Ses romans portent principalement sur des personnages historiques, des explorations et des peuples autochtones. Il est lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française pour Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, publié en 1981. Consul général autoproclamé de Patagonie, il voit dans ce royaume imaginaire une terre de rêve et de liberté, une « patrie de rechange », dont nombre de ses lecteurs lui demanderont la nationalité.
Il est principalement connu, tant en France qu'à l'étranger, pour son roman dystopiqueLe Camp des Saints, publié en 1973, qui décrit une submersion de la civilisation occidentale, la France en particulier, par une immigration massive venue du tiers monde. Le livre connaît un succès initial modeste mais devenant progressivement important ; il est traduit en anglais et en espagnol (dès 1975) et dans la plupart des langues parlées en Occident. Il est réédité huit fois en français et cinq fois en anglais, et fait l'objet de deux traductions en allemand. Controversé, ce roman est qualifié de visionnaire par l'extrême droite française.
Dans sa jeunesse, il est un membre assidu des Scouts de France. Il accomplit notamment, avec trois autres scouts, une descente en canoë des fleuves et lacs au Canada et aux États-Unis[3].
Explorateur et défenseur des causes perdues
Pendant ses vingt premières années de carrière, il court le monde à la découverte de populations menacées par la confrontation avec la modernité. Il est marqué par le scoutisme qu'il a connu jeune, et son premier voyage, en 1949, l'emmène en canoë de Québec à La Nouvelle-Orléans[4], sur les traces du père Marquette. Il rallie ensuite la Terre de Feu à l'Alaska en automobile (du au ) puis dirige une expédition française sur les traces des Incas en 1954, avant de passer une année entière au Japon en 1956.
Jean Raspail écrit par la suite de nombreux d'ouvrages ; un certain nombre d'entre eux seront primés, parmi lesquels Septentrion, Sire et L'Anneau du pêcheur.
En 1973, il revient au roman et écrit son œuvre phare, Le Camp des Saints, dans lequel il décrit la submersion de la France par l'échouage sur la Côte d'Azur d'une flotte de bateaux en ruine venue d'Inde, chargée d’immigrés. Le roman sera traduit en anglais (1975, puis quatre rééditions[5]), en espagnol (1975), en portugais (1977), en allemand (trad. part. 1985, trad. complète et autorisée 2015[6]), en italien (1998)[7], en polonais (2006), en tchèque (2010) et en néerlandais (2015)[8],[9].
Ce livre est le plus grand succès de l'auteur. Édité en 1973, ce roman est un succès progressif, et atteint 40 000 ventes en 1975. Il devient un des grands succès des ventes dans les années 1980. Accueilli favorablement à cette époque par des critiques littéraires de droite, il sera qualifié par plusieurs de prophétique. Il est traduit dans de nombreuses langues occidentales dans les années 1980. En , le roman est réédité avec une nouvelle préface, titrée Big Other.
En 2015, Marine Le Pen invite « les Français à lire ou relire Le Camp des Saints[13] ». À la mort de l'auteur, elle déplore « une immense perte pour la famille nationale », l'appelant « le Prophète »[14]. Jean Raspail a également été qualifié de « prophète » à la une de Valeurs actuelles pour ce roman[15].
Cette œuvre romanesque a donné naissance à un royaume imaginaire, une « patrie de rechange »[17], qui a son drapeau (bleu, blanc et vert) et son hymne national[18]. Selon Jean Raspail, c'est « une seconde patrie, la patrie refuge de ceux qui croient à la transcendance, à la nécessité d’exhausser ses pensées »[19], dont se revendiquent aujourd'hui environ 5 000 personnes, parmi lesquelles André Frossard[20], l'amiral Édouard Guillaud[21], Didier Decoin, Jean-Laurent Cochet ou Michel-Edouard Leclerc[22].
En 2000, il se porte candidat à l'Académie française au fauteuil laissé vacant par la mort de Jean Guitton : à l'élection du , il recueille 11 voix aux trois tours de scrutin, contre 6, 3 et 3 pour Max Gallo, 4, 5 et 5 pour Charles Dédéyan, et aucune pour Henri Amoroso ni Georges Losfeld, ce qui ne lui permet pas d'obtenir la majorité de 15 voix requise pour être élu[25].
En 2014, le dessinateur Philippe Francq emprunte ses traits pour le personnage de Mr Banks, qui apparaît dans Chassé-croisé, le dix-neuvième album de la série Largo Winch[31].
En juin 2020, quelques jours après sa mort, des admirateurs apposent une cinquantaine de plaques éphémères sur le boulevard Raspail à Paris, renommant la voie « boulevard Jean-Raspail »[32]. À Toulouse, la place Raspail est aussi éphémèrement renommée « place Jean-Raspail »[28].
En juin 2021, l'armateur français Geogas Maritime, spécialisé dans le transport international de GPL, nomme son douzième navire le Jean Raspail[33]. Jacques Boudet, directeur et fils du fondateur du groupe, est un grand admirateur de l'écrivain[33]. Le bâtiment mesure 230 m et comprendra 25 membres dont 10 officiers[33].
Prises de position
Jean Raspail se déclare royaliste[34]. Son catholicisme traditionnel (en dépit de rapports complexes avec la foi[35]) sert d'inspiration pour beaucoup de ses œuvres utopiques, dans lesquelles les idéologies du communisme et du libéralisme sont vouées à l'échec, et une monarchie catholique est rétablie. Dans le roman Sire paru en 1991, un roi français est couronné à Reims en , Philippe Pharamond de Bourbon, âgé de 18 ans, descendant direct des derniers rois de France. En 1992, il crée[36] le Comité pour la commémoration de la mort de Louis XVI[37].
Il soutient la création du Parti des forces nouvelles en 1973[38]. Deux ans plus tard, il figure à son comité directeur[39] et collabore à sa revue, Initiative nationale[40].
En 1999, il signe pour s'opposer à la guerre en Serbie la pétition « Les Européens veulent la paix »[41], lancée par le collectif Non à la guerre[42].
Il appartient au comité d'honneur du Cercle national Jeanne-d'Arc, affilié au Front national[43].
Dans une tribune intitulée « La patrie trahie par la République » et publiée dans Le Figaro du [44], il critique la politique d'immigration menée par la France. Il est alors, avec le journal, attaqué en justice par la LICRA[45] pour « provocation à la haine raciale », mais est relaxé par une décision de la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris en date du .
Il s'associe en 2012 au projet « Notre antenne », porté par Gilles Arnaud et Philippe Milliau, qui donne naissance en 2014 à TV Libertés[46].
En 2013, il figure comme membre « pour l'honneur » de Secours de France, association créée en 1961 en soutien aux détenus de l'OAS, et qui est alors proche de l'association ICHTUS[47].
Hurrah Zara ! (1998) – roman ; nouvelle édition en 2019 sous le titre Les Pikkendorff. Grand prix littéraire Jacques-Audiberti de la Ville d’Antibes 1999[55].
Son œuvre a été plusieurs fois portée à l'écran, adaptations qui n'ont pas soulevé l'enthousiasme de l'auteur[réf. nécessaire].
Les adaptations en bandes dessinées de ses romans (Sept cavaliers… et Le Royaume de Borée) par Jacques Terpant sont en revanche, tout à fait revendiquées par l'écrivain[58].
↑Voir son récit tardif car paru en 2005 de l'aventure, montre l'importance que le scoutisme eut sur sa jeunesse et sa carrière d'aventurier. Voir : En canot sur les chemins d'eau du Roi, 2005.
↑Thomas Goisque, « Disparition – Michel Menu, fondateur des Goums », Le Figaro, samedi 7 / dimanche 8 mars 2015, p. 14.
↑Laurent Dandrieu, « “Consul général de Patagonie”, l'écrivain Jean Raspail plante son drapeau sur l’archipel des Minquiers », Valeurs actuelles, (lire en ligne)
↑ a et b« Hommage à Jean Raspail : une place de Toulouse symboliquement rebaptisée », Infos Toulouse, (lire en ligne, consulté le 15 juillet 2020).
↑« Puisse Jean Raspail avoir rejoint cette Patagonie idéale que l’on nomme paradis », Boulevard Voltaire, (lire en ligne, consulté le 15 juillet 2020).
↑« A l'enterrement de l'écrivain Jean Raspail, la famille nationaliste réunie », L'Express, (lire en ligne, consulté le 15 juillet 2020).
↑Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN2-7297-0416-7), p. 118.
↑Jean Raspail, « La patrie trahie par la République », Le Figaro, no 18619, (lire en ligne).
↑Le mouvement entend valoriser « l’œuvre civilisatrice de la France aux XIXe et XXe siècles [la colonisation] ; celle de ses combats contre les assauts conjugués du communisme et du terrorisme en Indochine puis en Algérie » et est désireuse d'apporter son « soutien aux initiatives tendant à enseigner l’Évangile et la France à des jeunes de toute condition et de toute origine. »Voir sur lemonde.fr.
↑« Grand Prix du roman de l'Académie française : l'appel de l'aventure », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 2 novembre 2018).
↑ ab et cPatrice De Méritens, « Jean Raspail : « Aujourd'hui, Le Camp des saints pourrait être poursuivi en justice pour 87 motifs » », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le 2 novembre 2018).