Le Hamas (en arabe : حماس, litt. « ferveur, zèle »), acronyme partiel de harakat al-muqâwama al-'islâmiya (arabe : حركة المقاومة الإسلامية, litt. « Mouvement de résistance islamique »), est un mouvement islamiste et nationaliste palestinien constitué d'une branche politique et d'une branche armée, les brigades Izz al-Din al-Qassam. Le Hamas est principalement actif dans la bande de Gaza qu'il administre seul depuis juin 2007, après sa victoire aux élections législatives de 2006 et l'éviction de l'Autorité palestinienne à la suite d'une brève guerre civile.
Le Hamas est classé comme mouvement terroriste par environ une trentaine de pays, quasi-exclusivement occidentaux, notamment les États-Unis, le Canada, l'Union européenne[25], le Royaume-Uni[26], l'Australie[27] ou encore le Japon. D'autres pays, comme la Nouvelle-Zélande[28], ne qualifient ainsi que la branche armée du mouvement.
La majorité des autres États membres de l'ONU ne classent pas le Hamas en tant qu'organisation terroriste, à l'instar de la Chine, la Russie, le Brésil, la Norvège ou la Suisse. Quasiment aucun des pays arabo-musulmans, d'Afrique, d'Amérique du Sud ou d'Asie ne considèrent le Hamas comme une organisation terroriste.
Enfin, plusieurs pays soutiennent diplomatiquement le Hamas comme la Syrie, l'Algérie, Oman, la Malaisie, le Soudan ou l'Afghanistan[29]. L'Iran lui apporte un soutien militaire et financier. Le Qatar fournit également un soutien financier et accueille sur son sol depuis 2012 Ismaël Haniyeh, le chef du bureau politique du mouvement.
Le Hamas est créé en 1987 par le cheikh Ahmed Yassin, Abdel Aziz al-Rantissi et Mohammed Taha, tous trois issus de l'organisation islamique des Frères musulmans. Sa charte affirme que « la terre de Palestine est une terre islamique »[30][source détournée].
Il prône la destruction de l'État d'Israël et l'instauration d'un État islamique palestinien sur tout le territoire de l'ancienne Palestine mandataire[réf. nécessaire]. Toutefois, il considère que « l’établissement d’un État palestinien entièrement souverain et indépendant dans les frontières du 4 juin 1967 (Ligne verte (Israël)), avec Jérusalem pour capitale » pourrait aboutir à une « trêve »[30][source détournée].
Le Hamas trouve son inspiration dans l'annexion par l'Égypte de Gaza en 1948[31].
Les Frères musulmans, principaux opposants du Président Égyptien Gamal Abdel Nasser, s'implantent sur tout le territoire de son pays. Vingt ans plus tard, à la suite de la Guerre des Six Jours, les Égyptiens perdent le contrôle de la bande de Gaza.
Israël trouve comme interlocuteur les Frères musulmans, seule force politique organisée à Gaza. Il accepte ainsi leur demande de financer un réseau de mosquées, en échange d'un apaisement[31],[32].
À l'époque, Israël est impliqué au nord dans la Guerre Civile au Liban et combat l'Organisation de libération de la Palestine qui multiplie les attentats sur le territoire israélien[33],[32].
En 1987, plusieurs frères musulmans de Gaza forment le Hamas. La nouvelle organisation appelle rapidement au Jihad pour instaurer un État Islamique[34].
Dans le cadre du conflit israélo-palestinien, le Hamas se définit lui-même comme mouvement trouvant ses principes dans le Coran et se battant au nom de l'islam.
Les militants du Hamas, dont ceux armés des Brigades Izz al-Din al-Qassam, prennent pour cibles aussi bien les militaires que les civils israéliens.
Entre et 2005, le Hamas organise plusieurs dizaines d'attentats-suicides visant essentiellement des civils. Il déclare en renoncer à ce type d'actions[35], préférant tirer des roquettes de type Qassam et des missiles Grad sur des villes israéliennes dont Sdérot, Ashdod, Ashkelon et Beer Sheva, proches de la bande de Gaza.
Le 7 octobre 2023, le Hamas est à l'origine d'une attaque coordonnée contre Israël, principalement ses localités civiles proches de la bande de Gaza, d'une envergure inédite.
L'une des organisations terroristes les plus riches au monde, selon Forbes[36], le Hamas est financé par plusieurs pays musulmans et un réseau d'associations caritatives à vocation humanitaire en faveur de la Palestine, réparties dans le monde[37].
Sur le plan géopolitique, le Hamas est considéré comme un allié du Hezbollah chiite et de l'Iran au sein de « l'Axe de la résistance » contre Israël, l'Occident et l'Arabie Saoudite.
L'Iran fournit au Hamas armement, entraînement et financement[38],[39],[40]. La lutte contre Israël est un élément central de l'idéologie du pouvoir iranien[41],[42], afin de se légitimer auprès des masses[43],[44]. Le Hamas entretient aussi des liens proches avec le Qatar[45]. Les dirigeants du Hamas et leurs familles habitent Doha, au Qatar[46],[47].
Toutefois, lors de la guerre civile syrienne (débutée en 2011), le Hamas, bien qu'originellement appuyé par le régime syrien dès sa création, soutient l'opposition syrienne entre 2012 et 2017 contre le gouvernement syrien de Bachar al-Assad, allié de l'Iran et du mouvement libanais Hezbollah[48] et membre clé de l'« Axe de la résistance ». Il fonde notamment le groupe rebelle Aknaf Beit al-Maqdess qui se bat contre le FPLP-CG, un autre groupe palestinien fidèle au régime syrien.
Dans le cadre de la guerre civile yéménite (2014-2017), le Hamas soutient le gouvernement yéménite contre les rebelles Houthis, eux aussi membres de l'Axe de la résistance. En conséquence, l'Iran finance le Front Populaire pour la Libération de la Palestine[49], laïc, qui a exprimé son soutien au régime syrien et rival du Hamas. Le Hamas renoue cependant avec l'Iran à partir de 2017 et avec le régime syrien en 2022, réintégrant l'alliance des Dix de Damas[24].
Le Hamas (en arabe : حماس ) est l'acronyme partiel de harakat al-muqâwama al-'islâmiya (en arabe : حركة المقاومة الإسلامية, littéralement « Mouvement de résistance islamique »). Le terme Hamas en lui-même signifie littéralement « zèle », « enthousiasme », « ferveur », voire « exaltation »[50].
L’emblème du Hamas représente la mosquée du dôme du Rocher, située à Jérusalem. Deux drapeaux palestiniens de forme semi-circulaire entourent le Dôme. Le drapeau de droite porte la phrase musulmane « Il n’y a qu’un Dieu, Allah », et celui de gauche « Mahomet est le messager d’Allah. » Deux sabres croisés encadrent la base du Dôme. Au-dessus de cette illustration, une carte montre la Palestine. En dessous, on peut lire « Palestine » et, plus bas encore, « Mouvement de la résistance islamique-Hamas ».
La carte illustre la volonté du mouvement de récupérer la Palestine en totalité, et non dans les frontières de 1967[51].
Le slogan du Hamas, tel qu'il est déclaré dans l'article 8 de sa charte, reflète la centralité du Jihad violent — la résistance sanctionnée par la religion contre les ennemis présumés de l'Islam — à ces stratégies[52] :
« Allah est sa cible, le Prophète est son modèle, le Coran sa constitution : le jihad est son chemin et la mort pour l'amour d'Allah est le plus élevé de ses souhaits. »
Dans sa charte, publiée en 1988, le Hamas définit son idéologie comme islamiste. Cette charte identifie le Hamas comme étant une branche des Frères musulmans égyptiens en Palestine et déclare que ses membres sont des musulmans qui « craignent Allah et élèvent la bannière du Jihad face aux oppresseurs[53] ».
L'organisation appelle au Jihad contre les Juifs et à la création « d'un État islamique en Palestine » à la place d'Israël[54] ainsi qu'à l’anéantissement et la disparition de l'État d'Israël[55],[56]. Selon le Hamas, le massacre et l'exil des Juifs de Khaybar (actuelle Arabie saoudite) évoqués dans le Coran se reproduira contre Israël[57][réf. à confirmer].
Le chercheur Gilles Paris observe que le Hamas « module ses positions » à partir des années 1990 au gré des circonstances[58]. En 2011, l'organisation précise que cette charte « conserve sa valeur d'autorité », mais ne doit pas être interprétée de façon littérale[58].
En 2017, la charte du Hamas est amendée (voir infra)[59]. Le nouveau texte vise à marquer un infléchissement de sa ligne idéologique. Il abandonne toute référence au mouvement des Frères musulmans, désavoue le processus d’Oslo et rejette également la déclaration Balfour de 1917 ainsi que le plan de partage de la Palestine des Nations unies de 1947[60]. Israël n'est pas reconnue ni mentionnée et est toujours appelée l'« entité sioniste ». Si le texte ne comporte plus de passages explicitement antisémites, il désigne toutefois Israël comme une entité « illégitime » et « illégale » et le sionisme comme un « ennemi de la nation arabe et islamique »[58].
Sa fondation a pour but d'éliminer l'État d'Israël[61] et d'établir à sa place un État islamique dans tout ce qui était autrefois la Palestine sous mandat britannique (territoire comprenant aujourd'hui Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza)[52].
Selon le sociologue Matthiew Levitt, « le Hamas cherche également à contrer ce qu'il perçoit comme la sécularisation et l'occidentalisation de la société arabe, et à devenir internationalement reconnu comme le seul représentant du peuple palestinien, une distinction détenue par l'OLP depuis la conférence de la Ligue arabe de 1974 à Rabat »[52].
Pour atteindre ses objectifs, les efforts du Hamas se déploient sur trois volets : une activité d'aide sociale renforçant le soutien de la base à l'organisation, une activité politique rivalisant avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) laïque et l'Autorité palestinienne (AP), et des attaques de guérilla et terroristes ciblant les soldats et les civils israéliens[52].
Selon la biographie semi-officielle du Hamas, Truth and existence[62],[63], l'histoire du mouvement s'articule autour de quatre grandes étapes ou périodes :
Pour l'historien arabisant Jean-Pierre Filiu, les origines du mouvement Hamas s'appuie sur deux légendes symétriques : « l’une, « officielle », (remontant jusqu’aux années 1930 et au Syrien Ezzedine al-Qassam) qui en fait un mouvement viscéralement indépendant de toute manipulation étrangère (égyptienne ou israélienne) ; l’autre, à l’inverse, qui en fait une simple création des services secrets israéliens, destinée à mettre en échec le Fatah de Yasser Arafat », alors « que la réalité est plus complexe » et ne peut valider ces deux versions romanesques et manichéennes[31].
De nombreux experts[31] considèrent que l'histoire du Hamas débute seulement avec le tournant des années 1980 lorsque son influence politique commence à s'affirmer. L'abréviation Hamas apparaît pour la première fois en 1987 dans un document accusant les services secrets israéliens.
Dans les années 1970 et 1980, le Hamas développe un large réseau de mosquées, d'institutions caritatives, d’écoles, de jardins d'enfant et autres organisations à vocation sociale qui, pour Beverley Milton-Edwards et Stephen Farrell (en) constituent « des graines plantées dans le but de moissonner plus tard, les cœurs, les esprits et les âmes ». Pour le Hamas, « l’élimination de l’entité sioniste » est la condition obligatoire pour la réalisation de son but, l'instauration d'un État palestinien gouverné par les lois de l'islam.
En 1973, sous la direction d'Ahmed Yassine est créé le al-Mujamma al islam (Centre islamique) qui organise des actions violentes contre les partisans des mouvements palestiniens laïcs et de gauche[65]. La création du Centre islamique est approuvée par l'administration militaire israélienne afin d'affaiblir la gauche palestinienne laïque[66]. L'opposition aux islamistes dans les territoires palestiniens est alors réprimée par les autorités israélienne. Le chef spirituel du mouvement, Ahmed Yassine, était le favori des gouverneurs militaires qui, régulièrement, venaient lui rendre visite[67].
Le Hamas s'est formé fin 1987, le mouvement est alors proche des Frères musulmans d'Égypte dont il sera un satellite[68],[51]. Un premier tract est diffusé le 14 décembre 1987, une semaine après le début de l’Intifada, sous la signature de Harakæt ’al-Muqæwama ’al-Islæmiyya (Mouvement de la résistance Islamique)[69].
Selon sa charte, « le Mouvement de la Résistance Islamique est l'une des ailes des Frères musulmans en Palestine »[70].
À sa création en , le Hamas est divisé en une branche politique et une branche du renseignement qui en 1992 forme la branche militaire, les Brigades Izz al-Din al-Qassam[71], qui est considérée comme une organisation terroriste par l'Union européenne, les États-Unis[72], l'Australie, le Royaume-Uni[72],[73] et Israël.
Le Hamas se développe différemment en Cisjordanie, ne participant pas, notamment, à la création ou au contrôle d'institutions publiques. Les Frères musulmans en Cisjordanie forment alors une partie importante du Mouvement islamique de Jordanie qui fut pendant quelques années un allié du régime hachémite. De plus, les Frères musulmans en Cisjordanie s'appuient sur une classe sociale plus élevée (marchands, propriétaires, employés). Jusqu'au milieu des années 1980, les Frères musulmans prennent des positions essentielles dans les institutions religieuses de la Cisjordanie.
Selon certains analystes, les Frères musulmans palestiniens étaient financés pendant les années 1970 et 1980 directement et indirectement, au titre d'organisation caritative, par différents États comme l'Arabie saoudite et la Syrie, financements qu'Israël a laissé faire car à l'époque, ils n'étaient qu'un mouvement religieux sans actions militaires et ne pratiquant pas d'attentats terroristes contre Israël à la différence de diverses branches de l'OLP[37]. Selon l'historien Zeev Sternhell, c'est même Israël qui a « créé » le Hamas, « en pensant que c'était intelligent de jouer les islamistes contre l'OLP »[74],[51] mais cette vision est balayée par les historiens[31]. L'État hébreu, par ailleurs, a officiellement reconnu ce bras politique et caritatif des Frères musulmans probablement au printemps 1978[75].
Les activités du groupe se déclinent autour de projets religieux et dans une intense action sociale et communautaire. Au milieu des années 1980, les Frères musulmans palestiniens évoluent sous l'influence d'Ahmed Yassine. À l'époque, ils sont favorisés par le gouvernement israélien, qui emprisonne ses opposants du Fatah, comme Mohammed Dahlan[76].
Au cours de l’été 1988, le Hamas s’installe en Cisjordanie, publie des communiqués et décide de façon autonome des journées de grève ou d’escalade militaire[51].
Mais Ahmed Yassine commence à prôner l'action armée contre « l'occupant hébreu », et il est emprisonné par l'État israélien en 1989 pour meurtre et incitation à la violence, puis relâché au cours d'un échange de prisonniers. Le Hamas est cependant déclaré illégal par Israël en septembre de la même année[51].
Les premières actions armées du Hamas commencent au début de la première Intifada. Dans un premier temps, il s'attaque à des Palestiniens mis en cause[Par qui ?][En quoi ?], puis, par la suite, aux militaires israéliens et, enfin, aux civils israéliens. Le Hamas évolue vers un mouvement politique radical et organise des actions armées et violentes. En 1991, le Hamas commet sa première attaque contre des civils israéliens en tuant un résident de Kfar Darom dans la bande de Gaza, puis le , il commence sa campagne d'attentats-suicides en Israël en faisant exploser une camionnette entre deux autobus garés près d'une cafeteria à Mehola dans la vallée du Jourdain, tuant l'employé palestinien de la cafeteria - la cinquantaine de passagers des autobus en étaient sortis peu avant l'explosion[77],[61].
Le Hamas développe en parallèle le plus grand réseau de militants islamistes[évasif][78].
Le rôle du Hamas est éclipsé en 1989, notamment lorsque son fondateur, Ahmed Yassine, fut emprisonné en Israël.
Cependant, depuis le début des années 1990, le Hamas est largement financé par l'Iran[79],[37].
En décembre 1992, les Israéliens exilent vers le Liban 415 cadres et militaires islamistes des Territoires, comprenant la direction politique du Hamas qui se voit ainsi décapitée. Sa branche militaire très déterminée, avec à sa tête l'artificier Yahia Ayache, reste présente et multiplie les actions contre l'armée israélienne[51].
Après la Guerre du Golfe, le Hamas devient le groupe terroriste le plus actif dans les Territoires et à l’intérieur même d’Israël. Avec le Fatah et le jihad islamique, il est farouchement hostile au processus de paix menant aux accords d'Oslo en 1994[51].
Le Hamas rejette les accords d'Oslo de novembre 1993 signés entre Israël et l'Autorité palestinienne. Toutefois, dans le même temps, Ahmed Yassine propose une hudna (trêve — en référence à la loi islamique qui permet une trêve conditionnelle limitée à 10 ans maximum avec des non-musulmans) si Israël accepte de se retirer des territoires occupés. Mohamed Nazzal, représentant de Hamas en Jordanie souligne que la trêve avec l’ennemi est « un principe sanctionné par la loi islamique, dépendant des circonstances et de l’accord unanime de la direction ». Cela, poursuit-il, ne suppose « ni acceptation de la paix ni reconnaissance du droit des Juifs en Palestine »[80].
Le , le Hamas revendique son premier attentat-suicide[81], perpétré contre un bus à Mehola Junction, une aire d'autoroute dans la Vallée du Jourdain. Puis, le , le même type d'action est pour la première fois accomplie sur le sol israélien à Afoula, affirmant vouloir « venger les martyrs » du caveau des Patriarches de Hébron, tués lors du massacre d'Hébron par Baruch Goldstein[82]. Un autre attentat-suicide a lieu le [82], suivi par sept attaques suicides d' à , dont quatre sont revendiquées par le Hamas et trois par le jihad islamique[82]. Le Hamas cesse alors ses attentats-suicides, qui reprennent en réaction à l'assassinat de Yahia Ayache[83], en , lors de l’explosion de son téléphone portable piégé par le Shin Beth[51]. Trois[83] ou quatre[82] attentats-suicides sont ainsi organisés par le Hamas de février à [82] (Sprinzak affirme qu'un des quatre fut revendiqué par le jihad islamique et non par le Hamas[83]). Trois autres attentats-suicides sont organisés de mars à [82], puis un autre, isolé, le à Gaza[82].
Les familles des kamikazes sont financièrement soutenues par l'organisation[84].
Selon Anthony Cordesman (en), analyste au Center for Strategic & International Studies (en) à Washington et ex-conseiller à la sécurité nationale du sénateur John McCain, « Israël a aidé directement le Hamas car les israéliens voulaient l'utiliser comme un contre-pouvoir au Fatah[85] ». Israël a assassiné des leaders du Fatah, forçant la direction de ce mouvement de déplacer sa direction à Beyrouth au Liban, et les a ensuite chassés en Tunisie, laissant ainsi le champ libre au Hamas. La CIA a participé à cet effort, lequel correspondait à sa large approche de soutien et d'armement de groupes fondamentalistes islamiques pour combattre l'Union soviétique en Afghanistan et ailleurs dans le monde, et dans ce cas pour miner le Fatah[86].
Cependant si l'on suit d'autres sources, c'est exactement le contraire : depuis les années 1990 c'est l'OLP qui reçoit des financements des États-Unis et d'Israël pour l'aider à lutter contre le Hamas désormais largement financé par l'Iran[87],[37],
La thèse selon laquelle Israël aurait facilité l'existence du Hamas est qualifiée de rumeur absurde et explicitement démentie par Khaled Meshaal, premier dirigeant du Hamas : « ce bobard est véhiculé par des Arabes, des Arabes palestiniens. C’est une tentative de porter atteinte à l’image de notre mouvement. Pour nous, cette accusation est tellement ridicule que nous ne nous donnons même pas la peine de la démentir. C’est tellement illogique ! »… et voici son explication : « durant les années 1970, la principale force qui combattait contre Israël était le mouvement Fatah. Par conséquent, Israël concentrait sa répression militaire contre le Fatah et contre d’autres groupes, moins nombreux, de la résistance palestinienne, qui existaient alors. À l’époque, toutefois, le Hamas n’avait pas encore été réellement créé[88]. »
Le Hamas profite grandement de la Seconde Intifada pour rehausser son prestige à l'intérieur de la bande de Gaza et lance une nouvelle campagne d'attentats-suicides, rivalisant avec le jihad islamique. Les deux organisations revendiquent ainsi simultanément l'attentat du 9 août 2001 de la pizzeria. En , le Hamas revendique l'attentat de Patt Junction.
Le , Salah Shehadeh, l'un des principaux chefs des Brigades Izz al-Din al-Qassam, sa branche armée, est tué par une bombe d'une tonne larguée dans le cadre de la politique des assassinats ciblés d'Israël[89]. En raison des « dégâts collatéraux » (14 civils morts et 150 blessés), des procédures judiciaires, toujours en cours, sont enclenchées en Israël, la Cour suprême étant saisie de l'affaire, ainsi qu'en Espagne, en 2009, en vertu de la loi de compétence universelle[89]. Le Hamas, quant à lui, riposte par l'attentat du à l'Université hébraïque de Jérusalem, qui fait neuf morts (dont un étudiant français).
Le chef historique du mouvement, Ahmed Yassine, a prédit pour les Juifs des désastres qu'il disait avoir tirés du Coran et avançait que l'année 2027 serait celle de la fin de l'État d'Israël[51]. Il est tué[90] lors d'une attaque ciblée de l'armée israélienne le , sur ordre d'Ariel Sharon.
Le successeur de Yassine, Abdel Aziz al-Rantissi, est également assassiné quelques jours après sa désignation. Le changement de direction à la tête du Hamas entraîne un changement de stratégie du mouvement qui commence à s'impliquer davantage dans la vie politique. Des représentants du Hamas se présentent aux élections municipales palestiniennes de 2005. Le succès aux municipales fait alors apparaître le Hamas comme une opposition importante face au Fatah, un an avant les législatives prévues pour .
Il observe dans le même temps une accalmie ou un amoindrissement des hostilités dans les attentats depuis l'attaque dans la ville de Beer-Sheva en (15 morts et 125 blessés), mais a cependant lancé une attaque au même arrêt d'autobus en (7 blessés). Il a également revendiqué les tirs de roquettes effectués depuis la bande de Gaza. Selon les Israéliens, 2 990 attaques ont été menées contre Israël en 2005[91].
En tant que parti religieux, il est opposé au partage de son territoire avec Israël et a dénoncé les accords d'Oslo vus comme une trahison de la volonté du peuple, l'ouverture d'un processus de paix ayant échoué. Cependant, en 2003, le Hamas évoquait la possibilité d'une trêve temporaire mais totale après le rétablissement des frontières de 1967 ; c'est ce que Ahmed Yassine expliquait en [92] : « Une trêve ne me pose aucun problème. C'est possible si Israël accepte l'évacuation des zones occupées depuis 1967, l'établissement d'un État palestinien sur Gaza et la Cisjordanie, avec Jérusalem comme capitale. » Il faut néanmoins noter que la trêve envisagée dans cet article n'est que temporaire et que le principe de non reconnaissance de l'État d'Israël revendiqué dans la charte du Hamas n'a jamais été remis en cause[93].
De plus, si en 2006 Khaled Meshaal, le principal responsable du Hamas, déclarait : « Je pense que le monde occidental doit avoir compris, aujourd’hui, que le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël. », il le nuançait ainsi « nous acceptons aujourd’hui d’édifier un État palestinien à l'intérieur des frontières de 1967. Mais cela ne signifie nullement que nous reconnaissions Israël. Mais nous sommes prêts à conclure une trêve sur le long terme avec lui. En acceptant le statut d’Israël, sans pour autant le reconnaître[88] ». À plusieurs reprises le même précisait que les Palestiniens veulent qu'Israël reconnaisse un État palestinien sur les frontières de 67, mais sans qu'eux-mêmes ne reconnaissent Israël et sans accord de paix qui établirait les frontières entre les deux États - Israël et Palestine. Le Hamas propose et respecte une trêve : suspension provisoire des hostilités. La position d'Israël est inverse : Israël ne veut pas d'une trêve limitée dans le temps, mais d'un traité de paix définitif entre deux États, établissant des frontières définitives et que, en préalable, les Palestiniens reconnaissent l'existence de l'État d'Israël, sur la base de quoi les autres points et revendications palestiniennes doivent et peuvent être négociés ensuite[94].
Le , le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes. Il obtient 56 % des suffrages, ce qui lui donne une majorité parlementaire de 74 sièges sur 132[95]. Le Hamas ravit ainsi la majorité au Fatah. Ismaël Haniyeh est désigné par le Hamas pour former un nouveau cabinet de l'Autorité palestinienne.
Les élections sont tenues tardivement du fait des violences et de la situation instable qui dure depuis les années 2000[96]. Elles sont organisées avec la participation de plus d'un millier d'observateurs internationaux, du National Democratic Institue et des représentants du monde arabe[96]. L'organisation Arab Thougt Forum propose un code de conduite qui est accepté par tous les partis politiques, excepté le jihad islamique[96]. Les envoyés de l'UE rapportent quelques problèmes, mais rien qui puisse indiquer une fraude majeure de l'élection[96]. Cette victoire du Hamas est possible dans la mesure où ses dirigeants ne sont pas soupçonnés de corruption, grâce aux actions sociales qu'ils dirigent et de leur programme politique[97].
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, invite le Hamas à former le nouveau gouvernement[98]. Ce résultat est perçu comme un net retour en arrière par les gouvernements étrangers qui jouaient le rôle de médiateurs pour le conflit israélo-palestinien[réf. nécessaire]. Les États-Unis déclarent qu'ils ne traiteront pas avec le Hamas tant qu'il ne renoncera pas à ses objectifs militaires et seulement lorsqu'il reconnaîtra le droit à l'existence d'Israël, ce qui est en contradiction avec la charte actuelle du mouvement[59]. Dans le même temps, l'ancien Président israélien Moshe Katsav et l'ancien Premier ministre Shimon Peres ont tous deux déclaré que si le Hamas reconnaissait l'existence d'Israël et abandonnait le terrorisme, Israël négocierait avec ce mouvement.
Pendant la durée de la campagne législative palestinienne, le Hamas demande à l'UE des fonds et promet de ne pas utiliser les aides internationales dans leur campagne de destruction d'Israël[99]. Plusieurs commentateurs et médias israéliens précisent néanmoins que ses dirigeants ne renoncent pas à cet objectif[100]. Pendant cette campagne, le Hamas a soutenu également ses actions passées, notamment les attaques terroristes menées en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, qui d'après le mouvement sont la cause de l'évacuation des Israéliens de la bande de Gaza. Ainsi, il a placé sur ses listes des personnes comme Mariam Farahat (en), la mère d'un kamikaze et qui a participé à un attentat-suicide organisé par le Hamas[101].
En , Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, réitère la proposition de Hudna (en) et de mettre fin à la « lutte armée » si Israël se retire de tous les territoires occupés et reconnaît les droits du peuple palestinien[102]. Le Premier ministre israélien par intérim, Ehud Olmert, exclut de négocier avec le Hamas : « Nous ne négocierons pas et nous ne traiterons pas avec une Autorité palestinienne dominée totalement ou partiellement par une organisation terroriste armée appelant à la destruction de l'État d'Israël[103] ». L'objectif du Hamas est l'établissement d'un État islamique souverain sur toute la Palestine, cependant le Hamas est prêt à accepter dans un premier temps le territoire actuellement constitué de Jérusalem-Est, la bande de Gaza et la Cisjordanie (d'après les frontières d'avant 1967)[104]. Dans l'accomplissement de ce but, le Hamas soutient son droit à la lutte armée.
Selon certains médias[105], Abdel Aziz al-Rantissi, l'un des cofondateurs du Hamas, assassiné par Israël comme son prédécesseur Ahmed Yassine, a affirmé que le but de l'organisation était d'« effacer Israël de la carte ». Toutefois, ces affirmations en contredisent d'autres, et on se référera à la section sur l'idélologie du Hamas et à la Charte du Hamas pour tenter d'éclairer ce point.
Depuis l'élection ayant porté au pouvoir le Hamas, une rupture des subventions internationales et des attaques bilatérales entre les deux principales factions palestiniennes s'ensuivent, soit le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas du premier ministre Ismaël Haniyeh. Constatant l'échec des négociations Fatah-Hamas, le président Abbas menace à la mi-décembre de déclencher des élections législatives anticipées. Le Hamas rejette la décision d'appeler à de nouvelles élections législatives. Quoi qu'il en soit, Abbas n'a toujours pas agi dans ce sens et les négociations ont abouti à un accord sur un gouvernement d'union nationale palestinien entre Hamas et Fatah.
Malgré l'accord entre le Hamas et le Fatah, Mohammad Dahlan, chef de la Sécurité intérieure (membre du Fatah), accentue les tensions et les amplifie pour leur faire atteindre leur paroxysme en . Ainsi, le , à la suite de ce qui s'apparente à une guerre civile entre le Hamas et le Fatah, qui occasionnera 113 morts, les forces de sécurité prennent le contrôle de la bande de Gaza, évinçant totalement le Fatah du territoire.
Cette confrontation débouche sur des affrontements violents. Plus de 600 Palestiniens ont été tués dans les combats à Gaza de à [106].
En conséquence le 17 juin, le président Mahmoud Abbas limoge Ismaël Haniyeh de son poste de Premier ministre, nommant à sa place le ministre des Finances Salam Fayyad. Ce nouveau gouvernement siégeant à Ramallah et contrôlant la Cisjordanie n'est pas reconnu par le Hamas, car la Loi fondamentale impose au président en cas de limogeage du Premier ministre, de le remplacer par un membre de la majorité parlementaire, à savoir le Hamas, or le parti de Salam Fayyad n'a obtenu que 2 % des sièges aux législatives contre 56 % pour le Hamas, ce qui mène à la scission de fait des Territoires palestiniens en deux entités distinctes.
Ainsi, après sa victoire aux législatives palestiniennes de 2006, le Hamas gouverne sans partage les deux cinquièmes des Palestiniens dans les Territoires[59].
À la suite de ces événements, des divergences apparaissent au sein du Fatah, resté au pouvoir en Cisjordanie quant à l'attitude à adopter. Abbas refuse catégoriquement tout « dialogue avec les putschistes, les assassins, les terroristes », qualifiant la prise de contrôle du Hamas de « plan pour diviser Gaza et la Cisjordanie et établir un Émirat, un mini-État, contrôlé par un seul groupe, ses fanatiques et ses fondamentalistes ». D'autres, tel Marouan Barghouti, critiquent fermement le coup de force du Hamas à Gaza, tentant cependant de conserver l'objectif de l'unité des Palestiniens[107].
Alors qu'une trêve entre le Hamas et Israël a été décrétée le pour une durée de six mois reconductible, Israël procède à plusieurs incursions en justifiant ces dernières par la présence de combattants à sa frontière avec Gaza[réf. nécessaire]. Khaled Mechaal, en exil à Damas, a déclaré : « Sachant que l'ennemi ne respecte pas ses engagements et que le siège (de Gaza) est toujours en place contre notre peuple, pour le Hamas, et je pense la majorité des forces, la trêve prend fin après le 19 décembre et ne sera pas renouvelée »[108]. Le , selon Libération, la trêve est définitivement rompue après une attaque aérienne israélienne sur la bande de Gaza tuant 7 militants du Hamas. Le mouvement islamiste répond à son tour en tirant des roquettes sur le sud d'Israël[109].
Ainsi, plus de 80 roquettes et tirs de mortiers touchent, le , des villes israéliennes voisines de la bande de Gaza.
Israël invoque la légitime défense face aux tirs de roquettes du Hamas et menace d’une offensive terrestre pour cesser les tirs de roquettes[110].
Le samedi à 11 h 30 du matin UTC+2 (9 h 30 du matin UTC), Israël débute l'opération Plomb durci, caractérisée par des raids et bombardements aériens ciblés, et poursuivie par une offensive terrestre lancée le .
Le , le Fatah et le Hamas concluent un accord de réconciliation en vue des élections générales prévues dans l'année. Toutefois cet accord comme les précédents n'a pas abouti concrètement, un protocole signé en au Caire, prévoyait « la formation d'un gouvernement transitoire d'indépendants pour préparer les élections » mais le Hamas a rejeté le Premier ministre désigné par Mahmoud Abbas. Afin de résoudre le conflit, le président palestinien a proposé en à Doha d'occuper aussi cette fonction. Cette proposition a été acceptée par Khaled Mechaal mais elle a été refusée par une partie des dirigeants islamistes de Gaza qui sont en désaccord avec la stratégie de Mechaal, dirigeant en exil à Damas. Ils lui reprochent de s'être prononcé « pour un État palestinien à côté - et non à la place - d'Israël et de préférer désormais la "résistance populaire pacifique" à la lutte armée ». En réaction, Ismaël Haniyeh a affirmé à Téhéran que « le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël ».
En 2012 se sont déroulées une succession d'attaques et de représailles entre le Hamas, le Jihad islamique, les Comités de résistance populaire et diverses factions salafistes et de la mouvance Al-Qaïda de la bande de Gaza et l'Armée de défense d'Israël.
L'opération Colonne de nuée est une opération militaire menée par l'Armée de défense d'Israël dans la bande de Gaza qui a commencé le en réponse aux attaques frontalières contre des soldats israéliens et aux tirs de roquettes et de missiles du Hamas et les autres organisations islamistes palestiniennes de la bande de Gaza contre le sud israélien. Cette opération a débuté par un tir d'un missile de l'armée de l'air israélienne sur la voiture d'Ahmed Jaabari, le chef militaire du Hamas alors qu'il circulait dans l'une des artères principales de la ville de Gaza. Il est tué sur le coup avec l'un de ses fils. Parallèlement, des rampes de lancement souterraines de missiles Fajr 5 d'origine iranienne d'une portée d'environ 75 km pouvant atteindre la (métropole de Tel-Aviv), Gush Dan, qui compte 3,2 millions d'habitants sont ciblées par des frappes aériennes. L’armée israélienne annonce avoir détruit la quasi-totalité de ces missiles[111],[112],[113].
En , Khaled Mechaal a reconnu lors d'un discours à Gaza que la stratégie du Hamas consistait à faire « parfois une trêve, parfois une escalade sous des formes variées, parfois tirer des roquettes, parfois non »[114]. Il a aussi déclaré que « les combattants de Gaza avaient détruit la maison d'Ehud Barak » durant l'opération Pilier de défense. En réalité, aucune roquette n'est tombée sur Tel-Aviv où réside le ministre de la Défense israélien. Les trois roquettes qui visaient la métropole israélienne ont été interceptées par le système de défense anti-missile israélien Iron Dome[115].
En , le Hamas et le Fatah annoncent leur volonté de réconciliation et la formation prochaine d'un gouvernement d'union nationale[116]. En , le Hamas et le Fatah forment un « gouvernement de consensus » qui met fin à 7 ans de dissensions entre les deux factions rivales. L'administration américaine, bien que catégorisant toujours le Hamas parmi les organisations terroristes, ne condamne pas le rapprochement et décide de le juger sur les faits. Benyamin Nétanyahou de son côté prie la communauté internationale de « ne pas se précipiter pour reconnaître un gouvernement palestinien dont le Hamas est membre à part entière »[117] et décide de boycotter le gouvernement nouvellement formé[118].
Le , le Hamas a fustigé Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, pour sa coopération sécuritaire avec les forces de sécurité israéliennes à la suite de l'enlèvement de trois adolescents israéliens le 12 juin 2014 dont Israël tient le Hamas pour responsable. Un porte-parole du Hamas a qualifié cette coopération de « crime et de violation de l'accord de réconciliation » soulignant qu'elle était « punissable selon la loi »[119].
À la suite de l'enlèvement de trois adolescents israéliens le alors qu'ils faisaient de l'auto-stop de Bethléem et Hébron pour se rendre à Jérusalem, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou accuse le Hamas d'être « responsable de l'enlèvement », tandis qu'un porte-parole du Hamas à Gaza a déclaré que les remarques de Netanyahu leur attribuant la responsabilité sont « stupides et sans fondement »[120],[121]. Un autre porte-parole du Hamas a déclaré que « son mouvement était honoré d’être accusé » par lui tout en soulignant que « le Hamas n'a pas revendiqué cet honneur ». Il a par ailleurs contesté le fait que les disparus (deux de 16 ans, un de 19 ans) soient « des adolescents » les qualifiant « de soldats »[122]. Le , Khaled Mechaal, le chef en exil du Hamas a « félicité » les kidnappeurs dans une interview à Al Jazeera tout en déclarant qu'il ne pouvait ni confirmer ni démentir que le Hamas soit responsable de l’enlèvement[123].
Le Tsahal arrête près d'une centaine de membres et de responsables du Hamas en Cisjordanie y compris son chef local Hassan Youssef, ainsi que des dirigeants du Jihad islamique. L'armée israélienne impose un bouclage complet de la ville de Hébron dans le cadre des recherches pour tenter de retrouver les trois disparus. Les recherches se concentrent sur la localisation de deux membres du Hamas disparus depuis le jour de l’enlèvement[124]. Selon des sources palestiniennes, les services du renseignement palestiniens ont « une coordination active » avec les forces de sécurité israéliennes. Elles ont souligné que « ces dernières années, l’Autorité palestinienne a arrêté des dizaines de membres du Hamas palestinien qui ont été impliqués dans des tentatives d’enlèvements précédents ». Israël a déclaré que « les hommes responsables de ces tentatives faisaient partie des 1027 prisonniers libérés des prisons israéliennes dans le cadre de l’échange 2011 pour libérer le soldat Gilad Shalit »[125].
John Kerry, le secrétaire d'État des États-Unis qualifie dans un communiqué cet enlèvement « d’acte terroriste ignoble » et déclare que de « nombreux indices pointent vers l’implication du Hamas » précisant que la position américaine n’a pas changé et que les États-Unis considèrent toujours le Hamas comme « une organisation terroriste »[126].
Le , Mahmoud Abbas président de l’Autorité palestinienne, condamne l'enlèvement des trois jeunes Israéliens, dénonçant ce rapt ainsi que les « violations israéliennes qui ont suivi ». Le premier ministre israélien a tenu Mahmoud Abbas « responsable de toute attaque émanant d'un territoire sous contrôle palestinien ». L'armée israélienne a arrêté Aziz Dweik, membre du Hamas et président du Parlement palestinien ainsi que cinq autres députés du Hamas originaires de la ville d'Hébron, portant ainsi à 150 le nombre des membres de cette organisation arrêtés[127].
Durant une opération contre des membres du Hamas effectuée par Tsahal dans le camp palestinien de Jalazone près de Ramallah se déclencha une émeute durant laquelle des blocs de béton et des pierres ont été lancés sur les soldats à partir des toits et dans les ruelles, et trois d'entre eux ont été légèrement blessés. Un Palestinien de 19 ans a été tué alors qu'il « menaçait de jeter un autre bloc de pierre » sur des soldats participant aux recherches[128],[129].
Le , un responsable du Hamas a déclaré que « le groupe est capable d'initier une troisième Intifada » mettant en garde contre « les conséquences de la pression continue sur les Palestiniens » et ajoutant que le « Hamas ne restera pas les bras croisés pendant qu’Israël continue ses crimes en Cisjordanie ». Depuis le Israël a arrêté 240 militants palestiniens, dont 200 membres du Hamas[130].
Le , Riyad al Maliki, le ministre des Affaires étrangères palestinien a déclaré dans une interview à Reuters que « tant que Mahmoud Abbas sera au pouvoir », il n'y aura pas de troisième Intifada[131].
Durant la guerre de Gaza de 2014, de nombreux chefs du Hamas ont été tués par des frappes de Tsahal. Parmi eux, on cite Raed al Atar, Mohammed Abou Shmallah et Mohammed Barhoum. Plusieurs centaines de combattants ont aussi été tués.
Le , Ismaël Haniyeh est élu à la tête du Hamas et succède ainsi à Khaled Mechaal, qui ne pouvait se représenter après avoir effectué les deux mandats autorisés[132],[133]. En février précédent, il avait été remplacé par Yahya Sinwar, à la tête du Hamas dans la bande de Gaza[134].
Le , le Hamas et le Fatah signent un accord de réconciliation dont le but est, selon le numéro deux du Hamas Saleh al-Arouri de « travailler ensemble contre l’entreprise sioniste »[135]. L'accord prévoit que l'Autorité palestinienne prenne le contrôle total de la bande de Gaza, d’ici le et que 3 000 policiers de l’Autorité palestinienne soient déployés dans la bande de Gaza et aux frontières avec Israël et l’Égypte[136]. Selon Cyrille Louis du Figaro, « les pressions extérieures, ainsi que l'épuisement d'une population soumise aux rigueurs du blocus israélo-égyptien et meurtrie par trois guerres successives, l'ont convaincu de remettre les clés de l'enclave à l'Autorité palestinienne. »[137].
Les forces de sécurité du Hamas dispersent le des manifestations, expression de mécontentement social[138]. La violence augmente les deux jours suivants[139]. Le , l'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient Nickolay Mladenov, condamne la répression violente par le mouvement islamiste de ces manifestations pacifiques[140].
La charte du Hamas a été adoptée le . Elle comprend le programme et les objectifs originels du mouvement :l'institution d'un État palestinien, la libération des Territoires palestiniens occupés et l'élimination d'Israël[56]. Appelant au jihad contre les Juifs, elle abonde également en références antisémites[141],[142],[143],[144].
La charte suscite la controverse. Certains analystes comme Gilbert Achcar, en 2006, estiment que le contenu de la charte ne reflète plus les positions actuelles du mouvement qui ont évolué depuis 1988 notamment dans des déclarations officielles[145],[16],[146],[147].
L'universitaire allemand Bassam Tibi estime en 2013 que la charte du Hamas est toujours d'actualité et qu'elle exprime « l'agenda antisémite d'une organisation présentée à tort comme un mouvement de libération »[148]. Il considère que l'antisémitisme de la charte traduit une « idéologie génocidaire »[148] et qu'il suscite la crainte d'un nouvel Holocauste[149].
En 2017, un nouveau document est rédigé et s'ajoute à la charte originelle de 1988, qui ne sera pas abandonnée. Document en 42 points, la charte amendée est dévoilée le 1er mai à Doha avant l'annonce du vainqueur des élections internes pour remplacer le chef du Hamas en exil Khaled Mechaal[59].
Ce document ne fait plus mention des Frères musulmans dont le Hamas est issu, alors qu'ils sont cités à plusieurs reprises dans la charte initiale[59].
Les principales modifications sont la reconnaissance de l'État de Palestine dans les frontières de 1967 avec pour capitale Jérusalem, avec le retour des réfugiés et des déplacés palestiniens, et la différence entre les Juifs comme communauté religieuse d'une part et l'occupation et le projet sioniste d'autre part, afin de se prémunir contre les accusations de racisme, d'antisémitisme ou de contravention au droit international[59]. Le texte insiste sur le fait que le conflit avec Israël est « politique et non religieux » et modifie les références historiques du Hamas. Ainsi, le nouveau document affirme que le Hamas ne combat pas « les juifs parce qu'ils sont juifs » mais lutte contre « les sionistes qui occupent la Palestine »[59].
Cette modification de la charte a pour objectif un meilleur dialogue avec l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), ainsi que la communauté internationale. Dans le document rendu public en arabe et en anglais, que le mouvement a adjoint à sa charte rédigée en 1988, le Hamas estime que « l’établissement d'un État palestinien entièrement souverain et indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem pour capitale, (…) est une formule de consensus national[150] ».
« Officiellement, le document ne se substitue pas à cette charte. Mais de nombreux analystes voient en lui un nouveau manifeste de référence appelé à faire oublier le texte historique réclamant la destruction d'Israël »[59]. Des diplomates occidentaux s'interrogent sur la concrétisation des amendements apportés par le Hamas. En parallèle, ils notent que le Hamas refuse toujours d'accéder aux exigences primordiales de reconnaissance d'Israël ou de renonciation à la lutte armée[59]. Pour la chercheuse en sciences politiques associée à l'OMAM[Quoi ?], Leila Seurat, ce document est une « sorte de plan marketing »[151].
L'idéologie officielle du Hamas se veut nationaliste. Elle est exprimée dans la Charte du Hamas. Cette idéologie officielle n’est pas toujours en cohérence avec les pratiques. De fait, au début 2006, le Hamas a confirmé étudier une charte réformée.
Selon Khaled Mechaal, le dirigeant du Hamas, « la charte n'appelle pas du tout à la destruction d'Israël. En arabe, il est écrit : « Pour mettre un terme à l'occupation israélienne de la Palestine. Nous ne voulons pas nous débarrasser de l'autre, nous souhaitons seulement obtenir nos droits[152]. »
Dans un article académique[153], Khaled Hroub (en), explique, en s'appuyant sur trois documents politiques publiés en relation avec les élections palestiniennes de 2006, que :
« Malgré la rhétorique souvent répétée des dirigeants du Hamas selon laquelle leur mouvement restera fidèle à ses principes connus, les trois documents révèlent sans équivoque possible que la demande de la scène nationale a conduit le Hamas dans des directions totalement nouvelles, confirmant et allant au-delà de profonds changements qui se tramaient depuis près d'une décennie. »
Par ailleurs,
« (le) Hamas continue à être caractérisé par des références à sa charte de 1988, mise en place moins d'un an après que le mouvement fut établi en réaction directe au lancement de la première intifada et quand sa raison d'être était la résistance armée à l'occupation. Pourtant, quand on compare les documents pré-électoraux et post-électoraux à la charte, il apparaît clairement que ce qui est mis en avant est une organisation profondément différente. »
Ces documents ne sont pas traduits en français alors même que dans ces textes, on découvre que le Hamas se dit soucieux de libertés politiques, « incluant la liberté d’expression, de presse, d’association », de « pluralisme », de « séparation des pouvoirs », d’« alternance pacifique au pouvoir », mais aussi d’« édification d’une société civile développée[154] ». Cependant, des observateurs et associations de droits humains dénoncent régulièrement les graves atteintes du Hamas à ces libertés prônées[155],[156],[157],[158],[159],[160] ,[161],[162],[163],[164],[165],[166],[167].
Khaled Hroub précise que dans l'un des 13 articles (le seul qui se réfère à l'islam) d'un des documents qu'il a étudiés, il est dit que « la loi islamique devrait être la principale source de la législation[154] ».
Concernant l'évolution du Hamas, dans un article[168] de recension Sara Roy remarque :
« La capacité du Hamas à se réinterpréter dans le temps au travers de processus de radicalisation, dé-radicalisation, dé-militarisation, et re-radicalisation est un phénomène notable et courant dans son évolution historique. »
Les indications ci-dessous sont essentiellement tirées de la charte de 1988.
« Quant à ses objectifs : Combattre le Mensonge, le défaire et le détruire pour que règne la Vérité, que les patries soient restituées, que l'appel à la prière annonçant l'établissement de l'État de l'islam soit lancé du haut de leurs mosquées. » (Article 9)[53] « Dieu est son but, l'Apôtre son modèle et le Coran sa constitution. » (Article 9)[53]
Il n'est pas fait directement mention dans la charte d'une république islamique. Le mot « République » n'apparaît d'ailleurs pas. Certaines déclarations de dirigeants vont dans le sens d'une république islamique, mais pas toutes.
« Le mouvement de la résistance islamique est un mouvement palestinien spécifique. » (Article 6)[53].
Ce nationalisme se considère cependant comme pleinement inséré dans un contexte plus large, celui du monde arabe et celui du monde musulman.
« La cause de la libération de la Palestine tient à trois cercles : le cercle palestinien, le cercle arabe et le cercle islamique. Chacun de ces trois cercles a un rôle propre à tenir dans la lutte avec le sionisme, chacun a des devoirs propres. » (Article 14)[53].
« Le mouvement de la résistance islamique considère que la terre de Palestine est une terre islamique waqf [de main-morte] pour toutes les générations de musulmans jusqu'au jour de la résurrection. Il est illicite d'y renoncer en tout ou en partie, de s'en séparer en tout ou en partie. » (Article 11)[53]
« Renoncer à quelque partie de la Palestine que ce soit, c'est renoncer à une partie de la religion. » (Article 13)[53]
On note cependant que si Israël n'est toujours pas accepté en 2006, le Hamas propose depuis plusieurs années une « trêve de très longue durée » (non définie) à Israël, en échange d’un retrait des territoires palestiniens occupés après la guerre de 1967. Ainsi, Dans une interview au journal russe Nezavisimaya Gazeta publiée lundi , Khaled Mechaal (basé à Damas, considéré comme un « faucon »), le chef politique du Hamas, indique que « si Israël reconnaît nos droits et s'engage à se retirer de tous les territoires occupés, le Hamas, et avec lui l'ensemble du peuple palestinien, décideront de mettre un terme à la résistance armée ».
Voir La religion dans le conflit israélo-palestinien
Au-delà de l’hostilité à Israël, à son refus de tout dialogue et à la volonté de sa disparition, dès sa fondation, la charte du Hamas régissant son fonctionnement et ses principes exprime une forte hostilité aux Juifs puisqu'elle appelle au jihad contre les Juifs[169]. Cependant, le Hamas déclare aussi : « À l'ombre de l'islam, les disciples des trois religions, islamique, chrétienne et juive, peuvent coexister dans la sécurité et la confiance. Ce n'est qu'à l'ombre de l'islam que la sécurité et la confiance peuvent se trouver, l'histoire récente et ancienne en constituant un bon témoin. »
« L'Heure ne viendra pas avant que les musulmans n'aient combattu les Juifs » (Article 7)[53]
« Israël, par sa judéité et ses Juifs, constitue un défi pour l'islam et les musulmans. » (Article 28)[53]
« Grâce à l'argent, [les ennemis] règnent sur les médias mondiaux, les agences d'informations, la presse, les maisons d'édition, les radios, etc. Grâce à l'argent, ils ont fait éclater des révolutions dans différentes régions du monde pour réaliser leurs intérêts et les faire fructifier. Ce sont eux qui étaient derrière la révolution française, la révolution communiste. […] Ils ont obtenu la déclaration Balfour et ont jeté les bases de la Société des Nations pour gouverner le monde à travers cette organisation. Ce sont eux qui étaient derrière la Seconde Guerre mondiale, qui leur a permis d'amasser d'énormes profits grâce au commerce du matériel de guerre. Ils ont préparé le terrain pour l'établissement de leur État et ce sont à leurs instigations qu'ont été créés l'ONU et le Conseil de sécurité pour remplacer la Société des Nations, afin de gouverner le monde à travers eux. » (Article 22)[53]
« Leur plan se trouve dans les Protocoles des Sages de Sion et leur conduite présente est une bonne preuve de ce qu'ils avancent. (Article 32)[53],[170] »
« Le plan sioniste n'a pas de limite ; après la Palestine, ils ambitionnent de s'étendre du Nil à l'Euphrate. Lorsqu'ils auront parachevé l'assimilation des régions auxquelles ils seront parvenus, ils ambitionneront de s'étendre plus loin encore, et ainsi de suite. Leur plan se trouve dans les Protocoles des Sages de Sion. » (Article 32)[53],[170]
Abdel Aziz al-Rantissi, un des représentants et cofondateur du Hamas (assassiné en 2004 par l'armée israélienne), a déclaré en 2003 que la Shoah n'avait jamais eu lieu et que les sionistes étaient derrière les agissements des nazis et qu'ils financèrent le nazisme[171].
Cela contredit les déclarations[172] de de Bassem Naeem, ministre de la santé et de la communication du gouvernement du Hamas à Gaza, selon qui :
« Il doit être clair que ni le Hamas, ni le gouvernement palestinien à Gaza ne nie l’holocauste commis par les nazis. L’holocauste n’était pas seulement un crime contre l’humanité, mais un des crimes les plus abominables de l’histoire moderne. Nous le condamnons comme nous condamnons tous les abus contre le genre humain et toutes les formes de discrimination sur la base de la religion, de la race, du genre ou de la nationalité. »
Par ailleurs, Mohammed al-Dheif, un des hauts responsables du Hamas dans la bande de Gaza, a déclaré que le Hamas combat uniquement les Juifs qui vivent en « Palestine » et qu'il ne s'en prend pas aux Juifs qui prient dans leurs synagogues en Grande-Bretagne ou aux États-Unis[173].
Par ailleurs les programmes télévisés du Hamas et de sa chaîne Al-Aqsa TV diffusent des émissions aux connotations antisémites à l'instar de l'émission d'endoctrinement pour enfants Les Pionniers de demain et de ses personnages polémiques et controversés de Farfour la souris[174], Nahoul l’abeille ou Assoud le lapin[175], déclarant dès sa première apparition[176] qu'il « se débarrassera des juifs en les mangeant »[177],[178].
Le 7 mai 2021, Fathi Hammad, membre du ministère de l'Intérieur pour le Hamas à Gaza, appelle tous les habitants de Jérusalem sur la chaîne Al-Aqsa TV à couper la tête des Juifs avec le premier couteau qu'ils pourraient trouver et explique même comment s'y prendre[179]. Il avait déjà appelé le 12 juillet 2019 les Palestiniens du monde entier à massacrer les Juifs[180].
Dans la charte du Hamas, on peut lire :
« Les initiatives, les prétendues solutions de paix et les conférences internationales préconisées pour régler la question palestinienne vont à l'encontre de la profession de foi du Mouvement de la résistance islamique […] Il n'y aura de solution à la cause palestinienne que par le djihad. Quant aux initiatives, propositions et autres conférences internationales, ce ne sont que pertes de temps et activités futiles. » (Article 13)[53]
« Le jour où les ennemis usurpent une terre qui appartient aux musulmans, le combat devient une obligation religieuse individuelle [fard 'ayn] qui incombe à chaque musulman. » (Article 15)[53]
D'après le journaliste Claude Angeli du Canard enchaîné, un conseiller de Benyamin Netanyahou du Likoud et un émissaire responsable du Hamas se sont rencontrés en secret à Genève en [181].
Pour le Hamas, « lorsqu'un ennemi usurpe un territoire islamique, le Jihad est un devoir »[182].
Depuis le premier semestre 2005, le Hamas a accepté le cessez-le-feu, plus ou moins respecté jusqu'au .
Concernant les négociations avec Israël, le Hamas en refuse toute pensée. Khaled Mechaal (alors basé à Damas) déclare par contre le « Avec Israël, nous ne parlerons jamais. Nous sommes prêts à parler avec n'importe qui d'autre […] y compris les États-Unis[183] ». Selon certains, les déclarations des dirigeants sont contradictoires, certains membres du Hamas ne l’excluent pas totalement (Ismaël Haniyeh)[réf. nécessaire].
Selon Jennifer Loewenstein (en) , « l'acceptation d'un État palestinien indépendant fait partie de ses objectifs politiques depuis longtemps. Sa réputation de mouvement « réjectionniste » vient en partie de sa récalcitrance à agir seul, sans des actes réciproques de la part d'Israël »[184]. Loewenstein a collecté des déclarations du Hamas qu'elle interprète comme un soutien informel à la solution à deux États, et donc de la reconnaissance implicite d'Israël (y compris dans le programme électoral de 2006 du Hamas)[185],[186]. Ce point de vue se voit confirmé par Ephraim Halevy, ancien dirigeant des services secrets israéliens (le Mossad) qui dit que même si les militants du Hamas, tout comme la plupart des Israéliens de droite, rêvent d'expulser leurs adversaires, « ils ont reconnu que cet objectif idéologique n'est pas atteignable et ne le sera pas à l'avenir. Ils sont prêts et désireux de voir s'établir un État palestinien à l'intérieur des frontières temporaires de 1967, et ils sont conscients qu'ils devront donc emprunter un chemin qui pourrait les mener loin de leurs objectifs originels »[187].[source insuffisante]
Dans la branche armée du Hamas, il existe plusieurs groupes :
En 2014, Khaled Mechaal, le chef politique du Hamas, indique que l'organisation compte 50 000 employés.
« Selon des articles de presse, le Hamas comptait plus de 34 000 employés sur sa liste de paie qui percevaient 16 millions de dollars de salaires mensuels »[37].
En 2014, le magazine Forbes classe le groupe palestinien Hamas en deuxième position des 10 organisations terroristes les plus riches au monde, avec son chiffre d'affaires annuel de 1 milliard de dollars, devant le Hezbollah, Al-Qaida et les talibans, et derrière l'État islamique. Ses ressources proviennent essentiellement des aides internationales et des ONG[36].
« Selon le Shin Bet, d'ici 2010, le budget du Hamas se compose de trois parties principales :
En 2019, d'après les estimations des services de renseignements israéliens, le budget militaire annuel du Hamas avoisine les 250 millions de dollars[188].
Historiquement, le Hamas a reçu des fonds, des armes et une formation de l'Iran[189],[79]. Ce financement s'élevait jusqu'en 2011 à quelque 3 millions de dollars par an[37]. Depuis, le Hamas a renoué ses liens avec l’Iran après leur désaccord au sujet du conflit en Syrie, afin de retrouver une source de financement[190].
En , à la suite de l'opération Pilier de défense, le Hamas remercie l'Iran pour son soutien militaire et financier ; dans le même temps, le ministre du Hamas Mahmoud al-Zahar appelle les pays du Golfe à « rivaliser avec l'Iran en nous donnant des armes et de l'argent »[191].
En mai 2021, Yahya Sinwar, chef du Hamas dans la bande de Gaza, déclare dans un communiqué : « Nous disposons de ressources financières suffisantes… dont une grande partie provient de l’Iran, et une autre partie provient de donateurs arabes et musulmans et de personnes libres du monde entier qui sont solidaires de notre peuple et de ses droits »[192].
Après l'Iran, le Qatar soutient financièrement le Hamas[189]. Alors que les fonds qataris n'avaient jamais été bloqués auparavant, 400 millions de dollars d'aide au Hamas promis par le Qatar en 2012, et devant servir pour les salaires de 44 000 fonctionnaires du Hamas, n'ont pu être transférés en 2014 par l'Arab Bank en raison de la pression des États-Unis considérant le Hamas comme une organisation terroriste[193],[37].
Depuis 2018, le Qatar a fourni plus de 300 millions de dollars de subventions à Gaza, qui est dirigée par les clients du Hamas de Doha, avec l'autorisation d'entrée des fonds de la part d'Israël en échange du calme à sa frontière sud[194]. La communauté internationale sanctionnant les institutions financières qui traitent avec le groupe terroriste Hamas[195], les banques palestiniennes craignent d’être frappées de sanctions si leur argent va au Hamas et sont donc tenues de suivre les directives internationales. Ainsi, pour contourner les freins, des bureaux de poste peuvent faire office de banque[194],[196]. Toutefois, pour Yossi Cohen, ancien chef du Mossad, les paiements du Qatar au Hamas « sont devenus hors de contrôle »[197].
D'autres fonds proviennent des pays du Golfe, d'Arabie saoudite et d'autres États arabes modérés. « La majeure partie du financement provient de sources saoudiennes, pour une valeur totale de 12 millions de dollars par an »[37].
De leur côté, les Émirats arabes unis envoient des fonds humanitaires vers la bande de Gaza, un argent « capté par le Hamas, la seule puissance politique et institutionnelle à dominer l'intégralité de Gaza »[189].
La Syrie est une base importante de l'organisation Hamas, dans les domaines politique, informationnel et opérationnel. Le Gouvernement syrien permet aux dirigeants du Hamas et à ses commandants terroristes de mener leurs diverses activités sur son sol, dont le financement d'activités terroristes contre Israël et l'aide à l'achat d'armes et munition[37].
Cependant en 2012, au début de la guerre civile syrienne, le Hamas, allié de longue date de l'Iran, du régime syrien et du Hezbollah, revoit radicalement sa position en se rangeant du côté des rebelles syriens[198],[199],[200],[201],[202],[203].
Le Hamas fonde notamment le groupe rebelle Aknaf Beit al-Maqdess, actif à Yarmouk, un ancien camp de réfugiés palestiniens devenu un district du sud de Damas[204],[205]. À partir d', Aknaf Beit al-Maqdess affronte les miliciens du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), alliés du régime de Damas[206]. Fin 2012, le FPLP-CG est chassé de Yarmouk, mais le quartier est ensuite bombardé et assiégé par l'armée syrienne[206]. En , les jihadistes de l'État islamique prennent d'assaut la majeure partie du camp de Yarmouk[207]. Aknaf Beit al-Maqdess perd au moins plusieurs dizaines d'hommes, dont plusieurs sont décapités par l'EI, et n'occupe plus que quelques zones au nord et à l'est du camp[208],[207]. Le Hamas demande alors au FPLP-CG d'armer Aknaf Beit al-Maqdess pour chasser l'État islamique et le Front al-Nosra mais il déclare qu'il s'oppose à un retour du régime de Bachar el-Assad à Yarmouk[205]. Celui-ci finit cependant par retomber aux mains de l'armée syrienne en mai 2018[209],[210].
L'Iran réduit son aide au Hamas en raison de son ralliement à la rébellion syrienne, cependant ce dernier finit par délaisser la Syrie pour renouer avec Téhéran en 2017[211]. Yahya Sinwar déclare en août 2017 que « les relations se rétablissent et retrouvent leur niveau d'avant. […] Les relations avec l'Iran sont excellentes et l'Iran est le premier fournisseur d'armes et de fonds aux Brigades Izz al-Din al-Qassam »[211].
En 2019, le Hamas perd le soutien financier du Soudan après la chute du dictateur Omar Al-Bashir accusé de génocide et crime contre l'humanité par la Cour pénale internationale[212]. L'organisation palestinienne a ainsi perdu près de 80 % de ses investissements. Reuters précise que les autorités soudanaises actuelles ont saisi au moins une douzaine de sociétés qui étaient liées au Hamas dont un centre de vie, réunion, collecte de fonds et d'acheminement des fonds iraniens vers la bande de Gaza, ainsi que des terres agricoles, une station de télévision et un hôtel à Khartoum. L'un des réseaux impliqué « dans le financement de militants palestiniens était lié à l'organe de presse Tayba et à une organisation caritative appelée Almishkat. La chaîne et l'organisation étaient toutes deux dirigées par deux membres du Hamas qui ont obtenu la nationalité soudanaise »[212].
Certaines des personnalités soudanaises liées au Hamas se sont réinstallées en Turquie[212].
Avec l'Iran et l'Arabie saoudite, le Liban fournit « un soutien et une assistance en matière de financement et de formation opérationnelle » au Hamas[37].
Le Hamas reçoit également des dons d'expatriés palestiniens du monde entier, d'ONG et de sympathisants par le biais de ses œuvres caritatives (activités Dawa), telles celle de l'Union of Good articulant une cinquantaine d'associations caritatives destinées à la solidarité avec la Palestine, que les États-Unis inscrivent dans les années 2000 sur leur liste des organisations soutenant le terrorisme[37],[36],[213],[214]. Les mosquées figurent des lieux de recrutement de membres et collectes de fonds. Certaines activités de collecte de fonds et de propagande ont lieu en Europe occidentale et en Amérique du Nord[37]. « Certains des fonds reçus sont destinés à financer des activités terroristes en Israël, et d'autres sont destinés au financement d'activités civiles du Hamas »[37].
« En 2003, des sources du renseignement américain estimaient que le groupe militant palestinien Hamas disposait d'un budget annuel de 50 millions de dollars, collectant une grande partie de cet argent grâce à sa réputation d'organisation caritative. Malgré sa notoriété mondiale en tant que groupe terroriste, de nombreux Palestiniens considèrent le Hamas comme une organisation caritative qui construit des écoles et des hôpitaux et intervient là où l'Autorité palestinienne a échoué »[37].
Des associations humanitaires suspectées de financer le terrorisme du Hamas, comme le Jerusalem Fund for Human Services (JFHS) devenu l'International Relief Fund for the Afflicted and Needy (IRFAN- Canada) deviennent interdites[215]. D'autres comme l'ONG britannique Interpal font l'objet d'enquêtes[216],[217],[213],[214], bien que sous la pression internationale, cette dernière ait mis fin en 2010 à ses relations avec le groupe Union of Good. D'autres organisations caritatives considérées depuis 2003 comme des moyens de financement du Hamas sous couvert d'aides humanitaires sont soit interdites, soit voient leurs avoirs gelés ; sont ainsi gelés les avoirs d’Al-Aqsa Foundation (membre de l'Union of Good) qui possédait des branches en Afrique du Sud, en Allemagne avec la Al-Aqsa-Vereins, en Belgique, en Suède avec la Al-Aqsa Spannmal Stiftelse ou aux Pays-Bas avec la Stichting Al-Aqsa de Rotterdam[218],[217].
Cependant, de nos jours, le Hamas ne dépend plus seulement des dons mais est en mesure de collecter des impôts auprès des civils et des entreprises de Gaza[36].
Une petite partie des fonds du Hamas proviennent d’un nombre limité de projets économiques : ateliers de tissage et de couture, fermes, etc.[51].
Les fonds issus des activités Dawa sont transférés par virements bancaires, changeurs, services monétaires privés, réseaux non officiels de transfert de fonds et assistants « sans méfiance »[37].
Depuis au moins 2019[188], pour contourner les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union Européenne dans le financement terroriste[219], le Hamas appelle à l'utilisation également d'un réseau de portefeuilles électroniques pour collecter des fonds à l’aide de Bitcoin et d’autres crypto-monnaies (XRP, Ethereum, Tether et Dogecoin)[196]. Ces fonds souvent destinés à alimenter le budget des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche militaire du Hamas, proviennent de la générosité de sympathisants étrangers[219],[188].
Dans le cadre des activités Dawa menées à des fins humanitaires ou au financement direct et indirect du terrorisme, « tous les fonds affluent dans un fonds commun, et sont ensuite canalisés vers les activités concernées, en fonction des besoins et en coordination avec les fonctions de l'organisation dans les territoires et à l'étranger »[37]. Il n'est ainsi pas possible de distinguer les fonds à destination humanitaire de ceux voués au financement du terrorisme[37].
Reuters indique que du temps d'Omar Al-Bashir, le « Soudan était devenu un centre de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme »[212]. Selon des renseignements occidentaux, de grandes entreprises soudanaises liées au gouvernement comme Alrowad Real Estate Development ont blanchi d'importantes sommes d'argent pour financer le Hamas[212].
En 2020, les forces de l'ordre israéliennes déclarent avoir saisi « plus de 150 comptes de crypto-monnaies qui blanchissaient des fonds à destination et en provenance de comptes gérés par le Hamas »[196].
Durant les années 1990 et 2000, le Hamas agit par des attentats-suicides contre des infrastructures établies sur le territoire israélien et contre des citoyens israéliens militaires et civils. Depuis les années 2000, le Hamas utilise plutôt des tirs de roquettes artisanales contre des villes israéliennes (Ashdod, Sdérot, Beer-Sheva). Les brigades de Izz al-Din al-Qassam, branche armée du Hamas, sont en particulier responsables de nombreuses attaques.
Elles traquent aussi les Palestiniens soupçonnés de collaborer avec Israël. La Commission des Droits de l'Homme des Nations unies, Amnesty International et Human Rights Watch[220],ont dénoncé à plusieurs reprises les violations des Droits de l'Homme commises par la branche armée du mouvement.
Néanmoins, une pétition de la Belge Nadine Rosa-Rosso (soutenue par le MIR) intitulée Appel pour le retrait du Hamas de la liste européenne des organisations terroristes, demande expressément aux candidats au Parlement européen que le groupe ne soit plus considéré comme tel[221],[222].
Cette liste est extraite des statistiques officielles du gouvernement israélien[223].
Cette liste est extraite des statistiques officielles du gouvernement israélien[226] :
Le Hamas s'engage aussi dans les domaines civils et politiques et a, par exemple, ses propres candidats lors des élections pour les chambres de commerce de Jordanie occidentale. Il gagne 74 des 132 sièges au parlement palestinien issu des législatives de janvier 2006.
Structuré, il œuvre avec des organisations travaillant aussi bien en secret qu'officiellement. Il recrute des nouveaux membres et récolte des dons dans les mosquées et les centres sociaux[37]. Il organise ses activités et distribue des documents à vocation politique.
Le Hamas développe son programme social en s'inspirant du modèle des Frères musulmans en Égypte, issu de la tradition islamique: le dawa[228].
En 2000, le Hamas et ses affiliés gèrent 40 % des institutions sociales de la bande de Gaza et la Cisjordanie, en 2005, 120 000 personnes dans la bande de Gaza bénéficient de ses aides financières[229]. le Hamas soutient de nombreux programmes d'aide et de formation, avec le financement d'un certain nombre d'activités économiques locales : crèches, écoles, orphelinats, dispensaires, élevage, production de vêtements pour l'emploi des femmes, mise en place de réseaux scolaire, etc.[230]. Il utilise un réseau d'associations de collecte de fonds implantées dans certains pays européens[231],[37]. En particulier parmi ces associations figure une association basée en France, le Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP), ainsi que l’Association de secours palestinien (ASP) installée en Suisse, et le Palestinian Relief and Development Fund (Interpal) basé à Londres.
Le Hamas a fondé en 2006 une chaîne de télévision appelée Al-Aqsa TV émettant de Gaza City[232].
Dès 2008, Conspiracy Watch dénonce la régularité des théories du complot juif « les plus folles » qui sont développées sur Al-Aqsa TV[233].
En 2010, la Al-Aqsa est classée comme terroriste par les États-Unis[234]. La même année, le CSA français estimant que la chaîne Al‑Aqsa TV enfreint la législation française et européenne sur l'audiovisuel, le satellite Eutelsat cesse de diffuser la chaîne de télévision du Hamas sur son satellite Atlantic Bird 4A[235].
En 2018, Israël bombarde le bâtiment d'Al-Aqsa RV mais la chaîne de télévision reprend sa diffusion après avoir déménagé dans d'autres locaux[234].
Outre pour ses programmes pour adultes et enfants[175], Israël classe plus généralement en 2019 comme « organisation terroriste la chaîne de télévision » Al-Aqsa, qui est selon lui « une plate-forme centrale pour diffuser les messages d’incitation à la haine », mais également un canal utilisé par le Hamas « pour communiquer secrètement avec ses agents », dont notamment les activistes recrutés en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée[236],[234].
Al Fateh, le site web du Hamas destiné aux enfants[237], et Al-Aqsa TV, la chaîne de télévision fondée par le Hamas[232] sont des moyens de communication, d'« endoctrinement » selon certains analystes[238], utilisés par cette organisation. Toutefois, le Hamas affirme que ces médias seraient indépendants et rejette sa responsabilité sur ces programmes pour enfants[239],[240]. Le , dans une émission éducative la télévision du Hamas, des enfants d'une dizaine d’années ont été présentés chantant en chœur vouloir « mourir en martyrs » en perpétrant des attentats suicides[241].
Le Hamas possède des « camps d'été » où des enfants sont formés militairement à partir de 10 ans. Ces camps d'entrainement sont gérés par le ministère de l'éducation de Gaza. Dans ses camps, les enfants reçoivent une formation militaire (maniement des armes, cours d'autodéfense) ainsi que l'apprentissage des valeurs politiques du Hamas[242]. « Le Hamas ne se cache pas d'inculquer une idéologie guerrière à ses militants dès leur plus jeune âge, et ces camps d'entrainement ne sont pas nouveaux », indique France 24[243].« Dans des déclarations publiques sur les objectifs de ce type de vacances, le porte-parole du Hamas a souligné que le but de ces camps d’été était de sensibiliser la jeune génération à des valeurs religieuses, morales et culturelles », affirme un rapport du Centre Meir Amit d'information sur les renseignements et le terrorisme (en)[244].
Achraf Abou Zayed, un responsable du Hamas, précise vouloir « investir dans la nouvelle génération (pour) la bataille de libération de la Palestine » en entraînant les plus âgés d'entre eux (15 à 18 ans) à l'utilisation d'armes à feu et aux techniques de combat[242].
Le Hamas est principalement présent dans la bande de Gaza et en Cisjordanie ainsi que dans les camps de réfugiés palestiniens dans les pays arabes limitrophes (voir liste des camps de réfugiés palestiniens).
Certains leaders comme le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, sont basés à Doha[245],[246].
Le Hamas dispose également de centres d'entraînement militaires en Syrie, au Liban, en Iran et au Soudan[247].
En , Amnesty International publie un rapport accusant « les forces et les milices du Hamas d’être impliquées dans une campagne d'enlèvements, d'homicides délibérés et illégaux, de tortures et de menaces de mort contre ceux qu'ils accusent de "collaborer avec Israël" » ainsi que contre des opposants politiques et des personnes critiquant le Hamas. Selon ce rapport « au moins deux douzaines d'hommes » ont été tués par le Hamas depuis la fin de et des dizaines d'autres ont reçu des balles dans les jambes, ont été enlevés ou battus. Amnesty déclare avoir dans ce rapport des comptes rendus détaillés de certains des cas et dit qu'il y avait des « preuves irréfutables » que les forces de sécurité du Hamas et ses milices sont « « responsables de graves violations des droits de l'homme »[155],[156].
Selon le Centre palestinien pour les droits de l'homme au moins 32 Palestiniens ont été tués et des dizaines d'autres torturés durant cette période par des membres du Hamas et « des hommes armés non identifiés »[248]. Dans une interview au Guardian, un Palestinien travaillant pour l'organisation « One Voice » qui organisait des discussions sur les propositions de paix israélo-palestiniennes a déclaré avoir été forcé de quitter Gaza à la suite de menaces précisant que « Les gens ont peur de vivre une vie normale et d'exprimer librement leurs opinions »[157].
Un avocat de l'ONG Addameer affirme avoir des « preuves de l'exécution de dix prisonniers accusés de "collaboration" après la destruction de la prison dans laquelle ils étaient détenus lors d'un bombardement israélien début janvier. » L'un d'eux, « aurait été exécuté devant des médecins et des patients » devant l'hôpital Chifa de Gaza. Il déclare qu'un partisan du Fatah parmi d'autres avait été assassiné à son domicile et que dix autres membres de la famille dont une fillette de 7 ans et une femme de 70 ans ont été blessés par des « tirs à l'aveuglette »[158].
En 2012, Human Rights Watch publie un rapport sur les violations des droits de l'homme par le Hamas. Le rapport remet en cause le Hamas pour user de la violence contre la population civile, de tuer des personnes suspectées de collaboration avec Israël et pour avoir torturé 102 personnes, dont des activistes et des manifestants pour la paix. Le rapport qualifie entre autres, la captivité de Gilad Shalit de « cruelle et inhumaine »[159].
Selon Mahmoud Abbas, durant la guerre de Gaza de 2014, le Hamas aurait tué plus de 120 jeunes membres du Fatah qui avaient violé le couvre-feu de la bande de Gaza[160],[161].
En 2015, Amnesty International accuse le Hamas dans un rapport, de commettre des exécutions sommaires et d'utiliser une partie de l'hôpital Al-Shafi pour détenir, interroger et torturer des suspects. Le rapport détaille l'exécution de plus de 23 suspects de collaboration avec Israël et la torture de dizaine de personnes[162],[163].
L'Armée égyptienne accuse le Hamas d'armer et d’entraîner les groupes islamistes (dont l'Armée de l'Islam) et d'avoir participé à l'aide de centaines de combattants à l'insurrection du Sinaï et à des attentats[164],[249].
Le Hamas est aussi accusé de participer et de profiter du trafic d'êtres humains qui a coûté la vie à plus de 5 000 migrants africains dans le nord du Sinaï[250],[165].
Samir Mashharawi, un dirigeant du Fatah de Mahmoud Abbas, accuse en 2007 le Hamas de vouloir « établir un mini-État taliban dans la bande de Gaza »[251]. Selon Ismaël Haniyeh, dirigeant du Hamas, au contraire, « il ne peut pas y avoir d'État palestinien sans Gaza et nous ne cherchons pas, par conséquent, à établir une entité séparée dans l'enclave de Gaza ou un émirat de quelque sorte que ce soit […] Le gouvernement de Gaza est un gouvernement élu, respectueux […] de la démocratie, du pluralisme, des femmes et de leurs libertés, de la protection des droits publics et de la non-interférence dans la vie privée[252]. »
Le professeur de littérature anglaise Sahar El-Mougy s'exprimant lors de la cérémonie de clôture du cinquième Festival palestinien de littérature en au Caire a condamné ce qu’il décrit comme une « famine culturelle » à Gaza déplorant le fait « qu'il n'y a même pas de cinémas, de bibliothèques, de librairies proposant des livres sur les arts, la philosophie ou la littérature. Les seuls livres disponibles sont ceux traitant de la charia islamique (jurisprudence islamique) et du Fiqh (pensée islamique) ». Il accuse le Hamas d'effacer la culture palestinienne, en la remplaçant par une version extrémiste de l'islam. El-Mougy considère que le Hamas qui initialement était « un mouvement de résistance contre l'occupation, est devenu lui-même un mouvement de répression et est devenu un obstacle entre les Palestiniens et la vie. »[253]
Le , le chef du Hamas et Premier ministre Ismaël Haniyeh a condamné le meurtre d'Oussama ben Laden au Pakistan par les États-Unis[254]. Haniyeh a fait l'éloge de Ben Laden, le fondateur de l'organisation jihadiste Al-Qaïda, comme un « martyr » et un « guerrier sacré arabe »[254],[255], ajoutant que l'opération menée « est la poursuite de la politique d'oppression américaine fondée sur l'effusion du sang des Arabes et des musulmans »[256]. Le gouvernement des États-Unis a condamné ces propos comme « scandaleux »[257]. Le Hamas aurait maintenu des liens opérationnels et financiers avec Al-Qaïda[258].
À la suite de la guerre de Gaza de 2012, Human Rights Watch déclare que l'organisation palestinienne met en danger la vie des populations civiles « en tirant de marnière répété des roquettes à partir de zones densément peuplées »[259].
Durant les guerres opposant le Hamas à Israël, des combats de guérilla se déroulent dans la périphérie des villes, des zones densément peuplés[260]. Très souvent les combattants ne possèdent pas d'uniforme militaire et résident au sein de la population[260]. Selon l'armée israélienne, le Hamas installe ses centres militaires au sein des villes et utilise également des sites militaires au sein de celles-ci[260]. Le Hamas a également créé un réseau de caches d'armes, de tunnels et d'installations militaires dans certaines zones urbaines, transformées en zones de combat lors des affrontements[261].
Les tirs de roquettes du Hamas sur des cibles civiles en Israël constituent un crime de guerre, d'après Human Rights Watch qui considère que la simple utilisation de roquettes met en danger les populations civiles[263].
Le Hamas vise notamment les villes de Tel Aviv et de Jérusalem[264]. Le , une roquette tirée par le Hamas, près de la ville palestinienne de Rafah, détruit une maison et blesse sept personnes dont un bébé à Mishmeret, village israélien situé à une trentaine de kilomètres au nord de Tel-Aviv. Selon l'armée israélienne, la roquette de « fabrication artisanale et locale » avait une portée de 120 kilomètres, ce qui « représente un défi sécuritaire et politique pour Israël », particulièrement en cette période électorale. Un haut responsable du Hamas déclare à Israël Hayom que l'Iran a commandité cette frappe au Jihad islamique afin de nuire - comme l'espère aussi le Hamas qui était au courant - au maintien au pouvoir de Netanyahu, après ce tir faisant suite à ceux du où deux autres roquettes s'étaient abattues sur l'agglomération de Tel Aviv[265],[266].
En mai 2021, l’armée israélienne qui a saisi des matériaux et de l’or destinés au Hamas, l'accuse de détourner l’aide internationale à destination de l’enclave paupérisée à des fins militaires et d’utiliser le métal des canalisations pour en faire des roquettes[267].
Diverses organisations humanitaires et internationales (dont l'Union européenne)[268] ainsi qu'Israël accusent le Hamas d'utiliser des boucliers humains.
Des vidéos et des appels à la radio mettent en évidence des civils qui semblent être utilisés comme boucliers humains pour protéger des bâtiments en se rassemblant sur leurs toits[269] ou bien pour protéger des combattants et des sites de lancement de roquettes[270]. Le Hamas déclare alors avoir gagné, et vouloir former « des chaines humaines autour de chaque maison menacée de destruction »[271].
En 2014, un porte-parole du Hamas encourage sur Al-Aqsa TV, les Palestiniens à se sacrifier comme boucliers humains et déclare que « la politique du Hamas, de bouclier humain est effective contre l'occupation »[166].
Israël et des organisations humanitaires[167] accusent le Hamas d’avoir des enfants soldats dans ses rangs. Des enfants sont notamment affiliés à des groupes armés[272].
Selon Mahdi, Ali Akbar, la tradition islamique fixe l'âge adulte à 15 ans, et les jeunes seraient donc en mesure de combattre à partir de cet âge[273]. En 2015, l'armée israélienne arrête des enfants transportant des explosifs et de l'armement[274].
Des photos de bébés et d'enfants habillés en soldat, des armes à la main ou en combinaison de kamikaze servent de preuves aux détracteurs du Hamas qui encourage, d'après eux, les enfants au Jihad[275]. Le Hamas reconnait qu'il entraîne des dizaines de milliers d'enfants palestiniens[276], et Ismaël Haniyeh déclare avoir formé une génération de combattants[277].
Le Hamas utilise aussi des enfants dans la construction de tunnels en territoire israélien et plus de 160 enfants sont morts lors de leurs constructions[278],[274].
Des organisations humanitaires accusent le Hamas de restreindre la liberté de la presse et d’interdire les critiques à son encontre. Des journalistes étrangers et gazaouis attestent être victimes de harcèlement et de diverses contraintes[279]. En 2008, le Hamas interdit le journal de l’opposition Al-Ayyam (en)[280],[281] basé à Ramallah, malgré ses allégations sur la liberté d'expression, de la presse et le pluralisme contenues dans ses textes fondateurs[154].
La position du Hamas semble être équivoque sur la question de l'Holocauste. Abdel Aziz al-Rantissi a estimé que « l'Holocauste n'a jamais eu lieu, que les sionistes étaient derrière l'action des nazis, et que les sionistes ont financé le nazisme »[282],[283]. Le Washington Institute for Near East Policy affirme également que le Hamas a publié en 2000 sur son site internet les propos d'un de ses membres dirigeants condamnant « le soi-disant holocauste, qui est une histoire inventée et sans aucun fondement »[284]. En , le Hamas a refusé de permettre aux enfants palestiniens d’étudier l'Holocauste, qui leur est présenté comme « un mensonge inventé par les sionistes.» Le Hamas a qualifié l'enseignement de l'Holocauste comme étant « un crime de guerre. »[285]. Le chef politique du Hamas Khaled Mechaal a déclaré que les remarques négationnistes de Mahmoud Ahmadinejad étaient « courageuses » et que « les musulmans soutiennent l'Iran parce qu'il exprime à haute voix ce qu'ils ont dans leurs cœurs, le peuple palestinien en particulier »[286].
À l'inverse en 2008, dans une tribune publiée par The Guardian le Hamas déclare ne pas nier l'holocauste, le condamner sans réserve et le qualifier d'« un des crimes les plus abominables de l’histoire moderne » mais rejeter simplement « l'exploitation qui en est faite par les sionistes pour justifier leurs crimes et obtenir un assentiment international tout en menaçant eux-mêmes la population gazaouie d'holocauste comme ce fut fait par le vice-ministre de la défense israélien »[172].
La majorité des pays de l'Organisation des Nations unies[287], dont l'Afrique du Sud[288], le Brésil[289], la Chine, la Norvège[290], la Russie[291], la Suisse[292], la Turquie et la plupart des pays arabo-musulmans ne placent pas le Hamas sur la liste des organisations qu'ils considèrent comme terroristes[293].
Le Hamas est sur la liste officielle des organisations terroristes de l'Union européenne (depuis 2001)[294],[236], des États-Unis (depuis 1997)[295] et du Canada[296],[297]. Il est également classé « terroriste » par Israël[298], le Japon[299], le Paraguay[300], et est banni en Jordanie[301] et en Égypte. Le Royaume-Uni et l'Australie classent le mouvement comme « terroriste » depuis respectivement 2021[26] et 2022[27], n'ayant auparavant considéré comme tel que sa branche armée. Un choix retenu par certains pays, comme la Nouvelle-Zélande[28].
En particulier, Franco Frattini, ancien chef de la diplomatie italienne, considère en 2008 le mouvement « terroriste et extrémiste » du Hamas comme « la mère de tous les maux » au Proche-Orient et qu'en conséquence, « il ne faut pas considérer le Hamas comme un interlocuteur politique »[302].
Début , la justice égyptienne classe la branche militaire du Hamas puis l'ensemble du mouvement comme organisation terroriste, l'accusant de soutenir l'insurrection djihadiste dans le Sinaï[303]. La Ligue arabe a demandé l'annulation de cette décision[304].
Le , les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne dénoncent les « pratiques terroristes » du Hamas et de ses sous-organisations[305]. Quant à la France, elle s'est un temps opposée à l'ajout du Hamas dans la liste de l'Union européenne, jusqu'à ce que, interrogé à ce sujet par le quotidien israélien Haaretz le , Jacques Chirac déclare : « le Hamas est une organisation terroriste qui ne peut être un interlocuteur de la communauté internationale tant qu'il ne renonce pas à la violence et ne reconnaît pas le droit à l'existence d'Israël. C'est la position de l'Union européenne ; elle est sans ambiguïté et ne changera pas »[305].
En , l'inscription du Hamas sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne a été annulée uniquement sur des motifs de défaut de procédure par la justice[306],[236], car le Tribunal a estimé que cette inscription était fondée « sur des décisions nationales mais également sur des faits qu'il a établis lui-même sur la base d'informations tirées de la presse et d'internet (des attentats revendiqués par le Hamas)[307] ». Cette annulation ne remet pas en question la qualification du groupe palestinien d'organisation terroriste[236]. L'Union Européenne fait appel de cette décision en [308],[309] et maintient le Hamas sur la liste des organisations terroristes le [308],[236].
Le mouvement Hamas conteste son caractère « terroriste », avançant pour principal argument son élection par les habitants de Gaza, en 2006, pour gouverner cette bande de terre et dénonce le gel de ses fonds par l’UE, conséquence directe de son inscription sur la liste, comme une violation de son « droit de propriété »[236]. Cependant, les juges de Luxembourg de la CJUE maintiennent leur qualification, en ne voyant notamment en lui « ni un État ni un gouvernement »[236].
Cette classification ne signifie cependant pas que ces pays ne communiquent pas avec Hamas, l'organisation étant incontournable en Palestine. Des discussions sont organisées par des intermédiaires, notamment le Qatar et l'Égypte[169].
La Syrie baasiste, malgré sa forte aversion pour les Frères musulmans (dont la branche syrienne a été écrasée suite au Massacre de Hama 5 ans avant la formation du Hamas) dont est issu le Hamas, a soutenu le groupe dès sa création lorsqu'il est devenu le groupe le plus actif contre Israël, ennemi de la Syrie, en finançant et en armant le Hamas[203]. Ainsi, avant la guerre civile syrienne, le Hamas est le groupe palestinien le plus soutenu par la Syrie malgré l'antagonisme idéologique entre le baasisme fortement laïc et les fréristes islamistes qui se sont à plusieurs reprises affrontés. En 2011, Bachar el-Assad qui patronnait le Hamas avait exigé que le Hamas lui apporte un soutien public, cette demande a provoqué le départ de Khaled Mechaal l'un des chefs de cette organisation qui était installé à Damas pour le Qatar[203]. Au contraire, le mouvement islamiste palestinien a soutenu activement les rebelles syriens opposés au régime baasiste dans le cadre de la guerre civile syrienne[198],[199],[200],[310],[202],[203]. En 2022, le Hamas renoue avec le régime de Bachar el-Assad[311],[312]. Le 19 octobre 2022, une délégation du Hamas est accueillie à Damas[311],[312].
En 2023, la Syrie fait partie des pays soutenant l'opération Déluge d'Al-Aqsa, une offensive à grande échelle de plusieurs factions palestiniennes, dont principalement le Hamas, contre le territoire israélien[313].
L'Iran soutient activement le Hamas en lui procurant une aide militaire, financière et politique[314],[37]. La rhétorique iranienne appelle les Israéliens à « retourner d’où ils sont venus » et affirme que « la disparition de l’État hébreu est inéluctable »[315]. Gabriel Tabarani, expert du Moyen-Orient et rédacteur en chef de Miraat Al Khaleej rapporte que l'Iran soutient financièrement le Hamas en plus d'un entrainement militaire. Il estime que les subventions iraniennes annuelles depuis 1993 sont de l'ordre de 30 millions de dollars. En 1995 le directeur de la CIA, James Woolsey a quant à lui déclaré devant une commission du Sénat américain que le montant était de 100 millions de dollars sans préciser pour quelle période. En novembre 2006 à la suite de l'embargo international après la prise du pouvoir du Hamas à Gaza, le Hamas a déclaré avoir reçu 120 millions de dollars, puis en décembre de la même année, lors d'une visite d'Ismaël Haniyeh à Téhéran le gouvernement iranien s'est engagé à apporter au Hamas une aide complémentaire de 250 millions de dollars[316]. La guerre civile syrienne a un impact croissant sur les finances du Hamas. Le ministre des Finances du Hamas, Ziad Zaza a reconnu les difficultés financières de son gouvernement mais en tient pour responsables les restrictions israéliennes. Il nie que le Hamas a reçu des fonds de l'Iran et estime que les « dons de l'étranger sont encore dans la fourchette normale de 5 millions de dollars à 12 millions de dollars par mois. ». Ghazi Hamad, vice-ministre des Affaires étrangères du Hamas, a déclaré au The Daily Telegraph que les relations avec l'Iran étaient « mauvaises » et que son organisation avait « perdu beaucoup » en apportant son soutien à la « révolution syrienne ». Depuis sa prise du pouvoir en 2007, le Hamas maintient l’opacité sur les dépenses de son gouvernement. En , à la suite de l'opération Pilier de défense, il avait remercié l'Iran pour son soutien financier et en armes. Mahmoud al-Zahar avait dans le même temps appelé les pays du Golfe à « rivaliser avec l'Iran en nous donnant des armes et de l'argent »[191].
La prise du position du Hamas en faveur de l'opposition syrienne durant la guerre civile syrienne contre le gouvernement baasiste a incité l'Iran à réduire son aide aux Hamas et à soutenir le Front populaire de libération de la Palestine en récompense pour avoir soutenu le régime syrien[317].
Par la suite, le Hamas a exprimé son soutien au gouvernement yéménite et la coalition saoudienne contre les rebelles chiites Houthis, proches de l'Iran, pendant la guerre civile yéménite et a soutenu l'Opération Tempête décisive de la coalition saoudienne. Il a été alors déclaré à l'époque que le Hamas s'éloignait de l'influence iranienne[318].
Toutefois en 2017, le Hamas renoue avec l'Iran. Par la suite le Hamas et les Houthis ont normalisés leurs relations en 2021[319].
Le un poste-frontière entre l’Égypte et Israël est attaqué par 35 hommes armés à bord de 3 véhicules tout-terrain. 16 gardes-frontières égyptiens ont été tués et un véhicule blindé égyptien a été capturé pour attaquer le point de passage de Kerem Shalom à l'intersection des frontières de Gaza, de l'Égypte et d'Israël[320]. Un deuxième véhicule transportant une demi-tonne d'explosifs a été détruit avant d'atteindre le poste-frontière israélien et les hommes étaient en possession de vestes explosives[321].
À la suite de l'attaque, l'Égypte a fermé « sine die » le terminal de Rafah à la frontière avec la bande de Gaza. Ce terminal est l'unique point de passage entre cette enclave contrôlée par le Hamas à ne pas être contrôlé par Israël[320].
Le , « abasourdi » par les mesures prises par le gouvernement islamiste du Caire, le Hamas, a déclaré que ces mesures imposaient « la même douleur sur l'enclave palestinienne qu'à l’époque d'Hosni Moubarak ». « Nous avons souffert du régime injuste de Moubarak qui a participé au blocus (israélien) de Gaza. Pourquoi devrions-nous souffrir maintenant à l'ère de la révolution en Égypte et de la démocratie ? » a déclaré Fathi Hammad le ministre de l'Intérieur du Hamas[322]. Son ministère a publié un communiqué de presse indiquant que les autorités égyptiennes doivent permettre aux voyageurs dans les deux directions de passer par le passage de Rafah. Le Hamas affirme qu'il n'y a plus aucune raison pour les Palestiniens de se voir refuser l'accès au Sinaï, la source de la police israélienne.
Le , les dirigeants du Hamas de Gaza ainsi que les contrebandiers exploitant les tunnels, ont accusé l’Égypte d'inonder des dizaines de tunnels en y déversant des eaux usagées. Selon Ibrahim Barzak de l'Associated Press l'objectif de ces inondations est la fermeture des voies de transit illégales pour permettre un meilleur contrôle frontalier. Cette décision fait suite à un accord entre l’Égypte et Israël qui a permis l'assouplissement des restrictions israéliennes sur l'acheminement de matériaux de construction vers la bande de Gaza[323].
Le , un tribunal du Caire a estimé « que les autorités égyptiennes devaient détruire la totalité des tunnels reliant la péninsule du Sinaï à la bande de Gaza », par crainte qu'ils ne constituent un risque pour la sécurité de l’Égypte, en particulier pour le Sinaï. Cette recommandation a été faite en réponse à une pétition présentée par « un groupe d'avocats et de militants » après l'attaque contre un poste-frontière entre l'Égypte et Israël en 2012 perpétrée le par 35 militants islamistes qui ont tué 16 gardes-frontières égyptiens[324],[325].
Le des centaines de manifestants égyptiens se sont rassemblés au Caire pour protester contre la visite du premier ministre du Hamas Ismaël Haniyeh, Khaled Mechaal et son adjoint Moussa Abou Marzouk. Les manifestants réunis devant l’hôtel où ils séjournaient ont scandé des slogans anti-Hamas accusant cette organisation de « traitrise » en allusion à l'implication du Hamas à des activités terroristes dans le Sinaï. Selon le quotidien égyptien Al-Youm A-Sabi. Les manifestants ont tenté de prendre d'assaut l’hôtel pour capturer la délégation du Hamas afin de les échanger contre des officiers [égyptiens] enlevés dans le Sinaï. Un responsable de l'opposition au président égyptien Mohamed Morsi a déclaré au quotidien égyptien indépendant El Watan « que l'entrée du Hamas en Égypte constituait une menace à la sécurité nationale » L'opposition au président égyptien accuse le Hamas de s’« ingérer dans des questions internes égyptiennes en faveur du président égyptien Mohamed Morsi et des Frères musulmans ». Les médias égyptiens ont affirmé que « le Hamas maintient un contact constant avec des cellules salafistes opérant dans la péninsule du Sinaï - les mêmes cellules qui ont mené des attaques terroristes contre les services de sécurité égyptiens. ». La tension entre les groupes salafistes du Sinaï et l'armée égyptienne est liée à la destruction par l’armée des tunnels reliant la bande de Gaza à la ville égyptienne de Rafah. Les médias égyptiens ont rapporté que les chefs de l'armée égyptienne ont rejeté la demande de Mechaal de les rencontrer « en raison d'allégations d'implication du Hamas dans les questions nationales en Égypte, en particulier dans la région du Sinaï ». Selon Gulf News un quotidien anglophone publié à Dubaï, les dirigeants du Hamas avaient été officiellement invités à changer d'hôtel à l'avance en prévision de ces manifestations. Le but officiel de cette visite était de tenir des discussions pour tenter de réconcilier le Hamas avec le Fatah sous le patronage égyptien. Selon l'opposition le but réel de cette rencontre était de « coordonner un effort islamiste pour repousser les manifestations antigouvernementales massives » prévues pour le . Des sources au Caire ont déclaré au quotidien israélien Haaretz que la réunion, qui a été classée comme urgente, s'est tenue en raison de différences d'opinion internes concernant la crise en Syrie. Le Hamas a rejeté « ces allégations de l'implication du groupe dans les questions intérieures de l’Égypte » et a déclaré que « la coordination de la sécurité avec les services de renseignement égyptiens était destinée à empêcher le franchissement illégal des frontières à Gaza, et pour empêcher les tirs de roquettes dans la région du Néguev occidental d'Israël et généralement préserver le calme le long de la frontière »[326],[327].
Le , un tribunal égyptien a déclaré que les membres des Frères musulmans ont conspiré avec le Hamas, le Hezbollah et des militants islamistes locaux dans le but de prendre d'assaut la prison Wadi el-Natroun au nord-ouest du Caire profitant du chaos durant la révolution de afin de faire évader 34 dirigeants des Frères musulmans dont le futur président Mohamed Morsi. Deux autres prisons, dans lesquelles des membres du Hamas et du Hezbollah étaient emprisonnés, ont également été attaquées. Le juge Khaled Mahgouba a affirmé que les assaillants s’étaient emparés de grandes quantités d'armes se trouvant dans les prisons, il a ajouté que les alliés du Hamas dans le Sinaï avaient préparé l'entrée de ses militants dans la péninsule égyptienne en perpétrant des attaques contre les forces de sécurité égyptiennes surveillant les tunnels de contrebande entre l’Égypte et la bande de Gaza. Selon ce juge des combattants du Hamas et du Hezbollah avaient pénétré Égypte en utilisant ces tunnels le [328],[329].
Le , les Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont appelé au jihad en Égypte. Dans ce communiqué ils appellent Mohamed Morsi « notre moudjahid et notre président » et demandent sa libération « au prix du sacrifice du sang, en menant la guerre aux militaires égyptiens, alliés d'Israël ». Ils déclarent que la « déposition de Morsi est un danger pour le projet islamique ». Le site d'information algérien, Algérie Express estime que « l’appel du Hamas est certainement pris en compte par la sécurité intérieure de Égypte qui a ouvert une enquête sur l’implication du même Hamas palestinien ou du Hezbollah libanais dans l’évasion de prison de Morsi au début 2011. »[330].
Le , un tribunal du Caire a proscrit les activités et la présence du Hamas en Égypte, ses représentations devront être fermées, le considérant comme la branche palestinienne des Frères musulmans. Le Hamas a quant à lui estimé que cette décision était « une atteinte à la cause palestinienne »[331].
Après l'élection d'Abdel Fattah al-Sissi, les relations entre l'Égypte et le Hamas s'enveniment. Le la justice égyptienne a classé la branche militaire du Hamas comme organisation terroriste l'accusant de soutenir l'insurrection Jihadiste dans le Sinaï[332]. Le , le ministère de l'Intérieur dans la bande de Gaza, a affirmé dans un communiqué que « l’armée égyptienne a tiré ce matin sur deux positions de nos forces de sécurité le long de la frontière sud de la bande de Gaza ». Il a ajouté que « ces tirs, directs ont eu lieu brusquement sans justification et sans qu’aucune violation n’ait eu lieu auparavant côté palestinien » en réclamant une enquête immédiate[333].
À partir de 2014, le Hamas s'oppose à l'État islamique (EI), qui tente de s'imposer dans la bande de Gaza, par le biais d'allégeances de mouvements islamistes divers, comme Jaïch al-Islam[334],,[335]. En 2015, lors de la guerre civile syrienne, dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk en Syrie, de violents combats opposent le Hamas et différentes factions palestiniennes à l'État islamique[336].
En 2015, le Hamas condamne les attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis en affirmant que l'« islam rejette les meurtres indiscriminés »[337]
Selon le journaliste Yoni Ben-Menachem un accord avait bien été conclu entre le Hamas et l'État islamique. « Le Hamas devait entraîner les jihadistes du Sinaï et leur procurer des médicaments et des soins si besoin. En échange, l'État islamique aidait le Hamas à faire passer des armes à Gaza par les tunnels sous la frontière égyptienne »[338]. Mais depuis , le Hamas a rompu, du moins officiellement, ses liens avec l'État islamique, condition imposée pour son rapprochement surprise avec l’Égypte[339]. En signe de bonne foi, le Hamas a notamment entamé la construction d’une barrière souterraine à sa frontière avec l’Égypte pour empêcher l’infiltration de terroristes de l'État islamique au sein de la bande de Gaza[340].
Cependant pour le journaliste Wassim Nasr, des combats entre le Hamas et des Palestiniens partisans de l'État islamique ont lieu dés 2014 et 2015 dans la bande de Gaza[341]. L'État islamique qualifie les membres du Hamas d'« apostats », tandis que le Hamas considère les membres de l'État islamique comme des « déviants »[341]. Face à la répression du Hamas, un certain nombre de Palestiniens pro-EI passent en Égypte pour rejoindre les forces de l'État islamique au Sinaï[341]. Ce dernier groupe publie notamment une vidéo où un Palestinien est mis à mort pour avoir fait passer des armes au Hamas à Gaza[341]. En 2014 et 2015, Israël et l'Égypte fournissent même de l'aide au Hamas pour combattre l'État islamique[341].
Le , dans une vidéo de propagande, l'État islamique au Sinaï appelle ses partisans à attaquer ceux du Hamas et « déclare la guerre » au groupe islamiste palestinien[342]. Les liens unissant le Hamas à l'Axe de la résistance dominé par des chiites, attise également l'hostilité pour l'EI, fortement anti-chiite, envers le Hamas palestinien, jugé déviant[343]. Le Hamas a notamment tenté à plusieurs reprises d'éradiquer les groupes salafistes djihadistes dont ceux affiliés à l'État islamique de la bande de Gaza.
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