Fête nationale du Québec | ||
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Défilé de la Fête nationale du Québec, à Montréal, le 24 juin 2006. | ||
Nom officiel | Fête nationale du Québec | |
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Autre(s) nom(s) | La « Saint-Jean-Baptiste » ou la « Saint-Jean » | |
Observé par | Québécois Diaspora québécoise |
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Type | Fête nationale | |
Date | 24 juin | |
Célébrations | Défilés, feux de joie, feux d'artifice, concerts musicaux, flottage du drapeau, discours et chants patriotiques, concours, etc. | |
Lié à | Fête de la Saint-Jean | |
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La Fête nationale du Québec, encore communément appelée la Saint-Jean-Baptiste ou Saint-Jean, est la fête nationale des Québécois. En vertu de la Loi sur la fête nationale[1], le 24 juin est une journée fériée et chômée au Québec.
Cette date est d'abord celle de la fête religieuse célébrant la naissance de Jean le Baptiste qui s'est plus tard imposée, à partir de 1834, comme fête nationale des Canadiens français. Reconnue jour férié par la province de Québec en 1925, le gouvernement souverainiste du Parti québécois l'a déclarée « fête nationale du Québec » en 1977.
Depuis 1984, le Mouvement national des Québécoises et Québécois est officiellement responsable de la coordination des festivités qui se déroulent les 23 et 24 juin de chaque année.
Chez les païens, le solstice d'été qui, selon le calendrier julien, tombait le 24 juin, était célébré par des feux de nuit (voir le Collier des Brísingar) symbolisant la puissance fertilisante du Soleil, ces feux de joie demeurant encore aujourd'hui le symbole le plus ancien de la fête[2]. En plus de son caractère de rite de passage saisonnier, la fête du solstice d’été marquait également un jalon dans le cycle de production agricole, alors que s’entamaient les grands travaux agricoles qui ne s’achèveraient qu’à la fin de l’été [3] Pour lutter contre le paganisme, les évêques implantent des sanctuaires de Saint Jean Baptiste dont la fête doit se substituer au culte des divinités barbares (par exemple Koupalo chez les Slaves) qui, avec les invasions successives des Saxons puis des Vikings, durera jusqu'à la fin de la dynastie des Carolingiens. Plus largement, la fête prit, au sein de la cosmogonie chrétienne, une importance non négligeable, marquant, à six mois exactement, le pendant de la naissance du Christ célébrée par la fête de Noël qui symbolise elle-même, avec le solstice d’hiver (le jour le plus court de l’année), le début du triomphe de la lumière sur les ténèbres.
Ainsi, l'un des sanctuaires les plus caractéristiques concernant cette lutte d'influence est celui de Saint Jean Baptiste d'Audresselles, en France, à quinze milles de l'Angleterre[réf. nécessaire]. Ce sanctuaire surélevé, d'où l'on voit le Soleil se coucher dans la mer, est entouré par ceux des dieux germaniques dont les villages entourant Audresselles portent toujours le nom : Audinghen (Odin, Wotan ou Wedne), Raventhun (le corbeau accompagnait Odin), Ambleteuse, auparavant Amel Thuys (dieu Thuys ou Tues), Tardinghen (dieu Thar, Thor ou Thurst), Loquinghen (dieu Loki), Bazinghen (déesse Basine) etc.
Encore aujourd'hui, c'est à Saint-Jean-Baptiste-d'Audresselles que se réunissent tous les catholiques de la région pour les grandes fêtes religieuses. Parmi eux se trouvent des familles d'Acadiens revenus dans le Boulonnais après la perte de la Nouvelle-France par la France.
Officielle sous l'Ancien Régime, la fête de la Saint-Jean Baptiste reste une fête très populaire dans les zones catholiques de la France actuelle.
La fête débarque en Amérique avec les premiers colons français. Les premières célébrations de cette fête chrétienne en Nouvelle-France auraient eu lieu dès 1606, des colons français se dirigeant vers ce qui deviendrait l'Acadie faisant escale à Terre-Neuve et célébrant, le 24 juin, la Saint-Jean Baptiste sur les côtes. Une seconde mention de la fête remonte à 1636 selon les Relations des Jésuites[4], qui relatent les célébrations prenant place à Québec et commandées par le gouverneur Montmagny[5].
Les célébrations de la Saint-Jean-Baptiste prennent une tournure très patriotique au Bas-Canada grâce, entre autres, aux actions de Ludger Duvernay, qui deviendra le premier président de la Société Saint-Jean-Baptiste.
C'est le qu'est chanté pour la première fois le Ô Canada! mon pays, mes amours de George-Étienne Cartier lors d'un grand banquet patriotique regroupant une soixantaine de francophones et d'anglophones de Montréal dans les jardins de l'avocat John McDonnell, près de l'ancienne gare Windsor[6]. Plusieurs hommes politiques réformistes dont Edmund Bailey O'Callaghan, Louis Perrault, Thomas Storrow Brown, Édouard-Étienne Rodier, Louis-Hippolyte La Fontaine et le maire de Montréal Jacques Viger sont présents lors de ce banquet.
Après cette première célébration, le journal La Minerve conclut, que « cette fête dont le but est de cimenter l'union des Canadiens ne sera pas sans fruit. Elle sera célébrée annuellement comme fête nationale et ne pourra manquer de produire les plus heureux résultats » [7]. C'est à partir de cette date que la fête nationale des anciens Canadiens en vient à correspondre à la fête catholique de Saint-Jean-Baptiste, déjà bien ancrée dans la tradition.
À la suite des soulèvements des Patriotes de 1837 et 1838 et des répressions militaires qui suivirent, la fête cessa d'être célébrée pendant plusieurs années. Lorsqu'elle réapparaît, c'est sous la forme d'une célébration essentiellement religieuse, bien que les feux soient toujours présents. À Québec en 1842, elle donne lieu à une grande procession religieuse, inaugurant ainsi la tradition du défilé de la St-Jean-Baptiste, promis à une longue postérité. En 1843, Duvernay établit l'Association Saint-Jean-Baptiste, une société charitable et patriotique, en vue de la célébration de la fête de cette année-là à Montréal en 1843.
Le , les citoyens de la ville de Québec participant aux festivités de la St-Jean-Baptiste se font chanter un autre Ô Canada, aujourd'hui hymne national du Canada. Il devient populaire très rapidement et on le désigne même comme « hymne national » des Canadiens français. Les paroles sont d'Adolphe-Basile Routhier et la musique de Calixa Lavallée.
En 1908, le pape Pie X fait de saint Jean-Baptiste le patron spécifique des Canadiens français. La procession de chars allégoriques est introduite en 1874. De 1914 à 1923, les défilés n'ont pas lieu.
En 1925, le gouvernement du Québec fait du 24 juin un jour férié.
Après la Révolution tranquille, la Saint-Jean-Baptiste prend un aspect plus politique, les générations les plus jeunes rejetant la symbolique religieuse associée auparavant aux festivités. Le , le gouverneur-général Georges Vanier cible des souverainistes québécoises et assiste au défilé de Montréal, tandis qu'un groupe de militants distribue des documents proclamant : « Vanier vendu » et « Vanier fou de la Reine »[8]. C'est à ce moment que la représentation traditionnelle de saint Jean-Baptiste en petit garçon frisé accompagné d'un mouton disparaît au profit d'une statue de 10 pieds représentant le saint en homme mature, qu'on veut à l'image du Québec moderne [9].
En 1968, un incident survient durant le défilé traditionnel du 24 juin auquel assiste entre autres, à la veille d'une élection générale, le premier ministre du Canada de l'époque, Pierre Elliott Trudeau, dont l'hostilité à la thèse indépendantiste est bien connue. Il devient rapidement la cible d'un groupe de manifestants indépendantistes qui scandent : « Trudeau traître, Trudeau vendu, à bas Trudeau » et tentent de le chasser de la tribune à coup de pierres et de bonbonnes d'acide. Trudeau refuse de quitter la scène. Il expliquera plus tard dans son autobiographie : « Je n'avais pas du tout envie d'obéir à une violence aussi saugrenue. Je déteste la violence. Démocrate, je n'admets pas qu'une infime minorité d'agitateurs tente de chasser à coups de pierres les invités de la majorité ». Les forces policières procèdent à la répression des manifestants. L'opération se termine par l'arrestation de 290 personnes et 125 manifestants, spectateurs et policiers, sont blessés (sans compter les chevaux de la police montée de la ville de Montréal). La Télévision de Radio-Canada et CBC rediffusèrent la scène du refus de Trudeau de quitter la scène dans les journaux télévisés du soir. D'après les commentateurs politiques de l'époque, de nombreuses personnes considérèrent le geste de Trudeau comme étant un acte ouvert de courage, impressionnant pour l'électorat canadien-anglais. Les adversaires des indépendantistes ont soutenu que la manifestation avait eu l'effet contraire de celui visé par les indépendantistes et, sans jamais en apporter la démonstration, ils affirmèrent que cela avait contribué à la victoire du Parti libéral lors de l'élection fédérale du lendemain (le PLC obtient 45,37 % des voix des électeurs Canadiens et 53,6 % de celles des Québécois).
En 1969, des manifestants du Front de libération populaire détruisent la statue représentant saint Jean-Baptiste en la précipitant par terre. Comble d'ironie, celle-ci se décapite en tombant et sa tête ne fut jamais retrouvée. Cet incident cause une interruption du défilé, qui n'eut pas lieu l'année suivante non plus[10].
C'est le , que, par un arrêté ministériel du gouvernement de René Lévesque, le 24 juin devient officiellement le jour de la Fête nationale du Québec. L'année suivante, le comité organisateur de la Fête nationale du Québec est créé. Le comité confia d'abord l'organisation des événements à la Société Saint-Jean-Baptiste. Depuis le 24 juin 1975, la chanson Gens du pays de Gilles Vigneault joue lors des festivités. En 1984, l'organisation est confiée au Mouvement national des Québécoises et des Québécois dont fait partie la Société Saint-Jean-Baptiste.
Bien qu'elle soit toujours la fête des Canadiens français, la Saint-Jean-Baptiste devient, au Québec, la fête de tous les Québécois et non plus uniquement celle des Québécois d'origine canadienne-française et catholique. Par les actions de la Société Saint-Jean-Baptiste et du Mouvement national des Québécois principalement, la fête s'est graduellement laïcisée. Malgré tout, la fête demeure toujours l'occasion d'un grand festival culturel dont les Québécois profitent pour manifester leur existence au monde et leur sentiment d'appartenance au Québec. La tradition d'allumer des feux durant la nuit est toujours vivante.
La plus grande manifestation se déroulait traditionnellement dans la ville de Québec, capitale du Québec, sur les Plaines d'Abraham, qui pendant des années réunit des foules de plus de 200 000 personnes[11]. En 2011, le maire de Québec Régis Labeaume fait restreindre la consommation d'alcool lors du traditionnel spectacle sur les Plaines d'Abraham et dans les rues de la capitale[12]. L'affluence à la fête chute dramatiquement, en partie à cause du mauvais temps en 2011[13]. Le , malgré un temps radieux, moins de 40 000 personnes se rassemblent sur les Plaines[14].
Depuis le , la Commission des normes du travail du Québec veille à l'application de Loi sur la fête nationale, qui fait du 24 juin un jour de congé férié et chômé. Si elle tombe un autre jour de congé, un autre congé doit être ajouté. Si en raison de la nature de l'emploi, le travailleur ne peut s'absenter de son travail, il doit recevoir une indemnité.
Aujourd'hui, la fête de la Saint-Jean-Baptiste est célébrée par plusieurs communautés catholiques à travers le monde, entre autres au Danemark, au Portugal, en Espagne et en France. Pour l'Église catholique romaine, le 24 juin est un jour de fête religieuse en l'honneur de saint Jean-Baptiste.
La fête est toujours célébrée par de nombreux francophones, majoritairement issus de la diaspora québécoise ou acadienne, de la Nouvelle-Angleterre, de l'Ontario, des provinces maritimes et de l'Ouest canadien. Les plus importantes célébrations de la Saint-Jean-Baptiste dans le Canada hors Québec ont lieu dans le cadre du Festival franco-ontarien, qui se tient chaque année à Ottawa. La Saint-Jean-Baptiste est aussi une célébration importante pour la région du nord de l'Ontario dans diverses petites villes dont Kapuskasing. Bien que la célébration de la Saint-Jean-Baptiste par les Acadiens en tant que fête catholique ne soit pas inconnue, elle est largement surpassée par la Fête nationale de l'Acadie le 15 août (fête de l'Assomption, qui d'ailleurs fut la fête nationale des Français sous le Second Empire), instituée en 1881 lors d'une convention acadienne, alors que cette date était en compétition avec le 24 juin[15].
Depuis plusieurs années, un défilé de la Fête nationale du Québec est organisé en France par la Délégation générale du Québec à Paris. Les délégations de New York, Londres, Bruxelles, Mexico et Tôkyô soutiennent aussi des activités pour souligner le 24 juin.
La Saint-Jean-Baptiste est aussi largement célébrée en Colombie-Britannique, plus particulièrement dans la vallée de l'Okanagan, étant donné que la majorité des travailleurs saisonniers, présents pour la récolte estivale des cerises et autres fruits, sont des Québécois.
Certaines personnes au sein des communautés francophones du Canada regrettent que le Québec se soit « approprié » cette fête[réf. nécessaire], puisque de leur point de vue, la fête avait comme but d'unir tous les Canadiens français (les Acadiens ayant une fête différente), qu'ils soient au Canada ou aux États-Unis. D'un autre point de vue, les dirigeants de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal accusent toujours Ottawa d'avoir usurpé les symboles nationaux historiques des Québécois en s'appropriant la feuille d'érable, le castor et l'hymne Ô Canada[16].
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