Il se définit comme un « conteur ». Se partageant entre le cinéma, le théâtre et la littérature, travaillant souvent sur des adaptations, tant pour le théâtre que pour le cinéma ou la télévision, il rencontre très fréquemment un succès critique et public.
Né dans une famille de viticulteurs à Colombières-sur-Orb[1], Jean-Claude Carrière passe son enfance dans ce village[2]. Pendant son enfance, il pratique le bilinguisme occitan-français[3]. Alors qu'il a 14 ans, sa famille s'installe à Montreuil-sous-Bois, où ses parents prennent la gérance d'un café[4].
En 1957, il publie son premier roman, Lézard, et rencontre Jacques Tati et Pierre Étaix[7] avec qui il co-signe des courts et des longs métrages. À ses débuts, il publie également plusieurs romans d'épouvante chez Fleuve noir, sous le nom de Benoît Becker (pseudonyme collectif utilisé par divers auteurs travaillant pour cet éditeur) et écrit des articles sur le cinéma dans Carrefour[8].
Bien qu'il soit l'auteur d'un très grand nombre de scénarios, Jean-Claude Carrière doit une partie de sa renommée à sa collaboration avec le cinéaste Luis Buñuel. Celle-ci s'amorce en 1964 et va durer dix-neuf ans, jusqu'à la mort du réalisateur. Les deux hommes travaillent ensemble une première fois en adaptant le roman d'Octave MirbeauLe Journal d'une femme de chambre. Le film, qui met en vedette Jeanne Moreau, est le premier que Buñuel réalise en France depuis le classique surréaliste L'Âge d'or.
Carrière et Buñuel retravaillent ensemble sur cinq autres films, dont deux des plus célèbres du réalisateur : Belle de jour, une adaptation d'un roman de Joseph Kessel qui sera un grand succès commercial, et Le Charme discret de la bourgeoisie, une satire d'esprit surréaliste qui permet à Buñuel et Carrière d'obtenir une nomination pour l'oscar du meilleur scénario original, fait assez rare pour un film français.
Il participe aussi au scénario de deux des films les plus célèbres de Jacques Deray, le drame psychologique La Piscine, présenté en 1969 et qui met en vedette Alain Delon et Romy Schneider, puis le film de gangster Borsalino, lancé l'année suivante, immense succès commercial dans lequel on retrouve les deux plus grandes vedettes du cinéma français de l’époque, Alain Delon et Jean-Paul Belmondo. Il scénarise plusieurs autres films de Deray, comme le drame Un peu de soleil dans l'eau froide, adaptation du roman de Françoise Sagan, ou le film noir Un homme est mort, entièrement tourné aux États-Unis, ainsi que, en 1966, le film tiré du roman de Georges Darien, Le Voleur, réalisé par Louis Malle avec Belmondo.
Jean-Claude Carrière meurt le , à l'âge de 89 ans, dans son domicile parisien. Ne souffrant d'aucune maladie, il est mort « dans son sommeil »[11],[12],[13], selon la précision donnée par sa fille. Il est inhumé à Colombières-sur-Orb (Hérault), sa ville natale[14].
Rencontres avec le dalaï-lama
En 1994, il publie La Force du bouddhisme sur la base d'entretiens avec le 14edalaï-lama en Inde. En 2000, il présente la conférence publique intitulée « La Paix de l'esprit, source du bonheur » que donne le dalaï-lama à Montpellier devant plus de 5 000 personnes[15]. Il signe un appel demandant qu'une délégation du Comité des droits de l'enfant de l'ONU rende visite à un enfant tibétain en résidence surveillée depuis 1995 en Chine, Gedhun Choekyi Nyima, reconnu comme 11epanchen-lama par le dalaï-lama[16].
Vie personnelle
Jean-Claude Carrière a épousé en premières noces Nicole Janin (1931-2002) avec qui il a eu une fille en 1962, Iris[17]. Originaire de Marsillargues et proche amie du manadierJean Lafont[18] – dont Carrière prononce l'éloge de son vivant en 2004[19]–, Nicole Janin était peintre sous le pseudonyme d'Augusta Bouy (ou Auguste Bouy[20]). Elle est également apparue dans plusieurs films de Luis Buñuel que Jean-Claude Carrière a scénarisé, tels que La Voie Lactée et Cet Obscur Objet du Désir[21].
La double identité de Nicole Janin n'a jamais été notée dans les textes relatant de la vie privée de Jean-Claude Carrière, qui évoquent majoritairement Augusta Bouy[22],[20]. Cela a entraîné une confusion dans les nécrologies de Jean-Claude Carrière parues dans la presse lors de sa disparition en février 2021.
Il s'est remarié avec Nahal Tajadod, femme de lettres iranienne, avec qui il a une fille née en 2003, Kiara Carrière[23].
Les Vacances de monsieur Hulot - Illustrations - Pierre Étaix, novélisation du film de Jacques Tati, paru en édition révisée en 1985 (ISBN2211031986) ; rééd. 1986 dans la coll. « Aventures et Récits de l'École des Loisirs » chez Robert Laffont, en 2005 (ISBN2-221-10547-8)
Humour 1900, présentation de Jean-Claude Carrière, repris en 1988 sous le titre : Anthologie de l'humour 1900, éd. 1900, et rééd. en 1990 (ISBN2-7144-4320-6)
Le Petit Napoléon illustré - Illustrations - Pierre Étaix, Robert Laffont, réédité en 1981
1965 : Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement, co-signé avec Guy Bechtel, Robert Laffont - contient 2 500 extraits de textes[25]Édition revue et augmentée en 1983 - contient 3 500 extraits de textes, jusqu'aux années 1980[25]. Réédition en 1991 dans un recueil contenant Le Livre des bizarres — écrit par les deux mêmes auteurs, et publié initialement en 1981 — sous les deux titres Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement. Le livre des bizarres, coll. « Bouquins », Robert Laffont (ISBN2-221-06747-9) ; et rééd. 2014.
Le Clou brûlant, traduction de l’essai de José Bergamín, Plon, réédité en 2010, Les Fondeurs de briques (ISBN978-2-916749-15-0)
1981 : Le Livre des bizarres, co-signé avec Guy Bechtel, Robert Laffont Réédition en 1991 dans un recueil contenant Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement — écrit par les deux mêmes auteurs, et publié initialement en 1965 — sous les deux titres Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement. Le livre des bizarres, coll. « Bouquins », Robert Laffont (ISBN2-221-06747-9) ; et rééd. 2014.
Rapport pour le gouvernement sur la « science à la télévision », rédigé avec Jean Audouze
1989 : La Paix des braves, Belfond, Le Pré aux clercs, repris en 1993 dans : C’était la guerre (avec On nous appelait fellaghas, du commandant Azzedine, 1974), Plon
Raconter une histoire. Quelques indications, coll. « Écrits/Écrans », Claude Gauteur (dir.), FEMIS (ISBN2-907114-22-0), réédité en 2001, FEMIS (ISBN2-907114-22-0)
Là-bas co-signé avec Luis Buñuel, scénario
traduction avec Mahin Tajadod et Nahal Tajadod, Le livre de Chams de Tabriz, de Mawlânâ Djalal al-Din Rumi, Gallimard (ISBN978-2070733408) ; repris dans 2006Chants d'amour de Rûmi avec Nahal Tajadod, Kudsi Erguner, Pierre Rigoboulos, Disc. compact, coll. « À voix haute », Gallimard (ISBN0-05-064515-3)
1999 : Le Dictionnaire des révélations historiques et contemporaines - Contenant des paradoxes sociaux et politiques, des errata de l'histoire, des inventions osées, des doutes, des secrets, des prédictions sur le passé comme sur l'avenir, avec des élucubrations, des silences, du faux, de l'entre-deux et, ici et là, quelques balivernes, co-signé avec Guy Bechtel, Plon (ISBN978-2-259-18964-4), paru en 2001 sous le titre Dictionnaire des révélations historiques et contemporaines. L'autre manière de raconter l'histoire, Pocket (ISBN2-266-09956-6)
Les À-côtés - Chroniques matinales, recueil des chroniques matinales de France Inter (-), Plon (ISBN2-259-20008-7), paru en 2006, Pocket (ISBN2-266-14572-X)
2011 : Weepers Circus, N'importe où, hors du mondeLivre-disque dans lequel participe une quarantaine d'invités aux titres d'auteurs ou d'interprètes : Jean-Claude Carrière y signe un texte inédit (non mis en musique) consacré à sa propre interprétation de ce titre énigmatique de N'importe où, hors du monde. Il donne également sa voix sur un titre de l'album.