Arme thermobarique

Tir d'un fuel air explosive de l'US Navy contre un navire cible, l'USS McNulty (en), en 1972.

Une arme thermobarique est une arme de type conventionnel, explosive, qui combine des effets thermiques, d’onde de choc et de dépression.

On appelle aussi ce type d’arme armes thermobariques à surpression (« high-impulse thermobaric weapons », « HITs » en anglais), explosifs carburant-air (« fuel-air explosives », « FAE » ou « FAX »), bombes aérosols ou bombes à vide.

Terminologie

Le terme « thermobarique » vient des mots grecs θερμός (thermós), « chaleur », et βάρος (báros), « pression », qui sont les deux principaux effets produits par cette bombe.

Principe de fonctionnement

Les armes thermobariques contiennent un réservoir de liquide combustible volatil (ou une fine poudre explosive, ou de la poudre métallique) et deux charges explosives.

Après le tir ou la mise à feu, la première explosion (ou un dispositif de dispersion quelconque) ouvre le réservoir à une hauteur déterminée et en disperse le contenu (le plus souvent un carburant, d'où le nom de Fuel-Air explosive) dans un nuage qui se mêle à l’air ambiant. La deuxième charge explose ensuite, créant par la combustion de l’air une surpression (comme toute bombe conventionnelle, mais 1,5 à 2 fois plus puissante). Immédiatement après l'explosion, a lieu une dépression de l'air[1].

Effets et situations d'utilisation

Depuis les années 2000, on les utilise comme armes tactiques de bas niveau (section et groupe de combat) et elles remplacent les lance-flammes. Montées sur un lance-roquettes, elles permettent notamment par un tir à l’entrée d’un abri, mais aussi d'un bâtiment ou de fortifications, de tuer des hommes même loin en profondeur, grâce aux deux explosions induisant la surpression puis la dépression successives dont l'effet est particulièrement favorisé dans des espaces clos. Elles sont efficaces contre des abris défendus par des sacs de sable ou des individus équipés de gilets pare-balles, ou encore contre des personnes abritées dans des véhicules blindés.

Par ailleurs, les armées américaines envisagent l'utilisation d'armes thermobariques pour la destruction de bâtiments de production ou de stockage d'armes NRBC tout en retenant les substances NRBC à l'intérieur des bâtiments ou en les détruisant par la chaleur[2].

Historique

La Luftwaffe procéda aux premiers essais en 1943/44[réf. souhaitée].

Le , un accident dans une usine chimique à Ludwigshafen (nuage de méthoxyméthane à la suite d'une fuite sur un wagon-citerne suivie d'une explosion) montre l'effet dévastateur que peut avoir le procédé.

L’OTAN les a introduits dans sa doctrine dans les années 1970, sous le nom de FAE (fuel-air explosives), en les destinant à une utilisation contre des concentrations de véhicules ennemis.

Israël a été accusé d'avoir utilisé ce type d'armes pendant le siège de Beyrouth en août 1982, lors de la destruction de bâtiments civils près du jardin de Sanayeh, c'est à dire dans une région sans aucune présence militaire de l'OLP. Le chef d'état major israélien, Rafael Eitan, ainsi que le Pentagone, ont ensuite démenti l'existence de telles bombes. D'amples preuves de l'utilisation d'une telle arme contre des civils ayant été soumises à la Commission d'enquête internationale, dirigée par le prix Nobel de la paix Sean Mc Bride, cette Commission a considéré que cet événement violait le principe juridique international de proportionnalité[3].

La Russie a testé en septembre 2007 la plus puissante bombe de cette catégorie surnommée, le « père de toutes les bombes » d'une puissance équivalente à 44 tonnes de TNT. Cette arme de destruction massive utilise 7 tonnes d'explosif et fait appel aux nanotechnologies pour disperser un nuage de carburant sur 300 mètres de rayon[4].

Simples à fabriquer pour un État, d’une mise en œuvre aisée, elles se diffusent de plus en plus. Les forces du pacte de Varsovie en possédaient. Par ailleurs, les pays comme la Russie et la Chine en vendent.

Durant la guerre civile en Syrie, lors de combats autour de Palmyre, l'armée syrienne préfère l'utilisation d'armes thermobariques, qui font moins de dégâts aux bâtiments, notamment antiques, que les munitions classiques[5].

L'ambassadrice d’Ukraine aux États-Unis a accusé l'armée russe d'utiliser des armes thermobariques au cours de son invasion de l'Ukraine en 2022[6]. Le ministère de la Défense du Royaume-Uni a annoncé le 9 mars 2022 que l'armée russe a utilisé le lance-roquettes multiples TOS-1A à projectiles thermobariques en Ukraine[7].

Dans le monde

Espagne

À partir de 1983, un programme de recherche militaire a été développé en Espagne avec la collaboration du Ministère de la défense, particulièrement la Direction générale de l'armement et du matériel ainsi qu'Explosivos Alaveses et Explosivos Río Tinto (ERT), dans le but de développer la BEAC (bombe air-carburant explosive)[8].

Le ministre de la Défense, Narcís Serra (en 1990) n'a pas exclu que l'Espagne puisse disposer d'une bombe air-carburant explosive (BEAC). Selon les informations journalistiques[9], les prototypes développés auraient été testés dans une zone désertique d'un pays tiers (au Chili) et actuellement l'armée de l'air espagnole aurait des unités de la BEAC. Cependant, il n'y a eu ni confirmation officielle ni démenti à cet égard.

Législation internationale

Les armes thermobariques ne sont pas interdites par les conventions internationales. Cependant en 2007, Hervé Morin, ministre de la Défense français, indique que l'utilisation d'armes thermobariques « nécessite la mise en œuvre de vecteurs particulièrement précis afin de respecter les principes fondamentaux du droit des conflits armés », en particulier ceux de la Conventions de Genève[10].

Armes munies d’explosifs thermobariques

RPO-A Shmel (roquette et lanceur).

Notes et références

  1. https://histoirenondite.wordpress.com/2012/07/01/les-armes-a-surpression-thermobarique/.
  2. « Thermobaric Explosive », sur globalsecurity.org (consulté le ).
  3. (en) Seán Macbride et al., Israel in Lebanon : The Report of the International Commission to enquire into reported violations of International Law by Israel during its invasion of the Lebanon, Londres, Ithaca Press, (ISBN 0-903729-96-2, lire en ligne Inscription nécessaire), p. 86-87
  4. « Moscou a testé une bombe à effet de souffle, « la plus puissante du monde » », sur Le Monde, (consulté le ).
  5. (en) Leith Fadel, « Breaking: Syrian Army storms the Palmyra Castle », (consulté le ).
  6. Poutine accusé de recourir au terrible "père de toutes les bombes" et d'autres armes interdites
  7. (en) Ministry of Defence, « The Russian MoD has confirmed the use of the TOS-1A weapon system in Ukraine [...] », (consulté le ).
  8. http://elpais.com/diario/1990/10/11/espana/655599603_850215.html |título= Serra no descarta que España tenga bombas de aire-combustible |fechaacceso= 23 de mayo de 2013 |año= 1990 |editorial= El País
  9. http://hemeroteca.abc.es/nav/Navigate.exe/hemeroteca/madrid/abc/1990/10/22/023.html |título= Pilotos españoles probaron la Superbomba Aire-Combustible en un país extranjero |fechaacceso= 23 de mayo de 2013 |año= 1990 |editorial= Diario ABC
  10. « Utilisation et statut des armes thermobariques - Sénat », sur www.senat.fr (consulté le )
  11. (en) « XM1060 40mm Thermobaric Grenade », sur https://www.globalsecurity.org/ (consulté le ).
  12. (en) « HELLFIRE Thermobaric Warhead Approved for Production », sur https://www.lockheedmartin.com/, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Défense et Sécurité internationale (DSI) no 11, janvier 2006, page 10.
  • (en) David Andrew, « Thermobaric munitions and their medical effects », Australian Military Medicine, vol. 12, no 1,‎ , p. 9-12 (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes

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