Naissance |
Saint-Lary, Gers (France) |
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Nationalité |
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Domaines | Science-fiction, cosmologie, vulgarisation scientifique |
Diplôme |
Igor : doctorat en physique théorique ; Grichka : Institut d'études politiques de Paris, 1974 ; doctorat en mathématiques appliquées |
Renommé pour | Émissions de télévision (Temps X), ouvrages et travaux sur la vulgarisation scientifique |
Igor et Grichka Bogdanoff (ou Bogdanov[note 1],[note 2]), nés le à Saint-Lary (Gers), sont des frères jumeaux français, animateurs, producteurs de télévision et essayistes, s'étant illustrés, depuis les années 1970, dans les domaines de la vulgarisation scientifique, de la cosmologie et de la science-fiction.
La valeur scientifique de certains de leurs travaux est régulièrement remise en question par une grande partie de la communauté scientifique. Ils suscitent aussi la curiosité du grand public du fait de leur personnalité, de leurs origines familiales et de leur aspect physique.
L'enfance atypique et l'ascendance singulière des frères Bogdanoff, additionnées au manque de sources crédibles et au mystère qu'entretiennent les Bogdanoff sur leurs personnes font que ce qui suit est à prendre avec précaution. Des recoupements de sources et de témoignages a priori fiables permettent tout de même d'établir un portrait de famille vraisemblable.
Igor Yourévitch Ostasenko-Bogdanoff et Grégoire Yourévitch Ostasenko-Bogdanoff, dit « Grichka »[note 3],[3],[4],[5],[6], jumeaux dizygotes[7], sont nés le à Saint-Lary, dans le Gers, de Youra[note 4] Mikhaïlovitch Ostasenko-Bogdanoff (28/01/1928-04/08/2012), artiste peintre russe d'ascendance agnatique tatare dont certains ancêtres auraient reçu le titre de « prince Bogdanoff »[note 5], et de « Maya » Maria Dolores Franzyska Kolowrat-Krakowská (28/02/1926-12/05/1982)[8]. Igor, l'aîné, est né 40 minutes avant Grichka[9],[10].
Leur père, Youra[note 4] Mikhaïlovitch Ostasenko-Bogdanoff, est né le à Saint-Pétersbourg (alors Léningrad) en URSS, de Mikhaïl Borisovitch Bogdanoff[note 6] et d'Anna von der Osten-Sacken, comtesse Ostasenko[Quoi ?][note 5],[11].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le père de Youra, Mikhaïl Bogdanoff, est arrêté par le NKVD alors que ses enfants sont en bas âge. Youra, alors âgé de 12 ans, fuit la Russie en 1940 (durant le blocus de Léningrad, il se trouve dans la ville voisine de Pavlovsk), et se rend à Madrid, en Espagne, où, désormais réfugié politique, il est recueilli et élevé par le prince géorgien Irakli Bagration-Mukhraneli (en) (1909-1977) qui le présentera à la famille de sa future épouse française, d'origine tchèque, Maya Kolowrat-Krakowská[note 5].
Les Bogdanoff descendraient d'une ancienne famille tatare remontant au début du XVIIe siècle, originaire de Penza, de religion musulmane, mais dont une branche se serait convertie à l'orthodoxie, conversion montrant l'exemple et récompensée par un titre de prince, selon un décret du tsar Fédor III, et dont ont bénéficié plusieurs familles de mourza tatars. Cependant, tous les descendants de telles familles ne réussissent pas à user de ce droit, et le titre de « prince Bogdanoff » se perd rapidement : dès la fin du XIXe siècle, plus aucun des descendants des princes Bogdanoff ne fait valoir ses droits au titre, c'est la raison pour laquelle la famille Bogdanoff, comme d'autres familles, n'est plus mentionnée dans les publications officielles des familles et personnes titrées de l'empire de Russie[note 7],[note 8].
Youra Bogdanoff est mort à l'âge de 84 ans le à Saint-Lary[12],[13].
Leur mère, « Maya » Maria Dolores Franzyska Kolowrat-Krakowská (28/02/1926-12/05/1982)[8], est la fille naturelle de l'aristocrate autrichienne d'origine tchèque Bertha Henriette Katharina Nadine Kolowrat-Krakowská (cs) (21/06/1890-29/01/1982) (dite « Berthie »)[14],[15], à l'époque mariée et comtesse von Colloredo-Mannsfeld. Le père serait Roland Hayes[16] (03/06/1887-01/01/1977), chanteur d'opéra noir américain, avec qui la comtesse aurait eu une liaison[8],[note 5],[7],[17],[11],[18].
Les frères Bogdanoff ont raconté à plusieurs reprises l'histoire de leur grand-mère maternelle[8],[7] : en 1925, Bertha Kolowrat-Krakowská est l'épouse du comte Hieronymus von Colloredo-Mannsfeld (03/11/1870-29/08/1942) depuis 1909, et dont elle a quatre fils. Organisatrice de manifestations culturelles et sportives pour l'aristocratie autrichienne, elle fait venir le chanteur d'opéra noir américain Roland Hayes pour un concert donné au château de Schönbrunn. À la suite de sa liaison avec ce dernier, la comtesse se retrouve enceinte, divorce[19] et fuit l'aristocratie viennoise et le scandale pour accoucher en Suisse, à Bâle. Sa fille Maya ne sera pas reconnue par son père[note 9]. Elle s'installe ensuite en France, dans le Gers, où elle achète un château à Saint-Lary qu'elle restaure et où elle va élever sa fille, organiser des réceptions mondaines et mener grand train[8],[7],[11].
Vers 1948, la fille de Bertha Kolowrat-Krakowská, Maya, épouse Youra Bogdanoff dont elle est enceinte. Ils auront six enfants : Igor, Grichka, François, Laurence, Géraldine et Véronique Ostasenko-Bogdanoff[8],[12],[13],[7],[17],[11].
Maya Kolowrat-Krakowská meurt à l'âge de 56 ans, le 12 mai 1982, d'un cancer des os[8].
Igor Bogdanoff a un fils naturel avec la comédienne Geneviève Grad :
Il a ensuite épousé, le à Paris, Ludmilla d'Oultremont (née le à Marseille, fille du comte Marc-Antoine d'Oultremont et de la comtesse Maria-Theresia von Gallen), de qui il a deux filles et un fils :
Divorcé en 1994, il se remarie le à Paris avec l'écrivaine Amélie de Bourbon-Parme (née le à Paris, fille naturelle du prince Michel de Bourbon-Parme et de Laure Le Bourgeois) au cours d'une cérémonie civile le au château de Chambord[23]. Ils ont ensemble deux fils :
Séparé d'Amélie de Bourbon-Parme, Igor Bogdanoff a une relation avec Julie Jardon, mannequin et étudiante en neurosciences, de 44 ans sa cadette. Leur relation, tenue secrète plus de deux ans, sort au grand jour début 2017[24],[25],[26],[27]. Cependant ils se séparent en novembre 2017, Julie Jardon mettant un terme à leur relation, « déçue qu'Igor n'ait pas tenu sa promesse de divorcer de son épouse, Amélie de Bourbon-Parme »[28]. Quelques jours plus tard, Igor Bogdanoff est placé sous contrôle judiciaire pour s'être introduit chez son ex-petite amie[29].
Grichka Bogdanoff est célibataire et n'a pas d'enfant[22].
Enfants, Igor et Grichka Bogdanoff sont principalement élevés par leur grand-mère maternelle, Bertha Kolowrat-Krakowská (cs), qu'ils surnomment « Istène »[7],[18], « Issten »[8] (de l'allemand Was ist denn? : « qu'est-ce qu'il y a ? », sous-entendu « qu'est-ce que tu as encore fait ? »), en son château de Saint-Lary. Avec leur grand-mère, polyglotte (elle parle douze langues), et leurs parents Youra et Maya, les jumeaux parlent d'abord allemand, puis français, russe et anglais. Le château accueille des domestiques et des ouvriers de toutes nationalités et de toutes langues, avec lesquels les jumeaux vivent et parlent, ce qui leur permet de devenir très vite polyglottes[7].
Jusqu'à l'âge de neuf ans, Igor et Grichka Bogdanoff partagent leur temps entre leurs préceptrices[7] et les ouvrages en français, russe, allemand ou anglais de la bibliothèque familiale, où naît leur passion pour l'astronomie. Une passion qu'ils s'empressent ensuite de partager avec leurs camarades de dortoir à l'école privée de Sorèze, dans le Tarn, en 1960-61[30]. Toutes les nuits, ils sortent de l'école en cachette pour aller regarder les étoiles[11].
Igor et Grichka Bogdanoff affirment avoir eu leur baccalauréat à l'âge de 14 ans[7]. En 1972, ils quittent le Gers pour Paris[7].
Pilotes de planeur à l'âge de quinze ans, puis d'avion et d'hélicoptère, ils ont la passion de tout ce qui vole[31]. Igor est un passionné d'hélicoptère et revendique, en 2010, 4 000 heures de vol[32] ; il sera toutefois condamné à une amende, en 2014, pour « faux en écriture privée » concernant son carnet de vol d'hélicoptère (et déclare vouloir faire appel de cette décision[33],[34]).
En 1976 paraît leur livre, Clefs pour la science-fiction. Roland Barthes a rédigé une préface élogieuse pour leur ouvrage : « Leur livre est empreint d'une bienveillance profonde — profonde en ce qu'elle remonte à une certaine idée du bonheur : fidèles à leurs illustres devanciers, les Dioscures, dieux du Voyage et de l'Hospitalité, les frères Bogdanov ont fait de la science-fiction un être harmonieusement jumeau, où c'est le voyage lui-même qui est hospitalier »[35]. Cette préface paraît finalement dans La Quinzaine littéraire.
Les jumeaux ressentent un besoin de communiquer leurs passions. En , Grichka téléphone à plusieurs reprises à la direction de TF1, jusqu'à ce qu'on lui passe Yves Mourousi, qui présente à l'époque le journal de 13 heures. Le lendemain, ils sont sur le plateau du journal télévisé pour présenter leur livre Clés pour la science-fiction. Emballé par le numéro des jumeaux, Yves Mourousi leur propose d'animer, dans son émission dominicale Bon appétit, une séquence consacrée aux robots et aux extraterrestres. Leur carrière est ainsi lancée : c'est le tremplin qui débouchera plus tard, en , sur Temps X[7],[11].
Igor Bogdanoff est titulaire d'un diplôme d'études approfondies (DEA) en sémiologie et d'un doctorat en physique théorique.
Grichka Bogdanoff est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences-Po) et d'un doctorat en mathématiques[36].
À partir des années 1990, les frères Bogdanoff se consacrent à un doctorat sur la cosmologie primordiale. Leur directeur de thèse, Daniel Sternheimer, indique[37] qu'ils se sont inscrits en 1991 à l'université de Bordeaux I pour réaliser un doctorat sous la direction de Gabriel Simonoff.
Daniel Sternheimer évoque « des interventions effectuées auprès du directeur de thèse d'alors, puis des autorités de l'université Bordeaux I, incitant au non-renouvellement de leur inscription ». À la suite de ce que Daniel Sternheimer présente comme « une inadmissible censure a priori »[38], les frères Bogdanoff, n'étant plus les bienvenus à Bordeaux, trouvent un nouveau directeur, Moshé Flato, à l'université de Bourgogne. À la suite du décès de ce dernier en 1998, c'est son confrère et ami, Daniel Sternheimer, qui accepte de les encadrer jusqu'à leurs soutenances respectives qui ont lieu le même jour en 1999. À l'issue de ces deux soutenances, Grichka se voit attribuer le titre de docteur « sous condition de revoir son manuscrit[39] » « sous la supervision de trois membres du jury »[38] ; Igor, lui, est recalé.
Igor obtient son doctorat trois ans plus tard, après avoir soutenu, le 8 juillet 2002, une nouvelle thèse avec un nouveau jury[40]. Cette année-là, les deux frères publient leur deuxième article dans une revue scientifique. Entre 2001 et 2003, ils publient en tout cinq articles dans des revues à comité de lecture[38], dont deux à facteur d'impact notable, Annals of Physics et Classical and Quantum Gravity.
Leurs thèses sont :
En 2005, les frères Bogdanoff auraient occupé une chaire de cosmologie à l'université Megatrend de Belgrade[43], université privée spécialisée en commerce.
Les frères Bogdanoff commencent leur carrière télévisuelle dans l'émission d'Antenne 2 Un sur cinq, animée par Patrice Laffont. Ils y tiennent une rubrique sur la science-fiction, à la suite de la parution de leur premier livre Clefs pour la science-fiction. Après l'arrêt de l'émission, les Bogdanoff quittent Antenne 2 pour TF1.
On retrouve ensuite les Bogdanoff le avec l'émission Temps X, sur TF1. Cette émission, programmée jusqu'au , mêle science, science-fiction et culture populaire et devient culte au fil des années[44]. Les frères Bogdanoff y sont mis en scène, habillés de combinaisons futuristes et évoluant dans un décor de vaisseau spatial. C'est le premier magazine télévisé de science-fiction en France[45]. Les téléspectateurs peuvent y découvrir notamment des séries fantastiques, dont certaines sont à l'époque inédites en France (ou diffusées de manière lacunaire), par exemple La Quatrième Dimension, Le Prisonnier, Star Trek, Cosmos 1999, Au-delà du réel, Doctor Who, Les Envahisseurs. Sont également proposés des extraits de films culte de science-fiction comme La Mouche noire. L'émission fait participer de futures célébrités, comme Franck Dubosc en pilote de vaisseau, ou Frédéric Beigbeder, interrogé à treize ans sur la science-fiction[45].
Du côté des sciences, le magazine traite aussi bien des concepts les plus sérieux tels que la spéculation ou les pseudo-sciences, ou sensationnels tels que les OVNI, la théorie des anciens astronautes, la vie extraterrestre ou l'archéologie fantastique[45]. En futurologie, les frères Bogdanoff évoquent, dès 1980, l'Internet Configuration Control Board (ICCB, créée en 1979[46]), la création d'un réseau mondial qu'ils baptisent eux-mêmes « Internex »[45] quelques mois après sa création. Si l'entreprise est jugée enthousiaste, attachante et artistique trente ans plus tard par le quotidien Le Figaro, elle est aussi considérée par celui-ci comme approximative et imprécise[45].
Parallèlement, Igor et Grichka Bogdanoff assurent la production et la présentation de deux autres magazines scientifiques sur TF1 : 2002 – L'Odyssée du Futur en 1982 (mensuel programmé à 20 h 30) et Futur's chaque jeudi à 22 h 30 à partir du [47].
Après une interruption de leur activité télévisuelle d'une dizaine d'années pour effectuer des études (voir ci-après), les frères Bogdanoff retrouvent la télévision en 1999, sur la chaîne 13e rue avec le magazine hebdomadaire Projet X 13, puis sur France 2 où ils présentent, à partir de 2002, le court programme hebdomadaire Rayons X. Ce magazine scientifique a la particularité d'être présenté par les répliques virtuelles des deux animateurs, procédé qui repose sur une technologie d'imagerie 3D. La thématique de cette émission, composée de programmes courts quotidiens (deux minutes) et de « spéciales » diffusées quatre fois par an, repose essentiellement sur les évolutions scientifiques et technologiques qui caractérisent le monde moderne.
En 2006, ils sont les vedettes d'une série d'annonces publicitaires pour Club Internet, diffusées sur plusieurs chaînes télévisées françaises.
Le , les frères Bogdanoff présentent sur la chaîne Sci-Fi une soirée spéciale autour du lancement de la série inédite d'anticipation Century City.
Le , ils démarrent une nouvelle émission baptisée Science X sur France 2. L'émission reçoit des critiques mitigées. Au lendemain de la première diffusion, la journaliste Charlotte Moreau du Parisien estime que « Science X est du jamais-vu à la télévision française » et que « l'amateur de vulgarisation scientifique en a pour tout son saoul »[48]. L'émission est, à l'inverse, très sévèrement critiquée par Pierre Vandeginste, journaliste scientifique, ancien du magazine La Recherche, qui estime, dans un article issu de son blog et repris par le journal en ligne Rue89[49], qu'elle propose un « contenu scientifique proche du zéro absolu ». La dernière émission est diffusée le . Le , France 2 annonce que leur émission est « suspendue de tournage » et que la chaîne souhaitait « renégocier le contrat » de ses présentateurs[50]. Les émissions Science X de janvier sont annulées au motif de l'audience jugée insuffisante (environ 8 % de parts de marché sur l'ensemble des cinq premières diffusions, soit une moyenne de 1,1 million de téléspectateurs), à une heure où l'audience compte beaucoup en raison des règles de diffusion de la publicité s'appliquant en 2009 (voir La réforme de France Télévisions). Leur émission fait son retour, renommée Science 2. Diffusée à partir du , elle se définit désormais comme l'émission de la découverte avec un spectre de thématiques plus large comme la santé, la nature, les nouvelles technologies. Elle est diffusée le samedi à 18 h 5, jusqu'au .
Ils reviennent en 2010, avec une série de cinq documentaires, intitulée À deux pas du futur, écrite et réalisée par Roland Portiche. Les émissions sont diffusées en seconde partie de soirée les lundis 23, et jeudi , puis rediffusées sur France 5 au cours de l'été 2011.
Le , ils participent à un sketch du duo d'humoristes Les Lascars Gays lors d'une émission spécial été d'On n'demande qu'à en rire présentée par Laurent Ruquier sur France 2[note 11].
Ils apparaissent de 2015 à 2016 dans l'épreuve de la Boyard Academy, dans le jeu télévisé Fort Boyard.
Depuis mai 2015, ils participent régulièrement à l'émission de radio Les Grosses Têtes sur RTL, animée par Laurent Ruquier.
En 2017, ils deviennent tous les deux chroniqueurs dans l'émission Touche pas à mon poste !, pour présenter une chronique scientifique.
En 2020, ils participent en tant que candidats à l'émission Mask Singer (saison 2), déguisés en perroquets.
À l'automne 2002, circule sur divers forums électroniques la rumeur que les articles des frères Bogdanoff seraient des canulars réalisés dans le domaine de la physique théorique, à l'instar de l'affaire Sokal, qui avait touché le domaine des sciences sociales. Cette rumeur de canular est très vigoureusement démentie par les deux frères, et donne l'occasion à leurs travaux d'acquérir une certaine visibilité. Malgré de nombreuses discussions entre les deux frères et divers scientifiques, notamment le physicien et mathématicien John Baez, le premier à avoir publiquement relayé la rumeur de canular, un consensus se dégage sur le fait que la qualité de ces travaux est extrêmement faible[51], comme en témoigne le très faible taux de citation de leurs travaux (voir ci-dessus), mais qu'il ne s'agit pas pour autant d'un canular[39]. Plusieurs examinateurs et rapporteurs des thèses prendront position, tels le mathématicien spécialiste des groupes quantiques Shahn Majid (en), indiquant que le niveau des travaux présentés est très faible[51].
À l'issue de cet épisode, ils publient un ouvrage, Avant le Big Bang, ayant pour but de donner leur version des événements de l'automne 2002. Cet ouvrage est vivement critiqué du fait qu'il comporte un nombre important d'erreurs élémentaires en mathématiques et en physique, et de nombreuses erreurs factuelles relevées par divers auteurs. Est également dénoncé le nombre très important de citations au départ critiques mais présentées de façon tronquée, et dont le sens se trouve très substantiellement modifié en leur faveur[39].
En , le magazine Marianne[52] publie un rapport interne du comité national du CNRS datant de 2003[53], portant sur les thèses de doctorat et les articles des frères Bogdanoff. En ce qui concerne Grichka, le rapport conclut : « En résumé, un des huit chapitres de cette thèse contient une construction de celles qu'on peut trouver dans un mémoire de DEA, voire de maîtrise, mais très mal écrit : les sept autres ne contribuent en rien aux mathématiques[53]. » Et pour Igor : « En résumé, l'ensemble des articles considérés ici ne répond à aucun critère de clarté, de précision et d'exactitude en vigueur en physique théorique. Ce manuscrit de thèse ne peut pas être qualifié de contribution scientifique[53]. »
À la suite de cet article, le directeur du CNRS reçoit les frères Bogdanoff et annonce dans un communiqué que le Comité national de la recherche scientifique (CoNRS) « n'a pas compétence pour juger si la procédure administrative d'attribution d'un doctorat a été ou non correctement appliquée. De même, conformément aux textes qui régissent son activité, il n'a jamais été demandé au CoNRS de remettre en cause la délibération d'un jury de thèse, qui reste souverain » et « que le CoNRS n'a jamais fait état de ce rapport interne ; à ce titre, il est regrettable que des éléments en aient été diffusés. En effet, ce rapport n'avait pas vocation à être rendu public[54],[55] ».
À la suite de la publication de ce rapport et par un jugement du 19 mai 2014, la 17e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris a condamné le magazine Marianne à verser aux frères Bogdanoff la somme de 64 000 euros à titre de dommages et intérêts. Selon une dépêche de l'AFP reprise par Le Figaro le 20 mai 2014[56], les juges ont souligné, à propos du rapport du CoNRS à l'origine de cette affaire, « l'absence de contradictoire dans le travail de la commission, la non-communication préalable aux intéressés, son caractère anonyme et l'absence de signature » qui aurait dû conduire le journal à une « particulière prudence quant aux propos accompagnant cette publication ».
Le 24 juillet 2019, le Conseil d’Etat rejette le pourvoi d’Igor et Grichka Bogdanoff contre le CNRS[57].
Selon Le Parisien, le mathématicien Shahn Majid (en) de l'université de Cambridge pense au contraire que la thèse des Bogdanoff « mérite le titre de docteur »[58]. Pour leur maître de thèse, Daniel Sternheimer, « toute la procédure a été conforme à la réglementation en vigueur, appliquée parfois avec sévérité »[58]. En revanche, selon Marianne, Shahn Majid affirme que ses propos n'ont pas été « rapportés fidèlement par les deux frères »[59].
Une polémique existe sur le fait que les frères Bogdanoff auraient revendiqué par deux fois des doctorats qu'ils n'avaient pas alors. En 1985, dans un entretien donné à Paris Match (« une erreur de retranscription de l'entrevue » selon les Bogdanoff[39]), puis en 1991 sur la quatrième de couverture d'un livre d'entretiens avec le philosophe Jean Guitton, ils sont présentés comme docteurs en astrophysique et en physique théorique[49] (ils plaident une erreur de l'éditeur, Grasset[39]).
Les frères Bogdanoff affirment que la constante cosmologique qui accélère le développement de l'espace-temps est trop bien réglée à 120 décimales derrière la virgule pour être hasardeuse. Ils avancent des thèses comme l'« instanton », désignant l'univers de l'ère de Planck concentré dans un objet mathématique où matière, énergie et temps seraient remplacés par de l'information[60] ; selon eux, « le hasard serait une absurdité, conformément aux théories de Ludwig Boltzmann et de Claude Shannon »[61].
Pour l'astrophysicien, Alain Riazuelo, dans le livre des frères Bogdanoff Le Visage de Dieu « se mélangent des choses vraies et relativement indiscutables avec les élucubrations pseudo-scientifiques des auteurs ». Il dénonce les références abusives du livre à la mission Planck, à laquelle il participe, alors que les Bogdanoff ne font pas partie des chercheurs qui y ont accès[62],[39]. Les frères Bogdanoff affirment être les victimes de la vindicte de la communauté scientifique à cause de leur « double casquette » de chercheurs et de personnages médiatiques, accusés à tort de défendre dans cet ouvrage la thèse du dessein intelligent. Alain Riazuelo est, selon eux, un de leurs plus acharnés détracteurs. Ils ajoutent que des deux scientifiques ayant postfacé leur livre, un seul, John C. Mather, astrophysicien prix Nobel de physique, s'est déclaré « un peu gêné » d'être associé à des théories qui seraient éventuellement créationnistes, tandis que l'autre, Jim Peebles, cosmologiste spécialiste du Big Bang, leur aurait dit de Riazuelo qu'« il voulait [les] disqualifier en [les] faisant passer pour des créationnistes »[39].
Par un jugement rendu le par la 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Alain Riazuelo est jugé coupable de « contrefaçon d'une œuvre de l'esprit au mépris du droit de l'auteur » et condamné à une amende délictuelle de 2 000 euros avec sursis ainsi qu'au versement d'un euro de dommages-intérêts à Grichka Bogdanoff pour avoir publié sans autorisation sur son site web un brouillon non officiel[63] de la thèse de Grichka Bogdanoff. Igor Bogdanoff a reconnu que « la violation du droit d'auteur était notre dernier moyen de le faire taire ».
En défense de l'astrophysicien et du droit à la critique scientifique, une web-pétition signée par 300 scientifiques est publiée sur le site de Ciel et Espace, revendiquant le droit pour la communauté scientifique de juger les travaux de ses membres « sans pression médiatique, policière ou judiciaire »[64].
Le 30 juin 2014, Igor Bogdanoff est condamné à une amende pour « faux en écriture privée ». L'affaire portait sur son carnet de vol d'hélicoptère « truffé de fausses heures et d'approximations » et portant mention de 5 000 heures de vol en partie sur des machines radiées ou dont l'immatriculation renvoyait à des appareils des services de police et des ambulances. Il déclarait, à l'époque, vouloir faire appel de cette décision[65].
Le , les frères Bogdanoff sont déboutés par le tribunal administratif de Paris de leur plainte envers le CNRS, à l'encontre duquel ils réclamaient 1 249 771 euros, et condamnés à verser à ce dernier 2 000 euros, non compris les dépens[66].
En juin 2018, les deux frères sont placés en garde à vue pour des soupçons d'escroquerie sur personne vulnérable et tentative d'escroquerie[67] puis mis en examen et placés sous contrôle judiciaire pour ces faits[68]. En mars 2020, le parquet de Paris requiert un procès pour « escroquerie aggravée » à l'encontre des frères Bogdanoff ainsi que d'un fils de diplomate franco-congolais[69].
Depuis les années 2000, les frères Bogdanoff suscitent la curiosité du fait du changement de la physionomie de leurs visages, devenus nettement plus anguleux au fil du temps (mentons, pommettes)[11]. Eux-mêmes revendiquent le fait d'avoir une « gueule d'extraterrestre »[70].
La cause de cette évolution physique n'est pas connue, ce qui a donné lieu à diverses rumeurs et hypothèses (le recours à la chirurgie esthétique ou la prise d'hormone de croissance pour lutter contre le vieillissement provoquant de l'acromégalie, etc.)[49],[note 12]. Interrogés à ce sujet par le présentateur de télévision Philippe Vandel qui leur demandait ce qu'ils avaient « fait à [leurs] têtes », les frères Bogdanoff ont répondu, en citant le cardinal de Retz : « On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment[71]. » Dans l'émission On n'est pas couché, la chroniqueuse Audrey Pulvar leur a reposé la question mais ils ont refusé de répondre[72].
Le 8 mai 2019, dans l'émission Touche pas à mon poste de Cyril Hanouna, Igor et Grichka Bogdanoff révèlent l'origine supposée de leur transformation physique : dans les années 1990, ils auraient été les cobayes d'un laboratoire américain qui aurait modifié leurs visages par des rayonnements afin qu'ils puissent jouer dans une publicité sur le thème des extraterrestres[73]. Cependant, ils révèlent le lendemain dans l'émission Morandini Live sur CNews que cette information était « bidon », qu'ils ont dit des « conneries » et préfèrent laisser planer le mystère une fois de plus. Interrogé par Jean-Marc Morandini au sujet des médias qui ont repris cette fausse annonce, Igor Bogdanoff ajoute : « On se rend compte à quel point on peut être manipulé par les médias autant qu'on peut manipuler les médias. […] Aujourd'hui, une information peut être fausse, mais parfaitement promue et mise en évidence partout dans les médias. »
Selon leur ami Jean-Paul Enthoven, les frères Bogdanoff auraient eu recours eux-mêmes à des transformations physiques en quête de la jeunesse éternelle[74].
Les frères Bogdanoff ont publié de nombreux ouvrages de science-fiction, de philosophie et de vulgarisation scientifique. Depuis 1991, ils signent leurs livres sous l'orthographe « Bogdanov » avec un « v » final.
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