Danièle Obono | |
![]() Danièle Obono à la Marche des fiertés de Paris 2017. | |
Fonctions | |
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Députée française | |
En fonction depuis le (3 ans, 11 mois et 21 jours) |
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Élection | 18 juin 2017 |
Circonscription | 17e de Paris |
Législature | XVe (Cinquième République) |
Groupe politique | LFI |
Prédécesseur | Daniel Vaillant |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Libreville (Estuaire, Gabon) |
Nationalité | Française (depuis 2011) Gabonaise |
Parti politique | SPEB (jusqu'en 2004) LCR (2004-2009) NPA (2009-2011) C&A (2011-2014) E! (depuis 2014) LFI (depuis 2016) |
Diplômée de | université Panthéon-Sorbonne |
Profession | bibliothécaire |
Site web | deputee-obono.fr |
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Danièle Obono, née le à Libreville (Gabon), est une femme politique franco-gabonaise.
Porte-parole de La France insoumise, elle est élue députée dans la 17e circonscription de Paris lors des élections législatives de 2017.
Danièle Obono naît le à Libreville, au Gabon[1], dans une famille de la petite bourgeoisie gabonaise[2]. Elle est la fille d'Hortense Simbou Mbadinga[3], secrétaire à Air Gabon[2], et de Martin Edzodzomo Ela[4], économiste[5], cadre supérieur à la banque Paribas-Gabon de 1975 à 1979, puis écarté pour son opposition au régime d'Omar Bongo[6], pour avoir été candidat à l'élection présidentielle gabonaise de 1998[7] ; il a ensuite fait quelques jours de prison[4]. Elle vit au Gabon jusqu'à l'âge de onze ans[8], puis rejoint la France lors de son entrée au collège, à Montpellier[2].
Elle exerce le métier de bibliothécaire à la médiathèque Marguerite-Yourcenar[9] (15e arrondissement de Paris), tout en étant militante associative[10]. En 2002, elle obtient une maîtrise en histoire[11]. En 2003, elle démarre une thèse de doctorat en science politique, portant sur les mouvements sociaux et démocratiques au Nigeria[2], à l'Institut des mondes africains[12], abandonnée depuis[réf. nécessaire].
Née gabonaise, elle a été naturalisée française en 2011[2].
À 20 ans, soutien de José Bové, Danièle Obono assiste au démontage du McDonald's de Millau[13]. Elle y rencontre des militants d'Attac et intègre le mouvement trotskiste Socialisme par en bas (SPEB)[14]. Quelques années plus tard, le SPEB fusionne dans la Ligue communiste révolutionnaire, qui sera refondée en Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en 2009[14]. Elle intègre la direction du NPA où elle est la seule personne noire[15], au sein duquel elle milite pour le courant Convergences et alternative (C&A).
Souhaitant participer au Front de gauche, C&A devient une organisation autonome en 2011[16],[13]. Obono participe au conseil national de la campagne de Jean-Luc Mélenchon pour l'élection présidentielle de 2012[réf. nécessaire].
Lors des législatives de la même année, elle est candidate suppléante de Ian Brossat (PCF), sous l'étiquette Front de gauche[17], dans la 17e circonscription de Paris. Avec 13,19 % des suffrages exprimés, ils arrivent en 3e position.
Elle prend deux ans après, dans le 2e arrondissement de Paris, la tête de la liste « Front de gauche - À Paris, place au peuple ! » qui obtiendra 192 voix (2,8 %) aux municipales de 2014[18]. En 2014 aussi, Convergences et alternatives fusionne avec d'autres partis de gauche pour fonder Ensemble ![14].
Danièle Obono intègre à sa création La France insoumise[19]. Pendant la campagne de l'élection présidentielle 2017, elle est l'une des porte-parole du candidat Jean-Luc Mélenchon[réf. nécessaire], et porte-parole (« oratrice nationale ») de La France insoumise[19]. Elle coordonne, avec l'agro-économiste Laurent Levard, la collection des « Livrets de La France insoumise », compléments programmatiques de L'Avenir en commun[20], dont elle coécrit l'un des numéros avec le philosophe Benoît Schneckenburger, intitulé Contre le racisme et les discriminations : Faire vivre l'égalité[21].
Danièle Obono est élue députée de la 17e circonscription de Paris lors des législatives de 2017, recueillant 50,71 % des voix au second tour face à Béatrice Faillès, candidate de La République en marche[22].
Secrétaire de la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale, Danièle Obono est classée après six mois comme la 6e députée la plus active par le magazine économique Capital[23].
Secrétaire de la délégation aux outre-mer[24] et vice-présidente du groupe d'étude sur les discriminations et LGBTQI-phobies dans le monde[25], elle préside le groupe d’amitié France-Bangladesh[26].
Membre de la commission des Lois, elle dépose, le 3 décembre 2019, une proposition de loi relative à « la stabilisation et la pérennisation des financements et des emplois au sein des associations »[27], qui vise à définir la subvention comme « norme du contrat de financement » et à élargir les compétences du Haut Conseil à la vie associative face à la diminution du nombre de salariés dans le tissu associatif[28].
Par ailleurs, peu après son élection, Danièle Obono se revendique altermondialiste, afroféministe, anti-impérialiste, antiraciste[29], antilibéraliste[30], anti-islamophobe et panafricaniste[31]. Elle se définit également avec humour comme « bolcho-trotsko-marxiste » (« Je m'amuse à revendiquer ces « ismes » quand on nous dit qu'il n'existe plus d'idéologie. »)[32], et ajoute que même si « le léninisme a été [s]a porte d'entrée […], les anarchistes sont des alliés »[32].
Le , Danièle Obono est invitée à l'émission Les Grandes Gueules, dans laquelle Alain Marschall lui reproche une pétition signée en 2012, lancée par le magazine culturel Les Inrockuptibles en faveur de la liberté d'expression d'artistes. La pétition dénonçait la mise en examen de Saïdou, chanteur du groupe Zone d'expression populaire (ZEP), et du sociologue Saïd Bouamama à la suite d'une plainte de l'association d'extrême droite, l'AGRIF, qui reprochait l'utilisation de l'expression « Nique la France » dans une chanson de 2010[33].
Danièle Obono explique alors la raison de sa signature cinq ans plus tôt : « défendre la liberté d'expression de ces artistes, oui. Parce que ça fait partie des libertés fondamentales »[34].
Le politologue Laurent Bouvet et Valeurs Actuelles la présentent comme proche d'une autre signataire, Houria Bouteldja, membre des indigènes de la République, ce qu'elle conteste. Après des commentaires de l'extrême droite sur sa réponse[35],[36], une pétition contre elle réunit 5 000 signatures[4]. Le député LFI Éric Coquerel s'étonne que la question lui ait été posée spécifiquement à elle, en raison de sa couleur de peau[37], et non aux autres personnes ayant signé cette pétition cinq ans plus tôt, comme Clémentine Autain, Noël Mamère et Eva Joly mais aussi les artistes Rachid Taha, Zebda et Siné, les syndicalistes Élie Domota et Xavier Mathieu ou la journaliste Rokhaya Diallo[33]. Le , la Cour de cassation déboute définitivement l'AGRIF de toutes ses demandes contre la chanson[38].
En octobre 2017, une polémique sur la liberté d'expression oppose Obono à Manuel Valls, confronté au recours de Farida Amrani, candidate LFI battue de très peu aux législatives dans la circonscription comprenant Évry[39], ville où Dieudonné avait obtenu 3,84 % au premier tour de la législative de 2017[40].
Sur Europe 1, Valls prête les propos suivants à Obono : « le texte qu'elle a écrit après les attentats de janvier 2015 (...) quand elle dit qu'elle a plutôt pleuré pour Dieudonné et pas pour les victimes de Charlie ». Le journaliste Patrick Cohen lui fait alors remarquer que ce texte pleure plutôt, selon lui, sur la censure qui a frappé Dieudonné fin 2013 que sur Dieudonné lui-même[41].
Le 5 novembre, Danièle Obono répond à cette polémique sur Radio J. Elle critique Dieudonné car il est « raciste et antisémite ». Sa déclaration est reprise par l'AFP, en rappelant d'emblée qu'elle avait été « accusée de dérive islamo-gauchiste par Manuel Valls » et en observant qu'elle renvoie « aux nombreux communiqués de la Ligue des droits de l'Homme » pour qui l'interdiction des spectacles de Dieudonné constitue « un grave recul de l’État de droit, qui permet à cette personne de se présenter comme une victime »[42].
En 2017, Danièle Obono dément des accusations de Valeurs actuelles, qui l'accuse d'être « plutôt du genre indigène »[35], après une pétition, qu'elle n'a pourtant pas signée, défendant le PIR[43] où elle n'a jamais milité[44], dirigé par Houria Bouteldja. En 2020, elle accuse ceux qui la qualifient d'« indigéniste » d'utiliser un « épouvantail, un anathème, médiocre politiquement et intellectuellement ». La députée de Paris déclare ainsi auprès du Monde « Si j’étais sur les théories indigénistes, je le dirais, je le défendrais »[45].
Le 5 novembre 2017, dans une émission de Radio J, Danièle Obono estime que la photo de Houria Bouteldja à côté d'une pancarte « Les sionistes au goulag » n'est « pas acceptable » et « de très mauvais goût ». Elle répond « Je ne sais pas » à la question de savoir si Bouteldja présentant les juifs comme « les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe » relève du racisme ou de l'anti-racisme[46]. Rappelant ne pas être « d'accord avec tout ce qu’elle dit », Danièle Obono ajoute qu'il s'agit d'« une militante antiraciste [...], une camarade, parce qu'elle fait partie de ce mouvement-là », par opposition à Dieudonné, qu'elle vient de qualifier d'« ennemi », « raciste et antisémite »[46].
Djordje Kuzmanovic, alors porte-parole de LFI, rejette immédiatement ce terme de « camarade »[47]. En réponse à la Licra lui demandant de « clarifier » ce qu'a dit Danièle Obono[48], Jean-Luc Mélenchon rappelle sa « totale opposition politique avec le PIR (...) depuis son origine », les déclarations d'Houria Bouteldja constituant selon lui de « l'antisémitisme avéré »[49]. Entre-temps, un communiqué de Danièle Obono a rappelé son « profond désaccord » avec les thèses du PIR[50], après les « désaccords très durs » déjà évoqués en juillet, quand elle souhaitait des initiatives distinctes, précisant : « On peut refuser d’aller à une manif’ où marche le PIR mais quelle autre mobilisation organise-t-on ? »[32].
En novembre 2017, SUD éducation 93 organise un stage de formation syndicale en Seine-Saint-Denis qui comporte deux « ateliers en non-mixité », c'est-à-dire « réservés aux personnes racisées »[51], largement commentés par la fachosphère puis la classe politique et la presse[52],[53]. Le 21 novembre, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, condamne l'organisation de tels ateliers et l'utilisation des termes « non racisés » et « racisés », qui « au nom soi-disant de l'anti-racisme […] véhiculent évidemment un racisme »[52].
Interrogée par Sud Radio trois jours après le ministre, Danièle Obono cite le cas des mouvements LGBT et féministes, intervenant sur les problèmes de sexualité, pour estimer qu'un stage en non-mixité est un outil pour « libérer la parole plus facilement » et n'est pas dangereux lorsqu'il « répond, à un moment donné, à des besoins d'une catégorie. […] Les personnes qui sont victimes de violence, sur un certain nombre de questions, vont avoir besoin de dire qu'il va falloir qu'on puisse discuter en se sentant en confiance. Du coup, il faut le faire avec des personnes avec lesquelles on s'identifie, comme partageant le même type de problèmes »[54].
Des élus de La France insoumise expriment alors une opinion différente : Adrien Quatennens estime que « si on veut traiter la question du racisme, ce n'est pas en triant les gens à l'entrée d'une réunion syndicale », et Alexis Corbière déclare : « par définition, une réunion syndicale, je souhaite qu’elle soit ouverte à tous les syndiqués et je ne souhaite pas que l’on mette en place un système où en quelque sorte, je vais le dire un peu simplement, en fonction de la couleur de la peau, on peut se réunir ou pas »[54].
Le 2 septembre 2020, au premier jour du procès de l'attentat contre Charlie Hebdo et de la prise d'otages du magasin Hyper Cacher, Danièle Obono est interrogée par BFM[55] sur une note de son blog de 2015, dans laquelle elle expliquait son refus de participer à la manifestation massive du 11 janvier. Ce texte titré « Pleurer. Organiser »[56], débutait par une phrase dénonçant une « marche silencieuse derrière les bouchers de la planète »[56], en référence à la polémique sur la présence de chefs d'État de dictatures en tête du défilé[57]. Elle y écrivait plus bas ne pas avoir « pleuré Charlie » mais avoir pleuré « en pensant aux 12 personnes mortes »[58] et aux « centaines d’autres qui ne seront pas pleurées », mais aussi pour « toutes les fois où des camarades ont défendu, mordicus, les caricatures » selon elle « racistes » de Charlie Hebdo[57].
Danièle Obono affirme alors : « j'ai été dévastée par ce crime atroce ». Selon Marianne, elle aurait alors saisi « l'occasion d'adoucir son propos », par des réponses qui « ne coïncident pas totalement avec ce qu'elle écrivait à l'époque »[57], quand « le gros des larmes de Danièle Obono n'allait pas alors seulement aux victimes »[57]. Danièle Obono réaffirme au contraire lors de son entretien avec Jean-Jacques Bourdin défendre exactement le même point de vue qu'en 2015, réfutant les critiques[59]. Interviewé par Léa Salamé sur France Inter, Richard Malka, avocat du journal, reproche à Danièle Obono de ne pas avoir eu « une seule larme devant les morts »[60] fait démenti par la radio dans la journée[61].
Elle ajoute, le 22 septembre 2020, dans une interview à Counterfire[62], que la gauche, « dans des nombreux cas, [...] a participé aux attaques [contre les musulmans] ajoutant l'insulte aux blessures, comme l'illustre la décennie de caricatures islamophobes de Charlie Hebdo »[63].
En août 2020, l'hebdomadaire Valeurs actuelles la représente en esclave dans une fiction de sept pages, intitulée « Obono l'Africaine »[64]. Les illustrations, notamment un dessin en gros plan, où elle est enchaînée, sont dénoncées par l'ensemble des partis politiques, jusqu'au Rassemblement national[65]. Danièle Obono reçoit un appel téléphonique de soutien du président de la République[66].
Le directeur adjoint de Valeurs actuelles, Tugdual Denis, présente ses excuses « à titre personnel », assurant que son journal n'est « pas raciste ». La rédaction précise, dans un communiqué : « Il s'agit d'une fiction mettant en scène les horreurs de l'esclavage organisé par des Africains au XVIIIe siècle […] terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir[67]. »
Toutefois, Danièle Obono récuse toute proximité avec les idées des indigénistes[55]. Au-delà des illustrations, unanimement jugées dégradantes[68], Loris Guémart d'Arrêt sur images et Louis Nadau de Marianne soulignent le caractère violemment raciste et sexiste du texte en lui-même, et son acharnement, tant sur les Africains que sur Danièle Obono elle-même[69],[70]. Pour Antoine Perraud de Mediapart, le texte « raciste, hétérophobe et négrophobe » illustre la définition qu'Albert Memmi donnait du racisme : « La valorisation, généralisée et définitive, de différences, réelles et imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de justifier ses privilèges ou son agression[71]. »
Danièle Obono dénonce de son côté un racisme provenant d'une « extrême droite [...] égale à elle-même » qui serait « l'aboutissement d'un acharnement médiatique »[72]. Le procureur de Paris ouvre une enquête préliminaire pour « injures à caractère raciste » et Danièle Obono porte plainte considérant « qu’à travers moi c’est les millions de citoyens et de citoyennes que je représente qui ont été attaqués, insultés » et que « cela concentre tous les fantasmes de l’extrême droite sur le grand remplacement »[73].
Le polémiste Éric Zemmour présente sur CNews le dessin comme une caricature, selon lui justifiée par le fait qu'on « a le droit de se moquer de tout le monde en France »[74], en accusant la députée de soutenir le terrorisme[75], suscitant la colère de Danièle Obono[55]. Pour appuyer sa réaction, Éric Zemmour déclare dans la même émission qu'il faut combattre Danièle Obono, car il l'a « vu dire tout son amour pour Mohammed Merah », une affirmation immédiatement démentie. Après une procédure de vérification des faits, les services spécialisés de France Inter et des quotidiens Libération et La Dépêche n'ont « trouvé aucune trace d’une telle phrase, ou phrase approchante, dans la bouche de la députée LFI »[75].
Année | Parti | Circonscription | Premier tour | Second tour | |||||
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Voix | % | Rang | Voix | % | Issue | ||||
2017[22] | LFI | 17e de Paris | 4 481 | 17,00 | 2e | 11 360 | 50,71 | Élue |
Les résultats ci-dessous concernent uniquement les élections où elle est tête de liste.
Année | Parti | Circonscription | Premier tour | Sièges | ||||
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Voix | % | Rang | CM | CP | ||||
2014[76] | E!-PG | 2e arrondissement de Paris | 192 | 2,80 | 6e | 0/10 | 0/2 |
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