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Florence Aubenas | |
![]() Florence Aubenas en 2015. | |
Naissance | Bruxelles (Belgique) |
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Nationalité | Française |
Diplômée de | École européenne de Bruxelles I Centre de formation des journalistes |
Profession | Journaliste Écrivaine |
Spécialité | Fait divers Journalisme littéraire Correspondance de guerre |
Années d'activité | Depuis 1984 |
Récompenses | Prix Jean Amila-Meckert (2010) Prix Joseph-Kessel (2010) Globe de cristal du meilleur roman ou essai (2011) Prix d'Académie (2015) |
Distinctions honorifiques | Commandeure de l'ordre des Arts et des Lettres (2016) |
Médias actuels | |
Pays | ![]() |
Historique | |
Presse écrite | Le Matin de Paris Le Nouvel Économiste (1984-1986) Libération (1986-2006) Le Nouvel observateur (2006-2012) Le Monde (depuis 2012) |
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Florence Aubenas Écouter, née le à Bruxelles, est une journaliste et écrivaine française.
Elle effectue la plus grande partie de sa carrière au sein du quotidien Libération comme grand reporter, jusqu'à son départ en 2006 pour l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur puis Le Monde à partir de 2012.
En 2005, à l’occasion d'un reportage en Irak, elle est retenue en otage pendant cinq mois.
Florence Aubenas est la fille de Jacqueline Aubenas[1], journaliste, cofondatrice de la revue féministe Les Cahiers du Grif[2], critique de cinéma et chargée de cours à l'INSAS et l'ULB à Bruxelles, et de Benoît Aubenas, diplomate européen[3]. Elle est la sœur de Sylvie Aubenas et d'Olivier Aubenas.
D'abord étudiante à l'École européenne de Bruxelles I, à Uccle[3], Florence Aubenas effectue deux années de classes préparatoires littéraires, puis sort diplômée du Centre de formation des journalistes (promotion 1984)[4]. Florence Aubenas est ensuite journaliste pour Le Matin de Paris et Le Nouvel Économiste, avant d'entrer en 1986 à Libération. Elle y est d'abord secrétaire de rédaction puis grand reporter[5]. Elle couvre de nombreux événements au Rwanda, au Kosovo, en Algérie, en Afghanistan et en Irak, ainsi que plusieurs grands procès en France. Elle se fait ainsi connaître pour sa couverture du procès d'Outreau, et est l'une des premières à exprimer ses doutes sur la culpabilité des prévenus, finalement innocentés. En , alléguant un désaccord avec le nouvel actionnaire principal Édouard de Rothschild, elle invoque la clause de cession pour quitter Libération et rejoindre le Nouvel Observateur[6]. Elle gagne en 2010 un procès contre Libération qui refusait l'application de cette clause[7]
De février à , elle prend un congé sans solde, s'installe dans une chambre d'étudiant à Caen et s'inscrit à Pôle emploi pour chercher du travail en cachant son métier de journaliste – elle prétend n'avoir qu'un baccalauréat littéraire[8]. Elle mène une enquête sur la France des travailleurs précaires qui survivent avec un salaire inférieur au SMIC. Ce type d'expérience en immersion avait déjà été tenté par Günter Wallraff en Allemagne, qui s'était fait passer pour un Turc dans les années 1980, par Elsa Fayner en France dans les années 2000[9] ou Barbara Ehrenreich aux États-Unis. Après avoir enchaîné les petits boulots, elle travaille comme femme de ménage sur les ferries du quai de Ouistreham. De cette expérience naît le livre Le Quai de Ouistreham, publié en , qui devient un succès de librairie (120 000 exemplaires vendus au [10]) et fait l'objet d'une adaptation cinématographique par Emmanuel Carrère dans le film Ouistreham (2021).
Florence Aubenas se met à travailler pour Le Monde à partir d'avril 2012. Elle couvre le conflit syrien du côté des rebelles de l'armée syrienne libre pendant plusieurs semaines, dans le gouvernorat d'Alep. Sur la présence de groupes extrémistes islamistes salafistes, Florence Aubenas répond : « Dans la région du nord, je n'en ai pas rencontré [...]. Cela dit, il faut rester modeste : la situation peut être différente dans d'autres parties du pays[11]. » Frédéric Pichon, chercheur et spécialiste de la Syrie à qui on a reproché une certaine proximité vis-à-vis du régime Assad[12], analyse son attitude, jugée trop en retrait, comme révélatrice de l'aveuglement des médias vis-à-vis de la révolte syrienne[13].
En 2021, Florence Aubenas a écrit plusieurs enquêtes sur le milieu rural, notamment sur l'agriculteur bio et militant Jérôme Laronze, à qui elle a consacré une série d'été en six reportages[14].
Le , Florence Aubenas est enlevée à Bagdad en compagnie de son fixeur, Hussein Hanoun al-Saadi, à l'université de Bagdad lors d'un reportage sur les réfugiés de Falloujah. Cet enlèvement survient à peine plus de deux semaines après la libération des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot[15].
Une cassette déposée à l'agence Reuters de Bagdad et diffusée le 1er mars par Sky-Italia fait apparaître Florence Aubenas s'exprimant en anglais pendant 26 secondes. Assise, les mains entre les jambes, elle porte un polo gris et un pantalon noir[16]. Elle semble très éprouvée par les conditions de sa détention et déclare être en mauvaise santé, y compris psychologique[17]. À la fin de la cassette, elle demande l'aide du député Didier Julia. Il n'est pas fait mention d'Hussein Hanoun. Les témoignages de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, journalistes précédemment enlevés en Irak, incitent cependant à la réserve quant à l'interprétation de cette vidéo. Les ravisseurs semblent en effet employer un projecteur de lumière verte afin d'accentuer la fatigue des traits de leur victime. La vidéo, non datée, ne s'accompagne d'aucune revendication et ne porte le nom d'aucune organisation[17].
Cinq autres « preuves de vie », des vidéos attestant que l'otage est toujours vivante, sont transmises aux services secrets français, puis à sa famille[18].
Des comités de soutien se constituent durant leur captivité. Après 100 jours, le , des médias, élus et organisations expriment leur solidarité avec les deux otages[19]. Des lâchers de ballons sont organisés, et le portrait géant de Florence Aubenas est exposé sur la façade de la Mairie de Paris jusqu'à sa libération[20].
Un communiqué du ministère des Affaires étrangères au matin du annonce la libération de Florence Aubenas et Hussein Hanoun la veille dans l'après-midi, et le retour de Florence Aubenas en France dans la soirée[21]. Ils sont libérés dans la ville de Bagdad et remis aux agents de la DGSE, selon les plans de l'ambassade de France[18] après plus de cinq mois de captivité (157 jours). Tandis que Hussein Hanoun reste à Bagdad auprès de sa famille[22], Florence Aubenas fait escale à Chypre, où elle rencontre Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères, puis se pose à 19 h 10 sur l'aéroport militaire de Villacoublay. Elle est accueillie par le chef d'État Jacques Chirac puis retrouve sa famille proche[23]. Peu après, elle est transférée en hélicoptère vers une base de la DGSE près d'Orléans afin de fournir des détails sur son enlèvement[24]. Le soir même, une fête géante est organisée en l'honneur des ex-otages place de la République à Paris, avec notamment pour invité le DJ Laurent Garnier[25],[26].
Lors d'une conférence de presse, le 14 juin, Florence Aubenas raconte ses conditions de détention[27]. Elle rapporte que ses ravisseurs, qui se revendiquaient « moudjahidine » opposés à la présence américaine en Irak, ne l'autorisaient à parler que pour leur répondre, lui interdisaient de faire plus de 24 pas par jour et de communiquer avec ses codétenus, dont Hussein Hanoun. Elle reçoit les noms de code « Leïla » et « numéro 6 ». Elle déclare ne pas se souvenir de la présence de journalistes roumains, même si ceux-ci avaient affirmé se trouver prisonniers dans la même cave[18].
Le contact entre les autorités françaises et les ravisseurs semble avoir été établi via Khaled Jasim (membre irakien de l'équipe de Didier Julia) le 25 mars[28], et poursuivi par l'intermédiaire de Karim Guellaty le 29 mai. Officiellement, et pour ne pas encourager d'autres enlèvements, la France n'a pas versé de rançon; un article du Times avance néanmoins que les ravisseurs auraient réclamé quelque 15 millions de dollars et que dix millions auraient été versés[29]. Dans Un président ne devrait pas dire ça..., livre d'entretiens publié en 2016, François Hollande affirme que la France a bel et bien payé une rançon[30].
Marseille, le 5 juin 2005 : Jacques Amalric, alors journaliste à Libération, lance à la mer une bouteille contenant 150 messages de solidarité écrits par des célébrités et des anonymes afin de manifester son soutien à Florence Aubenas et son fixeur irakien Hussein Hanoun al-Saadi, pris en otage depuis 150 jours en Irak.
Le soir même de leur libération, le 12 juin 2005, une fête géante est organisée en leur honneur place de la République à Paris par le comité de soutien.
Laurent Garnier, DJ invité pour cette célébration.
Le , Florence Aubenas a été élue à la tête de l’Observatoire international des prisons - section française (OIP-SF)[31], poste qu'elle occupe jusqu'en juin 2012.
Elle est aussi présidente du comité de soutien aux otages français Didier François et Édouard Elias, retenus en Syrie du au [32],[33].
Le 8 mars 2021, Florence Aubenas donne son nom au groupe scolaire de Boulleret, village du Cher.
L'ouvrage de Florence Aubenas, La Méprise: l'affaire d'Outreau (ISBN 2-02-078951-5) a été signalé à plusieurs reprises depuis 2009 (citations à l'appui) pour désinformation, informations erronées ou données contraires à la réalité [41],[42],[43]. Dès 2004, un article de Florence Aubenas[44], réfuté depuis dans les références précitées, l'opposait déjà à l'un des auteurs.
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