Réalisation | Jean-Marie Poiré |
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Scénario |
Jean-Marie Poiré Christian Clavier |
Musique | Éric Lévi |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Alpilles Productions Amigo Productions France 3 Cinéma Gaumont International Canal+ |
Pays d’origine |
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Genre | comédie fantastique |
Durée | 107 minutes |
Sortie | 1993 |
Série Les Visiteurs
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Les Visiteurs est un film français réalisé par Jean-Marie Poiré et sorti en 1993.
Le comte Godefroy de Montmirail et son serviteur Jacquouille vivent au Moyen Âge. Par magie, ils sont transportés dans le temps afin que le comte puisse éviter la mort accidentelle de son beau-père, qu'il a tué il y a peu de temps. À la suite d'une erreur d'ingrédients, au lieu de remonter le temps de quelques jours, ils sont transportés du XIIe siècle à la fin du XXe siècle.
La distribution se compose de Jean Reno dans le rôle de Godefroy de Montmirail, de Christian Clavier dans le rôle de Jacquouille et de son descendant des temps modernes Jacquart, ainsi que de Valérie Lemercier, Marie-Anne Chazel ou encore de Christian Bujeau.
Réalisé pour un budget de 50 millions de francs, le film a attiré près de 14 millions de spectateurs au cinéma et fut classé à la première place du box-office français en 1993.
Après son succès au box-office, le film est nommé huit fois à la 19e cérémonie des César, pour ne recevoir finalement qu'un César, celui de la Meilleure actrice dans un second rôle, décerné à Valérie Lemercier.
Le succès du film et sa fin ouverte engendrent une suite, Les Couloirs du temps : Les Visiteurs 2 (1998), qui est elle-même suivie par un troisième épisode, Les Visiteurs : La Révolution (2016), formant ainsi une trilogie, entièrement réalisée par Jean-Marie Poiré. Auparavant, le film avait connu un remake en langue anglaise, Les Visiteurs en Amérique (2001).
Aujourd'hui encore, Les Visiteurs est l'une des comédies les plus populaires du cinéma français et le 5e film français ayant engrangé le plus d'entrées, derrière Bienvenue chez les Ch'tis, Intouchables, La Grande Vadrouille et Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre.
En 1123, le roi Capétien Louis VI (dit « le Gros ») est en rendez-vous galant avec une nièce du roi d’Angleterre. L'un de ses vassaux, le comte Godefroy de Montmirail, surnommé « le Hardi », reste aux abords du lieu de rencontre. Devant s'enfuir devant les troupes ennemies, Louis VI se retrouve face à un soldat anglais qui cherche à le capturer. Le comte sauve alors la vie de son suzerain en tranchant la tête du soldat menaçant. En récompense, Godefroy se voit promettre en épousailles son aimée de longue date, Frénégonde de Pouilles, la fille du duc Fulbert de Pouilles. Le comte se met en route vers son château où vont se dérouler les épousailles. Il est accompagné de ses hommes et de son fidèle écuyer Jacquouille la Fripouille. En chemin, ils capturent une sorcière vivant dans une forêt. Ils l'emprisonnent dans une cage dans le but de la juger ensuite.
Arrivé en vue du château, Godefroy se met en bonne tenue pour se présenter auprès de Frénégonde. Cette dernière a été avertie de l'arrivée de son aimé. Elle sort en courant du château pour le rejoindre, poursuivie par son père qui cherche à restreindre son empressement. Profitant d'un moment d'inattention de ses geôliers, la sorcière verse une potion dans la gourde de Godefroy. Le comte, assoiffé, en boit peu après. Il est alors victime d'hallucinations : il voit le château se déformer et ses hommes avec des visages d'animaux. Il aperçoit sa promise courir à travers champs. La potion fait qu'il croit qu'elle est poursuivie par un ours, c'est en fait le duc de Pouilles qui court derrière elle. Godefroy saisit son arbalète pour protéger Frénégonde et il abat son futur beau-père d'un carreau d'arbalète en pleine tête.
Alors que les occupants du château se recueillent dans une chapelle auprès de la dépouille du duc, Frénégonde fait serment de se retirer dans un couvent pour le reste de sa vie : elle ne peut épouser l'homme qui a tué son père. Jacquouille, qui s'occupait d'éloigner les mouches du corps, profite que les lieux se vident pour s'emparer du lourd collier d'or du duc, serti de pierres précieuses. Il le cache derrière l'office dans la tête creuse d'une statue.
Godefroy voyage jusqu'au mage Eusæbius, un homme versé dans la magie du temps, afin de réparer sa faute et s'assurer tout de même une descendance avec Frénégonde. Le mage lui concocte une potion afin de le renvoyer dans le passé peu de temps avant le drame. Le comte fait goûter la potion à son écuyer, afin de vérifier de ne pas se faire empoisonner, puis en boit lui-même. Eusæbius récite alors la formule magique. Godefroy et Jacquouille disparaissent ensemble. Le premier est transformé en statue de cristal, le second en tas d'excréments. Le mage se rend compte alors qu'il a oublié des œufs de caille dans la potion, ingrédient indispensable, et déclare alarmé que « c'est une catastrophe ».
Jacquouille et Godefroy se réveillent dans un bois qu'ils ne reconnaissent pas comme étant la forêt de Montmirail. Alors que Godefroy trouve des détritus inconnus, Jacquouille va plus loin et découvre une route goudronnée. Une Renault 4L de La Poste arrive et freine brutalement devant Jacquouille, stupéfait devant l’engin. L'écuyer commence à frapper la voiture. Le postier, Noir, sort du véhicule pour se plaindre. Jacquouille, effrayé, retourne en courant au bois avertir son maître de la présence d'un « Sarrasin ». Alors qu'il remet en place la tôle de sa voiture, le postier voit arriver vers lui les deux moyenâgeux, l'air menaçant. Godefroy utilise sa masse d'armes qu'il jette sur la voiture. Le facteur s'enfuit en courant pendant que les deux voyageurs détruisent consciencieusement le véhicule.
Alors que Godefroy chevauche ensuite suivit de son écuyer, ils volent de la nourriture aux abords d'un restaurant Courtepaille. Ils rencontrent Ginette Sarclay, une SDF excentrique qui vit non loin. Elle reçoit quelques pièces en échange de son silence pour ne pas les faire prendre. Ne comprenant pas leur accoutrement ni leurs actions, elle va créer un quiproquo en chantant sans discrétion. Après une échauffourée avec le gérant du restaurant qui les menace avec une arme à feu, Godefroy s'enfuit à cheval et perd de vue Jacquouille qui est parti avec Ginette à l’opposé du bâtiment.
Le comte est perdu dans cette époque, il ne reconnaît rien de son monde et chevauche à travers champs. Il entre dans une église avec sa monture, se jette au sol et implore le droit d'asile au prêtre stupéfait. Celui-ci contacte alors par téléphone une femme de sa paroisse, Béatrice de Montmirail, une mère de famille bourgeoise, et l'informe qu'un homme se présentant comme le comte de Montmirail et arborant les armes de sa famille sur sa tunique est avec lui à l'office. Godefroy découvre aussi avec stupeur, grâce à un calendrier mural, être en l’an 1992.
Lorsque Béatrice se présente à lui, il la prend initialement pour sa promise, Frénégonde, avant de se rendre compte qu’elle est en réalité sa descendante directe. Béatrice ne prend pas au sérieux ses affirmations qu’il vient du XIIe siècle et fait appeler la gendarmerie. Une échauffourée se produit avec le gendarme et le docteur qui viennent nouer le contact avec lui. Après avoir projeté le médecin par la fenêtre, Godefroy va sortir à l'extérieur, prêt à faire face à tout un escadron de CRS. Deux phrases prononcées par le comte vont faire réagir Béatrice : « Montjoie ! Saint-Denis ! » et surtout « Que trépasse si je faiblis ! » C'est la devise du premier comte, la devise de sa famille. Cela lui instille un doute. Godefroy est maîtrisé par les CRS puis envoyé à l’hôpital psychiatrique.
Jacquouille, pendant ce temps, fait connaissance avec Ginette. Elle le voit comme un homme de sa condition et lui parle à bâtons rompus. Elle se méprend sur une partie de ce qu'il lui confie, mais elle comprend que Godefroy est de la famille de Béatrice de Montmirail. Ginette a déjà croisé la comtesse, car cette dernière habite dans le village d'à côté et elle la déprécie beaucoup. Pour autant, elle accepte de se rendre avec Jacquouille chez la comtesse afin de parler de Godefroy, présenté par la SDF comme « cascadeur et catcheur ». Béatrice se méprend sur l'identité de Godefroy et croit qu'il est son cousin Hubert, un pilote de rallye disparu depuis plusieurs années. Elle pense qu'il est revenu amnésique après un accident à Bornéo, durant le Raid Gauloises. Béatrice se rend compte qu'elle a envoyé un homme à l'asile par méprise. Elle se rend sur place avec son mari, Jean-Pierre, pour le faire libérer.
Béatrice emmène les deux voyageurs temporels chez elle. Ils découvrent plusieurs éléments du monde moderne, provoquant diverses catastrophes comme l'inondation du salon. Godefroy s'étonne qu'en tant que Montmirail, elle ne vive pas au château du même nom. Elle lui apprend que sa famille ne vit plus au château depuis plusieurs années. La bâtisse a été rachetée par Jacques-Henri Jacquart, un « garçon assez nouveau riche, un petit peu précieux, de la famille de [leurs] anciens métayers ». Dans la soirée, ce dernier vient leur rendre visite accompagné de M. Berney, président d'un groupe bancaire qui souffre d'une rage de dents, et de sa collègue, Fabienne Morlot. Pendant que Jean-Pierre s'occupe de Berney, Jacquart, qui s'avère être le descendant direct de Jacquouille, fait la connaissance des deux moyenâgeux pour lesquels il exprime un fort mépris. Godefroy lui propose de racheter le château (refusant qu'un gueux puisse en être propriétaire) mais Jacquart refuse net et s'en va. Il est outré, par ailleurs, que Béatrice le prenne pour le frère de Jacquouille (auquel il ressemble beaucoup physiquement).
Pendant la nuit, Godefroy réveille Béatrice et lui demande de lui apprendre l'histoire de France depuis Louis VI le Gros. Alors qu'elle lui présente l'encyclopédie Larousse (que Godefroy n'apprécie guère car il n'y est mentionné nulle part), celle-ci remarque à sa main une chevalière portant le sceau du Hardi. Elle pense donc que son cousin Hubert l'a volé au château. Le lendemain, elle part à Montmirail accompagnée de Godefroy et de Jacquouille pour rendre la bague à Jacquart. Pendant le trajet, le comte soutient que cette bague est la sienne, mais Béatrice lui rétorque qu'il n'y en a qu'une et qu'elle ne peut être à la fois avec lui et au château. Au même moment, l'exemplaire moderne de la bague du Hardi commence à chauffer à blanc et à grésiller dans une vitrine du château, dérangeant la réunion du président Berney. Plus la voiture se rapproche du château, plus cette situation empire, et elle culmine par l’envol des deux bagues, l’une à travers la fenêtre du château, l’autre à travers le toit de la voiture, qui se rejoignent dans le ciel, explosent et retombent sur le 4×4 de Jacquart.
Godefroy demande à la réceptionniste de lui montrer la chambre du Hardi. Il fait part à Béatrice de sa volonté de séjourner ici, parce qu'« Un Montmirail loge à Montmirail ». Béatrice se montre réticente au vu du coût élevé d'un tel séjour, mais lorsque Godefroy veut payer Jacquart avec ses deniers, elle accepte de payer. Godefroy et son écuyer vont à la chambre du Hardi où ils congédient la réceptionniste qui leur fait la visite. Godefroy trouve dans la cheminée (seul vestige du château féodal) un mécanisme secret laissant apparaître un passage souterrain. Jacquart, Béatrice et la réceptionniste cherchent à les retrouver. Tous trois entrent dans la suite pendant que les deux voyageurs sont cachés dans le passage secret qui s'est refermé derrière eux. Godefroy et Jacquouille reviennent dans la chambre dans un grand fracas et sont d'une saleté repoussante. Ils inventent une histoire d'avoir dû grimper dans la cheminée pour dégager une grosse étoupe coincée dans le conduit. Par hasard, l'une d'elles tombe justement sur Jacquart, ce qui le fait partir se changer, mais Béatrice a conscience d'un mensonge et demande des explications. Godefroy lui répond qu'il n'est pas le cousin Hubert, mais le Hardi, ce que Béatrice refuse toujours de croire. Après avoir réclamé à Jacquouille d'aller lui chercher une torche pour explorer les lieux, Godefroy montre alors le souterrain à Béatrice. Puisque les lieux sont très sombres, elle va à son tour chercher une torche. Pendant ce temps, Jacquouille croise Fabienne Morlot, qui le prend toujours pour le frère de Jacquart. Il lui raconte le destin tragique de ses parents. Fabienne partie, Jacquouille va au secours de Ginette, importunée sur la pelouse par le majordome du château. Il finit par la laisser tranquille, pensant lui aussi que Jacquouille est le frère du patron. Après avoir cassé une armure dans le bureau de la direction, Ginette et l'écuyer sont poursuivis par le malinois que Jacquart a fait lâcher sur eux, excédé. Ils se précipitent dans la chapelle où Jacquouille retrouve le collier du duc qu'il avait caché en 1123. Pour s'enfuir, ils parviennent à piéger le chien en le coinçant dans un grand sac.
Béatrice revenue avec une lampe, elle et Godefroy explorent le souterrain. Ils finissent par trouver le laboratoire de l'enchanteur, les grimoires présents sont moisis et inutilisables. Béatrice remarque alors un mot indiquant à Godefroy de contacter un certain Ferdinand Eusèbe, un médium-guérisseur qui s'avère être le descendant du mage. Il a confectionné pour Godefroy à partir du grimoire de son ancêtre la potion lui permettant de regagner son époque. Il demande au comte de repartir au plus vite avec son écuyer, sinon un autre futur où Godefroy n'aura pas eu de descendance viendra remplacer le futur actuel. De retour au château, Godefroy reçoit un appel de Jacquouille, alors au bowling avec Ginette. Il apprend à son maître qu'il veut se marier avec elle et rester dans cette époque. Godefroy bluffe alors en disant à son écuyer que s'ils ne repartent pas, leurs corps vont pourrir et se décomposer. Constatant sa mauvaise haleine auprès d'un serveur dégoûté, Jacquouille décide de revenir au château. Godefroy retourne à sa chambre et y trouve Béatrice, qui faisait visiter le souterrain à Jean-Pierre. Le comte les congédie, mais Jacquart accompagné du maréchal des Logis Gibbons survient dans la chambre. Godefroy les enferme alors dans le souterrain et les gave de somnifères.
Au dîner, alors que Godefroy raconte ses exploits, Jacquouille revient au château avec Ginette au volant d'une Cadillac, et annonce à son maître qu'il peut rester ici, car il a trouvé le dentifrice, « remède contre le pourrissement ». Ulcéré, Godefroy empoigne Jacquouille, l'emmène dans la chambre du Hardi et lui ordonne de l'accompagner. Jacquouille refuse, préférant être un homme libre en 1992 qu'un écuyer asservi à son maître en 1123. Alors qu'il entend des plaintes provenant du souterrain, Godefroy lui explique qu'il y a emprisonné Jacquart. Béatrice frappe à la porte, et demande des explications. Alors que Godefroy lui répète qu'il est bien le Hardi, Jacquouille profite de ce répit pour se rendre dans le souterrain et d’aller chercher Jacquart, encore groggy par les somnifères, échanger ses vêtements avec les siens et le placer à sa place dans la chambre. Godefroy fait alors boire la potion à Jacquart avant de réciter la formule pour le ramener en 1123. Béatrice, émue, comprend que Godefroy est bel et bien qui il prétend être. Tout aussi ému, celui-ci boit à son tour la potion et, après avoir fait ses adieux à sa descendante, récite la formule. Jean-Pierre et les gendarmes font alors irruption dans la chambre. Jacquouille apparaît alors, avant de s'éclipser. Béatrice comprend alors la supercherie.
Godefroy est de retour en son époque, quelques instants avant de déclencher son tir d’arbalète. Il se souvient des paroles de l’enchanteur et trouve assez de volonté en lui-même pour dévier le tir. Godefroy se concentre, le carreau freine brutalement et est redirigé vers la sorcière. Le duc est sauvé et Godefroy retrouve avec bonheur Frénégonde, qu’il pourra alors épouser. Jacquart se réveille quant à lui médusé dans la boue, entouré de paysans et des hommes de Godefroy, et, désorienté, court après celui qu'il pense toujours être le cousin Hubert en lui demandant entre autres « Qu'est-ce que c'est que ce binz ? ».
La naissance du film date de 1990, lors d'un déménagement de Jean-Marie Poiré qui retrouve alors dans un carton un de ses cahiers d'écolier. En feuilletant les pages, le réalisateur tombe sur une petite histoire de quatre pages qu'il avait écrite pendant un cours de mathématiques à l'âge de 17 ans. Cette histoire constitue déjà la trame du scénario qui sera retravaillé par Christian Clavier et lui-même[2].
Le budget assez important du film est amorti par un important placement de produit qui expose de nombreuses marques à l'écran (c'est d'ailleurs l'un des premiers films à en montrer autant) : ainsi, sont visibles ou citées des marques comme Émail Diamant, Lacoste, Hartwood (la veste que porte Jacquart, maculée d'huile, puis mouillée par la serpillière de Jacquouille[3]), Thonon (diverses bouteilles de cette marque sont visibles chez les Goulard et au château de Montmirail), La Poste, Chanel No 5 (la bouteille de parfum dont Godefroy déverse le contenu dans son bain, sans en savoir la valeur[3]), Range Rover (le 4×4 neuf de Jacquart), la Citroen XM (la « limo » de Berney), Hermès, Courtepaille, Avis (une camionnette Avis est notamment visible dans la scène du Courtepaille, ainsi que des flyers sur le comptoir à l'accueil du château), Renault et la boisson Yop visible sur une table dans la chambre du descendant du magicien[4],[5]. Dès la sortie du film, la Renault Safrane a enregistré un taux de notoriété spontanée de 74 %[5],[3].
Le portrait de Godefroy âgé exposé dans la suite « Le Hardy » a été réalisé par l'artiste Odile Alliet[6],[7].
À l'origine, Jean-Marie Poiré désirait donner le rôle de Godefroy de Montmirail à Didier Pain et celui de Béatrice à Jacqueline Maillan (qui avait joué dans Papy fait de la résistance) mais le producteur Alain Terzian lui a conseillé de réunir à nouveau le trio de L'Opération Corned-Beef : Jean Reno, Christian Clavier (qui co-écrit une nouvelle fois le scénario avec Poiré) et Valérie Lemercier[8]. Jacqueline Maillan n'a donc pas été retenue pour le film. De plus, elle est morte en mai 1992, avant le tournage. Didier Pain, lui, joue finalement le rôle du roi Louis VI « le Gros ».
Gérard Vives, qui joue un petit rôle non crédité dans le film (l'un des infirmiers de l'hôpital psychiatrique), n'est pas encore connu du grand public : la série qui le rendra célèbre, Les Filles d'à côté, ne commença qu'à la fin de l'année 1993.
Au début du film, c'est Jean-Marie Poiré qui dit la réplique « Messires, le roi ! ». Plus tard, lors du festin au château de Montmirail, c'est aussi lui qui annonce l'arrivée de Godefroy en criant « Le comte de Montmirail est à vue ! ». À la fin du film, il fait même une apparition, jouant un paysan qui, avec d'autres gens, se moquent de Jacquart qu'ils prennent pour Jacquouille. Il y prononce une réplique : « Donne tes bijoux, le drôle ! ». Il incarne aussi le premier personnage qui apparaît dans le film, un garde, et salue le spectateur après le générique de fin.
C'est l'acteur Dominique Hulin qui joue le guerrier anglais décapité par Godefroy : cet acteur de 2,05 mètres a aussi joué le professeur de gymnastique du film Les Sous-doués de Claude Zidi.
Le château d'Ermenonville, dans l'Oise a servi de décor pour le château de Montmirail à l'époque actuelle et le château comtal de la Cité de Carcassonne, pour l'époque médiévale.
Comme on peut le constater sur les plaques minéralogiques des voitures, le film a été tourné dans les départements de l'Aude, où de nombreuses scènes furent tournées aux abords du château comtal de la Cité de Carcassonne, ainsi que dans l'Oise et dans le Val-d'Oise, au début Jean Reno à cheval sur le pont d'Argenteuil avec au fond l'ancienne centrale électrique de Gennevilliers et à Cergy (la scène du restaurant Courtepaille en particulier). Ceci peut sembler insolite étant donné que ces départements sont situés de part et d'autre de la France. De plus, si l'on observe bien le début du film, on peut remarquer que la voiture de la famille Goulard porte successivement les immatriculations de deux des trois départements cités.
La scène durant laquelle Godefroy de Montmirail tire une flèche dans le front de son beau-père a été tournée dans la campagne environnante de Carcassonne. Le plan qui suit la trajectoire de la flèche a en réalité été tourné à reculons, sur un travelling de 100 mètres de long. L'équipe de rugby de Carcassonne a aidé au tournage de cette scène en enlevant les rails nécessaires pour le travelling au fur et à mesure, pour qu'ils n'apparaissent pas dans le champ[9],[10].
Le château de Montbrun, censé être sur une plaine, a été placé sur une montagne pour l'arrière-plan de la première scène, grâce à des effets spéciaux numériques.
Selon un calendrier visible au début du film, Godefroy et Jacquouille arrivent le à notre époque.
L'église où Godefroy demande asile et la maison de sa descendance se trouvent à Thoiry dans les Yvelines. Pour des raisons d'angles et de prises de vue, le plan où le cheval de Godefroy frappe brusquement la porte de l'église avec ses sabots n'a pas été filmé à Thoiry, mais les répétitions ont bien été faites sur la porte de l'église Saint-Martin de Thoiry ; la porte en garde encore les marques de sabots. Dans le cas du passage montrant les champs et les fils électriques haute tension, il s'agit du plateau d'Andelu, se trouvant juste à côté de Thoiry. La maison de Béatrice et Jean Pierre Goulard a été aussi filmée à Thoiry, 6 rue des Vignettes.
Le film a été tourné entre juin et : lors d'une interview télévisée, Jean Reno indique que le tournage à Carcassonne s'est déroulé lors des inondations du début de l'été 1992 et que le tournage en région parisienne (comportant le tournage en studios) a eu lieu en août/septembre, période qui, en 1992, s'est avérée très ensoleillée et chaude, ce qui rend le mois d'octobre visible dans le film très beau pour cette époque de l'année[11]. Néanmoins, dans une scène, un passant lit Le Parisien avec la une « Tout Schuss » datant du [12].
Sortie |
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Enregistré |
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Genre | Musique de film |
Format | Cassette audio, CD |
Auteur-compositeur | Éric Lévi |
Label |
Warner/Chappell Music (en) Éditions de la Bascule Joker Éditions Éditions de la Marguerite Remark Records |
Bandes originales par Éric Lévi
Bandes originales de Les Visiteurs
Pour écrire la musique du film, Jean-Marie Poiré fait appel au guitariste Éric Lévi, qui avait composé la musique de son film précédent, L'Opération Corned-Beef[13]. Lévi s'était illustré vingt ans plus tôt en fondant le groupe de hard rock français Shakin' Street, en 1975[13].
Le film se déroulant entre deux époques, le Moyen Âge et le XXe siècle, Lévi, ne voulant surtout pas s'inspirer de la musique médiévale, écrit une musique originale avec un thème choral façon Carmina Burana, qu'il mélange avec des guitares électriques du guitariste Philippe Manca et des sonorités plus modernes[14]. En mélangeant ces sonorités new age et rock dans une ambiance médiévale et chevaleresque, et des chants, en anglais ou dans une langue imaginaire proche du latin, qui rappellent le chant grégorien, Lévi représente « l'aspect plus moderne, voire anachronique, de deux hommes du Moyen Âge perdus dans une époque qui n'est pas la leur »[13].
Le musicien parsème également sa bande originale de « grosses musiques orchestrales à l'hollywoodienne »[13]. Ainsi, les morceaux Le chevalier de Montmirail et Où vit l'enchanteur sont pastichées de la bande originale du film américain Robin des Bois, prince des voleurs composée par Michael Kamen : ils reprennent les « mêmes figures mélodiques, les mêmes orchestrations et les mêmes rythmes »[13]. Un procès aurait été intenté à Lévi pour ce plagiat[13].
Deux extraits de musiques classiques de Felix Mendelssohn (compositeur allemand du XIXe siècle) sont utilisés dans le film : le premier est tiré de sa Symphonie no 3, dite Symphonie écossaise, et le second de son Concerto pour violon[13]. Cette seconde musique est utilisée dans les deux films suivants.
Lévi, ne sachant pas vraiment écrire pour un orchestre, fait appel au compositeur Frederick Rousseau (qui fut l'ancien assistant de Vangelis et de Jean-Michel Jarre) et à l'arrangeur Yvan Cassar[13]. Les chants grégoriens / new age (que l'on entend principalement dans Enae Volare) sont interprétés par l'English Chamber Choir (en), sous la direction du chef de chœur Guy Protheroe (en).
La bande originale du film sort en CD et en cassette audio en 1993[15],[16],[17] : à l'instar du film, elle obtient un large succès commercial, notamment grâce au morceau Enae Volare, conduisant Éric Lévi à fonder le projet musical Era quelques années plus tard. La musique du film est nommée pour le César de la meilleure musique originale lors de la 19e cérémonie des César en 1994, mais c'est finalement la composition de Cheb Khaled pour Un, deux, trois, soleil qui remporte le prix.
Quelques chansons sont entendues durant le film :
Le , Jean Reno, Christian Clavier, Valérie Lemercier et Marie-Anne Chazel participent à l'émission Sacrée Soirée, animée par Jean-Pierre Foucault ; tous les acteurs sont dans leurs costumes du film, Christian Clavier portant le costume jaune de Jacquart et Valérie Lemercier la tenue de Béatrice.[18]
Les Visiteurs obtient un accueil positif des critiques professionnels, obtenant une moyenne de 3,2⁄5 sur le site Allociné, pour cinq critiques[19]. Dans les pays anglophones, l’accueil est plus mitigé, obtenant 33 % sur le site Rotten Tomatoes, pour 14 critiques et une moyenne de 5,4⁄10[20].
Parmi les critiques positifs, Monique Pantel de France Soir note dans son avis sur le film que « le film commence comme une épopée de chevalerie, et petit à petit, tombe dans le délire total », ajoutant que « le plus beau (…) c'est qu'on s'identifie aux personnages, surtout à Jacquouille la fripouille »[19], tandis que pour Camille Nevers des Cahiers du cinéma, « ça fonctionne, malgré quelques erreurs de dosages, le film relève le pari de son sujet »[19].
Parmi les critiques mitigées ou négatives, Positif trouve le long-métrage « lourd mais efficace »[19], tandis que Marie-Elisabeth Rouchy de Télérama écrit qu'« on sourit, mais c'est pour tuer le temps »[19].
Depuis, le film est devenu un véritable phénomène, le hissant au rang de film culte[21].
Malgré ses 13,78 millions d'entrées au total, le film débuta en fait plutôt modestement (comme un film qui ne dépasserait pas 2 ou 3 millions d'entrées) ; en deuxième semaine, il attire 150 000 personnes de plus que la première. Mais au fil du temps, la fréquentation se maintient et le film devient finalement l'un des plus grands succès du box-office en France.
Lors de son premier jour d'exploitation, il attire 23 000 spectateurs à Paris[22].
Sem. | Entrée[23] | Cumul | Évolution |
---|---|---|---|
1 | 518 997 | 518 997 | |
2 | 669 883 | 1 188 880 | + 150 886 |
3 | 648 624 | 1 837 504 | - 21 259 |
4 | 689 724 | 2 527 228 | + 41 100 |
5 | 744 335 | 3 271 563 | + 54 611 |
6 | 657 430 | 3 928 993 | - 86 905 |
7 | 503 756 | 4 432 749 | - 153 674 |
8 | 350 821 | 5 176 531 | - 152 935 |
9 | 323 940 | 5 500 471 | - 26 881 |
10 | 346 115 | 5 857 717 | + 22 175 |
11 | 315 363 | 6 173 080 | - 30 752 |
12 | 290 094 | 6 463 179 | - 25 269 |
Finalement, le film fait 13 782 991 entrées[24], ce qui en fait :
À sa sortie, le film rapporte 98 754 810 $ de recettes.
Le film a été doublé notamment en allemand, en espagnol et castillan, en italien et en russe. Une tentative de doublage en anglais avait été supervisée par Mel Brooks pour une diffusion du film aux États-Unis : ce doublage, dont le coût fut d'un demi-million de dollars, n'avait plu ni aux adolescents auprès desquels il a été testé, ni à Jean-Marie Poiré, qui trouva que le film avait été transformé en parodie dans laquelle Godefroy est affublé d'un « accent français si caricatural qu'il en est pratiquement incompréhensible »[26],[27].
Le film sort finalement aux États-Unis le , dans une version sous-titrée et est en 48e position du box-office américain lors de sa première semaine d'exploitation[28],[29]. C'est d'ailleurs cette impossibilité de faire un doublage correct au film qui donna aux producteurs américains l'idée de réaliser un remake, Les Visiteurs en Amérique.
En mars 1994, le magazine Le Film français estime à 347 millions de francs les recettes engrangées par le film dans le monde[34].
Nommé neuf fois (dont deux fois au César du meilleur acteur pour Christian Clavier et pour Jean Reno et même au César du meilleur film) lors de la 19e cérémonie des César en 1994, le film se retrouve en face d'autres succès de l'année 1993 comme Smoking / No Smoking et surtout Germinal, nommé douze fois. Les Visiteurs ne remporte finalement qu'une seule récompense, celle de la meilleure actrice dans un second rôle, décernée à Valérie Lemercier pour son double-rôle dans le film : elle le reçoit des mains de Francois Cluzet et Anouk Grinberg.
En 1994, ce film populaire est détourné en une version pornographique intitulée Les Visiteuses avec Tabatha Cash.
Le film fait aussi l'objet d'un remake américain, Les Visiteurs en Amérique, réalisé aussi par Jean-Marie Poiré et comprenant Jean Reno et Christian Clavier dans sa distribution : sorti en 2001, il n'a pas connu le même succès que le film original, n'ayant trouvé son public ni aux États-Unis, ni en France.
Le film est diffusé pour la première fois à la télévision le en crypté sur Canal+, puis pour la première fois en clair le sur France 3, avec 46,6 % de parts de marché[35].
Le jeu survolté de Christian Clavier, né de l'interprétation de Jacquouille et surtout de Jacquart dans le film, a souvent été reproché à l'acteur : dès son film suivant, Les Anges gardiens, son interprétation est sans cesse comparée à celle du personnage de Jacquouille[34], et ce même quand il interprète un autre personnage connu, Astérix.
Jacquouille la Fripouille étant le rôle le plus connu de la carrière de Christian Clavier (avec Astérix), il lui a rendu hommage en appelant sa société de production Ouille Productions : celle-ci participa à la production des Visiteurs 3. Jean-Marie Poiré, lui aussi, a rendu un hommage au personnage en nommant sa société de production Okay Films mais, après l'échec des Visiteurs en Amérique, il la renomma Comédie Star[36].
« Le succès de placements à l’écran : les Visiteurs sorti en 1994, le film à placement de référence, car l’un des tout premiers à avoir intégré autant de marques dans une production française (Email Diamant, Lacoste, Hartwood et Renault entre autres), ou encore l’énorme présence de Peugeot dans la saga des Taxi tendent à banaliser la technique du placement de produits en France.
Pour donner quelques exemples chiffrés (D'après Jacoberger, Virginie (1998), Des marques sur grand écran, Valeurs Actuelles, septembre 2002), on peut citer : […] 3. dès la sortie des Visiteurs, la safrane Renault a enregistré un taux de notoriété spontanée de 74 % »
« Depuis deux ans que Les Visiteurs faisaient antichambre aux États-Unis, malgré un doublage confié à Mel Brooks, on se doutait d'un problème. Mettant fin à ce suspense brûlant, l'hebdomadaire américain Variety révèle enfin le scoop en une : le film ne sortira pas. Son doublage (facturé un demi-million de dollars) n'a convaincu ni les teenagers auprès desquels il a été testé, ni Jean-Marie Poiré, son réalisateur: « Le film a été transformé en parodie, avec un chevalier à l'accent français si caricatural qu'il en est pratiquement incompréhensible » (sic). »
« De leur côté, les distributeurs français ont compris l’importance du doublage sur certains marchés étrangers comme les États-Unis : c’est à Mel Brooks que l’on a demandé de réaliser la version américaine des Visiteurs. »
« [Les Visiteurs] qui devait être doublé par Mel Brooks à l'origine, sort en brut, sans parfum hollywoodien, en 48e position pour sa première semaine. Il faut avouer que le massacre du doublage appliqué à Un Indien dans la Ville (dont Disney fait un remake) avait coulé le film lors de sa sortie au printemps dernier, et ce, malgré l'un des plus beaux démarrages opérés pour un film étranger. »
« Pour donner toutes ses chances au film, nous avons décidé d'en faire un doublage américain sous la supervision de Mel Brooks »
— Nicolas Seydoux, PDG de Gaumont.
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