Chick Corea

Chick Corea
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Chick Corea au Kongsberg Jazzfestival 2018.
Informations générales
Nom de naissance Armando Anthony Corea
Naissance
Chelsea (Massachusetts)
Décès (à 79 ans)
Tampa Bay (Floride)
Genre musical Jazz, jazz-rock, latin jazz
Instruments Piano, Fender Rhodes, synthétiseur, occasionnellement, vibraphone et batterie
Années actives 1964 - 2021
Labels ECM, Polydor, GRP, Stretch Records (en), Verve
Site officiel chickcorea.com

Chick Corea (nom de scène d'Armando Anthony Corea), né le à Chelsea (Massachusetts) et mort le à Tampa Bay (Floride)[1], est un pianiste, claviériste et compositeur américain de jazz et jazz-rock.

En tant que membre du groupe de Miles Davis dans les années 1960, il a participé à la naissance du jazz-rock. Avec Herbie Hancock, McCoy Tyner et Keith Jarrett, il est considéré comme un des pianistes les plus influents depuis les années 1970.

C'est également un excellent pianiste classique, même s'il n'a enregistré que très peu dans ce domaine.

Biographie

Jeunesse

Armando « Chick » Corea est né à Chelsea (Massachusetts)[2]. Il est d'origine italienne[3]. Son père jouait de la trompette dans les années 1930 et 1940 à Boston dans un groupe Dixieland. C'est lui qui a mis Chick Corea au piano à l'âge de quatre ans. Ce dernier est vite influencé par Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Bud Powell, Horace Silver ou encore Lester Young. À huit ans, il apprend la batterie[2], ce qui influera sur son jeu rythmique et percussif au piano.

Il prend des cours de piano avec le concertiste Salvatore Sullo à partir de l'âge de huit ans. Ce dernier lui fait découvrir la musique classique et développe son goût pour la composition.

Après que son père lui a offert un costume, il commence à donner des concerts au collège, ainsi que dans des clubs de jazz locaux, jouant surtout des morceaux d'Horace Silver.

Il déménage à New York en 1959. Il étudie la musique un mois à l'université Columbia et 6 mois à la Juilliard School. Il est déçu par les deux écoles, mais il apprécie l'atmosphère musicale de New York. Au club de jazz Birdland, il entend Miles Davis et John Coltrane interpréter Les feuilles mortes; il abandonne l’université[2].

Début de carrière

Chick Corea commence sa carrière professionnelle dans les années 1960 en jouant avec Cab Calloway, Blue Mitchell et les joueurs de latin jazz Herbie Mann, Willie Bobo ou Mongo Santamaría.

Il enregistre avec le quintet de Blue Mitchell sur l'album The Thing To Do (1964), sur lequel figure une de ses compositions, Chick's Tune. On retrouve dans cet album les mélodies anguleuses et les rythmes latins qui caractérisent en partie le style de Corea.

Son premier album en tant que soliste, Tones for Joan's Bones, sort en 1966. Deux ans après suit Now He Sings, Now He Sobs, avec Roy Haynes et Miroslav Vitouš.

Il apparaît en tant que « guest » sur l'album de Stan Getz Sweet Rain (1967).

Avant-garde

De 1968 à 1971, Chick Corea joue avec l'avant-garde musicale de l'époque en participant à la naissance du Jazz fusion. Son style devient plus dissonant. On entend un exemple de ce jeu sur ses albums solos de l'époque, sur ses albums avec Miles Davis (tel que Bitches Brew[2]) ou ses enregistrements avec Circle.

En septembre 1968, il remplace Herbie Hancock dans le groupe de Miles Davis. Il figure sur Filles de Kilimanjaro, In a Silent Way et Bitches Brew. Il expérimente les instruments électriques, principalement le Fender Rhodes. Il utilise fréquemment un Ring Modulator, produisant des sons rappelant ceux du compositeur Karlheinz Stockhausen. On peut entendre ces sons sur Black Beauty: Live at the Fillmore West. Il continue à tourner dans le groupe de Miles jusqu'en 1970 avec Steven Grossman, Keith Jarrett (aux claviers additionnels), Jack DeJohnette, Dave Holland et Airto Moreira.

En 1970, Dave Holland et Chick Corea quittent Miles Davis pour fonder leur propre groupe, Circle, composé également d'Anthony Braxton et Barry Altschul. Cette formation free jazz enregistre pour Blue Note et ECM.

Jazz fusion

Chick Corea en 1976.

Au début des années 1970, Chick Corea change profondément de style, abandonnant son jeu « avant-garde » pour un jeu « fusion » qui intègre des éléments de latin jazz au détriment du rock. Dans cet esprit, il crée Return to Forever en 1971.

Sur leurs deux premiers enregistrements, Return to Forever est constitué, outre Chick Corea, de Stanley Clarke, Flora Purim, Joe Farrell et Airto Moreira. En 1973, Return to Forever change de composition. Stanley Clarke et Chick Corea seuls restent, rejoints par Bill Connors (remplacé par Al Di Meola en 1974) et Lenny White. Dans cette seconde version du groupe, Chick Corea approfondit son usage des synthétiseurs, notamment les Moog. Ils sortent un dernier album en 1977, Romantic Warrior.

En 1976 sort My Spanish Heart, avec notamment Jean-Luc Ponty au violon, qui combine jazz et flamenco.

Récentes années

Chick Corea en France (1992).

Les autres groupes dans lesquels Chick Corea a joué sont Elektric Band, Akoustic Band et Origin. The Akoustic Band est sorti en 1989. On y retrouve John Patitucci à la contrebasse et Dave Weckl à la batterie. Il marque pour Chick Corea un retour à un jazz plus traditionnel et acoustique. The Akoustic Band a également signé la musique du court-métrage de Pixar Luxo Jr. en 1986.

En 1992, Chick Corea crée son propre label, Stretch Records (en)[4].

Ces dernières années marquent aussi l'intérêt croissant de Chick Corea pour la musique classique. Il donne la première de son concerto pour piano (une adaptation de son morceau Spain[5]) en 1999 avec le London Philharmonic Orchestra. Cinq ans plus tard, en 2004, il compose son premier morceau sans clavier, un quatuor à cordes, écrit pour l'Orion String Quartet.

Il continue de publier des albums de jazz fusion, tels que To the Stars (2004) et Ultimate Adventure (2006).

En 2008, la deuxième version de Return to Forever (avec Chick Corea aux claviers, Stanley Clarke à la basse, Lenny White à la batterie et Al Di Meola à la guitare) se reforme pour une tournée mondiale. Un DVD sorti en 2009 immortalise leur performance.

Un nouveau groupe, 5 Peace Band, avec le guitariste John McLaughlin, a commencé une tournée en 2008. Ils avaient déjà joué ensemble dans le groupe de Miles Davis dans les années 1960, par exemple sur Bitches Brew. Ils sont accompagnés par Kenny Garrett, Christian McBride et Vinnie Colaiuta, remplacé par Brian Blade en fonction des dates.

Chick Corea sort en 2014 Solo Piano : Portraits, double-album live en solo sur lequel il reprend ses thèmes de prédilection. On y retrouve un hommage à Bill Evans, Thelonious Monk et Bud Powell, quelques pièces de compositeurs « classiques » (Alexandre Scriabine et Béla Bartók), quelques-unes de ses compositions (Children's Songs). Il évoque également Stevie Wonder et Paco de Lucía et termine avec des portraits improvisés de personnes du public. Chacune des séquences est précédée d'une introduction[6].

Duos

Dans les années 1970, Chick Corea commence à jouer avec le vibraphoniste Gary Burton, avec lequel il a enregistré plusieurs duos, à commencer par Crystal Silence (1972). Suivront Duet (1979), In Concert, Zürich, October 28, 1979 (1980), Native Sense (1997), The New Crystal Silence (2008) (qui a reçu 3 nominations aux Grammy Awards) et Hot House (2012)

À la fin des années 1970, il fait une série de concerts et deux albums avec Herbie Hancock, jouant des compositions de chacun, ainsi qu'un Ostinato issu de Mikrokosmos de Béla Bartók.

Il a également joué avec le banjoïste Bela Fleck (The Enchantment, 2007), la pianiste japonaise Hiromi Uehara (Duet, 2009) ainsi qu'avec le pianiste italien Stefano Bollani (Orvieto, 2011).

Scientologie

Chick Corea est membre de l'église de scientologie[7].

Sous les « spécial thanks » (« remerciements particuliers ») des notes de ses albums récents, Chick Corea mentionne L. Ron Hubbard, fondateur de la Scientologie, comme une source continue d'inspiration.

C'est en 1968 qu'il découvre la dianétique, principal concept de Hubbard. Il s'intéresse également à ses romans de science-fiction dans les années 1970. Ils échangent des lettres jusqu'à la mort de Hubbard en 1986. Chick Corea apparait sur l'album de Hubbard Space Jazz : The Soundtrack of the Book Battlefield Earth (1982).

Alain Stoffen, musicien belge, confie dans son ouvrage Voyage au cœur de la scientologie, qu'il est devenu adepte en suivant les pas de Chick Corea[8].

Mort

Chick Corea meurt à Tampa Bay à l'âge de 79 ans d’une forme rare de cancer détectée tardivement[2].

Style

Chick Corea a un style à la fois très rythmique (il joue de la batterie) et très mélodique. Son jeu est empli d'un lyrisme coloré avec une prédominance des accords et une grande utilisation des gammes chromatiques et diminuées. Son phrasé (notamment pendant ses solos) est très rapide et reflète souvent son approche très percussive de la musique.

C'est un immense improvisateur[9] et un très grand accompagnateur. Il joue essentiellement des titres de sa composition et déteste refaire ce qu'il a déjà fait auparavant ; c'est ainsi un artiste extrêmement prolifique (il a sorti plus de 100 disques en 30 ans, dont 9 pour la seule année 1978 !). Les artistes qui l'ont le plus influencé sont Mozart, Beethoven, mais aussi Art Tatum, Thelonious Monk, Bill Evans et surtout Bud Powell. Certaines de ses compositions comptent désormais dans la liste des standards modernes : Spain[5], Windows, Armando's Rhumba etc.

Récompenses

Chick Corea a été nommé 63 fois aux Grammy Awards, il en a gagné 22 :

Année Récompense Album/titre
1976 Best jazz instrumental performance, group No Mystery (avec Return to Forever)
1977 Best arrangement of an instrumental recording Leprechaun's Dream (The Leprechaun)
1977 Best jazz instrumental performance, group The Leprechaun
1979 Best jazz instrumental performance, group Friends
1980 Best jazz instrumental performance, group Duet (avec Gary Burton)
1982 Best jazz instrumental performance, group In Concert, Zürich, October 28, 1979 (avec Gary Burton)
1989 Best R&B instrumental performance Light Years (avec Elektric Band)
1990 Best jazz instrumental performance, group Akoustic Band
2000 Best instrumental solo Rhumbata (Native Sense, avec Gary Burton)
2001 Best jazz instrumental performance Like Minds (avec Gary Burton, Pat Metheny, Roy Haynes et Dave Holland)
2001 Best instrumental arrangement Spain for Sextet & Orchestra (Concerto)
2004 Best jazz instrumental solo Matrix (Rendezvous in New York)
2007 Best jazz instrumental performance, group The Ultimate Adventure
2007 Best instrumental arrangement Three Ghouls (The Ultimate Adventure)
2008 Best jazz instrumental album The New Crystal Silence (avec Gary Burton)
2010 Best jazz instrumental album Five Peace Band — Live (avec John McLaughlin, Kenny Garrett, Christian McBride et Vinnie Colaiuta)
2012 Best improvised jazz solo 500 Miles High (Forever)
2012 Best jazz instrumental album Forever (avec Stanley Clarke et Lenny White)
2015 Best jazz instrumental album Trilogy (avec Christian McBride et Brian Blade)
2015 Best improvised jazz solo Fingerprints (Trilogy)

Il a également gagné deux Latin Grammy Awards :

Année Award Album/titre
2007 Best instrumental album The Enchantment (avec Bela Fleck)
2011 Best instrumental album Forever (with Stanley Clarke et Lenny White)

Son album Now He Sings, Now He Sobs (1968) fait partie du Grammy Hall of Fame depuis 1999.

En 2010, il a été nommé docteur honoris causa de l'université norvégienne de sciences et de technologie[10].

En 2017, il a été nommé docteur honoris causa de l'école de musique Eastman[11].

Discographie

Notes et références

  1. (en) « Décès de Chick Corea », sur Rolling Stone,
  2. a b c d et e « Chick Corea, légendaire pianiste de jazz, est mort à 79 ans », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le 12 février 2021)
  3. (en-US) « Chick Corea Interview », sur Mark Towns (consulté le 12 février 2021)
  4. « Stretch Records », sur Discogs (consulté le 12 février 2021)
  5. a et b « Spain de Chick Corea : les souvenirs du Concerto d'Aranjuez », sur France Musique (consulté le 13 février 2021)
  6. Loïc Picaud, « Critique de Solo Piano : Portraits », sur music-story.com, (consulté le 25 juin 2014).
  7. (en) « Chick Corea interview », sur All About Jazz (consulté le 29 août 2012)
  8. « "La Scientologie nous vide de tout ce qu'on a de précieux" », sur lexpress.fr, (consulté le 3 septembre 2019)
  9. « Chick Corea interview, by LondonJazz », sur LondonJazz (consulté le 12 février 2021)
  10. (en) « Chick Corea utnevnt til æresdoktor – NRK Trøndelag – NRK Nyheter », Nrk.no (consulté le 1er juillet 2011)
  11. (en) « Honorary Doctorates to be Awarded to Chick Corea and Steve Gadd by the Eastman School of Music », sur esm.rochester.edu (consulté le 26 février 2021)

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