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Lieu | Camarón de Tejeda (Camerone) |
Issue | Victoire mexicaine |
Empire français | République mexicaine |
• Jean Danjou † • Jean Vilain † • Clément Maudet † | • Francisco de Paula Milán |
62 fantassins de la Légion étrangère | 1 200 fantassins 800 cavaliers |
40 morts 18 blessés | 190 morts 300 blessés |
Batailles
La bataille de Camerone est un combat qui opposa une compagnie de la Légion étrangère aux troupes mexicaines le lors de l'expédition du Mexique. Soixante-cinq soldats de la Légion, assiégés dans un bâtiment d'une hacienda du petit village de Camarón de Tejeda (« Camerone » en français), résistèrent plus d'une journée à l'assaut de 2 000 soldats mexicains. À 18 heures, les cinq légionnaires encore en état de combattre, à court de munitions, chargèrent baïonnette au canon leurs adversaires. Un officier et un soldat y perdirent la vie. Finalement, ils se rendirent à l'ennemi à condition de garder leurs armes et de pouvoir secourir leurs camarades blessés.
Camerone est célébré chaque année comme un haut fait de la Légion étrangère, le 30 avril, dans toutes ses unités.
En 1863, pendant l'expédition du Mexique, l'armée française assiège Puebla. Le Régiment étranger était alors chargé des escortes de convois entre Santa-Cruz et Puebla. Les compagnies étaient disséminées sur les 80 km de l'itinéraire. Le colonel Pierre Joseph Jeanningros, commandant le Régiment étranger était installé à Chiquihuite, au milieu du dispositif[1].
Le 29 avril 1863, un convoi français part du port de Veracruz, chargé de vivres, matériel de siège, médicaments, munitions et de 4 millions de francs en pièces d'or. Renseigné par une indienne sur l'attaque probable du convoi, le colonel Jeanningros décide d'envoyer une compagnie aux devants de celui-ci. Les deux compagnies d'intervention étant déjà engagées sur des escortes, c'est la 3e compagnie qui reçoit la mission d'explorer les abords de Palo Verde avant l'arrivée du convoi.
Soixante-deux fantassins et trois officiers de la 3e compagnie du Régiment étranger de la Légion étrangère sont donc envoyés à la rencontre du convoi, à l'aube du 30 avril.
La compagnie n'ayant pas d'officiers disponibles (ceux-ci étant atteints par le « vómito negro », le « vomi noir » c’est-à-dire la fièvre jaune, comme nombre de membres du corps expéditionnaire), le capitaine Jean Danjou, adjudant-major du régiment, se porte volontaire pour la commander. Le sous-lieutenant Jean Vilain, payeur par intérim du régiment, et le sous-lieutenant Clément Maudet, porte-drapeau, demandent à l'accompagner.
Le colonel mexicain Francisco de Paula Milán, qui commande 6 000 fantassins et 2 000 cavaliers autochtones, averti de leur passage, met ses troupes en branle.
Partie de Chiquihuite vers 1 h du matin, la compagnie passe devant le poste de Paso del Macho (Le Pas du mulet), commandé par le capitaine Félix Gustave Saussier[2] et poursuit sa route. Après avoir dépassé le groupe de maisons appelé Camarón de Tejeda (55 km à l'ouest de Veracruz), elle arrive à Palo Verde vers 7 h du matin, après avoir parcouru à marche forcée les vingt-quatre kilomètres qui la séparent de sa garnison de départ. Les légionnaires s'arrêtent pour faire le café.
C'est alors qu'ils repèrent les Mexicains. Le capitaine Jean Danjou décide de se replier sur le village. À peine sont-ils arrivés sur les lieux qu'un coup de feu claque, blessant un légionnaire[1]. La colonne dépasse alors le groupe de maisons. C'est à ce moment que les cavaliers du colonel Milán chargent la troupe qui est contrainte de former le carré. La première salve brise la charge et met en fuite les Mexicains.
Après avoir brisé une seconde charge de cavalerie, le capitaine Danjou et ses hommes se réfugient dans l'hacienda, espérant retarder au maximum la tentative de prise du convoi du colonel Milán. Malheureusement pour les légionnaires, au cours du repli, les deux mules qui transportent les vivres et les munitions, effrayées par le bruit, échappent à leur contrôle et s'enfuient.
Une fois dans l'hacienda, les légionnaires s'empressent de barricader l'enceinte du mieux qu'ils le peuvent. Les Mexicains mettent pied dans les pièces du rez-de-chaussée et interdisent, dès lors, l'accès à l'étage. Le sergent Vicente Morzycki est sur le toit du bâtiment principal pour observer les mouvements de l'ennemi.
Il est déjà dix heures du matin et les hommes du capitaine Danjou, qui n'ont rien mangé depuis la veille commencent à souffrir de la soif et de la chaleur. Un officier mexicain, le capitaine Ramon Laisné somme les Français de se rendre, ce à quoi le capitaine Danjou fait répondre : « Nous avons des cartouches et ne nous rendrons pas ! ». Il fait alors jurer à ses hommes de lutter jusqu'au bout.
Les Mexicains mettent le feu à l’hacienda mais n'osent pas donner l’assaut de manière frontale. Certains, depuis les chambres de l'étage tentent de pénétrer dans la pièce tenue par les légionnaires. Le capitaine Danjou est frappé d'une balle en plein cœur à la mi-journée et c’est au sous-lieutenant Jean Vilain que revient le commandement. Les Mexicains sont alors les seuls maîtres du corps de ferme.
Vers 14 h, c’est au tour du sous-lieutenant Jean Vilain de tomber, frappé en plein front. Le sous-lieutenant Clément Maudet prend alors le commandement.
À 17 h, il ne reste plus que douze hommes en état de combattre. C'est à ce moment-là que le colonel mexicain rassemble ses hommes et leur dit de quelle honte ils vont se couvrir s’ils n’arrivent pas à abattre cette poignée de braves.
Neuf heures durant, les légionnaires vont affronter les troupes mexicaines sans boire, accablés par la chaleur des Hautes-Plaines, étouffés par la fumée des incendies. En fin d'après-midi, il ne reste en état de combattre que le sous-lieutenant Maudet, le caporal Louis Philippe Maine, les légionnaires Catteau, Wensel, Constantin et Leonhard. Au signal de l'officier, ils déchargent leurs fusils et chargent à la baïonnette. Victor Catteau, légionnaire d'origine belge, meurt, criblé de 19 balles en protégeant le sous-lieutenant de son corps[1] ; celui-ci est lui-même blessé à deux reprises. Le colonel Angel Lucido Cambas, un officier mexicain d'origine française, le lieutenant Ramon Lainé[1], somme alors les survivants de se rendre. Maine répond : « Nous nous rendrons si vous nous faites la promesse la plus formelle de relever et de soigner notre sous-lieutenant et tous nos camarades atteints, comme lui, de blessures ; si vous nous promettez de nous laisser notre fourniment et nos armes. Enfin, nous nous rendrons, si vous vous engagez à dire à qui voudra l'entendre que, jusqu'au bout, nous avons fait notre devoir. » « On ne refuse rien à des hommes comme vous », répond alors l'officier mexicain. Il ajoute ensuite : « Mais parlez-moi en français. Mes hommes pourraient croire que vous êtes des Espagnols du parti conservateur, et ils vous massacreraient. »
Les rescapés sont présentés au colonel Milan, qui s'écrie : « ¡Pero estos no son hombres, son demonios! » (en français : « Mais ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons »).
Lorsque les renforts arrivent sur les lieux, dans les ruines calcinées, il ne reste que les cadavres français et mexicains. Aux alentours, le tambour de la compagnie (Casimir Laï, de nationalité italienne, et né à Cagliari en Sardaigne), seul rescapé libre, est retrouvé par un éclaireur de la colonne de secours. Laissé pour mort sur le terrain (il avait été blessé de sept coups de lance et de deux balles), il avait été dépouillé de ses vêtements, jeté dans le fossé bordant la route avant d’être mis en fosse commune. Sa volonté de vivre hors du commun lui permit de faire plusieurs kilomètres en direction de Chiquihuite dans les broussailles. Il raconta la bataille et ses explications servirent au premier compte rendu de la bataille. Il fut ensuite décoré de la croix de chevalier de la Légion d’honneur, le .
Cet ordre de bataille ne correspond pas à celui de la 3e compagnie au cours de l'intervention mais bien à celui de cette compagnie de marche formée pour la mission d'escorte de convoi[3].
L'armement des protagonistes du combat de Camerone était différent, comme décrit par le site ci-après[6].
Les légionnaires étaient équipés de fusils à un coup à chargement par la bouche. C'était la carabine Minié à balle forcée. Le canon est rayé, ce qui augmente la précision. Les ravages faits par la balle Minié sont impressionnants. Chaque légionnaire (ils étaient 60) disposait de 60 coups dont tous ont porté mais les Mexicains avaient l'avantage de la modernité de leurs armes.
Les Mexicains, outre l'avantage du nombre, disposaient d'armes américaines à répétition ou de gros calibre et à grande portée. Eux aussi firent des ravages comme le montrent les statistiques sur la bataille.
La moitié de la compagnie fut tuée ou mortellement blessée. Les blessés furent transportés aux hôpitaux de Huatusco (en) et de Jalapa où ils furent soignés. Les prisonniers furent ensuite échangés contre des prisonniers mexicains. Le premier échange eut lieu trois mois plus tard et permit à huit légionnaires d'être échangés contre deux cents Mexicains[7].
Le convoi français put cependant éviter l'attaque mexicaine et parvenir sans encombre à Puebla.
Par décision du 4 octobre 1863, le ministre de la Guerre, le général Randon, ordonna que le nom de « Camerone » soit inscrit sur le drapeau du régiment étranger[8]. De plus, l'empereur Napoléon III décida que les noms de Jean Danjou, Jean Vilain et Clément Maudet seraient gravés sur les murs des Invalides.
Un monument est érigé sur le site du combat en 1892. Mais son abandon incita en 1948 le colonel Penette à en dresser un nouveau, inauguré officiellement en 1963[9]. C'est sur ce dernier que figure l'inscription :
Ils furent ici moins de soixante
Opposés à toute une armée.
Sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage
Abandonna ces soldats français
À Camerone le 30 avril 1863
Depuis, les militaires mexicains rendent hommage aux soldats mexicains et français tombés ce jour-là en présentant les armes lorsqu'ils passent devant ce monument. L'usage militaire mexicain veut que cette présentation d'armes se déroule dans le plus grand silence, sans sonnerie de musique ni ordre vocal, il est toujours en usage et les tombes des soldats français morts sont entretenues par le gouvernement mexicain sous le contrôle de l'ambassadeur de France et de son attaché militaire[10].
L'idée du « serment de Camerone » est là pour rappeler le courage et la détermination des légionnaires et le respect à la parole donnée accomplie jusqu'au sacrifice suprême. L'expression « faire Camerone » est toujours usitée dans la Légion étrangère en tant que symbole de l'esprit de sacrifice au nom de la parole donnée.
En 1906, pour la première fois dans l'histoire de la Légion, le récit du combat est lu sur le front des troupes le 30 avril au poste de Ta-Lung en Indochine, par le lieutenant Marie François[11].
Depuis, chaque 30 avril, les héros de ce combat sont honorés dans tous les régiments et par toutes les amicales de la Légion ; à cette occasion est lu le récit « officiel » du combat de Camerone. En 1954, lors du siège de Diên Biên Phu afin de respecter la tradition, le récit du combat fut lu à la radio par le lieutenant-colonel Lemeunier[12].
Aujourd'hui, la main du capitaine Danjou est conservée dans la crypte du musée de la Légion étrangère à Aubagne.
Commémoration de la bataille de Camerone par le 1er REC au théâtre antique d'Orange en 2010.
La bataille de Camerone a été chantée par Jean-Pax Méfret.
En bande dessinée, Jean-Pierre Gourmelen et Antonio Hernández Palacios ont publié Mac Coy tome 11 : Camerone chez Dargaud (1983). Philippe Glogowski et Marien Puisaye ont, quant à eux, publié une bande dessinée en 4 tomes sur l'histoire de la Légion étrangère dont le 1er tome s'intitule "La Légion. : 1 : Cameron : histoire de La Légion étrangère, 1831-1918" (Ed. Triomphe).
Monument aux morts à Agde, commémoratif de la bataille de Camerone.
Plaque de rue dans le centre-ville de Mussidan.
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