Réalisation | Jean Girault |
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Scénario |
Jacques Vilfrid Richard Balducci Jean Girault |
Musique | Raymond Lefebvre |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
SNC (Paris) Franca Films (Rome) |
Pays d’origine |
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Genre | Comédie |
Durée | 90 minutes |
Sortie | 1964 |
Série
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le Gendarme de Saint-Tropez est un film comique franco-italien réalisé par Jean Girault, sorti en 1964.
Imaginé par Richard Balducci après une rencontre insensée avec un gendarme assez débonnaire en poste à Saint-Tropez, le film raconte les aventures de Ludovic Cruchot, un gendarme très zélé, muté dans la cité balnéaire de Saint-Tropez, sur la côte d'Azur, avec le grade de maréchal des logis-chef. Il y découvre une brigade où il fait bon vivre et participe aux récurrentes chasses aux nudistes et aux nombreuses activités détente de sa brigade, dirigée par l'adjudant Gerber, quelque peu dépassé.
Ludovic Cruchot est interprété par Louis de Funès, autour duquel tout le film a été construit. L'adjudant Gerber est joué par Michel Galabru et les autres gendarmes par Jean Lefebvre, Christian Marin et le duo Grosso et Modo. Nicole, la fille de Cruchot, est incarnée par Geneviève Grad. Conçu comme une « petite comédie sans prétention », avec un budget peu élevé, le film est tourné de juin à juillet 1964, en extérieurs à Belvédère et à Saint Tropez ainsi qu'aux studios de la Victorine (Nice). La bande originale est composée par Raymond Lefebvre et comprend la chanson Douliou-douliou Saint Tropez, qui remportera un franc succès.
Sorti en salles le , Le Gendarme de Saint-Tropez rencontre à la surprise générale un succès considérable, arrivant en tête du box-office français de l'année 1964 avec plus de 7,8 millions d'entrées. L'accueil critique est partagé mais Louis de Funès remporte une Victoire du cinéma pour son interprétation. Installé pour la première fois en haut du box-office, l'acteur voit sa carrière et sa célébrité définitivement lancées.
Ce triomphe inattendu entraînera la réalisation d'une suite, Le Gendarme à New York, dès l'année suivante, puis d'autres, formant finalement une série composée de six films, dont le dernier est sorti en 1982.
Grâce aux loyaux services rendus à une commune non nommée des Hautes-Alpes[1],[Note 1], où il était jusqu'ici en poste, Ludovic Cruchot, gendarme, est muté dans le Var, à Saint-Tropez tout en étant promu maréchal des logis-chef.
Arrivé sur les lieux de sa nouvelle affectation, Cruchot participe aux vaines et répétitives chasses aux nudistes organisées par son supérieur, l'adjudant Gerber, tandis que de son côté sa fille unique Nicole, qui s'ennuyait autrefois à mourir dans son village, est éblouie par le luxe de sa nouvelle ville. Mais, n'arrivant pas à se faire accepter par les jeunes bourgeois de la station balnéaire, elle s'invente un père fictif richissime : celui-ci serait milliardaire, possèderait un yacht dans cette cité et s'appellerait Archibald Ferguson, qu'elle n'aurait jamais rencontré.
Contraint par Nicole et bien malgré lui, Cruchot va se retrouver au cœur du manège de sa fille, qui va le mêler à son histoire et par là même, à la recherche d'un Rembrandt volé (au musée de l'Annonciade), lorsque les amis de cette dernière chercheront à le rencontrer. Il essayera pourtant et par tous les moyens de préserver son identité officielle intacte au vu de son adjudant et de ses collègues.
Paul Mouchnino ( danseur à la réception de la villa)
Alors que Richard Balducci travaille à un scénario à propos de Saint-Tropez et qu'il y est en repérage, il se fait voler sa caméra dans sa décapotable pendant qu’il admirait le panorama à Grimaud. Il va déposer plainte à la petite brigade de gendarmerie de Saint-Tropez, 2 place Blanqui, mais le gendarme s'étonne qu'une personne effectue cette démarche à l'heure du déjeuner. Le gendarme lui explique ingénument qu'il connaît son voleur mais que les gendarmes l'ont raté quelques jours plus tôt et qu'ils ne peuvent rien faire dans l'immédiat. Richard Balducci s'énerve et promet au gendarme débonnaire qu'il rendra célèbre une brigade aussi je-m'en-foutiste. Ayant été l'attaché de presse des films de Jean Girault Pouic-Pouic et Faites sauter la banque ! avec pour interprète Louis de Funès, il confie sa mésaventure à ce dernier qui trouve excellente l'idée d'un film sur une gendarmerie de Saint-Tropez. Balducci rédige un premier synopsis, avec déjà une chasse aux nudistes, le vol du Rembrandt, la « faune » du port. De Funès envisage rapidement l'opposition entre un gendarme sous-officier très « service- service », atrabilaire et obséquieux et un autre, plus débonnaire. L'acteur ajoute un détail décisif, le second sera le supérieur hiérarchique du premier[4].
Initialement, Girault ne parvient pas à convaincre les producteurs qui se montrent réticents pour des raisons opposées : Bourvil, qui a été gendarme dans Le Roi Pandore (1949), a essuyé un échec, Jean Richard héros du Gendarme de Champignol (1959), a connu un succès qu'ils jugent improbable de se reproduire[4]. De plus, ils estiment que Louis de Funès n'est pas bankable et demandent à Girault de proposer le rôle principal à Darry Cowl ou Francis Blanche, qui déclinent l'offre. Finalement, Girault exige la première place pour son ami Louis et il l'obtient auprès de Gérard Beytout et son associé René Pignères, dirigeant la Société Nouvelle de Cinématographie (SNC), qui acceptent de produire le film mais pour un petit budget[5].
Au départ, l'adjudant Gerber doit être interprété par Pierre Mondy. Ce dernier, occupé par une pièce de théâtre, ne fait pas le film. Il est remplacé par Michel Galabru. Ce dernier aime raconter l'anecdote des ringards : en vacances avec sa femme à l'hôtel de la Ponche à Saint-Tropez en 1963, il surprend du balcon de sa chambre une conversation à la terrasse entre les producteurs du film qui ne veulent dans le casting auprès de Funès que des acteurs ringards, afin de ne pas les payer de trop dans ce film à petit budget. De retour à Paris, Galabru apprend qu'il est pressenti dans le casting. Il accepte de faire ce film « alimentaire » pour un cachet de 6 000 francs[6] (soit environ 8 635 euros 2020), alors que Louis de Funès est payé dix fois plus.
On impose aux côtés de Louis de Funès des comédiens qui ont déjà fait leurs preuves, Guy Grosso, Michel Modo, Jean Lefebvre et Christian Marin qui a déjà joué dans Pouic-Pouic [5].
Le tournage commence le en extérieurs à Saint-Tropez. Les prises de vues de l'intérieur de la gendarmerie ont lieu dans les décors du studios de la Victorine à Nice mais l'essentiel est réalisé en extérieur, Jean Girault se ralliant à la tendance initiée par les réalisateurs de la Nouvelle Vague[7].
La séquence du début en noir et blanc, lorsque Cruchot est simple gendarme, est tournée dans la commune de Belvédère dans les Alpes-Maritimes.
La séquence en voiture avec la religieuse est réglée par le cascadeur de l'époque Gil Delamare.
Le film, tourné en juin et juillet 1964, doit sortir en septembre de la même année : la musique du film doit donc être enregistrée en août. Or, à cette époque de l'année, la plupart des musiciens et compositeurs ne sont pas disponibles, étant partis en vacances : Jean Girault, après avoir essuyé beaucoup de refus de la part de nombreuses personnes, contacte finalement Paul Mauriat et Raymond Lefebvre, qui n'étaient pas encore partis en vacances. Paul Mauriat, fatigué, laisse Lefebvre travailler tout seul sur la musique du film mais celui-ci refuse dans un premier temps, voulant prendre du repos dans sa maison alors récemment acquise dans l'Oise. Il finit par accepter, Jean Girault l'ayant supplié, et se lance alors dans l'écriture de la musique pour « ne pas laisser tomber » le réalisateur[8].
La chanson Douliou-douliou Saint-Tropez, dont les paroles ont été écrites par André Pascal, est réellement chantée par Geneviève Grad. Elle rencontre beaucoup de succès. D'ailleurs, le pianiste qui donnait le rythme pour la chanson (la musique n'était pas encore enregistrée) ayant fait des fautes de mesures lors du tournage de la scène où Nicole chante dans le bar, Raymond Lefebvre est obligé de commettre à son tour ces fautes de mesures lorsqu'il a enregistré la musique, pour que le son colle à l'image. Lors d'un interview, le compositeur en rira en commentant : « Ça, c'est la seule fois de ma vie où il m'est arrivé de faire un truc pareil ! »
Le thème musical du film, la fameuse Marche des Gendarmes, est une idée de Jean Girault : celui-ci insiste auprès de Raymond Lefèvre pour qu'il fasse un thème proche de la chanson Colonel Bogey March, rendue populaire en France par le film Le Pont de la rivière Kwai de David Lean[9]. Cette musique (comme la chanson Douliou-douliou Saint-Tropez), plaît beaucoup au public : elle sera donc réemployée dans chaque film de la série (sauf dans Le Gendarme se marie, mais son absence durant tout le film ayant fortement vexé Louis de Funès, elle sera à nouveau utilisée dans les films suivants). Raymond Lefebvre ré-orchestre deux fois cette musique : en 1970, pour Le Gendarme en balade et, en 1982, pour Le Gendarme et les Gendarmettes.
Régulièrement crédité « Raymond Lefèvre » par erreur, le compositeur a cette fois-ci son nom correctement orthographié « Raymond Lefebvre » au générique du film : ce sera de même dans les génériques des films Les Grandes Vacances, Le gendarme se marie, Le Gendarme en balade et La Soupe aux choux, tous de Jean Girault.
La bande-originale du film est plusieurs fois rééditée sous différents supports : par exemple, l'album Bande-originale du film Le gendarme de Saint-Tropez est sorti en 2010, soit 46 ans après la sortie du film et 2 ans après la mort de Raymond Lefebvre.
La tonalité générale de la critique pour cette comédie sans prétentions est à la surprise - une bonne surprise. Le quotidien La Croix regrette cependant le manque de scénario et de dialogues[10].
Le Gendarme de Saint-Tropez sort en salles en septembre 1964 en France. Pour sa première semaine en salles sur Paris, le film prend la première place du box-office avec 61 329 entrées sur sept salles, qui se confirme la semaine suivante avec 55 665 entrées supplémentaires, tout en restant en tête[11]. Il reste pendant cinq semaines dans les trois meilleures places du box-office parisien[11]. Finalement, Le Gendarme de Saint-Tropez finit son exploitation parisienne en salles avec 959 265 entrées[11],[12]. Le succès se confirme en province, puisqu'il totalise 6,8 millions d'entrées supplémentaires, portant le cumul à 7 809 334 entrées[12]. L'énorme succès du Gendarme de Saint-Tropez lui vaut d'être le plus gros succès cinématographique de l'année 1964[12] et marque également une étape importante dans la carrière de Louis de Funès, puisqu'il devient une star du cinéma français, bien qu'ayant connu d'autres succès avec Pouic Pouic, sorti en 1963 et Faites sauter la banque, sorti en février 1964, qui avaient réuni respectivement deux millions d'entrées, qui ont fait de lui un acteur reconnu, voire bankable à cette période, à une période où Fernandel commençait à voir son succès décliner[11].
Notes :
Références :
« La musique du film devait s'enregistrer au mois d'août, parce que les tournages, c'était toujours juin / juillet, et les films sortaient en septembre et c'était un peu un handicap parce que au mois d'août, à l'époque, on trouvait pas tellement de musiciens disponibles à Paris. En plus de cela, Paul Mauriat était un peu fatigué, il m'a dit "Écoute, fais-le tout seul." ... et moi, j'avais pas envie parce que je venais d'acheter une maison dans l'Oise et j'avais envie de me reposer et de prendre des vacances. Jean Girault m'a téléphoné, il a insisté ; je lui ai dit "Bon, si tu m'envoies les minutages dans ma maison : je te ferai ce que tu veux, je vais pas te laisser tomber" »
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