Nom de naissance | Delphine Claire Beltiane Seyrig |
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Naissance |
Beyrouth, Liban |
Nationalité | Française |
Décès |
(à 58 ans) Paris 10e, France |
Profession | Actrice, réalisatrice |
Films notables |
L'Année dernière à Marienbad Muriel ou le Temps d'un retour Baisers volés Peau d'âne Le Charme discret de la bourgeoisie India Song Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles |
Delphine Seyrig est une actrice et réalisatrice française, née le à Beyrouth (Syrie mandataire) et morte le dans le 10e arrondissement de Paris.
Comédienne de théâtre majeure, héroïne des films d'Alain Resnais, Luis Buñuel, François Truffaut, Chantal Akerman ou Ulrike Ottinger au cinéma, elle a aussi été une figure du féminisme en France.
Née en 1932 à Beyrouth[1],[2],[3], Delphine Seyrig est la fille d'Henri Seyrig (1895-1973), archéologue, directeur du service des Antiquités du Liban à l'époque du mandat français, et d'Hermine de Saussure, dite Miette (1901-1984), suissesse du canton de Genève, navigatrice, spécialiste de Jean-Jacques Rousseau, issue d'une famille de scientifiques, dont le plus connu est le linguiste Ferdinand de Saussure[4].
Delphine Seyrig passe son enfance à Beyrouth où elle est scolarisée à l'École catholique allemande, puis au Collège Protestant Français, sauf une année, à l'âge de 6 ans, qu'elle passe en pension dans une ferme en Suisse.
En 1942, Henri Seyrig est nommé envoyé spécial de la France libre en Amérique et la famille émigre à New York, où elle reste jusqu'à la fin de l'année 1945. Ces trois années et demie passées aux États-Unis marquent fortement Delphine Seyrig qui va en garder une parfaite maîtrise de l'anglais.
Après la guerre, elle fréquente plusieurs établissements au Liban et en France : Collège Protestant de Beyrouth, Collège Cévenol (Haute-Loire), Lycée de Sèvres, Collège Sévigné (Paris).
Début 1950, à 17 ans, avec l'accord de son père, Delphine Seyrig renonce à passer son bac et choisit d'étudier le théâtre.
À l'EPJD (L’Éducation par le jeu dramatique), elle a pour professeurs Roger Blin, Pierre Bertin et Tania Balachova[1]. Parmi ses camarades de cours se trouvent Philippe Noiret, Laurent Terzieff et Michael Lonsdale[5].
En , Delphine Seyrig épouse le peintre américain Jack Youngerman, alors étudiant aux Beaux-Arts de Paris[6].
En 1952, à 20 ans, elle obtient son premier rôle dans l’Amour en papier de Louis Ducreux. Elle est peu après engagée dans la troupe de la Comédie de Saint-Étienne, dirigée par Jean Dasté, où elle joue entre autres les rôles de Chérubin dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais et d'Ariel dans La Tempête de Shakespeare. Avec diverses compagnies, elle interprète aussi les rôles-titres de Tessa et Ondine de Jean Giraudoux, l'Élianthe du Misanthrope de Molière, ainsi que Mabel Chiltern dans Un mari idéal d'Oscar Wilde. Elle envisage d'entrer au TNP, mais sa voix est jugée trop particulière.
En , elle part vivre à New York avec son mari et leur fils Duncan, né à Paris en juin de cette année. Ils vivent à la pointe de Manhattan près du vieux port dans une communauté d'amis peintres américains. Parmi ces derniers, Ellsworth Kelly, Robert Indiana, Agnes Martin, Robert Rauschenberg, Jasper Johns. Delphine Seyrig suit les cours de Lee Strasberg en tant qu'auditrice à l'Actors Studio où elle croise occasionnellement Marilyn Monroe. Elle obtient quelques rôles au théâtre off-Broadway dont Florence dans Song of Songs (Cantique des Cantiques) de Giraudoux et Petra dans An Enemy of the People (Un ennemi du peuple) d'Henrik Ibsen. Elle y tourne son premier rôle au cinéma dans Pull My Daisy (1959), écrit par Jack Kerouac et réalisé par Robert Frank et Alfred Leslie.
Alain Resnais découvre Delphine Seyrig lors de son séjour à New York à l'automne 1959, alors qu'elle y joue dans An Enemy of the People, et la fait tourner l'année suivante dans L'Année dernière à Marienbad, écrit par Alain Robbe-Grillet. Le film, sorti à Paris en juin 1961, remporte un grand succès et donne à Delphine Seyrig une notoriété internationale[7]. Resnais lui confie en 1963 le rôle d’Hélène Aughain dans Muriel ou le Temps d'un retour, pour lequel elle remporte la Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise.
Les années suivantes, elle tourne dans Accident de Joseph Losey (1966), La Musica de Marguerite Duras (1967), Mister Freedom, de William Klein (1968), Baisers volés, de François Truffaut (1968), La Voie lactée, de Luis Buñuel (1969). Dans Baisers volés, film charnière du cycle « Antoine Doinel », elle joue la troublante Fabienne Tabard, femme à la fois romantique et inaccessible, mais aussi réaliste et maîtresse de son destin. Antoine Doinel, dans Baisers volés, dit d'elle : « Madame Tabard est une femme exceptionnelle, Madame Tabard, c'est… c'est une apparition ! » Delphine Seyrig trouve en Alain Resnais et en François Truffaut deux réalisateurs qui, en quelques films, la rendent inoubliable, en particulier par le timbre de sa voix que Michael Lonsdale compare à un violoncelle[8].
Durant cette décennie, Delphine Seyrig enchaîne de nombreux rôles au théâtre, notamment dans La Mouette d'Anton Tchekhov et Les Exaltés de Robert Musil sous la direction de Sacha Pitoëff (1961), On ne sait comment de Luigi Pirandello face à Alain Cuny (1962), Un mois à la campagne d'Ivan Tourgueniev sous la direction d'André Barsacq (1963), Comédie de Samuel Beckett avec Michael Lonsdale sous la direction de Jean-Marie Serreau (1964). Elle entame une riche collaboration avec le metteur en scène Claude Régy : Cet Animal étrange d'après Tchékov (1964), La Collection et L'Amant d'Harold Pinter, qui feront découvrir au public parisien cet auteur, La prochaine Fois je vous le chanterai de James Saunders (1966), Se trouver de Pirandello (1966), Rosencrantz et Guildenstern sont morts de Tom Stoppard (1967). Ses partenaires de scène durant cette période constituent une troupe informelle de haute volée : Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Claude Piéplu, Sami Frey, Bernard Fresson, Henri Garcin. Ce dernier est son partenaire dans L'aide-mémoire de Jean-Claude Carrière, mis en scène par André Barsacq (1968). En 1969, face à Jean-Claude Drouot, Marpessa Dawn et Bernard Fresson, elle est Laïs dans Le Jardin des délices, pièce surréaliste provocatrice écrite pour elle par Fernando Arrabal.
Pour la télévision elle tourne notamment Le troisième Concerto (1963), écrit par François-Régis Bastide, Hedda Gabler (1967), d'après la pièce d'Ibsen, face à Laurent Terzieff. En 1969 elle interprète Mme de Mortsauf — personnage qu'elle évoquait dans Baisers volés — dans l'adaptation télévisée du Lys dans la vallée[9] de Balzac tournée par Marcel Cravenne.
À partir de 1970, le féminisme prend une grande place dans la vie de Delphine Seyrig, et elle n'hésitera pas à mettre en danger sa carrière pour défendre la cause des femmes. Elle signe notamment le Manifeste des 343 en 1971, et l'année suivante, lors du procès pour avortement dit Procès de Bobigny, elle fait une déposition pour la défense aux côtés de l'avocate Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir et d'autres personnalités. La première démonstration en France de l'avortement par la méthode de Karman a lieu dans son appartement en [10], en présence de militantes du MLF, de Pierre Jouannet[11], et de Harvey Karman, psychologue et militant pour la liberté de l'avortement en Californie à qui la méthode doit son nom[12].
Au théâtre, elle retrouve Pinter avec C'était hier (1971) aux côtés de Jean Rochefort et Françoise Fabian sous la direction de Jorge Lavelli. Au printemps 1972, elle joue sur Broadway la version américaine de L'Aide-mémoire (The Little Black Book) face à l'acteur américain Richard Benjamin. C'est Milos Forman, arrivé depuis peu aux États-Unis, qui dirige la production, laquelle se soldera par un échec critique et commercial. En 1974, Claude Régy la dirige dans une pièce novatrice de Peter Handke, La Chevauchée du Lac de Constance, qui brille aussi par sa distribution : Delphine Seyrig, Jeanne Moreau, Michael Lonsdale, Sami Frey, Gérard Depardieu.
En 1976, Delphine Seyrig s'exile à Londres pour jouer le rôle-titre de la pièce de Rainer Werner Fassbinder, The Bitter Tears of Petra von Kant dans sa création anglaise, puis Cléopâtre dans Antony and Cleopatra de Shakespeare sous la direction de Frank Dunlop. De retour à Paris, elle interprète seule sur scène Pas de Beckett (1978), avec la voix de Madeleine Renaud hors-scène.
Au cinéma, Delphine Seyrig tourne Peau d'âne (1970) de Jacques Demy avec Catherine Deneuve, puis Les Lèvres rouges (1970), un film de vampire du Belge Harry Kumel. Cette année-là elle enregistre un 45 tours de chansons composées par son frère, le compositeur Francis Seyrig sur des textes de Jean-Claude Carrière : Une fourmi et moi, et Quoi de plus beau qu'une marche militaire. L'année suivante elle tourne avec son compagnon Sami Frey dans Le Journal d'un suicidé de Stanislav Stanojevic, sélectionné à Cannes et à Venise. En 1972, elle retrouve Bunuel dans Le Charme discret de la bourgeoisie aux côtés de Fernando Rey et Stéphane Audran. En 1973 et 1974 elle est à l'affiche de deux thrillers internationaux, The Day of the Jackal (Chacal), de Fred Zinnemann aux côtés d'Edward Fox, et The Black Windmill (Contre une poignée de diamants) de Don Siegel avec Michael Caine.
En 1975, Delphine Seyrig est à l'affiche de quatre films présentés au Festival de Cannes cette année-là, dont trois réalisés par des femmes : Aloïse de Liliane de Kermadec, India Song de Marguerite Duras, et Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman. Ce dernier film, d'une durée de plus de trois heures et dans lequel Seyrig incarne le rôle-titre, sera sacré « meilleur film de tous les temps » par la revue Sight and Sounds en 2022.
En 1977, Seyrig retrouve Marguerite Duras pour Baxter, Vera Baxter, puis tourne aux côtés de Jean-Louis Trintignant et Léa Massari dans Repérages (1978) du Suisse Michel Soutter, et aux côtés de Jean Rochefort et Simone Signoret dans Chère Inconnue (1980) de Moshé Mizrahi.
Elle rencontre Carole Roussopoulos en 1974 qui lui apprend le maniement de la vidéo légère. Cette année-là, Delphine Seyrig, Ioana Wieder et Carole Roussopoulos créent toutes les trois une association Les Muses s’amusent qui devient rapidement Les Insoumuses[13], dédiée à la création vidéo féministe. Elles réalisent plusieurs films, dont SCUM Manifesto (1976)[14], Maso et Miso vont en bateau (avec Ioana Wieder et Nadja Ringart, 1976). À partir d'interviews qu'elle tourne avec une vingtaine d'actrices françaises et américaines, Delphine Seyrig réalise le film Sois belle et tais-toi en 1975-76, remettant en cause les rapports entre les sexes dans l'industrie cinématographique plus de 40 ans avant le mouvement #MeToo.
Delphine Seyrig partage la scène avec Sami Frey en 1981 dans La Bête dans la jungle de Henry James, adapté par Marguerite Duras dans une mise en scène de l'argentin Alfredo Arias. En 1982, elle interprète Sarah Bernhardt au crépuscule de sa vie dans Sarah et le cri de la langouste de John Murrell, avec Georges Wilson. Elle retrouve Henri Garcin en 1987 dans Un jardin en désordre d'Alan Ayckbourn, mis en scène par l'Américain Stuart Seide.
En 1982, elle crée avec Carole Roussopoulos et Iona Wieder le Centre Audiovisuel Simone de Beauvoir, une association dont le but est de réunir, produire et diffuser des documents audiovisuels sur les droits, luttes et création de l'art des femmes. Simone de Beauvoir a donné son accord pour que le Centre porte son nom.
Durant cette décennie, Delphine Seyrig se fait plus rare au cinéma. Elle tourne trois films de la réalisatrice allemande Ulrike Ottinger : Freak Orlando (1981), Dorian Gray im Spiegel der Boulevardpresse (1983), Johanna d'Arc of Mongolia (1989). Elle tient aussi le rôle principal du premier film de Pomme Meffre, Le Grain de sable, l'histoire d'une quadragénaire soudainement confrontée au drame du chômage.
Delphine Seyrig meurt d'un cancer le , à l'âge de 58 ans, dans le 10e arrondissement de Paris[1],[15]. Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse (division 15), en face de Charles Baudelaire).
Précédé de : Sonate pour violon et piano (13:44), Sonate pour flûte, alto et harpe (17:05), Syrinx pour flûte (2:32), Sonate pour violoncelle et piano (11:45).
À Paris, dans le 19e arrondissement, une rue et une station de la ligne de tramway T3b, inaugurée le , portent son nom.
La grande salle du Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, où elle avait joué La Bête dans la Jungle, a été baptisée de son nom en 2022[17].
Elle est au programme de cinéma du concours de l’ENS Lyon et d’Ulm pour la session 2025[18].
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