Germain Muller et Jacques Martin à Strasbourg en 1978.
Fils de Joannès Martin, industriel, et de Germaine Ducerf, Jacques Martin est élevé chez les jésuites, notamment parce qu'il est souvent renvoyé pour son indiscipline. Son père joue de sept instruments et cette passion pour la musique, ainsi que celle de la cuisine, l'accompagneront toute sa vie. Il s'oriente d'abord vers le théâtre et, à partir de 1949, il suit les cours de Charles Dullin.
Il commence sa carrière à la télévision sous le pseudonyme de Ducerf à Télé-Strasbourg, devenue France 3 Alsace où il anime dans les années 1950 l’émission Pas très show, puis en 1961, Trois petits tours et Deux petites notes à la clé.
À Strasbourg, il fait aussi partie de la troupe du cabaret satirique alsacien de Germain Muller, Le Barabli, entre 1959 et 1962. Par amitié pour Germain Muller, il participera au dernier spectacle du Barabli, lors du réveillon du Nouvel An 1989[1].
Au début des années 1960, il se lance dans la chanson, comme compositeur et chansonnier dans des émissions comiques avec Jean Yanne, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, notamment pour un disque de parodies des Élucubrations d'Antoine enregistré avec Jean Yanne : Les Émancipations d'Alphonse, Les Revendications d'Albert, Les Pérégrinations d'Anselme, et les Préoccupations d'Antime (1966).
Carrière dans le spectacle
Jacques Martin se produit aussi comme chanteur, assurant notamment la première partie de Jacques Brel à l'Olympia, montant un spectacle associant chansons et parodies à Bobino et participant à l'émission Le Palmarès des chansons. Il compose des chansons, écrit une comédie musicale, Petitpatapon, en 1968, qui se solde par un échec, avant de s'essayer à la réalisation de films avec Na ! en 1973. Il fait aussi l'acteur dans Erotissimo (1968), Sex-shop (1972), Le Rescapé de Tikéroa (Jean L'Hôte, 1983) et La Passante du Sans-Souci (1982). En 1978, il enregistre avec Jane Rhodes et Rémy Corazza une version de l'opérette La Belle Hélène sous la direction d'Alain Lombard dans laquelle il incarne le roi Ménélas, époux d'Hélène.
Carrière télévisuelle
Repéré par Jacques Chancel en 1964, il rejoint l'ORTF et crée avec Jean Yanne l'émission 1 = 3 qui connaîtra un grand succès populaire. Ils y interprètent notamment des parodies de grands événements historiques. Leur sketch représentant Napoléon et ses maréchaux sous forme de cyclistes du Tour de France lui vaudra d'ailleurs un procès, des menaces de licenciement et surtout la fin prématurée de l'émission. Ils sont renvoyés, Jean Yanne parce qu'il est considéré comme trop littéraire et Martin, pas assez[2].
En 1968, il présente la cérémonie de remise des prix du festival de Cannes, puis anime avec Danièle GilbertMidi-Magazine en 1968 et 1969 qui change de titre pour devenir Midi chez vous, de 1969 à 1971. Au cours d'une de ces émissions, il invite le ministre des Finances de l'époque, Valéry Giscard d'Estaing, qui accepte de jouer de l'accordéon. Il anime au cours de l'année 1971, à diverses reprises, Le Show Jacques Martin. Au cours de l’été 1972, il présente une émission de variétés intitulée Gentil coquelicot dans laquelle il rencontre Danièle Évenou, qui présente l'émission avec lui.
De à , il coprésente aux côtés d'Évelyne Pagès l'émission de variétés intitulée Taratata (à ne pas confondre avec l'émission Taratata ultérieure présentée et produite par Nagui) réalisée par Bernard Lion[3] — l'émission propose des prestations de chanteurs entrecoupées de sketchs.
En , Jacques Martin lance l'émission satirique Le Petit Rapporteur, une parodie de journal télévisé programmée chaque dimanche sur TF1. Des tensions avec des membres de son équipe et un projet de film avec le producteur Carlo Ponti font qu'il arrête l'émission le [4]. En 1977 à la demande de Marcel Jullian, Jacques Martin vient sur Antenne 2 et reprend le principe de son émission avec La Lorgnette (1977-1978). Parallèlement, il anime avec Jean Yanne une émission radiophonique quotidienne sur RTL.
En 1977 et 1978 il crée et présente une série d'émissions pour les dimanches d'Antenne 2, sous le titre Bon Dimanche où s'enchaînent divers programme : Ces messieurs nous disent - jeu présenté par Pierre Tchernia, Jacques Rouland et José Artur, L'école des fans coprésentée avec Stéphane Collaro (concept qui sera repris dans Dimanche Martin), Contre Ut, Le Grand Album et Musique and Music, émission de variétés diffusée en soirée à 20 h 30.
L'émission dominicale la plus renommée de Jacques Martin fut L'École des fans, créée le , dans laquelle des enfants viennent interpréter les chansons d'un invité. Les passages obligés de cette émission ont marqué les esprits et les caricaturistes : les enfants notant leur prestation et Jacques Martin interpellant les parents dans la salle où le père de l'enfant est souvent armé d'un caméscope et qui filme le passage sur scène.
Après une pause de deux ans, pendant laquelle il anime quotidiennement une émission sur Europe 1 (La vie en or, émission-jeu pendant la saison 1978-79 puis Showtime, magazine d’actualité culturelle en 1979-80), il revient à la télévision en 1980 avec un programme pour enfants intitulé Dessine-moi un mouton.
Antenne 2 lui propose alors de reprendre l'antenne du dimanche. Son programme Dimanche Martin, enregistré en public chaque samedi au théâtre de l'Empire à Paris, est diffusé chaque dimanche après-midi sur cette même chaîne et reprend le principe de Bon Dimanche en mêlant humour, variétés, spectacles et reportages dans plusieurs émissions qui s'enchaînent : Entrez les artistes, un magazine culturel animé avec Daniel Patte, Incroyable mais vrai !, qui est remplacé en 1983 par un jeu télévisé Si j'ai bonne mémoire, en 1985 un autre jeu Tout le monde le sait lui-même remplacé par Le monde est à vous de 1987 à 1997, et en dernière saison par Sous vos applaudissements (1997). L'École des fans, Les Voyageurs de l'histoire, Thé dansant, et Ainsi font, font, font, qui vit les débuts de Laurent Gerra, Virginie Lemoine, Laurent Ruquier, Julien Courbet et Laurent Baffie.
Le , il apprend la décision de France 2 d'arrêter à la fin de la saison son programme du dimanche dans l'émission Sous vos applaudissements; on lui annonce aussi que l'animateur Michel Drucker le remplacera à son programme du dimanche, avec son émission Vivement dimanche et Vivement dimanche prochain. Il est victime dans la nuit d'un accident vasculaire cérébral qui le laisse partiellement paralysé et l'oblige à interrompre ses émissions. Son ami Jean-Claude Brialy le remplace alors au pied levé jusqu'à la fin de la saison[6], période où les émissions ne seront pas reconduites. À la fin de l'année 1998, il refuse l'aide de l'association La Roue tourne, de Janalla Jarnach, association qui vient en aide aux artistes déchus du monde du spectacle, à la suite, par exemple, d'une maladie.
Après avoir participé épisodiquement à des émissions de radio et de télévision (en 2003, il est par exemple invité par Laurent Ruquier sur le plateau du prime d'On a tout essayé pour rendre hommage à Jean Yanne), il se retire dans sa maison de Neuilly, puis, sa santé se dégradant, dans une résidence médicalisée à Courbevoie.
Mort
En , il s'installe à l'hôtel du Palais, à Biarritz[8], ville où il meurt le d'un cancer généralisé[9]. Le jour même, la plupart des grandes chaînes de radio et de télévision françaises modifient leur programme pour lui rendre hommage et évoquer sa carrière[10].
Ses obsèques sont célébrées le en la primatiale Saint-Jean de Lyon, en présence de ses proches, enfants, épouses successives et de nombreuses personnalités du gouvernement et du monde de la télévision et du spectacle[11]. Nicolas Sarkozy, alors président de la République, est absent aux obsèques.
Fin cuisinier, Jacques Martin est le petit-fils de Joannès Ducerf, chef de cuisine du tsar Nicolas II de Russie, qui tiendra également le célèbre restaurant de LyonL'Universel. Jacques Martin est père de huit enfants et s'est marié trois fois.
Avec sa première épouse, Annie Lefèvre, il a eu deux enfants : David, né en 1961, cuisinier et présentateur d'émissions télévisées, et Élise, née en 1965.
Il épouse, le , Cécilia Ciganer-Albeniz. Le mariage, à la mairie de Neuilly-sur-Seine, est célébré par le maire de l'époque, Nicolas Sarkozy, qui épousera la mariée quelques années plus tard. Ils ont deux filles : Judith (née en 1984) et Jeanne-Marie (née en 1987).
Le , Il épouse Céline Boisson, de trente-sept ans sa cadette, rencontrée sur le plateau du Monde est à vous dont elle est l'une des hôtesses. Elle est la mère de ses deux derniers enfants, Juliette et Clovis, nés en 1994 et 1999.
Aussi bien Pierre Bonte que Danièle Évenou mentionnent son talent et son perfectionnisme, mais aussi son caractère parfois difficile et colérique.
Bilan médiatique
Parcours à la radio
1977-1978 : animateur d'une émission quotidienne sur RTL avec Jean Yanne
1978-1979 : animateur de l'émission-jeu quotidienne La Vie en or sur Europe 1
1979-1980 : animateur du magazine culturel quotidien Showtime sur Europe 1
1977-1998 : sociétaire régulier des Grosses Têtes sur RTL
1994-1996 : animateur du magazine hebdomadaire Escales sur France Culture
2001 : participant régulier à On va s'gêner sur Europe 1
1961 : Sonorama N°35 - Novembre : Jacques Martin Présente La Revue De Fin D'Année
1963 : Fernand Raynaud : Et v’lan passe-moi l’éponge (Jean Baïtzouroff - Jean Yanne - Jacques Martin - Fernand Raynaud) - Orchestre dirigé par Jean Baïtzouroff
1964 : Le rugbyman, En douceur, Waterloo Waterloo
1965 : Eddie Barclay et Jacques MartIn : Méfiez-vous de ce disque
1966 : Jean Yanne et Jacques Martin: Explosif : Les émancipations d’Alphonse (Jean Yanne), Les pérégrinations d’Anselme (Jacques Martin), Les préoccupations d’Antime (Jacques Martin), Les revendications d’Albert (Jean Yanne)
1967 : Écoutez ce rond rouge : Jacques Martin découvre les stations au rond rouge. Disque-jeu concours publicitaire pour la marque au "Rond rouge", c'est-à-dire "Elf"
1968 : Référendum la banque de demain : Disque publicitaire édité pour la "Banque populaire", faisant le compte rendu d'une campagne publicitaire radiophonique avec Michel Cogoni, Maurice Favières, Sophie Garel, Rosko et Jacques Martin
1968 : Et voilà pourquoi je suis syndiquée, Noire sur blanche, Savez-vous gagner des sous ?, Tout va bien
1968 : A l'Olympia : J'ai Eté Détourné, Chanson Suisse, Le Beau Jacques Martin, Paris Tu Seras Toujours Mon Paris, Tous... Mes Amis, Un Peu De Violon, Old Man River, Savez-vous Planter Les Choux?, Olympia Story
1968 : Petipatapon, chanté par Jacques Martin, Vetty et Catherine Franck : A Quatre Heures Du Matin, C'est Pas D'ma Faute Si Que J'suis Bête, Ah ! C'quon S'amuse Ici, Bonsoir La Nuit, Le Commissariat, J'ai Peur Devant Toi, Il Pleut Sur Mes Lunettes, Partons En Goguette, Nous Les Filles De La Grand'ville, Je N'avais Qu'un Cœur, J'préfère Mes 18 Ans, Une Histoire Comme Au Ciné
1969 : Vetty : Johnny (si tu viens à Saint-Étienne) (Jacques Martin - Jean-Pierre Bourtayre) / Un beau matin (Jacques Martin - Jean Baitzouroff) (Chanson officielle du Lichtenstein pour le grand concours eurovision de la chanson 1969)[13]- Accompagnée par Jacques Denjean & ses rythmes
1970 : Adieu petite fille, Deux ou trois mots
1973 : Jacques Martin chante la musique du film Na : Na...Na...Na..., Avec Des Mots Et Des Fleurs, El revolution
1974 : Enregistrement Public à Bobino : Chut ! Il Dort..., Vivre Heureux !..., Les Bretons, La Médaille Du Travail
1975 : La bonne cuisine, Le sexe
1975 : La bonne cuisine, Le sexe, L'humilié, L'aviation, Mon métier d'abord
1975 : Paris populi : Le Paris d’Offenbach, Caf’ Conc’, Caf' Conc’ et Boxe Française, L’Avant-Guerre, On S’Débrouille - Musique de Francis Lemarque
1976 : Je demande Melle Angèle (porte 1 à 7) (l’Insoutenable, Cantate Wip 736 opus 45), Je demande Melle Angèle (porte 8 à 14) (l’Insoutenable, Cantate Wip 736 opus 45), Je demande Melle Angèle (porte 15 à 21) (l’Insoutenable, Cantate Wip 736 opus 45), Je demande Melle Angèle (porte 22 à 28) (l’Insoutenable, Cantate Wip 736 opus 45). Avec Stéphane Collaro, Pierre Desproges, Daniel Prévost, Pierre Bonte et Piem. Contient deux 45 tours. La chanson se termine au numéro 28.
1977 : Bon dimanche : Bon dimanche (Jacques Martin - Pierre Porte) - Orchestre dirigé par Pierre Porte
1978 : Jacques Martin chante : Dans la vie faut pas s'en faire, Noël pour tous, Venez divin messie, La bonne prière, Soirée de prince, Si le roi savait ça, Les lunettes, Pauvre artiste, Le piano de la plage, Clémentine
1982 : Jacques Martin et Charles Level chantent et présentent "Thé dansant" : Marie la Française, La Chansonnette
1982 : Jacques Martin et Charles Level "Thé dansant" vol 1 : Rossignol, L' Enfant de la balle, Marie la Française, Si jolie, Si, Mon faible cœur, La Chansonnette, Domino, La Seine, Tant que nous nous aimerons, Paris bohême, Le Musicien
1982 : Jacques Martin chante Les Aristochats : Voilà les aristochats, Tout le monde veut danser le cat
1983 : Angelo en duo avec Angelo
1983 : Les Grandes voix de l’opérette : Présentation : Jacques Martin
1983 : Les Musiciens de la joie de vivre : Présentation : Jacques Martin
1984 : Les Voix d’or de la chanson : Présentation : Jacques Martin
1984 : Super thé dansant - Le Charme des années 50 : Présentation : Jacques Martin
1984 : Mireille Mathieu – Extraits Du Coffret Ma Vie Est Une Chanson : Présentation : Jacques Martin
1985 : Jacques Martin Chante Pour Sa Maman : Les Vieilles De Chez Nous, Le Mouchoir Rouge De Cholet, Absence, Si Tu Le Veux, Trois Anges Sont Venus, Complainte De Mandrin , L'Anneau D'Argent, Deux Ou Trois Mots, La Petite Église, Les Petits Pavés, Le Coffret (La Fête Des Morts), Envoie Les Fleurs
1989 : La Révolution Française par les chansons de la rue et du peuple : Jacques Martin : Or écoutez petits et grands, C'est aujourd'hui le plus beau jour, Français enfin vous triomphez
1978 : Musique And Music Special Gainsbourg : Jacques Martin : En Relisant Ta Lettre. Enregistré le , Paris, réalisateur Dirk Sanders. 50 min
1989 : Jacques Martin conte la musique aux enfants : Découverte d'un orchestre pour jeunes personnes (Benjamin Britten), Le carnaval des animaux (Camille Saint-Saëns) - Présentation : Jacques Martin - Ensemble Orchestral de Normandie dirigé par Jean-Pierre Berlingen - Avec : Carole Marcade, Bruno Simon, Marie-Pierre Basset, Boris Sagit - Réalisation : Jean Dupont, Jean-Claude Jean
1996 : Les années opérette : Jacques Martin - Chic à Chiquito
2008 : Le meilleur de Jacques Martin : extraits d'émissions télévisées (5h35)