Le , lors d'une manifestation d'extrême droite organisée à Paris par le Groupe union défense (GUD) et les Jeunesses nationalistes révolutionnaires visant à critiquer l'« impérialisme américain », Sébastien Deyzieu, militant nationaliste de 22 ans, trouve la mort en tombant d'un immeuble alors qu'il essayait de fuir la police.
Cette affaire mène à la création par le GUD et le Front national de la jeunesse du Comité du 9-Mai, un groupe informel constitué de plusieurs mouvements d'extrême droite, qui organise une marche commémorative annuelle.
Le rassemblement, intitulé « Bienvenue aux ennemis de l'Europe ! » et initialement prévu place Denfert-Rochereau à 17 heures, visait à critiquer l'« impérialisme américain », notamment à l'approche des commémorations du 50e anniversaire du débarquement allié du [1].
La manifestation ayant été interdite par le préfet de police de Paris, Philippe Massoni, les forces de police sont nombreuses sur la place Denfert-Rochereau, lieu prévu de manifestation[2]. Après des affrontements, 107 manifestants sont arrêtés, seuls quelques-uns arrivent à échapper aux forces de police[2]. Après une course-poursuite, Sébastien Deyzieu, militant de l'Œuvre française, qui tente de fuir en montant dans un immeuble, fait une chute mortelle entre le quatrième et le cinquième étage du 4, rue des Chartreux[3].
Selon les organisateurs de la manifestation, « des témoignages recueillis [peuvent] pour certains évoquer la piste d'une provocation policière servant à créditer un ministre, M. Pasqua, d'être un combattant anti-fasciste[4]. »
À la suite de ces événements, le Comité du 9-Mai (C9M) est créé par le GUD et le Front national de la jeunesse pour honorer cette mort. Le C9M tente d'envahir l'appartement du ministre de l'Intérieur, puis envahit les locaux de Fun Radio avec des armes de poing, et demande la démission de Charles Pasqua à l'antenne[5],[6]. Le 16 mai, à 19 h, le C9M organise, avec l'Œuvre française et le Front national, une manifestation place Denfert-Rochereau[7].
Sept militants sont condamnés à des peines de privation des droits civiques d'une durée de deux à trois ans pour l'invasion de la station de radio. Marine Le Pen, Philippe Péninque et Jean-Pierre Emié assurent la défense de ces militants lors de leur procès en appel[6],[8].
Il s'agit d'un groupe informel constitué de plusieurs mouvements d'extrême droite[9].
À la suite de ces événements, chaque , le Comité du 9-Mai organise une marche commémorative. Elle prenait la forme d'un défilé aux flambeaux, allant de l'esplanade de l'Observatoire, située près de la gare RER Port-Royal, à la rue des Chartreux et rassemblait quelques centaines de militants[2]. Après de brèves allocutions devant l'immeuble d'où le militant nationaliste est tombé, les manifestants entonnaient le chant Les Lansquenets.
Depuis 2003, « afin de répondre dans la rue à ces manifestations », les militants antifascistes du Réseau No Pasarán, du Scalp, de la Confédération nationale du travail (CNT), de la Fédération anarchiste, de SUD Étudiant et d'Alternative libertaire se mobilisent[10],[11].
En 2005, le rassemblement est organisé par le Bloc identitaire. Le SCALP-REFLEX et la CNT organisent une contre-manifestation[9].
En 2007, le rassemblement bénéficie du renfort de supporteurs du Paris Saint-Germain (PSG) venus commémorer, en plus de la mort de Sébastien Deyzieu, la mort de Julien Quemener, supporteur tué par un policier après un match entre le PSG et le Hapoël Tel-Aviv. 200 manifestants antifascistes réunis pour contre-manifester sont arrêtés « préventivement »[12].
En 2008, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, interdit le défilé en raison des « risques de confrontation qui n'ont jamais été aussi grands » entre manifestants d'extrême droite et militants d'extrême gauche[13].
En 2009, Serge Ayoub récupère l'organisation du C9M. Ses Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) s'occupent alors du service d'ordre[14].
Le , la commémoration a lieu le même jour que la fête de Jeanne d'Arc. Ainsi, jusqu'à 700 personnes défilent de la place de la Madeleine jusqu'à la statue de Jeanne d'Arc, place des Pyramides. Plusieurs mouvements politiques, tels la Nouvelle droite populaire de l'ancien député alsacien Robert Spieler, Terre et peuple de Pierre Vial, les Nationalistes autonomes de Lorraine, le Renouveau français, le GUD et les Jeunesses nationalistes révolutionnaires de Serge Ayoub, participent à cette manifestation à la fois commémorative et revendicative[15].
À la suite de la dissolution des JNR et de Troisième voie après l'affaire Clément Méric en 2013, Serge Ayoub cesse d'organiser ces rassemblements[14].
En mai 2017, le défilé ne rassemble que 80 personnes[8].
En raison de l'auto-dissolution du GUD en décembre 2017, le C9M est repris en main par le Bastion social et Zouaves Paris (ZVP). Selon Libération, cela fait reprendre de l'ampleur à ces rassemblements[16]. En 2018, le nombre de participants à la marche du C9M augmente considérablement, plus de 170 personnes se rendant au défilé. Il s'agit de la première manifestation à laquelle prend part le Bastion social à Paris[17]. Des militants du parti néofasciste italien CasaPound se rendent au défilé. Deux militants effectuent un salut fasciste lors du dépôt de la gerbe en hommage à Deyzieu[18].
Le 9 mai 2019, environ 300 personnes défilent lors de la marche commémorative. France-Soir note l'absence d'Alexandre Gabriac, autrefois habitué à ces rassemblements ; ainsi que d'Yvan Benedetti, pourtant président de L'Œuvre française dont faisait partie Sébastien Deyzieu. Le Bastion social étant dissous, ce sont ses organisations satellites qui prennent le relais dans l'organisation du défilé, aux côtés de ZVP et de L'Alvarium[18],[19].
En 2020, en raison de la pandémie de Covid-19, seule une dizaine de militants se rendent à la commémoration[16].
En 2022, le défilé rassemble notamment L'Alvarium, le Rassemblement étudiant de droite, le Collectif Némésis et la Cocarde étudiante. Près de 300 personnes manifestent[20].
En 2023, la manifestation rassemble 550 participants selon la préfecture. Des militants assurant le service d'ordre de la manifestation refusent à des journalistes de prendre des photos du rassemblement, bien qu'il soit public. Mediapart estime que la manifestation « s’est déroulée dans un climat de grande hostilité à l’égard de la presse et était encadrée par un dispositif de police sous-dimensionné au vu de sa dangerosité »[6]. Après le défilé dans Paris, le rassemblement se poursuit à Saint-Cyr-l'École, où se déroule un concert de rock néonazi[21]. Plusieurs militants nationaux-révolutionnaires, néonazis et néofascistes participent au rassemblement[16],[22]. Parmi les manifestants, sont également présents des proches de Marine Le Pen, Axel Loustau et Olivier Duguet[22]. Interrogée à ce sujet sur Sud Radio, elle nie cependant que les personnes concernées soient ses proches, et se désolidarise de la manifestation[23]. La manifestation fait scandale, surtout à gauche, dans un contexte de nombreuses manifestations syndicales interdites dans le cadre de l'opposition à la réforme des retraites[24],[25]. Le préfet Laurent Nuñez répond à la polémique en assurant ne pas avoir eu de motif juridique suffisant pour faire interdire la manifestation. Le lendemain, l'exécutif opère un revirement et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin demande au préfet de prendre des arrêtés d'interdiction contre les demandes de manifestation émanant de l'ultradroite[26],[27]
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