencontre généralement ces dames dans l'entourage de la reine qui se réfugie alors dans la religion, les œuvres de charité et la vie familiale. Pour des raisons d'économie, le cardinal de Fleury a confié l'éducation des plus jeunes filles du couple royal aux religieuses (toutes nobles) de l'abbaye de Fontevraud. Une des princesses, Madame Sixième, y meurt à 8 ans. Les autres princesses reviennent à la cour entre 1748 et 1750. Les enfants royaux prennent le parti de leur mère.

Selon le mémorialiste Barbier, à partir de 1743, le roi ne voulant gouverner sans principal ministre, « paraît vouloir travailler avec ses cinq ministres en particulier »[72].

Épisode de Metz

Un an après la mort de Fleury, un événement va marquer la personnalité du roi et la suite de la vie politique française : « L'épisode de Metz ». Louis XV était parti diriger ses armées engagées sur le front de l'est dans la guerre de succession autrichienne. Le , à Metz, il tombe gravement malade d'une fièvre subite et inexpliquée, une « fièvre maligne » d'après les médecins de l'époque. En hâte, les médecins parisiens accourent auprès de Louis XV, dont l'état est préoccupant : le chirurgien royal, François de La Peyronie, pratique des saignées, et François Chicoyneau, médecin à la Cour, multiplie les médications. Mais le patient continue de voir son état empirer d'heure en heure, et le 12, le chirurgien déclare que le roi n'en avait que pour deux jours. Le , Louis XV reçoit l'extrême-onction[73].

Les prières se multiplient à travers le pays pour son salut. Sa maîtresse, Madame de Châteauroux, qui l'a accompagné, doit le quitter tandis que la reine arrive en hâte. Sur les conseils de son gouverneur, le dauphin, qui n'a pas quinze ans, la suit mais est fort mal reçu par le roi qui le compare à un fils de paysan venu quérir son héritage. Le roi fait le vœu de faire construire une église dédiée à sainte Geneviève, dans le cas où il guérirait[74].

Église Notre-Dame-de-l'Assomption de Metz où le roi fut proclamé « Bien Aimé ».

Sous la pression du parti dévot, Monseigneur de Fitz-James, premier aumônier du roi, refuse de lui donner l'absolution sans une confession publique de ses péchés où le roi apparaît comme une personne immorale, indigne de porter le titre de Roi Très Chrétien. Colportée dans tout le pays par le clergé, la confession royale ternit le prestige de la monarchie. Pendant ce temps, les dévots, fort maladroitement, placent ostensiblement un second oreiller dans le lit de la reine et poussent celle-ci, pourtant quadragénaire, à s'habiller comme une adolescente, abusant du rouge et des parfums, ce qui seyait peu à une femme de son âge.

En désespoir de cause, on fait appel à un médecin juif, Isaïe Cervus Ullmann, qui sauve le roi de sa dysenterie[75]. D'après Tribout de Morembert[76], ce médecin eut l'honneur de remettre sur pied Louis XV lors de sa grave maladie, mais comme il est impensable que le roi Très Chrétien ait été guéri par un juif, on découvre un vieux médecin pensionné du régiment d'Alsace, Alexandre de Montcharvaux, à qui on fait endosser la guérison. D'après Chaffanjon[77], Cervus Isaie Ulmann, alias Isaye Cerf, est le médecin qui donna des soins à Louis XV ; celui-ci le dispensera, en retour, du paiement de l’impôt et de loger chez lui des officiers de la garnison.

Le roi échappe ainsi à la mort et, à la suite de la messe d'action de grâce célébrée en l'église Notre-Dame de Metz en présence de la famille royale, le pays tout entier reprend les qualificatifs du célébrant et appelle le roi Louis le Bien-Aimé. Louis XV donne ses indications pour faire construire l'église qu'il avait promise en cas de guérison ; elle deviendra le Panthéon[74].

Cependant Louis XV, en tant que roi, a ressenti douloureusement l'humiliation que lui a infligée le parti dévot. De retour à Versailles, il démet Monseigneur de Fitz-James de ses fonctions d'aumônier, l'exile dans son diocèse et rappelle Madame de Châteauroux, mais celle-ci meurt avant sa rentrée en grâce officielle. Le roi, bien que sa vie sexuelle déréglée le fasse souffrir d'un profond sentiment de culpabilité, ne renoue pas avec la reine.

La marquise de Pompadour

Jeanne Le Normant d'Étiolles, née Poisson, rencontrée en 1745, lors du bal masqué donné à l'occasion du mariage du dauphin Louis, devient la favorite la plus célèbre du règne. Le roi, pour lui permettre d'être présentée à la cour et de devenir dame d'honneur de la reine, lui attribue une terre limousine tombée en déshérence : le « marquisat de Pompadour ». Fille d'un financier, elle est belle, cultivée, intelligente et sincèrement attachée au roi, mais a contre elle d'appartenir au tiers état, étant une bourgeoise proche des milieux financiers, ce que la cour et le peuple n'admettent pas : les maîtresses officielles de Louis XIV, et celles de Louis XV jusqu'à présent, choisies dans les hautes sphères de l'aristocratie, ont été d'autant plus tolérées qu'elles n'ont exercé aucune influence sur le gouvernement (à l'exception notable de Madame de Maintenon).

Le fait que le roi se commette avec une roturière provoque un scandale orchestré par l'aristocratie, humiliée par l'influence grandissante de la bourgeoisie dans la société, et reprise par le peuple qui hait le monde de la finance qui l'exploite… Paraissent bientôt les « Poissonnades », chansons injurieuses et pamphlets en allusion aux « mazarinades » du siècle précédent, brocardant le nom de jeune fille de la marquise :

« Fille de sangsue et sangsue elle-même
Poisson d'une arrogance extrême
Étale en ce château sans crainte et sans effroi
La substance du peuple et la honte du Roi[78] »

Malgré ces critiques, la marquise de Pompadour a une influence indéniable sur l'épanouissement des arts durant le règne de Louis XV. Véritable mécène, la marquise amasse une imposante collection de meubles et d'objets d'art dans ses diverses propriétés. Louis XV acheta ainsi trois tableaux et cinq dessus de porte réalisés par Jean Siméon Chardin. Elle est responsable du développement de la manufacture de porcelaine de Sèvres, et ses commandes assurent leur subsistance à de nombreux artistes et artisans. Elle joue également un rôle important en architecture, supervisant les travaux de la place Louis XV (futur haut lieu de la Révolution française, aujourd'hui place de la Concorde), et de l'École militaire de Paris, réalisées par Ange-Jacques Gabriel, un de ses protégés. La marquise défend également le projet de l'Encyclopédie contre les attaques de l'Église. À sa manière, elle fut représentative de l'évolution des mentalités lors de ce siècle des Lumières, bien qu'elle ne parvînt pas complètement à convertir le roi à ses vues. L'étalage de tout ce luxe dans ses propriétés lui vaut bien des reproches, bien que sa famille, très riche, fournît également une aide financière au gouvernement et sauvât la monarchie de la banqueroute.

La marquise de Pompadour est officiellement logée au troisième niveau du château de Versailles, au-dessus des appartements du roi. Elle y organise des soupers intimes avec des invités choisis, où le roi oublie les obligations de la cour qui l'ennuient. De santé fragile, et supposée frigide, la marquise devient, dès 1750, une simple mais véritable amie et confidente, après avoir été amante, et elle parvient à conserver ses relations privilégiées avec le roi, jusqu'à sa mort, fait rare dans les annales des maîtresses royales. Ne pouvant satisfaire la sensualité du roi et pour éviter d'être évincée par une rivale potentielle (sa hantise jusqu'à la fin de sa vie), elle se charge de « fournir » discrètement au roi, avec l'accord de leurs familles bien rémunérées, des jeunes filles peu farouches, de petite vertu et de peu d'intelligence qui, gratifiant les sens du roi, n'occupent en revanche ni son cœur ni son esprit. Ainsi la marquise conserve-t-elle son influence sur le roi… Les rencontres se font après le passage des jeunes filles dans un lieu dont le nom seul offre au fantasme et aux ragots : le parc-aux-cerfs.

Après 1750 donc, Louis XV, qui vient d'avoir 40 ans, s'engage dans une série d'épisodes sentimentaux et sexuels de courte durée, le plus connu étant celui avec Marie-Louise O'Murphy. Le pavillon du Parc-aux-cerfs sert à abriter ces amours éphémères : les jeunes filles y sont examinées par un médecin avant d'être menées discrètement dans la chambre du roi. La légende a exagéré les événements qui s'y sont passés, contribuant à assombrir la réputation du souverain. Cette image de roi vieillissant et libidineux accaparé par ses conquêtes féminines ne le quittera plus et entachera sa mémoire, bien qu'il n'ait été guère différent de François Ier ou de Henri IV de ce point de vue.

Impopularité et attentat de Damiens

Gravure représentant Louis XV tenant le sceau en personne pour la première fois le . Cette vignette a été faite pour servir d'ornement au quatrième tome du traité Pratique des bénédictins. Archives nationales.

Peut-être est-ce ce contexte qui pousse Robert-François Damiens — domestique chez plusieurs conseillers du Parlement — à essayer de tuer le roi. Le , Damiens loue épée et chapeau dans une boutique sur la place d'armes devant le château[79], entre au palais de Versailles, parmi les milliers de personnes qui essayent d'obtenir des audiences royales. Vers 18 heures, le roi revient de rendre visite à sa fille souffrante et s'apprête à entrer dans son carrosse pour retourner à Trianon, quand Damiens franchit la haie de gardes et le frappe avec une lame de 8,1 cm. Louis XV porte d'épais vêtements d'hiver et la lame ne pénètre que d'un centimètre, entre les 4e et 5e côtes. Cependant, on craint un éventuel empoisonnement. On torture à plusieurs reprises Damiens, pour savoir s'il a des complices, mais il apparaît que cet homme, serviteur de membres du parlement de Paris, est un déséquilibré qui a surtout entendu beaucoup de discours critiques à l'encontre du roi. Louis XV est plutôt enclin à pardonner, mais il s'agit de la première tentative de meurtre sur un monarque français depuis l'assassinat d'Henri IV par Ravaillac en 1610, et il doit accepter un procès pour régicide. Jugé par le Parlement de Paris, Damiens est exécuté le sur la place de Grève, dans des conditions effroyables. La main qui a tenu le couteau est brûlée avec du soufre, on lui entaille ensuite les membres et la poitrine avant d'y introduire du plomb fondu, ses quatre membres sont arrachés par des chevaux (écartèlement) et son tronc finalement jeté aux flammes. Une foule immense assiste à ce spectacle, les balcons des maisons de la place de Grève sont loués jusqu'à 100 livres (la paye d'un ouvrier pour 10 mois de travail).

Le roi est déjà si impopulaire que l'élan de sympathie provoqué par cette tentative de meurtre disparaît rapidement avec l'exécution de Damiens, dont l'inhumanité pourtant laisse le parti philosophique de marbre. Louis XV lui-même n'y était pas pour grand-chose, les détails de cette horrible mise à mort ayant été élaborés par le parlement de Paris, peut-être avec le souci de se réconcilier avec le monarque. Mais plus que tout, le peuple ne pardonne pas au roi de ne pas s'être séparé de la Pompadour. L'ambassadeur d'Autriche écrit à Vienne : « Le mécontentement public est général. Toutes les conversations tournent autour du poison et de la mort. Le long de la galerie des Glaces apparaissent des affiches menaçant la vie du roi ». Louis XV, qui a conservé un calme royal le jour de la tentative d'assassinat, paraît profondément affecté et déprimé dans les semaines qui suivent. Toutes les tentatives de réformes sont abandonnées. Sur la proposition de la marquise de Pompadour, il renvoie deux de ses ministres les plus décriés, le comte d'Argenson (secrétaire d'État à la Guerre) et Machault d'Arnouville (garde des Sceaux et précédemment contrôleur général des finances), et introduit Choiseul dans le gouvernement. De roi « Bien-aimé », Louis XV admet être désormais devenu le « Bien-haï »[80].

Résistances intérieures et déboires de la politique extérieure

Affaire du Vingtième

Toutes ses histoires amoureuses n'empêchaient pas Louis XV de travailler, mais il lui manquait l'inépuisable énergie de son arrière-grand-père. Pendant les dix-sept années du gouvernement de Fleury, il avait formé son jugement mais n'avait pu forger sa volonté. Décidé à diriger seul le royaume, il s'évertuait à suivre les instructions de son aïeul : « Écoutez, consultez votre Conseil, mais décidez ». Cependant, il n'avait pas assez confiance en lui pour appliquer efficacement ce précepte. Sa correspondance politique révèle sa profonde connaissance des affaires publiques et la justesse de son raisonnement. Il éprouvait par contre des difficultés à décider, et quand il y était obligé, il se montrait comme tous les timides, brutal.

Il était amical et compréhensif avec ses ministres, du moins en apparence, mais sa disgrâce tombait soudainement, sans prévenir, sur ceux qu'il estimait l'avoir desservi. Sa direction était souple, les ministres ayant une grande indépendance, mais il leur était difficile de savoir si leurs actions convenaient au souverain. L'essentiel du travail gouvernemental s'effectuait dans des comités auxquels le roi ne participait pas, ce dernier siégeant dans le Conseil d'en haut, créé par Louis XIV, chargé des secrets d'État concernant la religion, la diplomatie et la guerre. Divers partis s'affrontaient, celui des dévots, dirigé par le comte d'Argenson, secrétaire d'État à la Guerre, opposé au parti philosophique emmené par Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville, contrôleur général des finances, et soutenu par la marquise de Pompadour, qui agissait comme un ministre sans portefeuille. Appuyée par de puissants financiers (les frères Pâris Duverney et Pâris de Montmartel…), elle obtint du roi la nomination de certains ministres (Bernis, secrétaire d'État des Affaires étrangères en 1757) autant que leur révocation (Orry, contrôleur général des finances en 1745, malgré ses quinze ans de services loyaux et efficaces ; Maurepas, secrétaire d'État de la Marine en 1749). Sur son conseil, le roi approuva la politique de justice fiscale de Machault d'Arnouville. Afin de combler le déficit du royaume, qui s'élevait à 100 millions de livres en 1745, Machault d'Arnouville créa un impôt prélevant un vingtième des revenus, qui concernait également les privilégiés (édit de Marly, 1749). Cette brèche dans le statut privilégié du clergé et de la noblesse, traditionnellement dispensés, les premiers effectuant un « don gratuit » au trésor et s'occupant des pauvres et de l'enseignement, les seconds payant « l'impôt du sang » sur les champs de bataille, était une première dans l'histoire de France, bien qu'elle eût été déjà envisagée au temps de Louis XIV par des esprits visionnaires tels Vauban ou Deschien.

Cette nouvelle taxe fut accueillie avec hostilité par les états provinciaux qui avaient encore le pouvoir de décider de leur politique fiscale. Le clergé et le parlement s'opposèrent également violemment au nouvel impôt. Pressé par son entourage et par la cour, Louis XV abandonna la partie et en exempta le clergé en 1751. Finalement, le « vingtième » finit par se fondre dans une augmentation de la taille, qui ne touchait pas les classes privilégiées. Ce fut la première défaite de la « guerre de l'impôt » engagée contre les privilégiés.

À la suite de cette tentative de réforme, le parlement de Paris, s'emparant du prétexte de la querelle entre le clergé et les jansénistes, adressa des remontrances au roi (). Le parlement, constitué d'aristocrates privilégiés et de roturiers anoblis, s'y proclamait le « défenseur naturel des lois fondamentales du royaume » contre l'arbitraire de la monarchie et présentait le roi comme un tyran.

Le gouvernement du duc de Choiseul (1758-1770)

Bannissement des jésuites

L'opposition aux jésuites était menée par une curieuse alliance contre nature des jansénistes avec les gallicans, les philosophes et les encyclopédistes. Après la faillite commerciale de l'établissement dirigé par le père Antoine Lavalette, qui finançait les missions jésuites aux Caraïbes (la Martinique), le parlement, saisi par les créanciers, confirma en appel le un jugement ordonnant le paiement des dettes de cet établissement par les jésuites de France, sous peine de saisie de leurs biens.

Il s'ensuivit toute une série d'actions qui allaient aboutir à leur bannissement. Sous la direction de l'abbé de Chauvelin, le , le texte des Constitutions de l'Ordre fut épluché par le parlement. On mit en exergue des écrits de théologiens jésuites, afin de les accuser d'enseigner toutes sortes d'erreurs et de considérations immorales. Le , un arrêt ordonnait la dissolution de l'ordre, mais un délai de huit mois leur fut accordé par Louis XV. Après que le pape eut refusé un compromis permettant de rendre les constitutions de l'ordre compatibles avec les lois du royaume, les parlements votèrent les uns après les autres la suppression de l'ordre dans leur ressort respectif. Seuls les parlements de Besançon et de Douai s'y refusèrent. Les collèges furent fermés d'autorité le . À la fin , Louis XV signa un acte de bannissement complet de l'ordre dans tout le royaume afin de protéger les jésuites en tant qu'individus des poursuites judiciaires que les parlements entendaient entreprendre contre eux. Seuls les prêtres qui acceptaient de se placer sous l'autorité d'un évêque étaient autorisés à rester sur le sol français. La plupart choisirent de partir en exil.

Renversement des alliances

De plus, en 1756, le roi opéra un renversement d'alliance impromptu en rupture avec l'alliance franco-prussienne traditionnelle. Un nouveau conflit européen était en préparation, la paix d'Aix-la-Chapelle ne constituant qu'une sorte de trêve. Les Britanniques et les Français se battaient déjà en Amérique du Nord, sans déclaration de guerre. En 1755, les Britanniques s'emparèrent de 300 navires marchands français, violant plusieurs traités internationaux. Quelques mois plus tard, le , le Royaume-Uni et la Prusse signèrent un traité de « neutralité ». À Paris et Versailles, le parti philosophique et la marquise de Pompadour furent déçus de cette trahison du roi Frédéric II, qui était auparavant considéré comme un souverain éclairé, ami des philosophes. Frédéric II avait même accueilli Voltaire à Potsdam quand ce dernier s'était retrouvé en disgrâce à la suite des manœuvres du parti dévot. Mais Frédéric II était surtout animé par des motifs politiques dans le but de consolider la puissance prussienne. Il avait déjà abandonné ses alliés français en signant des traités séparés avec l'Autriche en 1742 et 1745. La marquise de Pompadour n'appréciait pas Frédéric II, hautain et misogyne, qui la tenait dans le plus grand mépris, allant jusqu'à appeler un de ses chiens « Pompadour ». Pendant la même période, les responsables français commencèrent à percevoir le déclin relatif de l'Empire autrichien, qui ne représentait plus le même danger qu'au début de la dynastie Habsbourg, aux XVIe et XVIIe siècles, alors qu'ils contrôlaient l'Espagne et la plus grande partie de l'Europe. La Prusse apparaissait maintenant comme la puissance émergente la plus menaçante. C'est dans ce contexte que la marquise de Pompadour et le parti philosophique convainquirent le roi de l'intérêt de ce retournement d'alliances. Par le traité de Versailles signé le , le roi, contre l'avis de ses ministres, s'allia avec l'Autriche en mettant fin à deux siècles de conflit avec les Habsbourg.

À la fin du mois d'août 1756, Frédéric II envahit la Saxe sans déclaration de guerre et vainquit facilement les armées saxonnes et autrichiennes, mal préparées. Le sort réservé à la famille électrice de Saxe fut particulièrement brutal, l'électrice Marie-Josèphe succombant à ces mauvais traitements. Ces exactions choquèrent l'Europe et particulièrement la France. La femme du dauphin, sœur du prince François-Xavier de Saxe, fille de l'électeur et de l'électrice de Saxe, fit une fausse couche en apprenant la nouvelle. Louis XV se trouva contraint d'entrer en guerre. Entre-temps, la Grande-Bretagne avait déjà déclaré la guerre à la France le . Ce sera la guerre de Sept Ans (1756-1763), qui aura des conséquences importantes en Grande-Bretagne et en France.

Traité de Paris et perte de la Nouvelle-France

L'ascension de Choiseul, sous l'influence de la marquise de Pompadour, marque une certaine victoire du parti philosophique. Fait pair de France, le nouvel homme fort du gouvernement autorise la publication de l'Encyclopédie et contribue à la dissolution des jésuites. Il réforme la structure de la marine et de l'armée et essaye d'étendre les colonies françaises dans les Antilles.

Avec le désastre de Rossbach (1757) contre les Prussiens, les nombreuses défaites dans les colonies et la perte des îles du littoral (Belle-Île, etc.), Choiseul, successivement à la tête de la diplomatie et du ministère de la Guerre et de la Marine, cherche à arrêter rapidement la guerre. Le traité de Paris (1763) reconnaît une importante défaite française avec la perte de la Nouvelle-France et de l'Inde au profit des Britanniques.

Cependant, la France récupère ses comptoirs et les îles des Antilles, indispensables à la vitalité de son commerce. Elle a aussi placé dans les mains de l'empire espagnol, son allié, une partie de la Louisiane pour garantir la protection de ses colons, via le traité de Fontainebleau de 1762.

Expédition de Corse

Celle-ci est l'aboutissement de quarante années de révolte dans l'île (1729-1769) et de près de trente ans de présence française dans l'île (1738-1768) à des fins de pacification pour la république de Gênes. Avec la convention de Versailles, en 1738, la France obtient le droit d'intervenir en Corse. Avec le traité de Versailles, en 1768, la France a la garantie de conserver l'île si elle parvient à la conquérir. La campagne dure moins d'un an. Les Français tiennent, dans un premier temps, les seuls présides (places fortes du littoral) et ont pour objectif de défaire et d'anéantir l'État national.

Militairement, la campagne est marquée par deux combats majeurs. Tout d'abord, à la bataille de Borgo, en 1768, Pascal Paoli défait les Français, en tue 600 et en capture 600 autres dont le colonel de Ludre, le propre neveu de Choiseul. À la suite de cet échec, un corps expéditionnaire de près de 20 000 hommes débarque à Saint-Florent et est commandé par l'un des plus grands militaires de la monarchie, le comte Noël Jourda de Vaux. Les nationaux sont finalement vaincus à la bataille de Ponte-Novo, le . Peu après, Pascal Paoli, général en chef de la nation corse, part en exil en Angleterre et la Corse se soumet au roi. Le comte de Vaux obtient le bâton de maréchal.

La comtesse du Barry

Madame du Barry. Portrait par François-Hubert Drouais (1769).

La fin du règne est en effet marquée par l'arrivée dans la vie du roi de la comtesse du Barry[81], officiellement présentée à la cour en 1769. Le ministre Choiseul montre ouvertement son hostilité pour la maîtresse royale et engage dans son parti la jeune dauphine Marie-Antoinette d'Autriche qui vient d'arriver à la cour. Celle-ci agit également sous l'influence de « ses tantes », les filles du roi. Pour affermir son pouvoir, le ministre souhaite donner pour maîtresse au roi sa propre sœur la duchesse de Grammont. Exaspéré par ces querelles de cour et convaincu de l'incapacité de Choiseul à faire face à la fronde du Parlement, Louis XV finit par renvoyer son ministre en 1770, peu après le mariage du dauphin scellant l'alliance avec l'Autriche.

Le gouvernement de Maupeou et du triumvirat (1770-1774)

René de Maupeou, chancelier et dernier chef du gouvernement sous Louis XV

En 1770, le roi donne la conduite des affaires à un triumvirat composé de trois ministres conservateurs. Le chef de ce triumvirat est le chancelier de Maupéou, qui fut président du Parlement de Paris de 1763 à 1768. Maupéou est secondé par l’Abbé Terray aux Finances et par le Duc d'Aiguillon aux Affaires Étrangères et à la Guerre.

Suppression des Parlements

La première priorité de Maupéou fut de mettre le parlement sous contrôle et de poursuivre le programme de modernisation de l’Etat. Le 21 janvier 1771, les agents royaux et les mousquetaires se présentent aux domiciles des parlementaires, les informent que leur office est supprimé et leur ordonne de quitter Paris pour rejoindre leur résidence en province[82]. En. Février une mesure encore plus radicale fut prise : les parlements régionaux sont remplacés par des hautes cour de justice civile et par six nouveaux hauts conseils régionaux. Un autre décret supprime les hautes commissions demandées par les parlementaires pour rendre justice. Désormais la justice est rendue gratuitement. Seuls les pouvoirs du Parlement de Paris demeurent largement inchangés. La suppression des parlements provinciaux permet au gouvernement de promulguer de nouvelles lois et de lever de nouvelles taxes sans opposition. Cependant après la mort du roi, la noblesse demande et obtient la restauration des parlements régionaux[83].

Finances

L’abbé Terray n'est un prêtre que nominalement, sa carrière gouvernementale est entièrement séculière et sa vie privée non exempte de reproches. Néanmoins, c’est un collecteur de taxes efficace. Il ouvre une école pour former les inspecteurs des taxes et ne ménage pas ses efforts pour que les impôts soient prélevés et collectés de la même façon dans toutes les régions. À sa nomination, l’État présente un déficit de 60 millions de livres et la dette à long-terme s'élève à 100 Millions de livres. En 1774, les revenus des impôts ont progressé de 60 millions de livres et la dette réduite à 20 millions de livres. Il est revenu sur la libéralisation du marché des grains de 1763 et de 1764. Les contrôles seront une source d’agitation dans les années suivantes, et ce, jusqu’à la Révolution française[84].

Les Affaires Étrangères

Après la démission de Choiseul, le roi encourage son cousin et allié Charles III d’Espagne de s’entendre avec l’Angleterre pour régler la crise des Îles Malouines afin d’éviter la guerre. Comme Choiseul s’était focalisé sur la guerre avec l’Angleterre il avait complètement ignoré l’Europe et la France n’avait même plus un ambassadeur à Vienne. La Russie et la Prusse ont divisé la Pologne un allié traditionnel de la France sans qu’elle émette de protestation. La Suède, autre allié traditionnel était menacé d’être à son tour dépecée entre la Russie et la Prusse à la mort de son roi en 1771. Le prince royal Gustave III de Suède alors à Paris eut un long entretien avec le roi qui lui promis son aide. Avec des subsides français et l’aide du Secret du Roi, Gustave III put retourner à Stockholm. Le 19 août 1772 sur son commandement la garde royale Suédoise emprisonne le sénat et deux jours plus tard est proclamé roi par la Diète. La Russie, la Prusse, occupées en Pologne, protestent mais n’interviennent pas[85].

Dernières années à Versailles (1772-1774)

Louis XV une année avant sa mort (1773) par François-Hubert Drouais

A la fin du règne de Louis XV, la cour à Versailles est un théâtre d’ombre. Marie-Antoinette, sa belle-fille, cache mal son antipathie envers madame du Barry, la maîtresse du roi pour laquelle il a fait construire un ensemble luxueux près de ses bureaux. La du Barry règne aussi sur le Petit Trianon et le Pavillon de Louveciennes initialement construits pour Madame de Pompadour. La cour est divisée entre les partisans de la du Barry et la vieille aristocratie comme le Duc de Choiseul et Marie-Antoinette qui la déteste[86] . Le Roi poursuit ses travaux de construction. L’opéra théâtre du palais de Versailles est terminé pour les fiançailles Dauphin et de Marie-Antoinette, de même que la nouvelle place Place de la Concorde) avec en son centre une statue équestre du roi conçue à la manière de celle de Louis XIV Place Vendôme.

Mort et succession du roi

Le , les symptômes de la « petite vérole » (variole) apparaissent, alors que Louis XV est au Petit Trianon.

Double louis d'or de Louis XV dit « à la vieille tête », 1771, Lille.
Louis XV, roi de France et de Navarre (1710–1774), par Armand-Vincent de Montpetit en 1774.

Les filles survivantes du roi, le comte de Lusace, oncle maternel du dauphin, sont aussi présents lors de l'agonie du roi. La bougie allumée à la nuit, au balcon de la chambre, est éteinte lorsque le souverain vient à mourir, le , à 15 heures 30, au château de Versailles, des suites de la maladie (septicémie aggravée de complications pulmonaires), dans l'indifférence du peuple et la réjouissance d'une partie de la cour, après 59 ans de règne, et à l'âge de 64 ans[87]. Variolique, il n'est pas embaumé : il est le seul roi de France à ne pas avoir reçu cet hommage post-mortem[88]. Il laisse le trône à son petit-fils, âgé de presque 20 ans, qui devient le roi Louis XVI.

L'impopularité de Louis XV est telle que sa mort est accueillie dans les rues de Paris par des festivités joyeuses, comme l'avait été celle de Louis XIV[89]. Lors des obsèques, le 12 mai, pour éviter les insultes du peuple sur son passage, le cortège funèbre réduit contourne Paris de nuit, par l'ouest, avant d'arriver à la basilique Saint-Denis. La décomposition du corps est si rapide que la partition du corps (dilaceratio corporis, « division du corps » en cœur, entrailles et ossements[90]) avec des sépultures multiples ne peut être réalisée. Si les Parisiens manifestent leur indifférence ou leur hostilité, de nombreux témoignages attestent la profonde tristesse des Français de province, qui suivent en grand nombre, au cours de la fin du printemps 1774, les offices organisés dans toutes les villes et gros bourgs de France et de Navarre pour le repos de l'âme du Roi[91].

Dix-neuf ans plus tard, le , durant la profanation des tombes de la basilique Saint-Denis, après avoir ouvert les cercueils de Louis XIII et de Louis XIV (relativement bien conservés) les révolutionnaires ouvrent celui de Louis XV et trouvent le cadavre nageant dans une eau abondante due à la perte d'eau du corps qui avait été en fait enduit de sel marin, et n'avait pas été embaumé comme celui de ses prédécesseurs. Le corps tombe rapidement en putréfaction, les révolutionnaires brûlent de la poudre pour purifier l'air de l'odeur infecte qu'il dégage et le jettent comme les autres corps, dans une fosse commune sur de la chaux vive[92].

Le , Louis XVIII fait rechercher les restes de ses ancêtres dans les fosses communes (dont Louis XV) pour remettre leurs ossements dans la nécropole des Rois (aucun corps n'a cependant pu être identifié)[93].

Une légende populaire veut que Louis XV se soit exprimé au sujet de sa mort et aurait dit : « Après moi le déluge » ; cette expression prétendument prophétique (son successeur Louis XVI étant guillotiné lors de la Révolution française) qui n'apparaît qu'en 1789, est apocryphe, elle a été également attribuée à Madame de Pompadour en 1757, alors que la favorite cherchait à consoler le roi très affecté par la déroute de Rossbach avec ces mots : « Il ne faut point s'affliger : vous tomberiez malade. Après nous le déluge ! »[94].

Vie personnelle du roi

Caractéristiques mentales

Louis XV de par son caractère et les contraintes qu’il a supporté notamment dans sa prime jeunesse a cherché à dissimuler ce qu’il pensait. Comme il n’a pas laissé de mémoires et que le courrier très abondant qu’il a mené a très largement disparu, les historiens ont du mal à vraiment le percer à jour[95]

Portrait du roi

Louis XV, pastel de Quentin de La Tour, 1748.

Physiquement, Louis XV a la taille cambrée et le port majestueux[96]. Son visage est beau mais il s’est bâti un masque d’impassibilité difficile à percer. D’Argenson remarque « Louis XV se travaille du matin au soir pour se dissimuler »[97] Il est sujet à des accès de neurasthénie, où il s'enferme dans un mutisme complet. Il est d’une grande timidité. On sent parfois qu’il veut dire quelque chose d’obligeant mais il n’ y arrive pas [97]. Surtout, il doute de ses capacités à tel point que, selon le duc de Croÿ :

« La modestie était une qualité qui fut poussée au vice chez lui. Voyant plus juste que les autres, il croyait toujours avoir tort. Je l’ai souvent entendu dire : « j’aurais cru cela (et il avait raison), mais on me dit le contraire donc je me suis trompé [97]. »

Sa mémoire est grande, et il se rappelle avec précision une foule de détails sur les Cours étrangères, qui étonnent les ambassadeurs. Il aime lire, et les résidences royales sont dotées de bibliothèques : Versailles mais aussi Choisy-le-Roi, comme Fontainebleau et Compiègne. Il est curieux des connaissances scientifiques et techniques. Il observe avec les astronomes les plus réputés les éclipses des planètes[63]. Ses connaissances en médecine lui permettent d'avoir des conversations suivies avec les grands médecins de son temps sur les découvertes récentes. Il fait aménager au Trianon un jardin botanique qui, avec 4 000 espèces, sera le plus important d'Europe [97]. Enfin, passionné de géographie, il encourage le travail des géographes, et est à l'origine de la réalisation de la carte de Cassini. Il possède, en outre, une grande connaissance de l'histoire du royaume, et étonne ses interlocuteurs par la précision de ses connaissances liturgiques.

La chasse et les « soupers de cabinet »

Le roi est un grand chasseur, plus encore que Louis XIV et Louis XIII et pratique cette activité de quatre à six fois par semaine. Il aime l’aboiement des chiens, le son des cors et le contact avec la nature, et est attentif à ne pas causer des dégâts aux cultures[98]. Il connaît parfaitement tous les chiens de sa meute, à laquelle il prodigue des soins attentifs, au point de faire aménager dans ses appartements du château de Versailles le cabinet des chiens. Pour faciliter ses courses, il fait réaménager les forêts d'Île-de-France avec les pattes d'oie qui subsistent actuellement Dès treize ans et demi, il aime les repas d’après-chasse, les « soupers du cabinet » entourés de dix à quinze amis qu’il choisit avec soin. Lors de ces soupers, point de gauloiserie, tout reste de bon ton dépouillé seulement du cérémonial pesant de Versailles [99].

Le roi, sa femme et ses enfants

La reine joue parfaitement son rôle de représentation même si selon Petitfils, il lui manque « La prestance et la majesté nécessaires à sa condition »[100]. La reine est très pieuse et obtient du pape Clément XIII en 1765, l’instauration de la fête du sacré-cœur mise en avant par Jean Eudes de l’oratoire[101]. Elle aime lire notamment des livres d’histoire et de métaphysique tel les livres du Père de Malebranche. Le roi et elle ont eu dix enfants avec une première grossesse en 1727 avec la naissance de deux jumelles Marie-Louise Elisabeth et Anne Henriette. En 1728, elle accouche de Louise Marie, en 1729 d’un fils, le dauphin Louis Ferdinand. En 1730, elle a un second fils qui comme Louise Marie meurt en 1733. Puis naissent encore en 1734 Sophie Philippine, en 1737 Marie Thérèse et en 1737 Louise Marie qui meurt en 1744[102]. Les filles survivantes passeront plus de dix ans à l’ Abbaye de Fontevrault sans que leur parent ne viennent les voir[103].

Le roi et ses maîtresses

Une « résidente » du Parc-aux-cerfs, Marie-Louise O'Murphy, par François Boucher.

En 1733 il entreprend une première liaison hors mariage avec Louise Julie de Mailly-Nesle, comtesse de Mailly (1710-1751) juste quelques mois avant la mort de son second fils. Peu à peu la culpabilité qu’il ressent de cette liaison le pousse dés 1737 à ne plus communier ni à continuer à pratiquer le rituel thaumaturgique du toucher des scrofuleux[104]. Il a encore pour maîtresse vers 1739 la sœur de Louise Julie de Mailly-Nesle, Pauline Félicité de Mailly-Nesle, comtesse de Vintimille (1712-1741)[105] suivie de Marie-Anne de Mailly-Nesle, marquise de La Tournelle, duchesse de Châteauroux (1717-1744). Viennent enfin ses maîtresses les plus célèbres : Madame de Pompadour et la Comtesse du Barry. A coté de ses maîtresses célèbres, le roi couchait parfois avec de « petites maîtresses ». Ainsi, quand il n'eut plus de relations sexuelles avec Madame de Pompadour, il eut recours à des jeunes filles sans éducation dont elle n’avait pas à craindre qu’elle lui prennent son influence. De là est née la légende du Parc-aux-Cerfs qui fait de ce lieu un harem peuplé par de jeunes femmes kidnappées consacrées au plaisir du roi. Cette légende a été propagée par des pamphlets avec force illustrations torrides. En réalité, il semble qu’il n’y eut jamais qu’une fille à la fois au Parc-aux-Cerfs, un lieu fermé en février 1765 à la mort de la marquise de Pompadour[106], [107].

Le « secret du roi »

Le Secret du Roi est le service secret du roi Louis XV. Il est l'héritier du cabinet noir du cardinal de Richelieu et l'ancêtre du BCRA et de la DGSE. À sa création en 1722, le roi Louis XV en confie l'administration au cardinal Fleury, qui restera aux affaires pendant vingt années[108]. Successivement dirigée par le prince de Conti, Jean-Pierre Tercier et le comte de Broglie, cette diplomatie secrète, employant trente-deux personnes, visait à contrôler les ministres et à augmenter l'influence de la France à l'Est.

Il comprenait un service de renseignements (rapports oraux, interception de lettres) et un service de correspondance à l'étranger permettant une diplomatie parallèle (réseau d’agents secrets à l’étranger que le roi payait sur sa cassette, notamment le comte de Vergennes, le baron de Breteuil, le chevalier d’Éon, Tercier, Durand).

À la mort de Louis XV et l'avènement de son petit-fils, Louis XVI, le Secret fut dissous. Cependant, ses agents, toujours actifs, notamment le comte de Broglie, s'efforcèrent de jouer un rôle important dans la guerre d'indépendance américaine. Ainsi, Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais fournit des armes aux « Insurgents ».

Année 1760 un homme marqué par les deuils et le sentiment de culpabilité

Louis XV de France, par François-Hubert Drouais.

Les années 1760 furent marquées par des deuils : en 1752, le roi avait déjà perdu sa fille préférée, Henriette. En 1759, mourut son aînée, la duchesse de Parme. En 1761, la mort du duc de Bourgogne, âgé de dix ans, fils aîné du dauphin, enfant précoce et prometteur, fut vivement ressentie. En 1763, mourut à Schönbrunn l'intelligente et romanesque petite-fille du roi, épouse de l'archiduc héritier d'Autriche, Marie-Isabelle de Bourbon-Parme. En , mourut sa maîtresse la Marquise de Pompadour. En 1765, le roi perdit successivement son fils, dauphin, dont la vie morale irréprochable l'édifiait, et son gendre le duc de Parme. En , le vieux roi Stanislas mourait presque nonagénaire à Lunéville. L'année suivante, ce fut le tour de la dauphine, veuve inconsolable qui avait contracté la maladie de son mari en le soignant. Enfin, en , mourut la reine.

Toujours culpabilisé par sa vie intime, le roi ne vit pas sans tristesse la plus jeune de ses filles entrer en 1770 au Carmel, pensant par là obtenir de Dieu le pardon des fautes de son père. Pour éviter que la sensualité du roi veuf ne le pousse à des excès, le parti dévot soutenu par les filles du roi, et notamment sa fille carmélite, proposa alors de remarier le souverain, à la beauté intacte malgré ses 58 ans, avec l'archiduchesse Marie-Élisabeth d'Autriche, sœur de Marie-Antoinette, mais celle-ci vit sa grande beauté compromise par une attaque de petite vérole et le projet de mariage fit long feu. Entre-temps, le duc de Richelieu, grand seigneur libertin, s'était entremis pour donner à Louis XV une nouvelle maîtresse.

Après moi le déluge

La phrase la plus célèbre attribuée à Louis XV est « Après nous, le déluge ». Usuellement cette remarque est sensé traduire son indifférence aux problèmes financiers et comme annonçant la Révolution française. En fait pour Michel Antoine[109], pour comprendre cette remarque à sa juste valeur, il faut la replacer dans le contexte de l’année 1757 où elle fut énoncée. Cette année là, l'armée française a été sévèrement battu par la Prusse à la bataille de Rossbach et le roi a fait l'objet d’une tentative d'assassinat. De plus 1757 est l'année où l'astronome Lalande calcule que la comète de Halley passera près de la terre en 1758 ou 1759, passage que certains voyaient comme l'annonce d'un nouveau déluge. Le roi astronome amateur aurait donc avec une bonne dose d'humour noir évoqué tous ces faits dans cette phrase lapidaire[109].

Louis XV et les lumières

Les « philosophes »

Voltaire (1724–25)

Les hommes des lumières françaises connus sous le vocable de philosophes seront très actifs sous le règne de Louis XV. En 1746, Diderot publie les Pensées philosophiques, suivies en 1749 par les Lettres sur les Aveugles et le premier volume de l’Encyclopédie. En 1748 Voltaire publie Le Siècle de Louis XIV et en 1756 L'Essai sur les moeurs et l'esprit des nations. En 1751, Montesquieu publie De l'esprit des Lois tandis que dès 1750 Rousseau devient célèbre en publiant le Discours sur les sciences et les arts, suivi en 1755 par le Discours sur les origines et les fondements de l'inégalité.

Dans les années 1740, Voltaire est accueilli à la cour en qualité d’auteur de pièces de théâtre et de poète. Mais très vite sa basse extraction ajoutée au jansénisme de son père déplurent à la reine et au roi, et il dut quitter Versailles. Voltaire approuva le roi quand il supprima les parlements et n’obligea plus les plaignants à payer les juges. Néanmoins à la mort du roi, il déplora le peu de réformes réalisées en 56 ans de règne[110].

En 1756, Rousseau est invité à Versailles par le roi à la suite du succès de son opéra Devin du Village. Il décline cette invitation. En 1762, il écrit le Contrat Social, un appel pour un nouveau système politique basé sur l’égalité. Ses idées publiées sous le règne de Louis XV, seront plus ou moins adoptées par les révolutionnaires qui renversent Louis XVI en 1789[111].

Les physiocrates 1755 à 1767

Aspects économiques

Dès ses premiers écrits économiques les articles (fermiers, grains, Impôts et Hommes) parus dans l'encyclopédie de D'Alembert et Diderot vers 1755, François Quesnay médecin du roi introduit à Versailles par Madame de Pompadour et fondateur de la physiocratie expose ce qu'il pense être les raisons des difficultés économiques du royaume[112]. Pour lui Colbert ébloui par la richesse de la Hollande a commis l'erreur de vouloir faire de la France une nation commerçante[113]. Selon lui la France est un grand royaume agricole et c'est en comptant sur l'agriculture comme l'ont fait les anglais en bâtissant leur richesse sur la laine de leurs vastes troupeaux de moutons qu'elle pourra trouver son salut[114]. Le problème est que le système Colbertiste a découragé l'agriculture en voulant maintenir bas les prix agricoles pour favoriser le développement d'une industrie basée sur des matières premières importées. Le résultat a été que l'interdiction d'exporter des produits agricoles a découragé la grande culture. En effet du fait de l'interdiction de vente à l'extérieur, toute hausse de la production entraîne une baisse des prix qui ruine les agriculteurs les plus entreprenants[114]. Selon lui donc, la suppression des restrictions aux exportations et autres réglementations permettrait aux agriculteurs d'obtenir de bons prix (la notion de bon prix est un élément clé de la physiocratie) ce qui favoriserait la production agricole et enrichirait le royaume[114].

Un autre courant économique est né au début des années 1750, soit un peu avant la physiocratie, autour du marquis Vincent de Gournay, d'André Morellet, de Forbonnais et de Montaudoin de la Touche pour ne citer qu'eux. Ces hommes ont introduit en France des écrits d'économistes étrangers parmi lesquels, il est possible de citer Josiah Child,Gregory King, Hume, Jerónimo de Uztáriz, et d'autres[115]. Ils sont aussi très marqués par l'idée de doux commerce développé par Jean-François Melon. Mais, ces hommes sont également convaincus comme Colbert de l'importance de l'industrie même s'ils pensent qu'il est temps de démanteler les lois et le système corporatif qui l'enserre[116]. Par contre comme les mercantilistes, ils accordent une grande importance à la balance extérieure du pays. S'ils s'accordent pour libéraliser le commerce du grain, ils ne veulent pas que leur prix monte car cela irait, selon eux, contre l'intérêt des manufactures françaises. Quesnay les accuse de ne pas vouloir vraiment libérer le potentiel agricole du pays. Un temps Turgot tente de réconcilier les deux points de vue[116],mais en 1766, Montaudoin de la Touche commence une dispute avec les physiocrates basées sur la défense des intérêts des commerçants et des industriels qui rompt toute idée d'accord entre eux. Au cours de ces échanges Forbonnais accuse les physiocrates de ne pas comprendre ce que l'introduction de la monnaie a provoqué comme changement dans l'ordre naturel[117]. Si les physiocrates ont une certaine influence sur la libéralisation du commerce des grains introduite en 1764 par François de L'Averdy, après l'arrivée de Joseph Marie Terray au Contrôle général des finances en 1770, ils perdent toute influence économique[118].

Aspects politiques

Toutefois, pour bien comprendre à la fois la pensée de François Quesnay (et des physiocrates) ainsi que leur influence réelle, il convient de noter qu'elle n'est pas purement économique et qu'elle a aussi un fort volet politique. Quesnay soutient que si la république est un régime convenable pour les Etats marchands comme la Hollande[112], au contraire, une nation agricole se prête plus à la royauté. Malgré tout, ce médecin très spéculatif s'oppose aussi à la hiérarchie sociale de l'Ancien Régime à laquelle il tend à substituer une société composée de trois classes de citoyens définies en fonction de leur place dans l'ordre économique à savoir : les propriétaires terriens, la classe productive (les agriculteurs) et la classe stérile[114]}. Il n'acceptera jamais les analyses qui font de l'aristocratie un arme contre l'absolutisme développées par Fénelon, Saint-Simon, Montesquieu et un de ses disciples le Marquis de Mirabeau qu'il n'aura de cesse de convertir à ses vues[119]. sur le plan politique, la physiocratie s'oppose aux idées de Rousseau et le livre de Mercier de la Rivière L'Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques basée sur l'idée de despotisme légal inspiré par des lois naturelles peut être vu comme s'opposant aux idées de Rousseau concernant notamment la volonté générale[120]. En effet pour les physiocrates l'idée d'aliénation ou de fusion de l'individu dans la volonté générale est une éthique du sacrifice à laquelle ils substituent une éthique de l'intérêt. Chez eux c'est l'équilibre des intérêts de plusieurs corps politique guidé par la science qui aboutit à une volonté commune qui unit la nation[120]. Si Tocqueville donne aux physiocrates une influence forte sur les institutions issues de la révolution française, c'est qu'il a compris selon Longhitano[121] qu'elle reprenait aux physiocrates les idées de despotisme légal applicables tant à une république qu'une monarchie ainsi que l'opposition au gouvernement mixte de Montesquieu et à l'égalitarisme de Rousseau.

Louis 

Fontaines et places

Dans les dernières années de son règne, Louis XV fait construire de nouvelles places au centres de certaines villes telle la place Louis XV (maintenant Place de la Concorde, avec son harmonieuse rangée de nouveau immeubles dessinés par Ange-Jacques Gabriel ou encore des places au centre de Rennes et Bordeaux. Il fait aussi construire une fontaine monumentales à Paris la Fontaine des Quatre-Saisons avec une statuaire de Edmé Bouchardon

Louis XV et l’architecture

Les principaux architectes du roi sont Jacques Gabriel de 1734 jusqu’en 1742 puis son talentueux fils Ange-Jacques Gabriel. Parmi ses ouvrages parmi ses plus importants ouvrages, il est possible de citer L’École Militaire, l’ensemble de bâtiments entourant la Place Louis XV (maintenant la Place de la Concorde; 1761-1770),et le Petit Trianon à Versailles (1764). Durant le règne de Louis XV si les intérieurs deviennent somptueusement décorés, les façades deviennent. Plus simples, moins ornementées, plus classique[122]?

L’architecture de la période est aussi sobre et monumentale et tend à la fin du règne vers le style néoclassique comme en témoigne l’église Sainte-Geneviève (le Panthéon actuel), construite de 1758 tà 1790 par Jacques-Germain Soufflot, et l’église Saint-Philippe-du-Roule (1765-1777) due à Jean Chalgrin[122].

Décoration intérieure

La décoration intérieure au début du règne est de style rocaille ou style Régence caractérisé par des courbes et contre-courbes sinueux avec des motifs floraux. Elle se présente sous forme de murs ornés de tels motifs avec des médaillons en leur centre et de grands miroirs entourés de feuilles de palmiers. À la différence du style rococo les ornements sont symétriques et témoignent d’une certaine retenue. Les motifs sont souvent d’inspiration chinoise et représentent des animaux, spécialement des singes (Singerie) et des arabesques. Parmi les artistes de la période il est possible de citer Jean Bérain le Jeune, Watteau et Jean Audran[123].

Après 1750, en réaction avec la période précédente, les murs intérieurs sont peints en blanc ou dans des couleurs pâle avec des motifs plus géométriques inspiré de l’antiquité grecque et romaine. Le Salon de Compagnie du Petit Trianon annonce lui le Style Louis XVI[124].

Ameublement

Comparé à ceux de Louis XIV les chaises à la Louis XV sont plus légères, plus confortables et ont des lignes plus harmonieuses[125].

Les consoles sont des tables à mettre contre les murs, elles sont utilisées pour supporter des œuvres d’art. La commode est un type de meuble apparu sous le règne de Louis XV. Elles étaient ouné de bronze et couverte de plaque de bois exotique. Certaines dites façon de Chine tait en bois laqué noir avec des ornements de bronze. Le règne voit émerger un grand nombre d’ébénistesvenus de toute l’Europe. Les plus connus sont Jean-François Oeben, Roger Vandercruse Lacroix, Gilles Joubert, Antoine Gaudreau, et Martin Carlin[125].

D’autres types de meubles virent ke jour tels le chiffonieret la table de toilette[125].

Vers 1755-1760 les goûts en matière de meubles changent, les formes deviennent plus discètes et l’influence de l’Antiquité et du néo-classicisme se font sentir. Les commodes deviennent plus géométriques et un nouveau type de meuble le Cartonnier, fait son apparition vers 1760 -1765[126].

Louis 

Au début du règne de Louis XV le thème dominant est le même qu’à la fin du règne de Louis XIV à savoir la mythologie et l’histoire. Plus tard dans les nouveaux appartements de Versailles et de Fontainebleau, ses goûts se tournent vers les scènes pastorales et les portraits et rejoignent ceux Madame de Pompadour autre grande mécéne des peintres[127]

L’artiste favori du roi est François Boucher qui outre des peintures religieuses, pastorale et exotiques peint également des scènes de chasse pour les nouveaux appartements du roi[128] . Parmi les autres peintres notables ont peut citer Jean-Baptiste Oudry, Maurice Quentin de la Tour et Jean-Marc Nattier au quel on doit de nombreux portraits de la famille royale et des aristocrates.[129]

Sculpture

Le style sculptural demeure « grand siècle » pendant la plus grande partie du règne. Parmi les sculpteurs notables on peut citer : Guillaume Coustou, son fils Guillaume Coustou (fils), Robert Le Lorrain, et Edmé Bouchardon qui crée la statue équestre (terminé par Jean-Baptiste Pigalle) qui trônait place Louis XV (maintenant place de la Concorde), sur le modèle de la statue équestre de Louis XIV sur la place Louis-le-Grand (place Vendôme à partir du XIXe siècle) de François Girardon.

À la fin du règne de Louis XV, les sculpteurs accordent une plus grande importance aux visages, tandis que Madame de Pompadour qui aime la sculpture passe des commandes. Les principaux adepte de ce style nouveaux sont Jean-Antoine Houdon et Augustin Pajou qui sculpte les bustes de Buffon et Madame du Barry. À cette époque, la sculpture atteint une grande audience grâce aux reproductions en terre cuite ou en porcelaine[130].

Louis 

Le roi, la reine et ses filles sont les principaux mécènes des musiciens. La reine et ses filles jouaient du clavecin sous la direction de François Couperin. Le jeune Mozart vient à Paris et écrit deux sonates pour clavecin et violon dédiées à Madame Victoire, la fille du roi[131]. Le roi lui-même comme son grand-père, apprit la danse mais ne se produisit en public qu’une fois en 1725.Le musicien le plus important de la période est Jean Philippe Rameau, compositeur de la cour durant les années 1740 et 1750, qui écrit plus de trente opéra pour le roi et la cour[132]

Les jugements de l’histoire

De roi « bien-aimé » à « mal-aimé »

Dessin par Edmé Bouchardon pour la statue du Roi sur la Place Louis XV

Durant une grande partie de son règne, Louis XV est considéré comme un héros national. Selon Kenneth N. Jassie et Jeffrey Merrick, à cette époque dans les chansons et les poèmes le roi était décrit comme le maître, le chrétien. Ses erreurs étaient attribuées à sa jeunesse et à ses conseillers[133]. La statue équestre d’Edmé Bouchardon fut originellement conçue pour célébrer le rôle du monarque dans la guerre victorieuse de la succession d’Autriche. Elle représentait le roi en faiseur de paix. Elle ne fut dévoilée qu’en 1763 après sa défaite dans la guerre de sept ans. L’œuvre de Bouchardon achevée par Jean-Baptiste Pigalle est alors utilisée par la couronne pour restaurer la confiance dans la monarchie[134]. Son piédestal est soutenu par les statues des quatre Vertus. Peu de temps après l'inauguration, on trouve sur le piédestal un distique, tracé d'une main inconnue, qui témoigne de l’impopularité du roi : « Grotesque monument / Infâme piédestal / Les vertus sont à pied / Le vice est à cheval. » Autre version : « Ah ! la belle statue, ah ! le beau piédestal, / Les vertus sont à pied et le vice à cheval[135]. »

C’est qu’à cette époque Louis XV est devenu le « mal-aimé » notamment à cause de ses choix dans sa vie privée (ses nombreuses maîtresses). Pour Emmanuel Le Roy Ladurie, de l’École des Annales, si le roi était bel homme, intelligent et athlétique, son refus d’aller à la messe et de satisfaire à ses obligations religieuses contribua à désacraliser la monarchie[136]. Selon Jassie and Merrick, peu à peu la confiance dans le roi s’est érodée, et le peuple a blâmé et ridiculisé sa débauche. Il fut perçu comme celui qui ignorait les famines et les crises, et finalement, le peuple célébra sa mort de sorte qu’il laissa à son successeur un fonds de mécontentement populaire[133].

L'altération de l'image royale s'est poursuivie au XIXe et XXe siècles dans la littérature, l'historiographie et les manuels scolaires, dont les jugements sont obscurcis par leur moralisme laïc et par leur haine de la monarchie[137]. Sainte-Beuve juge Louis XV : « Le plus nul, le plus vil, le plus lâche cœur de roi qui, durant son long règne énervé, a accumulé comme à plaisir, pour les léguer à sa race, tous les malheurs[138] ». Selon le petit manuel Lavisse de 1900 : « Il a été le plus mauvais roi de toute notre histoire. Ce n'est pas assez de détester sa mémoire, il faut l'exécrer. » À partir de la seconde moitié du XXe siècle, il est progressivement réhabilité et apprécié[137].

Louis XV et l’influence culturelle de la France

La culture française est au sommet de son influence durant la première partie du 18e siècle, cependant la plupart des historiens s’accordent pour dire que les décisions de Louis XV ont affaibli la France, mis à mal les finances et discrédité la monarchie absolue, la rendant ainsi vulnérable. Ils notent à cet égard que la Révolution française éclate seulement quinze ans après sa mort[139].

Un regard parfois dur sur l’homme et son œuvre

Jeffrey Merrick écrit en 1986 que le gouvernement faible a accéléré le déclin général du pays qui a mené à la Révolution française de 1789. Le roi était un homme à femmes. Si d’une certaine façon la virilité du monarque était supposée traduire son pouvoir, néanmoins la foi populaire en la monarchie fut sapée par les scandales de sa vie privée et, à la fin de sa vie il était méprisé[140]

E. H. Gombrich écrit en 2005, "Louis XV et Louis XVI, les successeurs du roi soleil [Louis XIV] étaient incompétents, ils se contentaient d’imiter leur grand prédécesseur en ne montrant que l’apparence du pouvoir. Seuls la pompe et la magnificence demeuraient."[141]

Pour Norman Davies le règne de Louis XV se caractérise par une « stagnation débilitante », des guerres perdues, des conflits sans fin avec les parlements et des querelles religieuses[142] Jerome Blum le décrit tel "un perpétuel adolescent appelé à faire un travail d’homme (a perpetual adolescent called to do a man's job.)"[143] De nombreux historiens estiment que Louis XV ne sut pas répondre aux grands espoirs de ses sujets. Robert Harris écrit en 1987 "Les historiens ont classé ce gouvernant comme le plus faible des Bourbons, un homme qui ne fait rien, qui laisse les affaires de l’État aux ministres tandis qu’il se livre à ses passe-temps, la chasse et les femmes (Historians have depicted this ruler as one of the weakest of the Bourbons, a do-nothing king who left affairs of the state to ministers while indulging in his hobbies of hunting and womanizing.)"[144] Harris ajoute que les ministres étaient nommés et déchus suivant l'humeur de ses maîtresses, minant gravement le prestige de la monarchie.

Les arguments des défenseurs du roi

Quelques historiens ont soutenu que la mauvaise réputation de Louis XV était liée à une propagande visant à justifier la révolution française [145]. Dans sa biographie publiée en 1984 Olivier Bernier soutient que Louis XV était à la fois populaire et réformateur. Durant ses 59 ans de règne la France ne craignit jamais d’être envahie malgré la perte de nombreuses colonies. Il était connu comme Le Bien-aimé pendant une partie de son règne et de nombreux sujets prièrent pour qu’il recouvre sa santé à Metz en 1744. Le renvoi de Choiseul ainsi que la dissolution du parlement de Paris en 1771 ne visaient qu'à éliminer du gouvernement ceux qu’il considérait comme corrompus. Il a modifié la loi des impôts et tenta d’équilibrer le budget. Selon Bernier ces décisions auraient pu éviter la révolution française si elles n'avaient été abrogées par son successeur Louis XVI[146]. Pour Guy Chaussinand-Nogaret la mauvaise réputation de Louis XV fut établie 15 ans après sa mort afin de justifier la révolution.

Ascendance

Postérité

Enfants légitimes

La reine Marie et le dauphin Louis, par Alexis Simon Belle.

Marie Leszczyńska donne à Louis XV dix enfants, dont trois meurent en bas-âge :

  1. fausse couche, 1726,
  2. Louise-Élisabeth ( – 6 décembre 1759) dite « Madame » (en tant que fille aînée du roi) ou « Madame Première » puis, après son mariage, « Madame Infante », avec postérité ;
  3. Anne-Henriette ( – 10 février 1752), sœur jumelle de la précédente, dite « Madame Seconde » puis « Madame Henriette », sans alliance ni postérité ;
  4. Marie-Louise () dite « Madame Troisième » puis « Madame Louise », sans alliance ni postérité ;
  5. Louis (), dauphin, avec postérité (père des rois de France Louis XVI, Louis XVIII, et Charles X) ;
  6. Philippe-Louis (), duc d'Anjou, sans alliance ni postérité ;
  7. Marie-Adélaïde () dite « Madame Quatrième », puis « Madame Troisième », « Madame Adélaïde » et enfin « Madame », sans alliance ni postérité ;
  8. Victoire-Louise-Marie-Thérèse (), dite « Madame Quatrième » puis « Madame Victoire »), sans alliance ni postérité ;
  9. Sophie-Philippine-Élisabeth-Justine (), dite « Madame Cinquième » puis « Madame Sophie », sans alliance ni postérité ;
  10. Thérèse-Félicité (), dite « Madame Sixième » puis « Madame Thérèse », sans alliance ni postérité ;
  11. Louise-Marie (), dite « Madame Septième » puis « Madame Louise », en religion sœur Marie-Thérèse de Saint-Augustin, sans alliance ni postérité ;
  12. fausse couche, 1739, garçon.

Enfants illégitimes

Louis XV, comme Louis XIV, a eu un certain nombre d'enfants adultérins de ses nombreuses maîtresses, à partir de 1733. À la suite d'une nouvelle fausse couche de la reine en 1738, cette dernière, lassée par les maternités répétitives, lui ferme la porte de sa chambre, ce qui facilite l'officialisation de la première favorite royale, la comtesse de Mailly[147]. Tous ses enfants adultérins, autres que Charles de Vintimille, sont nés de jeunes filles non mariées, appelées les « petites maîtresses ». Hanté par les mauvais souvenirs liés aux bâtards de son arrière-grand-père, Louis XV se refusera toujours à les légitimer. Il subviendra à leur éducation et s'arrangera pour leur donner une place honorable dans la société, mais ne les rencontrera jamais à la cour. Seuls sont légitimés Charles de Vintimille du Luc et l'abbé de Bourbon.

Avec Madame de Vintimille :

  • Charles de Vintimille du Luc (1741-1814) dit le Demi-Louis car il ressemble beaucoup à Louis XV. Marquis du Luc, Madame de Pompadour tient tellement pour assuré qu'il est de naissance royale que, souffrant de n'avoir pas d'enfants avec le roi et désireuse de porter des petits-enfants en commun, elle projette en 1751 de le marier à sa fille Alexandrine ; il épousera (1764) Adélaïde de Castellane (1747-1770), dont postérité ;

Peut-être avec Irène du Buisson de Longpré :

  • Julie Filleul (Marie-Françoise-Julie-Constance Filleul) (1751-1822). Elle épousera 1°) Abel François Poisson en 1767, marquis de Vandières, de Marigny, de Menars, etc., frère de Madame de Pompadour ; 2°) François de La Cropte, marquis de Bourzac en 1783 dont elle divorcera en 1793.

Avec Jeanne Perray :

  • Amélie de Norville (1753-1790)[148], qui épousera en 1780 Ange de Faure[149] (dit « le comte de Faure »[150]). Le roi lui attribuera une pension de 30 000 livres avec réversion à sa fille[151].

Avec Marie-Louise O'Murphy :

Avec la duchesse de Narbonne-Lara :

  • Philippe, duc de Narbonne-Lara (1750-1834), qui épouse en 1771 Antoinette Françoise Claudine de La Roche-Aymon ;
  • Louis-Marie, comte de Narbonne-Lara (1755-1813), qui épousera en 1782 Marie Adélaïde de Montholon, dont postérité.

Avec Marguerite-Catherine Haynault :

  • Agnès-Louise de Montreuil (1760-1837), qui épousera en 1788 Gaspar d'Arod (1747-1815), comte de Montmelas, dont postérité ;
  • Anne-Louise de La Réale (1762-1831), qui épousera en 1780 le comte de Geslin (1753-1796).

Avec Lucie Madeleine d'Estaing :

  • Agnès-Lucie Auguste (1761-1822), qui épousera en 1777 Charles, vicomte de Boysseulh (1753-1808) ;
  • Aphrodite-Lucie Auguste (1763-1819), qui épousera en 1784 Louis-Jules, comte de Boysseulh (1758-1792).

Avec Marie-Madelaine de Lionvaux :

  • Novembrius de Lionvaux[153] (1761-1798), élevé par son oncle, Louis de Lionvaux, et sa tante – par alliance – Anne-Sophie de Gascourt, il n'aura aucune épouse et sera sans descendance.

Avec la baronne de Meilly-Coulonge :

Avec Louise-Jeanne Tiercelin de La Colleterie :

  • Benoît-Louis Le Duc (1764-1837), abbé.

Avec Catherine Éléonore Bénard :

Avec Marie Thérèse Françoise Boisselet :

Louis XV est donc le père de quinze enfants adultérins. La naissance royale n'est certaine que pour 8 enfants (3 garçons et 5 filles). Madame de Pompadour a fait toujours des fausses couches, et la seule naissance d'un enfant naturel avérée après la mort de celle-ci, est celle de Marie Victoire Le Normand de Flaghac, en 1768.

Favorites et maîtresses

Ses maîtresses et favorites ont été :

  • Louise Julie de Mailly-Nesle, comtesse de Mailly (1710-1751), épouse en 1726 son cousin Louis-Alexandre, comte de Mailly. Elle devient maîtresse en 1733, favorite en 1738, et est supplantée en 1739 par sa sœur Pauline. Elle rentre en grâce en 1741, mais est renvoyée de la cour en 1742 à la demande de sa sœur Marie-Anne ;
  • Pauline Félicité de Mailly-Nesle, comtesse de Vintimille (1712-1741), maîtresse de Louis XV elle épouse en 1739 Jean-Baptiste, comte de Vintimille et marquis du Luc (1720-1777) ;
  • Diane Adélaïde de Mailly-Nesle, duchesse de Lauraguais (1713-1760) ;
  • Marie-Anne de Mailly-Nesle, marquise de La Tournelle, duchesse de Châteauroux (1717-1744) ;
    • Hortense de Mailly-Nesle, marquise de Flavacourt, a été aussi, un temps, soupçonnée de liaison intime avec le roi, mais cette hypothèse a été rapidement écartée ;
  • La marquise de Pompadour, de son vrai nom Jeanne Antoinette Poisson (1721-1764), fille d'un financier véreux exilé en 1725. Elle épouse en 1741 Charles-Guillaume Le Normant d'Étiolles et a deux enfants dont Alexandrine Le Normant d'Étiolles (1744-1754) qui est élevée en princesse et anoblie Mlle de Crécy. La Pompadour devient de 1745 à 1751 la maîtresse du roi, et est honorée en 1752 du tabouret et des prérogatives de duchesse. Elle est dame du palais de la reine en 1756, mais doit quitter Versailles quelque temps en 1757 à la suite d'une cabale ;
  • La comtesse du Barry, née Jeanne Bécu (1743 – guillotinée en 1793), fille naturelle d'Anne Bécu, couturière, et de Jean-Baptiste Gomard de Vaubernier. Après avoir reçu une bonne éducation, elle travaille comme modiste à Paris. Elle devient en 1768 la maîtresse du roi auquel Jean, comte Dubarry (dont elle a été la maîtresse) l'a présentée. Louis XV lui fait épouser la même année Guillaume Dubarry (frère de Jean), puis la présente à la cour en 1769. Selon Mathieu-François Pidansat de Mairobert, elle aurait dit un jour à Louis XV : « « La France », ton café fout le camp ! » — car tel aurait été le surnom qu'elle aurait donné au Roi, phrase dont Jean Claude Bologne dément la véracité[155]. Obligée de quitter la cour à la mort du roi, elle se rend en Grande-Bretagne en 1792 pour y retrouver ses diamants qu'on lui avait volés dans sa propriété de Louveciennes : elle est arrêtée à son retour en France et condamnée à mort pour avoir profité des trésors de l'État, conspiré contre la République et porté le deuil de Louis XVI. Avant d'être guillotinée à Paris, elle aurait dit : « Encore un instant, Monsieur le bourreau ! » ;
  • Marie-Louise O'Murphy (1737-1814), dite Mlle de Morphise, fille de Daniel O'Murphy, d'origine irlandaise. Elle épouse : 1°) Jacques Pelet de Beaufranchet en 1755, 2°) François Nicolas Le Normant de Flaghac en 1759, et 3°) Louis-Philippe Dumont en 1798, député du Calvados à la Convention, dont elle divorcera la même année ;
  • Françoise de Chalus, duchesse de Narbonne-Lara (1734-1821), fille de Gabriel de Chalus, seigneur de Sansac, elle épousera en 1749 Jean-François, duc de Narbonne-Lara ;
  • Marguerite-Catherine Haynault (1736-1823), fille de Jean-Baptiste Haynault, entrepreneur de tabac. Elle épouse en 1766 Blaise d'Arod, marquis de Montmelas ;
  • Lucie Madeleine d'Estaing (1743-1826), sœur naturelle de l'amiral d'Estaing, elle épousera en 1768 François, comte de Boysseulh ;
  • Anne Couppier de Romans, baronne de Meilly-Coulonge (1737-1808), elle est la fille d'un bourgeois, Jean-Joseph Roman Coppier. Elle entretient une liaison avec le roi de 1760 à 1765, et épousera en 1772 Gabriel Guillaume de Siran, marquis de Cavanac ;
  • Louise-Jeanne Tiercelin de La Colleterie (1746-1779) dite Mme de Bonneval ;
  • Irène du Buisson de Longpré[156] (décédée en 1767), fille de Jacques du Buisson, seigneur de Longpré, elle épousera en 1747 CharlesFrançois Filleul, conseiller du roi ;
  • Catherine Éléonore Bénard (1740-1769), fille de Pierre Bénard, écuyer de la bouche du roi. Elle épouse en 1768 Joseph Starot de Saint-Germain, fermier général qui sera guillotiné en 1794 ;
  • Marie Thérèse Françoise Boisselet (1731-1800), qui épouse en 1771 Louis-Claude Cadet de Gassicourt.

Ajoutons une possible relation avec Françoise de Chalus, dame d'honneur de sa fille Marie-Adelaïde. De cette union serait né, en 1755, le comte Louis-Marie de Narbonne-Lara.

Parmi les entremetteurs qui procurent des femmes à Louis XV figure son premier valet de chambre, Dominique Guillaume Lebel[157], petit-fils de Michel Lebel, lui-même déjà au service de Louis XIV[158]. Pour vérifier la bonne santé des jeunes filles, Lebel « essayait » les jeunes filles pour vérifier qu'elles n’étaient pas porteuses d'une des maladies vénériennes que craignait le roi[159].

Titulature

  • 1710-1712 : Son Altesse royale Monseigneur le duc d'Anjou
  • 1712-1715 :Monseigneur le Dauphin
  • 1715-1774 : Sa Majesté le Roi de France et de Navarre

Filmographie

Le roi Louis XV est présent dans plusieurs œuvres cinématographiques.

Notes et références

  1. Jean-Jacques Aillagon, Versailles en 50 dates, 2012, Albin Michel, 336 p. (ISBN 9782226267382, lire en ligne).
  2. Alain Decaux et André Castelot, Dictionnaire d'histoire de France, Perrin, , p. 604.
  3. Registre des baptêmes (1710) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines.
  4. Louis XV (le Bien-Aimé).
  5. Bluche 2003, p. 16-17.
  6. Registre des baptêmes (1712) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines.
  7. Philippe de Montjouvent, Éphéméride de la Maison de France de 1589 à 1848 : Henri IV et ses descendants, Charenton, Éditions du Chaney, , 477 p. (ISBN 2-913211-01-1), p. 90.
  8. Antoine 1989, p. 25.
  9. Hours 2009, p. 103.
  10. Bluche 2003, p. 17-18.
  11. Cité dans Bluche 2003, p. 19.
  12. Pascale Mormiche, « Éduquer un roi ou l’histoire d’une modification progressive du projet pédagogique pour Louis XV (1715-1722) », Histoire de l’éducation, no 132, 2011, p. 17-47.
  13. Del Perugia 1976, p. 34.
  14. Hours 2009, p. 190.
  15. Petitfils 2014, p. 29.
  16. Petitfils 2014, p. 30-31.
  17. Petitfils 2014, p. 31.
  18. Petitfils 2014, p. 39.
  19. Petitfils 2014, p. 30.
  20. Jean-François Solnon, La Cour de France, Fayard, , p. 221.
  21. Petitfils 2014, p. 66-67.
  22. Petitfils 2014, p. 57.
  23. Petitfils 2014, p. 68.
  24. Petitfils 2014, p. 69.
  25. Petitfils 2014, p. 70.
  26. Petitfils 2014, p. 72.
  27. Olivier Andurand, La Grande Affaire. Les évêques de France face à l'Unigenitus, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 398 p. (ISBN 978-2-7535-5390-3).
  28. Petitfils 2014, p. 86-87.
  29. Petitfils 2014, p. 87.
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  33. Petitfils 2014, p. 97.
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  35. Jean Meyer, Louis XV ou le scepticisme politique, Sicre Éditions, , p. 35.
  36. a et b Petitfils 2014, p. 118
  37. Jean-Christian Petitfils, Louis XV, éditions Perrin, 2020, p.121
  38. Bluche 2003, p. 21-25.
  39. Petitfils 2014, p. 123.
  40. a b et c Petitfils 2014, p. 124.
  41. a et b Petitfils 2014, p. 128.
  42. Petitfils 2014, p. 143.
  43. Petitfils 2014, p. 144.
  44. a et b Petitfils 2014, p. 138.
  45. Un document de 1725 dans les Archives Nationales, rédigé probablement à l'attention du duc de Bourbon, fait état de ce « casting royal » : « Des cent Princesses qu'il y a à marier en Europe, en en retranchant 44 qui sont trop âgées pour être mariées à un jeune Prince [Louis XV a 15 ans], 29 qui sont trop jeunes, 10 dont l'alliance ne convient pas, il ne reste donc que 17 Princesses ». Les deux dernières opportunément citées sont Henriette Louise Mlle de Vermandois et Thérèse Alexandrine Mlle de Sens, toutes deux filles de Louis III de Bourbon-Condé. Source : Claude-Alain Sarre, Louise de Condé, Éditions Jean-Paul Gisserot, , p. 14.
  46. Antoine 1989, p. 121.
  47. Petitfils 2014, p. 159-160.
  48. Petitfils 2014, p. 163.
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  50. Antoine 1989, p. 161.
  51. Bluche 2003, p. 53.
  52. Citations extraites de Antoine 1989, p. 161-162.
  53. Petitfils 2014.
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  55. Petitfils 2014, p. 325.
  56. a et b Petitfils 2014, p. 327.
  57. Antoine 1989.
  58. Petitfils 2014, p. 189.
  59. Petitfils 2014, p. 190-191.
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  63. a b c et d Petitfils 2014.
  64. a et b Petitfils 2014, p. 218.
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Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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