Sa famille s'installe à Drancy en 1970. Son père est informaticien et sa mère secrétaire[1]. Il est marié avec Aude Lavail-Lagarde, ancienne militante de l'UDF du Languedoc[2], élue conseillère départementale de Seine Saint-Denis en 2015 qui lui succède à la mairie de Drancy en [3].
Candidat de l'union UDF/RPR aux élections législatives de 1993 et de 1997 dans la cinquième circonscription de la Seine Saint-Denis, il est battu au premier tour par le député sortant Jean-Claude Gayssot.
Pendant les élections municipales de 1995, il est tête de liste de l'union de l'opposition à Drancy et met, pour la première fois de l'histoire locale, le maire sortant Maurice Nilès en ballotage, figure historique du Parti communiste français, résistant, ancien député et maire de la ville depuis trente-six ans. Celui-ci est cependant réélu.
À l'automne 2005, il analyse les émeutes des banlieues[7] en ciblant les conséquences de "ghettoïsation" d'une partie des Français. Son analyse, divergeant de celle de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, lui vaut l'opprobre de l'UMP : Éric Raoult disant de lui qu'il est un « Sarkozy de l'UDF dans le 9-3 », et Roger Karoutchi, patron de l'UMP d'Île-de-France déclarant « C'est un sectaire qui est en train de mal tourner »[1].
Porte-parole de François Bayrou lors de la campagne présidentielle de 2007, il affirme ses divergences en esquissant un rapprochement avec Ségolène Royal. Après le premier tour de l'élection présidentielle, il prend ses distances avec lui et se présente en candidat libre, après avoir refusé d'appeler à voter pour Nicolas Sarkozy. Lors des élections législatives de 2007, Jean-Christophe Lagarde se représente sans étiquette (ses documents de campagne feront mention des deux communes de sa circonscription Bobigny et Drancy en guise de tendance politique) pour un second mandat tout en étant investi sans l'avoir demandé par l'UDF[réf. nécessaire]. Il est réélu au second tour le avec 59,87 % des voix.
Deux jours après son élection, il annonce son adhésion au groupe Nouveau Centre, composé d'anciens parlementaires UDF qui avaient soutenu Nicolas Sarkozy entre les deux tours des présidentielles[8],[9]. Pourtant, le , il signe, avec 16 autres personnalités politiques de tous bords, l'« Appel du » pour une vigilance républicaine lancé par l'hebdomadaire Marianne[10]. À la suite du refus de la loi rétroactive à l’Assemblée nationale, et sur proposition de Jean-Christophe Lagarde, le Nouveau Centre fait alliance avec le Fetia Api (financement : 870 000 d’euros pour le Nouveau Centre et 30 000 euros pour le Fetia Api). Le Fetia Api (« Nouvelle étoile ») est un parti politique de la Polynésie française, proche de l'UDF puis du Nouveau Centre qui le soutient (afin notamment de pouvoir bénéficier du financement public des partis politiques, plus aisé pour les partis qui se présentent outre-mer)[11].
En 2008, lors des élections municipales, Jean-Christophe Lagarde remporte à nouveau dès le premier tour la ville de Drancy avec 69,5 % des voix et emporte 42 sièges des 49 qui composent le conseil municipal[12].
Le , alors qu'il s'était déjà montré hostile à la candidature du président de son parti Hervé Morin, il annonce son soutien à Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de la même année en cosignant une tribune dans Le Figaro avec d'autres parlementaires du Nouveau Centre et les ministres Maurice Leroy et François Sauvadet.
Candidat aux élections législatives de juin 2012 dans la cinquième circonscription de la Seine Saint-Denis (Bobigny, Drancy, Le Bourget), il est réélu le pour un troisième mandat par 56,73 % des suffrages exprimés. Il est élu le porte-parole du nouveau groupe centriste UDI présidé par Jean-Louis Borloo à l'Assemblée nationale avant le lancement de ce parti à ce nom.
Le , il annonce qu'il brigue un troisième mandat à la mairie de Drancy. Il est réélu avec 75,06 % des suffrages exprimés, lors du premier tour du , et sa liste remporte 45 sièges sur les 49 que compte le conseil municipal.
Le , il annonce son intention de démissionner de son mandat de maire de Drancy afin de se conformer à la loi sur le cumul des mandats et de proposer son épouse Aude Lagarde, sixième adjointe chargée des affaires sociales et des personnes âgées, pour lui succèder[15]. Le il est réélu pour un quatrième mandat de député. Ainsi qu'il l'avait annoncé, Aude Lagarde est élue maire le [3]. Il parraine la candidature de François Fillon (LR) pour l'élection présidentielle de 2017[16]. Cette même année, il est candidat à sa propre réélection lors des élections législatives de 2017, qu'il remporte.
Président de l'UDI
Jean-Christophe Lagarde a été numéro deux du Nouveau Centre en devenant président exécutif du nouveau parti centriste lors du congrès de Nîmes du . Il quitte cette fonction en même temps que le parti, en 2012[17]. Le , afin de débloquer la construction d'un parti centriste à partir du groupe parlementaire UDI, Jean-Christophe Lagarde annonce la création d'un nouveau parti de centre-droit, baptisé Force européenne démocrate[18]. Il participe alors à la mise en place du parti, l'Union des démocrates et indépendants.
Le , il annonce dans Le Journal du dimanche sa candidature à la présidence de l'UDI, rejoignant une course qui oppose déjà Jean-Christophe Fromantin, Yves Jégo (avec Chantal Jouanno) et Hervé Morin. Il déclare que « le centre n'est pas le milieu, la moyenne, la synthèse mais un autre chemin, une alternative pour notre pays » et entend « conquérir le pouvoir » en portant un « Centre conquérant »[19].
Il arrive en tête du premier tour, devançant Hervé Morin (35,9% contre 31,5%), et obtient pour le second le soutien d'Yves Jégo, arrivé troisième avec 21,5 % des voix[20]. La Seine-Saint-Denis et en particulier sa ville de Drancy lui apportent un soutien massif. Son département compte 2 192 votants (dont 1 377 pour Drancy), loin devant les Hauts-de-Seine avec 1 193 voix[21]. Il remporte le second tour et devient alors président de l'UDI[22].
Il soutient Alain Juppé, à titre personnel, dès le premier tour de la primaire française de la droite et du centre de 2016, tandis que le Nouveau Centre, autre composante de l'UDI qu'il préside, soutient François Fillon pour le second tour[25],[26]. Après la victoire de François Fillon, il intègre, au sein de l'organigramme de l'équipe de campagne de ce dernier, son Conseil stratégique aux relations avec les partis[27]. Il suspend le soutien de l'UDI le à la suite de l'annonce de la convocation du candidat par les juges d'instruction en vue d'une probable mise en examen dans le cadre de l'affaire Fillon[28]. En , il dit ne plus vouloir d'alliance entre l'UDI et LR en cas d'élection de Laurent Wauquiez à la tête de LR[29].
En , il prend position contre la taxe sur les GAFA de Bruno Le Maire[35], annonçant que le monopole de Google, Facebook et Amazon leur permettra de répercuter la taxe sur les PME et les artisans, ce qui se confirme en à la suite de la décision prise par Amazon[36].
Institutions
Il estime que la baisse des dotations de l'État aux collectivités mise en place sous la présidence de François Hollande (11 milliards d’euros en trois ans) représente un « effort [...] trop violent sur un délai trop court, alors qu’il aurait pu être supérieur sur un temps plus long »[4]. En Ile-de-France, il est pour la suppression des départements, dont les compétences scolaires reviendraient à la Région et les compétences sociales aux établissements publics territoriaux, qui doivent selon lui devenir des « établissements publics classiques »[4].
International
Jean-Christophe Largarde est pro-européen. Cependant, il n'approuve pas le cinquième élargissement de l'Union européenne contre lequel il vote en , risquant, selon lui, de rendre l'Union européenne moins gouvernable[note 1],[37],[38]. Pour les mêmes raisons, il s'oppose à la ratification du traité de Lisbonne en considérant qu'on « ne pourra pas poursuivre la construction européenne et l'intégration politique avec plus de 27 pays : l'Europe va être paralysée avec les institutions actuelles »[39]. Lors du référendum sur le traité établissant une constitution pour l'Europe en 2005, Jean Christophe Lagarde fait campagne pour le « non », dénonçant la fin de la volonté fédéraliste européenne et jugeant le texte trop timoré, privilégiant une Europe uniquement économique contre la création d'une Europe politique[40]. En 2018, il prend position pour la création d'une politique migratoire commune dirigée par un « Ministère européen des migrations » : Celui-ci serait doté d'une administration fédérale de garde-côtes et de garde-frontières et serait en gestion du droit d'asile à l'échelle européenne[41]. Le , il conteste le veto de la Commission européenne sur le projet de fusion Alstom-Siemens, reprochant à l'UE de ne pas protéger ses entreprises et ses salariés de la concurrence mondiale, notamment chinoise[42].
En , Jean-Christophe Lagarde s'inquiète des conséquences d'un retrait des troupes américaines en Syrie pour les Kurdes[43]. En , en tant que président du groupe d’études de l’Assemblée nationale sur les Kurdes, il écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron[44] pour lui demander d’anticiper un éventuel retrait des troupes américaines, puis, en , à la suite de l'offensive de l'armée turque dans le nord de la Syrie, il demande des sanctions financières contre la Turquie : « il faut cesser d'être frileux par rapport à la Turquie [...] il y a bien eu une réaction lorsque la Russie a envahi une partie de l'Ukraine et de la Crimée [...] l'Union européenne a des moyens de faire pression sur la Turquie : 50% des exportions de la Turquie vont vers l'Europe, soit 84 milliards d'euros »[45].
Numérique
En 2017, il alerte contre l'ingérence numérique du Cloud Act qui contraint les firmes américaines à fournir des données stockées sur leurs serveurs situés en Europe[46].
En 2018, il prend position pour la création d'un règlement européen sur la valorisation des données personnelles obligeant les opérateurs du numérique à rémunérer les utilisateurs dont ils collectent les données[35].
Société
Il s'est prononcé en faveur de la légalisation du cannabis, estimant que cela poserait certes « des problèmes de santé publique, qui se posent de toute façon même avec la prohibition » mais que « les gains en termes de sécurité publique seraient considérables, car on pourrait ainsi éviter que se constituent à tous niveaux les mafias de la drogue »[47].
En 2004, il a voté contre la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques[48], parlant la veille des régionales une manipulation électoraliste, les cas problématiques étant peu nombreux. Dans son livre Les Hypocrisies françaises, Jean-Christophe Lagarde estime que l'État doit « trouver la place de l'islam en France ».
En 2007, il instaure la gratuité de la restauration scolaire dans la communauté de communes Le Bourget-Drancy en Seine Saint-Denis et dépose dans le même temps une proposition de loi pour généraliser la mesure dans toute la France.[49].
En 2013, Jean-Christophe Lagarde vote en faveur du projet de loi sur le mariage homosexuel[50].
Controverses
Affaires judiciaires
Après plusieurs procédures lancées en 2010 alors qu'était pressentie son entrée au gouvernement[51], il est condamné en à 5 000 € d’amende pour attribution illégale de marché public, dans le cadre confidentiel d’une procédure de plaider-coupable à Paris[52]. En 2013, l'association de soutien à son action municipale rembourse 51 712 € à la municipalité de Drancy pour des frais qu’elle avait indûment engagés au profit de l’association, ce qui lui permet d'éteindre les poursuites[52].
Le , il est relaxé des poursuites pour favoritisme dont il faisait l'objet dans un dossier d'attribution de marché public accordé à un architecte pour la tribune du stade Guy-Môquet, à Drancy[53]. Le jugement est confirmé en appel le [54].
En février 2019, des perquisitions sont menées à son domicile dans une enquête pour détournement de fonds publics dans le cadre d'une enquête préliminaire du parquet national financier à la suite d'une plainte déposée en octobre 2017 par Hacène Chibane, conseiller municipal d'opposition à la marie de Drancy, qui s'interrogeait sur l'activité d'assistante parlementaire de son épouse, Aude Lavail-Lagarde, entre 2002 et 2014[55].
Le , il est placé en garde à vue pour détention d'armes[56]. Ses proches auraient signalé une tentative de suicide[57].
Polémiques
Le , il estime qu'avec son indemnité de député de 7 209,74 euros brut mensuels hors avantages (5 400 euros d'indemnité parlementaire) rapportée au nombre d'heures par semaine et aux week-ends travaillés, il gagne moins que le salaire moyen des Français qui s'élève à 2 957 euros bruts par mois[58],[59].
En , dans un article titré « Quand le maire se félicite d'avoir menti… », le site du Parisien a publié une déclaration où Jean-Christophe Lagarde reconnaissait avoir caché la construction d'une mosquée à Drancy, pour éviter des tensions[60]. L'intéressé est revenu sur le sujet en 2008, dans son ouvrage Les Hypocrisies françaises (Le Cherche midi), où il argumente sur la nécessité pour l'État de « trouver la place de l'islam en France », afin d'éviter que cette religion ne soit une arme aux mains d'États étrangers, et dénonce ce qu’il appelle « les blocages et les illogismes de la société française ». Il a affirmé en 2010 qu'il n'avait pas « caché » la construction de la mosquée, mais « simplement voulu éviter d'en faire un symbole ou un sujet de polémique. […] Ayant tenu la presse à l'écart […], je me suis attiré ce titre vengeur et fallacieux du Parisien car ils n'avaient pas aimé ne pas être les premiers informés[61]. »
Fin , un numéro de l'émission télévisée Pièces à conviction dénonce la gestion de la ville de Drancy par Jean-Christophe et Aude Lagarde. Selon le conseiller municipal d'opposition Hacène Chibane, les associations sont pour les deux maires « le bras armé pour tenir la ville », au moyen de subventions[62]. Ces pratiques auraient selon ses opposants également été constatées dans la mairie voisine de Bobigny (passée à l'UDI après une domination communiste de plusieurs décennies), afin de renforcer l'assise électorale de Jean-Christophe Lagarde[63].
Le 13 février 2020, Jean-Christophe Lagarde publie un communiqué de presse en réponse au journal Le Point après la publication d’un dossier consacré au « communautarisme » illustré par la photographie du député. Il utilise alors une citation du ministre de la propagande nazi, Joseph Goebbels, en mentionnant clairement le nom de son auteur[64],[65].
Début 2020, il est l'objet d'un livre de la journaliste de l'AFP Ève Szeftel, intitulé Le Maire et les Barbares, une enquête sur le clientélisme à Bobigny qui le met en cause. Selon elle, le député aurait eu recours à des méthodes clientélistes, impliquant des personnes condamnées par la justice ou des responsables religieux[66]. L'intéressé s'en défend[67].
↑Deux autres députés, Bruno Bourg-Broc et Roland Chassain, membres de l'UMP, votent également contre lors de ce scrutin mais ont déclaré a posteriori avoir voulu voter pour.
↑Sylvia Zappi et Abel Mestre, « Jean-Christophe Lagarde, itinéraire d’un centriste façon "Seine-Saint-Denis style" », Le Monde, (lire en ligne, consulté le 18 avril 2019) .
↑« En cas d’élection de Wauquiez, Lagarde (UDI) ne veut « plus d’alliance » avec Les Républicains », Le Monde.fr, (ISSN1950-6244, lire en ligne, consulté le 8 décembre 2017)
↑Catherine Fournier, « Nouveau centre: Jean-Christophe Lagarde visé par deux plaintes », [[20 Minutes (France)|]], 12/11/2010 mis à jour le 29/1/2014 (lire en ligne, consulté le 11 mars 2021)« Alors que le centriste Jean-Christophe Lagarde est cité parmi les potentiels entrants au gouvernement à l’occasion du remaniement, le député-maire de Drancy (Seine-Saint-Denis), fait l’objet de deux plaintes pour «complicité de prise illégale d’intérêts» et «détournement de fonds publics ».
↑ a et b« Le député Jean-Christophe Lagarde rattrapé par la justice », Le Parisien, édition de Seine*-Saint-Denis, (lire en ligne, consulté le 8 avril 2013).
↑« Drancy : la justice blanchit Jean-Christophe Lagarde », Le Parisien, édition de Seine-Saint-Denis, (lire en ligne)« La Cour d'appel de Paris a confirmé ce lundi la relaxe de Jean-Christophe Lagarde ».
↑AFP, « Jean-Christophe Lagarde perquisitionné chez lui et à la mairie de Drancy en février : Les perquisitions au domicile du président de l'UDI et à la mairie de Drancy ont été réalisées dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics. », L'Express, (lire en ligne, consulté le 11 mars 2021).
↑Jean-Michel Decugis, Alexandre Arlot et Gaëtane Bossaert, « Jean-Christophe Lagarde, le patron de l’UDI, en garde à vue pour détention d’armes : Le député a été interpellé en possession de plusieurs armes dans la nuit de mercredi à jeudi à son domicile de Drancy (Seine-Saint-Denis) », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le 11 mars 2021).
↑Guillaume Biet, « Le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde en garde à vue : Selon les informations d'Europe 1, le député de Seine-Saint-Denis et président de l'UDI a passé la nuit en garde à vue à Bobigny après avoir été interpellé à son domicile en possession d'armes non déclarées », Europe 1, (lire en ligne, consulté le 11 mars 2021).
↑« Quand le maire se félicite d'avoir menti… », sur Le Parisien.fr, : « Oui, je vous ai volontairement caché que ce serait une mosquée. Je voulais montrer la normalité d’un tel projet. Contrairement à tous ces maires qui annoncent dans les médias qu’ils veulent une mosquée, moi, je l’ai […] Je n’ai pas voulu l’annoncer à la population car cela aurait forcément créé des tensions. ».