Histoire de l'Ukraine

Evolution territoriale des états ukrainiens de 1654 à 1954 :
1654 : rattachement du territoire à la Russie (traité de Pereïaslav)
1711 : Création du gouvernement de Kiev
1917 : République populaire d'Ukraine occidentale et République populaire ukrainienne
1918 : traité de Brest-Litovsk
1921 : République socialiste soviétique d'Ukraine
1939 : acquisition de la Galicie orientale (partage de la Pologne
1940 : acquisition de territoires roumains (invasion soviétique
1945 : acquisition de la Transcarpatie
1954 : transfert de la Crimée

L’histoire de l’Ukraine comprend celle de l'État indépendant (1918-1920 et depuis 1991) mais aussi celle du territoire ukrainien avant l'indépendance.

Préhistoire

Proto-histoire et Antiquité

Après les populations préhistoriques que les Grecs désignaient comme « Pélasges », les principaux groupements venus peupler ce qui est aujourd’hui l’Ukraine, durant le IIe millénaire av. J.-C., furent des Indo-Européens : les Cimmériens, les Scythes et les Sarmates, qui furent rejoints et influencés par les Grecs en Crimée. Un royaume Scythe hellénisé, la Bosphoranie, se forma au IIIe siècle avant notre ère, autour du « lac Méotide » ; sa brillante capitale était Panticapée (Kertch). Au Ier siècle de notre ère, celui-ci devient un état-client des Romains, devenus par la suite les « Byzantins ».

À partir du IIIe siècle de notre ère les Goths et d’autres peuples nomades se succédèrent durant le Ier millénaire : la culture matérielle de ces peuples (artisanat, rites funéraires, etc.) se retrouve dans les sites archéologiques de la culture de Tcherniakhov. Parmi ces peuples, les Antes sont d’un intérêt particulier pour les Ukrainiens, car on pense que les Antes sont une civilisation proto-slave. Beaucoup d’objets trypiliens datent de cette époque. Du IIe siècle au XIIIe siècle, des peuples turcophones ou finno-ougriens se succèdent d’est en ouest le long de la mer Noire : Huns, Avars, Bulgares, Khazars, Magyars, Petchénègues, Polovtses, Tatars et Mongols. Pendant ce temps, des tribus slaves occupent pacifiquement l’Ukraine occidentale, centrale et septentrionale à partir du VIe siècle : elles ont joué un rôle important dans la fondation de Kiev par les Scandinaves.

État de Kiev

Au VIIIe siècle le commerce varègue (des Vikings orientaux) de la Baltique à la mer Noire fédère les différentes tribus slaves et, au IXe siècle, Kiev est prise aux Khazars par le varègue Oleg le Sage, fondateur d’un "État des rameurs" ou Rodslagen, en proto-slave Rous’ : c’est l’âge d’or de sa capitale, Kiev. Le territoire de la Rus’ couvrait le Nord de l’actuelle Ukraine ainsi que la Biélorussie et l’Ouest de la Russie. De Rous’ viennent la dénomination des "Russes", mais aussi celle des "Ruthènes" ou "Russins" désignant les Ukrainiens occidentaux. Le nom d’"Ukraine", qui signifie "pays frontalier" en russe, est venu avec l’expansion de la Moscovie, bien plus tard.

Au XIe siècle, la Rus' de Kiev était géographiquement le plus vaste État d’Europe. En 988, sous le règne de Volodymyr le Grand, un missionnaire grec, Cyrille, convertit l’aristocratie kiévienne (surtout varègue) et la majorité de la population au christianisme. Sous le règne de Iaroslav le Sage, le prestige de l’État kiévien atteint son apogée : il s’étend de la Baltique à la mer Noire et du confluent de l’Oka avec la Volga jusqu’aux Carpates septentrionales. Yaroslav fut un grand bâtisseur, c’est lui qui fit construire la célèbre cathédrale Sainte-Sophie à Kiev, et un grand législateur. Le droit, l’éducation, l’architecture et l’art kiévien connaissent un apogée sous son règne.

La succession au trône de Kiev n’est pas héréditaire en ligne directe : le pouvoir va au membre le plus âgé de la famille princière. Le territoire est divisé en apanages dévolus par le prince aux familles de boyards, hiérarchisés selon leur étendue, et qui vont au membre le plus âgé de chaque dynastie. Le décès de cet aîné entraîne de nombreux conflits et, à terme, favorise la fragmentation de l’État. Kiev fut saccagée par le prince de Vladimir (1169). Les convoitises extérieures en profitent : Kiev est pillée par les Coumans, puis par les Tatars et Mongols en 1240. Par conséquent, les principautés russes et ruthènes durent reconnaître la souveraineté des Mongols. Les autorités mongole et tatare étaient très cruelles, notamment en matière pénale, et, durant ces siècles de soumission, le peuple a souvent fui vers d’autres pays comme la Pologne, la Hongrie, la Moldavie ou la Crimée gréco-arménienne.

Galicie-Volhynie

La principauté de Galicie succéda à l’État de la Ruthénie sur le territoire de l’Ukraine occidentale d’aujourd’hui. Elle fut la plus puissante des principautés ruthènes, englobant bientôt la Volhynie (ou Vladimirie) et la future Moldavie. Durant cette période (XIIIe-XIVe siècle), chaque principauté ruthène mena sa propre politique : celles du Nord-Est (Tchernihiv, Pereïaslavl) se rapprochèrent des principautés russes telles Novgorod ou Moscou, tandis que celles du centre (Kiev et Tourov) cherchèrent l’alliance lituanienne.

C'est en 1253 que le pape accorda au prince Daniel de Galicie (Danylo Halytskyï) la couronne royale qu’il détint jusqu’à sa mort en 1264. Mais le royaume de Galicie-Volhynie devint finalement lui aussi un vassal de l’Empire mongol, tout en continuant à rechercher l’appui des autres Européens (Polonais, Lituaniens).

Période lituano-polonaise au nord-ouest, turco-tatare au sud-est

Grand-duché de Lituanie aux XIIIe et XVe siècles.
Les contours du royaume polono-lituanien avec ses vassaux en 1619 superposé aux frontières actuelles
  • 1 - La Couronne (Royaume de Pologne)
  • 2 - Borussie ou Duché de Prusse
  • 3 - Grand-Duché de Lituanie
  • 4 - Livonie
  • 5 - Duché de Courlande

Durant le XIVe siècle, les Polonais et les Lituaniens combattirent les Mongols et finalement toute l’Ukraine du nord-ouest passa sous l’autorité de la Pologne-Lituanie, qui annexe Kiev en 1362. Les Tatars se maintiennent dans la steppe pontique au nord de la mer Noire et en Crimée ; toutefois, de 1382 à 1484, le Grand Duché de Lituanie atteignit la mer Noire du côté d’Oçaq (ou Otchakiv, vers l’actuelle Odessa)[1]. La Lituanie prit le contrôle de la Volhynie au nord-ouest de l’Ukraine (y compris les régions autour de Kiev). Quant à la Pologne, elle prit le contrôle de la Galicie ; plus au sud la principauté de Moldavie était sa vassale (plusieurs citadelles et régions alors moldaves sont aujourd’hui ukrainiennes). Dans ces régions du nord-ouest, outre les Ukrainiens que l’on nommait à l’époque Russyns, Ruthènes ou Petits-Russiens, le pays comptait des Polonais, des Moldaves, des Allemands, des Arméniens, des Juifs et des Russes. À mesure que les Tatars perdaient du terrain, nombre de villes et villages furent fondés. La noblesse d’Ukraine occidentale fut souvent « polonisée ». La législation polonaise est introduite en Ukraine occidentale en 1434. Si la Pologne mène une politique relativement tolérante vis-à-vis de l’orthodoxie, elle favorise le catholicisme qui progresse dans les territoires occidentaux de l'actuelle Ukraine.

L’influence polonaise pénètre plus lentement dans les territoires relevant du grand-duché de Lituanie. L’orthodoxie y garde sa prédominance. Pourtant, les rapports de force au sein de l’État polono-lituanien tournent à l’avantage des Polonais. L’Union de Lublin (janvier 1569) consacre le triomphe de la Pologne. La Lituanie perd la plus grande partie de ses possessions ukrainiennes (Podlachie, Volhynie, Podolie, région de Bratslav et de Kiev). La noblesse de ces régions se polonise et se convertit au catholicisme. Une partie du haut-clergé orthodoxe est tentée par le rapprochement avec Rome. Le métropolite de Kiev et une partie du haut-clergé, en réaction contre les interventions réformatrices du patriarche de Constantinople, se rallie à Rome lors du concile de Brešč (Brest-Litovsk) en 1596. L'Union de l'Église de la Rus' de Kiev avec Rome forma l'Église grecque-catholique ukrainienne faisant partie des uniates.

C’est durant cette domination lituano-polonaise, à partir du XVe siècle, que se formèrent les Cosaques, des paysans ruthènes orthodoxes qui refusaient la servitude et l’assimilation aux Polonais catholiques. Le royaume de Pologne les tolère et les utilise contre les Tatars, puis, à partir du XVIe siècle, contre les Turcs ottomans, devenus suzerains des Tatars de Crimée.

Le clivage entre le nord-ouest, orthodoxe mais d'influence polonaise et lituanienne, c'est-à-dire occidentale, et le sud-est soumis aux Tatars et aux Ottomans, puis conquis et colonisé par l'Empire russe, se retrouve jusqu'à aujourd'hui dans la structure politique du pays : le nord-ouest vote plutôt pour les pro-européens et se méfie de l'influence russe, tandis que le sud-est votre plutôt pour les pro-russes, se méfie de l'influence occidentale (souvent assimilée au fascisme depuis la Seconde Guerre mondiale) et peut même se soulever contre le pouvoir de Kiev lorsque ce dernier se rapproche de l'Ouest[2].

État cosaque, embryon de la nation ukrainienne

Au XVIe siècle, plusieurs soulèvements cosaques eurent lieu contre la noblesse polonaise dont le plus célèbre fut mené par le Hetman cosaque Severyn Nalyvaïko en 1594. L’hetman Petro Sahaïdatchnyi contribua à la création d’un centre culturel à Kiev et chercha à unifier l’armée cosaque avec la noblesse et le clergé ruthènes. En 1648, l’hetman Bohdan Khmelnytskyi se soulève à son tour contre la Pologne. Le 16 mai, allié aux Tatars de Crimée et aux Russes de Moscou, il bat les Polonais à Jovti Vody et le 26 mai à Korsoun. Le début de la guerre de libération ébranle les fondations et la stabilité de l’union lituano-polonaise. Ce soulèvement a finalement abouti à la naissance d’un territoire Cosaque autonome appelé « Ukraine » (« Marches ») dans le bassin du Dniepr, entre la Pologne et la Russie. L’Ukraine de la Rive Gauche est intégrée à la Russie en tant qu’hetmanat cosaque par le traité de Pereïaslav en 1654 et la guerre russo-polonaise qui s’ensuit. Les Cosaques combattent la Pologne, plus tard la Russie pour leur indépendance. Au tournant du XVIIIe siècle, l’Hetmanat est parmi les pays les mieux alphabétisés de toute l’Europe, avec des écoles dans la plupart des villages. Les hetmans Bohdan Khmelnytskyï, Petro Sahaïdatchnyï et Ivan Mazeppa savent parler plusieurs langues[3].

Cosaques, domination russe et autrichienne

En 1708, l’hetman Ivan Mazepa fait reconnaître l’indépendance par Charles XII de Suède mais dès 1709, le tsar Pierre Ier bat Ivan Mazeppa et les Suédois à Poltava. Les Cosaques deviennent vassaux de la Russie, qui les utilise dans son expansion contre l’Empire Ottoman et la Pologne. Quant au sud de l’Ukraine, il était sous le contrôle du Khanat de Crimée (tatar) et de l’Empire ottoman. En 1772, lors du premier partage de la Pologne, la Galicie (Ukraine de l’ouest) devint autrichienne. En 1793, lors du deuxième partage, Catherine II, impératrice de Russie, supprime l’autonomie des Cosaques, et étend l’Empire russe jusqu’à la mer Noire. Les trois quarts de l’actuelle Ukraine sont dès lors russes. Bucovine et Bessarabie sont encore moldaves, tandis que le comté du Máramaros, l’actuelle Ruthénie transcarpatique est encore hongrois.

L’Assemblée des juges (1844), une des gravures de l’Ukraine pittoresque de Tarass Chevtchenko.

Comme d’autres peuples en Europe, un mouvement de renaissance nationale ukrainien se fait jour à partir du milieu du XIXe siècle dans l’Empire russe. Mais Saint-Pétersbourg estime que ce mouvement est manipulé par les Polonais. Des cercles nationaux (hromady) sont supprimés et il est prohibé d’imprimer en ukrainien. Les élites russes considèrent les Ukrainiens comme des « Petits-Russes ».

La culture ukrainienne connaît une renaissance au milieu du XIXe siècle, en parallèle avec le mouvement régionaliste à la même époque en Europe. Ce mouvement est concentré dans les régions de la Ruthénie, de la Volhynie ou de la Podolie et autour de Zaporijjia. C'est alors qu'apparaît de plus en plus le terme d'Ukraine — Oukraïna signifiant « à la marche », terme employé surtout dans la langue ecclésiastique depuis le XVIe siècle — relancé par les intellectuels à la fin du XIXe siècle. Le pouvoir impérial russe officiellement ne connaît pas ce terme d'Ukraine. Il ne forme dans les territoires de l'actuelle Ukraine, comme partout ailleurs dans l'Empire — à l'exception du grand-duché de Finlande traité différemment — que différents gouvernements ou provinces — gouvernement de Kiev, gouvernement de Tchernigov, Gouvernement de Iekaterinoslav, gouvernement de Kherson, etc. — au sein de plusieurs entités : Petite Russie, Nouvelle Russie (correspondant en partie aux territoires enlevés à l'Empire ottoman), parties de la Bessarabie, etc. En 1876, l'Empire interdit la langue ukrainienne dans les écoles, et la limite dans les journaux et la littérature. Cette limitation provoque en retour une revendication idéologique qui permet de comprendre l'opposition linguistique actuelle. Les différentes formes d'ukrainien ne sont plus parlées que par une frange de la paysannerie et certains cercles cultivés de régionalistes : instituteurs, universitaires, ecclésiastiques.

Les intellectuels et écrivains ukrainiens (notamment Taras Chevtchenko) s’inspirèrent de l’éveil des nations qui se diffusait à travers les autres peuples d’Europe soumis à divers Empires, et décidèrent de ranimer la langue ukrainienne, et les traditions culturelles ruthènes afin de constituer un État-Nation. Or l'Empire russe menait une politique générale de russification, allant jusqu’à interdire l’utilisation et l’étude de la langue ukrainienne. Le sort des Ukrainiens était plus positif sous les Autrichiens ou les Moldaves. Au milieu du XIXe siècle, dans le contexte abolitionniste du servage[4] se développa dans la vie intellectuelle russe, aussi bien à Saint-Pétersbourg qu'à Kiev, une ukrainophilie qui allait de pair avec l'amour des paysans (fascination notamment des propriétaires polonais, appelés les chlopomanes : « passionnés du paysan », de son folklore et de la vie quotidienne). En 1892, Kiev compte près d’un demi-million d’habitants, mais c’est une ville russifiée, alors qu’à Lviv (Lemberg) et Tchernivtsi (Czernowitz) des associations culturelles ukrainiennes prospèrent.

L’actuelle Ukraine reste partagée entre les Empires autrichien et russe jusqu’à la Révolution de février 1917.

La première indépendance (1917-1920)

Cartes de l'Ukraine entre 1914 et 1920
Les territoires revendiqués fin 1918 par les républiques ukrainiennes de Lemko, de Ruthénie subcarpathique et d'Ukraine occidentale.
La République populaire ukrainienne, sur le terrain.
Chars français à Odessa pendant l'intervention alliée de 1918-1919.

Alors que la Première Guerre mondiale et la Révolution russe détruisent les Empires russe et autrichien, les Ukrainiens déclarent leur indépendance. Ils créent dès le la Rada centrale dont Mykhaïlo Hrouchevsky devient président le 27 mars et le reste jusqu’au . Le 20 novembre, la Rada centrale proclame la République populaire ukrainienne, reconnue par la France et la Grande-Bretagne en janvier 1918, et déclare son indépendance le . Cependant, l’offensive des Bolchéviks contraint le gouvernement à quitter Kiev en février 1918.

En mars 1918, par le traité de Brest-Litovsk, Lénine livre l’Ukraine aux occupants allemands, qui permettent le retour du gouvernement à Kiev. Mais une période de terribles troubles s’ensuit : corps francs allemands, troupes russes débandées, anarchistes de Nestor Makhno, différentes factions ukrainiennes (pro-alliées, pro-allemandes ou pro-bolchéviques) s’affrontent, pillant villes et villages. Le 29 avril, Mikhaïlo Hrouchevsky est réélu président, mais un coup d’État conservateur proclame Pavlo Skoropadsky hetman de l’État d'Ukraine. Cette période d’Hetmanat est brève puisqu’elle dure jusqu’en novembre 1918, date à laquelle une insurrection du Directoire bat l'hetman le 18 novembre près de Motovylivka. Volodymyr Vynnytchenko puis Symon Petlioura sont alors les présidents du Directoire de la République populaire ukrainienne jusqu’en octobre 1920. De plus, durant l’année 1919, l’Ukraine est secouée par de multiples pogroms contre les Juifs.

En même temps et à la suite de la chute de l’Empire austro-hongrois, un comité ukrainien prend le pouvoir en Galicie le et proclame une République populaire d'Ukraine occidentale (ZUNR) 9 novembre à Lviv. Il en va de même le dans le nord-ouest de la Bucovine et le en Transcarpatie, ainsi qu’autour de Lemko en Galicie occidentale. Mais les Polonais de Galicie et les Roumains de Bucovine proclament simultanément leurs ralliements respectivement à la Pologne renaissante et au royaume de Roumanie, de sorte que le gouvernement de la ZUNR doit s’établir à Ternopil ; les comités ukrainiens de Lemko, de Bucovine et Transcarpatie ne parviennent pas à contrôler leurs territoires, et l’année suivante, Polonais et Roumains sont admis à faire valoir leurs revendications à la Conférence de la paix de Paris (1919), alors que ce droit est refusé aux Ukrainiens. Pourtant, en dépit de la guerre polono-ukrainienne de Galicie, et de sa non-reconnaissance par les puissances occidentales, le gouvernement de la ZUNR réussit à maintenir son autorité autour de Ternopil, une région de Galicie où il n’y a que très peu de Polonais et pas de Bolcheviks.

La proclamation de la nouvelle république, qui revendique sa souveraineté sur la Galicie orientale et les Carpates, jusqu'à la ville de Nowy Sącz, à l'ouest, ainsi que la Bucovine, est une surprise pour les Polonais. Les Ukrainiens, habitants de Lviv, approuvent la proclamation avec enthousiasme. L'importante minorité juive la soutient ou reste neutre, tandis que les Polonais préparent leur riposte. Du au de violents combats opposent Ukrainiens et Polonais dans la bataille de Lviv (en).

Le , le secrétariat d’État de la République populaire d’Ukraine occidentale conclut un accord préliminaire avec le Directoire de la République populaire ukrainienne, portant sur l'union des deux états ukrainiens. L'accord est approuvé par la Rada de la ZUNR le et par le Directoire le , date à laquelle l'union est officiellement proclamée. Dès lors, la ZUNR prit le nom de province de l'ouest de la République populaire ukrainienne. Mais l’union n'est pas pleinement établie : les organismes gouvernementaux de la ZUNR continuent de fonctionner séparément à Ternopil.

Le , UNR et ZUNR s’unissent, mais en même temps, les Allemands se retirent, et dans le vide ainsi créé se déclenche une confuse guerre de harcèlement de type "chacun contre tous les autres" entre troupes russes tsaristes, dites Blanches (dirigées par le général Dénikine et soutenues par les armées Alliées franco-britanniques), l’armée communiste des Bolcheviks dite Rouge, l’armée nationaliste ukrainienne de Symon Petlioura et les troupes anarchistes dites Noires. À part les deux dernières, principalement composées d’Ukrainiens, toutes ces troupes vivent sur le pays et affament les villageois ukrainiens à coups de réquisitions répétées. Au cours de cet affrontement généralisé, les Français et les Britanniques occupent Odessa, Sébastopol et d’autres ports, mais l’intervention tourne court à cause du manque de moyens engagés, des mutineries de la mer Noire et de l’hostilité de la population exaspérée par les réquisitions (mars-avril 1919).

Vers la fin de 1919 et la première moitié de 1920, les Bolcheviks finissent par l’emporter sur les autres belligérants, et la partie ex-russe de l’Ukraine, avec Kiev pour capitale, est intégrée à l’URSS créée en 1922, tandis que la partie ex-autrichienne, avec Lviv pour ville principale, est intégrée à la Pologne en 1921. La petite Ukraine transcarpatique, jadis hongroise et brièvement indépendante en novembre 1918, vote son rattachement à la Tchécoslovaquie et quant à la Bucovine, sa minorité ukrainienne se résigne à son rattachement à la Roumanie : ces deux régions évitent ainsi la « soviétisation », des réquisitions, la collectivisation et les famines qui s'ensuivent, dont la Holodomor. La ZUNR continue d’exister en exil (à Berlin) jusqu’en 1923.

L'Ukraine soviétique (1922-1991)

La formation territoriale de l'Ukraine moderne de 1918 à 1954.

Le 30 décembre 1922, l’URSS naissait du traité qui réunissait la RSFSR, la Biélorussie, l’Ukraine et la Transcaucasie[5]. Dans le conflit qui opposa les communistes du centre (Moscou) et les partis communistes nationaux, c’est le centre qui l’emporta et imposa une fédération. Quand Joseph Staline lança le premier plan quinquennal en 1928, l’Ukraine devint l’une des sources indispensables de son financement. Les années d’industrialisation furent marquées par la construction de la plus grande centrale hydraulique de l’Europe sur le Dniepr (le DnieproGuES), ce qui contribua à l’électrification de la République, ainsi qu’une importante mise en valeur du grand bassin minier et métallurgique, le Donbass.

Le drapeau soviétique de la RSS d’Ukraine.

Malgré une brève période d’ukrainisation à la fin des années 1920, se traduisant par le retour à la langue d’origine dans les publications, la réouverture des écoles et des universités avec un enseignement en ukrainien et la promotion des cadres nationaux, Staline ne ménagea pas pour autant ses efforts pour réprimer le moindre signe d’un réveil national ukrainien, interprété comme un rejet du pouvoir stalinien et une menace à l’intégrité territoriale de l’Union soviétique.

Victimes de l’Holodomor à Kharkiv en 1933.

La catastrophe démographique des Ukrainiens commença en 1922 avec une première famine à la suite de la guerre civile russe puis la tristement célèbre famine de 1933 que les Ukrainiens appellent Holodomor. Provoquée par la collectivisation des terres, elle fit jusqu’à huit millions de morts en Ukraine et dans d'autres régions de l’URSS. Ce fut l’avant-dernière grande famine d’Europe avant la troisième et dernière, celle de 1947 également en Ukraine soviétique. Le régime stalinien a aussi procédé à d’innombrables déportations vers le Goulag et assassinats, surtout d’intellectuels ukrainiens. Ce fut notamment le cas pendant les Grandes Purges de 1937-1938 qui coûtent la vie à des milliers d’Ukrainiens.

Après l’invasion de la Pologne en septembre 1939 par les troupes allemandes puis soviétiques, l'Union soviétique annexa les régions polonaises à majorité ukrainienne ; les régions à minorités ukrainiennes de Roumanie suivirent en juin 1940. Tous ces gains territoriaux furent incorporés à la République socialiste soviétique d'Ukraine en août 1940, à l'exception du centre de la Bessarabie qui fut constitué en République socialiste soviétique moldave. Les nouvelles régions incorporées sont mises au pas : la presse contrôlée, les églises opprimées, les « contre-révolutionnaires » arrêtés : 345 000 personnes sont déportées, 30 000 exécutées. Les Polonais forment la moitié des personnes déportées, les Juifs un tiers, le reste sont des Ukrainiens[6]. Les massacres et déportations d'avril-mai 1940 touchent également les populations d'Ukraine occidentale[6].

Monument aux victimes polonaises assassinées par l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA).

L'Ukraine agrandit ainsi son territoire, mais le régime stalinien était si répressif, que lorsque l'Allemagne nazie envahit l'URSS en 1941, certains Ukrainiens accueillirent la Wehrmacht en libératrice. Un certain nombre d'Ukrainiens s'engagèrent notamment dans les forces de police, la légion ukrainienne, le 201e bataillon Schutzmannschaft, l'Armée de libération de l'Ukraine, l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), les Hiwis, et la 14e division de la Waffen SS. Plusieurs milliers d’Ukrainiens rejoignirent, eux, les mouvements de résistance des partisans soviétiques menés par Oleksiy Fedorov, Mykola Poupoudrenko et de Sydir Kovpak. Le , l'organisation des nationalistes ukrainiens de Stepan Bandera proclame l'indépendance de l’Ukraine à Lviv, mais les nouveaux occupants ne tolèrent aucun gouvernement ukrainien, ni même une autonomie administrative et arrêtent le leader nationaliste[6]. Des massacres d'envergure ont lieu sur les arrières du front par les Einsatzgruppen contre l'appareil communiste et les communautés juives[6]. L'armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) continuera son combat contre l’armée rouge, jusqu’à son anéantissement en 1954. En 1944, l'Armée rouge libère l’Ukraine des nazis. Les Ukrainiens qui avaient servi les Allemands, et également les membres de l’UPA, furent en 1945, pour la plupart internés au Goulag comme traîtres. À la fin de la guerre, les pertes ukrainiennes s'élèvent à 8 millions de personnes[7] dont 1,377 million de militaires soviétiques de nationalité ukrainienne (15,9 % des pertes totales de l'Armée rouge)[8]. En 1945, à la demande de Staline, pour souligner son rôle dans la défaite des nazis, l’ONU fait de l’Ukraine, en même temps que de l'URSS et de la Biélorussie, l'un des membres fondateurs de cette organisation[9]. L'URSS y disposera ainsi de 3 voix au lieu d’une. En outre, 4 villes ukrainiennes : Odessa, Kertch, Sébastopol et Kiev portent le titre honorifique de ville héros (accordé aux villes d'Union soviétique dont les habitants ont héroïquement combattu la Wehrmacht au cours de la Seconde Guerre mondiale).

En 1945, Staline enlève à la Tchécoslovaquie la Ruthénie transcarpatique jadis hongroise (jusqu’en 1918) et la rattache à la République socialiste soviétique d'Ukraine. En 1948, il enlève à la Roumanie, pourtant devenue communiste, plusieurs îles dont l’île des Serpents en mer Noire, qui sont données à l’Ukraine. Mais pendant tout ce temps, les arrestations et déportations d’Ukrainiens continuent sous les prétextes les plus divers : les troupes spéciales du NKVD mettent dix ans à venir à bout de la résistance de l'armée ukrainienne en Galicie[9] ; toutefois la majorité des survivants sont amnistiés et libérés par Nikita Khrouchtchev après la mort de Staline. Enfin, en 1954, pour marquer le 300e anniversaire du traité de Pereïaslav, Khrouchtchev transféra la Crimée à la RSS d’Ukraine, dont la croissance territoriale est alors achevée. Ce transfert territorial a pour conséquence de renforcer le nombre de russophones dans la population[10].

À partir de 1955, avec la relative période de libéralisation commencée sous Khrouchtchev, les communistes ukrainiens commencèrent à prendre en compte des objectifs nationaux. À cette époque du dégel, dans les années 1960, il y eut un mouvement dissident en Ukraine, mené par des personnalités telles que Viatcheslav Tchornovil, Vassyl Stous, Levko Lukyanenko. Comme dans les autres républiques membres de l’URSS, les mouvements ont été rapidement réprimés, leurs membres condamnés à des peines de Goulag et d’exil. Et c’est pendant la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev que ces objectifs ont pu être concrétisés.

En 1986, dans la ville de Tchernobyl, une catastrophe nucléaire eut lieu dans la centrale de cette ville, qui contamina non seulement l’Ukraine, la Biélorusse et la Russie, mais aussi les autres pays d’Europe. Ce fut la plus grave catastrophe nucléaire du XXe siècle. Pour l'historien Nicolas Werth, « cet événement impulse une réflexion sur la responsabilité du pouvoir central et sur la place de l'Ukraine, la deuxième république soviétique par sa population, au sein de l'URSS : [...] est-elle destinée, après avoir été, sous Staline, un grenier à blé surexploité, à devenir la poubelle nucléaire de l'URSS ? »[11].

Ce n’est qu’en 1989 que la libéralisation du régime soviétique et la libération de tous les détenus politiques permit aux Ukrainiens de s’organiser pour défendre leurs droits. Le Mouvement populaire d'Ukraine « Roukh », le premier parti politique indépendant ukrainien depuis 1919, fut ainsi fondé en 1989. Lors des élections de mars 1990, les partis ukrainiens du bloc démocratique ont alors obtenu environ 25 % des sièges au Parlement. Sous l’influence des députés démocrates, le Parlement adopta, le , la Déclaration sur la souveraineté politique de l’Ukraine. Ce fut le premier pas vers l’indépendance complète de l’Ukraine. Celle-ci fut proclamée dans un Acte de déclaration d'indépendance de l'Ukraine le et confirmée par le référendum sur l'indépendance organisé le  : 90,5 % d’électeurs votèrent pour l’indépendance. La semaine suivante, l’URSS cessa d’exister à la suite de la dissolution décidée lors de la réunion à Minsk des dirigeants russe, ukrainien et biélorusse.

La seconde indépendance (depuis 1991)

La transition (1991-1996)

Le 12 décembre, Leonid Kravtchouk est élu président de la République. Des conflits d’intérêt opposent alors l’Ukraine à la Russie notamment sur le statut de la Crimée et sur le contrôle de la flotte de la mer Noire. En 1994, Leonid Koutchma, ancien Premier ministre, est élu à la présidence de la République et sera réélu en 1999. À partir de ce deuxième mandat, Koutchma sera de plus en plus contesté pour des affaires de corruption, d’enlèvements de journalistes et autres pressions électorales et envers la presse. Son mandat aurait dû s’achever en novembre 2004 avec l’élection présidentielle — mais la Révolution orange et l’annulation du second tour, ont prolongé celui-ci jusqu’au .

Révolution orange (2004-2005)

Révolution orange à la place Maidan à Kiev

Le second tour de l'élection présidentielle de 2004 oppose Viktor Ianoukovytch, fidèle à Koutchma, et l'opposant Viktor Iouchtchenko. C'est la victoire du premier qui est annoncée, mais le second dénonce des fraudes, donnant lieu à un mouvement populaire, la Révolution orange. Après de nouvelles élections, le , Viktor Iouchtchenko prête serment devant le Parlement, devenant ainsi officiellement le troisième président de l’Ukraine post-soviétique. Dès le 24 janvier, Ioulia Tymochenko est nommée Premier ministre par intérim. Le 4 janvier, le gouvernement ukrainien trouve un arrangement avec la Russie sur le prix du gaz naturel. Dorénavant, l’Ukraine paiera environ deux fois plus cher son gaz (95 dollars les 1 000 m3, contre 50 auparavant). Cet accord irrite fortement le Parlement, une coalition se forme pour voter une motion de censure contre le gouvernement. Le 10 janvier, la motion est votée par 250 voix pour et 50 contre, sur les 450 membres du parlementaire, la majorité requise est de 226 voix. Le gouvernement restera en place jusqu’à l’investiture d’un nouveau Premier ministre. Chose qui pourrait n’arriver qu’après les élections législatives, prévues le 26 mars.

Après de longs mois de tractations et de négociations pour former une majorité au parlement et un gouvernement, Viktor Iouchtchenko décide de nommer Viktor Ianoukovytch Premier ministre le (plusieurs heures après la date limite constitutionnelle pour en désigner un), validé par le Parlement le 4. Après des mois de conflits entre Iouchtchenko et Ianoukovytch et de nombreux députés passant de l’opposition à la coalition majoritaire (de façon inconstitutionnelle, selon le président), Iouchtchenko décrète la dissolution du parlement le . La Rada suprême a qualifié cette décision d’anticonstitutionnelle. En 2010, Ianoukovytch, chef de l'opposition, remporte l'élection présidentielle. Il prend ses fonctions de président de la République d'Ukraine le . L'emprisonnement et les conditions de l'emprisonnement de son opposante Ioulia Tymochenko suscitent de vives critiques en Europe occidentale.

Conflit russo-ukrainien (2014-2022)

Changement de pouvoir de 2013-2014

Fin 2013, alors qu'un accord d'association doit être signé entre l'UE et l'Ukraine, la Russie essaie de faire pression sur Kiev pour le faire changer d'avis, notamment en restreignant certains produits, en revoyant les prix du gaz et en envisageant d’imposer aux citoyens ukrainiens un passeport étranger. Moscou craint en effet que cette union se fasse à son désavantage, alors que Vladimir Poutine ambitionne en même temps un rapprochement avec les pays anciennement soviétiques. De l'avis de l'analyste politique Vladimir Fessenko : « en mettant ainsi la pression, la Russie ne fait que pousser l'Ukraine dans les bras de l'Europe »[12].

En novembre 2013, l'Ukraine décide finalement, en raison de pressions russes[13], de refuser l'accord avec l'Union européenne et de « relance[r] un dialogue actif avec Moscou »[14].

Ce revirement entraîne d'importantes manifestations pro-européennes à Kiev rassemblant au moins 100 000 personnes, l'occupation de la place Maïdan et de la mairie, avec comme mot d'ordre la démission du président Viktor Ianoukovytch[15].

Un conflit russo-ukrainien diplomatique et militaire débute fin novembre 2013 entre la Russie et l'Ukraine, la Russie s'opposant à la prise de distance de l'Ukraine[16].

Dans la semaine du 17 février 2014, les manifestations sont durement réprimées causant la mort d'environ 80 personnes. Le 22 février, le Parlement vote la destitution du président Ianoukovitch, apparemment en fuite à l'est du pays[17] L'opposante Ioulia Tymochenko est libérée et fait sa première apparition publique le soir sur la place de l'indépendance, en fauteuil roulant, après deux années de détention.

Crise de Crimée

S'ensuit une crise diplomatico militaire concernant la Crimée, où des troupes pro-russes, sans uniformes identifiables, prennent le contrôle de cette région ukrainienne ; un référendum d'auto-détermination est organisé en mars et la Crimée est rattachée à la Russie, même si la légitimité internationale de cette action n'est pas reconnue. Le gouvernement ukrainien d’Oleksandr Tourtchynov accuse la Russie « d'invasion » et d'« occupation armée » tandis que la Russie nie la présence de soldats russes en Crimée et affirme que ces soldats sont des « forces locales d'auto-défense »[18], tout en évoquant la possibilité d'envoi de troupes en Ukraine[18]. Le 11 mars, le parlement de Crimée déclare l'indépendance de la République de Crimée (réunissant la République autonome de Crimée et Sébastopol).

Le 18 mars 2014, à la suite d’un référendum tenu le 16 mars, le gouvernement russe annonce que la République de Crimée (correspondant à l’ancienne République autonome de Crimée) et la ville de Sébastopol, anciennement ukrainiennes, deviennent deux nouveaux sujets fédéraux de la Fédération de Russie.

Accord de libre échange avec l'Union européenne

Le 27 juin 2014, le nouveau président Petro Porochenko, signe un accord de libre échange avec l'Union Européenne à Bruxelles[19].

  • Oblasts sous contrôle nominal de l'Union des républiques populaires.
  • Oblasts revendiqués par l'Union des républiques populaires.
  • Crimée, annexée de facto par la Russie.

Guerre du Donbass

Le soulèvement pro-russe, premier événement de la guerre du Donbass, dans l'Est du pays (Donbass), le long de la frontière russe où les russophones et les partisans de l'ancien président Viktor Ianoukovytch sont les plus nombreux, se déroule contre le nouveau pouvoir ukrainien. Il se manifeste notamment par l'apparition en avril 2014 de deux républiques sécessionnistes proclamées par la « Milice populaire du Donbass » : la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk, qui s'unissent le 22 mai 2014 en une Union des républiques populaires, reconnue par la république séparatiste géorgienne d'Ossétie du Sud, elle-même reconnue par la Russie. Des affrontements armés ont lieu avec les forces loyalistes ukrainiennes, au cours desquels un avion de ligne malaysien survolant la région est abattu en juillet 2014. Cette situation de guerre civile donne lieu à des tensions entre l'Occident et le régime de Vladimir Poutine, accusé de déstabiliser la région par le gouvernement de Kiev et par la communauté internationale. À la suite du crash de l'avion malaisien de la compagnie aérienne commerciale Malaysia Airlines abattu par un missile sol-air, l'Ukraine interdit le survol de l'est de son territoire[20].

Guerre et invasion en 2022

Vladimir Poutine nie l'existence d'un État ukrainien et d'une nation ukrainienne[21]. L'Ukraine est une nation beaucoup plus soudée qu'il y a vingt ans. Une grande partie de la populations est bilingues même dans les villes de l'est.

Le 23 janvier 2022, Joe Biden, président des États-Unis, ordonne aux familles de diplomates américains de quitter le territoire ukrainien en raison des fortes tensions avec la Russie, évoquant « la menace persistante d'une opération militaire russe »[22].

Le 21 février, le président russe Vladimir Poutine reconnait l'indépendance des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk et ordonne à ses troupes de se rendre dans ces parties de l'est de l'Ukraine dans le cadre de ce que le Kremlin qualifie de « mission de maintien de la paix »[23].

Le , la Russie procède à des bombardements par missiles de croisière et balistiques sur plusieurs villes ukrainiennes, dont Kiev. Les troupes russes au sol pénètrent sur le territoire ukrainien[24],[25], ce qui constitue le point de départ de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. L'armée russe affirme avoir détruit les systèmes de défense antiaérienne et mis « hors service » les bases aériennes du pays. Cela pourrait constituer une guerre d'agression de la Russie sur l'Ukraine mais ne pourra être statué comme telle par l'ONU vu le droit de véto de la Russie[26].

Vladimir Poutine agite la menace nucléaire le 27 février[27],[28] et ordonne de bombarder les villes les plus russophones d'Ukraine, à savoir Kharkiv et Marioupol[29] oû les populations civiles se terrent, Kiev subissant le même sort les habitants s'abritent dans le métro, Il y a des inquiétudes concernant la ville russophone en majorité d'Odessa et dont le port est stratégique[30].

l'Agence internationale de l'énergie atomique exprime ses inquiétudes sur la situation en Ukraine et appelle à « un maximum de retenue pour éviter toute action qui mettrait les sites nucléaires du pays en danger ». Une réunion du Conseil des gouverneurs de L'AIEA à Vienne, siège de l’agence, est organisé pour discuter des « risques réels » posés par le conflit entre la Russie et l'Ukraine. La résolution adoptée appelle la Russie à « cesser immédiatement les actions contre les sites nucléaires ukrainiens ». Le texte estime que cette guerre « pose des menaces graves et directes à la sécurité de ces lieux et de leur personnel », avec « le risque d'un accident ou incident nucléaire qui mettrait en danger la population de l'Ukraine, des États voisins et de la communauté internationale »[31]. C'est la première fois qu'un conflit militaire se déroule dans un pays doté d'un large programme nucléaire[32].

Cartes historiques

Notes et références

  1. Paul Robert Magocsi, Ukraine, A Historical Atlas, University of Toronto Press, 1987, p. 8-9
  2. Olga Ostritchouk : Les Ukrainiens face à leur passé, P.I.E. Peter Lang, Bruxelles 2013, (ISBN 978-2-87574-035-9).
  3. Iaroslav Lebedynsky, 2004, Les Cosaques. Une société guerrière entre libertés et pouvoir. Ukraine 1490-1790, Paris, Errance, p. 201-207
  4. Daniel Beauvois, op. cité, p. 83
  5. (ru) Texte intégral du traité de la formation de l’URSS le 29.12.1922
  6. a b c et d Luc Pauwels, « L'Ukraine et les déchirements de la guerre », La Nouvelle Revue d'histoire, no 84,‎ , p. 47-50
  7. (en) http://www.infoukes.com/history/ww2/page-17.html
  8. (ru) « http://ecsocman.edu.ru/images/pubs/2006/11/21/0000295642/1999_n4_p92-101doc.pdf »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  9. a et b Sabine Dullin, « Le grand pays et les petites patries », ‘’L’Histoire’’, no 485-486, juillet-août 2021, page 86
  10. Sabine Dullin, « Le grand pays et les petites patries », L’Histoire, no 485-486, juillet-août 2021, page 87
  11. Nicolas Werth, « URSS : comment un empire implose », dans L’Histoire, no 485-486, juillet-août 2021, page 95
  12. Pierre Avril, « La Russie tente d'empêcher les noces entre l'Ukraine et l'UE », sur LeFigaro.fr, , p. 5.
  13. Jean-Jacques Mével, « Mise en échec, l'UE laisse la porte ouverte à l'Ukraine », sur LeFigaro.fr, mardi 26 novembre 2013, page 5.
  14. Arielle Thédrel, « L'Ukraine tourne le dos à l'Union européenne », sur LeFigaro.fr, vendredi 22 novembre 2013, page 6.
  15. Au moins 100 000 manifestants à Kiev pour réclamer la démission de Ianoukovitch,sur LeMonde.fr,
  16. Sébastien Gobert, « L’Ukraine se dérobe à l’orbite européenne : Un pays-clé écartelé entre Est et Ouest », Le Monde diplomatique,
  17. « Ukraine : le président Viktor Ianoukovitch aurait quitté Kiev », sur FranceInter.fr avec Reuters, (consulté le )
  18. a et b Ukraine: Poutine nie que des forces russes encerclent les bases en Crimée,sur aisnenouvelle.fr avec AFP, 4 mars 2014
  19. « L'Ukraine signe l'accord de libre-échange avec l'UE », sur Humanité.fr, (consulté le )
  20. Sources : voir notes des articles en lien.
  21. Agnès Gruda, « Décryptage, L'Ukraine, un pays qui n’existe pas aux yeux de Vladimir Poutine », sur lapresse.ca, (consulté le )
  22. « Crise en Ukraine : les Etats-Unis déconseillent aux Américains de se rendre en Russie », sur Franceinfo.fr, (consulté le )
  23. (en) « Putin orders troops into pro-Russian regions of eastern Ukraine », sur CNN (consulté le )
  24. « Kiev appelle les Ukrainiens à prendre les armes », sur Libération.fr avec AFP (consulté le )
  25. Luc Mathieu et Frédéric Autran, « La guerre a commencé en Ukraine », sur Libération.fr (consulté le )
  26. « ONU: la Russie met son véto à une résolution déplorant son "agression" de l'Ukraine », sur bfmtv.com avec AFP, (consulté le )
  27. Andreï Kozovoï, « Guerre en Ukraine : le chantage nucléaire de Vladimir Poutine », sur SudOuest.fr, (consulté le )
  28. Sébastian Seibt, « La menace nucléaire de Vladimir Poutine, annonce en l'air ou réel danger pour le monde ? », sur france24.com, (consulté le )
  29. « Guerre en Ukraine : Kharkiv, la deuxième ville du pays bombardée, d’autres villes touchée par l’armée russe », sur leparisien.fr avec AFP, (consulté le )
  30. André Filler, « André Filler : "La prise d'Odessa représente un enjeu symbolique très fort" », sur FranceInter.fr, (consulté le )
  31. « Ukraine: l'AIEA appelle Moscou à "cesser les actions" contre les sites nucléaires », sur ConnaissanceDesEnergies.org avec AFP, (consulté le )
  32. « Ukraine : ce que l'on sait des frappes russes qui ont visé la plus grande centrale nucléaire d'Europe », sur franceinter.fr, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Histoire ancienne

Histoire récente

Bibliographie

Ouvrages transverses
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  • Mykola Riabtchouk Préface d'Alain Besançon (trad. I.Dmytrychin et I. Lebedynsk), De la Petite-Russie à l'Ukraine, Paris : L'Harmattan, coll. « Que sais-je ? », , 208 p. (ISBN 2-7475-5134-2) — Mise en perspective historique (à date de 2003) des débats agitant l'Ukraine contemporaine : Ukraine occidentale/orientale, Europe/Russie,...
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  • Andrei Kourkov, Le journal de Maidan, Paris : Liana Levi, 281 p. (ISBN 9782867467332) — Andreï Kourkov s’est rendu sur le Maïdan de Kiev occupé par les manifestants. Son journal, établi à partir de notes prises sur le vif, raconte un quotidien en temps de révolution et livre un regard à la fois politique et intime, décalé et émouvant, sur les événements qui secouent son pays
  • (en) Joanna Rohozinska, Vitaliy Shpak et al., « Ukraine's Post-Maidan Struggles - The Rise of an "Outsider" President », Journal of Democracy, vol. 30, no 3,‎ , p. 31-41 (lire en ligne)
  • (en) Serhii Plokhy et al., « The Return of the Empire:The Ukraine Crisis in the Historical Perspective », South Central Review, vol. 35, no 1,‎ , p. 111-124 (lire en ligne)
  • (en) David R. =Marples, The War in Ukraine’s Donbas Origins, Contexts, and the Future, Central European University Press, New York, (ISBN 963-386-419-4, lire en ligne) — Conflit du Donbass : origine, histoire et perspectives.

Film documentaire

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