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Université d'Erfurt (depuis ) |
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AsaSAsFriele Gensfleisch zur Laden (d) |
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Else Wirich (d) |
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Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dit Johannes Gutenberg ou simplement Gutenberg[note 1], [note 2] (on trouve aussi dans des ouvrages anciens l'orthographe francisée Gutemberg[note 3], de même que son prénom est parfois francisé en Jean[note 4]), né vers 1400[1]. à Mayence dans le Saint-Empire romain germanique et mort le dans sa ville natale, est un imprimeur dont l'invention des caractères métalliques mobiles en Europe a été déterminante dans la diffusion des textes et du savoir.
Alors que son invention est considérée comme un événement majeur de la Renaissance, Gutenberg connut une existence difficile. Associé à Johann Fust[note 5] et Peter Schoeffer, il perdit en le procès contre son créancier Fust qui saisit l’atelier avec le matériel et les impressions réalisées. Gutenberg ne sera sauvé de la misère que grâce à Adolphe II de Nassau qui lui accorda une pension à vie et le titre de gentilhomme de sa cour.
La documentation concernant ce personnage est maigre : on ne connaît que trente-six documents antérieurs à sa mort, la majorité étant des archives judiciaires particulièrement arides et sujettes à diverses interprétations, ce qui a donné lieu à de nombreux portraits fantasmés et ambivalents : génial inventeur ou voleur d'idées, victime dépouillée de son invention ou usurpateur qui aurait exploité un procédé mis au point par d'autres inventeurs avant lui, humaniste ou homme d'affaires uniquement motivé par l'appât du gain[2].
Johannes Gutenberg, né à Mayence aux alentours de 1400[note 6] est le troisième enfant d'une famille aisée de la haute bourgeoisie, celle de Friele Gensfleisch zur Laden, orfèvre de profession mais également commerçant d'étoffes, et d'Else Wirich[3],[note 7]. On croit qu'il a été baptisé dans l'église Saint-Christophe proche de sa maison natale[4].
Les lieux de séjour et les activités de Gutenberg, ne sont pas connus entre 1400 et 1420. Au regard de ses activités ultérieures et du niveau social de sa famille, des études universitaires sont probables[5], peut-être à Erfurt durant le semestre d'hiver 1419-1420 [note 8],[1],[6]. En 1429, les corporations d'artisans et de commerçants de la ville libre de Mayence se soulèvent contre le patriarcat oligarchique et forcent les familles dirigeantes à l'exil[7].
Entre 1434[note 9] et 1444[note 10] (peut-être dès 1429), la famille Gutenberg s'installe dans le quartier Saint-Arbogast de Strasbourg[8]. Gutenberg a peut-être été formé à des techniques d'orfèvrerie[note 11]. Il se forme notamment à la ciselure et à la maîtrise des alliages, qui constitueront les bases de sa future invention, lui permettant de concevoir des caractères d'imprimerie résistants et reproductibles. Il s'associe notamment vers 1438 avec le bailli de Lichtenau et des négociants pour fabriquer des enseignes de pèlerinage (en) certaines constituées d'un alliage où dominent le plomb et l'étain, et serties d'un petit miroir, d'autres peut-être constituées d'une feuille de métal estampé[9], toutes devant être mises en vente lors du pèlerinage d'Aix-la-Chapelle de 1439[10].
Il n'existe aucune trace de son activité sur les quatre années suivantes[11]. De retour à Mayence en 1448 au plus tard, il poursuit les travaux commencés à Strasbourg et emprunte de l'argent à son cousin Arnold Gelthus[12] pour construire une presse.
Le concile de Bâle débuté en 1431 rassemble de nombreux intellectuels et universitaires dont les écrits ont besoin d'être reproduits, ce qui conduit au développement de moulins à papier. Vingt ans plus tard, les frères Galliziani, venus du Piémont, s'installent à Bâle et importent en Suisse et en France leur technique de fabrication du papier d'imprimerie moins coûteux que le papier de chancellerie. Les besoins des bibliothèques et des universités qui se développent, l'ouverture d'écoles, la multiplication de lecteurs, sont autant de facteurs qui justifient les recherches de Gutenberg à Strasbourg, grand centre commercial et intellectuel européen, pour assurer la reproduction rapide et multiple des textes et l'abaissement des prix du livre par une répartition des coûts de fabrication sur plusieurs exemplaires[13].
Rentré dans sa ville natale de Mayence en 1448, Johannes Gutenberg y poursuit ses recherches et, deux ans plus tard, persuade le riche banquier Johann Fust de l'aider à financer son projet. Fust prête 800 florins — somme considérable pour l'époque — à Gutenberg[note 12] et 300 florins par an pour les frais généraux. Il devient de fait son associé. En homme d’affaires avisé, Fust rédige un contrat particulièrement contraignant pour Gutenberg. En garantie d’hypothèque, Gutenberg devra engager sa presse et les outils et réglera 6 % d’intérêt l’an. Fust se montrera magnanime et ne lui réclamera pas les intérêts, du moins dans un premier temps[14]. Pour espérer des revenus suffisants, Fust et Gutenberg doivent choisir d'imprimer un livre dont le tirage permettra de couvrir les sommes engagées. À l’époque, le seul livre capable d’un succès immédiat est la Bible dans sa version en latin de saint Jérôme, la Vulgate, livre qui nécessite environ trois ans de travail à un moine copiste pour être entièrement recopié[15]. L'idée première de Gutenberg pour imposer son invention sera d'imiter parfaitement les livres manuscrits (codex). À ce jour, on n’a pas trouvé le modèle précis de Bible utilisé par Gutenberg.
C'est à cette époque que Gutenberg perfectionne simultanément les différents éléments qui constituent son invention :
Les nouveaux outils mis au point par Gutenberg et ses ouvriers lui servent d'abord à imprimer de petits documents, des poèmes, la grammaire latine de Donat (dont il ne subsiste que quelques fragments), des lettres d'indulgence pour l'Église, etc. Les lettres d'indulgence à trente et une lignes (dont la plus vieille, datée du , est le premier spécimen d'une œuvre d'imprimerie venant de Mayence) et les petits ouvrages connus ont semble-t-il été produits par un apprenti de Gutenberg. Le plus ancien ouvrage complet qui subsiste à ce jour, imprimé par Gutenberg, est probablement le calendrier turc (Turk-Kalendar), portant le titre Eine Mahnung der Christenheit wider die Tiirken (Une admonition de la chrétienté contre les Turcs) et dont l'unique exemplaire conservé dans la bibliothèque de Munich date de 1455[16]. Toutes ces publications sont caractérisées par les mêmes caractères typographiques, appelés DK-type (abréviation de Donat, Kalender Type)[17].
La mise au point de la presse prend plus de temps que prévu, les frais courent et les premiers investissements de Fust ne suffisent plus pour financer l'entreprise. En 1454, Fust avance à nouveau huit cents florins pour poursuivre l’impression des Bibles sur vélin et, sans doute par économie, sur papier.
Gutenberg et ses ouvriers, dont Pierre Schoeffer, impriment la Bible en six cent quarante et un feuillets répartis en soixante-six cahiers.
Composée à partir de la Vulgate de saint Jérôme, la Bible de Gutenberg est considérée comme l'œuvre la plus techniquement complexe et la plus belle de l'imprimerie de Gutenberg. Chaque page, présentée comme une page manuscrite et composée de caractères gothiques de type textura, se divise en deux colonnes de quarante-deux lignes chacune. Entre 1452 et 1455, la Bible à quarante-deux lignes a été imprimée à environ cent quatre-vingts exemplaires. Quarante-huit d'entre eux ont été conservés et douze sont imprimés sur parchemin.
Malheureusement pour Gutenberg, l'impression des livres connaît un succès mitigé. Dans l’inventaire de son atelier, les bibles resteront en rayonnage quelque temps.
Fust, qui a investi plus de 2 500 florins dans l'entreprise, est furieux contre Gutenberg, car il lui avait promis un succès rapide. Gutenberg refusant de payer — ou ne le pouvant pas — les intérêts et le capital qu'il lui avait prêtés, il décide de porter l'affaire en justice. Le tribunal tranche en faveur de Fust, en reconnaissant toutefois qu'il ne s'agissait pas d'un prêt mais d'un investissement, et que Fust n'était pas prêteur mais associé[18],[19].
Fust obtient alors la gestion de l'atelier et la mise en gage de la presse. Il continue l'entreprise d'imprimerie sous son propre nom. Dans la plus vieille édition du Psalmorum Codex, paru pour la première fois le , seuls les noms de Fust et de Schoeffer sont mentionnés. Ce livre, remarquable par sa qualité d’impression, par son texte imprimé en noir et rouge et par la régularité de la fonte des caractères, décoré de lettrines ornées et filigranées, apporte alors une certaine notoriété aux deux hommes.
Pour élargir leur clientèle et dépasser le petit cercle des bourgeois cultivés et des universitaires, Fust et Schoeffer orientent rapidement leur production vers des éditions de moindre ampleur, mais plus faciles à vendre. Ils s’installent à Paris pour y vendre leurs livres en 1463, une date où l’imprimerie n’existe pas encore en France[20]. Fust n’en profitera pas longtemps : il meurt à Paris en 1466, mais il aura tout de même le temps de voir s'installer, rue Saint-Jacques, une quantité d'imprimeurs d'origine germanique.
Insolvable, Gutenberg tente de relancer un atelier d'imprimerie et participe en 1459 à une édition de la Bible dans la ville de Bamberg. Ses travaux ne portant ni date ni nom, il est encore difficile d'identifier avec certitude les documents provenant de son atelier. Le dictionnaire Catholicon de sept cent quarante-quatre pages, imprimé à trois cents exemplaires à Mayence en 1460, est de sa composition. Il imprime entre autres des lettres d'indulgence. À partir de 1461, on ne trouve plus de traces de publication issue de l'atelier de Mayence de Gutenberg. Sans doute est-il trop vieux pour exercer son activité mais il est possible qu'il ait enseigné son art contre rétribution[21].
En janvier 1465, alors qu'il vit modestement dans l'hospice Algesheimer Hof (de), Gutenberg est nommé gentilhomme auprès de l'archevêque de Mayence Adolphe II de Nassau. Il bénéficie alors d'une rente et de divers avantages en nature[22]. Il meurt probablement le , largement méconnu par ses contemporains, et est enterré à Mayence dans un cimetière qui sera détruit plus tard. Sa tombe est aujourd'hui perdue[23].
Associé à Johann Fust et à Pierre Schoeffer, Johannes Gutenberg est l’inventeur de l’imprimerie à caractères mobiles en Europe.
Pour parvenir à ses fins, Gutenberg est à l’origine de nombreuses innovations :
Depuis longtemps, l’histoire conteste à Johannes Gutenberg l’invention de l’imprimerie typographique et celui-ci n’a jamais rien fait pour s’assurer la paternité de son invention. Aucune date d’impression ni de signature ne figure sur les livres. Le premier colophon apparaît avec les impressions de Johann Fust et Pierre Schoeffer.
Pourtant, dès 1472, Guillaume Fichet, bibliothécaire à la Sorbonne, écrit en latin dans une lettre jointe à l’édition princeps « De l’orthographia de Gasparino Barzizza » que « Joannem Benemontano [traduction latine de Johannes Gutenberg] est le premier à avoir imprimé un livre digne de ce nom », en référence aux livres manuscrits de l’époque, les codex. Guillaume Fichet, qui a très largement contribué à l’installation de l’imprimerie en France avec l’aide des anciens élèves de Jean Gutenberg, Ulrich Gering, Martin Grantz et Michel Friburger, avait appris par eux le nom de leur maître.
En 1504, le professeur Ivo Wittig de Mayence dédicace un livre à Gutenberg, qualifié d’inventeur de la typographie[25].
Au XIXe siècle, Ambroise Firmin Didot, fervent partisan de Gutenberg, trouva des lettres, dont la plus ancienne, datée de 1499, atteste clairement la paternité de l’invention à Jean Gutenberg.
Au Moyen Âge, les textes étaient peu répandus car peu de gens savaient lire. Les livres sont produits ou reproduits dans les monastères par des moines copistes. Les illustrations sont réalisées par des moines spécialisés, les enlumineurs. Les rubricateurs intervenaient pour faire ressortir, par des couleurs, les Nomina sacra.
Dans certains cas, les laïcs pouvaient produire des codex avec l’approbation des monastères. À partir du XIVe siècle, le procédé de xylographie permettait de reproduire un texte à grande échelle : il consistait à graver un document à l’envers sur du bois, puis à l’appliquer, une fois recouvert d’encre, sur du papier.
Selon la légende, c’est en voyant fonctionner un pressoir à vin à Strasbourg, que Gutenberg eut l’idée d’inventer un nouveau procédé d’impression qui permit de produire 180 Bibles en l’espace de trois ans, alors qu’un moine recopiait une Bible dans le même temps.
En imaginant la mobilité des caractères et en améliorant leur longévité grâce à leur consistance métallique, Gutenberg rendait les caractères réutilisables et interchangeables. Cette innovation a provoqué une révolution culturelle : le livre est rendu public, dans les villes commerçantes et universitaires, et les ateliers d’imprimerie se multiplient, augmentant la production des livres. Cette révolution s’étend à toute l’Europe, principalement en Italie et aux Pays-Bas.
Grâce à cette explosion culturelle, le savoir n’est plus réservé aux clercs. L’accès plus facile à la connaissance développe le partage des idées, l’esprit critique et, avec lui, l’humanisme.
À la mort de Gutenberg en , les différents collaborateurs de l’imprimeur ont déjà quitté Mayence depuis longtemps et vont émigrer dans toute l’Europe, en France et en Italie principalement.
Une grande quantité des témoignages sur Gutenberg provient des archives judiciaires, l'inventeur étant manifestement assez procédurier. Parmi les procès où son nom est cité, on peut mentionner :
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