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Dora Moutot, née le , est une blogueuse, influenceuse et militante féministe française. Elle a une approche biologique de la définition de femme, ce qui lui vaut une forte opposition en particulier de militants trans et d'autres féministes, qui la qualifient de TERF.
En raison de ses positions jugées transphobes et de sa proximité avec des figures de l'extrême-droite, de nombreuses marques ont mis fin à leurs partenariats avec Dora Moutot.
Dora Moutot naît le 23 mai 1987. Son père est séfarade d’Algérie exilé à Sarcelles, sa mère est juive polonaise. Son grand-père Igal a fui le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale, en étant exfiltré vers la Suisse par le réseau du résistant Georges Loinger. Sa grand mère, Shoshanna, juive allemande, est cachée dans un pensionnat catholique puis part en Israël[1],[2].
En 2009, Dora Moutot crée le blog La Gazette du mauvais goût, dans lequel elle répertorie « tout ce qui est bizarre, excentrique, insolite, trash, marginal, folklorique ». En février 2012, elle crée le blog et projet artistique Webcam Tears, compilant des vidéos de personnes se filmant en pleurs avec leur webcam[3],[4]. En juin 2013, elle remporte le prix Google-Le Monde pour son blog hébergé sur la plateforme de blogs du Monde[3],[5].
En décembre 2013, Moutot est nommée à la cérémonie satirique des Gérard de la télévision pour sa participation en tant que chroniqueuse à l'émission Comment ça va bien[6].
En 2014, elle cofonde avec Sophie Pinchetti le webzine The Other, dédié aux sous-cultures et aux cultures alternatives. Elle a écrit pour divers médias en ligne comme Vice et a été rédactrice en chef adjointe de Konbini[3],[7].
Le 23 août 2018, Dora Moutot crée le compte Instagram « T’as joui ? », dédié à éduquer sur la sexualité féminine. Le compte relaie des témoignages de femmes critiquant les performances sexuelles de leurs partenaires masculins[7]. Le compte totalise près de 600 000 abonnés en août 2021[8]. Toujours au sujet de la sexualité féminine et de la domination masculine dans les rapports sexuels hétérosexuels, elle publie en 2021 le livre Mâle baisées[9].
En avril 2022, elle critique la contraception qu'elle qualifie d'« excision psychique » pour les femmes[10].
En juillet 2022, après que le polémiste conservateur canadien Jordan Peterson ait nié l'existence du patriarcat et appelé les hommes à « s'endurcir » pour combattre leur « féminisation », elle rejette la qualification de masculiniste qui lui est attribuée par des féministes : cela serait selon elle une « nigaude étiquette pour le disqualifier sans même regarder vraiment ce qu'il fait ». Elle affirme que Peterson est « un des seuls mecs qui expliquait aux hommes COMMENT AVOIR DES VALEURS »[10].
Dora Moutot se définit comme « femelliste »[11], terme qu'elle utilise pour décrire un courant féministe essentialiste qui affirme que les femmes ont des besoins spécifiques basés sur leur biologie et critique de l'identité de genre[10].
En février 2020, elle cosigne une tribune intitulée « Trans : suffit-il de s’autoproclamer femme pour pouvoir exiger d’être considéré comme telle ? » s’opposant à l’inclusion des personnes transgenres au sein du mouvement féministe. La tribune, originellement publiée dans Le HuffPost, est dépubliée puis republiée sur le site internet de Marianne[12].
Le 6 décembre 2021, Dora Moutot incite ses abonnés Instagram à mener une campagne de lobbying envers le Sénat afin de faire supprimer la mention d’identité de genre d’un texte de loi visant à l’interdiction des thérapies de conversion. Cela a entraîné l'envoi de plus d'une centaine de fois d'un mail type aux sénateurs. La veille du vote, elle affirme avoir été reçue avec Anissia Docaigne-Makhroff par la ministre Marlène Schiappa afin de présenter un dossier de « ressources au sujet des problématiques sur l’idéologie d’identité de genre »[13].
Elle affirme à plusieurs reprises que des « milliardaires transhumanistes » « financent » un « lobby trans », partageant notamment les thèses de la blogueuse américaine Jennifer Bilek, qui dénonce des milliardaires qui auraient « infiltré la communauté gay » afin de « convaincre les personnes cisgenres qu'elles doivent transitionner, avec pour but ultime de […] mettre l'humanité en esclavage en fusionnant homme et machine »[10].
En août 2022, Dora Moutot et Marguerite Stern signent une tribune adressée à la Première ministre Élisabeth Borne publiée dans Marianne dans laquelle elles s’opposent à une affiche du Planning familial représentant un homme enceint, qui reprend selon elles « un vocabulaire utilisé par les militants transactivistes »[14]. Selon Mediapart, le texte est « très majoritairement relayé par des militant·es, organes de presse ou personnalités d’extrême droite »[15]. À la suite de cette tribune, Stern et Moutot sont reçues par les députées LREM Caroline Yadan et Aurore Bergé. D'autres élus LREM s'indignent de ces invitations, comme Pierre Karleskind et Raphaël Gérard[14].
En octobre 2022, Dora Moutot publie un manifeste « femelliste »[11].
Depuis ses prises de position à propos de la transidentité, Dora Moutot dit être victime de harcèlement de masse et plusieurs marques annulent leurs partenariats avec elle[16].
Dora Moutot est atteinte de la colonisation bactérienne chronique de l'intestin grêle (CBCG) depuis 2009 et entreprend plusieurs projets afin de sensibiliser au sujet de cette maladie. Elle traite ses symptômes avec un régime naturopathique[17].
En juin 2019, elle publie le livre À fleur de pet, dans lequel elle raconte son expérience avec la CBCG[17]. Elle anime également un compte Instagram dédié aux maladies intestinales[18]. En novembre 2020, elle sort la web-série Comment j’ai hacké mes intestins, centrée sur le CBCG. Elle est diffusée sur Arte.tv, TV5 Monde et France.tv Slash[19]. D'après L'Express, Moutot y fait la promotion de traitements non conventionnels[20].
En 2020, Dora Moutot publie une plaisanterie sur Instagram à propos de l'État islamique et de la pandémie de Covid-19 dans laquelle elle se demande si les membres de l’EI se réjouissent du port du masque, assimilé au hidjab. Des internautes l’accusent d’islamophobie et de féminisme blanc, voire la cyberharcèlent. En réaction à la vague de harcèlement, elle porte plainte pour cyberharcèlement et diffamation. Elle reçoit le soutien du mouvement féministe Femen[21].
Son compte Instagram « T’as joui ? » est critiqué par des militants transgenres lui reprochant de ne pas inclure les personnes transgenres ou l’accusant de transphobie[21]. En réaction à ces critiques, elle répond que les femmes cisgenres n’ont « pas la même biologie et donc pas tout à fait le même vécu, ni les mêmes problématiques que les trans » et critique un « terrorisme de gauche » et une « bien-pensance » prégnants au sein du féminisme[22].
En septembre 2021, sept autrices se retirent d’un salon du livre féministe après avoir appris la présence de Dora Moutot et Marguerite Stern à ce salon, en raison de leurs propos qu'elles jugent transphobes[23].
Le 15 octobre 2022, dans l'émission Quelle époque !, sur France 2, elle refuse la qualité de femme à Marie Cau, première maire transgenre de France, affirmant : « Pour moi, Marie Cau, c’est un homme ». Marie Cau lui reproche, en retour, d'être transphobe, suivie par Jérémy Ferrari, qui l'accuse de tenir un discours de haine[24]. Son invitation par France 2 est critiquée par le site Madmoizelle[11].
La tribune publiée en février 2020 dans Marianne a « très majoritairement [été] relayé[e] par des militant·es, organes de presse ou personnalités d’extrême droite » selon Mediapart[15].
Le pure-player Arrêt sur images révèle en septembre 2022 la proximité de Dora Moutot avec l'extrême-droite[10].
D'après L'Express, Dora Moutot fait la promotion de traitements non conventionnels à propos du CBCG[20]. En août 2022, elle apporte son soutien au naturopathe Thierry Casasnovas, surveillé par la Miviludes[10].
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