Affaire Estelle Mouzin | |
Fait reproché | Viol puis homicide précédé d'un enlèvement |
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Chefs d'accusation | Enlèvement, viol et meurtre d'une mineure de moins de quinze ans[a] |
Pays | France |
Ville | Guermantes |
Nature de l'arme | strangulation |
Date | |
Nombre de victimes | 1 (Estelle Mouzin) |
Jugement | |
Statut | Instruction en cours |
modifier |
L'affaire Estelle Mouzin est une affaire criminelle française ayant commencé le avec la disparition à Guermantes en Seine-et-Marne d'Estelle Mouzin, fillette alors âgée de 9 ans, qui revenait de l'école.
Pendant quinze ans, aucune piste sérieuse permettant d'élucider sa disparition n'est découverte. Depuis 2018, l'enquête se focalise sur feu Michel Fourniret, tueur en série, déjà condamné à la perpétuité dans d'autres affaires.
Le , Estelle Mouzin, fillette de neuf ans, disparaît sur le chemin du retour de l'école de Guermantes, alors qu'elle rejoignait le domicile de sa mère Suzanne qui est en instance de divorce avec son père Éric Mouzin qui vit à une soixantaine de kilomètres, au Vésinet, avec leur fils aîné, Arthur. Sa mère, de retour de son travail, signale sa disparition au commissariat local de Lagny-sur-Marne à 19 h 30[1].
Les policiers pensent initialement à une fugue mais se mettent à sa recherche. Le lendemain, le parquet de Meaux ouvre une information judiciaire pour enlèvement et séquestration d'une mineure de moins de quinze ans, et charge la SRPJ de Versailles de l'enquête. Les plongeurs sondent en vain tous les plans d'eau de la région. Estelle a été vue pour la dernière fois par une passante vers 18 h 15 devant la boulangerie, à 750 m de son domicile. L'enquête dirigée par le commissaire de la PJ de Versailles, Jean-Marc Bloch, emploie des moyens sans précédent, comme la perquisition des 350 maisons de la commune le , ce qui mobilise 170 policiers, 300 gendarmes et CRS pour bloquer toutes les entrées et sorties de la ville[2]. L'affaire connaît une importante couverture médiatique en France.
Un an après la disparition, une marche silencieuse est organisée par les parents et la classe d'école d'Estelle Mouzin, à Guermantes. Elle rassemble 1 200 personnes, dont les artistes CharlÉlie Couture et Michel Delpech[3].
En , les policiers se lancent sur la piste du tueur en série Michel Fourniret, arrêté en en Belgique. Cependant, après avoir considéré l'hypothèse, les enquêteurs l'écartent en raison d'un alibi : un appel téléphonique à son fils que le suspect aurait passé à son domicile au moment même de la disparition[4]. De son côté, sa complice et épouse d'alors, Monique Olivier, affirme que Fourniret a dit en riant que ce n'était pas lui, en voyant à la télévision une émission l'accusant de la disparition d'Estelle. Des psychiatres estiment que la fillette est trop jeune par rapport aux « critères » de Fourniret, tandis que Monique Olivier estime qu'elle pourrait correspondre. Deux semaines avant la disparition d'Estelle, une fille du même âge a subi une tentative d'enlèvement par un homme en camionnette blanche dont elle a pu faire un portrait robot. À la suite de l'hypothèse Fourniret, une photo de celui-ci lui est présenté et elle ne le reconnait pas. Lors de la reconstitution d'une autre affaire, en emmenant la police à un endroit où il a enterré une jeune fille, Michel Fourniret décrit ses vêtements qui sont très proches de ceux qu'Estelle Mouzin portait le jour de sa disparition[5].
En dépit de l'alibi et des dénégations du suspect, l'hypothèse de la responsabilité de Michel Fourniret dans la disparition est de nouveau prise en considération par le procureur de Charleville-Mézières en 2006, après la découverte d'un enregistrement télévisé consacré à l'affaire et de photographies de la fillette à son domicile et dans son ordinateur[6],[7],[8].
Le , l'avocat des parents d'Estelle Mouzin demande à la justice d'expertiser trois scellés provenant du dossier Fourniret. Ils concernent des morceaux de lacets blancs et de gants noirs, fournis par les autorités belges après l'arrestation de Michel Fourniret. La petite Estelle possédait des bottes blanches à lacets. Des gants noirs sont aussi mentionnés sur l'avis de recherche de la fillette[9].
Le , une perquisition a lieu dans le restaurant chinois Royal Wok de la ville de Brie-Comte-Robert située à 25 km de Guermantes. Sur la base d'un témoignage d'un des employés du Royal Wok, repris par le journaliste indépendant Mohamed Sifaoui, des ouvriers auraient découvert en le squelette d'une jeune fille, alors qu’ils effectuaient des travaux, et s’en seraient débarrassés en le coulant dans une dalle de béton, sans doute parce qu’ils ne travaillaient pas légalement. Le sol du restaurant est cassé au marteau-piqueur et à la pelleteuse. Des ossements sont découverts mais l’analyse médicolégale réalisée en urgence révèle qu'il s'agit de ceux de chien et de mouton[10]. Les gérants du restaurant partiellement détruit obtiennent du ministère de la Justice une indemnisation de 301 170 €[11].
En , les policiers enquêtent sur une photographie mise en ligne sur un site internet pédophile créé en Estonie et hébergé aux États-Unis et qui présenterait des similitudes avec Estelle, qui aurait à cette date 15 ans[12]. L'enquête montre qu'il ne s'agit pas d'Estelle, principalement parce qu'il s'agit d'une photo ancienne qui ne correspond pas à l'âge de la jeune fille disparue.
En , la justice lance un nouvel appel à témoins en diffusant un portrait vieilli d'Estelle Mouzin[13],[14].
Le , un détenu à la prison parisienne de la Santé est placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire de Versailles. Âgé d'une soixantaine d'années et incarcéré depuis 2006 pour agressions sexuelles intrafamiliales, il a été dénoncé par un codétenu et aurait des points d'attache en Seine-et-Marne, le département où habitait Estelle Mouzin. Il est finalement innocenté[15].
La disparition de Florence Bloise, 38 ans, à Magny-les-Hameaux, le , trois semaines après celle d'Estelle Mouzin, soulève en 2012 une autre piste car Suzanne Mouzin et la famille Bloise ont accueilli à la même époque des pèlerins polonais venus assister à une assemblée organisée à Paris par la communauté de Taizé[16].
Une valise est retrouvée fin dans un hôtel de Besançon contenant des coupures de presse sur l'affaire Estelle Mouzin ainsi que des notes sur l'enquête. Le propriétaire de cette valise est un homme de 20 ans qui n'est pas suspecté, car il avait 11 ans lors de la disparition d'Estelle Mouzin[17].
En , un ancien agent de voirie de Bussy-Saint-Georges, commune limitrophe de Guermantes, donne un nouveau témoignage après avoir vu une émission consacrée à l'affaire, et évoque le comportement troublant d'un ancien collègue de travail décédé depuis le , aperçu à l'époque des faits rôdant près d'une benne à ordures alors qu'il n'avait rien à y faire[18].
En , à la suite de l'enlèvement de Berenyss par Éric Fauchart, les parents d'Estelle annoncent qu'ils vont saisir le juge d’instruction de Meaux afin qu’il ordonne aux enquêteurs de faire des vérifications et des comparaisons avec le dossier Estelle Mouzin[19].
Le , après que le principal suspect dans l'affaire Maëlys, Nordahl Lelandais, est également devenu le principal suspect dans l'affaire du meurtre d'Arthur Noyer et suspecté d'être un tueur multirécidiviste, la famille d'Estelle Mouzin demande son audition concernant l'affaire de la disparition de leur fille[20],[21]. Cette piste est finalement écartée par les enquêteurs, l'intéressé se trouvant en Guyane, dans le cadre de ses obligations militaires, au moment des faits[22].
Le , Éric Mouzin, le père d'Estelle, annonce avoir décidé d’« attaquer l'État pour faute lourde » dans ce dossier non résolu qui a mobilisé sept juges[23]. Les avocats de la famille Mouzin rappellent ce qu'ils identifient comme des manquements, ou des pistes trop hâtivement fermées, commises lors de l'enquête (la mise à l'écart de profils suspects, jamais entendus[24] ; la destruction de mégots de cigarette et d'un sac de viennoiseries trouvés derrière la maison d'Estelle Mouzin, jamais analysés[25], ou encore l'alibi que Michel Fourniret a fourni à la police, selon lequel le tueur en série aurait passé un appel à son fils depuis la Belgique pour lui fêter son anniversaire — alors que ce dernier ne se souvient pas d'un tel appel, qu'il ne communiquait pratiquement plus avec son père, et qu'il pourrait s'agir d'un transfert d'appel). Les avocats pointent également la dispersion des équipes chargées de l'enquête à la Police judiciaire de Versailles[26],[27], leur manque de méthode et d'orientation, et l'incapacité, pour les enquêteurs, à se remettre en cause[25].
Le , une centaine de personnes organisent une marche silencieuse à Guermantes en Seine-et-Marne pour la jeune fillette disparue depuis quinze ans[28].
Début , des fouilles sont effectuées, dans les Yvelines, au domicile de l'ex-femme de Michel Fourniret, mais sans résultat[29].
Début , l’enquête sur la disparition d'Estelle Mouzin est relancée par des déclarations de Monique Olivier et de Michel Fourniret. Ce dernier affirme que la disparition de la fillette était « un sujet à creuser »[30],[31],[32],[33]. Le , le dossier Mouzin est transféré de Meaux à Paris. La juge parisienne Sabine Khéris prévoit d'auditionner Michel Fourniret et son ex-femme[34],[35],[36],[37]. Elle décide, le , de se focaliser exclusivement sur la piste Fourniret[38],[39],[40],[41].
Monique Olivier est entendue par les enquêteurs le . Dans un premier temps, elle confirme l'alibi de son ex-époux, puis se rétracte[42]. Michel Fourniret est mis en examen le pour « enlèvement et séquestration suivis de mort » à la suite du témoignage de son ex-épouse[43],[44],[45],[46].
Le , face à la juge Sabine Khéris, Michel Fourniret assure que sa mémoire « fichait le camp », mais qu’il fallait le « considérer comme coupable » de la disparition d’Estelle Mouzin. « Je vous exhorte à me traiter comme coupable », lâche t-il. Pour vérifier si ses propos sont crédibles, la juge prévoit de réentendre Monique Olivier[47],[48],[49]. Lors de son audition, le , elle confirme que Michel Fourniret aurait bel et bien tué Estelle Mouzin[50],[51],[52]. Elle confirme également à la juge d'instruction que c'est bien elle qui a téléphoné au domicile du fils de Michel Fourniret le , jour de la disparition de la fillette, et que cette dernière présentait le profil que recherchait son mari. Elle ajoute que Michel Fourniret aurait fait des repérages dans les jours précédant l'enlèvement, et qu'il serait rentré un soir en déclarant avoir repéré « un beau petit sujet »[53]. Le , Michel Fourniret reconnaît le meurtre d'Estelle Mouzin au cours d’une audition de plusieurs jours devant la juge d’instruction Sabine Khéris[54],[55].
Le , l'avocat de l'ex-femme de Fourniret déclare que sa cliente, désormais mise en examen pour « complicité », affirme que son ex-mari Michel Fourniret avait kidnappé Estelle Mouzin le et qu'il l'avait emmenée à Ville-sur-Lumes, dans les Ardennes, « pour la séquestrer » et « qu'il l'avait violée et étranglée ». Des traces d’ADN partielles d’Estelle Mouzin sont retrouvées sur un matelas de l’ancienne maison de la sœur de Fourniret[56].
Le , Didier Seban, l'un des avocats du père de la fillette, informe les médias que Monique Olivier a reconnu un rôle dans la séquestration d'Estelle Mouzin dans les Ardennes. « Elle n’était pas en Seine-et-Marne (département où l'enfant a été enlevée) mais était présente au moment où Estelle était dans les Ardennes, vivante, puis a orienté les enquêteurs vers un lieu qui va être fouillé dans les jours qui viennent », précise maître Seban. « Ce sont des déclarations qu’elle n’avait pas faites jusque-là et que Michel Fourniret n’avait pas faites non plus »[57]. Les recherches entreprises à partir du 26 avril sur le territoire de la commune d'Issancourt-et-Rumel s'achèvent quatre jours plus tard sans avoir permis de retrouver le corps d'Estelle[58].
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