Réalisation | Jean-Pierre Melville |
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Scénario | Jean-Pierre Melville |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Les Films Corona Selenia |
Pays de production |
France Italie |
Genre | Thriller, drame |
Durée | 140 minutes |
Sortie | 1970 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Le Cercle rouge est un film français écrit et réalisé par Jean-Pierre Melville, sorti en 1970. Il s'agit de l'avant-dernier film de Bourvil[1], qui meurt la même année.
Après cinq ans d'emprisonnement dans un établissement pénitentiaire de Marseille, Corey (Alain Delon) est sur le point de bénéficier d'une libération anticipée pour conduite exemplaire. La veille de sa sortie, le gardien-chef de la prison lui propose une affaire conçue par un autre détenu, mourant. D'abord méfiant, Corey accepte de reprendre ce plan à son compte.
Sitôt libre, Corey rend visite à son ancien comparse, un nommé Rico, caïd enrichi, devenu amant de sa petite amie, qui lui est resté redevable car Corey ne l'a jamais dénoncé.
Peu disposé à perdre du temps, Corey contraint le malfrat à lui ouvrir son coffre et rafle l'épaisse liasse d'argent liquide qui se trouvait à l'intérieur, butin plus sûr que le chèque qui lui avait d'abord été proposé.
Humilié et amer, Rico dépêche deux de ses sbires aux trousses de Corey. Dans une salle de billard, Corey saisit une queue et, à l'aide d'une craie rouge, trace avec son procédé (l'embout de la queue qui sert à frapper les boules) un cercle qu'il remplit ensuite, avant de disperser les boules. C'est alors que les hommes de Rico le rejoignent et l'entretien se termine dans le sang. Mais Corey repart indemne non sans avoir arraché le fil du téléphone, empêchant ainsi le patron de l'établissement d'appeler la police.
Avec une partie de cet argent, Corey achète une Plymouth Fury d'occasion, au volant de laquelle il se met immédiatement en route afin de regagner son domicile, dans le 16e arrondissement de Paris.
Pendant ce temps, un malfrat du nom de Vogel (Gian Maria Volonté) est escorté par le commissaire principal François Mattei (Bourvil) de Marseille à Paris par le train de nuit.
Malgré la vigilance du policier, Vogel réussit à s'évader en sautant par la fenêtre du train en marche lors de la traversée d'une zone boisée en Bourgogne. Il parvient à échapper aux coups de feu du commissaire ainsi qu'aux battues des gendarmes pourtant accompagnés de leurs chiens. Au terme d'une harassante fuite à pied, il s'arrête devant un restaurant de bord de route et se glisse dans le premier coffre non verrouillé d'une voiture, qui se trouve être celle de Corey.
Ce dernier, qui a entendu à la radio un flash au sujet de l'évasion, fait mine de n'avoir rien remarqué de la scène et reprend tranquillement sa route. Quelques kilomètres plus loin, parvenu dans un endroit isolé, en plein milieu d'un champ boueux, il dit à Vogel qu'il peut sortir.
Les deux hommes d'abord méfiants l'un envers l'autre, se flairent, se reconnaissent comme étant du même monde, et finissent rapidement par s'entendre. Ils s'empressent de poursuivre leur long et périlleux trajet. Plus loin, deux autres sbires de Rico rattrapent et arrêtent la voiture de Corey en vue de l'abattre dans une forêt située le long de la route nationale. C'est alors que Vogel ressort du coffre et tire d'affaire son nouveau complice en tuant les deux hommes, et en utilisant leurs propres armes à feu pour faire croire qu'ils se sont entretués.
En début de soirée, les deux compères arrivent à Paris et s'installent dans l'appartement de Corey, abandonné, poussiéreux et en proie aux araignées qui ont tissé leurs toiles durant ses longues années d'absence.
Dès le lendemain, ils décident de s'associer sur un gros coup : le casse d'une bijouterie située place Vendôme. Mais ils ont besoin d'un tireur de précision pour neutraliser à plusieurs dizaines de mètres de distance la cellule photo électrique qui commande l'ensemble du dispositif de protection. Heureusement, Vogel en connait un : Jansen (Yves Montand), un ex-flic déchu, tireur d'élite, qui a sombré dans l'alcoolisme et est parfois en proie à des crises de delirium tremens.
Le cambriolage, exécuté de main de maître, réussit grâce à la participation décisive de Jansen, à qui ce casse a restitué une raison de vivre et qui est ainsi parvenu à surmonter son alcoolisme.
Pendant ce temps, le commissaire Mattei fait pression sur Santi (François Périer), un tenancier de boîte de nuit qui connaît Vogel. Au départ fermement opposé à toute collaboration avec la police, Santi finit par céder pour sauver son fils, trouvé en possession de drogue alors qu'il est tombé dans un traquenard tendu par Mattei.
Mattei peut alors remonter par ce moyen jusqu'aux trois hommes et leur tendre un piège en se faisant passer pour un receleur. Lors de la rencontre, Corey, Vogel et Jansen tentent de fuir mais sont tous les trois abattus.
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Le tournage a eu lieu du au .
Saint-Loup-de-Varennes, où Corey rencontre le premier barrage policier.
Relairoute de Bel-Air, La Rochepot, où Corey prend un repas dans un Relairoute.
20, place Vendôme à Paris, adresse de la bijouterie Mauboussin.
La Plymouth Fury III noire de 1966 utilisée par Corey (Alain Delon), ainsi qu'une Pontiac Firebird blanche de 1969 que l'on aperçoit garée de nuit dans une rue de Paris (lorsque les cambrioleurs vont dévaliser la bijouterie), sont les automobiles personnelles de Jean-Pierre Melville. Il les utilisera également dans le film Un flic, en 1972.
Le film s'ouvre sur une citation apocryphe de Râmakrishna : « Çakya Muni le solitaire dit Sidarta Gautama le sage dit le Bouddah se saisit d’un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : - Quand les hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents ; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »
Quand Corey, fraîchement libéré de prison, revient dans le club de billard où il avait ses habitudes, il se saisit d'une queue de billard et trace à la craie rouge un cercle autour du procédé, l'embout situé à l'extrémité qui entre en contact avec la bille. Traditionnellement, la craie de billard est plutôt bleue. L'usage du rouge n'est pas une pratique courante.
La séquence du casse dure vingt-cinq minutes sans aucun dialogue. À noter également que les sept premières minutes ne comportent pas non plus de dialogue.
La bande originale française signée par Éric Demarsan est sa deuxième collaboration musicale totale pour Jean-Pierre Melville après L'Armée des ombres et Le Samouraï, musique composée par François de Roubaix dont il est l'assistant à cette époque. Fort de cette précédente expérience, en trois semaines seulement[6], Éric Demarsan, désormais seul aux commandes de cette œuvre, compose, arrange, joue et enregistre seul ou avec un quintette de jazz et des cordes additionnelles, tous deux réunis pour l'occasion. La musique du film sera enregistrée par Claude Ermelin au Studio Davout à Paris, en octobre 1970.
La composition de ce quintette dirigé par Éric Demarsan lui-même a été dévoilée lors de la réédition en format CD de la musique.
Formation | Musicien | Instrument | Observation(s) |
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Quintet jazz (de base) | Daniel Humair | Batterie | |
Georges Arvanitas | Piano | ||
Guy Pedersen | Contrebasse | ||
Bernard Lubat | Vibraphone | ||
Raymond Guiot | Flûte | ||
Musiciens additionnels | Joss Baselli | Accordéon | Voir Morceau de Valse Musette |
(non crédités) | Autres instruments à cordes | (Joués par Éric Demarsan ?) | |
(non crédités) | Cuivres | (Joués par Éric Demarsan ?) |
L'album de la bande originale est publié par la nouvelle maison de disques Pierre Cardin.
La version Écoutez le Cinéma no 04 propose deux maquettes inédites pour le final, ainsi que des morceaux occultés afin de se plier à la durée d'enregistrement des disques LP 33 et des deux faces d'enregistrement. Cette édition a été remastérisée par Olivier Saint-Yves entre 1999 et 2000.
Jean-Pierre Melville contacte tout d'abord Michel Legrand pour écrire cette bande originale qu'il voulait empreinte de jazz. Pour cela, il avait écarté Éric Demarsan et lui avait ouvertement précisé sur quel compositeur se porterait son choix pour cette nouvelle réalisation. Mais ce projet ne sera finalement pas retenu. Melville alors en panne de compositeur le rappelle en lui fixant un énigmatique rendez-vous à Boulogne dont l'objet n'est pas indiqué. Demarsan s'y rendra et apprend fort surpris qu'il a trois semaines pour tout faire. Michel Legrand très fair-play lui proposera un coup de main s'il a besoin pour les arrangements de cette œuvre[réf. nécessaire].
Les trois titres du projet Legrand ont été réunis en bonus sur la compilation Jean-Pierre Melville : Le Cercle noir parue chez Universal Music Jazz en 2008. Figurent également sur ce disque les illustrations sonores composées par Demarsan pour les mêmes passages du film avec donc le premier final (version 1) tel qu'il fut proposé à Melville. Il n'est aucunement fait mention du titre de Michel Legrand joué au tournage en prise directe par l'orchestre de jazz dans le club de nuit parisien.
Melville demanda à Demarsan de composer une pièce de musique minimaliste dans l'esprit du Modern Jazz Quartet. Melville insistera auprès de Demarsan pour personnaliser quelques lieux emblématiques du film en utilisant des thèmes spécifiques : une radio jazz dans la voiture, une valse musette pour l'hôtel, un big band pour le club de nuit.
Dans une interview pour la série Écoutez le cinéma, le jeune compositeur se rappela que l'une des principales difficultés pour lui, fut la scène de danse jazz au club : on y voit l'orchestre qui, en réalité, joue en direct la musique composée par Michel Legrand et non retenue vraisemblablement au montage.
Afin que Demarsan comprenne bien ce qu'il voulait comme inspiration pour l'ensemble de la bande originale, Melville lui fait écouter une bande magnétique de la musique du film Le Coup de l'escalier de Robert Wise : « C'est cette couleur que je veux » s'écria-t-il. Ce que le compositeur traduira par des cordes mélangées et un quintet de jazz pour une mélodie simple qui se ferme sur elle-même.
Melville insistera particulièrement sur une image de Corey (Alain Delon) du film « Cette image, c'est une prémonition de la mort. Ta musique doit nous donner cette impression… ». À ce moment-là, le spectateur n'a d'ailleurs plus aucun doute sur l'issue tragique du film.
Pour la fin du film, Melville ne choisira pas l'une des deux maquettes de final composées par Demarsan, il leur préféra une reprise du thème principal d'ouverture joué par le quintet afin de boucler la boucle du cercle rouge.
Année de sortie | Titres de la B.O. | Durée de la piste | Auteur | Arrangeur | Éléments complémentaires Références discographiques |
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1970 | 1. Générique : thème principal "Le Cercle rouge" |
1.53 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP 33 Disques Pierre Cardin Pierre Cardin CAR 332 |
2. Quand les hommes ont rendez-vous titres | 1.10 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
3. Mattei et Santi | 4.26 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
4. Le voyage de Corey | 2.33 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
5. Vogel s'enfuit | 3.58 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
6. Une blonde indicatrice | 3.31 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
7. Un indicateur scrupuleux | 1.53 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
8. Corey revient chez lui | 0.52 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
9. Mattei et Santi | ? | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
10. Les habitants du placard | 1.18 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
11. Corey et Jansen | 4.05 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
12. La nuit | 2.13 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
13. Corey et Mattei | 2.34 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
14. Les hommes qui avaient rendez-vous | ? | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
15. Le cercle rouge (générique de fin) | 1.41 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | LP Pierre Cardin CAR 332 | |
1995 | 16. Corey et Vogel (inédit) | 2.15 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Playtime PL 9521/682488 Titre Les Plus belles musiques de films de Bourvil |
2000 | 17. Avant le Casse (version 1 - maquette inédite) | 1.24 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 |
18. Avant le Casse (version 2 - maquette inédite) | 3.20 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
19. De la Prison au Train (inédit) | 1.11 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
20. Barrage Policier (inédit) | 2.22 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
21. Cercle désincarné (inédit) | 1.25 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
22. Avenue Paul-Doumer (inédit) | 4.39 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
23. Razzia chez Boucheron (inédit) | 1.30 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
24. Melvillade (inédit) | 1.15 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
25. Final inédit (version 1 - maquette inédite) | 3.02 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
26. Corey revient chez Lui (inédit) | 0.51 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
27. Le parc (inédit) | 1.42 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
28. Final inédit (version 2 - maquette inédite) | 4.05 | Éric Demarsan | Éric Demarsan (?) | CD Universal France 159 900-2 Série Écoutez le Cinéma no 04 | |
2008 | 29. Chassées-croisés (inédit) Projet de B.O rejeté |
2.43 | Michel Legrand | Michel Legrand | CD Universal France 530 857 4 Série Écoutez le Cinéma Compilation no 10 Jean-Pierre Melville : Le Cercle noir |
30. Visions (inédit) Projet de B.O rejeté |
2.49 | Michel Legrand | Michel Legrand | CD Universal France 530 857 4 Série Écoutez le Cinéma Compilation no 10 Jean-Pierre Melville : Le Cercle noir | |
31. Engrenages (Final) (inédit) Projet de B.O rejeté |
2.21 | Michel Legrand | Michel Legrand | CD Universal France 530 857 4 Série Écoutez le Cinéma Compilation no 10 Jean-Pierre Melville : Le Cercle noir |
Le film est sorti dans les versions étrangères suivantes (doublage et/ou sous-titrage, liste non exhaustive)[7] :
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