Francis Cabrel, né le à Agen (Lot-et-Garonne), est un auteur-compositeur-interprètefrançais. Considéré[Par qui ?] comme l'un des artistes musicaux français les plus influents de tous les temps, il a sorti plusieurs albums relevant principalement du domaine du folk, avec des incursions dans le blues ou la country[1].
Reconnu pour ses ballades et chansons sentimentales, ses ventes de disques sont estimées à plus de 25 millions d'exemplaires à travers le monde[2].
À treize ans, il entend pour la première fois Like a Rolling Stone de Bob Dylan à la radio, une découverte qui aura une influence majeure dans sa carrière[8]. À Noël, son oncle Freddy lui offre une guitare ; il se met ainsi à composer ses premiers morceaux afin de lutter contre sa timidité. Il se met alors à reprendre les chansons de Neil Young, Leonard Cohen et évidemment Bob Dylan, apprenant l'anglais en traduisant les paroles. Il racontera plus tard qu'il pensait que sa guitare lui permettait de se rendre plus intéressant aux yeux des autres. À 17 ans, il commence à monter plusieurs groupes de folk rock et chante dans les orchestres de bals[9], mais ses groupes ne tiennent pas longtemps.
Alors qu'il est en classe de première, il est renvoyé du lycée Bernard Palissy d'Agen en raison de ses trop fréquentes absences[10]. Il travaille alors, à 19 ans, comme magasinier dans un magasin de chaussures tout en jouant dans des bals locaux avec un groupe « Ray Frank et les Jazzmen ». Le groupe se renomme par la suite « les Gaulois » à cause des moustaches de chacun des membres[11]. À cette époque, Cabrel arbore un style hippie : cheveux longs et moustache.
En juin 1974, à Toulouse, il participe à un concours de chanson de Sud Radio durant lequel se succèdent 400 candidats devant un jury composé notamment de Daniel et Richard Seff. La chanson Petite Marie, dédiée à sa femme Mariette Darjo[12], lui permet de remporter le concours et le prix de 2 000 francs. De plus, les frères Seff lui ouvrent les portes de la firme CBS.
Managé en début de carrière par le producteur Jacques Marouani[13], c'est ensuite, à partir de 1979, à Maurice Tejedor — producteur de spectacles dans le grand Sud-Ouest, avec qui il lie des liens amicaux au cours d'une mini-tournée — qu'il confie l'organisation de ses spectacles et tournées[14].
Carrière musicale
En 1977, à l'occasion de la campagne de la « nouvelle chanson française » de la maison de disques, Francis Cabrel sort son premier simple, Ma ville, mais il éprouve vite le sentiment que CBS ne le laisse pas exprimer sa vraie personnalité (en témoigne la version particulière de Petite Marie du disque, qui tente de gommer l'accent méridional du chanteur, version reniée par Cabrel par la suite[15]). Pourtant, il se produit à l'Olympia, en première partie de Dave, durant un mois et gagne le Prix du public au Festival de Spa en Belgique en 1978[16].
Avec son deuxième album, Les Chemins de traverse et son titre phare Je l'aime à mourir, Cabrel obtient le succès. Toutefois, il continue à vivre dans le Lot-et-Garonne avec sa famille. Pour son sixième album Photos de voyages qui sort en 1985, il décide de changer tous ses musiciens qui formaient un groupe depuis le début : "J'avais envie d'un truc un peu plus nerveux" déclare t-il lors d'une émission télévisée. Le bassiste Georges Augier de Moussac témoigne par la suite qu'il a été remplacé par un pianiste "sans sentiment", mais qu'il l'a très bien compris. En juillet 1986, il assiste à la naissance d'Aurélie, sa première fille. Ses albums s'espacent, mais grâce à ses succès, il peut réaliser comme il le souhaite l'album Sarbacane, imposant par exemple le réalisateur de clips Maxime Ruiz que la maison de disques avait renvoyé l'année précédente. L'album sort en 1989 après presque trois ans de silence, c'est un énorme succès, notamment grâce aux titres Sarbacane et C'est écrit.
Il crée en 1988 les Rencontres d'Astaffort, festival musical et culturel qui réunit chaque année des milliers de passionnés de guitare (luthiers ou musiciens). Il produit aussi de jeunes talents sur son label Cargo.
À partir de 1990, année de naissance de sa deuxième fille, le chanteur se consacre encore plus à sa famille et à son village dont il est devenu conseiller municipal en 1989.
Francis Cabrel lors d'un concert à Bruxelles en 2008.
Le , sort Des roses et des orties. Son avant-dernier disque, Vise le ciel, est le 12e album studio de Francis Cabrel, un album uniquement composé de reprises de chansons de Bob Dylan.
Le , après sept ans d'absence sur scène, il sort son 13e album, In extremis[18]. Cet album sera suivi d'une tournée en France, en Suisse et en Belgique à l'automne 2015, puis au Canada à partir du printemps 2016.
En 2017 il reprend sa chanson La Corrida en duo avec le chanteur Algérien Idir dans l'album Ici et ailleurs de ce dernier[19] où il chante quelques passages en Kabyle.
En 2020, il sort son 14e album studio À l'aube revenant, qui contient la chanson Te ressembler en hommage à son père.
Particularités
Il connaît très bien le répertoire de Bob Dylan dont il est un fan fidèle[20]. Il n'a cependant jamais enregistré de chansons en anglais, préférant proposer des adaptations françaises de ses titres préférés.
Par ailleurs, il enregistre régulièrement des adaptations en espagnol de ses titres, notamment dans les albums La quiero a morir (1980), Todo aquello que escribí (1981), Algo más de amor (1990) et Algo más de amor (1998).
Il a aussi enregistré en italienJe l'aime à mourir (Io l'amo cosi[21][source insuffisante]) et Je rêve (Quando il giorno verrà).
Sans se considérer comme collectionneur, Francis Cabrel vit entouré de guitares, dont il « joue au gré de [s]es humeurs »[22].
La langue occitane
Francis Cabrel chante dans la langue occitane qu'il a entendue fréquemment dans sa jeunesse, bien que disant lui-même ne pas parler occitan[23].
Il continue de chanter en occitan, y compris dans ses derniers albums, dont celui de 2020 « À l'Aube revenant »[28], inspiré de l'œuvre des troubadours, qui comprend une chanson en occitan[29]. Les textes qu'il chante en occitan sont écrits par son ami Jean Bonnefon[30]. Le chanteur signale à l'occasion d'interviews à propos de cet album son attachement à la langue occitane et à ses défenseurs : « les gens se battent pour la langue occitane, et je suis à leurs côtés »[31].
Vie privée
Francis Cabrel est marié depuis 1974 avec Mariette Darjo, décoratrice d'intérieur née le 30 mai 1953. Ils se sont rencontrés en 1970, alors qu’ils n’avaient que 17 ans. Ils ont trois filles[32],[33] : Aurélie, née le 30 juillet 1986[34],[35], Manon, née en 1990 et Thiu, née au Vietnam et adoptée en 2004 à trois mois.
Après un début de carrière de chanteuse en demi-teinte, Aurélie a ouvert le 11 avril 2018 un hôtel restaurant, Le Square, à Astaffort (Lot-et-Garonne).
Le , Francis Cabrel fonde « Voix du Sud » à Astaffort[37], une association loi de 1901 ; c'est un organisme de formation qui réalise, depuis octobre 1994, les « Rencontres d'Astaffort », des stages de formation professionnelle s'adressant aux jeunes auteurs, compositeurs et interprètes de chansons, qui se tiennent tous les six mois. L'association est présidée par Jean Bonnefon depuis 2007.
Ces rencontres rassemblent une vingtaine de jeunes artistes qui, pendant quinze jours, vont écrire une quarantaine de chansons. Quinze d'entre elles seront sélectionnées et mises en musique, pour être ensuite jouées au public du Music-halls, une salle de spectacle à Astaffort. Chaque année, un artiste reconnu vient parrainer ces rencontres. Il vient soutenir et conseiller les jeunes qui participent aux rencontres. On peut citer Renan Luce, Zaho, Maxime Le Forestier, Thomas Dutronc, Emily Loizeau, Alain Souchon, etc. On peut citer Antoine Villoutreix parmi les jeunes artistes participants.
Stéphan Rizon est le premier lauréat de l'édition 2007. En 2011, Francis Cabrel met en scène L'Enfant-Porte, une comédie musicale pour enfants écrite en collaboration avec les jeunes ayant participé aux Rencontres d'Astaffort.
Divers
Francis Cabrel est proche de la vie politique de la commune d'Astaffort. Il a en effet été conseiller municipal de mars 1989 à 2004.
Il manifeste son engagement contre la tauromachie dans la chanson La Corrida, qui donne la parole à un taureau et dénonce ce spectacle.
En 2006, il doit annuler deux concerts en Nouvelle-Calédonie, prévus les et , à la suite de graves menaces anonymes lui reprochant des propos tenus lors de la prise d'otages d'Ouvéa. Il avait notamment déclaré : « J'ai beaucoup de sympathie pour le mouvement kanak et je sais qu'un jour les Blancs se retrouveront dans des bateaux ou des avions : et ce sera bien fait pour leur gueule. Les Français peuvent s'en aller tranquilles : ils sont bourrés de blé. Ils ont saigné le pays. Les Kanaks n'ont pas un rond et même pas l'instruction nécessaire pour combattre… Les Français n'ont rien à faire en Nouvelle-Calédonie, pour moi c'est clair ! Ils ont des bateaux, des planches à voile, des magasins partout sur l'île, des maisons à Perpignan… Je le sais, j'ai parlé avec eux[38]. »
En 2008, il est en tête des ventes de disques et de chiffre d'affaires en France, réalisant le double de son suivant Bénabar[39].
Cette même année, Francis Cabrel, comme 52 autres artistes, signe un manifeste en faveur du projet de loi dit Hadopi[40].
En 2020, Francis Cabrel et le guitariste Denys Lable ont exhumé des enregistrements audio et vidéo réalisés pendant la tournée Rock’n’roll show de 1990 qui s'est terminée au Bataclan le 6 octobre 1990. Cette tournée avait associé de manière originale Francis Cabrel à Dick Rivers, accompagnés de musiciens de premiers plan regroupés sous le nom Les Parses (Denys Lable, Bernard Paganotti, Denis Benarrosh, Claude Engel, Patrick Verbeke, Guy Delacroix, Slim Batteux…)[41]. Aztec Musique en a tiré 19 titres, publiés sous différents formats (CD, 2 Vinyles) ainsi qu'un DVD du concert du Bataclan[42] .
Entre 1992 et 2010 et 2021 : participations régulières aux spectacles des Enfoirés.
Depuis 1993 : participations aux albums et aux concerts au profit de l'association Sol En Si.
1996 : reprise de la chanson Prisonnier de l'inutile sur l'album hommage à Gérard MansetRoute Manset
1996 : nouvelle version de sa chanson Sarbacane sur l'album Merci d'être venus de Jean-Jacques Milteau.
1997 : chanson Tandem en duo avec Vanessa Paradis sur l'album Le Zénith des Enfoirés.
1997 : chanson Yo vengo a ofrecer mi corazon en duo avec Mercedes Sosa sur son album Algo más de amor ainsi que sur The Best of Mercedes Sosa (Polygram, 1997).
2000 : reprise de Petite Angèle de Daniel Balavoine sur l'album collectif Hommages…
2011 : L'Enfant-Porte (conte musical jeune public - composition et direction artistique)
2014 : chanson Je te pardonne pour Garou (paroles et musique), album Au milieu de ma vie.
2014 : chansons Le Rôle du rock (paroles et musique), Paris-Vintimille (paroles) et L'amour m'attendait là (adaptation de Make You Feel My Love de Bob Dylan) pour Dick Rivers, album Rivers.
Francis Cabrel a sa marionnette aux Guignols de l'info[47]. Il y est surnommé la « grand-mère à moustache » et la phrase fétiche de sa marionnette est « C'était mieux avant »[48]. Le chanteur n'avait pas apprécié cette caricature faite par les Guignols[47].
En 2011, le groupe espagnol Jarabe de Palo reprend La Quiero a Morir dans son album Y Ahora Que Hacemos, avec Alejandro Sanz.
En 2012, la chanteuse Shakira reprend sa chanson Je l'aime à mourir, à la fois en français et en espagnol, qui devient un grand succès autour du monde[49].
En 2012, 12 chanteuses reprennent ses chansons dans Elles chantent Cabrel, éditions EDC musique.
En 2015, la chanson Octobre est reprise par Lilian Renaud (The Voice) dans son album Le Bruit de l'aube.
Autre activité économique
Francis Cabrel est propriétaire foncier et possède le statut d'exploitant agricole à Astaffort. Il a donné en gestion sa propriété viticole à son frère Philippe, vigneron[50].
Notes et références
↑« Francis Cabrel, le succès sans faire riche », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le 31 janvier 2021)
↑Interview de Francis Cabrel donnée au magazine Djin no 33 du 13 août 1980 : "Je me suis fait engager dans un orchestre de bal. Je chantais les chansons des Beatles, des Stones, de Cream, enfin tous les airs anglais à la mode que j'écoutais sur disque et que j'apprenais par cœur, avec des intonations du chanteur et les arrangements du disque."
↑Interview de Francis Cabrel donnée au magazine Djin no 33 du 13 août 1980 : "J'ai été jusqu'en première, mais je manquais vraiment trop souvent les cours, alors j'ai été viré !"
↑C à vous la suite, émission du 15 octobre 2020 :
10:25
Anne-Elisabeth Lemoine : "... en occitan, c'est ça... et vous le parlez, l'occitan ?"
Francis Cabrel : "Non, mais je l'ai entendu lorsque j'étais enfant dans les rues de mon village, tous les anciens parlaient ce qu'on appelait le patoi de façon... je vais dire vulgaire, mais qui était de l'occitan ni plus ni moins, donc... et j'y suis revenu progressivement vers l'occitan grâce à des amis qui se battent pour sauvegarder cette langue..."
↑« Kendji et l'occitan », sur francebleu.fr, Toulouse, : « Francis Cabrel utilise alors la mélodie du Se Canta dans le titre In Extremis (le Se Canta qui est considéré comme l'hymne occitan, et même dans les paroles il prend clairement la défense de la langue occitane. »
↑Sandro Cassati, Francis Cabrel, un homme vrai, City, 2015
↑Alain Wodrascka, Cabrel, les chemins de traverse, Éditions de l'Archipel, 2015
↑Francis Cabrel, interviewé par Benjamin Locoge et Sacha Reins, « La lumière noire de Francis Cabrel », Paris Match, semaine du 23 au 29 avril 2015, pages 7-9.