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Agnès Pannier-Runacher | |
![]() Agnès Pannier-Runacher en 2018. | |
Fonctions | |
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Ministre de la Transition énergétique | |
En fonction depuis le (5 mois et 29 jours) |
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Président | Emmanuel Macron |
Premier ministre | Élisabeth Borne |
Gouvernement | Borne |
Prédécesseur | Barbara Pompili |
Ministre déléguée chargée de l'Industrie | |
– (1 an, 10 mois et 14 jours) |
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Président | Emmanuel Macron |
Premier ministre | Jean Castex |
Ministre | Bruno Le Maire |
Gouvernement | Castex |
Prédécesseur | Christophe Sirugue (indirectement, secrétaire d'État) |
Successeur | Bruno Le Maire (ministre) |
Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances | |
– (1 an, 8 mois et 20 jours) |
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Président | Emmanuel Macron |
Premier ministre | Édouard Philippe |
Ministre | Bruno Le Maire |
Gouvernement | Philippe II |
Prédécesseur | Delphine Gény-Stephann |
Successeur | Fonction supprimée |
Biographie | |
Nom de naissance | Agnès Runacher |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Paris (France) |
Nationalité | Française |
Parti politique | LREM (2016-2022) TdP (2020-2022) RE (depuis 2022)[1] |
Conjoint | Nicolas Bays (depuis 2021) |
Diplômée de | ENA HEC Paris Science Po Paris |
Profession | Cadre d'entreprise Haute fonctionnaire |
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Ministres français de l'Énergie | |
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Agnès Pannier-Runacher, née Agnès Runacher le à Paris, est une haute fonctionnaire, cadre d'entreprise et femme politique française.
Le , elle est nommée secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Elle devient ministre déléguée chargée de l'Industrie le , dans le gouvernement Jean Castex.
Le , elle est nommée ministre de la Transition énergétique, dans le gouvernement Élisabeth Borne.
Agnès Pannier-Runacher est née à Paris, où elle a grandi[2]. Elle est la fille de Jean-Michel Runacher (né en 1945 à Marseille), ingénieur diplômé de l'École nationale des ponts et chaussées, ancien dirigeant de la société pétrolière Perenco et ancien vice-président de la banque Paris Bertrand Sturdza[3] (ou banque Pâris Bertrand reprise par Rothschild & Co)[4], et de Renée-Christine Lassave (née en 1950).
Après une classe préparatoire à Ipésup, Agnès Runacher sort diplômée d'HEC Paris en 1995 (cursus Grande École)[5]. Élève à Sciences Po Paris, elle intègre l'École nationale d'administration (ENA) au sein de la promotion Averroès (1998-2000)[6]. À l'ENA, elle a comme camarades de promotion Alexis Kohler, Fleur Pellerin ou encore Audrey Azoulay[6]. À sa sortie de l'ENA en 2000, elle devient inspectrice des finances[7].
En 2001, elle épouse Marc Pannier (condisciple à l'ENA[8]), inspecteur des finances et actuellement président de Engie Global Markets, entité du groupe Engie. Le couple a trois enfants[9],[10],[11]. Ils divorcent en 2022[12].
En mai 2021, elle officialise son concubinage avec Nicolas Bays, son chef de cabinet depuis décembre 2020, et se porte candidate aux élections régionales dans les Hauts-de-France[13] en se déclarant domiciliée chez ce dernier à Lens[14]. Puisque l’article 11 de la loi de 2017 pour la confiance dans la vie politique « interdit à un membre du gouvernement de compter parmi les membres de son cabinet son conjoint (...) ou concubin », ce qui est passible de 3 ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende en cas de manquement à ces règles[15],[16], il est mis fin aux fonctions de Nicolas Bays le 9 mai[17],[18],[19].
Après avoir passé trois années (avril 2000 à septembre 2003) au sein de l’Inspection générale des finances, Agnès Pannier-Runacher devient directrice de cabinet de Rose-Marie Van Lerberghe directrice générale de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris et membre du comité de direction[20]. Elle est spécifiquement chargée de la mise en œuvre de la réforme de la tarification à l’activité et assume par ailleurs les fonctions de cabinet et d’audit interne. Elle est également administratrice du SAMU social de Paris et de la fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France[21].
En 2006, elle devient directrice adjointe de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), chargée de la stratégie et des finances. Elle est notamment chargée des acquisitions stratégiques, ainsi que du suivi actionnarial des filiales et participations stratégiques de la CDC (Accor, Veolia, Eiffage, Dexia, CNP Assurances, Icade, Transdev…). Elle est ainsi amenée à travailler à la préfiguration du Fonds stratégique d'investissement (FSI). En 2009, elle est nommée directrice exécutive du FSI dès sa création[2].
Agnès Pannier-Runacher rejoint le privé, en décembre 2011, comme directrice de la division « clients recherche et développement » de l'équipementier d'automobiles Faurecia Interior Systems[22] pour des clients comme Tata-Jaguar Land Rover, General Motors Europe et Volvo.
En janvier 2013[23], elle retourne à la Caisse des Dépôts et devient numéro deux[24] de sa filiale la Compagnie des Alpes comme directrice générale déléguée[25],[26].
Elle est également administratrice indépendante et présidente du comité d’audit du groupe Bourbon de 2010 à 2018, notamment lors du placement en redressement judiciaire du groupe[27] et de sa mise en examen en tant que personne morale pour « corruption d’agents publics étrangers »[28]. Elle occupe ces mêmes fonctions au sein du groupe Elis, et est membre du conseil consultatif d'Ashoka France (2017), de la fondation Grameen- crédit agricole (2017) et de l’Observatoire de l’immatériel (2018).
Elle met fin à ces mandats lors de sa nomination comme secrétaire d’État, sa rémunération annuelle passe alors de plus de 500 000 euros à 115 000 euros bruts[29].
Elle rejoint En marche en 2016 et fait partie des premiers soutiens d'Emmanuel Macron lors de sa campagne pour l'élection présidentielle de 2017. Elle confesse une culture politique « presque nulle » avant son engagement pour Emmanuel Macron, qu'elle juge « époustouflant » après l'avoir rencontré en 2007 au sein de l'Inspection générale des finances[29]. Référente du parti pour le 16e arrondissement de Paris, elle fait partie de la commission d'investiture des candidats aux élections législatives[30]. Lors du renouvellement des référents de LREM en 2020 et malgré sa fonction ministérielle, elle propose sa candidature pour le 16e arrondissement, dans le but d'apaiser des querelles internes[31].
Le , elle est nommée secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, en remplacement de Delphine Gény-Stephann[32]. Par un décret de janvier 2019[33] relatif à la prévention des conflits d'intérêts, elle se déporte de certaines attributions essentiellement non industrielles[34] en raison de son passé de dirigeante d'entreprises privées, de sa présence dans plusieurs conseils d'administration et du poste de son époux chez Engie[35].
Chargée de la reconquête industrielle[36], elle pilote le groupe de travail consacré au volet industriel du pacte productif 2025[37] et estime que, « en matière de transition écologique, l'industrie française n'est pas le problème, c'est la solution ! » car « les industriels s'adaptent à une demande et la demande, c'est nous »[38]. Son portefeuille ministériel comprend également l'artisanat et le commerce ; c'est à ce titre qu'elle a présenté le à Chartres, la stratégie nationale pour l'artisanat et le commerce de proximité[39]. Elle pilote au ministère de l'Économie et des Finances le processus des enchères pour l'attribution des fréquences 5G, déployées à partir de fin 2020 en France[40]. Elle a piloté l'adoption d'un nouveau Code de la commande publique[41].
Elle est candidate dans le 16e arrondissement de Paris aux élections municipales de 2020[42], en septième position sur la liste LREM[43], qui est battue au second tour avec 23,8 % des voix[44].
Lors de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, Agnès Pannier-Runacher est notamment en charge d'organiser et de renforcer la production et l'approvisionnement en matériels à destination du personnel et des établissements de santé (masques sanitaires, respirateurs, sur-blouses, écouvillons, etc.)[45].
Dans l’objectif de construire l’indépendance de la France voulue par le président de la République[46], elle participe à la mise en place et à la structuration d'une filière industrielle française de production de masques de protection[47]. Il s’agit notamment de renforcer les capacités de production des quatre fabricants historiques de masques sanitaires implantés en France (Kolmi-Hopen, Paul Boyé Technologies, Valmy, Macopharma) et de susciter l’entrée de nouveaux acteurs de la filière[48]. La conjugaison de ces actions permet d’augmenter considérablement la capacité de production hebdomadaire nationale. La France passe ainsi d’une production de 3,5 millions de masques chirurgicaux et FFP2 par semaine avant la crise, à une production hebdomadaire de 10 millions de masques en avril 2020[49], pour un objectif de 20 millions de masques par semaine à fin mai[50].
Une production de masques en tissu à filtration garantie est développée avec la filière textile française. Deux nouvelles catégories de masques sont ainsi créées sur la base des recommandations des autorités de santé[51]. Ces masques à usage non sanitaire se distinguent des masques chirurgicaux et FFP2 réservés en priorité aux personnels soignants[52]. À quelques jours du déconfinement, le gouvernement annonce l'approvisionnement de plus de 200 millions de masques par semaine, toutes catégories confondues, un chiffre jugé suffisant par Agnès Pannier-Runacher pour couvrir tous les besoins[53]. La production de masques en tissu s'ajoutant à un recours régulier par les entreprises à l'importation de masques chirurgicaux malgré l'objectif d'indépendance nationale, aboutit finalement à une surproduction de masques en tissu : on estime qu'en juin plus de 40 millions de masques fabriqués en France sont invendus[54]. Face aux accusations de « manque de lucidité » de la part du gouvernement[55], Agnès Pannier-Runacher promet un « plan d'action futur »[56]. Elle confie à Yves Dubief, PDG de la société Tenthorey, et Guillaume Gibault, le fondateur du Slip français, la promotion des masques textile à filtration garantie auprès des entreprises et des collectivités locales[57]
Afin de faire face aux besoins de services de réanimation face l’afflux de patients atteints de formes sévères du coronavirus, elle suscite le consortium composé de quatre industriels (Air liquide, PSA, Schneider et Valeo) qui fabriqueront 10 000 respirateurs en cinquante jours. Soit autant que la production d’Air liquide, seul fabricant national, en trois ans[58], sans toutefois que les respirateurs soient comparables, les respirateurs Air Liquide étant utilisables en réanimation tandis que ceux du consortium sont au standard camionnette SAMU.
Elle refuse en revanche, malgré les appels émanant des oppositions et des syndicats[59], de nationaliser l'usine Luxfer de Gerzat, la seule usine de fabrication de bouteilles liquides médicales de l'Union européenne, dont les salariés occupaient le site depuis sa fermeture en 2019 pour exiger la reprise de l'activité[60]. Agnès Pannier-Runacher déclare ne pas voir un intérêt stratégique dans la nationalisation du site[60], tout en reconnaissant qu'Air liquide « préférerait avoir accès à une source d’approvisionnement intracommunautaire »[61]. Elle rappelle que l'État est engagé dans la recherche d'un repreneur, avec notamment un projet industriel relatif à l'hydrogène qui pourrait inclure une « proposition concernant l’oxygène »[61]. Un discours jugé par certains, comme Mediapart, comme étant à rebours des objectifs d'indépendance industrielle de la France, et qui laisse planer le doute sur de possibles interférences qui justifieraient de ménager la maison-mère britannique de l'usine, Luxfer Holdings[62]. Le 7 janvier 2022, elle annonce aux côtés de la région Auvergne-Rhône-Alpes et de Clermont Auvergne Métropole la signature d'un accord[63] pour la reprise de l'activité de Luxfer par le groupe Europlasma[64], avec un potentiel de création de 200 emplois d'ici 2028, soutenu à hauteur de 4,5 millions d'euros par l'État[65].
Agnès Pannier-Runacher réagit aux propos du directeur général de Sanofi, Paul Hudson, selon lequel si Sanofi trouvait un vaccin contre la Covid-19, les États-Unis seraient les premiers servis. Elle juge « inacceptable » qu'il y ait un accès privilégié de tel ou tel pays sous un prétexte pécuniaire[66].
Le , Agnès Pannier-Runacher est nommée ministre déléguée chargée de l'Industrie dans le gouvernement Jean Castex, sous la première présidence d'Emmanuel Macron[67].
Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, elle présente un plan de soutien à la filière de production d'hydrogène dans le plan de relance économique de la France en [68],[69].
Elle est chargée par Emmanuel Macron de la stratégie française d'achat et de négociation des vaccins contre le Covid-19 au niveau européen[70] et pilote la « task force » française[71]. Elle constitue pour la France aux côtés de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Italie « l'Alliance inclusive pour le vaccin », afin de négocier les contrats de livraison de vaccins avec les laboratoires les plus avancés[72].
En septembre 2020, Agnès Pannier-Runacher défend le projet de loi d'accélération et de simplification de l'action publique (loi ASAP), qui comporte des mesures de simplification administrative pour les particuliers et de facilitation à l'implantation industrielle des entreprises[73]. Le même mois, elle consacre à l'industrie 35 des 100 milliards d'euros du plan de relance[74], pour soutenir les relocalisations[75], la décarbonation, la modernisation et l'innovation[76],[77]. Fin 2021, d'après son bilan, une entreprise industrielle sur trois a été soutenue par le plan de relance en France[78], dont 782 projets de relocalisations[79],[80].
Après avoir espéré être tête de liste pour LREM aux élections régionales de 2021 en Île-de-France[81], elle est finalement candidate en dernière position sur la liste de Laurent Pietraszewski dans les Hauts-de-France[82]. La candidature LREM est éliminée dès le premier tour en obtenant 9,13 % des suffrages[83], la liste de Pannier-Runacher dans le Pas-de-Calais en obtenant 8,67 %[84].
En janvier 2022, elle publie avec Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, un livre qui contient vingt propositions[85]Femmes, Ministres et Féministes. Notre combat pour l’égalité réelle, aux éditions Point d'Orgue[86],[87].
Elle est nommée ministre de la Transition énergétique le , dans le gouvernement Élisabeth Borne. Sa nomination à ce poste fait l'objet de critiques, notamment en raison de sa faible expérience sur les sujets liés à son poste et sur son absence supposée de vision des enjeux globaux[88]. De plus, la loi d'accélération et de simplification de l'action publique, qu'elle a défendue en tant que ministre, est accusée de défaire le droit de l'environnement en réduisant l'information du public, les études d'impact et en autorisant le démarrage des travaux sans autorisation environnementale dans le cadre d'implantations industrielles[89].
Elle ne se présente pas aux élections législatives et reste à son poste lors du remaniement du [90].
Le 30 août 2022, alors que le débat des jet privés fait parler en France, Agnès Pannier-Runacher qualifie au micro de France Inter que ce dernier est « un problème (...) très limité en termes d'impact climatique » en accusant des élus EÉLV d'être « à côté de la plaque ». Moins d'une semaine plus tard, à la suite de la polémique d'un déplacement en jet privé du PSG, la ministre juge que le club est « en retard » sur la question environnementale et qu'il doit s'en saisir « très sérieusement ». Cette contradiction est pointée du doigt par des internautes et notamment par Julien Bayou, élu EÉLV qui avait relancé le débat sur le plan national. Plusieurs jours après, Clément Beaune indique qu'il faut agir et réguler les vols en jet privé. Le ministre délégué chargé des Transports a réagi en confirmant que les jets privés devenaient « le symbole d’un effort à deux vitesses »[91],[92].
Lors de la réforme des retraites de 2020, elle déclenche une polémique en comparant le marché français de la retraite par capitalisation à une « boîte de Smarties » pour la société BlackRock[93], accusée d'influencer le gouvernement français en faveur d'un système de retraite par capitalisation[94]. Elle est recadrée quelques jours plus tard par Bruno Le Maire[95].
Pendant la pandémie de Covid-19, durant le krach boursier de 2020, elle déclare sur CNews que « c'est plutôt le moment de faire des bonnes affaires en Bourse aujourd'hui »[96], suscitant de vives critiques. Le PCF la qualifie alors de « secrétaire d'État à la spéculation »[97], et le sénateur Bruno Retailleau (LR) estime qu'il « faut lui rappeler qu'elle est ministre, pas trader »[98].
Le 13 avril 2020, dans le contexte de crise financière, elle estime qu'il « faudra probablement travailler plus qu'on ne l'a fait avant » pour « rattraper ce mois perdu »[99], se faisant ainsi l'écho de déclarations de Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef[100]. Ces déclarations sont vivement critiquées par les syndicats (CFDT, CGT, FO) et les oppositions[101], Laurent Berger jugeant par exemple « grossier de dire aux gens qu'ils devront travailler plus alors qu'on ne sait même pas s'ils auront un boulot demain »[102].
En octobre 2020, elle est accusée par plusieurs présidents de groupes parlementaires de gauche (Valérie Rabault du PS, Jean-Luc Mélenchon de LFI et André Chassaigne du PCF) de « pressions graves et inacceptables » sur des députés, dans le but de les dissuader de déposer un recours au Conseil constitutionnel sur le projet de loi ASAP[103], un texte discuté en procédure accélérée et accusé de contenir des cavaliers législatifs[104],[105]. Dans une lettre adressée au Premier ministre Jean Castex, ces parlementaires dénoncent des « démarches contraires à l’esprit de la Constitution et au principe de séparation des pouvoirs et de souveraineté du législateur », ce que réfute le cabinet de la ministre, en évoquant « des accusations infondées »[106] et un dialogue « strictement républicain »[107],[108]. André Chassaigne déplore une « instrumentalisation de la crise pour faire tomber des barrières démocratiques » et Mediapart alerte sur un potentiel « glissement institutionnel » à l'œuvre sous le mandat d'Emmanuel Macron[103]. Dans sa décision no 2020-807 DC du 3 décembre 2020[109], le Conseil constitutionnel valide la loi Asap[110] et les mesures qui avaient fait l'objet du recours. La loi entre en vigueur le 7 décembre 2020.
En novembre 2022, une enquête du site d'information Disclose et Investigate Europe[111],[11]relève des liens familiaux très proches (entre son père et ses trois enfants) avec la société Perenco, le numéro deux français du pétrole dont les investissements sont réalisés, via des fonds d'investissements spéculatifs, dans des paradis fiscaux installés dans le Delaware (Millennium Management), en Irlande (MW Global Opportunities) et à Guernesey (Blue Omega Cell). Le père de la ministre, Jean-Michel Runacher, ancien dirigeant de Perenco, décide en 2016 de créer la société Arjunem[112] pour transmettre une partie de sa fortune à ses petits-enfants, alors âgés de 13 ans, 10 ans et 5 ans, tout en évitant de payer des droits de successions. Pour 10 euros chacun, les enfants entrent au capital, Agnès Pannier-Runacher signe et Jean-Michel Runacher apporte les 1,2 million d’euros restant, le capital investi dans Arjunem a été déposé dans une banque privée au Luxembourg, CBP Quilvest (un établissement qui a déjà compté comme clients la famille Perrodo, propriétaire de Perenco)[111].
Bien que ces liens ne relèvent pas de ceux devant être déclarés à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) par un ministre, l'association Anticor dénonce un conflit d'intérêts. La HATVP a annoncé le 8 novembre avoir lancé « des vérifications » sur la situation de la ministre, qui nie en bloc. La HATVP précise que « l'absence d'obligation déclarative ne dispense pas le responsable public de veiller à prévenir et faire cesser les situations de conflits d'intérêts qui naîtraient d'autres intérêts indirects détenus, tels que l'activité des enfants ou d'autres membres de la famille », soulignant qu’elle « porte une attention particulière aux infractions à la probité et peut le cas échéant transmettre un dossier à la justice en application de l'article 40 du code de procédure pénale ».
Loïc Signor, porte-parole de Renaissance, indique que « Ce n’est pas cet article qui doit trancher le sort de la ministre », « C'est au gouvernement, au président de la République » d'en décider.
La députée Clémence Guetté (LFI) s’interroge, elle, sur « la probité » pour accélérer sur les énergies renouvelables d'« une ministre dont les intérêts financiers indirects sont visiblement liés à des entreprises pétrolières ». Elle juge cette affaire « symptomatique de la façon dont la macronie peut avoir parfois des liens financiers à questionner ». « Ministre de la transition énergétique ou des intérêts pétroliers, il faut choisir ! », a renchéri sur Twitter la députée Danielle Simonnet (LFI). « Tartuffe », a cinglé le député européen Mounir Satouri (EELV)[111],[11],[113],[114].
Agnès Pannier-Runacher ne pourra pas s'occuper de dossiers liés au groupe Perenco, énonce un décret publié le 15 novembre 2022 au Journal officiel. Afin de prévenir tout conflit d'intérêts, le décret signale que la ministre « ne connaît pas des actes de toute nature relatifs au groupe Défense conseil international (Nicolas Bays, a rejoint la société militaire privée Défense conseil international), au groupe [de conseil en énergie] EP2C et au groupe [pétrolier] Perenco ». L'entourage de la ministre assure au Monde que ce décret est à son initiative. Les attributions correspondantes sont exercées par la Première ministre Élisabeth Borne[115],[116],[117],[118].
À la suite des révélations de Disclose et Investigate Europe[111], le média en ligne Politico Europe révèle que la ministre serait « domiciliée depuis 2021 dans une maison appartenant à la famille Dassault » sans qu'elle en ait connaissance[119]. En mai 2021, cinq jours avant le dépôt des listes de son parti politique dans le cadre des élections régionales dans les Hauts-de-France, elle avait déclaré comme lieu de domicile celui de son conjoint Nicolas Bays[15]. La maison du couple est la propriété de la famille d'Olivier Dassault depuis 2017. Les enfants et la veuve de cet ancien député LR, décédé en 2021 dans le crash de son hélicoptère, en sont toujours propriétaires via une SCI. Nicolas Bays déclare à Politico Europe qu'il a commencé des démarches pour devenir propriétaire de cette maison cinq mois plus tôt [119],[120],[14].
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