Taxons concernés
Limace est un nom vernaculaire ambigu désignant en français certains gastéropodes sans coquille externe appartenant à l'infra-ordre des stylommatophores. Les limaces mesurent de 1 à 30 cm. Comme les autres stylommatophora, elles ont quatre tentacules dont deux qui ont des yeux. Les autres sont utilisés pour capter les odeurs et sont sensibles aux goûts. Elles peuvent être phytophages ou carnivores.
Les plus grandes limaces sont aussi appelées des loches. Il existe des animaux aquatiques d'aspect approchant, dits limaces de mer et lièvres de mer.
Les ancêtres des limaces habitaient les mers. Ils ont évolué et se sont transformés au cours du temps, pour donner aujourd'hui quelque 103 000 espèces différentes, marines ou terrestres. L'évolution la plus importante a été la transformation des branchies en poumons et une adaptation au milieu terrestre par la production d'un mucus très particulier. La limace reste cependant très dépendante de l'humidité.
Le groupe des gastéropodes sans coquille, c.-à-d. les limaces, est considéré comme un grade polyphylétique, car la perte de coquille s'est produit indépendamment dans plusieurs lignées différentes[1].
Les limaces mesurent entre 1 et 30 cm. Leur corps est allongé et peut être divisé ainsi :
La tête est munie de quatre tentacules situés au-dessus de la bouche ; les tentacules supérieurs portent, à leur extrémité, les yeux mais constituent aussi des organes tactiles et olfactifs. La bouche comporte deux mâchoires avec de petites dents et une langue, la radula, elle aussi dentée.
Le bouclier ou manteau derrière la tête qui recouvre quelques grains ou une petite lamelle de calcaire que l'on appelle la limacelle. On observe, sur la droite du bouclier, l'orifice respiratoire de l'animal que l'on appelle aussi pneumostome.
La partie caudale est la partie située en arrière du bouclier.
Le pied est la partie ventrale et musclée de l'animal. Il adhère au sol grâce à la sole de reptation.
Le mucus des limaces est une sécrétion colloïdale complexe à haute viscosité produite par des glandes spécialisées. Assurant une fonction de lubrifiant, il est indispensable à leur progression. Il protège efficacement les limaces de la déshydratation et du rayonnement infrarouge. Mais surtout grâce à ses propriétés antibiotiques, il les protège des infections virales, bactériennes et fongiques auxquelles ces animaux seraient, sans cette protection, très exposés.
Lorsque la limace est soumise à une agression mécanique ou chimique elle produit immédiatement un surplus de mucus, qui la rend particulièrement visqueuse, ce qui pourrait peut-être parfois lui permettre d'échapper à des prédateurs maladroits, en dépit de sa lenteur. Il est possible que le mucus serve aussi à détoxiquer l'animal qui peut ainsi évacuer certains polluants ingérés avec les végétaux.
Lors du déplacement, une glande située à l'extrémité avant du pied sécrète ce mucus qui est écrasé sous la sole de reptation et leur permet de glisser. Une partie reste sur le sol sous forme d'un film très fin aux reflets irisés qui peut constituer une piste olfactive permettant aux individus de se retrouver pour se reproduire.
Les propriétés colloïdales du mucus de la limace pourraient jouer un rôle dans le bon déroulement du processus d'humification de la litière et peut-être également pour la digestion des oiseaux ou animaux qui la mangent volontairement ou involontairement (comme les vaches, moutons ou chèvres réputés herbivores, mais qui ingèrent de nombreux invertébrés avec leur nourriture), mais ces questions n'ont pas fait l'objet d'études poussées.
Il semble que le mucus de limace ait pu avoir des usages médicinaux dans le passé (contre les affections pulmonaires ou de l'estomac). En dépit de ses propriétés peu communes, il ne semble pas non plus avoir été l'objet d'études pharmacologiques ou ethnopharmacologiques poussées.
La limace est un animal à sang froid, essentiellement nocturne ou qui n'est actif que par temps très humide. Son activité varie beaucoup selon les périodes de l'année, la température et l'humidité.
Le cycle de vie des limaces, tout comme leur densité de population, la vitesse de leur reproduction et leur croissance sont conditionnés par les conditions climatiques, la lumière et la nourriture disponible. Les hivers doux favorisent le taux de survie des œufs, des jeunes limaces et leur développement. Les hivers secs et froids peuvent induire une diminution des populations vivant sur une parcelle.
L'activité de la limace varie beaucoup selon l'espèce et au sein de l'espèce selon les individus, et pour un même individu, d'un jour à un autre.
Enterrées durant la journée, les limaces sortent en général la nuit et ne s'activent que dans une fourchette de conditions thermo-hygrométriques (minima/maxima).
Les limaces horticoles s'immobilisent en dessous de 5 °C. L'optimum de températures des limaces grises se situe aux alentours de 18 °C. Elles sont inactives à 0 °C. Les limaces meurent à −3 °C, mais elles se sont en général enfouies en profondeur avant l'arrivée du gel.
Sans eau ou humidité, la limace ne peut pas produire de mucus et par conséquent ne peut pas se déplacer. Elle se réfugie dans le sol pour attendre le retour des pluies.
Les limaces sont omnivores : elles ont une nourriture variée, le plus souvent composée de tissus végétaux mais elles peuvent aussi consommer des champignons et des déchets animaux, être détritivores, voire carnivores (limace léopard).
La grosse limace et la petite limace grise consomment plutôt les plantes à la surface du sol et semblent attirées par des plantes déjà endommagées. En période de sècheresse, les petites limaces vivent plutôt dans le sol et grignotent alors les parties souterraines des plantes ou les champignons poussant sur des végétaux en décomposition.
Une limace peut ne pas manger durant plusieurs jours et ingérer jusqu'à l'équivalent de la moitié de son poids en une seule nuit. La limace grise absorbe entre 30 et 50 mg par jour, mais la grosse limace peut ingurgiter entre 5 et 10 g par jour. Certaines limaces se nourrissent en une seule fois, d'autres s'alimentent à plusieurs reprises au cours d'une même nuit.
Il existe également des limaces carnivores, comme les Testacelles, qui se nourrissent notamment de vers de terre ou d'autres mollusques.
Comme l'escargot, la limace est hermaphrodite, c’est-à-dire qu'un même individu est à la fois mâle et femelle. Les organes mâles sont d'abord activés, puis c'est au tour des organes femelles. Le déclenchement de ces deux phases de l'activité sexuelle est régulé par un système hormonal.
La limace pond les œufs entre quelques jours et plusieurs semaines après l'accouplement selon l'espèce. Une limace peut pondre entre 100 et 500 œufs en paquets de 10 à 50. Elle les dépose dans un trou creusé dans la terre ou sous un abri. Les œufs sont sphériques, jaune blanchâtre ou transparents.
La durée d'incubation des œufs dépend des conditions climatiques, en particulier des températures. À 5 °C, l'incubation durera jusqu'à trois mois alors qu'à 20 °C, deux à trois semaines suffisent. L'humidité du sol doit être comprise entre 40 et 80 %.
Les limaces peuvent donner naissance à une génération par an, une tous les deux ans ou deux par an. Les périodes les plus favorables pour la reproduction sont l'automne et le printemps.
À l'éclosion des œufs, les limaçons mesurent quelques millimètres et sont transparents. Les limaces vivent de neuf à dix-huit mois selon les espèces et la région. La limace grise, par exemple, évolue en une génération par an dans les régions à hiver rigoureux, en deux générations par an dans les régions à hiver doux.
En revanche, la limace noire se développe en une seule génération par an quelle que soit la région.
Les limaces se déplacent peu. Elles peuvent parcourir en conditions optimales entre 4 et 7 m quotidiennement pour la limace grise, 2 et 3 m pour la limace noire. Lorsqu'elles se situent dans une parcelle où la végétation est abondante, les limaces ne se dispersent pas de plus de 50 cm par jour.
Elles repèrent leur nourriture grâce à leurs organes olfactifs et à des papilles gustatives.
Elles ont une fonction écologique importante en intervenant dans le contrôle de la végétation et dans le recyclage de la nécromasse. Elles offrent une source de nourriture importante pour de nombreuses espèces dont les oiseaux ou les hérissons.
Certains agronomes, comme Hervé Coves, appuient sur le fait que les limaces en surnombre, au début de l'installation de cultures, répondraient à un déséquilibre (en champignons par exemple). Il prône une gestion dite "holistique" en ne cherchant plus à lutter contre la présence de la limace mais en la privilégiant, cette dernière tendant alors à diminuer, notamment par l'installation de ses prédateurs naturels[2].
Certains facteurs favorisent le développement des limaces:
Les limaces possèdent de nombreux prédateurs :
Les limaces sont source de problèmes pour les agriculteurs et les jardiniers, problèmes qui ont justifié la production de pesticides spécialisés (anti-limaces ou limacides), qui se sont hélas avérés polluants et toxiques pour beaucoup d'autres espèces. Les méthodes alternatives sans toxiques étant peu compatibles avec l'agriculture intensive, les limaces, comme les escargots et de nombreux invertébrés ont beaucoup reculé ou disparu d'une grande partie de leur habitat, victimes des pesticides[3].
Par ailleurs elles peuvent transmettre un nématode (Angiostrongylus vasorum) à divers animaux.
Cette méthode consiste à ramasser ces indésirables après un épisode pluvieux ou un arrosage, idéalement à la tombée de la nuit, du fait de l'activité nocturne des limaces. Il est recommandé d'enfiler des gants afin de se prémunir contre le mucus gluant et collant qu'elles secrètent, voire se munir d'une lampe de poche et d'un récipient pour y mettre les limaces collectées.
Cette méthode consiste à déposer sur le sol dans des endroits stratégiques des coupelles contenant un peu de bière. L'odeur de la bière les attire et elles s'y noient. C'est en réalité le houblon qui les attire, qu'elles confondent avec la chicorée dont elles raffolent.[réf. nécessaire] Méthode controversée. Ce piège fonctionne tellement bien qu'il attire également les limaces du voisinage. Il tue, certes, mais notamment des limaces qui ne seraient pas venues sans le piège. D'autre part, il est dangereux pour les insectes qui peuvent s'y noyer.
Les limaces peuvent être éloignées en plaçant une plante qu'elles apprécient particulièrement (consoude, œillet d'Inde) qui fera qu'elles délaisseront les plantes à protéger.
On entoure les plantes à protéger (salades, choux-fleurs...) de plantes barrière (ail, civette, hysope géranium, digitale, fenouil, oignons, moutarde, trèfle, cerfeuil, capucine, bégonias, cassis...) nettement moins appréciés des limaces.
En laissant des endroits non entretenus dans le jardin ou des zones de refuge (pierres, tas de bois, tas de feuilles), on favorise le développement des prédateurs naturels des limaces. Par exemple, un crapaud, qui appréciera lui aussi les planches ou tuiles "pièges" pour se cacher au frais le jour.
Les poules consomment certaines limaces, elles sont aussi très friandes de leurs œufs. Il est possible de les lâcher au potager, en particulier aux heures où les limaces sortent. On peut aussi poser une planche de bois ou des tuiles où les limaces se réfugient la nuit. Au matin, il suffit de les retourner et les oiseaux et autres animaux (comme les orvets, etc.) se délecteront de ce mets délicieux.
Le canard coureur indien, dont l'efficacité est de plus en plus reconnue. Certains jardiniers ont tendance à les déconseiller de par leur alimentation opportuniste. Les canards coureurs indiens peuvent en effet se nourrir des plantes potagères.
Un purin ou un simple paillage de fougère aigle permet également de les éliminer de façon naturelle. La cendre de barbecue ou de cheminée peut être étalée sur 1 cm d'épaisseur pour protéger une zone sans limaces, de même que du sable, de la terre de diatomée ou de la pouzzolane qui constituent des barrières minérales naturelles. Elles sont aussi gênées pour glisser par les cheveux ou les poils ainsi que le marc de café.
Méthode particulièrement adaptée aux potagers en carrés légèrement surélevés. Elle est constituée d'un tasseau fixé sur chaque côté de la planche de cultures et de cornières métalliques fixées en dessous du tasseau. Les cornières peuvent également être remplacées par un ruban en plastique[4]. Le but est d'obliger les limaces à descendre pour monter dans la planche de culture, ce qu'elles sont incapables de faire.
Les produits utilisés pour éliminer les limaces sont appelés molluscicides ou "limacides".
Il existe sur le marché des produits biologiques à base de phosphate de fer, en particulier l'orthophosphate de fer sous forme de granulés (ferramol) qui tuent les limaces en paralysant, après absorption, leurs mandibules[réf. nécessaire] ou déshydratent l'animal qui ne produit plus de mucus et va se mettre à l'abri avant de mourir. Utilisable en agriculture biologique, ils ne sont toxiques que pour les limaces et les escargots, mais ces derniers sont une source importante de nourriture pour les hérissons.
Certains produits sont à base de nématodes qui parasitent et tuent les limaces comme Phasmarhabditis hermaphrodita, mais ces parasites s'attaquent aussi aux escargots dont se nourrissent les hérissons[5].
Les granulés à base de métaldéhyde permettent d'éliminer les limaces par application sur les zones infestées. Ces granulés sont très toxiques pour l'homme ou les animaux domestiques (chats, chiens) attirés par les granulés ou ceux qui consomment les limaces intoxiquées qui les avalent et s'empoisonnent à leur tour, notamment les hérissons.
Depuis les années 2010, ce pesticide est régulièrement trouvé dans l'eau distribuée au robinet de certains départements français comme en Maine-et-Loire [6]. D'autres anti-limaces synthétiques commencent à s'y trouver aussi.
Baptiste Platine, de Crémone, en 1571, signale que l'on mange aussi parfois les limaces[7]. Mais celles-ci peuvent être des vecteurs de maladies graves[8]. François Cavanna, dans son roman Les Ritals, raconte que les terrassiers associent le fait de manger des limaces à entretenir les poumons. Il existe des recettes comme la limace au sifflet (la limace est indiquée comporter une « coquille plate »)[9], la bouillabaisse de limace[10], la limace à la crème[11].
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