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Christian Boltanski, né le à Paris et mort dans la même ville le , est un artiste plasticienfrançais reconnu comme l'un des principaux artistes contemporains français. Photographe, sculpteur et cinéaste, il est avant tout célèbre pour ses installations. Il se définit lui-même comme peintre, alors qu'il a, depuis longtemps, abandonné ce support.
Christian Boltanski est le fils d'un père médecin, juif d'origine russe[2]. Sa mère, née Marie-Elise Ilari-Guérin, est écrivaine, sous le pseudonyme d’Annie Lauran[3]. Dans un entretien il disait :
« Mon père était juif [d’origine russe]. Pendant la guerre, ma mère [catholique] a eu peur. Un jour, elle a fait semblant de s’engueuler avec lui. Ensuite elle l’a caché sous le plancher et a demandé le divorce. Il est resté un an et demi dans cette cachette… Puis mes parents se sont remariés. »
Il a deux frères, le sociologue Luc Boltanski et le linguiste Jean-Élie Boltanski. Le journaliste, écrivain et chroniqueur Christophe Boltanski est son neveu[3].
Parcours
Il commence à peindre en 1958, à l’âge de 14 ans, alors qu’il n’a jamais connu de véritable scolarité ni suivi de formation artistique au sens traditionnel du terme[4].
Ses premiers travaux avaient tendance à être assez sombres et de nature historique[5].
Adolescent, son père lui aurait fait rencontrer André Breton, son condisciple du lycée Chaptal, qui lui aurait déconseillé cette voie :
« Vous avez l'air très gentil. Ne devenez pas artiste. Ils sont tous méchants. C'est un sale milieu[6]. »
Boltanski s'éloigne de la peinture à partir de 1967 et expérimente l'écriture, par des lettres, des installations ou des dossiers qu'il envoie à des personnalités artistiques. Dans la biographie qu'il rédige en 1984, à l'occasion d'une rétrospective, il décrit sa vocation artistique ainsi :
« 1958. Il peint, il veut faire de l'art. 1968. Il n'achète plus de revues d'art moderne, il a un choc, il fait de la photographie, blanche et noire, tragique, humaine… »
Sa première exposition a lieu en 1968 au théâtre Le Ranelagh à Paris, avec des marionnettes à taille humaine et un film intitulé La Vie impossible de C. B. ; l'invitation à l'évènement est rédigée par la poétesse Gisèle Prassinos, qui commence en écrivant :
« Christian Boltanski montre avec insistance la misère, la vieillesse, la solitude et la mort[7]. »
En 1969, il publie son premier livre[8] et réalise une série de films courts entre 1969 et 1971, dans lesquels il se met en scène dans des dispositifs grotesques (L’Homme qui tousse, L’Homme qui lèche, Derrière la porte).
Il vécut à Malakoff, en banlieue parisienne, dans un bâtiment industriel reconverti en logements d'artistes par l'architecte Robert-Antoine Montier. Son atelier y était installé[7].
Boltanski questionne la frontière entre absence et présence. En effet, l’absence est un sujet récurrent dans son travail : la vidéo comme la photo sont des présences, des mémoires qui, selon lui, au lieu de faire revivre les absents, vont au contraire mettre davantage en évidence leur disparition.
Employant divers matériaux (photographies anciennes, objets trouvés, carton ondulé, pâte à modeler, luminaires, bougies…), Boltanski cherche l’émotion à travers toutes les expressions artistiques qu’il utilise : photos, cinéma, vidéo[5]. Les thèmes omniprésents dans son œuvre sont la mémoire, l’inconscient, l’enfance et la mort[5].
Une des particularités de l'artiste est son habitude de reconstituer des instants de vie avec des objets qui ne lui ont jamais appartenu mais qu'il expose pourtant comme tels. Il imagine une vie, se l'approprie et tous les objets de ses dossiers, livres, collections sont les dépositaires de souvenirs. Ils ont un pouvoir émotionnel fort, car ils font appel à la « petite-mémoire »[12], c'est-à-dire à la mémoire affective.
Ces œuvres en appellent au souvenir, du souvenir d’enfance au souvenir des défunts, et d’une histoire personnelle à l’histoire commune de toutes et de tous. En 1972 lors d’une exposition à Cassel (Allemagne), Boltanski expose dans une salle intitulée « mythologie individuelle », un concept représentatif de son rapport à l'autobiographie[13].
En dehors de ces projets éphémères, il installe des œuvres permanentes qui s'augmentent constamment, telles que Les Archives du cœur sur l'île de Teshima au Japon[17] ou Les Dernières Années de CB sur l'île de Tasmanie en Australie[18]. Ce dernier projet consiste à filmer l'artiste avec des caméras, tout au long de sa journée. Le commanditaire du projet, qui vit en Tasmanie, espère le voir « mourir en direct » ; de ce fait, les rapports entre les deux hommes sont « parfois difficiles »[9].
L’homme qui tousse (réalisé avec J.-C. Valesy), 1969 Film 16 mm couleur, sonore, 3 min. Une pièce teintée de rouge et noir, éclairée par une fenêtre, un homme assis par terre dont seule la bouche est visible est en train de cracher du sang, le sang se déverse sur ses jambes allongées sur le sol.
La Maison manquante, 1990
Réserve[19], 1990 Installation présentée dans une pièce aux murs blancs pour présenter l'horreur de la guerre ; les murs de la pièce sont recouverts de vieux vêtements, qui semblent répartis en plusieurs étages.
1972 : « L’album de la famille D. » lance sa carrière internationale.
1987 montre un tournant dans ses sources d'inspiration ; Boltanski s'éloigne de la photographie et se tourne vers le vêtement, objet de mémoire notamment de la Shoah.
Monnaie de Paris 2015 : « Take Me (I'm Yours) »[31]Conçue par Christian Boltanski et Hans Ulrich Obrist, l'exposition est recréée à la Monnaie de Paris après avoir été initiée vingt ans auparavant à Londres. Elle donne l'occasion au visiteur de participer de façon interactive en pouvant emporter, troquer ou échanger des objets ou vêtements trouvés ou apportés sur place.
↑Magali Nachtergael, « L’émergence des mythologies individuelles, du brut au contemporain », Les Mythologies individuelles : la nouvelle culture du moi, , p. 8-9 (lire en ligne).