Jovenel Moïse | |
![]() Jovenel Moïse en 2019. | |
Fonctions | |
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Président de la République d'Haïti[N 1] | |
– (4 ans et 5 mois) |
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Élection | 20 novembre 2016 |
Premier ministre | Enex Jean-Charles Jack Guy Lafontant Jean-Henry Céant Jean-Michel Lapin (intérim) Joseph Jouthe Claude Joseph (intérim) |
Prédécesseur | Jocelerme Privert (provisoire) |
Successeur | Joseph Lambert (provisoire) |
Président de la Communauté caribéenne | |
– (5 mois et 30 jours) |
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Secrétaire | Irwin LaRocque |
Prédécesseur | David Granger |
Successeur | Andrew Holness |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Trou-du-Nord (Haïti) |
Date de décès | (à 53 ans) |
Lieu de décès | Pétion-Ville (Haïti) |
Nature du décès | Assassinat |
Nationalité | haïtienne |
Parti politique | PHTK |
Conjoint | Martine Moïse |
Diplômé de | Université Quisqueya |
Profession | Entrepreneur |
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Présidents de la République d'Haïti | |
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Jovenel Moïse, né le à Trou-du-Nord et mort assassiné le à Pétion-Ville, est un homme d'État haïtien. Membre du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK), il est président de la République du à sa mort.
PDG d'une entreprise d'exportation, il est le candidat du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK) en vue de l'élection présidentielle de 2015. Il arrive en tête du scrutin, mais celui-ci est annulé en raison d'irrégularités. Il est finalement élu lors de l'élection présidentielle de 2016 et succède au président intérimaire, Jocelerme Privert.
Après deux années d’une importante crise politique, Jovenel Moïse est assassiné dans sa résidence privée par un commando armé, son épouse étant blessée puis évacuée aux États-Unis. Après une courte vacance du pouvoir, le président du Sénat, Joseph Lambert, devient président par intérim.
Jovenel Moïse naît à Trou-du-Nord, dans le département du Nord-Est[1]. Il est le fils de Lucia Bruno, une couturière et commerçante, et d'Étienne Moïse.
Il effectue ses études primaires dans sa ville natale.
Marié à une de ses camarades de classe, Martine Joseph, Jovenel Moïse a deux fils et une fille : Joverlein Moïse, Jomarlie Moïse et Jovenel Junior Moïse[1].
Jovenel Moïse devient PDG d’Agritrans, une entreprise de production et d'exportation de bananes ; il a pour cela obtenu une subvention de 6 millions de dollars du président Michel Martelly, dont il est proche. Détenteur de 14 comptes bancaires, il est aussi soupçonné de blanchiment d'argent[2].
Jovenel Moïse représente le PHTK à l'élection présidentielle de 2015[3]. Le , il se place en tête du premier tour avec 32,81 % des voix. Celle-ci est finalement annulée.
Il bénéficie du soutien des riches familles haïtiennes, des États-Unis et des bailleurs de fonds[4] .
Jovenel Moïse est de nouveau candidat à l'élection présidentielle de 2016.
Avec un taux de participation de moins de 21 %[5], il remporte le scrutin à la majorité absolue dès le premier tour, recueillant 55,67 % des suffrages, devant Jude Célestin (19,52 % des voix), Jean-Charles Moïse (11,04 %) et Maryse Narcisse (8,99 %)[6],[5]. Le , son élection est définitivement validée[7].
Le , il est investi président de la République, succédant à Jocelerme Privert[8].
Le , il nomme Jack Guy Lafontant au poste de Premier ministre[9] qui présente son gouvernement le [10]. Le , ce dernier obtient la confiance du Sénat à l'unanimité des 20 voix[11],[12]. Le , son gouvernement obtient la confiance de la Chambre des députés avec 95 voix pour, 6 contre et 2 abstentions[13]. Lafontant prend ses fonctions le jour-même[14],[15].
En , il annonce la recréation des Forces armées d'Haïti[16], dissoutes en 1995, ce qui faisait de Haïti un pays sans armée.
Pendant son mandat, il est confronté à de nombreuses protestations. En , il est confronté à un rassemblement de milliers de personnes manifestant à l'appel de l'opposition, qui critique la publication du budget national, certains économistes jugeant par ailleurs que ce dernier risque d'aggraver l'endettement du pays[17].
Le , Lafontant annonce sa démission, une semaine après des violences meurtrières déclenchées par une tentative de son gouvernement d'augmenter les prix des carburants[18]. Près d'un mois plus tard, Jean-Henry Céant est nommé Premier ministre par le président de la République[19]. Celui-ci procède à son installation ainsi qu'à celle de son cabinet ministériel le [20].
Par décret, Jovenel Moïse réduit drastiquement, en , les pouvoirs de la Cour supérieure des comptes. Cette institution enquêtait notamment sur les affaires de corruption impliquant tous les gouvernements de 2008 à 2016 ; Jovenel Moïse lui-même avait été cité par la Cour pour avoir été l'un des protagonistes d'un « stratagème de détournement de fonds »[21].
Début 2019, les conditions de vie se détériorent en raison de la dévaluation de la monnaie nationale et d'une inflation galopante. Jovenel Moïse est à nouveau contesté en , avec des manifestations d’ampleur visant à lui faire quitter la tête du pays[22]. En plus de la baisse de popularité du président de la République en raison de son incapacité à tenir ses promesses de campagne, le mouvement fait suite à la publication d’un rapport de la Cour des comptes haïtienne faisant état de possibles détournements de fonds d'aide au développement de la part d'anciens ministres et de hauts fonctionnaires[22],[23] ; des entreprises de Jovenel Moïse sont épinglées comme étant « au cœur d’un stratagème de détournement de fonds[24] ».
La majorité des manifestants sont issus des quartiers les plus pauvres[24]. Marc-Arthur Fils-Aimé, directeur général de l’Institut culturel Karl-Lévêque, affirme : « Les revendications se sont radicalisées à un point tel qu’elles ont pris l’allure d’une lutte de classe. Les luttes conjoncturelles se sont superposées à des luttes structurelles. Il est presque impossible de bien cerner le contour des actuelles perturbations si on les sépare de la charpente socio-économique et culturelle du pays où les élites exportatrices ont prospéré au point de réduire l’île à l’état de néo-colonie[4]. »
Le , Jean-Michel Lapin est nommé Premier ministre par intérim[25], en remplacement de Céant, renversé par une motion de censure[26]. Le , il est chargé de former un gouvernement[27]. Celui-ci est annoncé le [28]. N'étant pas parvenu à faire approuver son équipe gouvernementale, il démissionne le suivant. Fritz-William Michel est nommé pour lui succéder[29]. Il forme son gouvernement, paritaire, le [30],[31]. Le , il obtient sa confiance par 76 voix pour et trois abstentions[32]. Il n'est cependant pas ratifié par le Sénat.
Du à début octobre, au moins 17 personnes sont tuées et près de 200 blessées par balles et armes blanches, d'après le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui indique : « Les autorités actuelles, depuis leur avènement au pouvoir, bafouent les acquis démocratiques du peuple haïtien et violent systématiquement ses droits. Elles n’ont jamais pris au sérieux les différents mouvements de protestation réalisés dans le pays depuis par une population en proie à tous les maux et qui réclame la jouissance de ses droits civils, économiques, politiques et sociaux[4]. »
En , son gouvernement augmente de 20 % le salaire minimum[33].
Le , le mandat de la Chambre des députés et de deux tiers des sénateurs prend fin, ce qui rend le Parlement non fonctionnel. En effet, le Parlement n'a pas approuvé la loi électorale[34]. Le président peut alors gouverner par décrets[35].
L’économie est en récession avec une réduction du PIB de 1,2 % en 2019[36]. Des associations alertent également sur la situation sociale : « Plus rien ne fonctionne : pas de gouvernement, pas de services publics, pas d’eau, pas d’essence, pas de nourriture pour les orphelinats, pas de médicaments, deux millions d’enfants ne sont pas scolarisés depuis la rentrée. […] Nous avons été surpris par le niveau de malnutrition. Plus de 500 000 personnes (sur 12 millions d’habitants) sont en situation de préfamine, un Haïtien sur trois est en insécurité alimentaire. », souligne la directrice des opérations de l’ONG Solidarités International[37].
Le , Joseph Joute est nommé Premier ministre[38]. Il est investi avec son gouvernement le [39].
En l'absence d'un Conseil constitutionnel, d'un Conseil électoral permanent, et d'un Sénat fonctionnel, il existe une ambiguïté sur la date de fin de mandat de Jovenel Moïse. Alors que ce dernier estime, ayant été élu en 2016 et ayant pris ses fonctions le de l'année suivante, que son mandat se termine le , l'opposition et des secteurs de la société civile estiment que son mandat prend fin le [40]. Ce même jour, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire déclare la fin du mandat présidentiel, cependant que le gouvernement annonce avoir déjoué une tentative de putsch[41]. Le lendemain, l'opposition annonce nommer le juge Joseph Mécène Jean-Louis comme président par intérim pour une période de transition de deux ans, et la rédaction durant la période d'une nouvelle Constitution consensuelle dans le cadre d'une conférence nationale[42].
En réaction, Jovenel Moïse décide de mettre à la retraite les trois juges dissidents Yveckel Dieujuste Dabresil, Wendelle Coq Thelot, ainsi que Joseph Mécène Jean-Louis. Pourtant, en vertu de la Constitution, ceux-ci sont inamovibles[43].
Le , le Premier ministre sortant Claude Joseph annonce la mort du président Jovenel Moïse, assassiné dans la nuit du 6 au par un commando armé ayant attaqué sa résidence privée à Pèlerin 5, un quartier de Pétion-Ville[44]. Sa femme, Martine Moïse, blessée dans l'attaque, est évacuée vers les États-Unis[45].
La succession présidentielle est contestée. Alors que la version initiale de la Constitution de 1987 prévoit une succession par le président de la Cour de la cassation, ce dernier, René Sylvestre, est mort le du Covid-19 sans avoir été remplacé. La version de 2012 prévoit un intérim par le Conseil des ministres puis l'élection d'un président de la République provisoire par l'Assemblée nationale pour terminer le mandat en cours[46]. D'autre part, le poste de Premier ministre est disputé entre Claude Joseph et Ariel Henry, nommé le [47]. Enfin, Joseph Lambert, président du Sénat de la République, est désigné le par une résolution du Sénat[48] pour assumer la présidence de la République à titre intérimaire[49]. Sa désignation est cependant contestée par le Premier ministre par intérim Claude Joseph. Cette décision est soutenue par de nombreux partis parlementaires, dont le PTHK du défunt président. Ariel Henry est par ailleurs confirmé comme Premier ministre[50]. Son investiture, prévue pour le 10 juillet, est finalement reportée[51].
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