Il se fait connaître du grand public en 1992 avec Le Très-Bas, livre consacré à saint François d’Assise, et n’a depuis cessé de gagner en popularité. Auteur très prolifique, il a publié une soixantaine d’ouvrages durant sa carrière.
Biographie
Jeunesse
Fils d'un père dessinateur et d'une mère calqueuse, tous deux employés à l’usine Schneider du Creusot, il est le dernier né d’une famille de trois enfants. Il passe son enfance en solitaire, préférant la compagnie des livres[1].
À propos de son enfance, il a déclaré : « Je serais incapable de faire des récits d'enfance. Je me demande comment sont faits ces livres-là. Je me sens infirme devant ça. Et pour aggraver les choses, j'ai l'impression d'avoir une mémoire presque anéantie de tout ça[2]. »
Il déclare aussi au sujet de l'école : « Ce qui me paraît le plus insupportable — et c'est aussi ce que fait notre société — c'est que l'école me séparait de moi-même. Ce n'était pas d'une personne, mais de moi-même, dans le vagabondage des heures, des humeurs. C'était ça dont j'étais séparé[3]. »
Attiré par l’écriture vers l’âge de 15 ans, il se lance dans des études de philosophie et se passionne pour les œuvres de Platon, Spinoza et Kierkegaard.
À 25 ans, il commence à écrire Lettre pourpre, un premier ouvrage qui sera publié en 1977 grâce à sa rencontre avec Laurent Debut, jeune fondateur des éditions Brandes.
Ne cherchant pas vraiment le succès, Christian Bobin continue à écrire, tout en enchaînant les petits boulots. Il est ainsi tour à tour bibliothécaire (bibliothèque municipale d’Autun), guide à l’écomusée du Creusot[4], rédacteur à la revue Milieux, élève infirmier en psychiatrie et professeur de philosophie.
Parcours littéraire
Ses premiers textes, brefs et se situant entre l'essai et la poésie, sont publiés aux éditions Brandes, Paroles d’Aube, Le Temps qu'il fait, chez Théodore Balmoral, et surtout chez Fata Morgana (où il publie notamment Lettres d'or). À partir de la fin des années 1980, ses livres paraissent alternativement chez Fata Morgana et chez Gallimard, puis, en alternance avec Gallimard, aux éditions Lettres Vives et Le Temps qu'il fait.
En 1991, il connaît un premier succès littéraire avec Une petite robe de fête, ouvrage vendu à 270 000 exemplaires. L’année suivante, l’auteur toujours aussi discret fait sensation dans les librairies avec Le Très-Bas, livre consacré à saint François d’Assise, qui s’écoule à plus de 400 000 exemplaires et est salué par la critique[5] (prix des Deux Magots et grand prix catholique de littérature en 1993).
En 1995, marqué par la mort prématurée de son amie et amour de jeunesse Ghislaine Marion, Christian Bobin rend un hommage vibrant à la vie dans La plus que vive (1996), œuvre qui ne fait qu’accroître davantage son public.
Malgré ces succès, il reste un auteur « amoureux du silence et des roses », fuyant les mondanités de la scène littéraire. « Ma vie, écrit-il dans Louise Amour, s’était passée dans les livres, loin du monde, et j’avais, sans le savoir, fait avec mes lectures ce que les oiseaux par instinct font avec les branches nues des arbres : ils les entaillent et les triturent jusqu’à en détacher une brindille bientôt nouée à d’autres pour composer leur nid. »
Il tient également une chronique intitulée Regard poétique dans le magazine mensuel Le Monde des religions[6].
En 2016, il reçoit le prix d'Académie de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre[7].
Analyse de l’œuvre
Christian Bobin trouve un écho et une grande inspiration chez des poètes et romanciers capables, comme lui, de s’émerveiller des choses simples de la vie, comme Jean Grosjean, André Dhôtel ou l’écrivain allemand Ernst Jünger.
Sa forme de prédilection est le fragment, une écriture concentrée faite de petits tableaux représentatifs d’un moment. Ses ouvrages tiennent à la fois ou séparément du roman, du journal et de la poésie en prose[8].
Auteur contemplatif, il donne à ses textes un caractère presque religieux par l’emploi d’une prose poétique et aérienne qui invite au recueillement et à la méditation. La foi chrétienne tient ainsi une place importante dans son œuvre, dont Le Très-Bas (1992) et Ressusciter (2001) sont les exemples les plus frappants. Christian Bobin déclarait à ce sujet en 2010 dans Psychologies : « Ma foi est de l’ordre de la contemplation : c’est ne pas me remettre d’être sur Terre, c’est être étonné comme un nouveau-né, c’est avoir un appétit immense du « jamais vu » de la vie. Cela n’a rien à voir avec le Dieu enfermé dans les consignes automatiques des Églises[8]. » La religion est pourtant loin d’être son seul sujet de prédilection.
Abordant des thèmes universels, comme l’enfance, la mélancolie et l’absence, ses ouvrages sont comme des fragments de vie appartenant tous au même puzzle. Voguant entre essai et poésie, Christian Bobin marque sa préférence pour la brièveté. Ses livres prennent ainsi parfois la forme d’un journal intime, comme dans Autoportrait au radiateur (1997), ou d’une suite de lettres, comme dans Un bruit de balançoire (2017).
Vie privée
Ayant toujours vécu à l'écart du monde, il s'installe en 2005 dans une maison isolée à la lisière du bois du Petit Prodhun à Saint-Firmin (Saône-et-Loire), à une dizaine de kilomètres de son Creusot natal, avec sa compagne, la poétesse Lydie Dattas, qu'il épouse par la suite[9].
Mort
Christian Bobin meurt le [9]« des suites d'une grave maladie »[10].
Clémence Grenouille, illustrations de Saraï Delfendahl, Le temps qu'il fait, 1996
Une conférence d'Hélène Cassicadou, illustrations de Saraï Delfendahl, Le temps qu'il fait, 1996
Gaël Premier, roi d'Abimmmmmme[11] et de Mornelonge, illustrations de Saraï Delfendahl, Le temps qu'il fait, 1996
Le Jour où Franklin mangea le soleil, illustrations de Saraï Delfendahl, Le temps qu'il fait, 1996
Donne-moi quelque chose qui ne meure pas, Gallimard, 1996 – Photographies en noir et blanc d'Édouard Boubat, textes de Christian Bobin (rééd. Gallimard, 2010)
L’Enchantement simple et autres textes, Poésie/Gallimard, 2001
La Présence pure et autres textes, Poésie/Gallimard, 2008.
Éclat du Solitaire, Fata Morgana, 2011
Le Plâtrier siffleur, Poesis, 2018
Les poètes sont des monstres, Lettres Vives, 2022
Préfaces et postfaces
Air de solitude de Gustave Roud, Éditions Fata Morgana, 1988 (préface)
L'ombre la neige de Maximine, Éditions Arfuyen, 1991 (lettre-postface)
Sorianoda de Patrick Renou, Éditions de l'Envol, 1992 (lettre en postface)
Tu m'entends ? de Patrick Renou, Éditions Deyrolle, 1994 (rééd. Verdier) (préface)
Devance tous les adieux de Ivy Edelstein, Éditions Points, 2015 (préface)
Nudità della Parola : Le sette parole di Gesù in croce d'Emmanuel Borsotti, Edizioni Qiqajon, 2018 (lettre en préface)
Revues
« Le Bouclier », revue La Chair et le Souffle, vol. 8, no 2, 2013, p. 48-56.
Collaborations
Quand la brume se déchire (sous-titre : Dans la nuit d'Alzheimer) (extraits de La Présence pure (1999) de Christian Bobin, illustrés de photographies d'Eleonore Demey), Éditions du Palais, 2020.
Steffen Ulrich Keim, Zwischen Mystik und Dialogik. Die poetische Prosa Christian Bobins, Saarbrücker Arbeiten zur Romanistik', Verlag Peter Lang 2004
Hajer Bouden-Antoine, Christian Bobin et la question du genre littéraire, thèse de doctorat, littérature française et comparée, Université de la Sorbonne-Nouvelle, Paris 3, 2006
L'arrière-pays de Christian Bobin (Les êtres, les lieux, les livres qui l'inspirent), L'Iconoclaste, 2018 par Dominique Pagnier (289 p. ; préface de Lydie Dattas) (essai critique ; le bandeau publicitaire entourant le livre porte les mots "Avec les carnets inédits de l'auteur")